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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 10/09/2017 à 09:20
» Dernière mise à jour le 14/01/2020 à 14:23

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 328 : Vélo et foi
Mercutio pédalait.

La Confédération Libre traversait une crise énorme suite à la bataille d’Algatia, durant laquelle, selon les dernières nouvelles télévisées, Erend Igeus avait été enlevé, de même que le prince Julian de Lunaris. Mercutio n’avait jamais trop apprécié Igeus, mais il savait très bien que sans lui, la toute jeune Confédération allait vite s’effondrer. De même, il était inquiet pour son neveu Julian, à nouveau entre les griffes de sa mère. Il ignorait également si des personnes qu’il connaissait avaient péri lors de l’assaut. Il était dans le flou, et n’en savait pas plus que ceux qui découvraient tout cela au fur et à mesure aux informations. Il aurait dû revenir à Algatia en quatrième vitesse pour se rassurer et aider tout le monde à maintenir les forces anti-Venamia à flot. Mais à la place, il pédalait.

Les Shadow Hunters lui avaient présenté son premier exercice : un vélo d’appartement. Sans plus d’explication, cette tarée de Kiyomi lui avait dit de pédaler jusqu’à qu’il soit totalement épuisé, sans bien sûr se servir du Flux. Quant à Djosan, il soulevait des poids en faisant des tractions. Puis les Shadow Hunters ne s’étaient plus souciés d’eux, et avaient continué leurs petites vies. Trefens polissait son katana tout en choisissant des contrats, Kiyomi lisait son manga érotique, Two-Goldguns regardait une chaîne comique à la télé en éclatant d’un rire gras chaque dix secondes, Od s’admirait sous toutes les coutures devant un miroir, et Kenda s’amusait à torturer des petits Pokemon qu’il avait trouvé au dehors. Furen et Lilura, eux, étaient partis faire quelque courses à la ville la plus proche.

Et Mercutio pédalait, encore… Ça devait bien faire trois heures. Il était loin d’être épuisé physiquement, mais commençait sérieusement à en avoir marre, d’autant que personne ne semblait pressé de lui expliquer le but de tout ceci. Mercutio n’avait pas spécialement besoin de se muscler les jambes, et ne voyait pas quelle chance de survivre à la génothérapie ça pourrait lui apporter en plus. Cette Kiyomi avait parlé d’un entraînement spécial et top secret, mais s’il s’agissait que de faire du vélo d’appartement, il aurait très bien pu rester à Algatia, et au calme en plus, sans le rire énervant de Two-Goldguns, les gémissements sadiques de Kenda ou encore les exclamations quasiment perverses de Kiyomi.

- On est rentré ! S’exclama Lilura en passant la porte du magasin.

Elle tenait un sac de nourriture, avec à sa suite Furen qui lui en portait quatre à la fois. Kiyomi se précipita sur eux.

- Vous avez le manga que j’ai demandé ?

- Euh… Sister's Love Extreme, c’est ça ? Fit Lilura en lui en tendant un.

- Oui ! C’est un pur chef d’œuvre, ou comment une fratrie de trois sœurs tombent amoureuses de leur grand-frère toutes en même temps, et où ils font des plans à quatre !

- Bwahahahaha ! S’exclama Two-Goldguns devant la télé. Elle est trop mortelle cette émission, gné !

- Le sang, la souffrance, c’est exquis, oui exquis ! Marmonna Kenda en éventrant son troisième Argouste. Oui, cries plus fort, ouuuuuiiiiiiii !

Djosan avait beau soulever ses poids sans se soucier des Shadow Hunters autour, Mercutio en vint à serrer son guidon très fort pour calmer son agacement. Mais ça ne marcha pas.

- Heeeeey, Liluraaaaa ? Fit Kiyomi d’un ton languissant en se collant à elle. Tu ne veux pas qu’on s’amuse ce soir, toutes les deux, comme les filles de mon manga ?

- Sérieux, arrête d’essayer de souiller Lilura, renchérit Od. Une femme doit faire ce genre de chose avec un homme. De préférence un bel homme, comme moi…

- Ta gueule. Je t’ai déjà dis que j’aimais pas les mecs. Ils puent, ils sont brutaux, et ce truc qui pendouille entre leurs jambes, c’est répugnant ! Rien ne vaut la pure douceur féminine, hein ma Lilura ? Tu es si belle, si pure…

- Tiens, répondit Lilura en lui tendant sa peluche. Grigrou est d’accord pour s’amuser avec toi. Et ça va, puisque ce n’est pas un mec, mais un tigre.

- Tssss… Sa queue peut servir de sex-toy à la limite, mais…

- Va pas saloper la peluche de Lilura, ou elle risque d’utiliser son canon de fin du monde, et on vient juste de réparer la planque, intervint Trefens tout en continuant de polir son katana.

- Mais chef, sérieux, je suis en manque là ! Y’a des limites à se soulager avec sa main droite, et à part Lilura, y’a aucune nana dans le secteur ! Si on moins c’était la Crust aux cheveux roses qui s’étaient pointés de la X-Squad… ou mieux encore, la nana avec des ailes d’ange ! J’adorerai la rencontrer, celle-là !

- OUUIIIIIIIIIIIII ! Hurla Kenda. Ce cri de pure souffrance était si fabuleux ! Pour la peine, je vais te faire grâce de la mort, petit Pokemon !

- BWAHAHAHAHAHAHA ! Éclata de rire Two-Goldguns après une blague du comique à la télé. Trop fun gné !

Mercutio n’en pouvait plus, et ce qui devait arriver arriva. Il craqua.

- FEEEEEEERMEZ-LÀÀÀÀÀÀ !!

Il descendit du vélo, l’attrapa avec le Flux et le balança sur Kiyomi, qui se protégea en jetant à sa rencontre le pauvre Two-Goldguns.

- Pourquoi moi gné… gémit-t-il.

- Non mais qu’est-ce qui te prend, pov tâche ?! S’exclama Kiyomi. T’as bousillé mon Super Velic Fitness !!

- Super Velic Fitness mon cul ! Répliqua Mercutio avec hargne. Vous croyez que je me suis donné la peine de déserter la Confédération et de vous chercher à travers le monde pour que vous me fassiez faire du vélo d’appartement pendant que je suis obligé d’écouter vos conneries à longueur de journée ?! Nom de dieu Trefens, je t’ai payé d’avance ! Je t’ai expliqué la théorie du Septième Niveau, et toi, en contrepartie, tu nous apprends à pédaler et à soulever des haltères ?!

Ce n’était pas du genre de Mercutio de s’énerver comme ça, mais avec tout ce qui se passait actuellement à Algatia, le fait de ne rien savoir pour ses amis et de ne pouvoir rien faire pour eux le rendait stressé et irritable. Dès lors, l’attitude des assassins, qui ne leur avaient pas expliqué grand-chose sur la procédure de génothérapie et sur leur entraînement de plusieurs mois, couplé à leur insouciance, n’aidait pas vraiment. Trefens soupira en réponse et leva les yeux.

- Tu as dit que tu étais prêt à rester autant de temps qu’il fallait avec nous, je crois bien. Nous vous avions prévenu que l’entraînement prendrait des mois, voir une année.

- Et j’ai accepté oui, mais pour faire un vrai entrainement bordel, pas ça !

Les Shadow Hunters, à cet instant, le regardèrent tous comme s’il était un enfant qui ne comprenait rien, et ça le mit encore plus en rogne.

- En quoi faire du foutu vélo d’appartement va-t-il m’aider pour la génothérapie ?!

- Ce n’est pas un « foutu vélo d’appartement », répliqua Kiyomi avec colère. C’est le Super Velic Fitness !

- Rien à battre de son nom ! Et pour l’amour d’Arceus, pédaler avec vous tous à côté et vos délires, ce n’est plus possible ! Entre l’autre débile qui se marre devant la télé, le psycho qui torture des Pokemon en gueulant et toi qui simule un orgasme à chaque page de ton manga porno…

- Ce n’est pas un manga porno ! Riposta Kiyomi, outrée. C’est de l’art, pauvre inculte ! Un véritable concentré de grands sentiments, d’émotions exaltées et d’un grand sens de la représentation du corps humain dans toute sa splendeur charnelle !

- De beaux descriptifs pour désigner du porno, quoi. Mais j’en ai rien à foutre de ce que tu lis ou de tes orientations sexuelles ; j’en ai juste ma claque de te les entendre gueuler chaque cinq minutes ! Bon sang, comment vous arrivez à vous supporter, les gars ?

Désirant être seul, et surtout au calme, Mercutio sortit de la planque en claquant la porte derrière lui. Alors il respira un grand coup, et se força à se calmer. Il savait que la cible de sa colère n’était pas vraiment les Shadow Hunters, mais sa propre impuissance. Bien vite, Djosan vint le rejoindre dehors… mais évidement, tout en continuant à soulever ses poids.

- Que j’eusse compris la nature de votre agacement et de votre inquiétude, Mercutio Crust, dit-il. Mais que je craignisse que nous dussions faire confiance aux Shadow Hunters en ce qui concerne cet entraînement. Nous n’avons point le choix.

- J’ai l’impression qu’ils se fichent de nous, expliqua Mercutio. Nous n’avons pas encore vu le Fanexian qu’ils sont sensés garder. Et puis j’imagine qu’il faut du matos médical pour faire ce genre d’opération très précise non ? Tu les vois nous faire ça dans un ancien supermarché désaffecté, au milieu de toutes leurs conneries, de leur peluche de tigre jusqu’aux mangas hentaï ? Puis cet entraînement à la con… Trefens a demandé à cette tarée perverse de Kiyomi de se charger de nous, comme c’est elle qui a subit cet entraînement le plus récemment, mais j’ai de gros doutes sur sa capacité à préparer nos corps à la génothérapie. De toute façon, je ne tiendrai clairement pas un an à écouter ses conneries.

- Que je me permisse de vous rappeler que c’est vous qui avez imaginé ce plan audacieux, si ce n’est inconscient, Mercutio Crust, lui dit Djosan sur un ton de reproche. Le cœur de tout était la confiance que nous devions accorder à ces assassins, et vous vous êtes porté garant d’eux.

- Je sais, soupira Mercutio. Je pensais qu’ils seraient tous en pétard comme Venamia, surtout Trefens, et qu’ils auraient à cœur de venger Kyria et Ujiani en nous aidant. Mais ils ont l’air de s’en foutre totalement. Trefens ne cille même pas quand on prononce le nom de Kyria en sa présence. C’est pourtant lui qui m’avait fait promettre de la protéger quand elle a décidé d’intégrer la Team Rocket. J’aurai préféré qu’il me tabasse et qu’il me hurle dessus…

- Qui peut comprendre les sentiments d’un assassin ? Fit Djosan avec philosophie.

- Bonne question. Je ne les comprends pas moi-même…

Djosan et Mercutio se retournèrent. Trefens venait de les rejoindre avec sa discrétion légendaire de tueur professionnel. Mercutio n’aimait pas être surprit à parler de lui dans son dos, mais c’était au moins l’occasion de mettre des choses au point.

- Ne vas pas me dire que tu ne m’en veux pas pour Kyria, même juste un peu, lui dit Mercutio. Si c’est le cas, c’est moi qui t’en voudrais.

Comme Trefens garda le silence, le visage insensible, Mercutio se retint de lui briser ses lunettes carrées.

- Je sais bien que ce n’était pas ta vraie fille, mais c’est toi qui l’as élevée, bon sang ! Elle est morte devant moi ! Tu ne ressens vraiment rien ? Pas de peine pour elle, pas de colère contre moi ?!

- J’ai de la peine, bien sûr, répondit finalement Trefens. Mais pas de colère. Ni contre toi, ni même contre Venamia. Parce que tout ceci devait arriver. Je le savais, et Kyria aussi.

- C-comment ça ?

- Kyria était une Loinvoyant. Elle avait vu sa propre fin depuis longtemps. Elle ne savait pas quand exactement elle allait se produire, ni en quelle circonstance, mais elle savait très bien qu’elle allait mourir jeune, et que la cause serait son entrée dans la Team Rocket. Je ne l’ai jamais vraiment compris, à l’époque… mais elle semblait toujours triste quand sa mère ou moi évoquions son avenir. Quand je lui demandais ce qu’elle voudrait faire comme métier plus tard, par exemple, elle changeait de sujet, ou bien répondait laconiquement qu’elle ne voyait pas si loin. Elle a toujours vécu avec la certitude de sa mort prochaine. Un fardeau qu’une enfant de son âge n’aurait pas dû porter…

Maintenant que Trefens en parlait, Mercutio se souvenait en effet que Kyria avait dit des choses en ce sens. Que son destin était scellé, qu’elle ne révérait plus ses parents, et d’autres sous-entendus funestes. Mais Mercutio n’y avait vu qu’une bizarrerie de plus de la part de cette jeune fille mystérieuse aux paroles souvent obscures. Il ne s’était pas imaginé que Kyria marchait vers sa propre mort en toute connaissance de cause.

- Elle savait qu’elle allait mourir en entrant dans la Team Rocket… et elle l’a fait quand même ?! Pourquoi ?

- Kyria croyait au destin, répondit Trefens. Elle savait qu’en dépit de sa mort annoncée, elle aurait à accomplir quelque chose dans la Team Rocket. De son vivant, ou bien du fait même de sa disparition. Elle n’a jamais hésité. Elle tenait à accomplir sa destiné, en dépit de tout. Voilà pourquoi c’était illusoire de ma part d’essayer de la garder en sécurité chez moi…

- Tu l’as laissé partir en sachant qu’elle allait y rester ?! S’indigna Mercutio.

- Je n’avais que des doutes. Mais même si j’avais alors eu des certitudes, je n’aurai pas empêché Kyria de faire ce qu’elle voulait… non, ce qu’elle devait. Elle m’aurait détesté pour cela, et se serait détestée elle-même. Alors oui, je suis triste, mais seulement pour moi, parce que je ne l’a reverrait plus. Je ne suis pas triste pour elle, parce ce que c’est ce qu’elle a voulu, et que je dois en être fier.

- Et moi, je suis sensé ne pas être triste alors ? Tu m’as fait promettre de la protéger en sachant très bien que ce serait inutile !

- Non, ça ne l’était pas. Kyria aurait pu périr mille fois avant sa mort prévue. Ce qu’elle a senti grâce à ses pouvoirs de Loinvoyant, c’était sa mort au bout du chemin dans lequel elle accomplissait son destin. Mais elle n’était pas invulnérable jusqu’à ce moment. Si elle avait périt avant, son destin ne se serait pas accompli, c’est tout.

- Et comment tu peux être sûr qu’elle est bien morte en accomplissant son fameux destin, et pas avant ? Parce que je ne vois pas bien ce qu’elle a pu accomplir. Elle a tenté de créer une paix entre Igeus et la Team Rocket, mais Venamia l’a sabotée, et le résultat fut la guerre mondiale qu’on est en train de vivre. J’ai menti à Kyria, avant qu’elle ne meure, pour lui faire croire que sa paix avait abouti, afin qu’elle parte soulagée. Mais rien de ce qu’elle a tenté de faire n’a pu s’accomplir… rien, à cause de Venamia.

Trefens se contenta de secouer la tête.

- J’ai foi en Kyria. Je suis persuadé qu’elle a su accomplir ce pourquoi elle est venue au monde. C’est horrible de dire ça pour moi, mais peut-être que sa mort était le but en soi, qu’elle a provoqué, ou va provoquer des choses qui seront bénéfiques à ce monde. Je ne saurai le dire ou l’expliquer. Je ne suis pas un Loinvoyant, juste un père qui aimait sa fille, et qui avait foi en elle. Qui a toujours foi en elle. Elle avait beau n’être qu’une enfant, elle savait des choses qui s’étalaient sur plusieurs générations à venir.

Mercutio se souvenait effectivement qu’elle lui avait dit, juste avant de mourir, quelque chose de bizarre. Qu’elle avait eu une vision du propre enfant de Mercutio, alors encore dans le ventre de Miry, avec son Pokemon Petilouge. Elle lui avait alors donné sa Pokeball en lui demandant de la remettre à celle qui serait sa fille. Et effectivement, ça avait été une fille, selon les dires de Miry. Mercutio lui avait donc donné la Pokeball de Petilouge avant qu’elle ne parte, avec instruction de la donner à la petite le moment venu. Il ne savait pas trop quel était le but de cela, mais lui aussi devait avoir foi en Kyria. Mercutio sourit tristement en repensant à un autre détail.

- Tu sais quoi Trefens ? J’ai une fille quelque part, qui est née y’a pas longtemps, avoua-t-il. Je ne l’ai pas encore vu, mais Kyria m’a dit qu’elle porterait son nom. Je ne l’ai pas dit à sa mère, qui a déjà dû lui donner un nom, mais d’après ce que je sais des Mélénis, le nom d’un enfant nouveau né vient du Flux jusqu’à l’esprit du parent qui le nomme. Je crois que le Flux est lié aux Loinvoyants, d’une certaine façon. Moi aussi, j’ai foi en Kyria, et donc je suis sûr que ma fille porte son nom ou une partie de son nom.

Ce qu’avait dit Mercutio sembla faire plaisir à Trefens. Il lui mit une main amicale sur l’épaule, avant de s’en retourner dans le magasin désaffecté.

- Allez, venez, dit-il. Je vais vous expliquer le but du vélo d’appartement et des altères, et toi, Mercutio, tu vas réparer le Super Velic Fitness de Kiyomi, ou t’auras pas fini d’en entendre parler. Et quand tu auras terminé l’entraînement du vélo, on causera un peu plus du Flux et du Septième Niveau.

Mercutio ne s’inquiétait guère à ce sujet. Trefens s’était révélé être un élève bien plus doué que Galatea concernant le Septième Niveau… ou que lui-même. Il avait plus ou moins saisi la première étape de méditation en quelques heures. Sachant qu’il avait fallu près d’une semaine à Mercutio quand il étudiait auprès de Maître Irvffus, il s’inquiétait de voir Trefens maîtriser le Septième Niveau en quelques jours, et avoir envie de l’utiliser pour tester. Mercutio marcha à sa suite, mais la grosse main de Djosan l’arrêta. Mercutio n’eut même pas le temps de se retourner que le grand chevalier le serra contre lui dans une étreinte à lui briser les côtes, le tout en pleurant abondamment.

- MERCUTIO CRUUUUUUSSSSST !

- Non mais lâche-moi ! Qu’est-ce qui t’arrives ?

- Que vous eussiez une fille ?! Je l’ignorai ! Toutes mes félicitations !

- Ah, euh…

Mercutio se rendit compte qu’il ne l’avait en effet jamais dit à Djosan, ni aux autres de ses amis de la X-Squad. Il n’y avait que Galatea et Solaris qui le savaient... et Eryl bien sûr. Mercutio ne s’en était pas spécialement vanté, car les circonstances de sa conception n’étaient pas très glorieuses, relevant d’un ordre de Venamia dans l’optique de fournir un nouveau Mélénis à la Team Rocket. Et Mercutio voulait également que le moins de monde possible soit au courant, pour la sécurité de l’enfant. Il savait que les Mélénis Noirs, notamment son cousin Yonis, en avaient après lui, et seraient peut-être tentés de s’en prendre à sa gosse.

- Euh… oui, c’est vrai. Excuse-moi Djosan, je ne l’ai pas encore dit officiellement. En fait, je préfèrerai rester discret à ce sujet pour le moment. J’aurai peut-être dû la fermer devant Trefens…

- La Reine Eryl serait donc l’heureuse maman ? Je ne l’ai point vu enceinte pourtant…

- Euh… non. C’est Miry. C’est assez compliqué…

- Diable, Miryalénié Ilkasio est donc la mère ! Mercutio Crust, vil cachotier ! Nous célèbrerons cela avec la meilleure bière du continent quand nous rencontrerons festoyer avec nos camarades !

Mercutio soupira. Avec Djosan, son secret n’allait pas le rester longtemps… Mais bon, c’était peut-être mieux. Il n’y avait pas lieu de faire des cachotteries à ses proches sur ce sujet. Et cacher l’existence de sa fille comme un secret honteux inavouable ne lui plaisait pas ; il aurait l’impression de faire passer l’enfant comme une pestiférée, alors que le premier responsable, c’était lui. Cette fille n’était pas responsable de la façon dont elle était née, et n’aurait pas à souffrir de l’identité de son père. C’était ce que Mercutio s’était promis.

Une fois revenu à l’intérieur, Mercutio dut prendre sur lui pour supporter les remontrances et les insultes de Kiyomi. Il s’excusa vaguement et remit sur pieds son satané vélo d’appartement avec le Flux. Trefens ouvrit ensuite un ordinateur portable qu’il alluma, pianota dessus un moment, puis tourna l’écran vers Mercutio et Djosan. Un écran remplit de formules bizarres et d’algorithmes compliqués.

- Tudieu ! S’exclama Djosan. Quelle est donc cette langue étrange ?

- Ce sont des maths, répondit Trefens avec un fin sourire. C’est la formule scientifique du gène Fanex et son interaction sur l’organisme.

- On est censé y comprendre quelque chose ? S’inquiéta Mercutio, qui n’avait jamais été spécialement doué en physique-chimie.

- Le chef Dazen nous l’a fait entrer dans le crâne de force, et tous ici nous pourrions te la réécrire les yeux fermées. Mais pour vous gagner du temps, on peut sauter cette étape. Il vous suffit juste de nous faire confiance. Nous savons ce que nous faisons.

- Je n’en doute pas un seul instant, admit Mercutio dans un souci de politesse. Mais tu peux nous résumer la chose, en quelques lignes compréhensibles pour les idiots que nous sommes ?

Trefens claqua des doigts, et Kiyomi fit d’un ton morne comme une machine qui récitait sa leçon :

- Le gène Fanex, par divers procédés cellulaires et hormonaux, modifie grandement le corps humain à l’intérieur, notamment la façon dont sont délivrés les ordres du cerveau jusqu’aux muscles. En gros, la génothérapie supprime la valve de sécurité du cerveau qui fait qu’on ne peut utiliser qu’un pourcentage très réduit de sa force réelle, pour préserver notre corps. Pour palier à l’absence de cette valve, il faut connaître jusqu’où notre corps peut aller normalement, et repousser toujours un peu plus cette limite. C’est donc la première étape de l’entraînement : pousser vos corps jusqu’à leurs extrêmes limites physiques. Le vélo et les altères, c’est pour commencer doucement. Ce sera bien plus intense après.

Le ton de Kiyomi changea brusquement, revenant à sa voix cassante.

- T’as pigé, pov tâche ? Tu vas donc remonter sur mon Super Velic Fitness et pédaler jusqu’à que tu n’en puisses plus, jusqu’à que tu tombes dans les pommes, c’est clair ?!

À cet instant, Kiyomi lui fit tellement penser à son défunt père adoptif le commandant Penan, lors de ses entraînements sadiques, que Mercutio dut se retenir de ne pas crier « chef oui chef ! ». Il était néanmoins perplexe.

- Je ne suis pas un Shadow Hunter comme vous, mais j’ai quand même eu un entraînement physique poussé chez la Team Rocket, fit-il. Même sans l’aide du Flux, et à ce faible niveau de dureté des pédales, il va se passer un long moment avant que je sois totalement à bout.

- Peu importe le temps que ça mettra gné, répondit Two-Goldguns. Le truc c’est d’arriver jusqu’à cet instant ou ton corps va lâcher. Ça nous permettra de mesurer ta propre limite et d’adapter la suite en fonction pour que tu puisses la repousser petit à petit, gné.

- Ouais, tu pédales même si tu dois y passer la journée, reprit Kiyomi. Et surtout, sans aucune pause. Si t’as envie de pisser, tu te fais dessus. Si t’as envie de chier, on te mettra un pot de chambre sur la selle. Pareil pour toi, le gros à la moustache rose là ! Tu soulèves ces poids sans t’arrêter jusqu’à que tes bras cèdent.

- Hum… que j’eusse préféré faire de ce vélocipède également…

- Navrée, mais on n’en a qu’un, et vu ta taille et ton poids, tu l’aurais bousillé en deux secondes. Allez, au boulot les bleus ! Je vais vous faire regretter votre décision de devenir comme nous d’ici une semaine, vous verrez !

Mercutio ne doutait pas que Kiyomi allait réellement essayer. Mais Mercutio y était préparé. Elle pouvait jouer à l’instructrice tyrannique, inventer des entraînements de plus en plus sadiques, Mercutio était bien déterminé à aller au bout de la génothérapie et à survivre. Et même si Venamia gagnait la guerre d’ici là, et qu’elle conquérait le monde, Mercutio se chargerait de le lui reprendre.