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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 06/08/2017 à 09:18
» Dernière mise à jour le 09/01/2020 à 15:42

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 324 : La rancoeur et les ombres
Lyre se baladait tranquillement dans la ville d’Algatia, alors même que la bataille se poursuivait, autant au sol que dans les airs. Après avoir « conseillé » à Mavarice de quitter le vaisseau-mère du Grand Empire pour aller s’amuser dehors, elle avait elle-même quitté le vaisseau en s’adjoignant une escorte composée de dix hommes de Vilius. Ils n’étaient pas censés lui obéir, mais ils n’avaient pas eu leur mot à dire pour le coup, vu que Lyre les avait touchés avec sa main gauche. En bon cadavres qu’elle contrôlait comme des marionnettes, ils étaient devenus de parfaits gardes du corps. À chaque fois que Lyre passait devant un cadavre, qu’il soit de la Confédération ou de la Garde Noire, elle se l’appropriait, et c’est avec une petite armée de zombies qu’elle se rendait au quartier général de la Confédération.

Le commandant Vaork de la Garde Noire, reconnaissable à son armure rouge et à son marteau géant, était toujours en train de se battre avec Zeff Feurning. Ils semblaient prendre leur pied, sans se soucier de tout ce qui se passait autour. Il aurait été impoli de les déranger. Lyre transforma quand même en zombies sans âme les Gardes Noirs qui étaient tombés sous les coups de Zeff à l’entrée de la base. Devant la porte explosée, Lyre s’arrêta. Elle pouvait sentir de là la présente repoussante, pleine d’innocence, de cette usurpatrice d’Eryl Sybel. La Pierre des Larmes faite de chair et de sang. Pour une servante d’Horrorscor comme Lyre, qui était en plus une Enfant de la Corruption, la proximité d’Eryl lui donnait envie de vomir.

Elle la détestait pour de nombreuses raisons. La première était bien sûr parce qu’elle lui ressemblait en tout point. Il y a quinze ans, quand Silas était encore un apprenti Gardien de l’Innocence sous les ordres du père de Lyre, le légendaire Premier Apôtre Dan Sybel, il avait découvert ses pouvoirs lui conférant cette fabuleuse aptitude à donner vie à tout ce qu’il pouvait imaginer. Lyre, alors une fillette de huit ans, avait été séquestrée par le Marquis des Ombres de l’époque, qui n’était autre… que sa propre mère, Marine Sybel. Dan et Silas étaient venus la récupérer. Dan avait enfin réussi à trouver la Pierre des Larmes, et s’était enfin résolu à achever sa femme possédée par Horrorscor, qui n’avait plus aucun espoir de rédemption. Il y eu combat, et Lyre fut grièvement blessée.

À l’époque déjà, Silas était obnubilé par Lyre, la chère fille de son maître, et ne songeait qu’à la protéger. En la voyant donc aux portes de la mort, il avait perdu le contrôle de ses pouvoirs. Et c’était juste au moment où il tenait la Pierre des Larmes dans sa main, suite à un concours de circonstances. Son désir de revoir une Lyre en bonne santé s’était mêlé à la Pierre des Larmes. L’imagination avait rencontré le réel, et la Pierre des Larmes s’était changée en une copie conforme de Lyre. Celle que Dan Sybel avait fait passer pour sa fille, en la cachant dans son village natal… et qui aujourd’hui était la reine de cette si piteuse Confédération et qui se prenait pour la réincarnation d’Erubin !

La réincarnation, c’était sans doute exagéré, mais Eryl avait clairement une part d’Erubin en elle, vu qu’elle était issue de la Pierre des Larmes, elle-même issue d’Erubin. Et Lyre, qui était née d’une mère possédée par Horrorscor, avait en elle une part du Maître de la Corruption, ce qui lui conférait son titre d’Enfant de la Corruption et ses pouvoirs visant à contrôler la mort. Lyre et Eryl avaient beau être identiques physiquement, chacune était la parfaite antithèse de l’autre. Lyre aurait adoré la tuer aujourd’hui même, mais le Marquis avait visiblement des projets pour elle, et la voulait vivante.

C’était donc la raison de la venue de Lyre à Algatia aujourd’hui. Elle devait la capturer et la livrer au Marquis. Et par la même occasion, le Marquis lui avait également demandé d’accéder aux souhaits de Lady Venamia en lui ramenant Erend Igeus et le jeune prince Julian, qui étaient le but de cette attaque contre Algatia et de cette alliance temporaire avec la Garde Noire. Lyre ne comprenait pas bien pourquoi ils devraient aider cette femme à lui ramener son marmot, ni pourquoi elle voulait Igeus en vie plutôt que sa tête. Venamia devra disparaître un jour ou l’autre, au final. Quand le temps sera venu de la résurrection du Seigneur Horrorscor, les morceaux d’âmes de ce dernier devront tous être au même endroit, à savoir dans le corps du Marquis. Le maître de Lyre devra inévitablement éliminer Venamia pour s’emparer de son morceau d’âme.

Mais bon, il avait visiblement ses raisons de garder Venamia comme alliée pour le moment, aussi Lyre devait obéir et lui ramener Igeus et Julian en plus d’Eryl. Normalement, c’était à la Garde Noire de le faire, mais Lyre ne se faisait pas d’illusion. Le peu de guerriers qui avaient réussi à pénétrer dans la base allaient se faire laminer en peu de temps, que ce soit par Igeus lui-même, ou par ce Pokemon qui lui servait de bras droit, Imperatus.

Au moins, la Garde avait ouvert le passage à Lyre. Elle devait maintenant se dépêcher. Les renforts de la Confédération n’allaient pas tarder, et Lyre aurait quelque problèmes si ce Mewtwo ou Lance débarquaient alors qu’elle était encore là. Car en dehors de son pouvoir qui tuait et réanimait les cadavres à volonté par le seul toucher de ses mains, elle était une humaine tout ce qu’il y avait de plus normal, et n’était absolument pas apte à combattre un Pokemon surpuissant ou un Maître G-Man.

Les murs éventrés et les cadavres au sol, ci et là, des deux camps, montraient bien l’étendu de l’affrontement. Lyre pouvait entendre les coups de feu un peu plus haut, signe que la Garde Noire était toujours en train de se frayer un passage vers le centre de commandement. Igeus devait sûrement se trouver là-bas, mais ce n’était certainement pas le cas d’Eryl et du prince Julian. Igeus les avait sans doute enfermés à double tour dans ses quartiers avec une protection maximale. Elle décida donc de laisser Erend à la Garde Noire et de suivre la présence repoussante d’Eryl. De toute façon, Igeus possédait le Pokemon Légendaire Triseïdon, et Lyre n’avait rien pour se battre contre ça.

Quand elle parvint à l’étage où devaient se trouver les quartiers royaux, une bonne dizaine de soldats de la Confédération se postèrent face à elle et ouvrirent le feu. Lyre plaça d’un ordre mental ses cadavres ambulants devant elle pour qu’ils lui fassent bouclier de leurs corps. Comme ils ne ressentaient ni peur ni douleur, ils submergèrent bientôt très vite les soldats ennemis, et Lyre put à leur tour les tuer et les transformer en soldats sans âme.

Elle en croisa d’autres, jusqu’aux appartements royaux, de telle sorte que quand elle parvint jusqu’à Eryl, elle avait une véritable armée de zombies avec elle. Comme prévu, Julian était là. Eryl le serrait dans ses bras comme pour le protéger. Et il y avait un Pokemon aussi, majestueux dans sa robe florale, une épaisse épine lui servant d’épée. Lyre ne l’avait encore jamais vu, mais elle reconnut en ce Pokemon Imperatus, la fidèle conseillère et protectrice d’Igeus. Ce Pokemon avait une présence tout aussi nocive pour Lyre qu’Eryl, du fait de son type Fée. Mais ce n’était pas ça seulement. Ce Pokemon possédait visiblement une puissance anormale. Il pourrait être très dangereux.

- Votre Majesté, fit ironiquement Lyre en s’inclinant devant Eryl. Comme on se retrouve. La dernière fois, c’était à Dolsurdus non ? Je venais de te révéler ta vraie nature. Tu ne l’avais pas très bien accepté, à l’époque. C’est chose faite à présent je vois. Je me doutais que tu attraperais la grosse tête, mais pas au point de te déclarer reine et réincarnation d’Erubin…

Le regard qu’Eryl lui lança était tout sauf innocent. Ça rassura un peu Lyre. Cette fille avait beau avoir une partie d’Erubin en elle, elle demeurait humaine, avec un esprit humain et donc tous les péchés y avenant, dont la colère. Elle semblait détester Lyre de la même façon que Lyre la détestait, chacune voyant un reflet distordu de l’autre.

- Solaris avait fait exploser votre base, qui s’est écroulée sur vous, dit-elle. Comment as-tu survécu ?

- Va savoir…

C’était bien sûr le Marquis qui l’avait sauvé alors. Quelque chose d’aussi bassement matériel comme des tonnes de roches s’écroulant sur lui ne pouvait l’inquiéter.

- Je suis venue pour toi, poursuivit Lyre. Le Marquis te veut, bien que ses raisons m’échappent. J’embarque le gamin aussi. Sa mère a hâte de le retrouver.

- Je ne reviendrai pas chez maman ! Protesta l’enfant aux cheveux lavandes. Maman est méchante !

- Tu m’en diras tant. J’ai du mal à la supporter, moi aussi.

Imperatus s’avança, l’air pas commode.

- Je crains de ne pouvoir autoriser cela. Je sens une présence si noire en toi, comme si tu étais toi-même possédée par Horrorscor…

- Je n’ai pas de morceau d’âme en moi, contrairement au Marquis ou à Venamia. J’ai juste une partie de son ADN, comme si le Seigneur Horrorscor était un peu mon second père. C’est ce que sont les Enfants de la Corruption, des espèces de G-Man d’Horrorscor, dont les pouvoirs dépassent même ceux du Seigneur Horrorscor lui-même.

- Si tu es la vraie fille de notre père Dan, comment cela est-il possible ? S’exclama Eryl.

- Oh, tu ne le sais sans doute pas… En fait, après Funerol, c’était ma mère Marine qui est devenue Marquise des Ombres. Je suis venue au monde alors qu’elle était possédée, ce qui fait que j’ai hérité d’une partie du Seigneur Horrorscor.

Comme prévu, le visage d’Eryl se congestionna de surprise et d’horreur.

- C’est impossible… Maman… une Marquise…

- Exactement. Tout cela par la faute de mon père, bien sûr. Il a caché ce détail à ses amis Gardiens avec la complicité d’Oswald Brenwark. Il pensait pouvoir la sauver tout seul en trouvant la Pierre des Larmes. Et le résultat, ce fut ta création. Au final, papa et maman se sont entre-tués, et Silas et moi avons été recrutés par l’actuel Marquis, tandis que es restée cachée dans le village natal de papa, élevée par son frère.

Lyre ne put retenir une note de rancœur dans sa voix tandis qu’elle racontait tout ça. Ce n’était pas la faute d’Eryl bien sûr, mais Lyre avait trouvé en elle quelqu’un à blâmer pour tout ceci.

- Dès ta création, papa n’avait plus que toi à l’esprit, reprit Lyre avec hargne. Il te voyait comme une seconde Erubin, un signe du destin, un symbole de sa victoire future contre la Corruption. Il a fait comme si tu étais sa propre fille, et c’est toi qu’il a choisi de mettre à l’abri, tandis que moi, la chair de sa chair, j’étais toujours menacée par les Agents et ma propre mère ! Toi, une usurpatrice, un monstre même pas humain, une erreur de la nature, tu m’as volé tout l’amour qui aurait dû me revenir, tandis que j’étais relégué au rang de chose inutile !

Eryl secoua désespérément la tête.

- Ça ne peut pas être vrai ! J’ai quelques souvenirs de père, et je suis sûr qu’il n’aurait jamais abandonné sa fille ! Il devait t’aimer de tout son être ! C’est obligé !

- Il a choisi de me faire grandir sans personne quand il a décidé d’en finir avec maman en mettant sa propre vie en jeu, répliqua Lyre. Et c’est ce qui s’est passé. Je n’avais plus personne. Oswald Brenwark connaissait ma nature d’Enfant de la Corruption, et n’a évidement rien fait pour s’occuper de quelqu’un comme moi. Les Gardiens de l’Innocence, les fameux amis de papa, m’ont rejeté comme une pestiférée. Tous, sauf Silas, qui lui aussi était mis à l’écart, en raison de l’identité de son véritable géniteur, à savoir l’ancien Marquis Funerol. Et c’est ainsi que tous deux, enfants d’anciens Marquis, nous sommes allés là où nous avions réellement notre place : aux cotés du Marquis des Ombres. Il nous recueilli, nous a élevé comme ses propres enfants !

- Qui est-il ? Demanda Eryl. Qui est l’actuel Marquis des Ombres ?!

- Ça te travaille hein ? Sourit Lyre. Eh bien, viens donc avec moi sans faire d’histoire. Je t’amènes à lui justement, tu pourras lui demander à personne.

Si Lyre pavoisait, c’était qu’en réalité, elle ignorait elle aussi qui était son maître. Il n’avait jamais retiré son masque en sa présence. Lyre soupçonnait Silas de le savoir, lui, mais au final, elle s’en fichait un peu. Le Marquis était le Marquis, c’est tout. Le seul à lui avoir montré de l’intérêt, même un certain amour. Le seul qui s’était occupé d’elle. Et le seul à mériter sa loyauté !

- La reine n’ira nulle part, répliqua Imperatus.

Son aura de plante fut telle que l’attaque Champ Herbu, qui recouvrit le sol de la pièce de végétation, fut lancée d’elle-même. Lyre était prête. Elle ne pourrait pas éviter la confrontation avec ce Pokemon. Sa mort serait même un plus, étant donné la volonté du Marquis d’éradiquer tous les Pokemon de type Fée de la planète. Lyre abaissa le bras, et aussitôt, sa horde de cadavres ambulants se jeta sur Imperatus. Cette dernière les trancha à tour de bras, mais leur surnombre accula bientôt la Pokemon. Ils la mirent à terre comme le porteur du ballon dans un match de rugby, et commencèrent à la déchiqueter méthodiquement, arrachant ses feuilles et déchirant ses membres.

C’est alors qu’un jet de lumière toucha de plein fouet les zombies, qui pour la première fois parurent ressentirent de la douleur. Certaines parties de leurs corps en contact avec cette lumière se transformèrent en poussière. Ils reculèrent tous, alors que Lyre ne leur avait donné aucun ordre en ce sens. La lumière était partie du corps d’Eryl, qui avait autour d’elle une aura d’innocence qui fit frissonner Lyre. Son propre corps, composé en partie des gênes d’Horrorscor, lui hurlait de s’éloigner le plus possible.

Lyre savait que si Eryl la touchait, ou projetait son infecte lumière sur elle, elle ne s’en sortirait pas indemne. Et ses zombies étaient inefficaces contre elle. L’Enfant de la Corruption serra les dents, embêtée. Elle n’avait pas imaginé qu’Eryl puisse se servir de la puissance d’Erubin. Elle ignorait même que c’était possible. Et si c’était vraiment le cas, elle devenait très dangereuse pour le Marquis, et donc pour le Seigneur Horrorscor. Alors qu’Imperatus se relevait, assez mal en point après l’attaque des cadavres mais non moins déterminée, Eryl s’avança de façon menaçante vers Lyre, qui n’arrivait plus à contrôler ses zombies du fait du brouillage que provoquait cet aura d’innocence.

- Tu es le mal incarné, déclara Eryl, mais je peux lire dans tes yeux combien tu as pu souffrir dans le passé. Ce n’est pas ta faute si tu es née Enfant de la Corruption. Par respect pour nos parents, que j’ai moi aussi aimés, je te laisse une chance de te rendre. Ils ne voudraient pas que leur fille unique meure.

- Ne parles pas de ce que tu ignores, usurpatrice ! Cracha Lyre. En tant que Marquise des Ombres, mère m’a longtemps pourchassé pour faire de moi la prochaine hôte d’Horrorscor, qui aurait bien aimé avoir un corps d’Enfant de la Corruption pour lui. Quant à père, il se contrefichait de moi, seulement de sa précieuse Pierre des Larmes et de ses Gardiens. Je n’étais rien pour eux, et je n’ai absolument pas besoin de ta compassion ! Tu veux me tuer, reine de l’innocence ? Eh bien fais donc ! Montre-nous donc les fameux idéaux d’Erubin, de compassion, d’amour et de pardon !

Comme Eryl hésita, Imperatus décida d’agir elle-même, pour qu’Eryl n’ait pas à se salir les mains. Elle fit pousser des racines sous les pieds de Lyre pour l’entraver, puis attaqua avec son épée-épine. Son but avait été de transpercer Lyre, mais au dernier moment, une explosion de ténèbres jaillit entre son épine géante et l’Enfant de la Corruption. Du fait de son type Fée, Imperatus ne craignait pas les Ténèbres, mais cette attaque fut si puissante qu’elle fut quand même largement repoussée. Eryl les dissipa avec sa propre lumière divine, puis resta pétrifiée devant le nouvel arrivant.

Un individu venait de surgir du néant, et c’était lui qui avait usé de cette explosion noire. Grand, drapé d’un manteau sombre et richement décoré, la personne portait un masque blanc et un chapeau tricorne. Eryl l’avait déjà rencontré, à Dolsurdus, la Forteresse des Ombres, et aujourd’hui encore, sa sinistre présence faisait chuter de plusieurs degrés la température de la pièce, de même qu’elle baissait la luminosité ambiante. Eryl pouvait clairement sentir en lui, tel un cancer, la présence morbide du Maître de la Corruption Horrorscor.

- S-seigneur Marquis… balbutia Lyre. Pourquoi êtes-vous là ?

Le Marquis s’exprima avec sa voix étrange et inquiétante ; grave et résonnante, mais aussi avec une certaine dualité, comme si deux personnes parlaient en même temps, parfaitement synchronisées. Eryl aurait été bien incapable de dire si c’était la voix d’un homme ou d’une femme.

- J’observais de loin. Comme je m’y attendais, tu ne peux pas lutter contre cette fille. Le pouvoir d’Erubin coule en elle.

Lyre prit un air vexé et colérique.

- J’y serai arrivée, mon maître ! Cette usurpatrice a beau avoir une partie de son aura et de ses pouvoirs, elle n’est pas Erubin !

- Elle l’est bien plus que toi tu n’es Horrorscor, répliqua le Marquis. Fais silence et recule.

Lyre céda sa place à contrecœur, honteuse d’avoir forcé son maître à venir jusqu’ici, mais désormais certaine qu’Eryl allait se faire capturer. Le Marquis s’avança tranquillement vers elle, sans se soucier d’Imperatus qui tenta de l’embrocher avec son épine. Mais l’arme passa à travers le corps du Marquis, sans lui infliger aucun dommage. Pour empêcher Imperatus d’utiliser une attaque Fée qu’elle préparait, le Marquis leva deux doigts, et aussitôt le Pokemon fut entravé par son propre ombre qui avait pris vie et s’était enroulé autour d’elle. C’était là le pouvoir du Marquis : son contrôle des ombres, qu’il mettait à son service de la même façon que Lyre contrôlait les cadavres.

Julian, qui était resté plus ou moins courageux jusque là, se serra encore plus contre Eryl et commença à pleurer. La pression ténébreuse et glaciale qu’exerçait le Marquis était bien plus effrayante qu’une armée de zombies. Eryl hésita à faire un geste. Normalement, son touché aurait dû être mortel pour le Marquis des Ombres. Lui qui abritait l’âme d’Horrorscor, il ne pouvait pas supporter le contact de la Pierre des Larmes, et donc d’Eryl. Mais cette dernière avait déjà tenté de le tuer de la sorte, il y a un an, à Dolsurdus. Elle n’avait fait que le traverser, comme l’épine géante d’Imperatus venait de le faire. Comme si, au final, le Marquis des Ombres n’était rien d’autre… qu’un ombre.

Faute de mieux, elle refit jaillir de son corps la lumière d’innocence qui avait brûlé les zombies de Lyre et fait reculer cette dernière. Le Marquis s’arrêta un instant, avant de lever le bras et d’invoquer lui une nuée d’ombres qui alla vite recouvrir l’éclat d’Eryl. Elle tenta de lutter, de renverser la prédominance des ténèbres, mais son faible éclat fut très vite noyé par les nuages épais du Marquis, qu’elle n’arrivait pas à percer.

- Si tu avais été Erubin, ton éclat aurait facilement eu raison de mes ombres, commenta le Marquis. Mais tu n’es pas Erubin, n’est-ce pas ? Tu es une humaine artificielle qui découvre à peine son identité et son potentiel.

- Que… qu’est-ce que vous attendez de moi ? Demanda désespérément Eryl. Pourquoi me voulez-vous ?!

- Je vais seulement te faire reprendre ta forme d’origine. J’ai besoin de la Pierre des Larmes pour mes objectifs. Ne souhaites-tu pas redevenir ce que tu as toujours été ?

Redevenir la Pierre des Larmes ? Abandonner son corps et son esprit humain ? Eryl n’y avait réellement jamais songé, mais ça ne lui semblait pas différent du fait de mourir.

- N’essayez pas de donner des idées bizarres à Eryl, Votre Seigneurie, fit une nouvelle voix. Pour ma part, je la préfère bien plus comme ça qu’à l’état de caillou.

Eryl fut pendant quelque secondes rassurée et heureuse de voir Erend se tenir devant l’entrée, son trident de Triseïdon dans une main et Espérance, son épée à la lame blanche, dans l’autre. Mais quelque secondes seulement. Après revint l’inquiétude, la certitude que le Marquis des Ombres n’était pas un adversaire qu’il pouvait gérer. L’individu masqué se tourna lentement vers lui. Erend fit une parodie de révérence.

- Erend Igeus, Marquis, à votre humble service. C’est la première fois que nous nous rencontrons. J’ai été prévenu par ma sécurité d’une intrusion dans les quartiers de la reine, mais je ne m’attendais pas à vous voir en personne… avec un double d’Eryl en prime !

Il s’inclina galamment devant Lyre, qu’il n’avait jamais rencontré également, mais dont il savait très bien qui elle était.

- C’est gentil à une de nos cibles de venir directement dans nos bras, commenta Lyre. Seigneur Marquis, pendant que vous vous occupez d’Eryl, je peux me charger de ce type ? Venamia le veut aussi.

Le Marquis ne s’intéressa pas à Erend plus longtemps, comme s’il était indigne de son attention.

- Fais donc, et rapidement. Les renforts de la Confédération ne vont pas tarder.

- Dieu, que vous êtes froid, renchérit Erend. Vous êtes une espèce de noble non, si vous avez ce titre ? Moi aussi, je viens de ce milieu là. On doit pouvoir réussir à s’entendre, Marquis, ou du moins à se parler de façon civilisée.

Le Marquis l’ignorant totalement, Erend poursuivit son monologue.

- J’ai rencontré une de vos prédécesseurs y’a quelque années. Enysia, ça vous dit quelque chose ? Un joli brin de femme, mais d’un caractère épouvantable, avec un zeste d’égocentrisme. Elle voulait tuer Arceus et le remplacer comme déesse universelle de la création. Je l’ai transpercée avec cette même épée que je porte, et elle a explosé en petites lumières. J’ai bien envie de réitérer l’expérience sur vous…

Le Marquis ne répondit toujours pas, laissant Lyre et ses zombies encercler Erend. Ce dernier soupira, peu habitué à être snobé de la sorte.

- Bon, tant pis pour l’approche diplomatique.

Erend fit un balayage avec son trident, et des flots d’eau apparurent de nulle part, renversant le cercle de cadavres. Lyre vint à l’attaque en tendant sa main gauche mortelle, mais Erend l’aveugla en faisant briller Espérance, et il eut alors le champs libre vers le Marquis des Ombres. Il donna deux coups d’épée, un au ventre, l’autre au cou, et se servit aussi de Triseïdon. Mais rien ne marcha. L’épée et le trident se contentèrent de passer à travers le Marquis, sans le toucher. Erend essaya alors de le geler. Il planta son trident au sol, et fit apparaître un rocher de glace sous les pieds du Marquis, qui l’enveloppa totalement. L’individu masqué bougea néanmoins sans difficulté aucune, se déplaçant hors de la prison de glace comme si elle n’existait pas. Ou plutôt, comme si lui n’existait pas.

- Ça c’est fâcheux… grommela Erend.

Il avait entendu parler de gars qui se trouvaient à la fois dans cette dimension et dans une autre, comme Crenden, le scientifique de Venamia. De fait, on le voyait devant nous, mais toutes nos attaques allaient forcément lui passer à travers. Sauf que là, Erend était prêt à mettre sa main à couper que c’était différent. Le Marquis n’avait aucun pouvoir interdimmensionnel, c’était juste qu’il semblait naturellement immunisé contre ces attaques, comme quand on attaquait un Pokemon Spectre avec une attaque Normale. Il fallait prendre en compte qu’il avait en lui un morceau de l’âme d’Horrorscor, et que donc, tout comme Venamia, il bénéficiait d’une partie de ses pouvoirs, quels qu’ils soient.

En dépit de son immatérialité apparente, quand le Marquis lui attrapa la tête avec sa main gantée, Erend le sentit bel et bien, signe de plus, s’il en fallait, que le Marquis était bien physiquement là. Erend se sentit comme aspiré par le corps du Marquis, un vide béant de ténèbres, d’où il ne pourrait jamais ressortir. Pour se dégager, Erend fit sortir un geyser d’eau de Triseïdon en direction du sol, qui le propulsa contre le plafond. Il eut mal, mais ce fut préférable à ce que le Marquis lui réservait. Remarquant qu’Imperatus était entravée par des espèces de cordes noires, Erend fit briller Espérance pour les dissiper.

- Prends Eryl et Julian et filez, ordonna-t-il. Ce bougre va poser problème…

- Je peux me battre avec toi Erend ! Protesta Eryl. Je suis la Pierre des Larmes. C’est ce pourquoi j’existe, de combattre Horrorscor et ses hôtes !

- Si tu me dis que tu peux détruire ce gus masqué d’un claquement de doigt, je suis preneur. Mais sinon, tu es trop importante pour la Confédération pour que je laisse ces salauds t’embarquer.

Avec un sourire de défi à l’adresse du Marquis et de Lyre, il ajouta :

- Oui, chers corrupteurs. Eryl est à moi. C’est la reine qui unifiera mon pays, l’innocence qui unira mon peuple. Et Julian n’appartient plus à Venamia. Il sera le symbole d’autorité légitime qui soudera mon futur grand Etat Mondial !

Lyre secoua la tête, comme si Erend était fou. Pour la première fois, le Marquis fit montre d’un semblant d’intérêt pour Erend.

- Quelle ambition, quel désir de possession, fit-il. Il aurait été intéressant de voir ce que tu aurais pu accomplir si le Seigneur Horrorscor avait jeté son dévolu sur toi. Mais malheureusement, ce n’est pas le cas. Tu ne seras qu’un jouet temporaire entre les mains de Venamia, le temps que tout soit réglé et que je me charge de son cas.

Constatant qu’Imperatus n’avait pas bougé, voulant sans doute se battre aux cotés de son dresseur, Erend perdit patience et créa un mur de glace qui sépara la pièce en deux, avec Eryl et Imperatus d’un coté, et Erend et les ennemis de l’autre. Sauf que… Julian n’était plus du côté d’Eryl, mais juste à coté d’Erend. Il était venu près de lui, cherchant sa protection, sans que ce dernier ne le voit. Erend jura.

- Tu aurais dû rester avec Eryl et Imperatus, Julian…

- C-ces méchants n-ne me font p-pas peur !

Vu ses balbutiements, on pouvait en douter, mais au moins Erend ne pouvait pas remettre en cause son courage. Constatant qu’Imperatus avait enfin pris Eryl avec elle et qu’elles étaient sorties en détruisant le mur, Erend put souffler. En réalité, il n’avait pas besoin tant que ça d’Eryl pour la construction du pays de ses rêves, mais il craignait ce que le Marquis voulait en faire. Maintenant, il devait trouver un moyen de mettre Julian hors de leur portée, ce qui allait s’avérer problématique…

- Comment oses-tu barrer la route au Seigneur Marquis ?! S’indigna Lyre. S’il a décidé que la Pierre des Larmes serait à lui, elle est donc à lui. Tu ne fais que retarder l’inévitable ; ta fameuse Reine de l’Innocence tombera entre ses mains.

- Peut-être. Mais pas aujourd’hui. Pas sous ma protection. Et si je ne peux visiblement pas blesser ton Seigneur Marquis, je peux au moins me débarrasser de toi. Il n’y a nul besoin de deux Eryl en ce monde.

Il brandit son trident, mais Lyre fut plus rapide. En un bond digne d’un ninja, elle esquiva le jet d’eau et envoya en même temps deux de ses morts-vivant sur Erend. Il les découpa proprement avec Espérance, mais durant les deux secondes nécessaires à cela, Lyre s’était rétablie à coté de lui, et avait empoigné sa main avec la sienne. Erend sentit alors toute ses forces disparaître. En trois secondes à peine, ses jambes ne le portaient plus, sa vision devint floue, et il était sur le point de s’évanouir. Lyre le lâcha, mais Erend ne pouvait désormais rien plus faire. Il n’avait même plus la force de tenir son épée et son trident, qui tombèrent au sol. Si Lyre l’avait tenu deux secondes de plus, il serait sans doute mort.

- Erend ! Cria Julian.

- J’aimerai bien te transformer en cadavre et te ramener à Venamia dans cet état, siffla Lyre. Mais à ce que j’ai compris, elle veut s’amuser avec toi avant de t’éliminer. Tu regretteras bientôt que je t’ai lâché la main quelque secondes trop tôt !

Erend ne put résister quand Lyre ordonna à ses zombies de l’amener, pas plus qu’il ne put aider Julian quand Lyre l’attrapa par le col. Il ne put qu’espérer qu’au moins, Eryl et Imperatus s’en sortent, avant qu’il ne s’engouffre dans les ténèbres.