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Apocalyptica de Drayker



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Informations

» Auteur : Drayker - Voir le profil
» Créé le 16/08/2017 à 14:37
» Dernière mise à jour le 14/12/2017 à 17:55

» Mots-clés :   Drame   Présence de poké-humains   Région inventée   Science fiction   Suspense

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Chapitre -14 : Acculés
Fenrir huma l'air, tandis que son humain essayait de tirer la femelle de sa torpeur.

Un nouveau tonnerre de poudre retentit au loin. L'Arcanin grogna. Le son se répercutait contre les parois, ce qui l'empêchait d'estimer correctement la distance.

Le Pokémon jeta un coup d’œil à son humain et retroussa les babines, l'avertissant d'un grognement. Il fallait y aller.

Par chance, Will sembla le comprendre et acquiesça. Fenrir ouvrit donc la marche, marchant lentement, conscient que son poids et sa taille faisaient de lui une cible peu discrète.

Un rapide coup d’œil derrière lui l'informa que son humain le suivait de près, son bâton de mort dans les mains. L'Arcanin n'avait jamais compris pourquoi les hommes n'avaient pas de griffes ou de crocs – mais il avait appris à se méfier de ces étranges outils qui sentaient la poudre et la peur.

D'un pas lent, le Pokémon progressa doucement, entendant les deux humains murmurer dans son dos. Comme il s'y attendait, Will était incapable de retrouver son chemin. Voilà pourquoi l'enfermer dans la Pokéball était une idée stupide. Il le lui avait dit, comme d'habitude, mais son bipède ne l'avait pas écouté.

Maudissant le manque d'instinct des humains, Fenrir continua à progresser, humant l'air, essayant de sentir un courant d'air, une odeur, n'importe quoi qui puisse l'aider à localiser la sortie.

C'est alors qu'il la sentit. L'odeur.

Le Pokémon renifla à nouveau, et s'arrêta net, dressant les oreilles.Devant eux, le couloir virait sur la droite, et la suite du tunnel empestait le sang frais. Du sang d'humain.

Il gronda doucement pour prévenir son bipède.

« Qu'est-ce que tu sens, vieux ? » lui demanda Will, murmurant à son oreille.

Fenrir retroussa les babines avec dégoût et, d'un grognement discret, lui fit part de l'odeur qu'il sentait. L'humain n'en saisit pas la teneur exacte, mais sembla comprendre malgré tout.

« Ok. Je prends le relais. Restez là, tous les deux. »

~*~
Fenrir se plaqua tant bien que mal contre le mur et Will passa devant, revolver en main droite.

Avançant dos au mur, le détective s'arrêta à l'angle du couloir, tendant l'oreille. Rien.

Calant le canon de l'arme sur son poignet gauche, l'ex-Elitien franchit l'angle, prêt à faire feu sur la moindre cible qui s'aviserait de bouger dans la pénombre.

Mais rien ne bougea. Rien, pas même la silhouette avachie contre le mur, à une dizaine de mètres de lui. Un filet de sang épais coulait de son flanc, sinuant parmi les briques du sol en silence, formant une petite mare carmin autour du corps. Prudent, Will s'approcha, et reconnut l'imperméable et la cagoule de la victime. C'était l'un des passeurs de la Résistance.

Il lui tapa dans le pied. Pas de réponse. Abaissant son arme, Will s'agenouilla et prit le pouls de la silhouette encapuchonnée. Silence. Le détective fit alors demi-tour.

« Vous pouvez venir. » lança-t-il doucement à l'attention de Tia et Fenrir, avant de reprendre son chemin.

Tia, qui serrait la fourrure de l'Arcanin entre ses doigts crispés, blêmit en voyant le cadavre, mais ne réagit pas outre mesure. Will ne put s'empêcher de reconnaître qu'elle ne cédait pas facilement à la panique.

« Vous avez une idée de qui pourrait avoir causé ça ? murmura-t-il en s'approchant d'elle, laissant Fenrir reprendre la tête.
- Non. Enfin, je… Non, même si l'un de nous six était un traître, il n'aurait pas pu débusquer les cinq autres aussi facilement... »

La jeune femme crispa les poings de rage. Le trio, qui continuait à avancer prudemment, se retrouva soudain dans une salle plus éclairée, d'une vingtaine de mètre carrés. Quatre couloirs s'ouvraient devant eux, chacun obliquant dans une direction différente.

« Je ne sais pas comment ça a pu arriver. Je ne vois même pas lequel des cinq autres aurait pu vouloir nous trahir. Je… Je ne l'ai pas vu venir.
- Du calme. On va sortir d'ici en vie, et on y réfléchira après. Pour l'instant, on... »

Fenrir grogna soudain. Will et Tia se figèrent.

Quelqu'un marchait dans leur direction. Deux personnes, à en juger par la fréquence des pas qui battaient le pavé. En provenance du couloir à leur gauche.

« Fenrir, tu prends le premier, murmura Will. Empêche-le de crier, mais ne le tue pas. Je me charge du second. »

L'Arcanin remua brièvement la queue et se plaça de manière à ce que les arrivants ne le voient pas. Will attrapa Tia par le poignet et l'attira dans un autre couloir.

« Restez là. Surveillez vos arrières. On se charge d'eux. »

La jeune femme opina frénétiquement, silencieuse. Will retourna alors dans la salle et se posta en face de son Arcanin. Ainsi postés de part et d'autre de l'entrée, ils bénéficiaient de l'avantage de la surprise.

Les bruits de pas devinrent plus forts, plus près. Deux hommes qui parlaient à voix basse et qui avançaient d'un rythme rapide, assuré. Ils savaient où ils allaient.

Dix mètres. A peu près. Fenrir se cabra en arrière, prêt à bondir. Will rangea son arme et fléchit les genoux.

Cinq mètres. Will entendit distinctement l'un des deux hommes mentionner « la cible ». Le doute n'était pas permis. Ils n'étaient pas de la Résistance.

Au moment où le premier d'entre eux mit un pied dans leur pièce, Fenrir lui sauta dessus en rugissant, le projetant au milieu de la salle avant de l'écraser de tout son poids. Des os craquèrent, mais l'homme ne cria pas, probablement assommé sur le coup.

Son compagnon eut à peine le temps de reprendre ses esprits que Will s'était jeté sur lui. Un atemi à la gorge et un coup de coude dans le creux de l'avant-bras lui firent lâcher son arme. Saisissant alors son poignet, l'ex-Elitien entraîna son adversaire dans la salle et le projeta sur le dos, avant d'enfoncer son genou dans le plexus de l'homme. Ce dernier, sonné et stupéfait, cracha un peu de sang, la respiration sifflante.

« Crie et il te tue. » grogna Will en désignant Fenrir d'un coup de menton.

Comme pour appuyer les propos de son Dresseur, l'Arcanin s'allongea sur le premier homme, l'écrasant de toute sa stature avant de retrousser les babines, dévoilant ses crocs inquiétants.

L'homme, à moitié inconscient, n'émit rien d'autre qu'un glapissement vaincu. Will l'examina d'un bref coup d’œil. Cheveux gras, vêtements noirs et sales, barbe de trois jours, visage émacié.

Junkie. Ou ancien junkie. Le genre qui se fout de prendre les sales boulots tant qu'il a sa dose.

« Qui t'envoie ? »

L'homme, paupières presque fermées, se contenta de répondre par un vague sourire d'incompréhension. Avec colère, Will le saisit au col et enfonça son genou un peu plus profondément dans le thorax de sa victime, lui coupant la respiration pour de bon.

« Qui t'envoie ?! » gronda-t-il, haussant le ton.

Rien à faire. L'homme se contentait de sourire béatement, comme s'il ne le comprenait pas.

Pris d'un doute, Will reposa la tête du type sans douceur. Il lui ouvrit une paupière, dévoilant un œil injecté de sang.

« Vortex, lâcha le détective en se relevant, furieux. Ces connards sont sous Vortex.
- La drogue du Rex ? » demanda Tia, qui était revenue dans la salle assister à l'interrogatoire.

Will opina en silence, lui faisant ensuite signe d'approcher.

« Stéroïde, analgésique et euphorisant. On en tirera rien, ils ne sentent même plus la douleur. J'ai eu du bol de réussir à prendre celui-là par surprise. Un accro au Vortex a la force de deux hommes.
- Donc c'est le Rex qui a envoyé ces hommes ?
- Peut-être. Ou quelqu'un qui veut le faire accuser. Dans tous les cas, on reste pas là. Ces deux-là ont leur compte, mais j'ai pas envie d'attendre les autres. Fenrir, reviens. »

L'Arcanin se redressa prestement et trottina vers eux, sans quitter les deux assassins des yeux.

« Allez, en avant. Il faut qu'on sorte d'ici. Par où, Fenrir ? »

Le Pokémon Feu huma l'air pendant deux longues secondes, avant de prendre le couloir d'où venaient les deux hommes, incitant les humains à le suivre d'un simple regard.

~*~
Fenrir s'efforçait de suivre tant bien que mal le mince courant d'air qu'il sentait parfois. Une infime brise, que les bipèdes ne sentaient probablement pas, mais que lui avait repérée pendant que Will montrait les crocs à l'autre bipède.

Il avait alors essayé de la suivre, malgré les multiples perturbations qui l'environnaient. L'odeur de la rouille. Du sang. De la peur. Des humains.

A plusieurs reprises, il avait dû changer d'itinéraire quand il avait senti l'odeur de la poudre qui approchait. Will et lui avaient dominé sans peine les deux bipèdes d'avant ; mais dans un couloir où il avait à peine la place de se tenir, l'Arcanin savait qu'il n'avait aucune chance contre les bâtons de mort des humains.

Cela faisait longtemps qu'ils marchaient, même pour lui. A trois reprises, des détonations avaient retenti. Plusieurs fois, il avait entendu des humains courir et crier. Les deux bipèdes derrière lui l'avait entendu aussi, il le savait ; mais ils n'en parlaient pas entre eux. Ils ne parlaient plus, même à voix basse. Ils se contentaient de le suivre lui, le Pokémon, dans le noir.

Quand tout ça serait terminé, Fenrir se promit de rappeler à son bipède qu'il lui devait la vie une fois de plus.

Mais pas maintenant. Il n'avait aucune envie d'être hautain pour l'instant. Il fallait qu'il sorte Will et la femelle de ces tunnels.

Au bout de longues minutes, l'Arcanin commença à sentir le courant d'air s'intensifier. Ils approchaient de la sortie.

Au détour d'un couloir, le Pokémon Feu entendit le vacarme de la grande coquille d'acier qui passait à toute vitesse sous terre. Encore une invention faite pour compenser le fait qu'ils n'aient que deux pattes.

Fenrir s'arrêta alors, humant l'air. Il sentait des humains. Et plus particulièrement, il sentait son odeur à lui.

Celui qui avait failli tuer son bipède il y avait de cela des années. Celui qui lui avait tiré dessus avec son bâton de mort. Celui dont le Pokémon s'était promis de se venger.

Le goût du sang revint dans la gueule de l'Arcanin, qui se mit à grogner.

« Tu sens quelque chose, mon vieux ? Ils gardent la sortie, c'est ça ? » murmura Will à son oreille.

Fenrir gronda en signe d'approbation, humant toujours l'air.

« Je vais voir. Bouge pas. »

~*~
Will avança dos au mur, silencieux. Fenrir les avait guidés jusqu'à l'un des quais abandonnés qui se trouvaient sous la surface d'Omnia ; mais la configuration des lieux ne lui disait rien, et le détective était à peu près sûr que cette sortie n'était pas celle par laquelle ils étaient rentrés.

Les trois passeurs qui les avaient accueillis n'étaient pas là ; en revanche, Will entendait distinctement les voix de plusieurs hommes qui parlaient entre eux. Au fur et à mesure qu'il progressait dans la pénombre, il parvint à les compter. Cinq, à priori.

Parvenu à l'angle de la porte qui donnait directement sur les quais, l'ex-Elitien put clairement écouter leur conversation.

« … sûr qu'ils vont sortir par là ? aboya un type, manifestement impatient.
- Quasiment certain. On a plusieurs groupes qui patrouillent dans les couloirs. S'ils ne sont toujours pas tombés dans le filet, c'est qu'ils sont en train de se diriger par ici.
- Silence. On peut vous entendre à l'autre bout de ce tunnel. » lâcha un troisième, autoritaire.

Will frissonna. Il reconnaissait cette voix entre toutes.

C'était celle d'Edge. Le garde du corps du Rex, cet homme au crâne rasé et tatoué, ancien tueur d'élite, qui avait collé une balle dans l'épaule du détective il y avait de cela bien des années.

En retour, l'ex-Elitien lui avait offert la balafre qui barrait son visage de la tempe gauche à la pommette.

Un an plus tard, Will était radié du Commissariat d'Omnia et devenait détective privé. Et parfois, entre deux filatures de maris infidèles ou d'ados junkies ayant fugué, il lui était arrivé de remplir un contrat pour le Rex – et d'avoir affaire à Edge. Les deux hommes s'étaient à peine reparlés, se traitant avec un respect mutuel, teinté d'hostilité. Chacun savait que le jour où ils seraient à nouveau dans des camps opposés, ils termineraient ce qu'ils avaient commencé.

Et visiblement, ce jour était arrivé.

Risquant un coup d’œil à l'angle de la porte, Will étudia la position des hommes du Rex. Cinq, comme il s'en était douté. Deux qui faisaient les cent pas près des quais. Un assis contre le mur, une seringue de Vortex vide à la main. Edge et le dernier homme étaient invisibles ; probablement de part et d'autre de la porte, prêts à agir dès qu'ils la franchiraient.

Silencieux, le détective revint en arrière, réfléchissant à toute vitesse. Le plus simple aurait été de faire demi-tour et de trouver une autre issue ; mais l'un des hommes avait dit que les patrouilles se resserraient autour d'eux, et Will n'avaient aucune envie de retourner dans le labyrinthe de tunnels, pas alors que leurs ennemis avaient l'avantage du terrain.

Non, s'ils voulaient s'en tirer, ils allaient devoir forcer le passage.