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Le Démon Roi - Première partie de Edetalelric



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» Auteur : Edetalelric - Voir le profil
» Créé le 28/08/2017 à 02:04
» Dernière mise à jour le 29/08/2017 à 01:11

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Présence de transformations ou de change   Science fiction

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7 - Le Prêtre
Les démons ne sont pas les serviteurs de leur roi.
Les démons doivent se combattre entre eux dans le monde des humains afin d’élire leur nouveau souverain.
Et les démons ne peuvent pas se servir de leur force surnaturelle tant que l’humain auquel ils sont associés n’a pas prononcé de formules dans leur livre.
Le prêtre était choqué. Après les informations que lui avait apportées le journal de Matheus et les dires de son visiteur assis en face de lui, il ne pouvait plus en douter. Il lui semblait que sa vie entière avait été un mensonge. Les écrits qu’il avait étudiés durant tant d’années se révélaient à moitié faux.
« Je vous demande pardon, mais ces révélations sont assez… bouleversantes. Vous bénéficierez d’une chambre au Fort dès ce soir. Sentez-vous libre de vous y installer à votre aise, vous êtes notre invité ici. Cependant, un peu d’aide concernant les différents travaux dans la ville serait la bienvenue.
-Je vous remercie. N’ayez crainte, je participerai à la vie active du Fort. »
Une fois que son invité se fut retiré en compagnie du frère Laurent, le prêtre s’allongea sur son lit. Il n’en revenait pas… Un démon était venu le trouver au Fort-Marie ! Il était impossible qu’il se trompât, cependant, une partie infime de lui refusait d’y croire…. Pourtant, les faits étaient là ! Il se demanda s’il n’avait pas rêvé, et entreprit de repasser dans sa tête tout ce qu’il avait vécu dans l’heure.
Seulement, ses paupières se fermèrent, et il s’endormit immédiatement. Il rêva de feu, il rêva de mutants, il rêva de la Mort. Avec, entre lui et Elle, un individu aux cheveux fushia en pointe, qui se dressait, une épée au poing.
Il n’avait pas l’impression d’être resté couché plus de cinq minutes lorsque les cloches de l’horloge du quartier se mirent en branle, le sortant du sommeil, comme une main l’agrippant violemment dans la brume. Elles indiquaient l’heure du dîner, mais l’homme n’avait pas très faim. Il considéra sa liasse de rations, avant d’en extirper une, toute chiffonnée.

Les tickets de rations avaient été initialement mis en circulation afin de donner la même dose de nourriture à tous les habitants ; sans avoir à remplir une liste à chaque repas. Chaque habitant recevait la même liasse chaque mois. Mais, lorsque les vivres vinrent à augmenter, multipliant les tickets de ration par personne et par repas, certains citoyens commencèrent à échanger une partie de leurs rations contre une parcelle de jardin, de la drogue, ou des services.
Très vite, les rations devinrent la monnaie du Fort-Marie. Le troc était aussi fréquemment pratiqué, mais les prix des denrées échangées étaient souvent évalués en rations.
Le prêtre sentit une goutte d’eau lui tomber sur le coin du nez. Exaspéré, il regretta presque, pendant une courte demi-seconde ; que pour le bien des cultures, le champ laser laissait passer la pluie et le vent. Remonter chercher son manteau le fatiguait rien que d’y penser. Il n’en aurait pas pour longtemps.
S’apercevoir que c’était le jour des desserts le mit en rogne : il ne voyait pas défiler le temps. Une fois toutes les deux semaines, certains habitants préparaient des pâtisseries simples afin de les vendre au prix d’une ration chacune. Le prêtre passa outre et se plaça dans la queue pour obtenir le plat du jour.
Il suffit de quelques minutes pour qu’il se fasse héler par le visiteur qu’il avait reçu plus tôt. Quel choc cela avait été de le recevoir au Fort-Marie ! Le jeune homme aux cheveux fushia était arrivé comme si de rien en face du pont-levis, portant seulement un sac à dos contenant un livre. En apercevant les traces noires qui partaient de ses yeux afin de disparaître en dessous de ses joues, les soldats du Fort l’avaient immédiatement arrêté. Mais ce qui choquait le plus, chez lui, c’étaient ses yeux. Des yeux mauves, sombres, terrifiants. Des yeux trop profonds en exprimer toutes les subtilités. Des yeux aux nuances de couleurs si variées que tous les langages du monde n’auraient pas été suffisantes les décrire ; dussent-t-elles y passer des siècles. Le prêtre l’avait pris en charge lorsque l’individu avait sorti son livre de couleur incarnadine et aux symboles étranges, de son sac.
« Père ! Je vous cherchais.
-Ah ! Vous sentez-vous à l’aise dans votre loge ?
-Oui, merci. On m’a laissé quelques… tickets comme ceux-là dans ma chambre. Puis-je me joindre à vous pour le repas ?
-Avec plaisir. Jeece, c’est cela ?
-Tout à fait.
-Vous savez, les informations que vous m’avez révélé vont complétement bouleverser la vie du Fort. Pensez-vous que les démons puissent s’unir pour vaincre les mutants ? »
Cela représentait ce qu’il avait attendu depuis plus de dix ans. Il se sentait débordé d’excitation, prêt à se joindre au démon pour terrasser des mangeurs d’humains. Et puis, ne pourrait-il pas devenir le possesseur d’un livre, lui aussi ? Les rêveries dont il se berçait était irréalistes, le prêtre en était pleinement conscient, néanmoins….
« Les mutants… ?
-Des grosses bêtes qui cherchent à nous croquer à tout prix. Vous avez dû en croiser quelques-uns.
-… Ils vous chassent ? Moi je suis passé à côté sans qu’ils ne me fassent rien…
-Sérieusement ?!
-Ah, c’est pour ça que vous vivez enfermés… Et, vous comptez tous les éliminer ? C’est du délire ! »
Le prêtre grimaça. Quel imbécile ! Bien sûr qu’on ne pouvait pas tuer tous les mutants. Eliminez-en un, le suivant vous gobait dans les dix minutes, sans même que vous n’ayez eu le loisir de souffler. Il s’entendit articuler, les dents serrés :
« Peut-être… Juste le temps de les étudier… Trouver le remède contre la mutation qui provoque leur agressivité… Celle-ci se semble se propager ! Avec l’union des démons, on peut sûrement survivre, le temps de trouver ce qu’il nous faut… Palsambleu, il faut qu’on essaye ! Nous ne pouvons pas rester là jusqu’à ce qu’un gros cochon jaune défonce nos portes !
-On peut espérer… Voyez-vous, il est fréquent que des coalitions naissent durant les combats pour élire le roi : ainsi, si l’un d’eux gagne, les autres remporteront certaines faveurs. Mais… Qu’un groupe se forme pour aider le monde des humains? Ça ne s’est jamais vu.
-A vrai dire… C’est arrivé une fois, répondit le prêtre à son interlocuteur surpris. Il y a deux mille ans, deux démons se sont unis pour vaincre un Pokémon qui souhaitait recouvrir la Terre d’ombres.
-Oh. N’empêche, ça reste à voir. Les démons partent de leur monde en amis, mais ils arrivent ici en ennemis mortels. Peu probable, m’est avis. »
Un long silence s’ensuivit. Ils prirent leurs assiettes de ragoût et s’assirent à une table bondée, en face de l’ingénieur en chef et du soldat qui était venu lui rendre visite quelques mois plus tôt. C’était le genre d’expériences que le prêtre ne pouvait pas oublier : ce n’était pas tous les jours qu’un membre du Fort lui disait qu’il avait envie d’en sortir. Il y repensa : le guerrier serait peut-être toujours partant. C’était un Cavalier, après tout, entraîné pour résister aux mutants. Et puis, il y aurait Jeece, probablement. S’évader présentait moins de risques. Beaucoup de risques quand même. A moins que Jeece ne puisse se servir du pouvoir du livre des démons. Ou alors…
« Jeece… Permettez-moi de vous demander : quel type de force possèdent les démons ? Les formules sont-elles leur seul appui ?
-Humm… Tous les démons sont différents. Certains manipulent un élément, comme l’eau ou le feu. D’autres combattent à l’aide d’armes. Il y en a encore dont les capacités physiques sont renforcées, ou restaurées. Le nombre de possibilités est inimaginable. Tous sont plus costauds, et plus résistants que les humains, cependant il y en a qui ont une puissance limitée sans leurs formules.
-Et vous ? » Le regard du prêtre n’avait jamais été aussi intense. Sortir de Fort-Marie, l’idée était quand même sacrément tentante. Etudier les mutants, c’était dangereux, mais il avait attendu l’arrivée des démons depuis tant d’années. C’était enfin l’occasion.
« Ce n’est pas mon cas. Sans connaître le combat au corps à corps, mes formules sont à peu près inutiles. » Libération.
« Donc, vous pourriez assurer ma protection !
-D’après ce que j’ai vu, ce serait dur. Surtout à deux, on s’épuisera plus vite. Mais ça pourrait le faire, cela dit. Sur de courtes périodes. Il va falloir vous entraîner, par contre. Courir, savoir vous défendre, et résister jour après jour aux assauts.
-Combien de temps cela prendrait ?
-Je ne connais pas les capacités d’un humain, mais…
-Deux ans. »
Le prêtre fut surpris. C’était le guerrier, en face, qui avait répondu.
« Si vous pensez que vous allez pouvoir survivre sans un entraînement intensif pendant au moins deux ans, vous êtes cuit.
-Et vous pourriez m’entraîner ?
Le guerrier réfléchit en se penchant en arrière, les bras croisés. Il semblait profiter de la situation.
-Vous entraîner, pendant deux ans ?
-J’aurai besoin de six mois. »
Le guerrier le considéra longuement, puis afficha un air amusé.
« J’en suis. Mais à votre sortie, je viens avec vous. »

Gauche. Gauche. Gauche. Gauche. Gauche, gauche gauche gauche DROITE !!! Le prêtre réagit immédiatement lorsque son adversaire amorça son coup. De toutes ses forces, il envoya son pied prendre appui juste au-dessus du genou de son opposant. Le corps massif de ce dernier perdit légèrement l’équilibre vers l’avant ; suffisamment pour créer une ouverture au prêtre.
Depuis le temps qu’il s’entraînait avec le guerrier, il connaissait ses techniques de combat : le soldat le gênait de plusieurs coups inoffensifs de son bras gauche, avant d’envoyer un puissant uppercut de son poing droit. Guetter le coup dévastateur exigeait beaucoup de concentration, surtout que le guerrier ne se privait pas pour lui faire mordre la poussière. Même ses coups plus faibles l’avaient choqué les premières fois. Mais là c’était différent. Il savait réagir. Alors, pendant que l’homme était déstabilisé, il précipita son poing gauche vers sa tempe désormais non protégée.
Malheureusement, l’autre avait prévu sa réaction. Son bras droit contra l’attaque du prêtre, pour le saisir à l’avant-bras ; son corps se rapprocha dangereusement, et le prêtre eut tout juste le temps de sentir son rival le saisir par l’épaule ; son environnement tourna dans tous les sens jusqu’à ce que le choc du sol contre son dos lui coupe le souffle. Des étoiles se bousculaient devant ses yeux, tout son corps lui faisait mal, et pourtant il tendit la main pour que le vainqueur l’aide à se relever, comme la coutume l’exigeait.
A peine remis de ses émotions, il suivit néanmoins les explications du guerrier qui visaient à enseigner au prêtre le mouvement. Chaque semaine, le prêtre se faisait vaincre par un nouveau coup. Il disposait alors de six jours pour l’apprendre, le répéter, le maîtriser. La semaine suivante, il avait l’obligation de répéter la même attaque sur le guerrier. Qui la contrait. Impliquant une nouvelle raclée.

Cela faisait deux mois qu’ils avaient commencé l’entraînement. Les premières semaines étaient essentiellement consacrées au renforcement physique : joggings, musculation, natation. Et puis les séances de combat au corps à corps commencèrent. Suivies par des leçons de maniement d’épées. Le prêtre crachait ses poumons, ou se tordait de douleur suite aux blessures. Mais il continuait. Et il progressait. Dans sa modeste chambre qui appartenait à une vie précédente, il regarda tous ses hématomes, sans pouvoir les compter. Jeece aussi en était responsable.
En effet, la complicité entre le prêtre et Jeece s’était développée en quelques jours. Le prêtre lui parlait de la vie du Fort, de l’Histoire, de la religion ; Jeece lui décrivait le monde des démons, et lui narrait ce qu’il savait des combats précédents. Ce dernier étant particulièrement entraîné au combat à mains nues, c’est ainsi qu’ils se retrouvèrent, un matin, pour s’entraîner. Enfin, il n’y a avait qu’un, qui s’entraînait…. Depuis, le démon ne se privait pas de le couvrir de bleus tous les jours avant que les premiers rayons du soleil ne fassent leur apparition.

Le prêtre était plongé dans ses pensées lorsqu’il réalisa que Jeece n’avait toujours pas de partenaire humain. Le démon restait au Fort en y attendant le départ de l’homme, mais il perdait un temps précieux. Pourquoi n’était-il pas parti à la recherche du propriétaire de son livre ? Peut-être l’avait-il déjà trouvé ? La prise de conscience le fit trembler d’excitation, lorsqu’il remarqua que le mauvais temps s’aggravait au Fort-Marie. L'alerte ayant été donnée préalablement, es grelons pleuvaient en abondance dans les rues désertes. Presque désertes. La sonnerie de danger retentit, signifiant qu’un ou plusieurs citoyens étaient en péril. Le prêtre sortit immédiatement, et se dirigea vers le logement du démon.
Après être allé chercher ce dernier, les deux partenaires parcoururent la ville dans tous les sens. Les groupes de recherches étaient peu nombreux, mais permirent au prêtre de se renseigner : une petite fille était sortie de chez elle inquiète car sa sœur n’était pas rentrée de l’école. Pourtant, cette dernière était encore dans l’établissement, en sécurité….
Après un quart d’heure de fouilles, l’ouïe aiguisée du démon permit de localiser la fillette. Sauf qu’à l’instant où le groupe se dirigea vers la ruelle où se trouvait la petite, un pan de toit se décrocha, tomba lourdement sur le sol puis se précipita là où Jeece avait entendu les cris. En fait, le prêtre fut plus soulagé que surpris de recevoir le livre entre les mains. Sans aucune hésitation, il hurla la première formule : « Eyarha ! »
Le livre s’illumina, et le prêtre émerveillé aperçut le projectile repartir avec force dans la direction opposée, comme par magie. Jeece bondit vers la rue, sautant une distance de plus de quinze mètres. Il revint avec la petite, suffoquée, dans ses bras. Le prêtre remarqua alors que les bourrasques s’étaient brutalement arrêtées, et son regard se posa sur le livre au moment où la lueur se dissipa. Le courroux puissant du vent repris alors ses droits, mais tout le monde était sain et sauf.

Sept secondes. La veille au soir, le vent avait été manipulé durant sept secondes. Et le prêtre apprit que cette durée était prédéterminée. Il pouvait déverser tous ses sentiments les plus puissants dans le livre, le délai était inaltérable. Etaient nuancés la force du vent, le rayon d’action du démon, et la précision avec laquelle ce dernier pouvait agir. Jeece assurait même qu’avec de l’entraînement, il pourrait visualiser tout ce qu’il se passe dans son rayon d’action les yeux fermés à l’aide de la formule. Un avenir somptueux se dessinait devant les yeux du prêtre. Il ne serait pas inactif dans la lutte contre les mutants, et pourrait participer aux combats des démons. Après s’être excusé de le mêler aux combats, Jeece tint à l’avertir du danger :
« Certains démons n’hésitent pas à tuer leurs adversaires. D’ailleurs, trois démons immensément puissants participent aux combats. Yrio, Murmure et la Gargouille. Si nous les croisons alors que nous n’avons pas encore le niveau, la fuite sera une obligation. Il va falloir qu’on développe une complicité tactique afin d’avoir une chance. Vous ne pouvez pas vous contenter de lancer une formule en m’admirant agir. Nous devrons nous comprendre sans même nous regarder. Cela va demander une longue préparation. »
En observant le regard confiant du démon, le prêtre se sentit rassuré. Mais le regard serein fut de courte durée, car il fit place à l’affolement :
« Au fait ! Quand je manipulais le vent pour la gamine, hier soir, j’ai senti quelque chose d’anormal ! Une sorte d’énergie brûlante se déverser d’un seul coup !
-Du genre… Un feu de cheminée ? »
Le prêtre ne parvenait pas à comprendre.
« Ça pourrait être ça… Si un feu de cheminée se déplaçait comme un animal. Ou… ou un Pokémon. »

Le duo se précipita dans la rue où Jeece avait ressenti une telle présence. Evidemment, rien ne compromettait l’existence d’un Pokémon dans le coin. Il fût alors décidé que les recherches débutent à l’endroit où Jeece avait perçu le déversement de chaleur, et le lieu était en réalité un bâtiment d’habitations on ne peut plus standard, non loin du barrage souterrain qui approvisionnait le champ laser en électricité. Mais lorsque le prêtre souhaita y accéder, il se rendit compte que leur but n’était pas abordable par l’entrée de l’immeuble.
Après en avoir cherché l’accès en vain, le prêtre estima qu’il était dangereux de laisser un éventuel Pokémon à l’intérieur du fort, mais en détruisant une partie du mur il risquait de provoquer la fuite de leur cible et/ou de provoquer la panique. Il souhaita demander des renseignements aux citoyens environnants, mais aucun d’eux n’était présent en ce début d’après-midi. Etrange.
Le barrage se trouvait à proximité, il décida d’aller y faire un tour. Après avoir abordé un technicien qui prenait des relevés du niveau d’eau ainsi qu’une femme qui amenait un repas à son mari, il tomba sur l’ingénieur en chef à qui il répéta les questions qu’il venait juste de poser :
« Est-ce que vous entendez des bruits d’explosion dans les immeubles à côté ? Avez-vous déjà remarqué un comportement suspect ? Qui habite dans le coin ? » L’ingénieur répondit qu’il n’avait rien noté de particulier, puis se permit de demander :
« Je pourrais savoir ce qui vous amène, précisément ? »
Le prêtre échangea un regard interrogateur avec Jeece qui lui fit les gros yeux, alors il prit la parole :
« Nous recherchions une gamine égarée par ici hier soir, lorsque la tempête frappait le Fort. On a entendu un bruit sourd venant de l’immeuble et de la chaleur s’en dégageait. C’était inquiétant. Si vous remarquez quelque chose, merci de nous tenir informés.
-Durant la tempête, vous dites… » Le prêtre s’apprêta à prendre congé de son interlocuteur, lorsque le démon lança :
« Vous savez quelque chose. » Devant les yeux ébahis du propriétaire de son livre, il continua :
« Votre respiration. Après une brève inspiration prouvant votre peur ou plutôt… votre surprise, vous vous êtes mis à contrôler votre respiration. Et un léger haussement de sourcils vous a trahi. »
Le prêtre était perplexe, et l’ingénieur n’avait pas l’air à l’aise.
« Non, je vous assure… Il a fallu faire très attention avec le barrage, alors ça me rappelle cette soirée éprouvante… Je ne sais pas du tout de quoi vous parlez !
-Vous mentez.
-Mais… -Vous mentez ! »
L’ingénieur semblant au bord du malaise, le prêtre ajouta d’une voix douce :
« Monsieur, si vous savez quelque chose, dites-le nous. Si vous avouez votre faute, vous ne subirez aucunes représailles. Nous devons savoir ce qu’il se passe, car nous sommes sur le point de détruire l’enceinte de l’immeuble.
- Non non non non non, ne faites pas ça ! OK… Je crée ma propre arme. En puisant dans l’énergie du barrage. Cette arme servirait uniquement en cas d’attaque de mutant et permettrait d’éviter une tragédie comme celle que vous avez vécue. Je faisais quelques tests, hier soir, alors que personne ne pouvait me remarquer.
-Mais… Pourquoi n’avez-vous pas averti la garde ? Il faudrait apprendre le maniement de cette arme aux soldats !
-Pour que ça ne tombe pas entre les mains de n’importe qui ! Imaginez un peu, si un incapable fait une erreur avec… Ou si un enculé décide de régler ses comptes avec un ennemi à lui ! »
Ok, ça avait du sens. Mais l’ingénieur avait peut-être prévu le discours depuis longtemps. Le prêtre lui demanda alors de leur montrer l’arme immédiatement. L’ingénieur acquiesça, les mena à l’extérieur et se dirigea vers le bâtiment en question. L’entrée était protégée par un mécanisme astucieux. Une fois à l’intérieur le duo put admirer le travail : un drone gigantesque les surplombait. Trois tuyaux lui servaient de bouche, une paire d’yeux rouges démesurée permettait d’observer un large champ de vision ; et le sommet de sa tête métallique était lisse comme un ballon. Son corps devait mesurer dans les trois mètres cinquante. Une porte encore en construction permettait de se loger dans son ventre, ou un siège ainsi que de nombreuses commandes semblaient inviter un hôte à rentrer. Le prêtre était fasciné par tous les canons placés à l’emplacement des doigts, les missiles placés sur le dos de l’armure ou les ouvertures situées au niveau des paumes de l’être de métal. Lorsque le prêtre examina l’une d’elles de plus près, l’ingénieur lui lança :
« Un lance flammes. Je le testais hier soir. »
Déterminant qu’il était trop dangereux de laisser une puissance aussi dévastatrice à la merci d’un seul homme, le prêtre demanda que ce soit l’armée qui protège le drone, et l’ingénieur pourrait finaliser son projet. Ce dernier refusa que quiconque autre que lui connaisse le maniement de l’arme, même s’il était d’accord pour laisser des membres de la garde garantir la sécurité de sa création. Avec un regard noir, il lança comme argument :
« Regardez-la ! Elle est quasiment finie ! Si j’avais voulu prendre le contrôle de la ville, il y a bien longtemps que je l’aurais fait, non ? »
Il fut alors décidé que l’accès au robot serait surveillé en permanence, et qu’il serait interdit à qui que ce soit de contrôler l’arme de guerre, sauf en cas d’urgence. Alors, tandis que les deux hommes s’échangeaient une poignée de main, un individu sortit avec un bruit tapageur de l’arrière du laboratoire. Il s’agissait du guerrier qui avait proposé d’entraîner le prêtre, et des couinements stridents retentissaient derrière lui. Après que le prêtre et le guerrier se soient mutuellement découverts bouche bée, des bruits de petits pas pressés s’ajoutèrent aux cris.
Le responsable se dévoila, il s’agissait d’un Pokémon.