Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Le voyageur du grand large de Lady_Waka



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Lady_Waka - Voir le profil
» Créé le 28/06/2017 à 02:46
» Dernière mise à jour le 02/07/2017 à 16:54

» Mots-clés :   Hoenn   Unys

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
I. Le voyageur de Myokara
Un soir d'été, dans les bois proches du Village Myokara, région d'Hoenn

Il commence à se faire tard, le soleil se rapproche doucement mais sûrement de l'horizon, lointaine frontière bordée d'un orange si pur qu'il semblerait venir de pigments de baie Grena. La branche qui me sert de perchoir est bien faiblarde, mais fort heureusement, je ne suis pas lourd non plus. Mon Heledelle est perché sur mon épaule, faisant bien attention à ne pas percer ma veste déjà trouée de ses puissantes serres. Devant moi, ma Manternel, vautrée sur un fin mais rigide lit de toile, se repose, après le travail accompli au cours des dernières semaines.

Je tiens dans la main une plume que mon fidèle compagnon m'a donnée, au bout couvert d'un encre de Qwilfish, pris dans un vieil encrier usé. J'écris une lettre à ma mère. Dans le plus grand des calmes, et avec l'attention la plus grande que je puisse donner. Ma main est si lente qu'un passant pourrait presque croire qu'elle est immobile, paralysée ; mais je ne fais que mettre à l'épreuve mes quelconques talents de calligraphie. L'endroit ne pourrait être meilleur pour : Ces petits bois, à quelques encablures de l'océan, qui est le bout de monde, sont incroyablement silencieux, la seule chose qu'on entend est, de temps à autre, le chant d'un Goélise ou d'un Nirondelle.

Dans cette sorte de recueillement, de nature inviolée et libre, l'hésitation me vient. Que fais-je ? Mon projet ne serait-il pas une folie, un suicide, qui serait commis là où l'on ne pourrait me retrouver ? Non, il faut que je sorte ces idées de ma tête. Il faut que je sorte de là, et je suis prêt à prendre des risques s'il faut. Le froid qui commence à envahir mon corps n'est qu'un argument de plus pour soutenir mon idée ; car malgré tous les efforts consentis par ma famille, on n'a jamais pu m'acheter d'habits neufs, d'habits qui n'avaient pas été à moitié dévorés par Ningale. A vrai dire, personne à Myokara n'en avait ; et celui qui, un jour, serait revenu du continent avec de telles richesses serait sûrement l'homme le plus riche de ce pauvre hameau côtier. J'espère bien, qu'un jour, mère sera celle qui n'aura pas d'habits troués ; en tout cas, je ferais de mon mieux pour l'aider.

Après une petite heure passée en haut de l'arbre, ma lettre arrive enfin à sa fin. Et c'est tant mieux, car le soleil commence à réellement disparaître sur l'horizon, devenu plus rouge que la lave du Mont Chimnée, ou qu'un Ecrapince trop cuit ; Dans une petite heure, mère sera revenue de son long et dur travail. Il faut que je lui laisse ce message avant qu'elle revienne, car je n'aurais jamais le courage de lui dire en face, et car mon cœur est, ce soir, prêt pour le grand voyage.
Doucement, pour ne casser aucune branche (je n'ai pas envie de tacher le magnifique calme forestier d'un ingrat craquement), je descends de l'arbre qui m'a servi de perchoir, suivi par mes fidèles compagnons. Non loin de là, se tient notre modeste création, et échappatoire ; qu'il attende un peu, je serais bientôt de retour, et cette fois il n'aura plus jamais à patienter. Pour être sûr que tout reste en ordre, je fais signe à Heledelle de Manternel de rester là ; je n'aurais pas besoin d'eux pour laisser mon message.

Au bout de quelques pas, me revoilà dans le petit chemin qui mène à Myokara. Que ce bois est différent, vu d'en dessous ; ici, pas d'admiration de l'horizon, et seuls quelques rayons du soleil couchant traversent la couverture des feuillages. Il y a partout quelques buissons ou touffes d'herbes, dont certaines remuent frénétiquement, laissant apparaître les quelques Pokémons vivant en dessous. Sont-ils des Balignon, des Granipiot, ou même, soyons fous, quelques Arcko ? Je n'en ai aucune idée. La seule chose que je sais, c'est que ce sera la dernière fois que je verrais cette flore remuante, et une petite larme ne peut s'empêcher de se former au coin de mon œil. Au fur et à mesure que j'avance sur le sentier, les bruits, le tumulte du village commence à se faire entendre en lieu et place du calme Olympien qui envahit de son vide la forêt. Et après quelques minutes, je débouche dans le village, non lieu de la place, sur laquelle les bruyants commerçants discutent tout en préparant la fermeture de leurs boutiques. Quelques uns crient encore aux passants, dans l'espoir que quelqu'un n'ayant rien à manger pour ce soir leur achète quelques Barloche ou Krabby.

Le fracas de la petite place s'efface en arrivant dans les rues, calmes et éclairées par quelques lanternes de papier, fabriquées à la main par les habitants afin de repousser les mauvais esprits, mais surtout bien pratique pour y voir quelque chose. Après quelques minutes de marche, j'arrive enfin chez moi ; mère n'est pas rentrée, fort heureusement, mais elle pourrait tout de même arriver d'une seconde à l'autre. En faisant attention à mes alentours, je glisse doucement ma lettre sous la porte de bois, et je m'enfuis immédiatement vers la place, en jetant un dernier regard sur la masure dans laquelle j'ai vécu ces seize dernières années. Elle semble bien peu solide, et le toit de paille semble presque troué, par endroits... Mais pourtant, je sais déjà que cet endroit me rendra nostalgique. J'espère bien le revoir, un jour ; mais ce ne sera pas avant une éternité...

Je traverse à toute allure la place et les rues du village, en évitant tout juste le choc avec quelques étalages ou passants. Pourquoi suis-je si rapide ? Je ne le sais pas moi-même, mais mon cœur me dit que je dois courir. J'ai comme l'impression de m'échapper d'un bagne, de remonter à la surface pour ne pas me noyer. Enfin, je retrouve le sentier, alors que la nuit a définitivement assurée son emprise sur les lieux. Mon cœur bat la chamade ; bientôt, une des plus grandes étapes de ma vie va commencer. Rien ne sera plus jamais comme avant...

Chère maman.

Quand tu liras ces lignes, je serais sans doute trop loin pour que tu puisse me voir ou m'entendre. Je serais parti, je commencerais un long voyage.

Je ne veux pas te faire de la peine, maman. Je t'aime plus que tout. Mais je sais à quel point c'est dur, de devoir t'occuper de moi, toi qui travaille déjà si dur. Je sais que tu manques terriblement d'argent, et que le gamin rêveur que je suis t'en coûte bien plus qu'il ne t'en rapporte.

Mes deux Pokémons et moi sommes partis pour Unys. C'est bien loin, je sais, mais j'ai tout prévu. J'ai construit un radeau, auquel Manternel à, par ses talents de tisserande, offert une voile. J'ai entraîné Heledelle à pêcher. J'ai rempli toutes les bouteilles que je pouvais trouver de l'eau plus claire que le cristal qui coule dans la rivière serpentant dans les bois.

Une fois que je serais arrivé, je t'enverrais une lettre, avec l'adresse que j'aurais trouvé, pour que tu puisse m'en envoyer ; j'espère que je serais assez rapide pour que tu puisse me souhaiter mes dix-sept ans.

Au revoir, maman ; nous nous reverrons, je l'espère.

Ton fils, Madan.