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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 15/10/2017 à 08:57
» Dernière mise à jour le 18/01/2020 à 19:44

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 333 : Un an
Mercutio et Djosan avaient toujours pensé être des gars solides, endurants, et relativement forts physiquement. Il ne pouvait pas en être autrement quand on faisait partie de la Team Rocket, à fortiori d’une unité spéciale. De fait, les entraînements physiques ne les effrayaient guère. Mais ça, c’était avant d’avoir rencontré Kiyomi de la Shaters. En quelque jours seulement, cette fille les avait fait passer d’hommes confiants en leur force à des chochottes gémissantes à l’idée de ce qu’elle pourrait bien inventer comme nouvel « entraînement ». Le vélo d’appartement, ce n’était rien, et ce même si Mercutio avait pédalé non stop vingt-neuf heures d’affilée avant de s’écrouler.

Dans l’optique de pousser leurs corps jusqu’à leurs extrêmes limites, Kiyomi faisait preuve d’une imagination débordante relevant presque du pur sadisme. Elle les avait par exemple forcé à se mettre positionnés au dessus du sol, le corps maintenu par les seuls orteils au niveau d’un banc, avec une paire d’haltères dans les mains sur lesquelles vous vous appuyez. Le but était de soulever en alternance les altères tout en se maintenant sur le bout des orteils. Dès les premières tractions, Mercutio avait souffert le martyr, et Kiyomi leur avait fait faire ça une heure durant. Même le commandant Penan n’avait jamais imaginé un exercice aussi éprouvant.

Elle leur avait aussi attaché les mains et les pieds avant de leur demander de sauter dans l’océan non loin, de surnager pendant deux cent mètres et de revenir, et ce au plus fort de la marée. Si l’un d’entre eux avaient coulé, elle ne se serait certainement pas déplacée. Elle avait réussi à se dégoter un Teraclope pour qu’il lance l’attaque Gravité sur eux, décuplant ainsi leur poids pendant qu’ils devaient effectuer dix allées retours de la baie en courant. Et bien sûr, interdiction pour Mercutio de se servir du Flux d’une quelconque manière que ce soit. Trefens avait pour cela utilisé son propre Flux de Découpeur d’une manière telle que Mercutio ressentait une douleur infernale si jamais il s’avisait de se servir du Flux.

Ni Mercutio ni Djosan ne posaient plus de question, mais ils ne pouvaient s’empêcher de se demander si Kiyomi voulait vraiment préparer leurs corps à la génothérapie, ou les tuer. Elle continuait à essayer parfois d’ailleurs, en tâchant de les surprendre à n’importe quel moment avec son espèce de javelot. Un Shadow Hunter devait toujours avoir l’esprit en alerte, disait-elle. Si jamais elle arrivait à les tuer, eh bien, c’était qu’ils n’auraient pas été dignes de recevoir le gène Fanex de toute façon.

Actuellement, ils étaient seuls dans la planque des Shadow Hunters avec Kiyomi. Trefens et les autres étaient partis en mission dans une autre région, laissant le soin à leur plus récente recrue de continuer à entraîner Mercutio et Djosan. Ça ne lui avait guère plu, et donc pour se venger, elle persévérait encore plus dans la recherche d’entraînement mortels. Après un autre particulièrement intense, qui impliquait de perdre une partie de son corps en cas d’erreur, Mercutio et Djosan se reposaient un peu en regardant les news télévisées. Et justement, en ce moment même en direct d’Algatia, Eryl tenait un discours au nom de toute la Confédération.

- Lady Venamia a foulé du pied tous les traités internationaux en engageant les pires mercenaires de l’Humanité. Tout cela pour quoi ? Kidnapper notre meneur, et sans aucun doute le tourmenter pour son bon plaisir ? Elle espère que nous nous effriterons de nous-mêmes. Mais il n’en sera pas ainsi. Nous resterons unis contre la tyrannie et la barbarie qu’elle représente !

Mercutio n’avait pas manqué de remarquer que la fille aux cheveux roses qu’il avait rencontré lors du bal du Sommet Mondial se tenait non loin d’Eryl. Comme elle représentait les Gardiens de l’Harmonie, et plus globalement la région de Naya, la Confédération s’était trouvée un nouvel allié de poids. En s’affichant ainsi aux cotés d’Eryl, c’était clairement un défi de plus adressé à Venamia.

- Plus que jamais, nous lançons un appel à tous les gouvernements du monde qui aiment la liberté. Ce que nous avons vécu ici, à Algatia, est le sort que réserve Venamia à tous ceux qui oseront la contredire. Elle abhorre la paix et la diplomatie. Elle ne comprend que la violence, et pour cela se ligue avec les plus vils, comme la Garde Noire, ou encore avant eux, un groupe terroriste du nom d’Agents de la Corruption, qui sont en réalités les vrais maîtres des sept Pokemon dont Venamia se sert pour apporter souffrance et destruction. Si vous aussi, vous désirez vivre libre dans un monde de paix. Si vous voulez être indépendants, si vous voulez conserver vos droits les plus élémentaires, alors venez vous battre à nos côtés contre l’oppression et la corruption que représente le Grand Empire de Johkan.

Les flash des appareils photos commencèrent, suivi de nombreux applaudissements. Mercutio avait un peu honte d’avoir pensé que la Confédération Libre allait imploser avec la disparition d’Igeus. Il avait sous-estimé Eryl et sa force de volonté. Ça faisait longtemps maintenant qu’elle n’était plus la jeune dresseuse débutante un peu naïve et impuissante qu’il avait connu. Mais toute divine et bien entourée soit-elle, elle aura besoin de lui au plus vite. Il ne pouvait se permettre de perdre deux ans ici, comme les prévisions de Kiyomi le supposaient. La guerre serait peut-être déjà finie…

- Sapristi, s’exclama Djosan. Que la jeune reine Eryl eût fait montre d’une farouche détermination. Je me demande si… Où allez-vous, Mercutio Crust ?

- Causer avec le coach.

Mercutio se rendit dans le petit entrepôt qui servait de chambre à Kiyomi. Comme il y en avait pas assez pour tous dans le magasin, elle le partageait avec Furen. La logique aurait voulu que les deux seules filles du groupe cohabitent ensemble, mais étant donné les goûts de Kiyomi, les autres ont jugé plus préférable de mettre Lilura avec quelqu’un d’autre. La jeune femme à queue de cheval se trouvait allongée au sol, lisant un de ses mangas hentaï en bougeant légèrement les hanches. Elle paraissait aussi légèrement essoufflée.

- Je dois te parler, lui dit Mercutio.

- On entre pas chez les dames comme ça, pov tâche, répliqua Kiyomi en se relevant. Tu as de la chance que je me trouve dans un état momentané d’euphorie post-masturbatoire.

- Merci pour la précision, mais je m’en serai passé. Je viens te demander d’accélérer notre entraînement.

La Shadow Hunter le dévisagea d’un regard noir.

- Tu veux dire que tu trouves mes épreuves trop douces ?

- Non, je veux que tu en accélères le rythme. En clair, moins de pause, et moins d’heures de sommeil. Le but est de toujours rechercher notre limite non ? Et plus on enchaînera les exercices, plus on sera épuisé, et plus elle arrivera vite.

- Vous allez en crever la gueule ouverte, le prévint Kiyomi. J’ai déjà calculé votre résistance actuelle et les pauses en conséquence. Tout n’est qu’une question de chiffre. Dépasse-les, et ton corps va morfler.

- Bien sûr que non, ce n’est pas qu’une question de chiffre ! Répliqua Mercutio. Tu ignores le nombre de fois où l’on s’est dépassé pour battre nos ennemis, dans la X-Squad. Si ça n’avait été qu’une question de chiffre, nous n’aurions jamais vaincu tes potes lors de la bataille de Safrania.

- Quoi alors ? La volonté ? La force de l’amitié ou de la justice, comme dans les shonens ringards ? Le gène Fanex n’en aura rien à foutre de tout ça quand il modifiera ton corps jusqu’à que t’en crèves. Crois-moi… mes petits entrainements guillerets ne sont rien, absolument rien par rapport à ce que te fait la génothérapie…

Mercutio pouvait percevoir la souffrance dans la voix de Kiyomi, signe qu’elle ne s’était toujours pas remise de cette épreuve.

- Nous supporterons le rythme, assura-t-il. Fais juste le nécessaire pour que notre temps d’entraînement total soit réduit de moitié. Il nous faut revenir au front dans maximum un an.

- Un an… répéta Kiyomi. Selon vos statistiques actuelles, ça relève tout bonnement de l’impossible.

Puis un sourire mauvais s’afficha sur ses lèvres.

- Mais j’encule l’impossible, ajouta-t-elle. Du moins si ça me permet de m’amuser encore plus avec vous deux.

Mercutio écarta les bras.

- Alors vas-y, fais nous souffrir un max. Nous sommes tout à toi. Mais juste un an. Pas un jour de plus.


***


Erend devait avouer commencer à trouver le temps long. Venamia n’était plus revenue depuis la dernière fois il y a quelque jours ( Erend n’aurait pas pu être plus précis concernant le temps écoulé ). Parfois, une espèce de domestique venait pour le nourrir, et le détachait pour qu’il fasse ses besoins. Sinon, il restait attaché à sa barre de métal avec ses fils barbelées. Son corps commençait à pisser le sang de tous les cotés, et si Venamia n’y prenait pas gaffe, il allait finir par mourir d’hémorragie. Peut-être devrait-il même s’y résoudre, en bougeant comme un forcené pour aggraver ses blessures ? Il avait la vague idée que Venamia lui réservait bien pire.

Mais Erend n’était pas arrivé à se laisser mourir intentionnellement. Il savait qu’il était trop têtu et trop fier pour cela. Venamia devait penser pareil, d’où le fait qu’elle n’ait pas pris de précautions contre un possible suicide de sa part. Erend se disait que cette attente horrible tout en souffrant continuellement était une sorte de préambule à ce qu’elle allait lui faire. Une façon de le laisser mijoter un temps dans la peur. Quand il s’agissait de torturer les gens, Venamia pouvait se montrer assez fine psychologue. D’ailleurs, c’était efficace, même sur Erend. Après tout, il était un homme comme un autre. Plus intelligent certes, mais qui fuyait la douleur et qui appréhendait la mort, comme tout le monde.

Le pire était de ne pas avoir de nouvelles de l’extérieur. Tout le monde à Algatia s’en était-ils sorti ? La Confédération était-elle toujours debout ? Comment allait Julian ? Ces questions taraudaient l’esprit d’Erend et l’empêchaient aussi sûrement de dormir que ses liens barbelés. C’est alors que la porte s’ouvrit et que quelqu’un entra. S’attendant à voir Venamia, Erend releva doucement la tête, mais ce n’était pas la Dirigeante Suprême. C’était un homme particulièrement grand en uniforme de GSR, avec des cheveux en pointes et un visage sans nez.

- À qui ai-je l’honneur ? Murmura faiblement Erend.

- Capitaine Vashyan Naulos, de la Garde Suprême des Rockets, se présenta l’individu. Heureux de pouvoir enfin vous rencontrer, Commandant Suprême Igeus.

- J’ai vaguement entendu parler de vous… Parait que vous êtes un sadique et un maniaque, le parfait exécuteur de Venamia. Vous avez tué l’un des Mélénis garde du corps de la X-Squad y’a un an.

- Hum ? Ah oui, ce gamin… Me rappelle-même plus son nom…

- Seamurd. Vous pouvez me dire comment vous avez fait pour prendre un Mélénis par surprise ? Ça m’intéresse.

- J’ai juste une petite particularité. Je suis un ancien soldat voyez-vous ? J’ai été gravement blessé à la tête un jour. Un sacré trou dans le crâne, et mon cerveau a même été touché. J’ai survécu miraculeusement, mais quand je me suis engagé dans la GSR, Lady Venamia a eu l’idée de glisser quelque chose dans cet orifice crânien. Vous connaissez l’Ysalry, le minerai anti-Flux dont se sert pas mal la Dirigeante Suprême ? Eh bien, elle m’en a implanté des particules dans le cerveau, pour faire une expérience. Total depuis, mon esprit est un peu comme l’Ysalry. Imperméable au Flux. Les Mélénis ne peuvent ni le contrôler, le troubler, ni même lire en lui. Ce gamin Mélénis a pensé n’avoir rien à craindre d’un humain, car avec le Flux, il sentirait mes intentions à l’avance. Total, il n’a senti que deux de mes balles lui trouer le crâne.

- Intéressant… J’imagine qu’elle vous a fait ça en sachant très bien déjà à l’époque qu’elle finirait par devoir affronter ses propres frère et sœur.

- Peut-être pas les affronter, mais c’était une assurance vie au cas où. Mais bon, je n’ai pas trop eu l’occasion encore de me frotter à ces sorciers. J’espère que ça viendra. Mais en attendant, je vous ai vous. La Dirigeante Suprême vous a confié à mes bons soins.

- Confié ? Répéta Igeus.

- Ouais. Elle désire vous voir souffrir longtemps, mais avec la guerre, elle est bien trop occupée pour vous torturer elle-même. Donc c’est moi qui vais m’en charger. Je suis assez doué pour ça.

- Je n’en doute pas, mais quel intérêt si Venamia ne peut pas regarder ?

- Oh, elle pourra. Il y a des caméras dans cette pièce, qui vous filme sous tous les angles possibles. Pour l’occasion, elle s’est placée un petit récepteur vidéo et audio sur la tête, qui lui permettra de vous regarder et de vous entendre quand elle le voudra. J’imagine que vos souffrances lui permettront de décompresser de temps en temps.

L’air immensément joyeux, Naulos croisa les bras.

- Lady Venamia m’a signifié qu’elle ne voulait plus vous voir en face. Elle en a fini avec vous ; vous ne servez désormais plus qu’à son bon divertissement. Ses ordres sont les suivants : elle veut que je vous torture à un point jamais atteint par un être humain. Que je vous brise mentalement, que je vous réduise à une chose pathétique, privée de son humanité. Connaissant votre volonté et la force de votre esprit, ça risque de prendre un moment. Mais voyez-vous, je ne suis pas pressé, et elle non plus. Je serai avec vous plusieurs heures par jour, et ce durant le temps qu’il faudra, que ce soit un mois, un an, ou même plus. Ce n’est que lorsque vous aurez perdu tout ce qui fait de vous le fameux Erend Igeus, que vous ne serez plus rien, qu’une loque insignifiante et pathétique, qu’alors Lady Venamia, dans sa grande bonté, vous autorisera à mourir.

Naulos colla son horrible visage devant celui d’Erend, et ce dernier put pour la première fois expérimenter son sourire sadique… mais sans doute pas pour la dernière fois. Non, il allait sans doute le voir beaucoup à présent…

- Nous allons devenir très proches à partir de maintenant, monsieur Igeus. Il n’y aura plus que moi dans votre vie. Je serai votre bourreau, votre maître, mais aussi votre bienfaiteur. Je serai tout votre univers, et votre univers ne sera que souffrance !


***


Horrorscor était un Pokemon patient. C’était le moins que l’on pouvait dire de quelqu’un ayant préparé son retour depuis plusieurs centaines d’années. Pourtant, sans corps igné pour l’ancrer sur terre, son âme déchirée, il était quasiment réduit à rien ; juste une ombre qui pouvait susurrer à l’oreille des gens et les corrompre. Lui qui jadis avait été l’un des plus puissants Pokemon du monde, en être réduit à cela depuis tant de siècles était un crève cœur. Mais il avait lutté. Il n’avait pas cessé de lutter depuis tout ce temps, pour exister, pour corrompre, et pour finalement regagner peu à peu ses forces.

Son ancienne ennemie, Erubin, qui s’était sacrifiée afin de le détruire, n’existait plus. À l’inverse d’Horrorscor qui avait conservé ses morceaux d’âme pour échapper à la mort, Erubin l’avait acceptée, et son âme s’était transformée en treize Pokemon. Si on pouvait vaguement dire qu’ils étaient ses enfants, rien de l’Erubin originelle n’existait désormais. Cela voulait dire une chose : une fois Horrorscor revenu à la vie, le monde ne mettra guère longtemps à plonger totalement dans la corruption la plus absolue. Personne ne pourrait l’arrêter.

Et il le sentait. C’était pour bientôt. Toutes ces années, tous ces siècles des manipulations, de changements constant d’hôtes, de plans sur le très long terme allaient enfin porter leurs fruits. Déjà, récemment, Horrorscor avait récupéré une grande partie de son ancienne puissance et influence en reconstituant deux morceaux de son âme en un seul, grâce à Zelan Lanfeal. Avec la chute des Piliers de l’Innocence et la libération des Démons Majeurs, la corruption du monde s’était nettement amplifiée, et plus il y avait de corruption dans le monde, plus Horrorscor redevenait fort.

Il ne restait plus grand-chose à accomplir. Une fois l’Armée des Ombres levée, elle allait provoquer assez de corruption pour donner ce qu’il manquait de puissance à Horrorscor pour enfin revenir en ce monde. Alors, il ne resterait plus qu’à retrouver son cœur, la fameuse Pierre de l’Obscurité, et reconstituer son âme dans un seul hôte. Très bientôt. Très très bientôt. Horrorscor avait beau être patient, plus l’échéance s’approchait, plus il lui était dur de se contrôler.

Horrorscor était, depuis quatre ans maintenant, constamment à deux endroits à la fois. Le plus gros de son âme était en Lady Venamia, son hôte la plus récente, qui, sur le devant de la scène, s’employait à mettre sans dessus dessous les fondations de ce monde. Et il était aussi dans le Marquis des Ombres, qui lui opérait le plus souvent en arrière-plan, suivant à la lettre le projet qu’Horrorscor avait monté depuis tant d’années. Trente-six ! C’était le nombre de Marquis qui s’étaient succédés. Horrorscor était passé dans chacun d’entre eux, souvent pendant un long moment. Si on ajoutait Venamia, Zelan, Ophiuton, et enfin un Pokemon Légendaire de la Forêt-Monde du Continent Perdu qu’Horrorscor avait possédé un temps alors qu’il avait toujours son corps, il avait eu très exactement quarante hôtes.

Horrorscor se souvenait très bien de chacun d’entre eux, même ceux qu’il avait possédé très brièvement. Après tout, c’était comme s’ils n’avaient fait qu’un. Horrorscor avait eu accès à leurs pensées, à leurs peurs, à leurs espoirs. Il avait tous tâché de les comprendre du mieux qu’il pouvait pour pouvoir ensuite les corrompre. Un travail de très longue haleine, qu’il devait recommencer à chaque fois. Mais si tout se passait bien, il n’aura jamais de quarante-et-unième hôte. Le Marquis actuel et Lady Venamia seront ses derniers, jusqu’à que l’un d’entre eux tue l’autre, et qu’il ressuscite enfin, son âme reconstituée.

Tout puissant soit-il, Horrorscor était limité sur l’interaction qu’il pouvait avoir sur ses différents hôtes. Il ne pouvait s’adresser et suivre les pensées que d’un seul à la fois. Il était incapable d’être mentalement avec Venamia et en même temps que le 36ème Marquis. C’était d’ailleurs de cette façon que Zelan avait pu lui dissimuler l’endroit où il avait caché la Pierre d’Obscurité. Il avait choisi un moment où Horrorscor était mentalement avec le Marquis pour le dire à son subordonné, avant d’effacer cette information de sa mémoire pour la mettre dans son œil cybernétique, un endroit fermé à Horrorscor. Le Pokemon de la Corruption avait encore cette trahison au travers de la gorge, et espérait que Silas se chargerait bien de faire regretter son geste à Zelan.

Comme Venamia était actuellement en train de dormir, Horrorscor était pleinement avec le Marquis. Il était dans sa tête depuis près de treize ans. Le Marquis était une personne complexe, que même Horrorscor n’avait pas su pleinement comprendre, même après tout ce temps. Mais une chose était sûre : il lui était totalement loyal, et pleinement corrompu. C’était pour cela qu’Horrorscor préférait que ce soit le Marquis qui élimine Venamia pour récupérer sa part d’âme. Venamia ne lui était pas soumise. Elle possédait une telle ambition qu’il avait été impossible à Horrorscor d’en faire pleinement sa chose. Son ambition lui avait été utile bien sûr, mais à présent que sa résurrection approchait, il avait bien plus besoin de la loyauté docile et prévisible de son Marquis.

En parlant de loyauté justement… Le Marquis avait réuni les six Démons Majeurs sous leur forme humaine autour de lui pour parler de la trahison de Gluzebub, qui avait, pour une raison ou une autre, décidé de se battre aux cotés de la Confédération Libre. Horrorscor n’avait jamais pensé qu’il était possible qu’un Démon Majeur puisse décider de se retourner contre les siens. Le Marquis aussi était quelque peu surpris, mais pas vraiment inquiet à ce sujet. En revanche, s’il y en avait bien un qui avait accueillit cette nouvelle avec la plus grande colère, c’était Wrathan. Le petit garçon au costume rouge flamboyant, dont les yeux semblaient être deux puits de flammes, n’en finissait pas d’énumérer les promesses de vengeance et de punition éternelle envers son jeune frère.

- Il paiera pour cette infamie ! Oser me trahir, moi ?! Il va connaître les affres brûlantes de l’éternelle agonie !!

- Il serait plus intelligent de l’emprisonner quelque part sans manger pendant des lustres, fit Belfegoth en baillant ostensiblement. Ça sera pour lui la pire des tortures.

- Plus intelligent ?! S’exclama Wrathan en s’en prenant à lui. Tu veux dire que je ne suis pas assez intelligent à ton goût ?!

Tous les Démons Majeurs craignaient leur frère aîné, qui était aussi leur chef et le plus puissant des sept, mais Belfegoth, peut-être du fait de sa fainéantise chronique et de son attitude je-m’en-foutiste, était le seul qui osait lui répondre.

- Quand tu es en colère comme ça, tu ne réfléchis plus trop clairement, répondit Belfegoth.

Le problème avec Wrathan, c’était qu’il était constamment en colère. Mais bon, c’était normal, en tant que Péché de la Colère. Le chef des Démons Majeurs était un Pokemon dont la capacité de destruction échappait à tout entendement. Même Horrorscor, au plus haut sommet de sa puissance, n’aurait pas fait le poids face à lui. Il était l’incarnation du mal absolu dans de nombreuses religions, et passait pour être l’éternel rival d’Arceus. Les Agents de la Corruption pensaient que les Démons Majeurs étaient soumis à Horrorscor. C’était vrai pour les six autres, mais pas pour Wrathan. Il serait plus juste de dire qu’Horrorscor et lui avaient fait alliance. Mais au final, celui qui restait supérieur, c’était Horrorscor. Car si Wrathan était l’incarnation de la colère, Horrorscor était celle de la corruption, et la colère n’était qu’une des nombreuses composantes de la corruption.

- Je vais partir immédiatement pour Algatia, décréta Wrathan. Je vais anéantir Gluzebub… non, l’île toute entière !

Horrorscor soupira mentalement, et dit à son hôte :

- Calme-le. Il pourra pleinement se lâcher quand l’Armée des Ombres sera levée. Pas avant. Ça ne fera qu’unir les différents peuples contre Venamia, et nous avons encore besoin d’elle.

Le Marquis acquiesça mentalement, et dit à Wrathan :

- Gluzebub est insignifiant. Nous pouvons nous passer de lui sans mal. Il recevra sa punition en temps voulu.

- Le seul temps qui est voulu, c’est celui que j’aurai décidé, répliqua Wrathan. J’en ai plus qu’assez de me tourner les pouces ici tandis que les autres peuvent aller s’amuser !

- Ta puissance et si grande que tu détruirais tout. Ce n’est pas le but.

- Ce n’est pas TON but, Marquis. Mais le mien a toujours été de semer le plus de destruction possible afin de calmer ma colère inextinguible ! De plus, j’ai également appris que cette Jivalumi aussi nous avait quitté. Tu ne gères plus du tout tes propres troupes, et cette Lady Venamia se fiche totalement de nous ! Ils n’ont qu’à tous brûler dans les flammes de ma fureur !

Horroscor commençait à en avoir assez. Ce n’était pas cet idiot colérique qui allait gâcher son retour parce qu’il était incapable de se maîtriser.

- Passe-moi le relais, ordonna-t-il au Marquis.

Quand Horrorscor avait parfaitement soumis l’esprit son hôte, il était capable de de contrôler temporairement son corps, si toutefois l’hôte le laissait faire. Il retira donc le masque du Marquis de son visage, et dévisagea froidement Wrathan. Ce dernier dut sentir que ce n’était plus le Marquis qu’il avait devant lui, car il se calma instantanément.

- Calme-toi, mon ami, dit Horrorscor avec les lèvres du Marquis. Le temps où tu pourras extérioriser ta fureur arrivera bientôt. Les préparatifs sont bientôt terminés. L’Armée des Ombres sera levée dans un an.

- Un an ?! S’exclama Wrathan. C’est bien trop long !

- Tu as passé des siècles prisonnier dans un corps humain, sans pouvoir, tandis que esprit était enfermé dans un Pilier de l’Innocence, répliqua Horrorscor. Qu’est-ce donc un an de plus ou de moins après ça ? La colère est sans doute facile à apaiser, mais une fois cela fait, que reste-t-il au juste ? La corruption est plus longue à agir, mais au final, elle engendrera un cercle infernal de colère et de destruction, qui jamais ne cessera.

Les cinq autres enfants regardèrent leur grand frère avec inquiétude, se demandant s’il allait oser défier Horrorscor lui-même. Wrathan dut hésiter, mais finalement baissa les bras.

- Un an. C’est tout ce que je t’accorde, Horrorscor. Après cela, le temps sera venu pour les humains et les Pokemon de ce monde mou de se souvenir de mon nom et de l’éclat de ma fureur !

- Un an, réaffirma Horroscor. Et l’innocence ne sera jamais plus qu’un lointain souvenir, tout comme l’héritage d’Erubin !