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Apocalyptica de Drayker



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Informations

» Auteur : Drayker - Voir le profil
» Créé le 07/10/2017 à 21:05
» Dernière mise à jour le 18/11/2017 à 19:34

» Mots-clés :   Drame   Présence de poké-humains   Région inventée   Science fiction   Suspense

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Chapitre 60 : Dans les entrailles de la terre
Au fil des semaines de vie dans le bunker, Lina s’était rendu compte qu’elle s’enfermait petit à petit dans une routine facilement identifiable.

Chaque matin en se réveillant, elle se rendait au troisième sous-sol, à la salle de sport, et passait entre une et deux heures à se remettre en forme. A plusieurs reprises, elle y croisa Will, qui s’exerçait avec son Arcanin.

Elle évitait de parler avec le survivant – malgré le fait qu’il n’ait toujours montré que des intentions amicales à son égard, elle se méfiait encore de lui. Elle n’engageait pas la conversation et préférait s’entraîner dans son coin, et Will accueillait cette réserve avec indifférence.

Malgré tout, lorsqu’elle courait sur le tapis roulant ou qu’elle s’étirait, Lina ne pouvait s’empêcher d’observer l’homme et son Arcanin du coin de l’œil.

C’était un drôle de spectacle que de voir ces deux êtres si différents s’entraîner de manière si complémentaire. Lorsque Will frappait le sac de frappe, c’était Fenrir qui l’immobilisait d’une de ses lourdes pattes. Lorsque l’humain s’allongeait sur un tapis de gym, c’était le Pokémon qui le calait au sol de tout son poids pendant qu’il faisait ses abdominaux.

Puis, au bout d’un certain temps, Will décrétait que c’en était assez et tous deux sortaient de la salle, sans que Lina ne sache où ils allaient.

C’est Joshua qui lui apporta la réponse un jour, en lui racontant qu’il avait vu Will et Fenrir ouvrir la lourde porte blindée qui menait à l’extérieur. Curieux, le jeune homme les avait suivis, et avait aperçu l’Arcanin courir à toute vitesse dans le sable, sous les ordres de Will qui lui criait d’enchaîner les virages serrés sans déraper, d’accélérer ou encore de sauter en pleine course.

Lina n’était pas particulièrement douée en dressage de Pokémon, mais elle savait que ce genre d’entraînement n’était pas l’apanage des Dresseurs. Elle comprit rapidement que la relation de Will à son Pokémon n’était pas une relation de supériorité, mais de complicité – et malgré elle, elle en vint à respecter le survivant un peu plus encore.

Après sa séance de remise en forme, Lina prenait sa douche et retrouvait Joshua au réfectoire, où tous deux partageaient un repas. La plupart du temps, ils étaient seuls – Will ne se joignait jamais à eux, et les rares fois où Jade était là, elle mangeait dans un silence déprimant.

Quant à Sanae, Lina ne l’avait jamais vue manger quoi que ce soit, si bien qu’elle en vint à se demander si les Apocalyptica n’étaient pas également immunisés à la faim. Joshua lui avait confirmé que Lyrian avait besoin de se nourrir et de boire, mais beaucoup moins qu’un humain.

Après leur repas, les deux jeunes gens passaient généralement une bonne partie de l’après-midi à explorer le bunker.

L’endroit était immense, et Lina, bien que capable de se déplacer depuis plusieurs semaines, n’en avait toujours pas fait le tour. Elle était contente que Joshua se soit remis – la compagnie du jeune homme était la bienvenue pour combattre la solitude que l’on ressentait à déambuler dans ces couloirs aseptisés.

Ensemble, ils visitèrent l’intégralité de la serre du second sous-sol. Au troisième, ils trouvèrent une piscine, en plus de la salle de sport. Le quatrième étage était une salle des machines, dont le tapage infernal dissuada rapidement le duo de s’éterniser.

Au cinquième étage, ils tombèrent sur une sorte de salle de communications, remplie de radios, de décrypteurs de fréquences et d’ordinateurs. C’était probablement de là que Will les avait contactés, ce fameux jour où il avait tenté de les mettre en garde contre I.H.M.

Joshua et Lina, qui n’y connaissaient pas grand-chose en communication, allumèrent la radio et naviguèrent parmi les fréquences, sans grand espoir. Depuis le Changement, toutes les technologies de communication étaient hors service : téléphones portables, radios, talkiewalkies, Internet, tout ce qui utilisait des ondes électromagnétiques était devenu inutilisable – aussi le duo ne fut-il pas surpris de n’obtenir que de la friture.

Ils firent cependant une découverte intéressante : en allumant l’un des ordinateurs, Joshua tomba sur une liste des laboratoires de X-Corp, désignés par un nom de code.

Comme Will l’avait dit, il n’y en avait que quatre – et à côté de chacun des quatre, un message rouge clignotait : « I.H.M. déconnecté ».

« Donc ils avaient un I.H.M. dans chaque labo… murmura Lina.
- Il faut croire, oui. J’imagine que ça devait être sacrément pratique pour gérer le complexe.
- Qu’est-ce qui est arrivé à celui de notre labo ? On avait remis le courant, non ?
- Kate l’a tué quand on a su que les Nettoyeurs arrivaient. » expliqua Joshua.

Lina frémit. Elle avait toujours considéré I.H.M. comme une atrocité, mais savoir que Kate l’avait abattu de sang-froid avait quelque chose de dérangeant.

Après avoir essayé en vain de contacter l’extérieur, le duo fit demi-tour et descendit à l’étage suivant.

Comme Will l’avait dit, le sixième sous-sol contenait deux laboratoires. La première était une sorte de zone botanique, où d’étranges plantes poussaient dans des bacs éclairés par une lumière artificielle. La plupart étaient desséchées, signe que personne ne s’en était occupé depuis longtemps, mais certaines résistaient encore.

« C’est là qu’ils ont mis au point les espèces de la serre, expliqua Lina.
- C’est Will qui te l’a dit ?
- Ouais. Enfin, c’est là qu’il a dit qu’il avait trouvé les graines.
- Des plantes qui poussent sans soleil, soupira Joshua. Ils avaient vraiment tout prévu. »

Ils poursuivirent leur exploration, arrivant ainsi dans la seconde zone, une sorte de laboratoire médical. Des microscopes et autres centrifugeuses s’empilaient sur des paillasses poussiéreuses, à côté d’une multitude de machines complexes que ni Lina, ni Joshua ne parvinrent à reconnaître.

Au détour d’une étagère, Lina tomba sur une dizaine d’éprouvettes contenant divers échantillons de liquide. Curieuse, elle jeta un œil aux étiquettes, mais les termes scientifiques qui désignaient les produits ne lui disaient rien. Elle remarqua soudain l’une des solutions, dont la teinte légèrement bleutée avait un air familier.

« Tu fais quoi ? lui demanda Joshua, qui jetait un coup d’œil à une boîte de Pétri.
- Ce truc me dit quelque chose… »

Intriguée, Lina s’empara du flacon et le déboucha avant de renifler.

« Bravo, c’est vachement prudent, ça, grommela Joshua en s’approchant.
- C’est du Vortex, lança alors la jeune fille, stupéfaite.
- Hein ?
- Ce truc, là, c’est du Vortex.
- C’est quoi, le Vortex ?
- Une drogue qui circulait à la surface d’Omnia avant le Changement, expliqua Lina. Une vraie saloperie qui avait rendu le Rex richissime.
- Qu’est-ce que ça fait dans un laboratoire de X-Corp, alors ?
- Va savoir, fit la jeune fille en haussant les épaules. J’ai jamais su comment le Rex avait fait pour se procurer un truc pareil. Le Vortex, c’est pas vraiment une drogue comme les autres.
- T’as l’air vachement calée sur le sujet. » nota Joshua.

Lina répondit par un grognement, peu désireuse d’avouer à son ami qu’elle était la fille adoptive d’un baron du crime qui avait régné en maître sur les bidonvilles de la surface. Elle reposa le flacon en espérant que l’affaire était close. Hélas pour elle, le jeune homme ne laissa pas passer l’occasion si facilement :

« Tu ne m’as jamais dit ce que tu faisais, avant le Changement.
- Rien d’intéressant.
- Arrête un peu. T’étais l’une des meilleures tireuses du canyon. T’as collé une balle en plein dans l’œil de Lyrian. Et là, tu te mets à parler de l’empire d’un des plus grands criminels d’Omnia comme si tu le connaissais. Tu vas pas me faire croire que tu menais une petite vie tranquille.
- J’ai pas vraiment envie d’en parler, grommela Lina en se retournant vers Joshua.
- Pourquoi ? » se risqua-t-il à demander.

L’espace d’un instant, Lina eut envie de l’envoyer bouler, comme elle l’aurait fait jadis avec l’ancien Joshua, le connard raciste du canyon. Mais tout aussi brusque qu’elle fut, elle savait qu’il aurait été injuste de sa part de repousser ainsi le jeune homme.

« Parce que j’ai envie de l’oublier, cette vie.
- Tu ne la regrettes pas ? Même pas un peu ?
- Non. Et même si c’était le cas, à quoi ça servirait ? Rien ne redeviendra comme avant, alors autant se concentrer sur ce qu’on a maintenant. »

Joshua hésita, puis acquiesça lentement. Il était évident qu’il aurait aimé en savoir plus sur le passé de Lina, mais il respectait son silence. Tous deux firent demi-tour et quittèrent le laboratoire.

Alors qu’ils marchaient dans les couloirs pour descendre au septième sous-sol, la jeune fille ne pouvait s’empêcher d’observer son ami. Avec un léger pincement au cœur, Lina se dit qu’elle avait de la chance de connaître quelqu’un d’aussi patient que Joshua. Quelqu’un qui supportait ses sautes d’humeur sans broncher, qui contrebalançait ses ardeurs en la forçant à réfléchir – et qui, parfois, l’avait empêchée de commettre de sacrées bêtises.

Etait-il encore amoureux d’elle ? Peut-être. Peut-être pas. Cela faisait un moment, depuis le canyon, et de l’eau avait coulé sous les ponts. La plupart des gens de la colonie étaient morts. Elise. Thrak. Amara. Andrew. Les autres avaient failli y rester, et Lyrian s’était retourné contre eux.

Et pourtant, Joshua était encore là, revenu d’entre les morts après avoir affronté les Nettoyeurs. Il avait changé, physiquement – il paraissait un peu plus grand, plus grave, plus mûr. Ses cheveux blonds avaient viré au châtain, et ses joues se couvraient d’une légère barbe qui le vieillissait un peu plus.

Lina se demandait si elle aussi avait changé à ce point. Pas sûr. Les épreuves avaient rendu Joshua plus attentif, plus mature – elle, par contre, elle avait toujours l’impression d’être la même adolescente en colère contre le monde entier.

La porte de l’ascenseur qui s’ouvrait la sortit de ses réflexions. Tous deux rentrèrent dans la cabine, et Joshua écrasa le bouton du septième étage. L’appareil s’ébranla et entama sa descente, avant que les portes ne se rouvrent à nouveau.

Ils se retrouvèrent dans une nouvelle salle des machines. Une odeur désagréable assaillit les narines de Lina.

« Le recyclage des eaux, devina Joshua en se bouchant le nez.
- Tu crois ?
- Vu comment ça pue, je pense, ouais. Faut bien que toute l’eau soit traitée quelque part. A mon avis, la salle des machines du quatrième est dédiée à la production d’électricité, et celle-ci s’occupe des eaux usées. »

Il disait vrai. Après avoir marché pendant quelques minutes au milieu des tuyaux et des réservoirs d’eau sale, il s’avéra que l’endroit était effectivement destiné au traitement des eaux. Doutant de pouvoir supporter l’odeur plus longtemps, le duo fit rapidement demi-tour et passa au sous-sol suivant.

Le huitième étage était une sorte d’entrepôt rempli de caisses de matériel. Plongé dans la pénombre, il était maigrement éclairé par quelques néons faiblards qui clignotaient au passage du duo. Intriguée, Lina se mit à lire les étiquettes, tandis que Joshua ouvrait les rares paquetages qui n’étaient pas verrouillés par un cadenas.

« Couvertures, combinaisons de X-Corp, crayons, mouchoirs, feuilles de papier, bougies, shampooing… énuméra Lina au fur et à mesure de ses découvertes.
- Ils ont vraiment pensé à tout, s’émerveilla Joshua.
- Il y a tellement de trucs, ici… Ça nous prendrait des jours de faire une liste.
- A mon avis, il doit y en avoir une quelque part. Dans les ordinateurs. Faudrait demander à Will.
- Tu crois qu’ils ont des cigarettes ? demanda la jeune fille.
- Je croyais que t’avais arrêté ? sourit son compagnon.
- Ouais. Mais avoue que ça ferait du bien, une petite clope, non ?
- Je ne pense pas que fumer avec un trou dans les poumons soit une bonne idée. » répondit Joshua en haussant les épaules.

Après avoir passé près d’une demi-heure à faire le tour du hangar, ils revinrent à l’ascenseur et passèrent à l’étage suivant, qui s’avéra être un entrepôt tout à fait similaire. A eux deux, les étages de stockage devaient contenir assez de matériel pour subvenir aux besoins d’une quarantaine de personnes pendant plusieurs années.

Pour Lina et Joshua, un tel trésor était inespéré. Eux qui s’étaient habitués à devoir rationner les vivres et l’eau avaient du mal à réaliser l’opulence et le confort de leur situation actuelle.

« Bon, du coup, le dernier sous-sol, c’est la chambre de Sanae ? plaisanta Joshua alors que leur ascenseur amorçait sa descente vers le dixième étage.
- Comment ça ?
- Bah… Tu sais où elle dort, toi ? »

Lina réfléchit, et se rendit soudain compte qu’elle ignorait effectivement où était la chambre de l’Apocalyptica. Elle avait fouillé le premier étage de fond en comble – elle avait repéré la chambre de Will, celle de Jade. Mais Sanae…

« Peut-être qu’elle a pas besoin de dormir ? suggéra Lina.
- Je pense que si, faut pas déconner. Les Apocalyptica sont puissants, mais à ce point-là… ça serait ridicule. Et puis même. On a toujours besoin d’un coin où se poser et ranger ses affaires, hybride ou pas.
- J’imagine qu’on va vite être fixés. »

Les portes s’ouvrirent, et les deux jeunes gens se retrouvèrent dans ce qui ressemblait à un sas. Face à eux se trouvait une grande double porte d’acier, barrée du logo de X-Corp. Un panneau digital se trouvait sur le mur adjacent. Lina apposa sa main, mais rien ne se passa. La porte ne s’ouvrit pas.

« Merde. C’est fermé ?
- C’est blindé, aussi, nota Joshua en frappant la porte du poing.
- Will m’a dit qu’il y avait des caissons destinés à contenir les hybrides, quelque part dans le bunker. C’est là que les scientifiques ont enfermé Sanae quand ils l’ont amenée ici.
- D’où la porte blindée. Mmh. J’imagine qu’il faut être de X-Corp pour ouvrir ce truc. Ça a l’air de reconnaître les empreintes digitales.
- Alors comment est-ce que Will sait ce qu’il y a de l’autre côté ?
- Je sais pas. Peut-être que c’est simplement Sanae qui le lui a dit. Mais du coup, ça veut dire que elle, elle a réussi à franchir cette porte.
- J’aime pas ça, grommela Lina. J’aime pas savoir qu’il y a un endroit qui m’est inaccessible.
- Pourquoi ? Tu as peur que Will y cache quelque chose ? devina Joshua.
- Ouais.
- Mmpf. On pourra lui demander. Même si je doute qu’il nous réponde.
- Et si le truc que voulait l’Autre se trouvait derrière cette porte ? La raison pour laquelle il tenait absolument à rejoindre le bunker ? » suggéra soudain la jeune fille.

Joshua ne répondit pas tout de suite, pensif.

« Possible. Ça ne sert pas à grand-chose de faire des hypothèses, de toute façon. On ne sera fixés que quand on l’aura ouverte. Allez, viens, on remonte. »

Il se dirigea vers l’ascenseur. Lina resta quelques secondes à contempler la lourde porte blindée, puis le rejoignit, maussade.

Elle avait un mauvais pressentiment.