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Magical Girl de Flageolaid



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» Auteur : Flageolaid - Voir le profil
» Créé le 24/09/2017 à 20:54
» Dernière mise à jour le 26/09/2017 à 17:59

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Région inventée   Unys

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Ch 30 : Après Vous
« Cher M. Flageolaid,

Faisant suite à notre précédent courriel, nous avons l'immense plaisir de vous annoncer que votre fanfiction « Magical Girl » a été sélectionnée dans le cadre de notre projet PokéStream.

Comme évoqué précédemment, The Pokémon Company a décidé de lancer en Janvier prochain sa propre plate-forme de vidéo à la demande, exclusivement centrée sur l'univers Pokémon. Un choix de programmes variés est donc nécessaire à la pérennité de cette entreprise.

Impressionnée par l'abondance de productions de fans, notre firme a effectué un long travail d'investigation sur Internet pour dénicher les histoires les plus à même de figurer dans le catalogue de PokéStream. Une cinquantaine de fictions ont retenu notre attention en Europe, dont trois en France.

« Magical Girl » entrera dans la classification OtUn, c'est-à-dire des histoires n'appartenant pas au canon de la licence Pokémon. Comme il vous l'a été expliqué, des remaniements seront nécessaires pour adapter votre histoire en série animée. Nous avons pris en compte vos suggestions et votre idée de faire parler Ewart en français dans les versions asiatiques nous a paru intéressante.

Par ailleurs, une distribution mondiale de Pokémon inédits est prévue pour le lancement de PokéStream et Gottfried figure parmi les candidats possibles. En espérant que vous apprécierez cette initiative, veuillez agréer l'expression de nos sincères salutations.


The Pokémon Company International »

[Qui d'autre a reçu ce mail ?]



La météo se calmait légèrement au fur et à mesure que les deux magiciennes et leur monture se rapprochaient du sinistre manoir. Le Galopa avançait sans bruit sur la neige compacte. Plus loin, des sbires armés patrouillaient nerveusement.
Le groupe se planqua derrière un gros tas de neige pour observer les mouvements des gardes. Mark et Gott sortirent de leurs Balls pour assister leurs mages dans cette tâche.
Bien que la situation exigeât de la discrétion, Lymnesine ne put se contraindre au silence.

« Tu n'as rien à me dire avant qu'on entre chez Casus Belli ? chuchota-t-elle à l'oreille de sa collègue.
- Non, pourquoi ? s'enquit Sofia, étonnée par la question.
- Ben, généralement, pendant un combat crucial, il y a certaines révélations qui foutent le bordel, tu vois ?
- Pas trop.
- En gros, t'es sûre que Casus Belli n'est pas ton père ?
- Quoi ?! s'étrangla la jeune femme.
- Genre, chut !
- Je dis ton père, mais ce pourrait être n'importe quel autre membre de ta famille, vivant, mort ou pas encore né. Ou bien un de tes ex, insista Lymnesine. »

Sofia préféra l'ignorer et chercher un moyen de pénétrer dans le manoir sans se faire repérer par les gardes. Le Galopa proposa d'incendier la baraque, ce qui ne lui posait aucun problème d'éthique étant donné qu'il n'y avait que des méchants à l'intérieur.
Les deux filles écartèrent cette idée avec indignation, aussi Mark se retint de dire qu'il adorait le plan du Pokémon Feu. Lymnesine voulait cogner Casus Belli l'Effronté, pas le regarder cuire. Il apparut bientôt que l'unique moyen d'entrer par la porte – car escalader la façade n'emballait pas trop Sofia – était de détourner l'attention des sbires.
La jeune femme aux yeux noisettes savait exactement comment s'y prendre, bien qu'elle risquait de mourir de honte dans le processus.

« Le pouvoir de l’amour triomphera toujours ! »

Sofia avait prononcé ces mots avec une timidité inhabituelle. Elle détestait la phrase magique qui déclenchait la transformation en Magical Girl et encore plus l'effusion de petits cœurs roses qui suivait.
En un éclair, le monde disparut sur plusieurs centaines de mètres pour laisser place à un fond d'écran zébré de couleurs fluo s'harmonisant à merveille avec une piste de J-Pop survoltée pour provoquer moult crises d'épilepsie.

Le corps de Sofia s'illumina d'une lueur blanche pour masquer la disparition de ses vêtements. Sa silhouette tourbillonna avec grâce au milieu d’éruptions d'étoiles rougeoyantes.
Les premiers éléments de son costume apparurent en même temps que la tête de Gottfried dans le coin supérieur gauche de l'écran. Il inspectait la scène avec curiosité, se demandant comment la magicienne avait bien pu faire disparaître le reste du décor.
Mark, courroucé par cette irrespectueuse irruption, saisit le Fouinar par la joue et le ramena hors du cadre.

Il ne fallut pas plus de cinq secondes pour revoir la bouille argentée de Gottfried émerger du bas de l'écran, tout sourire. Le Pokémon Allongé se dandinait au rythme entraînant de la musique.
À nouveau, Mark voulut se jeter sur lui, mais Gottfried l'accueillit avec un direct du droit. Le Farfaduvet riposta en frappant l'autre au plexus. Alors les deux Pokémons se lancèrent dans une baston de cour de récré, roulant d'un coin à l'autre de l'écran en passant devant Sofia à chaque gros plan sur ses sous-vêtements. Les frustrés appelleraient ceci de la censure.
Leur bagarre dura tout le temps de la transformation. Lorsque le décor reparut, ils se tenaient gentiment aux pieds de Lymnesine, sur le perron du manoir, le visage marqué de coups. Sofia profita de l'état d'hébétude des sbires pour les rejoindre sans être vue.
Puis le groupe entra dans la demeure.



Le hall du manoir présentait les caractéristiques d'être immense et vide. En son centre se trouvait un gros bloc de marbre qui aurait pu être une statue de Casus Belli s'il restait le moindre sculpteur encore en vie pour le façonner.
Le Galopa décida de ne pas s'aventurer plus loin, il n'avait aucune raison de défier l'ultimage. En cas de défaite des deux magiciennes, il se ferait embaucher comme sbire.
Sofia mena la troupe vers la porte faisant face à l'entrée, sans prêter attention aux remarques de Lymnesine sur sa tenue. L'adolescente insistait sur les dimensions réduites des habits qui exposait le corps de la Magical Girl de façon indécente. Ceci étant, elle trouvait que Sofia portait un « joli joli joli joli joli joli joli joli joli joli joli jupon ».
La jeune femme n'osa lui avouer que toutes les Magical Girls étaient affublées de ce costume ridicule et pervers au moment d'engager le combat avec l'ennemi.

Le groupe pénétra dans un long corridor, faiblement éclairé par la lumière émanant d'une pièce contiguë. Se rapprochant de la source de lumière, Lymnie hasarda un coup d'œil furtif dans la salle. Une demi-quinzaine de sbires y prenait leur pause. La magicienne en avisa ses amis.

« Je peux savoir ce que tu entends par "demi-quinzaine" ?
- Ben, sept ou huit. »

Sofia recula de quelques pas. À cause de l'obscurité, elle ne vit pas le petit morceau de bois qui se trouvait derrière elle. Hormis Gottfried qui était devenu nyctalope à force de consommer des champignons magiques, personne ne l'avait remarqué.
Plus tôt dans la journée, un laquais était passé par là, transportant avec lui une grosse corbeille en osier contenant du petit bois pour allumer un feu dans la cheminée. Les sbires laissaient ces brindilles sécher pendant six mois afin qu'elle deviennent bien sèches, l'idéal pour que les flammes prennent.
Une des branchettes avait chu au beau milieu de ce couloir plongé dans les ténèbres. Elle se trouvait à présent juste en-dessous du pied de Sofia. Elle mesurait une trentaine de centimètres de longueur pour un diamètre de huit millimètres. Ce n'était donc plus vraiment une brindille.
Lorsque le talon de la bottine de la magicienne s'écrasa sur le morceau de bois sec, celui-ci se fendit en un craquement qui résonna dans les couloirs vides du manoir. Le bruit parvint jusqu'aux gardes postés dans la pièce voisine, qui ne jouissaient pourtant pas d'une acuité auditive supérieure à la moyenne.

Voilà, pour l'unique fois dans toute votre vie, vous avez assisté à une version réaliste du fameux « coup de la brindille qui craque » et qui change de ce putain de cliché où un petit bâton ne disposant pas de toutes les caractéristiques requises pour se casser, se retrouve broyé entre une pelouse normale en terrain tempéré et la semelle molle d'une basket bon marché, tout en produisant un son proche des quatre-vingt décibels de façon à alerter tous les méchants à l’ouïe fine présents dans un rayon de deux cents mètres !
Et vous l'avez lu dans une des plus mauvaises fics de ce site ! Saisissez-vous l'ironie du truc ?

Lymnesine se retourna vers sa collègue en fronçant les yeux. Elle s'apprêtait à lui murmurer une remarque désobligeante quand les hommes de l'ultimage firent irruption dans le couloir. L'un d'eux brandit sa matraque cloutée et assomma l'adolescente.



Quand Lymnesine reprit connaissance, tous les sbires gisaient inconscients autour d'elle. Sofia et ses Pokémons s'étaient débarrassés de leurs assaillants avec tant de facilité que cela en devenait indécent. Par ailleurs, le flegme de Gottfried semblait intact.
En se relevant, la jeune mage se massa l'arrière du crâne, puis sortit son carnet de rêve. Durant ses quelques minutes d'inconscience, Lymnesine avait eu le temps de faire un songe prémonitoire, vision très précise d'un futur lointain.

Sofia rappela Aliénor. Les deux filles et leurs mascottes reprirent l'infiltration du manoir de l'Effronté. L'architecte des lieux avait dû tracer ses plans avec des rails de coke car l'enchaînement des pièces se caractérisait par une absence totale de logique.
En effet, l'unique porte au bout du couloir donnait sur une sorte de cabane de jardin, mais à l'intérieur du manoir. De là, on pouvait atteindre un petit salon qui offrait trois possibilités : un couloir qui formait une boucle pour revenir à son point de départ, un atelier de couture où les sbires venaient raccommoder leurs haillons ou bien les toilettes.
Compte tenu de la cohérence globale des lieux, la troupe choisit de se rendre aux cabinets. Il s'agissait d'une pièce d'environ cent vingt mètres carrés avec un total de huit portes, dont une fausse. Un siège en porcelaine trônait au centre de la salle.
Déambulant un peu au hasard, les magiciennes et leurs mascottes traversèrent ensuite un musée d'art contemporain, le vestiaire de l'équipe de nuit, un couloir très très très très très très très court, la salle des cactus, l'ancienne cuisine et finirent par arriver dans l'arsenal.

L'immense salle lambrissée conservait une pléthore d'armes et accessoires pour humains et Pokémons. De tous les articles, Gottfried retint surtout les fourreaux pour lames d'Insecateur se terminant par des gants de boxe. L'équilibre entre ingéniosité et stupidité frisait ici la perfection.
Un bonhomme bedonnant et court sur pattes surveillait les lieux en ronflant bien fort. Depuis la gaffe de la brindille, c'était le premier sbire que l'équipe rencontrait.
Tout en se dirigeant vers l'extrémité de la pièce sans glisser sur le parquet lustré, les deux mages frôlèrent un bac rempli de méga-gemmes. Lymnesine y abandonne sa Nanméouite inutile et déroba une autre pierre qu'elle fourra dans sa poche, l'air de rien. Puis elles passèrent la porte.

À l'entrée de la pièce suivante, un panneau indiquait « Annexe H de la prison ». On aurait dit une sorte de caverne avec trois cellules creusées dans la roche. Une torche éclairait faiblement les geôles.
Deux prisonniers les regardèrent avec intérêt. Le premier ressemblait à un vieil aristocrate pas rasé depuis une semaine, le second à un Metalosse fort cabossé.

« Hé, c'est le Sage Pudi ! s'exclama Lymnesine. Qu'est-ce que vous foutez là ?
- Les hommes de Casus Belli ont eu vent de mes dons de "voyance" et ils m'ont arraché quelques renseignements à votre sujet, répondit le Pokémon d'un air guilleret.
- Vous êtes medium ? lâcha Sofia d'un air sceptique.
- Non, c'est un tocard, intervint Gottfried.
- Entièrement d'accord. »

L'homme qui partageait la cellule du sage depuis quelques heures déjà s'était forgé une opinion solide sur celui-ci. Sofia le dévisagea quelques instants, son visage ne lui était pas inconnu. Puis ce fut l'illumination.

« Vous êtes l'archimage McKenzie, n'est-ce pas ?
- En personne.
- C'est ce monsieur qui a découvert la traîtrise de Casus Belli, expliqua le Sage Pudi à Lymnesine. Son serviteur a pu s'enfuir pour prévenir Fulbert Cassoulaid.
- Ah ? C'est vous le pote de Cassoulaid ? s'exclama l'adolescente. Je vous imaginais plus moche.
- Je ne suis pas l'ami de cet incommodant personnage ! protesta le vieil homme. Il m'a présenté ainsi ? Quelle honte ! Je l'ai prévenu des plans de Casus Belli afin de ne pas mettre mes proches en danger. Je me moque du sort de Fulbert Cassoulaid.
- Comme je vous comprends, plussoya Lymnesine. En plus, Cassoulaid ne peut pas me saquer depuis mon premier jour de classe parce que je chantais dans les couloirs.
- Ah bon ? fit Sofia. Et tu chantais quoi comme chanson ? »

La jeune femme ne remarqua pas le regard lourd de sens que lui jetèrent Pudi et Gottfried. Miraculeusement, Lymnesine avait tenu les cinq dernières heures sans chanter une seule fois – si on excepte un petit fredonnement dans le hall – sa collègue ne pouvait donc pas deviner à quoi elle s'exposait en posant cette question innocente.
La Magical Girl chercha les paroles exactes avant de s'éclaircir la voix et de se lancer :

« Envoie-moi dans une école spéciale
Car je suis une telle idiote
Et je n'ai pas besoin du moindre livre pour apprendre à lire
Qui a besoin de stupides bouquins ?
Ils sont pour les escrocs insignifiants
Et j'apprendrai en étudiant les leçons dans mes rêves »

Cinq visages grimaçant signalèrent à Lymnesine qu'elle pouvait s'abstenir de la fin. Rendue bougonne par ce public de snobs, la Magical Girl s'éloigna en traînant les pieds.
Sofia promit aux deux prisonniers de venir les libérer une fois Casus Belli vaincu. Les barreaux étant enchantés pour contenir toute magie ou attaque Pokémon, on ne pouvait pas ouvrir les cellules à moins de posséder la clé. Ou un talent certain pour crocheter les serrures, comme Ewart, qui aurait refusé par loyauté envers Lymnesine.

Le groupe continua l'infiltration du manoir. Aux geôles succédèrent deux pièces entièrement recouvertes de moquette (beurk!), un réfectoire, puis Le Dernier Couloir Avant L'Adversairissime Final.
Le corridor, parfaitement symétrique, se caractérisait par une légère pente. Un tapis rouge habillait le sol et guidait le regard vers une porte noire, ni massive, ni flanquée de sculptures horribles, qui diffusait toutefois une énergie maléfique dont se méfiait Sofia.
Usant de ses sens magiques, la jeune femme parvint à discerner l'effet de la malédiction lancée sur cette simple porte : les personnes n'ayant jamais utilisé la magie noire ne pouvait pas l'ouvrir ! Pire, les âmes pures subiraient la puissance du champ de force démoniaque entourant cette porte.
Lymnie l'ouvrit pourtant sans encombre.

« Lymnesine Hesperides ! tonna Sofia. Traîtresse ! As-tu déjà usé d'un sortilège de magie noire ?
- Euh... quoi ?
- Réponds à ma question ! »

Gottfried prit Mark par l'épaule et l'entraîna un peu plus loin. Il valait mieux ne pas se mêler de cette discussion. Et puisque leurs Magical Girls allaient se prendre la tête pour des conneries, ils auraient largement le temps de finir leur bagarre.
L'adolescente referma la porte et soupira.

« Oui, j'ai lancé un sort interdit quand j'avais onze ans, avoua Lymnesine sans aucun regret. En même temps, quelle idée de laisser traîner un bouquin rempli de sorts maléfiques dans la bibliothèque d'une école de magie ? Je pense que la documentaliste a une part de responsabilité dans l'affaire.
- Quel sortilège as-tu utilisé ? poursuivit Sofia avec la véhémence de quelqu'un qui déteste la magie noire (Sofia abhorrait beaucoup de choses à vrai dire).
- Tu te fâches si je te dis un sort de Malvarisation ? »

L'air outré de sa collègue lui indiqua que oui. Une Malvarisation affectait profondément et durablement la personnalité de la cible du sortilège. Un saint pouvait ainsi devenir un tueur en série et vice-versa.
Passées l'horreur et la colère suivant un tel aveu, Sofia commença à éprouver une sorte de malaise. Son intuition lui souffla vivement de ne pas prolonger l'interrogatoire. Pourtant la jeune femme demanda encore :

« Sur qui as-tu lancé ce sortilège ? Sur toi ?
- Ben non, je suis tellement cool que la Malvarisation n'aurait pas eu d'effet !
- Alors qui ?
- Ma binôme. Elle était trop chiante à geindre tout le temps et à avoir peur de tout, en plus elle n'avait pas d'amie à part moi, alors j'ai pris les devants et amélioré sa personnalité, expliqua Lymnesine non sans fierté. En fait, c'est carrément grâce à moi si elle a réussi l'examen de Magical Girl.
- Son nom ?
- Sonia Heartlove. Et sa frangine est pareille, angoissée en permanence, timide à l'excès, on voit qu'elles ont été conçues dans le même moule ! Elles tiennent de leurs parents, ça c'est sûr ! Mes frangins les victimisaient quand ils étaient ados. »

Mais Sofia n'écoutait déjà plus. Elle venait d'apprendre la triste réalité au sujet de sa meilleure amie, la fille que toutes les Magical Girls d'Unys prenaient en modèle. Vous vous en foutez royalement, mais pour Sofia ce fut un sacré choc !
Cette révélation avait tout de même le mérite de redorer le blason de Lymnesine. Pour une nullité totale en magie, elle était parvenue à transformer une gamine asociale et stressée en une jeune fille dynamique, adorée de tous. En fait, c'était grâce à sa nullité que Lymnesine avait réussi cet exploit.

Soudain, Sath Auros fit irruption dans la pièce. Quatre paires d'yeux se posèrent sur le Wizard qui tombait tel un cheveu sur la soupe.
Dans les fictions à format épisodique, même les excellentes, la fin est minée par une ou plusieurs incohérences ajoutée au dernier moment par le scénariste qui craint qu'on lui reproche de ne pas avoir exploité tous les éléments mis en place durant l'intrigue.
Afin de ne pas troubler l'ordre cosmique, cette fanfic se doit de bâcler une partie de son dénouement en insérant de façon maladroite un élément dont tout le monde se fout. En l’occurrence, Sath.

Sath en bavait à mort depuis la veille. Obligé de fuir face à ces compagnons manipulés par Akuma Nokiss, sa foi dans les valeurs des Wizards avait été fortement ébranlée. En surprenant la conversation de plusieurs sbires dans une taverne, il avait découvert le complot de Casus Belli pour tuer le Roy.
Ni une, ni deux, le valeureux mage avait bondi sur sa monture en direction du manoir du félon pour l'empêcher de mener ses plans à bien. Sur son chemin, il avait rencontré son ami Beldar, vaincu par Lymnesine, et découvert son allégeance à Casus Belli.
Ecœuré, Sath avait poursuivi sa route jusqu'ici sans s'arrêter et combattu tous les sbires qui se dressèrent sur son chemin. À présent, il ne lui restait qu'à franchir cette porte pour défier l'ultimage. Cette tâche lui revenait de droit.

« Écartez-vous, les pimbèches !
- Comment ?! siffla Sofia, irritée par la remarque.
- COMMENT ?! rajouta Mark, irrité que sa Magical Girl soit irritée par la remarque.
- Seul un homme peut sauver Rivustel, déclama le Wizard On ne compte aucune fille parmi les héros !
- Encore ton leitmotiv misogyne ? soupira Gottfried.
- Laissez-moi passer ! De nous tous, je suis le seul à pouvoir vaincre Casus Belli ! ordonna Sath avec condescendance.
- Trop pas, c'est moi qui vais lui botter les fesses ! répliqua Lymnesine.
- Non Lymnie, il a raison, se résigna Sofia. Seul un homme peut tous nous sauver.
- Quoi ?!
- Je préfère cette attitude, déclara le jeune homme. Chacun doit connaître sa place.
- Je t'en prie, ô valeureux mâle, passe donc le premier. »

Sofia détestait autant les machos qu'elle aimait la pizza. Sans éprouver la moindre pitié, elle regarda le Wizard trop fier de lui s'approcher de la porte noire, poser sa main sur la poignée et être propulsé avec violence contre le mur d'en-face par un puissant champ de force maléfique.
Lymnesine sourit.

« Au fond, tu es un peu plus cool qu'il n'y paraît ! s'exclama-t-elle.
- Merci, mais ne t'imagines pas être pardonnée pour ce que tu as fait à Sonia. On en reparlera après le combat contre Casus Belli.
- N'empêche que j'avais raison avec cette histoire de révélation pourrie avant le combat final. »

L'adolescente ouvrit la porte noire, puisqu'elle seule avait l'âme suffisamment corrompue pour le faire.
En entrant dans la salle ronde aux proportions raisonnables où les attendait l'ultimage, les deux magiciennes invoquèrent Chrystosmus, Ewart et Aliénor. Après examen attentif, il s'avéra que des trompe-l'œil peints aux murs donnait l'illusion que la pièce était ronde, alors qu'elle était plutôt rectangulaire.
Un lustre mal fixé au plafond éclairait les lieux d'une lueur sinistre.

Casus Belli se tenait assis sur son grand trône de marbre, un rictus mauvais au bout des lèvres, entouré de ses deux sbires favoris, Jessico et Pamelo.
C'était un homme d'une quarantaine d'années grand et massif. Entre ses larges épaules poussait un cou puissant qui soutenait un visage anguleux, marqué par un teint cadavérique et de petits yeux sombres. En le voyant, la Magical Girl comprit enfin pourquoi l'ultimage portait le surnom d'Effronté : il n'avait pas de front !
En fait, la chevelure poivre-et-sel de Casus Belli débutait à un centimètre de ses sourcils fournis. Pour vous donner une idée de cette horreur capillaire, reportez-vous aux dessins moches de votre petit-cousin de cinq ans qui demeure incapable de faire votre portrait sans vous amputer d'un morceau de la boîte crânienne.

L'ultimage se leva en agitant sa cape noire, geste théâtral qui titillait les nerfs de ses laquais. Gottfried pouffa de rire en le voyant faire. D'une voix froide comme la mort, Casus Belli demanda :

« Comment avez-vous fait pour passer la porte ? Oh et puis peu importe ! Laquelle de vous deux se prénomme...
- Lymnesine ? »

Jessico avait prononcé le prénom de la magicienne, suivant les ordres de son maître qui, lui, demeurait incapable de le dire correctement. L'intéressée salua son ennemi avec un sourire narquois.

« Dans ce cas, prépare-toi...
- Lymnesine.
- ...car je vais t'anéantir ! gronda l'ultimage.
- Cool ! se moqua Sofia. »

Casus Belli réagit immédiatement à l'affront. Cette Magical Girl qui osait utiliser un mot anglais en sa présence méritait la mort. Il pointa deux doigts en direction de Sofia et tira son impitoyable rayon désintégrateur.
Par réflexe, l'adolescente se jeta entre sa nouvelle amie et l'attaque du méchant tout poilu du front.

« LYMNIE !!!!! »




Putassier, n'est-ce pas ?