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Magical Girl de Flageolaid



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» Auteur : Flageolaid - Voir le profil
» Créé le 10/09/2017 à 18:00
» Dernière mise à jour le 10/09/2017 à 18:00

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Région inventée   Unys

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Ch 29 : Coup d'Main

Sofia se retourna vers Lymnesine et lui lança un regard noir. Si elle avait été un Pokémon – Tokopiyon lui irait bien – Lymnie aurait été incapable de quitter la tente, à moins d'utiliser Relais.
Il faut dire que le départ de Scott bouleversait les plans de la jeune femme. Elle comptait sur l'appui de son ami pour l'aider à triompher des forces malfaisantes qui menaçaient – probablement – Rivustel. Et à présent, elle se retrouvait au beau milieu d'une plaine glacée, en compagnie d'une très mauvaise Magical Girl, voire de la pire.
Elle ne put retenir sa colère bien longtemps :

« J'espère que tu es fière de toi ! Qu'est-ce qu'on va faire maintenant qu'il est parti ?!
- Ben, tu pourrais finir de soigner mes potes.
- Non mais je rêve ?! Il se passe des choses terribles en ce moment à Rivustel ! Je suis venue exprès avec Scott parce qu'il est assez puissant pour faire face à tous les ennemis !! Pourquoi a-t-il fallu que tu le provoques ?!?
- Parce qu'il vient du Pokémonde et que tu aurais eu des ennuis s'il était resté, répondit Lymnesine avec un grand sourire. Tu peux soigner mes potes ?
- Personne n'aurait jamais su qu'il venait du monde d'en-bas !!! rugit Sofia de mauvaise foi.
- Mouais, je l'ai grillé en moins d'une minute quand même...
- Et alors ? Tu es différente des autres mages !
- Je sais, je suis trop forte !!! Du coup, tu peux finir de soigner mes potes ? »

L'espace d'une seconde, Sofia envisagea de tordre le cou de cette petite mage insolente. Cela ne changerait rien à sa situation, mais elle en éprouverait certainement un plaisir intense. À la place, elle soupira bruyamment, exprimant de façon explicite ce qu'elle pensait de l'importune.
Lymnesine non plus n'appréciait pas trop Sofia : son prénom ne lui inspirait aucune chanson cool. Si seulement la magicienne s'était appelée Angie, Layla ou Roxanne !
Sofia s'apprêtait à poursuivre ses soins – de mauvaise grâce – quand un détail attira son attention. En jetant un bref coup d'œil vers l'entrée de la tente, elle remarqua qu'un épais brouillard se levait. Ce changement brusque de météo ne semblait pas naturel.
Lymnesine le vit également et souffla un juron en six lettres. Non, pas celui-là, l'autre.

Les deux Magical Girls et Mark sortirent de l'abri pour découvrir une opaque brume blanche. On ne voyait pas à un mètre. Lymnie songea qu'elle ne disposait d'aucun grimoire à portée de main pour vaincre le Laiderond qui rôdait. Son inimitable ricanement résonna de toutes parts.

« Qui va là ? s'écria Sofia.
- Juste un tocard à la botte de Casus Belli, révéla Lymnesine. J'ai oublié son nom, mais je l'appelle Rondelaid, c'est plus marrant !
- Tu oses encore m'insulter ?! Hin hin hin hin hin !!!! Tu m'as humilié et vaincu, deux fois !!! Après ma défaite, je me suis entraîné nuits et jours pour devenir plus fort ! J’ai sué sang et eau, mais tous mes efforts ont porté leurs fruits, hin hin hin !
- Tu le connais depuis longtemps ? s'enquit Mark, surpris de rencontrer un Pokémon plus rancunier que lui.
- Même pas deux jours.
- Et j’ai encore évolué, hin hin hin hin ! »

Une forme sombre se découpa derrière le brouillard. Elle se rapprocha des deux magiciennes qui découvrirent avec stupeur l'étrange créature large de deux mètres qui lévitait au-dessus de la neige.
Le Pokémon ressemblait à un Smogo gris d'un mètre septante possédant une gueule béante pleine de crocs, une paire d'yeux injectés de sang et des cornes sur le front. Il portait en outre un symbole de tête de mort avec deux os croisés sur son abdomen.
Deux Smogos de taille normale étaient greffés de part et d'autre de son visage patibulaire. Celui de droite avait de grands yeux et une petite bouche remplie de dents pointues quand l'autre avait des yeux minuscules et un large gosier presque édenté.
Plusieurs autre poches de gaz poussaient derrière la tête principale. Chacune propulsait un gaz rougeâtre qui maintenait Bonifacio dans les airs.

« C'est un Smogogogo ! s'exclama Mark qui détestait les Pokémons de type Poison.
- Et merde, on n'a pas de grimoire à lui envoyer à la gueule !
- Hin hin hin, je vais tous vous tuer, hin hin hin hin !!!
- Je m'occupe de lui. »

Sofia avait prononcé ces mots d'une voix calme. En voyant l'ignoble Bonifacio qui pavanait devant elle, la jeune femme réalisa qu'elle n'avait pas besoin de Scott pour surmonter les dangers à Rivustel. L'appui du Miaouss aurait été appréciable, mais pas nécessaire.
La Magical Girl invoqua sa Goupelin qui mit le Smogogogo au tapis d'une simple attaque Psyko. Lymnesine n'en revint pas. Elle étouffa Sofia et Aliénor de compliments sur leur talent. La jeune femme aux yeux noisette l'ignora et retourna sous la tente après avoir rappelée Aliénor dans sa Magicball.
Sofia reprit les soins de Gottfried en essayant d'ignorer l'autre fille. Mais celle-ci se mit en tête de la questionner :

« Au fait, tu as dit tout à l'heure qu'il se passait des choses terribles à Rivustel. Tu peux m'en dire plus ?
- Non, lâcha Sofia après un court silence.
- Pourquoi non ?
- Je ne sais pas précisément ce qui se trame ici, j'espérais obtenir des réponses en interrogeant les gens du coin. Il y a trois jours, une statue s'est écrasée à Janusia. Elle ressemblait à celles que l'on trouve autour des cercles de téléportation. Après une enquête infructueuse dans le Pokémonde, j'ai décidé de venir voir par moi-même ce qu'il se passe à Rivustel, persuadée que des forces malveillantes menacent le pays. J'ai voulu gagner la région du printemps, mais je me suis retrouvée ici. Voilà, tu connais toute l'histoire. J'imagine que tu ne sais rien qui pourrait m'intéresser.
- Euh... la statue en question... elle est tombée sur quelqu'un ? demanda Lymnie d'une toute petite voix.
- Oui.
- Et merde...
- Mais c'était un méchant qui voulait détruire le monde.
- Ouf !
- Dois-je en conclure que tu es responsable de la chute de cette statue ? »

Lymnesine grimaça. Elle acquiesça d'un lent mouvement de la tête. Puis elle se mit à lui raconter son histoire à toute vitesse, ne marquant presque pas de pause pour respirer.
L'adolescente expliqua comment ce gros bâtard de Cassoulaid lui avait ordonné d'enterrer un mec mort et de porter une lettre au Roy parce que Casus Belli voulait le tuer et que ses sbires détruisaient les cercles de téléport et comme elle leur avait mis une rouste l'ultimage avait envoyé un Quatuor de tueurs à ses trousses et que les Wizards étaient vraiment pénibles et que finalement elle avait donné la lettre à la Reyne puis Gott et Chrys s'étaient rendus compte que trois autres ultimages étaient dans le coup ce que Caelemen avait confirmé avant de se casser tout en laissant à sa sœur le soin de poutrer Casus Belli mais que ses trois potes avaient pris cher contre le mec masqué et qu'elle-même avait failli y passer en affrontant des Pokémons de cinq mètres de haut.
Malgré la confusion du récit, Sofia parvint à en comprendre l'essentiel. Un point toutefois la dérangeait :

« Je veux bien croire que tu aies pu vivre toutes ces aventures rocambolesques, Lymnesine, mais je doute que tu aies vraiment combattu trois Pokémons de type Acier venus des limbes. Tu as certainement déliré à cause de l'absence de magie et du froid.
- Meuh non ! Je te jure que c'est vrai ! J'ai même gardé le sabre avec lequel je les ai vaincu.
- Ce n'est pas vraiment une preuve, fit remarquer Sofia.
- Tu mens trop mal, Lymnie, murmura Gottfried qui reprenait connaissance.
- Gott !
- Qui est ce bel ange dont les mains délicates m'ont sauvé des affres de la mort ? demanda le Fouinar en gratifiant Sofia de son plus doux sourire. »

Mark grogna. De quel droit cet inconnu se permettait-il de draguer SA Magical Girl ? Gottfried nota la réaction du Farfaduvet dans un coin de son esprit, ainsi que les avantages qu'il pourrait en tirer.
Sofia prit encore un bon quart d'heure pour guérir les blessures profondes de Chrystosmus et Ewart. Puis elle sortit de sa poche interne un tube contenant des pilules violettes ressemblant à des bonbons et en avala une. Ce médicament (nommez-le Ether Max, Cristal Psy, Elixir Elfique, Potion Verte ou encore Trifluid si vous voulez) rétablissait l'énergie magique d'un individu bien mieux qu'une bonne nuit de sommeil.
Lymnesine et sa bande avaient ensuite répondu aux multiples questions de Sofia sur Casus Belli, son plans et ses laquais. Puis la jeune femme avait voulu en savoir un peu plus sur eux quatre. Arrivé à ce moment de la conversation, Lymnesine ne put se retenir de brailler :

« J'hallucine ! Tu crois Gottfried sur parole quand il te dit qu'il a mille deux cents vingt-six ans, mais pas moi quand je te raconte que j'ai battu trois Pokémons géants ! Avec les détails en plus !
- Cesse de nous importuner avec tes bobards, siffla le Fouinar millénaire. »

Lymnesine maugréa seule dans son coin. Ewart aurait bien voulu lui dire qu'il la croyait, mais les seuls mots qui sortirent de sa bouche ressemblait au nom d'une attaque dans un shônen. Sofia se montra impressionnée par l'ouverture d'esprit de l'adolescente en se liant avec un Pokémon parlant le Geaponeidezanyme.
À vrai dire, l'inimitié que ressentait la jeune femme à l'égard de sa cadette avait diminué. De par le courage dont elle avait dû faire preuve, Lymnesine lui rappelait Sonia Heartlove. En moins bien, forcément.
Inspirée par les valeurs les plus nobles des Magical Girls, Sofia déclama une longue tirade sur la vaillance de ces jeunes filles qui se relèvent toujours plus fortes face à l'adversité. Cet interminable soliloque introduisait sa décision de suivre Lymnesine jusqu'au manoir de Casus Belli pour mettre un terme à ses manigances.

Chrystosmus et Ewart écoutèrent Sofia avec attention, essuyant de temps en temps une larme que faisait naître l'émotion d'un tel discours.
Pour sa part, Lymnesine préférait regarder les pitreries de Gottfried qui se trouvait dans l'angle mort de Sofia. Il analysait les réactions de Mark à divers stimuli.
Le Fouinar argenté tendit la main vers la cuisse de Sofia, aussitôt le Farfaduvet afficha une expression furieuse. Retirant sa main, Gott vit que le visage de son objet d'étude redevenait neutre.
Il approcha donc une nouvelle fois sa main, mais plus lentement. Gottfried observa à loisir les yeux de Mark se froncer peu à peu, tandis que sa mâchoire se crispait et que sa crinière cotonneuse s'hérissait. Le Pokémon Allongé s'éloigna une nouvelle fois de la jeune femme afin de ramener son cobaye à un état neutre.
Cette fois-ci, le Fouinar tira la langue et avança son visage le plus près possible de la jambe de Sofia, tout en gardant un œil sur Mark. Il n'y eut d'abord aucune réaction, comme si le sujet abordait la situation par un déni, puis les yeux du Farfaduvet virèrent au rouge, puis son corps fut secoué de spasmes violents.
Lymnesine se mordit la lèvre inférieure pour ne pas pouffer de rire.

« C'est donc pour toutes ces raisons que j'ai décidé de vous aider à vaincre Casus Belli, conclut Sofia.
- Ma chère, c'est pour moi un plaisir et un honneur de vous accueillir parmi nous ! s'exclama le Galeking en séchant une dernière larme.
- Mugiwara !
- Ouais, cool, fit Lymnie. On mange ? »

Sofia accepta de partager avec ses nouveaux alliés les deux pizzas froides de la veille qu'elle avait emportées avec elle. L'autre magicienne, qui n'avait jamais goûté de pizza de sa vie, trouva ce mets « pas mal, mais ce serait bien meilleur si maman l'avait préparé ».
Puis les deux magiciennes rappelèrent leurs compagnons dans leurs Magicballs avant de quitter leur abri pour le froid mordant de la région hivernale. Selon les estimations de Lymnesine, en marchant vite, elles devraient atteindre le manoir de l'ultimage pour l'heure du dîner.
Un vent féroce les recouvrit alors de neige, comme pour se moquer de la dernière phrase de l'ado.



Il était, genre, une fois, un Galopa qui se promenait paisiblement à travers une plaine verdoyante de la région printanière. Il s'arrêta près d'un genre d'étang pour s'y désaltérer. Hoopa, qui vagabondait non loin de là et qui était du genre à faire chier le monde, entreprit de poursuivre cet innocent Pokémon.
Effrayé par l'apparition soudaine de ce mauvais génie non genré, le Galopa... galopa de toutes ses forces pour le fuir. Hoopa détestait les gens récalcitrants, aussi usa-t-il de ses anneaux dorés pour téléporter le fuyard loin de chez lui. Genre, du côté de la région hivernale par exemple.

Sofia et Lymnesine marchait depuis à peine cinq minutes quand elles virent une crinière de feu flamboyer sur leur droite. Un Galopa venait d'apparaître comme par magie. L'incrédulité des deux magiciennes face à ce miracle n'était pas dénué d'ironie.
La peur cédant à la colère, le Pokémon Cheval Feu brailla dans le vide :

« Genre, c'est trop drôle ça, Hoopa ! J'enrage, là ! Et, genre, ça caille ici !!! »

Un sourire ravi, presque mesquin, se dessina sur les lèvres des deux Magical Girls. Voilà qui allait leur être utile. Sans se presser, elles abordèrent le Galopa, vantèrent ses muscles puissants et sa grâce naturelle, puis l'obligèrent à les conduire à l'extrémité de la région hivernale.
En plus de leurs tics langagiers, les Galopas étaient connus pour leur intolérance aux craquements de doigts. Lymnesine n'eut qu'à exercer une courte pression sur son pouce, le bruit qui suivit suffit à soumettre le Pokémon de type Feu. Sofia et elle n'eurent alors qu'à s'installer sur le dos de la monture.

Le trajet jusqu'à la sinistre demeure de Casus Belli dura pratiquement quatre heures. Voulez-vous entendre le récit d'un cheval de feu qui parcourt une plaine monotone et enneigée durant quatre putain d'heures ? Non.
On pourrait, pour donner une illusion de durée, détailler la conversation entre Lymnesine et Sofia, mais cela risquerait de heurter la sensibilité d'une partie des lecteurs (composée exclusivement des mecs, car les filles ont cette fâcheuse tendance à entretenir des discussions hardcores).
Donc pour combler, et pour augmenter le capital culturel de ce récit, voici un peu de poésie :

LES PLAISIRS DE LA PORTE

Les rois ne touchent pas aux portes.

Ils ne connaissent pas ce bonheur : pousser devant soi avec douceur ou rudesse l'un de ces grands panneaux familiers, se retourner vers lui pour le remettre en place, – tenir dans ses bras une porte.

… Le bonheur d'empoigner au ventre par son nœud de porcelaine l'un de ces hauts obstacles d'une pièce ; ce corps à corps rapide par lequel un instant la marche retenue, l'œil s'ouvre et le corps tout entier s'accommode à son nouvel appartement.

D'une main amicale, il la retient encore, avant de la repousser décidément et s'enclore, – ce dont le déclic du ressort puissant mais bien huilé agréablement l'assure.


(Francis Ponge, Le parti pris des choses)

Et puis ça vous change des balançoires !

Le Galopa stoppa sa course en haut d'une petite colline qui donnait sur le manoir de Casus Belli. Malgré l'obscurité et les rafales de vent, les deux magiciennes distinguèrent l'imposante bâtisse sombre qui semblait émerger de la neige pour s'élever sur trois étages.
Malgré l'aspect décrépi de l'ensemble, les lieux étaient habités, comme en témoignaient la lumière orangée filtrant à travers certaines fenêtres de la façade. Lymnesine espérait que son ennemi avait eu recours aux services d'un bon designer d'intérieur, parce que l'extérieur de sa baraque craignait un max.
Elle ne tarderait pas à le savoir.



Le docteur Von Noctuh ajusta ses lunettes sur son bec tandis que son client s'installait sur le divan. Noarfang et psychiatre de son état, Von Noctuh examinait attentivement le dossier de son unique patient de l'après-midi. Le chaleureux cabinet contrastait fortement avec la personnalité glaciale du psy.
D'une voix sinistre, le docteur invita son client à s'exprimer sur la source de son mal-être.

« Depuis quelques temps déjà, je mène un projet d'envergure avec mon équipe. Ledit projet devrait bientôt aboutir. Professionnellement, ce serait l'apogée de ma carrière. Pour le moment, tous les pronostics promettent le succès de mon projet, j'arrive à tenir tous mes objectifs journaliers et même les dépasser. Mais j'ai un très mauvais pressentiment depuis qu'un concurrent s'est mis en tête de saborder mon entreprise.
- Casus Belli, je connais tous vos plans de conquête, intervint le psy. Inutile de tourner autour du pot, quel est le problème concrètement ?
- Je ne sais pas, justement ! Je me trouve au top de ma forme ! Il est seize heures et j'ai déjà rempli mon quota de rires machiavéliques, alors que d'habitude, je galère à mort !
- Hum, vous êtes choqué à l'idée d'atteindre vos objectifs, nota le psychiatre.
- Pire, j'en suis à onze Mwahahahahahas et la journée n'est pas finie !
- Je ne vois pas en quoi cela vous perturbe.
- J'ai même poussé un Trolololololo à midi.
- En effet, là c'est inquiétant. »

Le regard sévère du Noarfang se perdit un instant dans le vide. La crainte de l'efficience, il avait déjà constaté cela au cours de la dernière visite de Casus Belli. Von Noctuh l'incita à poursuivre.

« Je me sens à la fois confiant et miné par le doute. Je ne sais pas si vous voyez où je veux en venir docteur ?
- Non, mais je vais faire semblant.
- Je crois que tout ceci est la faute de cette Mimlènesine !
- Fenêtre à vantail pivotant ?
- Oh, je vous en prie, épargnez-moi vos germanismes, vous savez très bien que ça m'horripile ! s'emporta l'ultimage.
- Désolé. Je disais : qu'est-ce que c'est ?
- Quoi donc ? Liénemisime ? C'est le nom de la gamine qui essaie de ruiner mes plans ! »

Von Noctuh fit claquer son bec trois fois. Cela lui arrivait souvent lorsqu'il réfléchissait. Ou plutôt, quand il essayait de s'abaisser au niveau intellectuel de son interlocuteur.

« Ce ne serait pas Lymnesine par hasard ? proposa le psychiatre d'un ton condescendant. Comme le personnage de tragédie antique.
- Oui, c'est ça ! Lenmesine !
- Lymnesine.
- Mielisine.
- Lymnesine.
- Nylimnise.
- Lymnesine.
- Yelimine.
- Lymnesine.
- Leimnisen.
- Lymnesine.
- Liesiminne. »

N'étant pas du genre à soupirer, car c'est impoli, Von Noctuh préféra tourner sa tête à 180 degrés. Cela mettait l'ultimage mal à l'aise. Un silence pesant envahit la pièce cossue. Casus Belli attendit le verdict de son psy.

« Je vais vous prescrire des séances d'orthophonie.
- Encore un sarcasme de ce type et je vous désintègre ! menaça le mage noir.
- Ne vous faites pas prier : tuez-moi.
- Euh... aujourd'hui, je n'en ai pas envie, mais la prochaine fois, ça pourrait mal finir pour vous ! »

Le Noarfang haussa son mono-sourcil. Cela faisait neuf ans que Casus Belli lui promettait la mort à la fin de chaque séance, mais son esprit aiguisé avait toujours su manipuler la volonté de l'ultimage de l'hiver.
Sans se départir de sa froideur, Von Noctuh donna son verdict.

« Le voilà votre problème : la peur de gagner.
- Merci docteur, mais cela ne règle pas mes affaires. Cette fille se dirige en ce moment même vers le manoir avec la ferme intention de bousiller ma conquête de Rivustel. Que suis-je censé faire ?
- Je ne sais pas. Tendez-lui un piège.
- Hum... pas con. »

Malgré un coût exorbitant, Casus Belli aimait se rendre chez son psychiatre. Il avait toujours de bonnes idées, cela lui évitait de réfléchir. Au fond, l'ultimage était assez doué pour manipuler les esprits supérieurs au sien. Et aussi les esprits inférieurs.
Il n'y avait que les gens du même niveau que lui qu'il ne parvenait pas à gérer. Un exemple parmi tant d'autres : Lymnesine Hesperides.