Synergie amicale (OS) de Suroh

L'océan s'agite et s'ébroue, comme s'il se donnait en spectacle et faisait de son mieux pour paraître sous son meilleur jour. Les vagues qui rident sa surface viennent doucement s'évanouir sur un grand rocher posé à quelques mètres de la côte. Ce rocher, dont on ne distingue pas totalement les contours, est empreint d'une patience millénaire ; il est parcouru d'ondes positives et calmes qui rendraient doux le plus belliqueux des Pokémon.

Ce lieu de repos et de paix est enveloppé par la nuit ; des nuages dérivent au loin dans le ciel, occultant malheureusement la si belle couleur de la lumière des étoiles.

Dans ce tableau paisible marche tranquillement un Lougaroc que la nature a façonné bien étrangement : son pelage aux lueurs bleutées brille dans la nuit à la manière des Lumivole éclairant le chemin des voyageurs égarés. Il marche d'un pas léger, sur la falaise et en direction du sage rocher qui semble n'attendre que lui.

La brise émet un son continu qui ravit les oreilles du Lougaroc, apportant un air iodé qu'il inspire à plein poumons. Le loup poursuit son chemin. Il sait que ses efforts vont être récompensés une fois qu'il foulera de son pas leste la presqu'île minérale. Il tourne son regard bleu-gris vers l'océan ; celui-ci resplendit. Si la lumière des étoiles ne parvient pas à percer l'épaisse nappe de nuages qui vogue dans le ciel, celle de la Lune y arrive sans problème. Sa lumière se reflète sur l'océan bleu qui s'illumine et brille de mille feux.

Admirant ce paysage unique, le Lougaroc pense que c'est comme si les étoiles avaient décidé de s'établir momentanément sur l'océan pour qu'il puisse profiter du spectacle, et cela le remplit de bonheur. Une partie de son pelage reflète d'ailleurs les milles et unes teintes azurées que prend l'immensité aqueuse sous ses yeux, tandis qu'une autre resplendit dans la lumière de la Lune. Il continue de marcher, presse un peu son pas.

Bientôt, perdu dans un brouillard de pensées, il arrive près d'un pont de pierre qui relie l'immense rocher à la terre ferme. Sûr de lui et se laissant bercer par le bruit des vagues qu'il entend s'échouer sur la plage, il traverse cette passerelle. Il ne rouvre calmement ses yeux que lorsqu'il met la patte sur une matière humide et spongieuse, surtout lorsqu'elle s'écrase sous son poids : de l'herbe.

« Même sur ce rocher, tous les éléments de la nature parviennent à se retrouver... », songe le Lougaroc en reprenant sa marche, foulant maintenant de ses pattes un immense minéral entièrement entouré de l'eau de l'océan. Il se sent à son aise, respire comme jamais, profite pleinement de tous ses sens. Son odorat est accaparé par l'odeur saline que cet océan lui apporte, ses coussinets lui transmettent chaque irrégularité de la roche et lui font sentir chaque brin d'herbe sur lequel il marche et sa peau, derrière son rideau de poils luisants, frissonne légèrement.

Bientôt, il est arrivé au bout du rocher ; un pas de plus et il tombe à pic. Il s'arrête donc, s'allonge en souriant, alors que le contact glacial du rocher sur son ventre provoque en lui des sensations délicieuses. « Comme ce moment est relaxant », pense-t-il instinctivement. C'est comme si cet endroit avait été créé pour lui, pour qu'il puisse se reposer près, et même dans, les éléments qu'il apprécie. Il croise ses pattes avants et pose sa lourde tête dessus ; tous les muscles de son cou sont relâchés. Ses paupières se font lourdes. Loup de pierre aux couleurs de la mer sur ce rocher, il fait partie du décor et se fond parfaitement dans celui-ci. Il s'apprête à dériver vers le sommeil...

Une voix l'interpelle, peu sûre d'elle :

« Mon ami, je suis si heureuse que vous soyez là... », dit-elle. Lentement, les paupières du Lougaroc se relèvent. Il jette un regard appuyé à la Lune et profite de ses rayons pour dissiper la brume de son esprit, pour se rafraîchir les idées. Il pivote nonchalamment sa tête vers sa compagne.

« Je suis aussi bien content que tu m'aies rejoint, en ce soir de pleine Lune...

- Je sais bien à quel point tu les aimes, répondit-elle. Et je savais aussi que tu ne résisterais pas à l'idée de venir t'allonger par ici.

- Si je suis venu ici, c'est aussi surtout car je savais que tu me porterais compagnie, et je m'en réjouissais », murmure le loup.

Bruits de petits cailloux qui dégringolent le long du grand rocher avant de s'enfoncer dans l'océan, les pieds de l'amie du Lougaroc raclent le sol tandis qu'elle s'installe. Lorsqu'elle s'est installée, elle soupire un court instant puis on n'entend plus rien. Le vent lui-même a cessé de souffler. Les nuages se mêlent à la noirceur de la nuit, comme pour laisser les deux amis se parler en toute intimité.

« Tu as remarqué ? Ce soir, on ne voit pas les étoiles, glisse la jeune Pokémon.

- Oui, j'avais vu... mais regarde comme l'océan est beau, souffle le Lougaroc.

- C'est vrai que ce n'est pas souvent qu'il prend cette teinte.

- La Lune sera toujours là pour veiller sur nous ; je suis béat d'admiration devant ce cadeau qu'elle nous fait cette nuit, c'est vraiment merveilleux. »

Le jeune loup pose à nouveau sa tête sur ses pattes croisées, pour mieux contempler l'océan, tandis que le silence s'installe de nouveau, bienveillant. Le Lougaroc imagine la tête de sa compagne, une Mysdibule avec qui il avait pris l'habitude de parler, longuement, lorsque la nuit tombait.

Il lui fait remarquer en étirant ses babines dans un sourire qu'il était certain, avant même qu'elle ne vienne, qu'elle porterait cette élégante robe rose qu'elle affectionne tant. Le rire cristallin de son amie lui répond qu'elle n'en doute pas, et qu'elle était pour sa part sûre de le trouver là à attendre patiemment sa venue.

Les deux amis engagent tranquillement une conversation douce, dont chacun des mots ne tarde pas à se confondre avec le vent marin, rejoignant par la même la nature qui les entoure.

Tout deux se sentent bien.

C'était une belle soirée de pleine Lune.