For a New World de Maski

« C'est bien beau tout ça mais je pense pas qu'ils accepteront si facilement de plus attaquer les habitants, déclara Lunick.

-Il y a peu de chances qu'ils reprennent leurs assauts avant d'être tous totalement rétablis. Par contre nous, nous sommes dans de beaux draps. » observa Sam.

Spectrollet avait certes gagné mais non sans mal. Bien qu'il semblait rester en forme, il manquait encore d'expérience et avait du mal à maîtriser sa nouvelle puissance. Sam songea qu'il serait bon de l'entraîner un peu.

Soudain, les Marquilon furent pris de panique. Des filets les clouèrent au sol alors que les Rangers se retournaient pour apercevoir un peu plus loin, deux personnes devant des camionnettes.

Spectrollet se jeta férocement sur les filets, tentant de les brûler et de les couper avec ses dents. En vain. D'entre les arbres surgirent des cordes en Callier, dont les extrémités étaient attachées à des poids, qui muselèrent et ligotèrent en un instant le fantôme. Panéma et les Rangers furent plaqués à terre par derrière.

« C'est bon, on les tient tous. Ramenez-vous, qu'on les mette vite dans les véhicules, ordonna un homme tandis que deux individus vêtus de noir jaillissaient d'entre la végétation.

-Arrête de te débattre comme ça ! Je n'ai pas envie de te blesser, s'exclama une grande femme en ligotant fermement Sam.

-Vous pensez que je vais me laisser faire peut-être ?!

-C'est dans votre intérêt.

-Claire ! On discutera plus tard. Les chasseurs peuvent débarquer d'une minute à l'autre ! Ren ! Viens m'aider, celui-ci est blessé. »

L'homme ayant attaqué Lunick semblait être le chef. Grand et mince, il paraissait d'une surprenante fragilité, avec sa posture désarticulée. Sa tenue sombre donnait aux pointes blanches de ses cheveux des allures de dents acérées prêtes à se planter dans le crâne du Ranger.
Ce dernier jeta un œil à Panéma, pour découvrir qu'elle était emmenée par une jeune de fille de son âge, un peu plus petite, à l'air soupçonneux. Voyant le visage choqué de son amie, il se demanda si cela été du à la surprise ou si ce nouvel enlèvement l'avait, cette fois-ci, réellement traumatisée. Il faudrait qu'il tire ça au clair le plus vite possible.

Les Pokémon furent jetés sans ménagement dans deux camionnettes, tandis que l'on poussait les trois amis dans celle de l'homme aux pointes blanches. La dénommée Claire prit le volant. Ses cheveux formaient une cascade dorée retombant gracieusement sur ses épaules. Cela rappela à Sam les chevelures dont étaient si fiers les hommes et femmes de la haute société. Pourtant, la jeune femme n'avait pas l'air de s'en préoccuper beaucoup.

Après quelques minutes, le chef de la bande se tourna vers les prisonniers et déclara d'une voix calme :

« Désolé de vous traiter comme des otages. On vous a vu vous battre contre ces monstres alors on s'est dit que ça serait plus facile de vous ligoter par surprise.

-Quel sens de l'honneur, commenta Sam.

-Je viens de te le dire, on a fait ça par commodité. On voulait juste les monstres à la base. Seulement, vous aviez l'air de les vouloir et on n'a pas envie que vous nous causiez des problèmes.

-Pourquoi ils vous intéressent tant ?

-Pourquoi leur sort vous importe-t-il autant ? » rétorqua le grand homme mince.

En fixant la Ranger, il compris que ce ne serait pas facile de la faire obtempérer sans y mettre du sien. Refusant de donner des détails, il répondit simplement que c'était personnel. L'arrivée des véhicules devant un bâtiment flambant neuf les empêcha de poursuivre. Construit au milieu d'une vaste plaine découpée en parcelles agricoles, la masse blanchâtre constituée de verre était loin de passer inaperçue. En s'approchant, on distinguait derrière une immense colonne aveuglante, un vaste amas vitreux éblouissant.

Un rideau de fer se referma derrière les camionnettes, tandis qu'on forçait les trois amis et les Pokémon à descendre. Ils pénétrèrent dans un grand monte-charge qui les conduisit à un étrange couloir. Dès que la lumière fut allumée, Panéma, qui se remettait lentement du choc, devina aussitôt être dans un laboratoire de par la blancheur immaculée des murs et l'odeur d'antiseptiques qui flottait dans l'air.

D'un geste du chef de la bande, on les libéra. Cernés de tous côtés dans ce long couloir, ils ne pouvaient de toute façon pas s'enfuir. Bientôt, des portes semblables les unes aux autres découpèrent les murs froids. La dénommée Claire les prévint que celles-ci menaient toutes à des culs-de-sac. A son air détendu et au peu d'attention qu'on leur prêtait, les trois amis en conclurent qu'elle disait la vérité. Bien qu'ayant les mains libres, ils étaient prisonniers de cet étrange bâtiment.

Le couloir laissa finalement place à un espace bien plus important. Une rambarde les protégeait d'une chute dans une magnifique myriade de plantes et de fleurs colorées. De toutes formes, de toutes tailles, des dizaines et des dizaines de plantes emplissaient le sol situé 10 mètres plus bas. Sans les quelques rangées de plaque de métal, disposées en ligne entre différentes plantes, on se serait cru dans une forêt tropicale.

« Pourquoi toutes ces fleurs ? questionna Panéma, émerveillée.

-On fabrique du Repousse à partir de ces plantes, expliqua le chef.

-Pourtant vous devez pas en produire beaucoup, observa Lunick, étonné qu'une si petite culture puisse être rentable.

-On n'en vend plus beaucoup. Seulement à quelques particuliers ou structures comme l'administration de Paûmaint. »

Comme s'il cherchait à éviter la conversation, le chef ordonna que l'on transporta les Pokémon dans une certaine '' partie 3 ''. En longeant la rambarde, ils s'aperçurent que la serre était découpée en plusieurs parties, séparées par des murs en Callier. Tout au fond, un escalier leur permit de descendre entre celles-ci. Dans la salle, ou plutôt la serre, numéro 2, les trois amis découvrirent de grands Pokémon Araignée au dos recouvert d'un manteau rose. Sous leur chapeau, une énorme fleur fanée rouge foncé, leurs yeux violets étaient rivés sur une mixture verdâtre qu'ils remuaient précautionneusement à l'aide d'un bâton.

Séparés les uns des autres par un grillage en Callier, les insectes avaient peu de place pour bouger. Une énorme chaîne en Callier les empêchaient de prendre la fuite. Ils avaient à leur disposition divers tas de feuilles, de fleurs, de tiges et de racines ainsi que de l'eau à volonté. Il n'était cependant pas difficile de comprendre que cela n'était pas pour leur bien-être.

Subitement, l'un d'eux renversa le contenu de sa marmite dans un trou. Sans attendre, il remit l'instrument à sa place et y versa de l'eau, puis des feuilles et des fleurs avant d'y ajouter un filet de Sécrétion. Ne prêtant pas la moindre attention aux visiteurs, il recommença à agiter l'étrange mélange, comme un robot.

On ne laissa pas le temps aux trois amis d'observer ces Pokémon plus longtemps. La troisième et dernière serre était une simple pelouse plus ou moins bien entretenue. Claire s'approcha d'une grande porte encastrée dans le mur du fond et l'ouvrit. Des dizaines de bottes de paille alignées de part et d'autre apparurent lorsqu'elle alluma la lumière. Aussitôt, ses accolytes commencèrent à transporter l'herbe séchée hors de la grange. Sam et Panéma furent obligées de les rejoindre. La pelouse ne tarda pas à laisser place à une épaisse couche de paille.

Le dénommé Ren, un grand roux à la silhouette fine, surveillait Lunick, incapable de travailler à cause de sa blessure, pendant que le reste de la troupe s'affairait à enchaîner les Pokémon afin qu'ils ne puissent pas se battre.

« Ici, c'est la salle de soin, expliqua Ren alors que le chef et la jeune fille se demandaient comment éviter que la crête enflammée de Spectrollet ne provoque un incendie.

-Une salle de soin ? Je vous trouve bien gentils.

-'' Gentils '' ? Avec ces monstres ? Ahahahah ! Ce n'est pas de la gentillesse. Si on ne les soigne pas, ils ne peuvent pas travailler correctement. Ils peuvent aussi contaminer les autres et mourir. Ca coûte un bras de se procurer ces bêtes-là. On ne peut pas s'offrir ce luxe. »

'' Je me disais aussi ! '' songea Lunick.
Le Ranger observa son chien de garde. Il avait l'air sûr de lui et regardait ses amis discuter de ce qu'il fallait faire des deux souris Electrique d'un œil confiant. D'ailleurs, l'adolescent le trouvait bien bavard. C'était l'occasion de lui tirer les vers du nez.

« Pourquoi vous nous avez capturés ?

-On a besoin de ces démons. Comme ils attaquaient Paûmaint, le chef a pensé qu'on pourrait faire d'une pierre deux coups. Il vous a sûrement déjà dit que vous nous auriez gênés si on ne vous avait pas kidnappés.

-Je suppose qu'il est inutile de demander ce que vous comptez faire de nous et de ces oiseaux ? soupira Lunick.

-Tu supposes bien. » ricana le rouquin.

Puis il se tut, fixant Claire et son chef qui discutait ardemment avec Sam. Le Callier bloquait toute attaque venant d'un Pokémon, mais ne les empêchaient pas d'en lancer.

« Bon, j'vous propose un marché ! s'écria le chef, lassé de se disputer avec Sam, on va soigner votre copain et vous pourrez rester ici tant qu'il n'est pas rétabli. En échange, vous promettez de ne pas nous causer de soucis, comme essayer de vous enfuir ou de nous attaquer, ok ? Si vous acceptez, je veux bien ne pas enchaîner ces deux monstres. L'autre est trop agité par contre. »

La Ranger avait du mal à se décider. Bien que ce gang ne se soit pas montré agressif jusque là, elle ne leur faisait pas confiance. Tout ceux qui ne respectaient pas les Pokémon étaient des ennemis. Pas seulement parce qu'elle était Pokémon Ranger. Une personne bien était une personne qui respectait les gens, les Pokémon et l'environnement.
Néanmoins, ils n'étaient pas en position de force.

Elle jeta discrètement un regard à son coéquipier. A l'attention de son Dresseur, Négapi gronda, le poil hérissé. Pas question que son Ranger soit pris en otage !
Cependant, Lunick lui intima le silence. Sam prit cela comme une réponse affirmative.

Après avoir détaché les souris Electrique, ils conduisirent les trois amis à l'étage supérieur grâce au monte-charge. Ils pénétrèrent dans une large pièce.
'' Sans doute la salle à manger. Elle doit aussi servir de salle de réunion à l'occasion. '' songea Sam.

Un comptoir gris les séparaient d'une grande cuisine moderne qui, comme tout ce qui se trouvait dans cet endroit visiblement, semblait étinceler de propreté.
On les invita à prendre place autour d'une énorme table en verre.

« Bon, vu qu'on va vivre ensemble quelques temps, on va se présenter, commença l'homme aux pointes blanches en s'asseyant sur une chaise grise tout ce qu'il y a de plus ordinaire, je suis Carme et également le chef de la bande : les Bêtes Nocturnes. »