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R. de Deadlier



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» Auteur : Deadlier - Voir le profil
» Créé le 22/10/2017 à 13:08
» Dernière mise à jour le 26/01/2018 à 18:48

» Mots-clés :   Action   Alola   Aventure   Organisation criminelle   Présence de personnages du jeu vidéo

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Lettre 4 : Ramener la paix
Mon fils,

Je n’ai toujours aucune réponse de ta part. Cela fait pourtant trois lettres que je t’envoie, espacées de plusieurs jours chacune. Peut-être décides-tu de m’ignorer ? Ce que je ne peux que comprendre vu la situation compliquée durant laquelle nous nous sommes quittés. A moins que tu ne sois trop ému par mes nouveaux talents d’écrivain au point de ne pas oser me répondre ? A moins que tu ne deviennes aussi dur avec moi que je ne le suis avec toi ? En un sens, ce serait logique.
Malgré cette franche impolitesse de ta part, j’ai décidé de quand même poursuivre mon récit, et de te partager ce que j’ai vécu. D’autant plus que nous arrivons dans les moments les plus intéressants.


L’épreuve s’était donc terminée de façon aussi brusque qu’inattendue. Althéo avait débarqué à toute allure, paniqué par l’agitation que j’avais provoquée. En aspergeant la zone de repousse, il calma les hostilités et renvoya les Pokémon sauvages dans leurs terriers. Tandis qu’il se dirigeait vers le Dominant, toujours au sol, je me relevais pour ma part avec peine pour aller vers mes compagnons.

Persian était dans un sale état, mais il n’était pas le seul. Ils avaient tous soufferts. Kangourex avait été mise KO assez rapidement, submergée par le nombre, quant à Nidoking et Nidoqueen, ils avaient de nombreuses traces de morsures. Peut-être aurais-je d’ailleurs du signaler à Althéo que nombres de Pokémon de la grotte devaient désormais être empoisonnés, du fait de Point Poison, le talent de mes deux Pokémon de type sol. Non, franchement, non seulement ça ne me traversait pas l’esprit sur l’instant, mais même avec du recul je me dis que la situation deviendrait sacrément cocasse pour les prochains dresseurs qui n’auraient que deux ou trois Manglouton à affronter.

- Je vous ai observé, toi et ton équipe dit-il sans concession. Pourquoi avoir été aussi agressif ?

- Agressif, moi ? m'exclamai-je, surpris. Regarde dans quel état ils ont mis mes Pokémon !

- Ne sois pas de mauvaise foi. Tu les as agressé, tu as été cruel avec eux.

- Quand on fait un combat, il faut tout donner pour gagner, répondis-je de façon assez froide.

- Alors pourquoi as-tu perdu ? Tu te caches toujours derrière ta colère pour justifier tes défaites ?

- Je n’ai pas perdu ! m’emportai-je. J’allais gagner quand tu…

- Quand je t’ai sauvé. Non mais regarde-toi, sérieusement. Tu fais mal à mon âme d’artiste.

Je pris le temps de m’observer, ce que je n’avais pas fait depuis qu’Althéo était arrivé. Effectivement, j’étais assez pouilleux. Mon manteau était déchiré et troué de partout. Il avait sacrément souffert de l’attaque de ces fichus rongeurs. J’avais beau m’enfoncer dans ma mauvaise foi, je voyais bien qu’avec plus de temps, j’aurai fini dans le même état que mon vêtement. Mais il était hors de question de le reconnaître. Je retirai cette serpillière qui me servait dorénavant de manteau et la jetais de rage au sol, donnant un coup de pied dedans, sous les regards intrigués de Nidoking, Nidoqueen et Althéo. Ce dernier se décida à briser le silence, après avoir fini de rétablir le Pokémon Dominant qui partit non sans un regard typiquement haineux à mon égard. J’en avais vu des centaines comme celui-là à force de détruire des vies. Tu es bien placé pour le savoir d’ailleurs…

- Tu es un excellent dresseur, ça se voit. Alors pourquoi tu t’énerves autant contre tout ?

Je détournai le regard. L’idée de me faire juger par un gosse à la coiffure douteuse comme lui me répugnait. Presque autant que la peur qu’il vise juste à mon sujet. Je ne contrôlai plus mes nerfs depuis longtemps, c’était une évidence. Mais ma fierté m’empêchait de le reconnaître, je restai donc sans répondre à sa question, allant juste soutenir son regard, tant par défi que par intérêt de le voir développer ses idées. Après tout, quelqu’un qui disait que j’étais un excellent dresseur ne pouvait pas être fondamentalement idiot.

- Tu as vu tes Pokémon ? Ils avaient envie de te protéger, ils ont fait leur maximum jusqu’à ne plus en pouvoir. Mais toi tu ne cherchais qu’à écraser ton adversaire à tout prix. Ce n’est pas ça un combat de Pokémon. Où as-tu appris à te battre, sérieusement ?

Mais c’est qu’il prenait un ton accusateur en plus celui-là ! D’où se permettait-il de me balancer la vérité à la figure ? Enfin, je veux dire, d’être aussi désagréable avec moi ? Moi aussi, certes, il m’arrivait parfois d’être désagréable avec les gens. Un petit peu. Bon d’accord beaucoup, je l’avoue, cesse donc d’avoir ce regard consterné, je le vois d’ici !

Quoi qu’il en soit, il fallait bien l’avouer, j’étais obsédé par l’idée de gagner. Ou plutôt non. J’étais obsédé par l’idée de ne pas perdre. Il n’en avait pas toujours été ainsi, je le savais bien. J’avais jadis été un dresseur beaucoup plus talentueux. J’étais alors maître de moi-même, et je n’avais subi aucune humiliation notable.

- Je l’ai vu, et je te préviens, tu n’as pas intérêt à me sortir le cliché du « tu n’aimes pas assez tes Pokémon », sinon…

- Tu aimes tes Pokémon, ça se voit, dit-il sans relever ma menace. Ta réaction vis-à-vis de Persian le prouve. Ton problème est ailleurs.

- Ah oui ? Et où donc, alors, monsieur le génie ? demandai-je avec un mépris certain.

- Tu ne sais pas pourquoi tu te bats. Tu n’as ni conviction, ni ambition. Tu veux devenir fort, mais…sais-tu au moins pourquoi ?

Je clignai des yeux à sa question. Il était débile ou quoi ? Mon ambition était évidente à mes yeux, et à ceux des autres, depuis toujours. Qui avancerait sans but précis ? J’avais tout quitté pour retourner étudier les Pokémon, afin de reprendre un jour les rênes de mon organisation. Quoi que non, je l’aie abandonné, alors je me battais pour quoi… ? Ma famille ? Non plus, toi-même tu m’avais lâché, avec raison, et égoïstement je t’avais oublié alors. Mais donc, pourquoi est-ce que je faisais tout ça ?

Traverses-tu des moments de doutes et d’hésitations par moments ? Et bien c’était typiquement un de ces moments là. Je devais me rendre à l’évidence. Il avait raison. Maintenant que j’avais la vérité nue face à moi, je devais l’admettre. Je ne savais pas pourquoi me battre. J’étais tellement obnubilé par l’idée de devenir plus fort et me venger de mes humiliantes défaites que j’en avais totalement oublié le reste.

- Je…je ne sais pas, avouais-je avec difficulté.

- Si tu ne le sais pas, alors tes Pokémon non plus ne le sauront pas. Ce manque de détermination et de conviction, c’est pour ça que tu combats à l’envers. Tout ce qui compte c’est gagner. Sans savoir pourquoi, ni comment.

- C’est bon, c’est bon, j’ai compris. Stoppe la leçon, je n’en ai pas besoin davantage, grommelai-je dans ma barbe.

Il me tendit alors une gemme blanche avec un étrange symbole, que je regardai avec appréhension, ne sachant pas si je devais la prendre ou pas. Ne sachant même pas ce dont il s’agissait.

- C’est ce que je donne en récompense de mon épreuve. Une Normazélite. Lorsque tu auras retrouvé ta conviction, et que tes Pokémon l’auront également, tu arriveras à t’en servir avec eux.

- Récompense ? Je n’ai pas réussi ton épreuve, et je ne veux pas de ta pitié, c’est compris ?

- Alors vois ça comme un encouragement. Poursuis ton voyage, je suis sûr que tu as du potentiel, et qu’Alola t’aidera, dit-il avec un sourire.

Si seulement il savait. Si seulement il savait que son Doyen m’avait exclu de l’île pour avoir tenté de détruire leurs ruines. S’il savait que j’avais été prêt à frapper ce Chrys. S’il savait que j’avais blessé gravement ces déchets de la Team Skull. S’il savait qui j’étais…

Me donnerait-il ses encouragements avec la même naïveté ? Tant pis pour lui, il ne savait pas ce qu’il venait de déclencher. Je pris son cristal, décidé à tenter le coup. Bien sûr, je devrais vite changer d’île parce qu’à tout les coups, il parlerait vite de moi à Pectorius et comprendrait tout. Mais pour autant, je devais bien avouer que je voyais et vivais le premier signe positif depuis mon arrivée sur Alola. Je devais retrouver mes convictions, ma motivation. Je ne savais pas encore comment j’allais m’y prendre, mais j’allais le trouver.

- Si jamais, voici comment l’utiliser, poursuivit-il.

Il se mit alors à faire un genre de danse ridicule devant mon air atterré, finissant par une pose avec ses bras en Z. C’était une blague, c’est ça ? Il espérait vraiment que moi je ferai une chorégraphie pareille ? Hors de question, s’il aimait se taper la honte c’était son problème, pas le mien. Je roulai des yeux en rangeant sa Normazélite dans la poche de mon manteau. Sauf que non, j’avais jeté mon manteau troué, c’est vrai. Donc à la place, je le rangeai dans la poche de mon pantalon, en attendant de trouver quoi en faire.

- En faisant ça, tu lanceras une puissante capacité Z. Bien sûr, il te faudra un bracelet pour le déclencher, mais si tu réussis ton Tour des Îles, tu en trouveras sûrement un, ajouta-t-il.

- Peu importe, je n’aurai pas besoin de ton jouet. Jamais je ne ferai un truc comme cette danse, dis-je sans concession.

- Soit, soit. Je ne veux pas te forcer. Bonne chance pour la suite de ton voyage, R. . Tu veux que je soigne tes Pokémon avant que tu ne partes ?

Je me contentai de soupirer à sa remarque. J’avais déjà assez abusé de sa « charité ». Hors de question d’en devoir plus à ce type à la coiffure plus que douteuse. Ce n’est pas parce qu’en quelque sorte, j’opérais un nouveau départ que j’avais besoin qu’on me propose une telle chose. Je n’étais pas un dresseur débutant, j’irais au Centre Pokémon moi-même. C’était à moi de m’occuper de mes compagnons. Je me décidai donc à partir de la grotte verdoyante en le saluant vaguement de la main.

Je devais donc maintenant, en effet, m’orienter vers le Centre Pokémon le plus proche avant de changer d’île au plus vite.
Sur la route, je pris le temps de réfléchir aux paroles d’Althéo. Retrouver un but. Je n’avais pas toujours erré sans objectif, c’était évident. Mais pour me le rappeler, il fallait que j’affronte mon passé, mes traumatismes. Il fallait que je me souvienne de ce que je tentais d’effacer. Que je remonte plus loin que la défaite des chutes Tohjo.

Je m’en vais te raconter un épisode douloureux de ma vie, que je n’avais que vaguement évoqué à l’époque. Quelque chose que je n’assumais pas, et qui même à l’heure où j’écris ces lignes est toujours douloureux. L’événement qui nous a amené à nous séparer, toi et moi. Ma défaite contre ce maudit dresseur…Red.

Oui, je m’en souviens parfaitement. J’étais alors au sommet de ma puissance. Le plus grand champion d’arène de tout Kanto, et peut-être du monde. Craint au point que notre Ligue Pokémon n’avait aucun Maître, car aucun dresseur ne parvenait à rassembler les huit badges de la région. J’avais atteint une telle réputation qu’on ne venait même plus me défier à l’arène, ce qui me donnait du temps libre et des raisons pour m’absenter.

Et donc me consacrer à ma seconde occupation. L’œuvre marquante de toute une vie. Mon plus cuisant échec. Le sigle R.. Nous étions alors au sommet, le R rouge luisait comme jamais au dessus du monde entier. Et quelqu’un était venu tout gâcher. Un simple gosse. Comment aurai-je pu deviner que ma toute puissance serait évincée par un enfant ?

Par trois fois nous nous étions croisés. Par trois fois alors il avait tenté de me mettre des bâtons dans les roues. Par trois fois nous nous étions affrontés. Et par trois fois, j’avais perdu. Lamentablement. Je le vois encore, me regarder avec cet air mi froid, mi inexpressif. Sans dire un mot. Il me perçait de part en part, me jugeait. Des années de domination, des années de préparations, réduites à néant par lui et sa petite équipe de Pokémon.

Mais tout n’était pas perdu. Lors de notre dernier affrontement, j’avais perçu quelque chose. Un sentiment qui ne m’avait plus envahi depuis longtemps. Et que je n’avais pas retrouvé non plus jusqu’à mon retour à Alola.

Je me sentais presque plus...vivant. Comme excité par notre combat. Habité par l’envie de me dépasser, de vaincre à tout prix. Et tous mes compagnons l’avaient ressenti, eux aussi. Ils s’étaient battus comme jamais, allant au-delà de leurs limites. De nos limites. Mais ça n’avait pas suffit, il nous avait vaincu quand même.

Bien sûr, je comprenais alors. Althéo avait raison. C’est ça que je recherchai depuis tout ce temps. Ce sentiment qui m’avait habité durant notre combat. Je le cherchais désespérément dans tous mes affrontements, en vain. Pourtant, j’avais tout quitté pour ça. J’avais détruit l’œuvre de toute une vie, abandonné ma région, mon titre de champion, et même mon fils. Même toi. Et j’en mesurais la douleur. Surtout avec les mots que tu me lança à la figure comme des flèches en plein cœur.

Je savais que tu avais raison. Oui, c’était décidé. J’allais retrouver ma motivation de dresseur. Je reviendrai à Kanto la tête haute. Avec de vraies certitudes. Pas comme lors de mon retour raté, deux ans après.

Je serrais les poignées en cuir de ma mallette avec détermination, tout comme si ça pouvait transmettre mon envie nouvelle à mes fidèles Pokémon à l’intérieur. J’étais bientôt en vue d’Ekaeka. Alors je pourrais les soigner, et me faire pardonner pour le triste état dans lequel je les avais mis dans la grotte verdoyante.

- Courage, mes amis, nous y sommes presque, dis-je à voix haute, ce qui était parfaitement inutile et idiot, après mûre réflexion.

- Si c’est pas mignon, il parle à ses gentils petits Pokémon, vous avez vu ça ?

Je me retournais vers cette voix qui eu l’outrecuidance de me couper dans mon monologue de pensées. Une étrange fille, avec des cheveux coiffés en couettes roses et jaunes, me regardait avec une haine féroce dans son regard.

J’en profite pour mettre un petit aparté ici. Non mais sérieusement, quel est leur problème avec les coiffures sur Alola ? Si un jour tu y vas, tu verras c’est hallucinant. On devrait jeter en prison tout les coiffeurs de ces îles, ce sont eux les vrais criminels. Pas moi.

Je reconnaissais son accoutrement ridicule. Elle avait un tatouage du plus mauvais effet sur son ventre découvert qui reprenait le crâne de la Team Skull. Et son ersatz horrible de maquillage blanc autour des yeux lui donnait un aspect repoussant et hideux. Je n’aurais pas cru ça possible, mais même les loubards de la piste cyclable avaient un minimum de distinction, en fin de compte.

- Serais-tu apparentée aux deux inconscients que j’ai remis à leur place ?, demandais-je.

Elle se contenta de rire sans me répondre, s’approchant. J’entendis alors plusieurs bruits de pas autour de moi. D’autres gredins portant la même tenue noir ridicule approchaient. Toujours ce genre de débardeur avec un short noir. Un bas de survêtement pour la fille, mais c’était tout aussi ridicule et bas de gamme.
Je voyais le genre, ils venaient venger leurs amis ? S’ils croyaient m’impressionner, ils avaient tort.

- Oh, regardez moi ça, un attroupement de déchets qui vient me rendre visite, dis-je avec amusement.

- Oush oush, c’est bien lui sista, c’est lui qui a agressé nos frères, affirma un des types en me pointant du doigt.

- Franchement, ça ne me dit rien. Je ne me souviens pas de tous les minables que je croise.

Certes, je m’en souvenais parfaitement. Mais tu m’accorderas que se moquer de ce genre de crétin est particulièrement amusant. Même grisant. En plus, je n’allais pas leur laisser croire qu’ils puissant avoir le moindre intérêt pour moi. Ce genre de mauvaises herbes, il vaut mieux les ignorer.

- Je n’ai pas le temps de jouer avec vous, je suis pressé, alors dégagez de mon chemin.

Je repris ma route en forçant le passage. Je devais aller soigner mes Pokémon. Mais Ils me barrèrent la route et me repoussèrent en arrière. Ces lâches étaient une bonne dizaine autour de moi, en plus de la fille à l’apparence bizarre. Ils voulaient quoi ? Venger leurs petits camarades ? Comme c’était mignon. Des gars qui jouaient aux gros durs mais qui s’en faisaient pour leurs amis.

- T’as blessé deux de mes lascars, ils sont à l’hosto maintenant, alors tu vas nous l’payer, enfoiré !

- Dois-je en déduire que tu es la chef de ce...mmh… Gang ? demandai-je à la fille.

Elle appela un Pokémon que je ne connaissais pas en guise de réponse. Un grand lézard noir et mauve qui se tenait sur deux pattes. Un Malamandre, comme elle l’appelait. Ainsi donc, elle choisissait les hostilités. Très bien, encore des parvenus que j’allais devoir remettre à leur place, on dirait. Je sais que je devais prendre un nouveau départ, me recentrer sur mes objectifs et moi-même, et me calmer. Mais je crois bien que j’allais faire un dernier écart. L’idée d’humilier encore ces types me faisait trop plaisir.

- Quant on s’en prend à eux, on s’en prend à oim’, tu comprends ?

- Oush, vas-y Sista’, refais lui l’portrait ! Dirent plusieurs déchets.

Je tiens à rappeler que je ne comprends que la moitié de leur langage, et que je n’en retranscris que ce que mes oreilles ont pu entendre. Je crois bien qu’il s’agit d'un genre de dialecte pour déficients mentaux, que les gens sains d’esprits comme nous ne peuvent capter. Peut être parlent-ils sur des ondes sonores différentes ou quelque chose du genre ? C’est alambiqué mais je ne vois pas d’autres explications pour justifier leur charabia.

Je lâchai un grand soupire de lassitude, avant de lancer un regard de défi à cette « Sista’ », je gage que ça doit être son prénom, prêt à faire d’elle la première victime expiatoire du tout nouveau R.

- Encore quelques déchets qui vont devoir apprendre leur place dans la chaîne alimentaire, très bien. Faisons ça vite, je suis pressé.

Qui allais-je appeler ? Persian et Kangourex n’étaient pas en état de se battre. C’est eux qui avaient le plus souffert dans la grotte verdoyante. Nidoking et Nidoqueen étaient les meilleurs pour la destruction massive, mais ils étaient en sale état eux aussi. Il ne me restait donc plus qu’une possibilité. Toutefois, avant que je ne puisse réagir, une attaque surgit de mon dos et arracha ma mallette de ma main. Un jet de poison. Je me retournais pour observer le Tadmorv multicolore derrière moi. Ils l’aimaient bien ce fichu Pokémon, il faut dire qu’il leur allait bien !

Puis je revins sur Sista’ qui avait mis le pied sur ma mallette, et donc mes Pokémon. Je la fusillais du regard, mais au fond de moi, je devais bien avouer que là, je me la pétais beaucoup moins.

- Mes lascars m’ont dit que tes Pokémon étaient balèzes, et que tu les fichais là dedans. Alors maint’nant, ils sont à la Team Skull, tu vois ? Et toi, ben, tu vas morfler ! annonça-t-elle dans un grand sourire.

N’en tenant plus, je tentai de me jeter sur elle pour récupérer mes Pokémon. Mais hélas, son Malamandre intervint et cracha un nuage de Gaz Toxik pour m’obliger à reculer. Je couvrais mon visage pour ne pas respirer son attaque empoisonnée.

Ce qui me permit de mieux sentir un coup de pied dans mon dos qui me fit chuter à terre. Je me retournai vers le lâche qui avait fait ça. Évidemment, ces déchets portaient un bandana, ce qui libérait leurs mains malgré le Gaz. Je vis leurs airs amusés, et alors que je tentais de me relever, il m’assena un autre violent coup de pied dans l’estomac qui me coupa le souffle, et me fis retomber au sol.

- C’est pour nos potos que t’a blessé, oush oush !

Et un compère vint l’aider. Puis deux. Puis trois. Et je perdis le compte. Tous vinrent joyeusement me ruer de coups au sol, sous les rires de ceux qui regardaient, tandis que je ne pouvais me lever. Chaque frappe me blessait. Dans ma chaire comme dans ma fierté. Moi, rué de coups comme un petit dresseur débutant de dix ans par un gang d’attardés mentaux. Moi le grand dresseur, l’ancien champion, moi l’ancien boss de la Team Rocket. Voilà à quoi j’en étais réduit.

Je poussais des râles de douleurs, sentant mes os me tirailler au niveau de la poitrine. Mes côtes devaient commencer à se fêler sous leur acharnement à mon encontre. C’était une fin ironique pour moi. Ils allaient me battre à mort, moi qui avais toujours fait souffrir les autres, les avaient traités de faibles.

Alors que je tentais de me redresser, ils m’écrasèrent la main aussitôt. Alors je la repliai. Et je me recroquevillai. Pour me protéger comme je le pouvais. Dans l’espoir que cela cesse enfin. Mais il n’en était rien. Tout cela me sembla durer une éternité. Je ne faisais plus attention à la douleur, à leurs rires ou à leurs cris. Même pas au sang qui commençait à couler de mon nez et ma bouche pour venir tâcher mes vêtements.

Je jetai un regard désespéré à ma mallette, toujours coincée sous le pied de Sista’, tandis que ma vue commençait à se brouiller, entre des nuances de rouge et de noir. Tout devenait flou, ma tête tournait, mon corps de répondait plus. Et ils riaient. Et ils me frappaient. Encore et toujours. Inlassablement.

Tout juste eu-je le temps d’entendre plusieurs voix crier, et de voir des silhouettes blanches apparaître, avant que mes yeux ne se ferment enfin. Mon esprit se déconnecta, m’éloignant finalement de toute cette douleur. De cette ultime humiliation.


Sur cette scène qui est toujours marquée au fer rouge au fond de ma mémoire, je clos cette quatrième lettre. Je ne souhaite pas te prendre en pitié avec ce passage pitoyable, mais il était nécessaire pour que tu comprennes ce que j’ai traversé. Et ce fut particulièrement difficile pour moi de le raconter. Mesure bien le fait que tu es le premier à lire ça.

A très bientôt,
Ton père.