Chapitre 4 : Dilemme de croisière
Nyx
Ouaaaaah. Un énième baillement s'échappe de mes lèvres. Je me frotte machinalement les yeux encore empourprés par le sommeil. Ça fait maintenant quasiment deux ans que je me lève tôt pour aller travailler, c'est dur, je ne me suis jamais vraiment habituée à ce rythme effréné. Je ne suis pas spécialement une fainéante mais le sommeil est sacré chez moi. Je suis un gros Ronflex qui a besoin de onze heures de sommeil quotidien pour péter la forme. Sans ça, je me zombifie pour le restant de la journée. En d'autres termes, je suis crevée.
Y aura toujours des rageux pour venir me dire «Mais t'avais qu'à te coucher avant, gnagnagni, gnagnagna». Alors, okay, je veux bien faire un effort pour aller dormir plus tôt mais c'est juste pas possible dans mon cas. Pour qu'on puisse vendre notre poisson aux premières lueurs du jour, on doit forcément l'avoir pêché avant. Mon père s'en charge, comme toujours, il travaille toute la nuit à remuer les mers pour attraper les quelques crustacés pas bien dégourdis. Il rentre au port vers 5h30 pour rentrer se coucher et reprendre son travail l'après-midi. Et ouais, c'est dur la vie de pêcheur.
Jusque là, ça ne me concerne pas trop. Sauf que «qui doit décharger la cargaison pour tout bazarder au marché ?» C'est bien moi. Je me lève vers 4h50, parfois un peu plus tard, pour être certaine de ne pas manquer l'arrivée du bateau. C'est-à-dire que si je devais vraiment prendre mes onze heures de sommeil, je devrais me coucher à 18h50. Ce n'est juste pas possible.
D'ailleurs, je vais bientôt devoir filer au marché pour tout vendre. Allez, je m'accorde encore cinq petites minutes de balades avant d'aller au boulot. Ça m'étonnerait de toute façon qu'il y ait des clients qui se lèvent à cette heure pour avoir du poisson... Et si oui, bah tant pis. Ils n'ont qu'à attendre un peu. Ils sont un peu cons de venir si tôt.
Je me promène sur la plage en attendant, c'est agréable à cette heure-ci. L'obscurité de la nuit est encore présente bien que le ciel commence à s’éclaircir timidement. Je peux observer des tas de petites créatures mignonnes crapahuter autour de l'eau. Des Corayon, des Sovkipou et même des Nounoursons qui font trempette sur le bord de la plage. Y a un Raichu-surfeur qui utilise ses pouvoirs télékinésiques pour enchaîner des figures là-bas au loin dans les vagues. Il a du talent, bien plus que certains humains ! Il y a aussi de gros trucs volants comme des Yanmega, je n'aime pas trop ces bêtes là par contre.
Je viens souvent me promener au bord de mer au point du jour. J'aime avoir une vie animée, je ne peux pas dire le contraire. Blablater avec les gens, discuter avec les voisins, faire les magasins le soir, j'adore ça, c'est vraiment quelque chose que j'ai ancré dans les veines. Mais quand tu enchaînes ça sans arrêt, ça fatigue de ouf. Le nombre de fois que je rentre chez moi avec un mal de tête pas possible doit avoisiner les trois cents jours par an. Alors une petite balade au calme au bord de l'eau me fait de temps en temps du bien. La mer m'a toujours apaisée d'aussi loin que je me souvienne.
Les légendes disent que c'est Kyogre qui a créé les océans. Si cela est vrai, Kyogre doit alors être un Pokémon fort maléfique. Il a déjà rasé par le passé les côtes de villes entières en envoyant des vagues en crescendo pour briser les habitations. Nous autres pêcheurs, on a bien compris qu'il ne fallait pas attirer l'ire du créateur des eaux mais les citadins eux n'en ont plus conscience. Ils se fichent de plus en plus des légendes locales. A leurs risques et périls mais ça va mal se terminer. Les mythes racontent que si Kyogre n'éprouve plus d'estime pour un peuple humain, il engloutira toute leur région dans l'océan. C'est ce qui est arrivé au Peuple de la Mer, une population sans terre natale qui vit aujourd'hui sur l'île de Poni, une île quasiment inhabitée à l'est de la région. Ils vivent en paria de la société Alolaise, personne ne les accepte vraiment, moi comprise. Ils sont dangereux. Et puis, s'ils ont eu leur région engloutie, c'est qu'ils ont fait du mal à Kyogre.
Pour éviter de connaître le même sort que ce Peuple, je viens saluer la mer en la remerciant pour tout ce qu'elle nous offre au quotidien. Je vais devoir lui dire bonjour demain d'ailleurs. Mon padre veut que je l'accompagne une nouvelle fois sur le bateau car maman est tombée un peu malade (ou alors elle fait semblant ce qui est malheureusement possible). Je sens qu'il va encore m'engueuler si je fais la moindre erreur. Brrrrrr. Si seulement il pouvait avoir un meilleur caractère, j'accepterais volontiers de l'accompagner plus souvent.
Ça va être ultra-relou. J'ai hâte que la saison des tempêtes commence, au moins on ne pourra plus monter sur le bateau. Et puis, qui dit saison des tempêtes dit aussi la fête annuelle de Lili'i ! C'est dans plus si longtemps. Ça va être enfin l'occasion de danser, de s'amuser, de faire la fête tout le long de la nuit. C'est que j'ai besoin de souffler un peu moi après tout le travail que je fais.
Bon, il va être le temps d'y aller d'ailleurs. Je soupire. La nuit s'efface au profit du soleil levant, c'est le petit matin. Je lance un dernier regard vers les horizons marins avant de quitter plage. Ma moto est garée juste sur la digue, il me faut moins de trois minutes pour gagner le marché.
Arrivée là-bas, je remarque que comme d'habitude, je suis la première commerçante à y être. Il y a encore des Rattatta et de gros Rattattac un peu partout. Ksh Ksh. Je les aime bien, ils sont drôles. Ils s'entendent bien avec Darumarond en plus. Mais snif, snif... Pouah ! Ça pue la cocaïne ici. Les trafiquants ont encore passés toute une nuit à se shooter ici. Ils me gavent, ils pourraient faire ça autre part qu'ici. Qu'ils continuent à faire leur racaille ailleurs. Y a de plus en plus de problèmes avec les dealers dans le coin. Ils ne me dérangent pas vraiment mais qu'ils se fassent discret quoi. On n'a pas envie de plonger dans leurs emmerdes.
J'installe ma petite échoppe par terre un peu dégoûtée par l'odeur. Bras croisés sur mes genoux, je couche ma tête sur les bras. Attendre les badauds, c'est bien mais faire une pause dodo, c'est mieux ! Un petit somme me fera pas de mal même si je sais que quand Raphaël va arriver, il va me réveiller.
Comme prévu, le marchand d'épice me secoue une vingtaine de minutes plus tard après avoir installé lui aussi ses affaires sur le sol. J'ai l'esprit encore un peu embrumé mais je lui arrache un sourire amical. Je l'aime bien, il est plus âgé que moi mais il me reste très sympathique et il raconte toujours des choses assez intéressantes. Il fait preuve de beaucoup de bon sens et d'un esprit assez terre-à-terre sur le monde qui nous entoure.
Je l'interpelle.
- Hé, tu as des nouvelles de ce qu'il se passe à Poni ?
Il reste un moment sans rien dire en regardant au loin. J'ai cru qu'il ne me répondrait pas.
- Pas bonnes, pas bonnes, finit-il par dire. Les autorités semblent très inquiètes.
Je me mords les lèvres ¡ Merdia ! L'air grave de mon partenaire m'inquiète. Je regarderai les infos ce soir à la télé en rentrant chez moi. Je flippe un peu, je crains le pire.
Darumarond vient se coller à moi comme à chaque fois qu'il me voit angoissée. Je lui souris et je le prends dans les bras. Merci choupinet, heureusement que t'es là quand même, je me sentirais un poil seule sans toi. Je lui fais des papouilles en attendant que les clients arrivent.
Ceux-ci se succèdent à longueur de journée. Il y a foule aujourd'hui comme à chaque vendredi. C'est le weekend demain, les gens viennent faire leurs provisions pour pouvoir rester chez eux les deux jours qui suivent. Je vois toutes sortes de têtes mais je les connais tous. Ce sont toujours les mêmes qui reviennent acheter et papoter avec moi. C'est pratique, je connais tous les ragots de l'île. Je sais qui sort avec qui, qui s'est disputé avec qui, qui s'est marié, qui a trouvé un travail, qui est mort,... Je connais tout. Si un jour un agent de police veut obtenir des informations sur quelqu'un, c'est vers moi qu'il doit se tourner. Je suis une mine d'or en rumeurs diverses.
J'aperçois au loin le gars qui s'est fait piqué par le Dardargnan l'autre jour. Comment il s'appelle encore ? Sean ? Non.... Sergio ? Un truc du genre. Chen ? Ouais, ça devait être ça. Cheno peut être, je crois que ça finissait par un o. Mais grrr, il ne vient pas vers moi. Il va chez cette stupide marchande de poffins.
- Hé, Cheno, cheno ¡ Hola ¡ Tu n'viens pas acheter mon poisson aujourd'hui ?
Il vient vers moi tout penaud.
- Salut... Mon Motisma-Dex voulait des Poffins mais la vendeuse ne comprend pas un mot d'Unysh.
- C'est intolérable, réplique le premier concerné. C'est affreux, abominable, apocalyptique ! C'est la troisième fois qu'on vient ici et c'est la troisième fois que je n'ai pas droit à des Poffins. Mon dresseur est d'une nullité incroyable. Je devrais le remplacer.
Je rêve où c'est un Pokémon qui parle ? Je me tourne vers l'étrange petit bidule qui lévite dans les airs.
-T'es le Pokémon qui a battu le Dardargnan ¿ verdad ? Je ne savais pas que tu étais capable de parler le langage des humains. C'est la première fois que je vois ça.
- C'est bien normal, répond le Motisma visiblement très fier de lui, je suis une personne tout à fait remarquable. Je suis une intelligence supérieure, pas l'une de ces vulgaires petites créatures minables qui se soumettent à leur maître humain.
La remarque ne plaît pas à mon choupinet qui fronce les sourcils à l'égard du curieux Pokédex.
- Un Darumarond, tiens. Misère, encore un Pokémon bien répugnant qui offre son corps jusqu'à ses crottes aux humains.
- Jajaja, t'as la langue bien pendue pour une si petite créature.
- Je suis désolé, il est toujours comme cela, me répond son dresseur.
Je lui fais un signe de la main pour dire laisse tomber.
- Au fait, tant que vous êtes là, vous voulez acheter l'un de mes poissons ?
- Si tu as encore des Ecayons, pourquoi pas mais je n'en ai pas forcément besoin.
- Des Ecayons ? J'en ai plus, lui dis-je en haussant les épaules, il y a eu beaucoup de clients aujourd'hui.
- Oh ce n'est rien...
Un blanc s'installe dans la conversation. Je ne sais pas trop quoi lui dire. On se fixe quelques secondes sans que ni l'un ni l'autre ne se daigne à remuer ses lèvres. On finit par se sourire de gène tous les deux à peu près au même moment. Un rire d'embarras s'étouffe dans ma gorge. Je vois qu'il s'apprête à partir, je l'arrête, une idée vient de me germer l'esprit.
- Attends, tu fais un truc demain vers 14h ? Mon père m'a demandé de l'accompagner pêcher en mer. Si ça te dit, tu peux toujours venir avec moi, ça peut être marrant... Et tu auras des Ecayon tout frais.
Il semble impassible, peut être pris au dépourvu. Qu'est ce que je peux lui dire ?
- Je n'ai pas envie d'être toute seule sur le bateau, finis-je par dire. Si je suis accompagnée de quelqu'un, jamais mon padre n'osera m'engueuler ou être désagréable. Surtout devant un étranger. Donc voilà, tu comprends ?
- Euh... Je ne sais pas... Dit-il d'un air qui me parait pensif. C'est vrai que je ne fais normalement rien grand-chose alors pourquoi pas... Il faut voir si je ne fais rien.
- Allez, ça va être drôle. En plus, je suis sûre que tu n'as jamais vu comment on pêche du poisson. Tu apprendras un truc, ça sera intéressant pour toi. On se donne rendez-vous ici et je conduis au port. Tu seras rentré chez toi au soir hein, t'inquiète pas.
- Non, non mais il n'y a pas de problème avec ça. Il faut que je prévienne mes parents, c'est tout.
- Je t'attendrai demain à 13h30 ici. Si tu n'es pas là, je pars sans toi. Mais je préférais que tu viennes, ça serait cool. Je compte sur toi hein. Allez, bonne journée... Et à demain.
***
Motisma-Dex
Mais je rêve ? Shéro part du marché sans même être retourné au magasin de Poffin. Il va m'entendre, ça c'est sûr. Trois fois qu'il me dit qu'il va m'acheter des Poffins, trois fois qu'il ne le fait pas. Quelle déception. Et qu'il ne me ressorte pas l'excuse de «Oui mais la marchande ne me comprenait pas ». Tu prends ce que tu veux dans le panier et elle verra bien ce que tu comptes acheter. Elle ne va pas te laisser partir sans payer, il ne faut pas s'inquiéter pour ça. Ce sont des vraies Vaututrice les commerçantes, elle t'arrachent tout ton portefeuille jusqu'à tes os.
- Hé Shéro, mes poffins ! Tu ne les aurais pas oubliés par hasard ? Shéro !
Il semble un peu décontenancé
- Euh oui vieux mais attends, il y a plus urgent. Je fais quoi moi ? Tu crois que je devrais aller avec elle ou pas ? Je suis jamais monté sur un bateau alors je ne sais pas trop...
Je cabriole dans les airs en l'observant.
- Est-ce une raison pour ne pas m'acheter des Poffins ? Vas-y sinon je fais un caprice.
Mon dresseur lève les yeux au ciel en soufflant du nez puis finit par faire demi-tour. Je ne comprends pas comment il fait pour encore m'obéir. Normalement, ce sont les humains qui commandent les Pokémon, pas l'inverse. Mais, il faut croire qu'il me considère comme un «ami». C'est réciproque, j'ai fini par accorder mon attachement amical à ce petit Shéro. Nous sommes comme les deux doigts d'une même main. Il m'ordonne mes actions durant un combat mais, de l'autre côté, dans la vie quotidienne, c'est moi qui le conseille sur la démarche à suivre. Après tout, la médiocrité humaine oblige ma très incroyable personne à dicter le comportement le plus adéquat à adopter. C'est que je suis un bon dirigeant. Qui sait ? Peut être que d'ici quelques années, je deviendrai le premier roi établissant une dynastie sur l'ensemble du monde.
- Mais donc Moti, je ne sais vraiment pas quoi faire. Car d'un côté, la mer, ce n'est pas mon truc mais c'est si rare que je fasse un truc alors je ne sais pas. Tu crois que mes parents seront okay pour ça ?
Mais pour l'instant, je dois obéir à cet humain dont je me suis malheureusement un peu trop attaché. Adieu rêves de grandeur et de domination.
- Tu as dix-sept ans Shéro. Même si tes parents ne sont pas d'accord, je crois que tu peux outrepasser leur décision sans en avoir honte. Et puis, si tu veux l'avis de mon intelligence supérieure, ta mère n'en a grand-chose à faire que tu te balades à gauche à droite.
- Ouais mais ce n'est pas ça. Je ne sais pas si j'ai envie d'y aller en fait, c'est loin et... Voilà. Mais dans un sens... Euh...
- Dans un sens quoi ?
- Bah, ça peut être cool, peut être. Enfin je crois.
«Je n'ai pas envie d'y aller» mais «ça peut être cool... Enfin, je crois». Saperlipopette, mais c'est que c'est très confus tout ça. Le problème avec les gens indécis c'est que même quand tu leur demandes ce qui ne va pas, tu ne sais pas ce qu'ils pensent vraiment tellement ils ont du mal à affirmer une position. Mon dresseur n'échappe malheureusement pas à la règle. Alors, en tant que bon petit Pokémon de compagnie, je dois deviner à sa place ce qu'il pense.
A quoi peut-il bien penser ? Hum... Je pense qu'il n'est de base pas vraiment à l'aise à l'idée de faire quelque chose d'imprévu.. Devoir s'apprêter, planifier, se préparer, ça doit retourner l'estomac d'un timide pareil. La flemme doit également le décourager. Il n'ose cependant pas refuser d'une part car il n'ose pas refuser tout court. Je pense qu'il y a autre chose aussi. Je le connais depuis un bon bout de temps Shéro maintenant, j'ai compris un peu comment il fonctionne. Il ne veut jamais aller quelque part mais, s'il ne le fait pas, il le regrette. Alors, il est toujours tiraillé entre le risque et le regret. Ses inquiétudes le mènent souvent à l'indécision la plus totale ce qui oblige souvent les autres à décider à sa place.
- Fais comme tu veux mais fais attention à ne pas le regretter. Sinon, tu vas t'en vouloir pendant plusieurs jours et je vais devoir te soutenir moralement ce qui va me coûter de l'énergie que je n'ai nullement envie de dépenser.
- Ouais... C'est vrai si je n'y vais pas, j'ai peur d'un peu le regretter.
Je le sais bouffi, c'est pour ça que tu m'as demandé mon avis.
- Tout est au mieux dans ce cas ! Les jeux sont faits Shéro, alea jacta est comme disait l'autre. Tu vas accompagner Nyx dans sa petite croisière, tu vas bien t'amuser mais tu vas surtout m'acheter une montagne de Poffins à partir de maintenant !
- Non mais attends, rien n'est décidé, je ne sais toujours pas si j'y vais !
Qu'il est énervant.
- Flûte, flûte, flûte et reflûte ! J'en ai marre à la fin ! Donne moi une bonne raison d'encore hésiter, seulement UNE. Et ne me sors le «Hohoho j'ai peur de l'eau». Tu n'es jamais monté sur un bateau ! JAMAIS ! Tu en as fichtrement aucune idée de ce que ça fait de monter sur un plancher qui tangue. Qui sait ? Ça va peut être te plaire. Peut être que si tu étais un vrai homme, tu serais capitaine... D'un bateau vert et blanc. D'une élégance rare et plus fort que l'ébène... Pour les trop mauvais temps. Tu m’emmènerais en voyage voir les plus beaux pays du monde. Tu me ferais l'amour sur la plage en savourant...
Il écarquille les yeux.
- Que ? Que ? Quoooooi ?
- ... Rien. C'était une métaphore pour te dire que ça doit être fort chouette de piloter un bateau. Tu ne trouves pas ?
- Euh... Si si, répond-t-il d'un air fort dubitatif.
- Et bien alors malheureux, une demoiselle te demande de venir avec elle pour te relaxer sur son bateau et tu oses encore hésiter ? Ah, et aussi, ne t'imagine pas d'être dans une série policière. Si elle avait voulu te kidnapper ou quoi que ce soit, elle l'aurait déjà fait quand elle t'a conduit à Lili'i.
Mon dresseur reste bouche bée n'ayant visiblement plus rien à en redire. Héhé, je suis trop fort, je le connais vraiment trop bien. Je suis comme un escrimeur dans les romans de Kalos, je fais mouche à chaque nouvel argument.
- Donc... Donc j'y vais ?
- Oui oui oui. Trois fois oui. Une petite traversée en bateau ne peut pas te faire de mal. Et je pourrais cabrioler un peu partout en montrant à la terre entière que je suis le roi du mooooonde.
- Très bien, c'est décidé.
Là-dessus, il s'encoure vers la vendeuse de poissons. Je n'ai même pas eu le temps de le retenir. Quelle tragédie. Mes Poffins vont devoir encore attendre. Je les observe de loin, stoïque.
- C'est okay pour demain ! Je viendrai, lui dit-il d'une voix entrecoupée.
La jeune fille reste quelques instants figée l'air amusée.
- Super, à demain alors ! Finit-elle par susurrer.