Chapitre 1 : La vie d'un expatrié
Shéro
- Allez chouchou, viens, sortir dehors ne va pas te tuer. Et surtout, traîne pas des pieds... Et ne tire pas la gueule... Allez, souris un peu. Voilà, nice ! Allez, viens maintenant !
Je vous présente ma mère. Une femme pétillante pour son âge mais surtout extrêmement lourde quand elle se met à courir après moi. Je l'aime bien entendu même si j'ai parfois beaucoup de mal à la supporter. Elle est cool, très cool, trop cool. Elle se fiche d'à peu près tout en s'enthousiasmant pour un rien. Alors, quand elle me propose quelque chose, j'ai beaucoup de mal à lui dire non. J'ai beaucoup de mal à dire non de façon générale de toute façon.
J'ai peut être hérité des gènes de sa chevelure blonde mais je n'ai en rien gardé les traces de son caractère. En tant que jeune homme de dix-sept ans, je suis autant réservé qu'elle est extravertie, autant casanier qu'elle aime s'aventurer un peu partout. Il est vrai que je suis plutôt solitaire et que je préfère me débrouiller seul. Ainsi, quand j'ai dû commencer à étudier par moi-même, ça ne m'a trop dérangé. Pas trop. Je retiens vite de toute façon. Je n'ai jamais eu de mal à l'école même si j'aurais pu avoir des meilleures notes en étudiant plus. Alors, la quitter ne m'a pas dérangé. J'apprécie plus ou moins ma vie actuelle.
Ah... Pardon. Vous ne devez plus rien comprendre. Excusez-moi, je recommence depuis le début. J'ai oublié un détail important. Je suis expatrié.
Mon père a travaillé longtemps comme chercheur au sein d'une organisation scientifique appelée Team Galaxie. Si ma mémoire est bonne, je crois qu'il devait chercher de nouvelles formes d'énergie utilisable afin de rendre le monde meilleur. Mon père est spécialiste dans les questions écologiques et c'est ainsi qu'il a été attiré par cette organisation qui s'intéressait de près à ces questions d'énergie nouvelle. C'est là-bas qu'il a rencontré ma mère, une jeune sbire très enthousiaste et très zélée dont il est vite tombée sous le charme. Ainsi, ma famille et moi-même, nous sommes originaires de la région de Sinnoh. Une région bien au nord qui connaît de grands épisodes neigeux. Je suis né là-bas et j'y ai vécu jusqu'à très récemment.
Mais notre petite vie tranquille a pris fin brusquement. Nous n'avons pas trop compris comment mais un jour, la Team Galaxie a été désigné comme organisation criminelle. Ses affaires ont périclité et mes parents se sont vites retrouvés sans emploi. Retrouver un travail dans la région s'est avéré être une tâche bien plus difficile que prévu. Il faut dire que l'organisation était accusée de crimes contre l'humanité, un motif lourd de sens qui n'a laissé personne indifférent. A chaque fois qu'ils ont voulu postuler pour un quelconque emploi, ils étaient immédiatement recalés.
Fort heureusement, quelques temps plus tard, la fondation Aether a décidé de contacter mon père. Celle-ci aussi a connu de graves remous en son sein et elle est depuis lors sous tutelle des Forces de Police Internationales. Mes parents ont tous les deux saisi l'opportunité et se sont engagés dans cette organisation luttant pour la protection de l'environnement. Après tout, cela fait aussi parti de leur souhait, améliorer le sort du monde dans lequel ils vivent !
Problème, le quartier général de la fondation se trouve à Alola, sur une île artificielle appelée Paradis Aether.
Cela n'a pas pour autant découragé mes parents qui n'ont pas hésité une seconde avant d'emménager à Alola et moi avec il y a un an de cela. Ils ont choisi la ville d'Ekaeka pour vivre, c'est la plus grande ville de l'île de Mele-Mele, c'est une cité très moderne pour la région.
Alola est surtout connue pour ses plages magnifiques mais il faut savoir qu'elle connaît depuis des décennies de graves problèmes politiques internes. La corruption sévit un peu partout tandis que les gouvernements successifs s'enchaînent au rythme des saisons. Le terme de république bananière convient parfaitement pour définir le régime qui est installé actuellement sur l'île.
Ainsi, les disparités sont visibles à l'oeil nu dans cette région réunissant le meilleur et le pire. Les grandes cités côtoient les petits villages, les pauvres marchands côtoient les riches mercantis, l'Unyssien international se mélange avec différentes palettes de dialectes où le sabir est communément employé pour que tout le monde puisse se comprendre entre eux.
Dans ce mélange de langue et de culture et avec ce climat politique instable, il a été hors de question pour mon père que j'aille fréquenter l'école publique Alolaise. Celle-ci est connue pour être de très mauvaise qualité avec des étudiants qui arrêtent leurs cours à à peu près chaque semaine souvent pour aider leurs parents à faire leur boulot (pêche, paysannerie, etc). La scolarité est obligatoire de six à douze ans ici. C'est certainement pour cette raison que l'école supérieure est de si piètre qualité.
L'école à la maison a été choisie pour cette raison. Je peux étudier à l'aise sans stresser ce qui me permet d'étudier pendant des heures (en fait, rarement mais j'aime bien dire à mes parents car ils le croient. De toute façon, ils travaillent h24 donc ils s'en foutent un peu). J'étudie surtout les maths car c'est la seule matière qui me pose vraiment des problèmes. L'histoire, la Pokémonomie, les Sciences, la géo... Tout ça, ce sont des trucs à apprendre par cœur. Une bonne étude à peu près régulière suffit à les maîtriser. Pour ce qui est de l'Unyssien, regarder des séries version originelle sous titré Sinnois est ma principale source d'apprentissage. Mes parents réprouvent mais pourtant ça marche, I speak Unysh fluently.
Non, je galère surtout en math car ce n'est pas très instinctif pour moi. J'ai bien une prof que mes parents payent pour me donner cours. Le truc, c'est qu'à l'instar de quelques Alolais, elle fait pleins de jobs pour ne pas avoir de salaire trop misérable. Alors, elle vient vers six heures du matin et repart de chez moi vers sept heures et demi pour aller travailler dans des usines d'exportation qui sont appelés par les locaux «maquiladoras». Mes cours avec la prof ne sont donc pas très longs mais ça m'oblige à me lever. Et une fois qu'elle part, je continue à étudier... Parfois.
Là où mes parents peuvent être tranquilles, c'est que quand j'étudie, j'étudie vraiment. Pas car ça m'amuse mais car sinon je m'ennuie un peu. Avoir la plage à coté de chez soi est cool les premières semaines mais tu finis par t'habituer et tu suis la routine des natifs d'origine. Il fait beaucoup trop chaud aux alentours de midi pour qu'on puisse songer à sortir. Les autochtones font même quasiment tous des siestes l'après-midi, peu importe leur âge. Cela a comme conséquence qu'ils sortent beaucoup plus la nuit et la ville devient beaucoup plus animée lorsque le soleil se met à se coucher.
Je ne fais pas de sieste mais ça ne m'empêche pas de rester à l'intérieur. Et comme j'ai pas des masses de potes en étant expatrié, je ne fais rien grand-chose. C'est d'autant plus vrai que l'école à la maison me permet d'étudier beaucoup plus vite que si j'étais vraiment à l'école. Là-bas, il faut compter en perte de temps le déplacement, le nombre de fois où le cours doit être interrompu, les intercours, les cours inutiles mais que tu dois suivre quand même, les explications du prof pour les élèves qui n'ont pas compris, etc. Ici, j'étudie les cours que j'ai besoin d'étudier sans interruption et à mon rythme. J'apprends beaucoup plus vite et beaucoup mieux qu'un lycéen normal... Mais ça a un prix : l'ennui. Je n'ai pas besoin de beaucoup étudier et je n'ai pas de potes ici, donc la vérité c'est que je m'ennuie à longueur de journée. Je ne connais personne ici et je ne fais jamais rien grand-chose.
Mes journées se résument à un pianotage de l'ordinateur et à un chouchoutage excessif de mon Motisma, mon petit protégé. C'est un Pokémon classé dans les types Spectre/Electrique très intelligent et qui me sert beaucoup de confident dans cette région où je ne connais pas grand monde. Parfois, je fais même des combats avec lui et je me débrouille pas si mal. J'ai une bonne connaissance théorique des combats, je connais beaucoup de Pokémon, leurs avantages, leurs faiblesses ainsi que beaucoup de talents existants. Mon Motisma est également considéré comme très versatile en pouvant adopter plusieurs formes et ainsi changer ses points forts. Il faut ajouter à cela le fait que les locaux ne sont pas très attirés par les combats Pokémon, ils les utilisent bien sûr mais surtout dans le cadre de leur travail ou juste pour se divertir ou encore pour avoir de la compagnie. Il n'y a même pas de Champions d'Arène sur l'archipel, ce qui traduit le vide de compétition stratégique de la région. Il n'est donc pas difficile pour quelqu'un comme moi de se déclarer bon dresseur et de remporter la plupart de mes matchs.
Mais en dehors d'éventuels matchs, mes journées se succèdent l'une après l'autre dans une plate monotonie.
On est Samedi matin, c'est le jour qu'a pris ma mère pour prendre congé. Il arrive parfois qu'on fasse une petite excursion en famille pendant le weekend mais aujourd'hui, mon père doit rester au Paradis Aether pour mener à bien une observation sur la vie des Draby. Ma mère insiste tout de même pour qu'on sorte se promener.
- Waaaa... T'as l'air pétant de bonheur de te promener avec moi. Allez, fais pas cette tête, ça va te dégourdir les jambes.
- On va où ? Je n'ai pas envie d'aller à la plage...
- On fera un tour au centre commercial, j'ai besoin de produits d'entretien... On passera sans doute devant la boutique Gracidée, je te donnerai assez de sous à gaspiller dans les fringues si tu veux. On doit aussi passer devant le petit marché pour acheter quelques trucs à manger mais ça, on le fera en rentrant.
Ouais, ça n'a pas l'air d'être très fun en gros.
- Et ben, je ne vais pas m'ennuyer...
- Arrête de toujours tirer la gueule comme ça. Je te demande de faire les courses avec moi une fois tous les trente-six du mois, c'est pas une fois qui va te tuer.
C'est pas faux mais je me serais bien passé d'une visite de magasin supplémentaire. Et à cette heure de la journée, je vais dégouliner comme un Groret. Je décide de faire sortir mon Motisma de sa PokéBall pour qu'il me tienne un peu compagnie. Ce Pokémon est l'un des plus intelligent au monde et il a la faculté incroyable de pouvoir pénétrer à l'intérieur des objets utilisant l'électricité pour en prendre la commande. Ainsi, il s'amuse à prendre le contrôle de mon Pokédex pour pouvoir communiquer en langage humain. Il est incapable de pouvoir directement s'exprimer avec moi mais il peut par contre communiquer par écrit en affichant à l'écran du Pokédex les textes résumant sa pensée puis les faire diffuser oralement par la voix robotique de Voogle Traduction. La fusion d'un Motisma et d'un Pokédex s'appelle un «Motisma-Dex». Je ne l'utilise pas tellement pour découvrir de nouvelles espèces de Pokémon mais plus pour pouvoir discuter avec mon compagnon.
- Alors Shéro, on a finalement réussi à se lever. Sais-tu qu'en moyenne une personne dormant 8h par jour vivra 116 800h de plus qu'une même personne en dormant 12h, soit une différence de plus de dix années ?
- Et ben, c'est vrai que ça fait beaucoup. Convertis moi ça en nombre de ventilateurs que je pourrais me procurer à raison de 4000 Pokédollars par jour.
- Demande refusée. Il a beau faire très exactement 33°C, un humain de ton genre est encore tout à fait apte à utiliser ses neurones pour faire le calcul mentalement. Cela te ferait le plus grand bien au vu de ton niveau médiocre en mathématique comparé à mon intelligence supérieure.
Je souris à mon Motisma en guise de réponse. C'est mon confident, mon ami le plus proche. Il est l'un des rares Pokémon au monde à pouvoir parler... Peut être même le seul de tous. J'ai entendu que certains Pijako peuvent reproduire les sons aussi parfaitement qu'une voix humaine mais ceux-ci ne peuvent que répéter des phrases entendues, pas en former une. Motisma lui, grâce à sa capacité à prendre contrôle des objets électriques comme un ordinateur ou un Pokédex, peut véritablement tenir une conversation qui va dans les deux sens. Alors certes, quand il fusionne avec une tondeuse ou qu'il flotte simplement dans l'air, il n'a pas la capacité de parler mais il est encore tout à fait capable de comprendre les ordres de son dresseur, à l'instar des autres Pokémon du monde.
Nous déambulons tous les trois dans les grandes avenues d'Ekaeka. Nous sommes en plein mois de septembre, une saison morte pour le tourisme. Il y a peu d'étrangers à part nous. Les Alolais sont par contre très habitués à en avoir et quasiment tous les commerçants parlent le Kantoyais, étant donné le nombre croissant de touristes venu de Kanto. Ni ma mère ni moi ne parlons le Kantoyais mais nous sommes par contre capable de parler la langue international, l'Unyssien. Les jeunes autochtones l'ont appris à l'école mais les vieux pas du tout. On ne communique pas trop avec eux.
Mais purée, qu'est ce qu'il fait chaud. La chaleur est torride. Ma main me sert a essuyé mon front et je regrette amèrement d'avoir oublié de demander à Motisma de fusionner avec le ventilateur en sortant. Il est 11h30 et les rues sont vide de monde.
- Très exactement 11h33 et 28 secondes.. Maintenant 33... Maintenant 35, corrige Motisma-Dex.
Par la grâce d'Arceus, l'air conditionné est implanté dans le centre commercial. Ce n'est pas très écologique mais ça empêche les «gringos» comme moi de dégouliner de sueur. Je traîne un peu dans les rayons en attendant que ma mère finisse d'acheter ce qu'il faut. On est quasiment les seuls à l'intérieur, j'aime bien, c'est tranquille.
Je branche mes écouteurs à mon Motisma-Dex, je le «tripote» comme il dit. Le Pokédex a reçu beaucoup de mise à jours depuis sa création par le Professeur Chen il y a vingt ans de cela. On y est maintenant capable d'aller sur Internet avec et même d'écouter de la musique. C'est devenu une sorte de mini-ordinateur portable.
La musique de Strykna en tête, je m'en vais dans la boutique Gracidée. C'est une boutique chic fait principalement pour les étrangers. Les prix sont exorbitants pour les locaux... Mais même pour moi ça reste vachement cher. Ma mère a dit qu'elle pourrait payer si je trouvais un truc beau mais je n'ai pas envie de lui infliger un tel supplice. Je ne manque pas vraiment de vêtements non plus il faut dire.
Bref, je m'emmerde. Ma vie est tout sauf passionnante. En plus ma mère traîne, traîne et traîne encore. Qu'est ce qu'elle fout ? Ce n'est pas comme si on manque de quoi que ce soit à la maison. C'est aussi pour ça que je déteste tant faire les courses avec elle, elle trouve toujours le moyen de traîner en s'enthousiasment sur un bibelot trouvé sur les étagères.
- Ah, chéri ! Tu es là ? T'as vu, j'ai trouvé cette PokéPoupée en promo. Elle est cute, non ? Je la prends avec. Allez, hop hop hop, on passe à la caisse !
Je pris sur moi-même comme je le fais à chaque fois pour ne pas créer trop de problèmes. Je ne proteste pas beaucoup. J'aime me dire qu'à la place ça me permet de réfléchir sur des choses plus concrètes... Comme le temps qu'on mettra pour arriver à la maison. Au vu du peu de monde dans le centre commercial, la file était inexistante pour passer à la caisse. C'est déjà ça, on rentrera pas trop tard.
Un rapide coup d'oeil à mon Motisma-Dex me fait dire qu'il est midi passé.... Et on doit encore aller au marché car on n'a rien acheté.
J'interpelle mon Pokémon.
- Psst, toi qui sait tout, le marché est loin ? Je suis sur que ma mère va refuser qu'on aille casser la croûte quelque part et qu'on va encore se taper au moins encore une heure là-bas avant d'enfin pouvoir rentrer.
- 500 mètres à l'ouest, répond le Motisma-Dex avec sa voix robotique de Voogle Traduction. C'est un petit bazar où on vend la nourriture à foison. Légumes, épices, crustacés, fruits sauvages,... Il y en a pour tous les goûts ! Il y a même des Poffins pour satisfaire l'estomac de la petite grandeur que je suis ! Ton devoir en tant qu'être humain et bon dresseur est de m'en acheter Shéro !
- T'inquiète, puisque je n'ai rien acheté en vêtement, j'ai de quoi t'offrir une montagne de Poffins si tu veux. Reste à savoir combien de temps on restera là-bas.
Le marché en question se trouve en fait sur une petite place de la ville aux pieds d'édifices au style colonial. C'était autrefois les bâtiments administratifs qu'ont utilisé les colons pour mettre en place les différents comptoirs de commerces parsemés sur l'archipel. Aujourd'hui, il me semble qu'ils n'ont plus aucun statut juridique. On dirait que ces vieux trucs ne servent plus qu'à entreposer les différentes marchandises que les vendeurs ont en rab, voire aussi quelques antiquités et des perles qui ravissent les touristes un peu riches.
Mais nous, on s'en fiche pas mal de ça. Seul le marché nous intéresse. Celui-ci est en plein air avec des dizaines et des dizaines d'échoppes qui s'agencent un peu partout en pagaille sur toute la place. On y vend surtout de la nourriture mais il y a également des petites boutiques en plein air où des souvenirs sont vendus comme des petites statuettes représentant du dieu protecteur de l'île, un dénommé Tokorico.
Par contre, le bazar en question est très sale. Il y a des Manglouton un peu partout qui se nourrissent des produits écrasés sur le sol et ces Pokémon ne sont pas connus pour leur propreté. Pire, ce sont des bêtes très agressives. Bien qu'elles soient habituées à la présence humaine, elles peuvent vite te mordre par surprise si elles se sentent menacés pour une raison x ou y. Je ne suis pas serein à l'idée d'en voir autant et je prie pour qu'ils aient peur de mon Motisma.
Au sol, en dehors des produits écrasés, les marcheurs attentifs remarqueront diverses traces rouges dispersés un peu partout sur la place. Les touristes en sont souvent horrifiés car la ressemblance avec le sang en est troublante. Il s'agit en fait du crachat d'une chique de bétel, une drogue locale à la couleur rouge garance que consomment les autochtones à perte de journée. C'est mauvais pour la santé au même titre que le tabac et également très addictif mais une grande majorité de Alolais en restent néanmoins friands. Cultiver la chique de bétel – aussi appelée noix d'arec de son nom plus scientifique – remonte à des temps très anciens et sa consommation fait partie intégrante de la culture locale.
Pour ce qui est du contenu des boutiques, il y a des dizaines d'aliments différents. On y vend des épices comme du curry, du curcuma, du safran, de la cannelle, du poivre. Les fruits exotiques se comptent en plusieurs dizaines où on peut même apercevoir des Croquine un peu distraites qui ont été attelées par mégarde. Des boulettes préparées par des cuistots aux ustensiles un poil rustiques se vendent comme des petits pains auprès des acheteurs. Il n'y a pas beaucoup de magasins de viande, il faut dire qu'elle ne se conserve pas bien au soleil. Par contre il y a pas mal d'échoppes de poissons.
Je suis ma mère qui se dirige vers l'une d'entre elle. C'est une dame d'une cinquantaine d'années qui vend des Ecayon, des Barpau et surtout des Magicarpe à gogo.
- Combien ça coûte ce machin ? Dit ma mère en un Unyssien presque parfait en désignant un Barpau.
- Iok ? Uot uud neir nerpmok hej...
C'est le principal problème quand on vit à l'étranger, la barrière de la langue. Les gens âgés n'ont pas tous été à l'école et à leur époque, le concept de langue international était peu importante. L'Unyssien leur est méconnu.
Puisqu'on est jamais mieux servi que par soi-même, nous décidons de prendre nous même les poissons que nous avons besoin. En général, j'ai l'habitude tapoter les aliments pour vérifier lequel d'entre eux est le meilleur. Pour ce qui est des aliments marins, c'est un peu plus compliqué à deviner. Je me fie à l'odeur mais ce n'est pas vraiment probant dans ce cas-ci ; tous les poissons de la boutique ont été pêchés le matin même.
- Combien ? Dis-je en montrant notre panier rempli d'Ecayon et de Barpau
La quinquagénaire me mime la somme avec ses mains. C'est marrant de voir que quand ça parle de prix, subitement les gens se montrent beaucoup plus enclin à essayer de comprendre l'autre. Les quelques billets qui me restent dans la poche après les courses me suffisent à payer la vendeuse visiblement heureuse qu'on lui achète un truc.
Pfiouf, c'est fini, on a fait le tour de tout ce qu'on avait besoin. J'ai mes jambes toutes engourdies. Plus question de faire un tour de plus, on rentre chez nous. J'ai pas mal faim aussi.
- Et bien alors Shéro, tu n'oublierais pas mes Poffins ? Dit mon Pokémon en sortant de ma poche.
- Oh mais une autre fois vieux. J'en ai encore à la maison suffisamment pour tenir encore quelques jours. C'est pas loin, je reviendrai t'en acheter.
Ma mère sourit.
- Bien dit ça mon Laporeille, ce petit marché n'est vraiment pas loin de chez nous. Tu reviendras faire les courses pour moi quand j'aurais besoin ?
- Hein ? Que.. Que... Quooooooi ?
- Bah tu l'as dit toi même, c'est pas très loin. Tu sais bien que je dois me lever tôt avec ton père pour aller travailler, je n'ai pas toujours le temps d'aller acheter des trucs pour faire à manger.
- Oui mais... Je n'ai pas toujours le temps car je dois aussi...
- T'as rien grand chose à faire surtout, me coupe ma mère d'un ton sec. Ne négocie pas, c'est meilleur tout le monde. Tu viendras faire les courses ici chaque fois que le frigo est vide.
Et zut, je me suis fait avoir.