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Pokemonis T.2 : L'embrasement de l'Aura de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 13/09/2017 à 08:44
» Dernière mise à jour le 13/09/2017 à 08:44

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Science fiction

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Chapitre 15 : Rapports croisés
Kashmel



- Ta mère ? Répétai-je sans comprendre.

Six et Stuon venaient de rentrer du bal, et bien que l’heure soit tardive, je n’ai bien évidement pas attendu le lendemain pour écouter leur rapport. Je ne m’attendais pas à ce que la première chose que me dise la gamine c’est : « je crois que j’ai vu ma mère là-bas ». J’interrogeai Stuon du regard, et il se contenta de hausser les épaules.

- Mais, ta mère… tu m’as dis qu’elle était humaine non ? Qu’elle avait quitté la capitale il y a des années. Qu’est-ce qu’elle viendrait faire à un bal G-Man ?

- Je l’ignore, admit Six. Elle était déguisée en G-Man, mais je suis sûre à 99% que c’était elle. D’ailleurs, quand je l’ai remarquée, elle a vite disparu.

- Quelle G-Man elle était ?

- Selon la description de Six, c’était Lady Firenne Jastemire, répondit Stuon en s’asseyant négligemment sur son sofa en désordre. La G-Man de Moyade. Elle venait justement de revenir de Vrucas-Bord. Plus personne ne l’a revu à Axendria depuis dix ans. Vrai que c’est une drôle de coïncidence…

Je ne connaissais pas cette Lady Firenne, mais la maison Jastermire me parlait. Une famille sans importance et sans histoire…

- Six, ta mère - si c’était bien elle - se déguisait-elle vraiment en G-Man, ou bien… ou bien est-ce qu’elle peut en être réellement une ?

L’adolescente ouvrit la bouche, prête sans doute à lui assurer que sa mère n’était qu’une humaine normale, mais elle hésita un moment.

- Je… je ne sais pas trop, fit-elle enfin. Ma mère n’a jamais montré le moindre pouvoir devant moi, mais au final, je me rends compte que je ne sais pas grand-chose sur elle. Elle ne m’a jamais raconté son passé, ce qui l’avait amené à travailler comme domestique chez les G-Man, ni même qui était mon père. Mais si elle est vraiment une G-Man, pourquoi se cacher des Nettoyeurs ? Pourquoi vivre dans la ville basse comme une esclave ? Et pourquoi revenir au Quartier G-Man aujourd’hui ?

- Je n’en sais rien gamine, soupirai-je. Écoute, on va partir du principe que ta mère est bien une humaine, et qu’elle s’est déguisée en G-Man en usurpant l’identité d’une autre. Elle avait sans doute une bonne raison de venir à ce bal. Peut-être pour te revoir ?

- Mais ça impliquerait qu’elle savait que Six allait venir, intervint Furaïjin. On ne l’avait pas spécialement crié sur tous les toits.

- Oui, et de plus, se faire passer pour une G-Man alors qu’on est humaine n’est pas à la portée de tous, ajouta Stuon. Elle n’a pas pu faire ça seule, ne serait-ce que pour prendre l’identité de Lady Firenne. Elle a forcément quelqu’un derrière. Quelqu’un de puissant.

Je méditai sur tout cela. Un imprévu dès le premier soir, qui laissait pas mal d’interrogations et peu de réponse. Et surtout, aux conséquences très dangereuses. Cette femme, qui quelle soit, pouvait tout aussi bien dénoncer Six… si toutefois elle ne craignait pas qu’on la dénonce elle aussi.

- Je crains qu’il n’y ait pas grand-chose à faire à ce sujet pour le moment, dis-je finalement. Stuon, tu peux enquêter discrètement sur cette « Lady Firenne » ?

- Pourquoi pas ? Ça devrait être facile ; il s’est dit qu’elle est revenue à Axendria pour se trouver un respectable mari. Et la G-Man célibataire à qui je n’ai pas été compter fleurette reste à inventer.

- Si elle est vraiment la mère de Six, tu ne pourras pas la leurrer. Elle doit savoir que tu es dans le coup, et que Six t’a fait part de ses soupçons à son sujet.

- Je tâcherai de l’approcher suffisamment pour utiliser l’Aura et vérifier sa signature, pour avoir confirmation qu’elle est bien une non-G-Man. Si c’est le cas, avec son secret en poche, j’essaierai de la faire marcher un peu. Si ce n’est pas le cas… bah elle remarquera que j’utilise l’Aura pour la mater, et je serai un goujat aux yeux de toutes les femmes du quartier G-Man !

- Donc aucun risque, vu que tu l’es déjà, affirmai-je.

Six était encore troublée, mais on ne pouvait rien faire de plus de ce côté-là.

- Qu’en est-il du reste, gamine ? Demandai-je. Comment s’est passée la soirée ?

Six chassa sa mère de ses pensées pour me répondre.

- Longue et ennuyeuse, principalement…

- J’en ai assez faites dans ma jeunesse pour ne pas avoir besoin qu’une espionne spéciale me l’apprenne, ricanai-je.

- Nous sommes entrés, tout le monde me regardait, nous avons salué Lady Meika qui m’a à peine accordé un coup d’œil, nous nous sommes assis à une table éloignée, nous avons mangé, quatre G-Man m’ont invité à danser et je les ai éconduit… puis plus personne ne s’est intéressée à moi.

- Tu oublies ton petit dialogue avec Rohban Irlesquo sur le balcon, très chère, précisa Stuon.

Je fronçai les sourcils.

- Tu as parlé avec le fils de Bradavan ?

Mon ton devait être quelque peu sévère, car Six se ratatina sur elle-même. Elle semblait toujours me craindre un peu, alors qu’elle avait l’air parfaitement à l’aise avec Stuon. Mais je ne le faisais pas exprès. J’étais naturellement intimidant, quand ce doux crétin de Stuon paraissait inoffensif.

- Pas beaucoup, répondit Six. Et c’est lui qui est venu me parler. Il était tout seul sur son balcon à écrire ses trucs…

- De quoi avez-vous discuté ?

- De pas grand-chose. Il m’a surtout énervé. Pour un fils de haut noble, il est particulièrement anticonformiste et exaspérant.

- C’est exactement la réputation qu’il a, intervint Stuon. Il parait qu’il adore mettre son père et sa sœur dans l’embarras. Peut-être parce qu’on a découvert ses pouvoirs G-Man très tard, et que de fait il n’a pas reçu beaucoup d’amour ou d’attention de sa famille.

Rohban Irlesquo était effectivement insignifiant, mais tout de même, je ne voyais pas trop d’un bon œil qu’il essaie de se rapprocher de Six. Ça risquerait d’attirer l’attention de Bradavan sur elle.

- Il avait l’air de mépriser les G-Man, et plus encore sa propre famille, précisa Six. Vous pensez qu’il pourrait faire partie de Lance ?

Je ne le pensais pas, et Stuon non plus, car il secoua la tête.

- Il ne faut pas commencer à voir des révolutionnaires partout, dit-il. Si ce gamin faisait vraiment partie de Lance, il ne s’amuserait pas à se mettre sa famille à dos par son comportement je-m’en-foutiste. De plus, il n’est même pas encore majeur, et en tant que membre de la maison Irlesquo, il ne peut certainement pas aller où il veut quand il veut.

- Oui, et de toute façon, jamais le fils de Bradavan ne pourrait vouloir faire s’effondrer la domination de sa maison, ajoutai-je. Il se la joue peut-être rebelle pour faire chier son père ou vouloir s’affirmer, mais il demeure un pur produit de la noblesse pourrie de l’Ordre, qui à son tour profitera sans complexe de sa position et de son pouvoir. Je te conseille de ne plus t’approcher de lui pour la suite, Six. Si tu parais trop proche des Irlesquo, jamais le groupe Lance ne tentera de t’approcher.

- Je ne cherchais pas à être proche de lui, protesta Six. Il n’a rien fait à part m’ignorer, se fiche de moi et me ridiculiser ! Il n’a aucune manière et on a envie de le frapper dès dix secondes passées avec lui !

Stuon éclata de rire face à sa colère.

- Eh bien, c’est parler comme une véritable noble, chère Sixtine. Tu t’indignes déjà comme eux après seulement une soirée.

- Je ne suis pas comme eux ! Protesta Six, outrée. Jamais je ne pourrai supporter de faire ce genre de bal tous les soirs en sachant qu’ailleurs dans la même ville, des humains se font constamment maltraiter.

- Tu es à moitié comme eux, dis-je.

La jeune fille me regarda avec incompréhension et colère.

- Tout comme moi, ajoutai-je. Nous sommes des bâtards. Nous avons à moitié du sang G-Man, à moitié du sang humain. C’est pour cela que nous pouvons à la fois nous dissimuler parmi eux, à jouer à leurs jeux et à nous habiller comme eux, mais aussi que nous pouvons nous révolter contre cette situation et cette décadence de l’Ordre. Tu continueras à assister à leurs bals, Six, pour tenter d’entrer en contact avec Lance, mais de l’autre côté, tu devras apprendre à te battre pour les Paxen, et contre l’Empire et l’Ordre. C’est une bonne occasion d’ailleurs. Viens donc, allons faire quelque bonds dans la ville !

- Maintenant ? S’exclama Six. Je viens tout juste de rentrer…

- Et j’imagine que tu as besoin de te défouler après être restée toute la soirée assise à regarder ces paons costumés danser. De plus, il n’y a pas de lune ce soir, nous serons encore plus discrets que d’habitude.

Moi aussi, j’avais besoin de me défouler, de sortir de ce quartier G-Man dont je ne supportais plus l’odeur et la vision, et de sentir l’air frais sur mon visage. Un vrai G-Man était libre. Ce n’était pas un noble, quelqu’un qui restait cloîtré dans un manoir avec des servants pour combler ses moindres désirs. Un G-Man vivait avec la nature. Même aux temps jadis, très lointains, où les G-Man étaient encore nommés Aura-Gardien, et où certains d’entre eux étaient rois ou seigneurs, il était impensable qu’ils demeurent dans leurs châteaux. Les G-Man de l’Ordre actuel avaient fini par perdre leur lien avec l’Aura, à trop rester oisifs. La consanguinité expliquait sans doute l’affaiblissement progressif des G-Man, mais elle n’était pas la seule raison.

Six retira ses habits de nobles pour revêtir de plus adaptés à une virée nocturne sur les toits de la cité. En une semaine à peine, elle avait énormément progressé, et savait désormais sauter de toits en toits sans ralentir. Presque qu’elle allait me dépasser bientôt. Après tout, elle était jeune et fine, G-Man d’un Pokemon de type félin, et moi, j’étais vieux et gras, G-Man d’un Pokemon Roche, qui n’était pas spécialement les plus agiles. Elle avait appris naturellement à se servir de l’Aura pour puiser dans ses ressources physiques, et parvenait aussi maintenant à se déplacer sans presque ne faire aucun bruit.

Cette fille était un trésor. C’était ce que je me disais en la regardant bondir à mes côtés. Une vraie G-Man, qui n’a pas été corrompue par l’Ordre décadent actuel, et qui, grâce à sa partie humaine, a su se préserver de la dégénérescence biologique qui touchait la plupart des G-Man. Elle était là la solution, nul besoin de chercher midi à quatorze heure : il fallait que les G-Man recommencent à se reproduire avec les humains pour apporter du sang neuf à leur patrimoine génétique, et ainsi redevenir ceux qu’ils avaient été par le passé. Mais évidement, c’était impensable. Parce que l’Empire l’interdisait formellement, mais aussi parce que la grande majorité des G-Man étaient bien trop soucieux de la « pureté » de leur sang pour se salir au contact d’un simple humain.

D’ailleurs, j’en étais venu à soupçonner que l’Empire savait tout ça. Il savait que les G-Man bâtard étaient bien plus puissants que les autres, et c’était pour cela qu’il se montrait si répressif avec eux. Daecheron et Xanthos avant lui préféraient largement des G-Man faibles et qui continuaient à s’affaiblir d’années en années. L’Ordre devenait ainsi plus facile à contrôler, et aussi plus facile à éliminer en cas de rébellion de sa part. L’Ordre courrait droit à sa perte, du fait de l’Empire et de la collaboration de Bradavan.

En même temps, ce n’était pas comme si j’avais beaucoup montré l’exemple de mon temps, alors que je courtisais la belle Sareim. Mais cette fille, je l’avais réellement aimée. L’amour n’avait que faire des considérations de famille, de race ou d’idéologie, disait-on. Mais Bradavan me l’avait volée, comme il m’avait volé tout le reste. Savoir qu’elle était à présent sa femme, qu’elle avait porté son engeance… cela me mettait toujours aussi hors de moi, même des années après. Bradavan allait payer pour tout cela, ce n’était qu’une question de temps. Une vengeance que je ruminais depuis des années, et qui allait bientôt aboutir… en partie grâce à la jeune G-Man prometteuse qui se trouvait à mes côtés. Elle atterrit quelque secondes après moi sur le toit de la Maison de Justice, à peine essoufflée.

- Alors, ressourcée ? Demandai-je avec un sourire.

- Disons que c’est plus amusant qu’un bal chez les Irlesquo, admit-elle.

- Je sortais souvent faire ça quand j’étais jeune, racontai-je. En cachette bien sûr, car mes parents ne l’auraient pas accepté. J’y ai amené Stuon une fois. Après s’être ramassé trois fois, il n’a plus jamais réessayé. Et Sareim aussi… En fait, je voulais te demander… Tu l’as vue au bal ?

- Non. Pas plus que votre frère. Il n’y avait que leurs deux enfants.

- Stuon m’a dit qu’elle ne se montrait plus beaucoup en public. Bradavan veut la cacher pour une raison ou une autre. Elle est peut-être malade…

Je soupirai, et Six eut l’air d’avoir pitié de moi.

- Je suis désolée…

- Ne le sois pas. C’est du passé tout ça. Pure nostalgie et faiblesse de ma part. Je ne suis même pas sûr qu’elle me reconnaîtrait, aujourd’hui. J’en ai peut-être plus l’air, mais quand j’étais jeune, j’en jetais pas mal niveau physique.

J’éclatai d’un rire bourru en resongeant à celui que j’étais. Jeune, fort, beau idéaliste, et crétin. Un crétin niveau cosmique !

- Ne change jamais, Six, lui dis-je plus sérieusement. N’oublie pas qui tu es et d’où tu viens. Les costumes, les bals, les mets délicieux… ce n’est pas toi, tout ça. Ça. Ça c’est toi, affirmai-je en désignant l’ensemble de la ville plongée dans la pénombre. Tu es une enfant des rues. Tu vivais en grande partie la nuit. Fais donc en sorte que la nuit, les rues t’appartiennent.

- M’appartiennent ? Répéta la jeune fille. Comment ça ?

- Montre à ces braves Pokemon de l’Empire que tu existes, que tu ne te caches pas même si tu es recherchée. Sois une véritable G-Man, ou Aura-Gardien comme on les appelait. Combats l’injustice et le crime, comme ils l’ont toujours fait. Deviens l’espoir aux yeux des humains, et la peur aux yeux des Pokemon esclavagistes. Deviens un symbole. Rien ne t’es impossible, Six. Agis, et découvre tout ton potentiel !


***


Scalpuraï




- Ton fils ? Répétai-je. Tu veux dire le marmot que je cherchais, ce Six ?!

- Je n’ai eu que lui, maître, répondit Mizulia.

Elle venait de rentrer de sa première infiltration chez les G-Man pour recueillir des informations sur ces agaçants terroristes du groupe Lance, mais à la place, elle revenait avec comme seule nouvelle que son bâtard s’était pointé à la réception d’Irlesquo, déguisé en pur G-Man. Ça, je ne m’y attendais pas. Je pensais qu’il aurait la jugeote de rester planqué sans se montrer. Mais en même temps, son culot me plaisait. Un culot identique à celui de sa mère. J’avais grande hâte de l’attraper, pour qu’il m’appartienne comme elle. Ou à défaut, pour le tuer.

- Tu es allée lui parler ? Voulus-je savoir.

- Non maître. Mais je crois qu’il m’a reconnu, d’où mon départ plus précipité que prévu.

- Et par quel miracle un bâtard G-Man a pu se faire passer comme légitime aux yeux des autres ?

- Je crois qu’il a utilisé le même subterfuge que nous. Un autre G-Man, Lord Stuon Jarminal, l’accompagnait et se faisait passer pour son cousin.

Je réfléchis un moment, cherchant dans mes souvenirs.

- Je n’ai jamais entendu parler de ce Stuon.

- Ce n’est guère étonnant, maître. Tous les G-Man le considèrent comme un excentrique insignifiant.

- Pas si insignifiant que ça, s’il est le complice d’un bâtard en fuite.

Le fait de savoir mon ancienne proie en ce moment même dans le giron de mes ennemis ne changeait rien à ma situation. Je ne pouvais pas l’attraper là-bas. Ceci dit, à terme, cette situation pourrait m’être profitable. Le fait qu’un bâtard ait pu aux yeux de tous se faufiler dans l’Ordre prouvera une fois pour toutes aux yeux de l’Empereur l’incompétence criminelle des G-Man à contrôleur leurs propres membres.

- Ton gamin… A-t-il agit ainsi pour avoir un statut légitime de G-Man et la vie tranquille qui va avec, ou a-t-il d’autres objectifs ?

- Je l’ignore, maître. Mais je n’imagine pas vraiment Six recherchant le luxe. Selon moi, il y a quelqu’un derrière lui, et même derrière Stuon Jarminal. Et ça ne doit pas être étranger à l’affaire qui nous occupe, ce groupe Lance.

En somme, un joli complot mouillant tout l’Ordre G-Man ! J’en frémissais presque de joie.

- Crois-tu que ton fils va te dénoncer aux autres ? Ce serait problématique que l’Empereur apprenne que j’ai infiltré un de mes agents humains dans l’Ordre.

- Je ne vois pas l’intérêt à Six de le faire, surtout que je pourrai de mon côté lui rendre la pareille en affirmant qu’il est un bâtard.

- Dans ce cas, tu seras présente au prochain bal, pour tenter de faire la lumière sur tout cela.

- Sur Six, ou sur Lance ?

- Comme tu l’as dit, les deux sont peut-être liés. Découvrir et arrêter Lance est une priorité, mais tout ce qui pourra encore plus compromettre l’Ordre aux yeux de l’Empereur est le bienvenu. L’Ordre G-Man nage en pleine corruption, peut-être même rébellion. Il est plus que temps qu’on le fasse tomber, à tout jamais !

Finalement, il y avait du bon à ce que le marmot de Mizulia se soit réfugié au quartier G-Man. Je voulais en faire un instrument de la chute de l’Ordre en le capturant et en dévoilant ses origines à l’Empereur, mais si, de là-bas, il remuait toute cette mélasse infâme pour nous, ça m’allait aussi.

- J’ignore encore le fin mot de l’histoire, mais s’il s’avérait que ton bâtard ait rallié d’une façon ou d’une autre les G-Man, que ce soit Lance ou bien le clan Irlesquo, tu sais bien que je le tuerai sans hésiter.

Mizulia n’en fut guère émue, et haussa les épaules.

- Je méprise les G-Man autant que vous, si ce n’est plus, maître. Je le tuerai moi-même si c’est le cas. Mais je n’ai jamais rien fait pour lui faire apprécier l’Ordre. Il n’a aucune raison de devenir son allié.

- N’aurait-il pas pu entrer en contact avec son père ?

Mizulia secoua la tête, définitive.

- Son père l’aurait fait tuer dès qu’il aurait eu vent de son existence.

Oui, ça paraissait censé. Aucun G-Man n’avait envie que l’on sache qu’il a engendré un bâtard. Si l’Ordre l’apprenait, il serait déconsidéré à tout jamais. Et pire, si l’Empire l’apprenait, il serait tout bonnement exécuté pour ne pas avoir respecté la loi sur les naissances G-Man.

- Dans ce cas, poursuis le plan, conclus-je. Essaies de te rapprocher de ton marmot sans que cela n’éveille les soupçons, et tâche de découvrir son but et la personne qui est derrière lui. Fais en un allié si tu peux. Mais surtout, ne te fais pas prendre. L’Empereur vient de nommer Jugeros, des Cinq Etoiles, pour se charger du problème Lance. Sa Majesté lui a accordé une accréditation spéciale pour qu’il puisse se rendre au quartier G-Man pour enquêter, avec l’accord du Grand Maître Irlesquo.

- Ça n’a pas dû lui plaire… commenta Mizulia.

- Non, mais il ne pouvait pas refuser. C’est à cause de son incompétence que Lance a pu grossir à ce point sous ses yeux. Le fait est qu’on doit attraper les leaders de Lance avant eux. Je ne veux pas que le crédit de cette capture revienne à Irlesquo. Mais si Jugeros découvre que les Nettoyeurs fouinent sans autorisation officielle chez les G-Man, cela m’embarrasserait beaucoup. Aussi, voici un nouvel ordre : si jamais ta couverture venait à voler en éclat, je te demande de te suicider sur le champs, pour que ni l’Ordre, ni les autorités judiciaires de l’Empire ne puissent te capturer et t’interroger.

- Bien, maître.

Il n’y avait vraiment que Mizulia pour accepter un tel ordre sans même cligner des yeux. J’étais sûr qu’elle le ferait, en plus. Par Arceus, comment j’ai pu me passer d’elle pendant tout ce temps ?

- Tu peux disposer, lui dis-je enfin. J’ai un humain à interroger. On le soupçonne de faire partie des Paxen, mais les militaires n’ont pas réussi à obtenir des aveux. Or, comme je le dis toujours, un homme nu n’a pas de secret…

Et par nu, je n’entendais pas « sans vêtement ». On ne m’appelait pas l’Ecorcheur Argenté pour rien…

- Euh, maître, une dernière chose…

Le ton de la voix de Mizulia me surprit. Elle semblait gêner.

- Il y a quelque chose que je ne vous ai pas dit. En fait, ce n’est pas vraiment un mensonge, juste une précision que ne n’ai pas apportée…

- Ohhhh, ma petite Mizulia me ferait des cachotteries ? Vilaine fille.

- C’était un secret visant à protéger Six. Je pense qu’il est inutile de continuer à vous le cacher, étant donné la situation. En réalité, ce n’est pas un garçon, mais une fille.

La nouvelle me prit par surprise un moment, puis me fit éclater de rire.

- Sacrée Mizulia ! Non contente de se payer un bâtard G-Man, en plus une femelle, qui sont immensément rares de nos jours ! Bah, peu importe son sexe. On peut stériliser une femelle tout aussi bien qu’un mâle. Mais du coup, Six, ce n’est pas son vrai nom ?

Je ne connaissais pas grand-chose aux prénoms humains, même depuis tout ce temps, mais il me semblait que ça avait l’air d’un prénom de garçon.

- C’est un diminutif, précisa Mizulia. Son vrai nom est Sixtine.

Ce prénom ne m’était pas étranger, et me fit serrer les poings.

- Sixtine… Tu as choisi ça dans l’idée de me mettre en fureur ?

- Non maître. Pour moi, ce nom n’a jamais représenté un échec pour vous, mais au contraire votre véritable force.

Je me retins de frapper l’humaine. Je n’aimais pas qu’elle se mêle de mon passé, surtout parce qu’elle avait la sale habitude de viser juste.

- Espérons pour ta gamine qu’elle ne connaisse pas le même sort de celle à qui tu as emprunté ce nom…