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Magical Girl de Flageolaid



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» Auteur : Flageolaid - Voir le profil
» Créé le 02/07/2017 à 21:46
» Dernière mise à jour le 08/10/2017 à 21:15

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Région inventée   Unys

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Ch 21 : Hurlement
Scott entra en baillant dans l'hôpital secret de la JLU. Il n’avait dormi que trois heures la nuit précédente, trop peu compte tenu de la journée harassante qui suivit. Car non seulement, en tant que trader, il avait dû rattraper ses chiffres désolants de la veille, mais en plus, en tant que super-héros, il s’était coltiné le boulot de trois personnes !
Plutôt que le plaindre, on signalera que personne ne l’avait forcé à vivre cette double-vie.
Avant de monter voir ses deux collègues en convalescence – Crobatman et Goldeen Lantern – le Miaouss parlant s’arrêta au distributeur pour s’acheter une saloperie bourrée de sucre, histoire de ne pas tomber en hypoglycémie. Comment faire son choix quand tant d'indécents en-cas, vêtus d'un packaging aguicheur, vous font de l’œil ?

Scott resta une minute, une heure, un jour, un mois, un an, une éternité devant ce distributeur, incapable de choisir quoi que ce soit. On pourrait alors philosopher un peu, parler de ce Tiboudet placé à égale distance de deux champs identiques et qui se laisse mourir de faim, incapable de faire un choix, évoquer la controverse entre Luther et Calvin sur le libre-arbitre et saupoudrer le tout des répliques de Morpheus, mais ce serait inapproprié.
Le Miaouss parlant se trouvait simplement dans cet état non-cérébral qui fait suite à une journée trop remplie. Cela ne vous arrive jamais de buguer en ouvrant votre frigo en rentrant du boulot/de l'école ?
Finalement, après moult ères, la petite main de Scott se glissa dans sa poche, sans que le reste de son corps ne réalise le moindre sursaut, et en tira une pièce de cent Pokédollars (soit environ quatre-vingt centimes). Il ne lui restait que cela sur lui. Voilà qui réduisait fortement le nombre de réponses possibles à cette QCM : quoi manger ?

La pièce introduite dans la machine, Scott laissa sa main pianoter sur le pavé numérique, jusqu'à ce qu'une collation se décide à tomber. Puisque vous n'êtes plus à une vanne nullissime près, le Miaouss récupéra un Kite-Cat.



Trois étages plus haut se trouvait la salle de soin spécialement aménagée pour Goldeen Lantern. La blonde magnifique avait été placée dans une immense cuve sphérique, remplie d'un liquide régénérant légèrement azuré, dans lequel passait un faible courant électrique. Une trentaine d'heures plongée là-dedans pouvait la guérir de blessures mortelles.
Naturellement, les parois de la cuve étaient transparentes. Naturellement bis, Goldeen Lantern était nue.
Quand Scott pénétra dans la pièce, une trace de chocolat sur le coin des lèvres, il découvrit avec stupeur trois médecins qui bavardaient tranquillement, tout en fixant l'intérieur de la cuve régénératrice. Les quelques mots qu'il surprit de leur conversation grivoise le mirent hors de lui.

« Je ne vous dérange pas, j'espère ?!
- Meowthian Manhunter !
- Vous n'avez pas honte de mater ma collègue, bande de ploucs ?!
- Nous ne mations pas, comme vous dites, commença un des docteurs en remontant ses lunettes sur son nez. Pour ma part, je suis à la recherche de mes lunettes, je ne les trouve nulle part et je suis persuadé de les avoir laissée ici.
- Et moi, c'est mon stylo que je ne retrouve plus, ajouta un deuxième médecin, un vieux bic bleu mâchonné posé sur son oreille. En plus, c'est l'un de mes stylos favoris ! Je suis certain de l'avoir posé dans cette pièce.
- Quant à moi, je ne vois plus mon stéthosco...
- DEHORS !!! »

Les trois hommes quittèrent la pièce en quatrième vitesse. Scott jeta un bref coup d’œil à la console chromée placée devant la cuve. Il restait environ une demi-heure avant le réveil de son amie. Toutes ses blessures avaient disparu, ce qui expliquait pourquoi les crevards se donnaient rendez-vous dans sa salle de soin. Ils étaient bien moins nombreux dans la pièce, la veille, lorsqu'une déchirure ensanglantée laissait entrapercevoir le système digestif de l'héroïne blonde.
Scott prépara une serviette et des habits pour le réveil de sa collègue, puis se rendit à l'étage supérieur, dans la chambre de Crobatman.

Le chevalier noir de Gothitam City n'allait pas aussi bien que Goldeen Lantern. Comme tous les humains normaux, qui guérissent normalement, dans les limites de la médecine normale, une journée ne suffisait pas pour passer de l'état « presque mort » à l'état « proche de loaillot ».
Il lui faudrait plusieurs mois de convalescence avant de pouvoir quitter cet hôpital, ne parlons même pas de reprendre ses activités de super-héros.
En regardant son ami inconscient, Scott commença à plonger dans cet abîme d'idées noires que les dépressifs connaissent si bien (en espérant qu'aucun des lecteurs n'opine du chef en lisant cette phrase). Fort heureusement, un bruit de pas dans le couloir le ramena à la réalité.

Sofia entra sans un mot. Elle s'adossa au mur, les bras croisés, le visage renfrogné. Apparemment, elle n'avait pas passé la plus belle journée de sa vie, elle non plus.
Le Miaouss parlant l'invita à descendre boire un café dans le hall. N'ayant plus une thune, ce serait évidemment à la Magical Girl de payer les boissons. Sofia raconta ses péripéties de la journée dans leur intégralité, au programme il y eut : des mages noirs violents, des mages noirs pervers, des mages noirs mythomanes, des mages noirs dealers, des mages noirs désespérés, des mages noirs muets comme des tombes, des mages noirs empoisonneurs, des faux mages noirs, des mages noirs exhibitionnistes et même un mage noir persuadé que l'apocalypse aura lieu à la fin du mois.

« Quasiment à chaque rencontre, nous avons dû nous défendre, conclut Sofia. Autant te dire que j'ai entendu la musique de transformation une bonne trentaine de fois aujourd'hui ! Et tu sais ô combien je déteste cette mélodie !
- Je parie qu'elle te traîne dans la tête à présent, se permit le Miaouss avec un petit sourire moqueur.
- Je te remercie pour ton soutien, Scott !
- De rien. Par contre, excuse-moi si je n'ai pas suivi toute ton histoire, mais vous avez obtenu des indices sur ce qui se trame dans votre monde ?
- Absolument aucun. C'est d'ailleurs la raison de ma visite. Je compte retourner à Rivustel demain matin et je voudrais que tu m'accompagnes.
- Moi ? Tu ne risques pas d'avoir des problèmes si tu m'emmènes là-haut ?
- En théorie oui, mais si Rivustel est en danger, c'est le cadet de mes soucis ! s'exclama la magicienne avec une impressionnante détermination, du genre à mériter un gros plan sur son visage sérieux. Je ne peux pas demander aux autres Magical Girls de se joindre à moi, qui sait quels périls mortels nous attendent au pays magique ? Mais toi, tu es super fort et très résistant, donc voilà ce que je te propose : tu me suis à Rivustel et en échange mes amies s'occupent de veiller sur Unys. Qu'en dis-tu ?
- Tu me demandes de laisser ma région entre les mains d'adolescentes en mini-jupe ? »

Sofia hocha la tête, mais ses lèvres se plièrent en un rictus concédant que l'idée était pourrie.

« OK. Dans ce cas, on part immédiatement !
- Non, je dois encore faire ma valise et régler quelques affaires avant de quitter Unys. Et puis, je dois relâcher mon Gueriaigle... Il va me manquer terriblement, je vais pleurer toute la nuit. Pas le choix... »

La Magical Girl marqua sa dernière phrase d'un sourire triste, puis quitta son ami. Ce dernier resta encore quelques instants dans le hall de l'hôpital, puis le devoir l'appela : une prise d'otage à la piscine municipale. C'est tellement surfait de braquer les banques aujourd'hui.



Il était dix-neuf heures passées quand Lymnesine franchit enfin les portes du château. Quelques gardes et magistrats se mirent sur sa route, mais la fausse attestation et les armoiries du collège Magus les écartèrent bien vite.
Elle finit par se retrouver face au Chambellan, en compagnie de Gottfried et de Chrystosmus. Consciente de ses lacunes en termes de protocole, l'adolescente comptait secrètement sur ces deux-là pour l'empêcher de dire ou faire une connerie.
Ce qu'elle ignorait toutefois, c'est que ledit Chambellan bossait pour Casus Belli. C'était lui le fameux traître non identifié dont parlait Cassoulaid !
Pourtant, il avait l'air honnête avec sa bouille de papy gâteau, sa moustache grise et ses petites manières de gentilhomme, vêtu de son costume grenat. Le pauvre, il transpirait à grosses gouttes en imaginant ce que l'ultimage lui ferait subir si jamais la Magical Girl voyait le Roy. Alors, il imagina une combine – assez naze, il faut l'avouer – pour retenir l'adolescente.

« Hum, hum, la tradition veut que vous répondiez à quelques questions avant un entretien avec le Roy.
- Quel genre de questions ?
- Hum, hum, euh... disons... des questions qui prouvent que vous méritez de rencontrer Son Altesse. À la moindre réponse fausse, vous serez contraint de quitter le palais et de ne plus jamais y revenir.
- Pas de problème, acquiesça le Fouinar qui avait déjà comptabilisé onze failles dans la sécurité du palais.
- Hum, hum, alors combien fait huit cent quatre-vingt-dix-neuf élevé au carré ?
- Sérieusement ? »

Le Chambellan était fier de lui, tellement qu'il ne prêta aucune attention aux sourires en coin qu'affichaient les deux Pokémons en face de lui. Alors que le traître s'apprêtait à ajouter qu'ils n'avaient que dix secondes pour répondre à la question, Lymnesine souffla :

« Ça fait huit cent huit mille deux cent un.
- Ma chère Lymnesine, je ne saurais vous manifester mon adoration à sa juste valeur dès lors que vous nous prouvez vos talents en dehors des rixes et de faits d'armes.
- Hum, hum, un instant, je vérifie la réponse ! intervint le Chambellan. »

Le petit homme grisonnant tapota sur sa montre-calculatrice – du moins, la version médiévale-fantastique d'inspiration steampunk de cet objet – et pâlit en constatant que la jeune mage avait répondu juste.
Son débit de sudation augmenta de manière significative ; il devait absolument trouver quelque chose, là, tout de suite, pour retenir la magicienne. Son cerveau inondé par le stress ne fut guère en mesure de faire mieux que la première fois.

« Hum, hum, à combien est égal...
- Ma foi, je ne perçois pas le logique unissant des questions d'arithmétique à une entrevue avec notre bien-aimé souverain, le coupa le Galeking
- Hum, hum, c'est... c'est le protocole, voyons !  Je disais, à combien est égale la somme de tous les nombres impairs de un à dix mille ? »

Chrystosmus et Gottfried se mordirent les lèves sans prononcer le moindre mot. Ils se contentèrent de fixer la Magical Girl, dont les rapides mouvements oculaires témoignaient d'une intense réflexion.

« Au lieu de me regarder comme deux cons, laissez-moi me concentrer un peu.
- Hum, hum, il ne vous reste que...
- C'est égal à vingt cinq millions.
- Tout pile ?
- Ben ouais !
- T'es sûre ? insista le Fouinar, déçu par le résultat.

Faisant fi du protocole, Gottfried glissa à la gauche du Chambellan et se mit à tapoter frénétiquement sur sa montre-calculatrice, persuadé que Lymnesine se trompait.

« Hum, hum, vos manières sont pour le moins brutales !
- Ouais, c'est aussi de votre faute, laissez-vous faire un peu ! Une minute ! C'est quoi ça ? »

Le Fouinar millénaire releva la manche du Chambellan, laissant apparaître un tatouage représentant la fusion entre un Zarbi C et un Zarbi B. Choqué, Chrys s'écria :

« Fichtre, ce tatouage ! Le Chambellan travaille pour l'ultimage de l'hiver !
- Ah bon ? caqueta la magicienne.
- Tu n'as pas remarqué que tous les sbires de Casus Belli qu'on a rencontré jusqu'à maintenant le portait ? siffla le Fouinar argenté,
- Euh... non. »

Au fait, tous les sbires de Casus Belli rencontrés par Lymnesine au cours des chapitres précédents portaient ce tatouage de Zarbis.
Les paroles du Galeking firent l'effet d'une bombe. Quarante miliciens et cent chevaliers de la Garde pénétrèrent dans la salle et encerclèrent le Chambellan. Tandis qu'ils se positionnaient de façon à lui couper toute retraite, une question restait en suspens : comment la Magical Girl avait-elle fait ?

Oui, comment Lymnesine a-t-elle fait pour calculer tout cela aussi rapidement ? En règle générale, quand un personnage de fiction calcule vite, on ne s'embête pas à détailler l'opération. « C'est un génie! », en voilà une explication satisfaisante ! C'est pourquoi, en exclusivité mondiale, Magical Girl va vous causer de maths. Ouais, il est vraiment rock'n'roll ce chapitre !

Premier calcul : niveau Seconde
On connaît la valeur de 900², c'est 9x9 avec quatre zéros derrière, soit 810 000 (la table de neuf est la plus facile, on peut la calculer avec ses mains).

Pour trouver 899², on utilise une identité remarquable :
(a-b)² = a² - 2ab + b²
Ici, elle prendra la forme suivante :
(x-1)² = x² - 2x + 1
Donc :
899² = 900² – (2x900) +1 = 810 000 – 1 800 + 1

Ensuite, ce n'est que du calcul mental bête et facile :
810 000 – 1 000 = 809 000
809 000 – 800 = 808 200
808 200 + 1 = 808 201
Easy.

Second calcul : niveau Terminale (ou CM2 si vous avez lu Le démon des maths)
La somme des termes d'une suite arithmétique se calcule grâce à la formule suivante :
(premier terme + dernier terme) x nombre de termes/2
Soit ici :
(1 + 9 999) x 5 000/2
On sait qu'il y a 5 000 termes étant donné qu'un nombre sur deux est impair (donc 10 000/2).

Ensuite, c'est à nouveau du calcul mental de singe :
10 000 x 2 500 = 25 000 000

Les plus attentifs auront remarqué que le résultat est un carré. En effet, en additionnant tous les nombres impairs de 1 à x, on obtient toujours un carré. Cela fait partie des nombreuses propriétés amusantes des carrés, que l'on n'enseigne pas à l'école, car inutiles.
Ce court passage intellectuel aura eu deux objectifs.
Tout d'abord, rétablir l'équilibre dans la Fic, parce que le cent pourcent débile n'est pas acceptable, même pour Magical Girl.
Ensuite (et surtout), faire vomir les élèves de Terminale L.

Les militaires s'écartèrent juste ce qu'il faut pour laisser passer un Galifeu orné d'un casque étincelant, suivi d'Etherion Hesperides. Lymnesine regarda son frère d'un air qui signifiaient « Kestufoula ? » puis reporta son regard sur le Pokémon Poulet.
Chrystosmus lui souffla qu'il s'agissait du terrible capitaine Sulfurax, l'un des personnages les plus grossiers de Rivustel. Le bonhomme compensait sa petite taille par un volume sonore capable de fissurer un bloc de marbre et une constante mauvaise humeur.

« ALORS SAC À FOUTRE, C'EST TOI LA VERMINE QUI DÉTOURNE LES FORCES DE LA MILICE ?! brailla-t-il en secouant le Chambellan comme un prunier (ou l'arbre de votre choix). ET EN PLUS TU BOSSES POUR BELLI, SALE ENCULÉ !?!
- Capitaine, calmez-vous ! fit Etherion. Je ne veux pas que cette pourriture s'en sorte à cause d'un vice de forme !
- Hum, hum, c'est à dire que c'est un malentendu...
- ET TU TE FOUS DE NOTRE GUEULE EN PLUS, TROU DU CUL !!!
- Je peux dire des gros mots, moi aussi ? s'enquit la jeune mage.
- Non ! lâcha sèchement son frère avant de s'adresser à ses miliciens. Messieurs, conduisez le Chambellan en cellule !
- SACHE QUE LA JUSTICE TRIOMPHE TOUJOURS, ESPÈCE DE RACLURE DE MERDE !!!
- Un instant ! intervint Gottfried. C'est moi qui ai découvert sa traîtrise, j'exige de pouvoir l'interroger !
- La Milice et la Garde coopèrent depuis dix jours pour choper cette canaille. Tu es arrivé au milieu d'une opération conjointe entre nos services, tu n'as rien découvert du tout !
- Tant pis, je l'interroge quand même ! insista le Fouinar argenté, bien décidé à en apprendre plus sur les plans de Casus Belli.
- MAIS IL NE COMPREND PAS CE QU'ON LUI DIT LE CITOYEN DE MES DEUX ?!? NON, C'EST NON, BORDEL DE BORDEL !!!!!
- Moi aussi, je sais gueuler, p'tite tête !!! tonna Gott.
- TU VEUX JOUER À CE JEU-LÀ, CREVURE ?!?
- Il suffit ! »

Une voix féminine avait prononcé ces derniers mots qui suffirent à faire taire le capitaine Sulfurax. Chacun s'essuya le filet de sang qui lui coulait des oreilles et attendit les ordres.
D'un claquement de doigt, Etherion rappela sa clique de miliciens qui embarqua le Chambellan. Ils sortirent sans un bruit, de peur de se faire enguirlander par la dame. Le Galifeu quant à lui, marmonna quelques mots inaudibles et se retira à son tour, la Garde bien en rang derrière lui.
La Magical Girl vit bientôt une femme d'une trentaine d'années s'avancer vers elle avec grâce. Dire qu'elle était belle est un odieux mensonge, même des adjectifs comme magnifique, superbe, divine ne suffisaient pas à la décrire, tant sa beauté dépassait de loin toutes les merveilles de la nature.
Enfin, quoi ? Vous avez lu des bouquins avant ça, non ? Vous savez comment ça fonctionne ce genre de description érotique et interminable d'une femme à la beauté inégalée. On pourrait – on devrait même ! – réserver un chapitre afin d'y détailler longuement toute l'anatomie de la dame en bombardant d'hyperboles et de métaphores printanières.
Mais bon, la flemme...
Pour faire court, la belle avait le visage fin, entouré d'une chevelure noire et bouclée. Son teint de porcelaine contrastait avec ses lèvres rouges et pulpeuses comme un fruit et faisait ressortir ses grands yeux sombres. Elle portait une longue robe bleue qui sublimait ses courbes harmonieuses, ainsi qu'une tiare en argent.
C'est à cet accessoire que Lymnesine reconnut la Reyne Abigail. La magicienne salua timidement sa souveraine qui l'interrogea d'une voix posée:

« Il ne me semble pas vous avoir déjà vue. Qui êtes-vous et que faites-vous ici ?
- Je, euh, suis la p-p-pire Magical Girl du royaume, Votre Altesse, bafouilla l'ado, intimidée par la grande beauté de son interlocutrice. Je v-v-viens délivrer une, euh, lettre au Roy de la part de Cass... du sous-directeur Cassoulaid.
- Le Roy est indisponible pour le moment, je vais prendre la missive. »

D'un geste de la main, la Reyne indiqua à la jeune mage et à ses compagnons de la suivre.

Après une longue succession de corridors et d'escaliers, les trois camarades entrèrent d'un pas hésitant dans les appartements de la Reyne. Cette dernière les invita à la rejoindre sur le balcon.
Ils traversèrent une sorte de salon joliment décoré, chauffé par une cheminée massive. Gottfried se serait bien reposé devant le feu. Aussi, il accueillit la froideur nocturne avec dédain lorsqu'il franchit le seuil du balcon.
Celui-ci offrait le plus impressionnant panorama de Kezerkastel, que l'on pouvait admirer de deux façons :
- soit accoudé au rebord en poussant de grands « Wouah ! » (Lymnie) ;
- soit dos contre le mur du palais, les yeux fermés, en se mordant la lèvre inférieure (Chrystosmus).

La Reyne lut la lettre de Cassoulaid avec le plus grand sérieux. À deux reprises, elle s'interrompit pour jeter un regard à la Magical Girl. Celle-ci se penchait dangereusement sur le rebord en essayant de visualiser leur itinéraire de la journée.
Quand Abigail eût fini la lecture, elle remercia simplement la jeune mage et ses amis. Cette absence de réaction surprit quelque peu le Galeking.

« Je vous prie de pardonner mon insolence, Votre Altesse, mais vous semblez prendre à la légère les menaces de mort qui pèse sur votre auguste époux, le Roy. Pour avoir défié les assassins à la solde de Casus Belli, je vous supplie d'accorder du crédit aux propos du sous-directeur Cassoulaid !
- Votre inquiétude vous honore, toutefois rassurez-vous, le Roy ne craint rien, répondit la Reyne d'une voix douce et calme. La Garde le protège. Parlons plutôt de votre récompense pour votre loyal service.
- Oh, pas besoin ! ricana Lymnesine. Cassoulaid nous a déjà promis un voyage dans le Pokémonde !
- Je crains que seuls les ultimages soient en mesure de vous autoriser à vous rendre dans le monde d'en-bas, dévoila le souveraine. Et c'est un privilège qu'ils refusent même aux plus éminents membres de la noblesse. Je verrai ce que je peux faire pour vous, mais je ne promets rien. »

L'adolescente se prit un ascenseur émotionnel lancé à toute berzingue dans son esprit. Elle venait de remplir sa mission, tout ça pour, peut-être, avec un peu de chance, un possible éventuel voyage dans le Pokémonde ?!? Lymnie chancela, elle parvint toutefois à accuser le coup. Elle tâcha de faire bonne figure devant la Reyne, bien que se sentant sur le point de défaillir intérieurement.
Elle ignorait qu'une odieuse machination venait de se mettre en marche dans le cerveau malade de Gottfried. Cassoulaid ne le savait pas encore, mais il était déjà mort !

Consciente que la lettre délivrée par la Magical Girl devait être détruite, comme tous les documents confidentiels, la Reyne demanda au Fouinar argenté de bien vouloir jeter le papier au feu. Gott disparut à l'intérieur, trop content d'échapper aux froides températures. Il revint quand même au bout d'une vingtaine de secondes, en traînant le pas.
Lymnesine rappela ensuite ses deux Pokémons dans leurs Magicballs. Elle salua la Reyne qui voulut lui proposer de séjourner au château. Trop tard, la jeune mage s'était élancée dans le vide, trajet le plus court pour sortir du palais, les pieds enveloppés de magie pour ralentir sa chute.

Tandis qu'elle fendait l'air, l'adolescente se surprit à songer à la suite. Elle venait de terminer la mission confiée par Cassoulaid, que faire après ? À court terme, elle devait chercher un hôtel pour passer la nuit. Et ensuite ? Rentrer à la maison, ou bien...
Casser la gueule à Casus Belli ?