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The Era of Fields de Baguetal



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Informations

» Auteur : Baguetal - Voir le profil
» Créé le 08/09/2017 à 15:33
» Dernière mise à jour le 12/09/2017 à 14:07

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Hoenn   Médiéval   Terreur

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Dernière partie : Au fond du puits
Pas de petit-déjeuner pour Alaric ce matin. Pourtant, les petits pains au coulis de baies que préparaient Joséphine presque chaque jour étaient l'un de ses mets favoris ; après les potages toujours plus différents mais chaque fois meilleurs de sa mère. Le garçon n'arrivait à penser à autre chose qu'à ses parents. Ils n'étaient toujours pas de retour au village ce matin, et ce à son plus grand dam. Rien ne pouvait le sortir de ses pensées, ni même le désespéré Augustin, qui venait de lui proposer un entraînement de Pokémons. Le couple était le seul au courant de l'existence de Galekid et Pifeuil, Alaric les avaient mit dans la confidence. Lorsque l'homme avait du temps libre, il n'hésitait pas à emmener l'adolescent à l'abri des regards indiscrets pour faire des combats de Pokémon.

« Je ne me suis jamais senti aussi faible, geignit le garçon. Jamais ma mère n'a quitté le village... et ces étrangers dont a parlé Augus'... Pfouuuuu... Alaric reste calme, ce n'est pas grave ils vont forcément revenir, pourquoi quelqu'un leur voudrait du tort, ils n'ont jamais fait de mal à personne... »

Le jeune homme ne l'avait jamais caché, il vouait une passion et une tendresse infinie envers ses parents. Ils représentaient pour lui tout ce que personne ne pourrait jamais représenter ; peut-être car ils étaient sa seule famille. Il avait beau leur tenir quelques fois tête ou faire de petites choses dans leur dos, mais jamais il ne lèverait la main sur eux.

Désireux de rester un peu seul, le jeune homme préféra quitter l'auberge pour rentrer chez lui et nourrir les élevages.

« - Alaric, si tu as besoin de quoi que ce soit, tu sais où nous trouver..., lança un Augustin soucieux et protecteur.
- Merci Augus' mais...je pense pouvoir me débrouiller seul en attendant leur retour... »

La tête abaissée, notre héros salua faiblement l'homme.
En quittant la petite auberge, il se rendit presque immédiatement dans la réserve de baies située juste à l'arrière de la maison familiale. Il constata d'ailleurs que les caisses étaient toutes presque vides et qu'il ne restait plus que deux voire trois portions à donner aux Pokémons avant qu'elles ne soient complètement vides.

« Et les quelques graines que j'ai ramené ne feront pas long feu..., souffla mentalement le garçon. »

****
La journée passait beaucoup trop lentement. L'attente était toujours plus interminable au fil des heures. Alaric lui, paraissait de plus en plus désespéré. Il était resté chez lui, assit sur une chaise et bras croisés sur la table, sur laquelle il avait prit plaisir à déguster sa soupe le midi de la veille. Il lançait parfois des regards à travers la fenêtre, pour voir Galekid et Pifeuil qui se chamaillaient fraternellement. Ceux-là portaient tout de même souvent un regard inquiet vers leur dresseur ; ils arrivaient à sentir sa fébrilité et son inquiétude. A vrai dire, Il fallait être aveugle pour ne pas le remarquer...

Le garçon finit toutefois par se lever pour se rendre dans la chambre de ses parents. Il se laissa tomber sur le lit en manquant de le casser ; et pour cause, jamais il ne fallait faire un tel geste sur un lit muni de très fines planches de bois !

« Oups, j'avais oublié..., se fit-il, blasé. »

Au bout d'un moment, il put observer sur la table de chevet un petit bout de papier déchiré. Curieux, il se releva presque immédiatement pour le prendre dans ses mains. Il décrypta alors, malgré une écriture qui lui était familière et pourtant presque illisible :

« Mon petit Alaric, il faut que tu restes fort. Ne t'en fais pas pour nous, nous finirons par revenir. Garde bien précieusement le collier que je t'ai donné, et ne fait confiance à per... »
La phrase se coupait à ce moment précis.

A défaut de ne pas avoir été scolarisé, l'école n'étant accessible qu'aux enfants issus de familles aisées, le garçon autonome depuis toujours, avait appris à lire tout seul. Dès sa plus tendre enfance, il s'amusait à lire les quelques journaux qui arrivaient au gré du vent jusqu'à Vergazon.
Ce qu'il venait de lire était cependant à mille lieux de le faire rire, reconnaissant facilement l'écriture de sa mère. A ce moment-là, le monde s'effondra réellement. Alaric interpréta ce morceau de papier comme le testament de ses parents.

« J... »

Le vide. Le cerveau du garçon s'était soudainement mit en pause ; mais les larmes se mirent rapidement à couler. C'était la première fois qu'il pleurait, la première fois qu'il sentait des larmes couler abondamment sur son visage.
Pourtant, étrangement, après de nombreuses minutes de cris intérieurs et de rage d'incompréhension, le premier mot qui lui vint en tête fut « élu ». « Élu », « puits », ces deux mots qui étaient devenus tant mystérieux depuis la veille. Et si, par chance, l'homme de la forêt avait des réponses à cette disparition ?

C'est alors que, mécaniquement, Alaric sortit de la maison et se rendit une nouvelle fois vers les enclos familiaux. Ses deux petits monstres le suivirent derrière, sans que le garçon ne leur prête une quelconque attention. Les petits Pokémons d'élevage ne comprirent pas lorsque l'adolescent se dirigea vers la petite colline, sans refermer la petite porte des enclos. Ils ne se doutaient pas à cet instant qu'une nouvelle vie allait les attendre...

****
Le soleil allait bientôt se coucher à Lavandia. Un crépuscule digne des plus beaux se distinguait à travers les maisons : la lueur à la fois rosée et orangée que dégageaient les derniers morceaux de lumière était semblable à un voile féerique. Le contraste ne pouvait être plus à son paroxysme en comparant ce même paysage à la situation du garçon.
Alaric avait passé une journée des plus douloureuses. En fait, il était resté allongé dans l'un des nombreux champs de lavande du village, depuis son arrivée quelques heures auparavant. Son inconscient lui avait tout de même suggéré de ne pas se rendre dans le même champ que la veille...
Il n'avait d'ailleurs croisé personne, enfin, il n'avait fait attention à personne. Seuls quelques petits Rattatas traversaient de temps à autre les pâturages, s'arrêtant quelques secondes devant le jeune homme. Galekid et Pifeuil, eux, n'avaient plus le cœur à jouer, et s'étaient allongés aux côtés de leur dresseur. Les deux Pokémons étaient extrêmement attachés au garçon. Cela faisait déjà de nombreux mois qu'il les élevait en secret en fait : il avait d'abord rencontré Pifeuil au pied d'un arbre à Vergazon, à l'époque sous la forme d'un Grainipiot. Quant à Galekid, c'était dans l'une des nombreuses petites grottes creusées dans la roche qui enclavait le village.

Au bout d'un moment, Alaric finit par se redresser, remarquant la nuit qui commençait à tomber. Il s'étira longuement, puis s'avança dans le village, toujours aussi mécaniquement. Il était finalement déterminé à se rendre au puits. A vrai dire, plus rien ni personne ne le retenait à présent. Peut-être que ce fameux rendez-vous au fond du puits était en réalité un piège. Qu'importe, qu'avait-il à perdre maintenant. Alors il continua d'avancer jusqu'à celui-ci.

Il fallait reconnaître tout de même l'immense élan de maturité dont Alaric faisait malgré tout part. N'importe quel autre garçon de son envergure aurait été bien plus perdu à sa place.
Il venait de perdre ses parents, sans savoir s'ils étaient encore en vie. Pourtant, il déambulait dans les rues de Lavandia, se dirigeant vers une possible réponse à cette mystérieuse disparition. Un espoir sûrement vain...

Les habitants de Lavandia commençaient à rentrer chez eux, c'était la fin de leur journée de labeur. Pour la plupart, ils revenaient des champs ; d'autres semblaient revenir de la cité portuaire, l'accès à Poivressel étant de nouveau autorisé. Les fameux travaux qui avaient lieu là-bas étaient sûrement achevés...

****
Le soleil avait finalement disparu. En arrivant sur la place du puits, Alaric regarda tête baissée partout autour de lui. Il ne vit personne dans un premier temps, mais en s'approchant, il eut la surprise de tomber nez à nez avec...la fillette de la veille.

« Mais qu'est-ce qu'elle fait là ! Son maudit champ de lavandes et j'en déduis sa maison n'est pas du tout dans ce coin là, c'est même à l'opposé..., se plaignit mentalement le jeune homme. C'est pas du tout le moment là, c'est déjà beaucoup trop dur comme ça... »

La fille ne disait rien, mais n'en était pas moins surprise. Elle put aussi constater l'air abattu du garçon, qui contrastait fortement avec son état de la veille. Elle devait se poser des questions, mais paraissait surtout gênée. Comme si elle attendait qu'il reparte. Pourtant, il ne comptait pas bouger d'un millimètre.

Soudain, la planche de bois qui servait à boucher le puits s'inclina, et une voix masculine, familière à Alaric, se faisait entendre :

« Psst les gosses, rentrez et soyez discrets ! »

Les deux adolescents se regardèrent, puis se rapprochèrent de la cavité, presque sur la pointe des pieds. Sous la planche de bois se trouvait une sorte d'échelle. La fille descendit la première, laissant à Alaric le soin de refermer doucement la planche derrière lui. Celui-là fit d'ailleurs le signe à ses petits Pokémon d'aller se cacher dans des buissons aux alentours.
A l'intérieur il faisait sombre, aucune lumière, et l'atmosphère était très humide. Ils sentirent sous leurs pieds des flaques d'eau plus ou moins profondes, qui mouillèrent parfois presque entièrement leurs chaussures.

« Aller, suivez-moi, marchez en ligne droite et faites attention où vous mettez les pieds ! »

Alaric avait reconnu la voix du mystérieux homme de la forêt. En temps normal, ce genre de situation le rendait mort de trouille, mais là il ne ressentait ni peur, ni même de la colère. Il fit en sorte de se préparer mentalement pour éviter de paraître trop affaibli. Il ne savait pas ce qu'il l'attendait, il se devait donc de donner une image de lui vaillant et confiant. Il trouva cet exercice très dur d'ailleurs, ce qui était évidemment normal étant donné les circonstances.

Lui et la jeune fille ne voyaient toujours rien dans ce qui semblait être une sorte de galerie souterraine, mais plus ils s'avançaient, moins le chemin était étroit. Alaric était toujours derrière la fille, qu'il suivait machinalement, trop occupé à travailler son image.
Après plusieurs secondes de marche sous le puits, ils pouvaient voir un point de lumière au loin.

« On y est presque. »

Ils marchaient, ils marchaient, jusqu'à ce que la lumière soit assez suffisante pour qu'ils puissent tous deux se distinguer. Les regards d'Alaric et de la fille « aux cheveux sales mais regorgeant de vitalité » se croisèrent longuement une nouvelle fois. Le garçon n'arrivait pas à savoir si sa manière de le regarder était manifeste ou au contrainte méprisante, et cela l'intriguait.

« Nous y voilà. »

Notre héros ne s'était pas trompé, l'homme qui les guidait depuis tout à l'heure était bien celui qu'il avait rencontré dans les bois. Alaric et la fille regardaient partout autour, comme s'ils devaient analyser les lieux. Ils se trouvaient dans une sorte de cave au plafond relativement bas. Des torches étaient disposées un peu partout, accrochées à des murs faits de briques de pierre en mauvais état. Seules les tables et étagères en bois situées aux quatre coins de la pièce semblaient être ici depuis peu de temps.

Ils virent quatre personnes regroupées de l'autre côté de la pièce, juste devant un couloir qui devait mener à un autre endroit. Deux hommes, deux femmes.
Mais leurs regards dérivèrent vite sur un autre homme et une femme, qui venaient de se lever de leur chaise. Lui était très grand et large : ses bras paraissaient aussi durs que du fer. Il n'avait pas l'air méchant cependant non, plutôt accueillant ; en fait il esquissait un sourire bienveillant. Le même genre de sourire que celui de l'homme de la forêt la veille. Elle, avait des cheveux courts (ce qui était peu courant dans les parages) : sa silhouette ni trop mince ni trop conséquente la rendait en fait banale. Elle dégageait quelque chose de fade, peut-être était-ce son visage, lui aussi quelque peu anodin et sans expression.

« - Bonsoir à tous chers amis ! Ravis que vous soyez tous là ! Je suis Sébaste, et elle c'est...
- Garance ! s'exclama la femme.
- Armand, rejoins-nous, ne fait pas le timide ! reprit son voisin. »

L'homme qui se cachait derrière Alaric et la jeune fille s'avança en déambulant vers ses deux camarades :

« - Vous me connaissez déjà tous, c'est moi qui vous ai amené ici. »

L'ambiance était on ne pouvait plus froide. Personne n'osait parler.

« - Oh, Alaric et... Kayna si je ne me trompe, si vous voulez bien rejoindre vos braves futurs camarades ! proposa Sébaste en désignant du doigt l'autre groupe. »

Les deux s'exécutèrent sans broncher, malgré l'attitude bon enfant de l'imposant homme. Le regard de celui-ci s'attardait d'ailleurs longuement sur Alaric.

« -Bien, je pense que nous pouvons commencer ! reprit-il.