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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 25/06/2017 à 11:28
» Dernière mise à jour le 06/11/2020 à 21:43

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 319 : L'ombre et le sanglier
Jivalumi était furieuse. Gluzebub avait fichu le camp du manoir, et dieu sait où il pouvait être et ce qu’il pouvait causer comme catastrophe. Jivalumi n’avait rien en temps normal contre la destruction généralisée, mais ici, à l’Aire de Détente, elle était chez elle. C’était là où elle était née, là où elle avait vécu. Même une fois libérée de Divalina, elle avait pris à son compte le manoir et le nom de l’illustre famille, choisissant de rester vivre ici. L’attachement était certes une faiblesse, mais c’était la seule que Jivalumi se permettait. C’était son manoir, c’était sa ville, et elle ne voulait pas que Gluzebub mette tout sans dessus dessous dans sa quête éternelle de manger tout ce qu’il pouvait trouver.

Quand ses domestiques lui avaient donc appris que leur « invité de marque » était introuvable, de rage, Jivalumi en avait tué deux. Elle regrettait son geste après coup, car trouver de bons employés de maisons acceptant de travailler pour une entité surnaturelle comme Jivalumi n’était pas facile. Mais au moins, cela avait motivé les autres, qui s’étaient lancés à la recherche du Démon Majeur à travers la ville. Jivalumi aurait bien été le chercher, mais son corps faisait qu’elle provoquait la panique partout où elle passait.

Quoi qu’il en soit, Jivalumi n’avait pas encore entendu de bruits de destruction et de hurlements désespérés en provenance de la ville, ce qui était étrange. Gluzebub n’était certes pas un adepte de la destruction aveugle comme certains de ses frères, mais il n’avait aucune notion de vie en société. Il serait bien capable de dévorer un passant qui aurait le malheur de trop s’approcher de lui, ou bien une voiture. Tout le monde aurait alors fini par paniquer, la police aurait débarqué, et ça aurait été le bordel. Qu’il n’y ait pas d’agitation en ville signifiait que Gluzebub était bizarrement resté calme. Peut-être prenait-il à cœur les ordres de Jivalumi sur le fait de ne manger aucun humain durant son séjour ici ?

Quasiment seule dans sa large demeure, Jivalumi tournait en rond dans son grand salon. Le Marquis allait être mécontent si Gluzebub faisait des conneries ici, et il attendait toujours que Jivalumi se charge de Wasdens et Divalina quand ils arriveraient. Jivalumi attendait cette rencontre avec impatience, mais la redoutait aussi. Elle n’avait plus revu son ancienne maîtresse depuis qu’elle s’était libérée d’elle. Pourtant, elle ne doutait pas de sa victoire. Privée de Doppelganger, Divalina n’avait aucun pouvoir. Ce n’était même pas une dresseuse. Elle ne pourrait rien contre Jivalumi. Rien du tout. Alors, pourquoi Jivalumi était-elle si stressée ?

Dans son état d’agitation à demi-contrôlé, Jivalumi sursauta largement quand elle entendit un bruit sourd en provenance de la cuisine. Elle s’y rendit aussitôt. Peut-être que Gluzebub était rentré ? Ou alors, peut-être bien qu’il n’avait jamais quitté la cuisine, se coinçant peut-être dans le frigidaire tandis qu’il cherchait des restes à manger ? Finalement, devant l’entrée de la vaste cuisine, Jivalumi resta interdite. C’était bien Gluzebub qui venait de surgir de sous le sol dallé de la pièce. Mais il n’était pas seul. Divalina et Wasdens l’accompagnaient.

- Ohhhhh, fit Gluzebub. Un passage secret menant jusqu’à la cuisine ! Celui qui a construit ce manoir était un génie !

- C’était mon arrière-arrière-grand-père, Maximilian Divalina Ier, fit Divalina en aidant Wasdens à grimper. Mais je crois que c’était plus pour faire passer en douce ses maîtresses plutôt que de la nourriture…

Du fait de son état de stupéfaction, Jivalumi ne parvint à bouger que lorsque les trois arrivants furent debout sur le sol de la cuisine. Wasdens, qui ne l’avait pas remarquée en entrant, fit un bon presque comique et s’empara d’un couteau de cuisine sur une table, comme s’il avait pu faire quoi que ce soit contre Jivalumi avec ça… Gluzebub eut bon ton de prendre un visage gêné devant son ancienne alliée. Quant à Divalina, elle, elle salua son ancien Doppelganger avec gaieté, comme si elles s’étaient quittées la semaine dernière et en bons termes.

- Salut Jivalumi, fit elle en secouant la main. Tu as l’air en forme. Ton teint de peau est toujours aussi parfait, d’un beau noir de nuit.

Jivalumi retint ses pulsions qui lui criaient de se jeter sur Divalina pour la mettre en morceaux. Elle aurait pu le faire facilement, mais si elle la tuait, ça signifiait sa mort à elle aussi. Au lieu de ça, elle foudroya le Démon Majeur du regard, qui baissa automatiquement les yeux.

- Qu’est-ce que ça veut dire tout cela, Gluzebub ?! Qu’est-ce que tu fais avec eux ? C’est toi qui les a amené ici ?!

- Ah bah non, Jivalumi, se défendit le Pokemon à forme humaine. Je ne connaissais pas ce passage secret. Ces gens gentils m’ont juste ramené au manoir alors que j’étais perdu en ville. Mais avant, ils m’ont payé à manger dans des endroits magiques ! Tu sais quoi, Jivalumi ? J’ai goûté une texture divine nommée « mayonnaise », un fluide légendaire au goût qui ne vient certainement pas de notre galaxie, et…

- Ferme-là, débile ! Pourquoi tu n’as pas bouffé Wasdens comme convenu ?!

- Euh… mais… comme j’ai dit, ils ont été gentil avec moi… Et puis ce ne sont plus des Apôtres d’Erubin, ils m’ont dit. Donc du coup, ce monsieur Wasdens n’aura que le goût d'un vulgaire humain, et j’en ai déjà mangé plein. Divalina m’a promis plein plein de mayonnaise si je l’aidais. Jamais personne ne m’en a donné à la maison. Y’a que Divalina qui peut m’en fournir, donc il faut que je reste avec elle !

- C’est vrai, Jivalumi, ajouta Divalina avec un sourire attendu. Moi seule possède le secret de la fabrication de ce condiment légendaire.

Les cheveux de Jivalumi se mirent à bouger à toute vitesse, signe qu’elle était particulièrement énervée.

- Tu t’es fait manipuler, pauvre crétin ! S’exclama-t-elle à l’adresse de Gluzebub. Ta mayonnaise n’a rien de rare ou de divin ! Je peux t’en fournir beaucoup moi aussi !

- C’est faux ! Riposta le Démon Majeur. Il y en avait pas dans ton frigo ! Même le Marquis, qui connaissait sans doute son existence, me l’a toujours cachée ! Je ne peux plus me passer de mayonnaise maintenant que je l’ai goûtée. La mayonnaise est ce pourquoi je suis venu au monde, je le sais maintenant !

- C’est parfaitement ça, Gluz, lui dit Divalina. Tiens, cadeau.

Elle lui lança un petit tube de mayonnaise que Gluzebub attrapa comme si c’était le Saint Graal. Après avoir retiré le bouchon, il se mit à en aspirer le contenu avec un bruit de succion particulièrement dégoûtant.

- Ah, mayonnaise, mayonnaise ! Gémit-il, en extase. Comment ai-je pu vivre sans toi jusqu’à maintenant ?! Jamais je ne te quitterai, mon âme sœur !

Jivalumi secoua la tête, atterrée. Elle n’aurait pas imaginé la bêtise de Gluzebub aussi profonde. L’amener ici avait été une erreur. À quoi avait bien pu penser le Marquis ?!

- Peu importe, déclara finalement Jivalumi. Le Marquis réglera ton cas, Gluzebub. Attend toi à être sévèrement puni. Quant à vous deux, les Apôtres, je vais me charger de vous. Vous allez regretter d’être venus me défier sur mon propre territoire !

Jivalumi déploya ses cheveux, qui prirent l’allure de piques capable de transpercer la roche. Quant à ses griffes sur ses mains, elles s’allongèrent et se courbèrent. Si Wasdens recula encore un peu plus, Divalina resta impassible.

- Tu vas me tuer, Jivalumi ?

- J’éviterai d'en arriver à de telles extrémités. J’ai encore envie de fouler ce monde, de propager le carnage et de contempler ce monde de corruption que nous a promis le Seigneur Horrorscor. En revanche, quand je me serai occupée de toi, tu regretteras de ne pas pouvoir rendre l’âme.

Jivalumi planta ses cheveux sombres et piquants dans le sol, et ils ressortirent partout dans la cuisine, comme des lianes ou des tentacules, fondant sur les deux Apôtres. Wasdens se protégea avec son petit bouclier personnel enfermé dans le pommeau de sa canne dorée. Quant à Divalina, qui ne fit toujours aucun geste, elle fut protégée par Gluzebub qui repoussa les cheveux avec ce qui semblait être une attaque Vibrobscur.

- Gluzebub ! S’écria Jivalumi. N’aggrave pas ton cas !

- Je ne te laisserai pas faire de mal à Divalina ! Fit le Pokemon du Péché. Au nom de la mayonnaise !

- SINISTRE IMBÉCILE ! Tu comptes trahir le Marquis ? Trahir Wrathan ? Trahir le Seigneur Horrorscor pour ta stupide mayonnaise ?!

- Ce n’est pas que pour ça. Que ce soit le Seigneur Marquis ou grand-frère Wrathan et les autres, ils m’ont toujours traité comme tu le fais, c’est-à-dire comme un débile, toujours à me crier dessus et à me donner des ordres ! Divalina, elle, a été gentille avec moi. Elle m’a appris que je pouvais manger comme je voulais sans avoir à tout casser autour de moi.

- Ah ! Donc, tu vas faire quoi ? Te rallier à Erubin ? Tu es un Démon Majeur. Tu es né de la corruption des gens, et tu la propages tout autour de toi. Rien ne changera ça.

- Qu’importe ce qu’on est et comment on est né, intervint Divalina. L’important c’est ce qu’on choisi de faire. Toi, qui est née comme mon Doppelganger, avec pour destin de me servir jusqu’à ma mort, tu as bien choisi la liberté non ? Horrorscor et ton Marquis ont choisi pour Gluzebub ce qu’il devait être, sans lui demander son avis. C’est un Pokemon libre, qui a décidé de vivre comme il le voulait.

- Oui, oui, confirma Gluzebub. J’en ai assez de détruire et tuer, j’en ai assez d’être le souffre douleur de mes frères et sœurs. Je veux juste manger de bonnes choses et me faire des amis. Si tu ne veux pas être mon amie, Jivalumi, tant pis. Mais tu ne feras pas de mal à ma nouvelle amie !

Gluzebub n’avait jamais été motivé pour rien si ce n’était pour manger. Jivalumi fut étonnée et même un peu effrayée de lire une telle détermination dans son regard. Elle ne s’était pas préparée à affronter un Démon Majeur. Elle ignorait si elle serait capable de le vaincre, et même si elle l’était, elle n’était pas sûre d’avoir le droit de l’éliminer. Même traîtres, les Démons Majeurs appartenaient au Marquis. Mais ce n’était qu’un coup de chance pour Divalina que Gluzebub ait été là. Elle n’avait pas pu le prévoir, ni songer qu’elle se servirait de lui contre son ancien Doppelganger. Jivalumi, rageuse, lui en fit la remarque.

- Tu ne pouvais pas compter sur cet imbécile pour me défier. Alors quel était ton plan originel, hein ? Avec quoi comptais-tu me battre ?!

Divalina écarta les bras.

- Tu me vois comme je suis venue. Sans rien. Avec pour seule arme mes paroles. Mon but n’est pas de te battre. Je veux seulement te convaincre de revenir avec moi, qu’on ne fasse plus qu’un comme autrefois.

Surprise, Jivalumi n’en éclata pas moins de rire.

- Pas étonnant que Gluzebub se soit rallié à toi ; tu es tout aussi idiote que lui ! Qu’est-ce qui te fais penser que j’ai la moindre envie de redevenir ton ombre vivante ?

- Tu voulais la liberté. Je ne l’ai pas compris. Je n’ai pas tenté de te comprendre. Alors tu es partie. C’est normal. Mais ta liberté actuelle est factice. Les Agents de la Corruption te la font miroiter tout en te tenant en laisse. Tu veux plus que ça, j’en suis sûre.

- LA FERME ! Ma loyauté envers le Seigneur Horrorscor est totale !

Jivalumi balaya une nouvelle fois ses longues mèches mortelles dans l’espoir de transpercer ses ennemis. Sa colère lui avait perdre toute notion de prudence, et elle avait attaqué de manière à tuer. Comme tous les cheveux étaient dirigés vers eux à toute vitesse, Gluzebub n’aurait pas pu les repousser avec une seule attaque Vibrobscur sous sa forme humaine. Alors il se transforma, revêtant sa forme véritable. Entièrement violet, deux-mètres cinquante environ, il ressemblait à un sanglier se tenant sur deux pattes, avec des cornes et des piques un peu partout sur le corps. Il avait une énorme masse d’armes en guise de queue, et surtout, une bouche dentée énorme sur son ventre.

Tel était le Sanglier de la Gourmandise. Lors des bataille à Hoenn, Jivalumi l’avait vu dévorer des dizaines de soldats de la Confédération à la fois avec son ventre qui faisait office de seconde gueule. Outre son type Ténèbres, propre à tous les Démons Majeurs, Gluzebub était aussi de type Poison. Il pouvait lancer ses propres acides digestifs, auxquels rien ne pouvait résister. Avec sa taille, il venait là d’arrêter toutes les mèches meurtrières de Jivalumi, qui se dépêcha de les ramener à elle avant que le Pokemon n’ait l’idée de les manger.

Jivalumi alla puiser dans ses sept cœurs, chacun de l’une des couleurs de l’arc-en-ciel. Ces cœurs semblable à des joyaux étaient ce qui lui donnaient force et puissance. Quand elle puisait en eux, des filaments multicolores en sortaient et se rependaient partout dans son corps. Mais plus elle puisait dedans, plus ils se vidaient et perdait de leur éclat. Pour les recharger, il lui suffisait de rentrer sur le lieu de sa naissance, autrement dit, ici, au Manoir Divalina. Ici, elle pouvait ponctionner presque autant qu’elle voulait l’énergie de ses cœurs. Ici, elle était invincible !

- Je ne te laisserai pas leur faire de mal ! Gronda le gros Pokemon violet.

- Comme tu voudras. Je te ramènerai en morceaux au Seigneur Marquis !

Jivalumi fit pleuvoir un véritable déluge de mèches tranchantes et piquantes. En raison de sa grosse taille et de son corps peu pratique, Gluzebub était terriblement lent. Mais Jivalumi ne pouvait pas non plus attaquer comme elle le voulait. Elle aurait peut-être pu transpercer le corps du Démon Majeur en y mettant toute sa puissance, mais les fluides internes de Gluzebub était si nocifs qu’ils lui feraient fondre sa chevelure sans espoir qu’elle ne repousse un jour. Or, les cheveux de Jivalumi étaient son arme la plus efficace.

La gueule ventrale de Gluzebub s’ouvrit, et il cracha une boule de liquide vert, malodorant et surtout terriblement destructrice. C’était une attaque Bombe Acide ; d’ordinaire une attaque Poison relativement faible, mais produite par Gluzebub, c’était une autre histoire. Jivalumi l’évita en catastrophe. Quand le liquide toucha le sol dallé, ce dernier commença à crépiter et à fumer, avant qu’un trou ne se forme et que le liquide passe au travers, continuant sa chute loin en profondeur, désintégrant toute matière sur son passage.

Jivalumi était quelque peu perturbée par la puissance de cette attaque poison, et Gluzebub en profita pour continuer d’attaquer. Il se retourna, leva un peu son derrière, et produisit un jet de gaz qui devait sans doute avoir la teneur du Gaz VX. Dans le même temps, il allongea sa queue masse d’armes et l’envoya sur Jivalumi. Elle eut assez de force pour bloquer la boule ornée de piques, mais sauta au plafond en le détruisant et en se réfugiant dans la pièce au dessus pour éviter le gaz.

Après quoi, Jivalumi lacéra le sol du haut de coups de cheveux, pour le faire s’écrouler sur Gluzebub et les deux autres. Mais avant qu’il n’ait pu leur tomber dessus, un gigantesque rayon d’énergie balaya tout devant lui, et toucha Jivalumi par la même occasion. Elle avait réagi à temps pour éviter le coup mortel, mais son bras gauche avait été désintégré de moitié. Le rayon, qui était une attaque Ultralaser de Gluzebub, poursuivit sa course jusqu’au toit du manoir qu’il transperça proprement, faisant s’écrouler une partie.

Jivalumi, blessée, serra les dents tandis qu’elle utilisait l’énergie de ses cœurs pour se régénérer son bras. Mais le manoir, lui, ne pouvait pas être régénéré de la sorte. Et si le manoir était détruit, Jivalumi n’aurait plus d’endroit pour re-remplir l’énergie de ses cœurs, et donc à terme disparaîtrait. Divalina l’avait sans doute bien compris d’ailleurs, et c’était là son plan en venant ici. Un plan sournois, totalement digne d’elle. Mais même une fois le manoir détruit, il faudrait quelque jours à Jivalumi pour être à court d’énergie et disparaître. Elle aurait le temps d’éliminer Divalina au moins cent fois. La jeune femme le savait. C’était donc pour elle une mission suicide.

Jivalumi profita du fait que Gluzebub ait utilisé Ultralaser pour attaquer rapidement. L’attaque avait beau être puissante, il fallait ensuite un temps de repos pour récupérer, et même les Démons Majeurs n’échappaient pas à cette règle. Le Doppelganger fondit donc sur un Gluzebub à bout de souffle, et enfonça ses dents tranchantes dans son cou épais. Ça avait un goût dégoûtant, mais Jivalumi tint bon, tandis que Gluzebub hurlait comme le porc qu’il était. Il avait beau être gros et épais, il n’y avait pas grand-chose que les dents aiguisées de Jivalumi ne pouvaient découper.

Dans le même temps, elle lui planta ses griffes dans le dos et le ventre, et commença à le lacérer. Gluzebub se débattit, mais une fois que Jivalumi avait attrapé sa proie, elle ne la lâchait que lorsqu’elle était morte. Mais soudainement et inexplicablement, Jivalumi sentit une grande douleur cuisante dans chacun de ses bras. Elle aussi cria, et desserra sa prise sur Gluzebub, qui parvint à s’extirper et à la repousser. Jivalumi examina ses bras, mais n’y trouva aucune blessures apparentes.

- Qu’est-ce que…

La réponse lui vint quand elle vit Divalina, le visage tordu par la souffrance, ses deux bras ensanglantés à l’endroit même où Jivalumi avait mal. Wasdens regardait sa collègue d’un air horrifié, et quand Jivalumi vit le couteau plein de sang posé non loin d’elle, elle comprit. Divalina s’était poignardée elle-même les bras, et comme Jivalumi était liée à elle en tant que Doppelganger, même si elle s’était détachée d’elle, elle avait ressenti exactement la même douleur, permettant à Gluzebub de s’en tirer.

- Je n’étais pas sûre que tu puisses encore ressentir ma propre souffrance physique après que l’on fut séparées, fit Divalina avec un douloureux sourire. Apparemment oui. Nous sommes encore assez liées. Je peux même sentir de là ta propre souffrance… celle qui n’est pas physique. Parce que c’est la même que la mienne, qui dure depuis sept ans…

- Foutaises ! Gronda Divalina. Je n’ai plus rien à voir avec toi ! Nous ne sommes plus du tout liées, et j’en ai rien à foutre de ce que tu ressens ! Quant à la douleur physique, elle n’est qu’éphémère pour moi. Peux-tu en dire autant ?

Pour preuve et par défi, Jivalumi tendit son index tranchant, l’allongea de plusieurs mètres et alla transpercer l’épaule gauche de Divalina. Elle ressentit donc la même douleur qu’elle sur le coup, mais elle n’en avait plus rien à faire. Elle voulait la faire souffrir. C’est alors que Gluzebub surgit, et avec un grognement de rage, mordit l’ongle-lance de Jivalumi avec sa gueule ventrale, qui se brisa net sur le coup.

Jivalumi le prit pour cible avec ses neuf ongles restant. Tant pis si elle les perdait. De toute façon, elle ne pensait pas survivre à cette journée. Si Divalina était bien déterminée à l’éliminer, il lui suffisait de se transpercer le cœur. Quand elle verrait qu’elle n’avait aucune chance de convaincre Jivalumi de revenir à elle, elle allait forcément s’y résoudre. Mais tant pis. Ce n’était pas si mal comme ça, après tout. De cette façon, elle cesserait de souffrir chaque jour…

Elle transperça donc Gluzebub en neuf points différents du corps, mais désormais, elle ne pouvait plus bouger. Gluzebub, lui, ouvrit grand sa gueule ventrale et emmagasina en une sphère mauve toute son énergie poison, ainsi que les débris et déchés de la pièce à moitié détruite. Il préparait son attaque Détricanon, qui était sa plus puissante. C’était une attaque très puissante d’ordinaire, mais lancée par un Démon Majeur, ça aurait plus ou moins la puissance d’une petite bombe atomique de détritus. Wasdens comprit le danger, et se plaça à coté de Divalina en activant le bouclier énergétique de sa canne. Jivalumi, elle, pompa toute l’énergie de ses cœurs pour accroître son endurance et survivre à cette attaque.

Quand le Détricanon fut lâché, tout le Manoir Divalina fut soufflé. Au choc se succéda une pluie d’acide, de déchets en tout genre et d’une boue violette qui laissait échapper une odeur atroce. Si le bouclier de Silvestre les protégea en partie des impacts empoisonnés, lui et Divalina furent tout de même malmenés par le choc, puis à moitié enseveli par les gravats du manoir. Quand Gluzebub fut témoin de ce qu’il avait lui-même provoqué, il lâcha un seul :

- Oops.

Cherchant ses nouveaux amis sous les décombres, il se mit à manger la plupart des débris avec sa gueule ventrale pour aller plus vite. Il ne vit pas la pluie de cheveux piquants qui s’abattit sur lui par derrière, transperçant son corps et faisant des allers-retours à l’intérieur pour endommager le plus d’organes possibles. Gluzebub cracha du sang par ses deux bouches, et s’écroula, incapable de bouger. Derrière, une Jivalumi bien mal en point mais vivante s’extirpa des décombres. Elle n’avait plus ses griffes, sa jambe droite était tordue à 180 degrés, et ses sept cœurs de couleurs étaient sombres, vide de toute énergie. Le manoir anéanti, elle ne pouvait plus les régénérer, et donc sa fin était proche. Mais sa volonté de carnage était toujours là, et elle voulait au moins se venger de Gluzebub.

- Tu es c-content de toi, gros p-porc idiot ? Je suis… finie. Mais au moins, tu vas… venir avec m-moi.

Elle s’approcha dans l’intention de lui déchirer le corps avec ses dents, sa seule arme qui restait. Mais alors, quelqu’un la retint par l’épaule. Jivalumi eut la surprise hébétée de voir Divalina derrière elle, sa robe en lambeau, pleine de sang et de coupures, mais les yeux brillant d’une détermination sans limite… et d’une certaine forme de tristesse, et de regret.

- Ça suffit, Jivalumi, fit-elle. C’est fini…

- Oui, ce le sera dans quelque minutes. Une fois que j’aurai achevé ce porc, je m’occuperai de toi. J’aurai le plaisir de te tuer, même si ça sera mon tout dernier ! Nous mourrons ensemble ! Cela te ravi n’est-ce pas ?!

Divalina secoua la tête.

- Non. Je préférerai qu’on vive ensemble. Reviens en moi. Redevenons qu’une. C’est ta seule chance de survivre, maintenant que le manoir est détruit.

- Avoir un esclave sous tes ordres te manquait donc à ce point ?

- Je ne t’ai jamais considéré de la sorte. Tu étais une amie. Ma seule et unique amie.

- Ah ! Tu pensais ça de moi uniquement pour te donner bonne conscience ! Tu n’as jamais été mon amie, car tu ne m’as jamais comprise ! Tu jouais avec moi, tu discutais avec moi, mais pour toi, je n’avais aucune conscience ! J’étais comme un gentil Pokemon obéissant pour toi, même moins que ça : un animal de compagnie qui pouvait servir de garde !

Divalina baissa la tête, et Jivalumi put voir les larmes sortir de ses yeux.

- Tu as raison. Je te n’ai jamais considéré comme une personne à part entière, avec des envies et des espoirs. Ce n’était pas là du désintérêt de ma part, seulement de l’ignorance. J’y ai beaucoup réfléchi, ces dernières années. Je voulais d’abord penser que ton départ était de ton seul fait, ou de celui des Agents de la Corruption. J’ai compris depuis que c’était à cause de moi. J’en suis vraiment, vraiment désolée…

- Tu en es désolée tu dis ? Qu’est-ce que ça peut bien me fiche maintenant ?! Tout ça est fini ! Je sers la Corruption ! Je…

Jivalumi s’arrêta quand Divalina prit son ancien Doppelganger dans ses bras, la serrant fort contre elle. L’Agent de la Corruption fut si surprise et troublée qu’elle ne chercha même pas à se débattre.

- Lâche-moi, ne put-elle que murmurer.

- J’ai tant souffert toutes ces années, seule, sans toi ! Un membre de la famille Divalina et son Doppelganger ne sont pas censés vivre séparément. J’ai souffert… et je sais que toi aussi. Nous ne sommes pas complètes. Nous ne serons jamais libres, comme ça. Que ce soit l’Innocence ou la Corruption, aucune des deux ne pourra jamais combler ce vide en nous.

- Je… je n’ai pas souffert, balbutia Jivalumi. J’étais v-vraiment… vraiment libre. Je…

Mais la proximité des deux âmes sœurs enfin réunies ne laissait plus place au mensonge. Divalina ressentait tout de Jivalumi, et inversement. La douleur, la rancœur, la solitude, la tristesse… tout cela ne faisait plus qu’un en elle. Ça avait toujours fait qu’un, même séparée par la distance. Et un nouveau sentiment commun refit surface. Un qui n’avait plus été là depuis sept ans : un profond sentiment de paix.

- Je suis désolée de ne pas avoir compris qui tu étais, de ne pas avoir cherché à comprendre, s’écria Divalina en pleurant abondement. Tu n’étais pas seulement mon ombre vivante. Tu es Jivalumi ! Tu es quelqu’un à part entière. Je veux… j’aimerai en savoir plus sur toi. Je veux que tu me parles de toi, de ce que tu apprécies, de ce que tu n’aimes pas, de tes rêves, de tout ! Je veux qu’on devienne de vraies amies !

Les larmes de Divalina touchèrent le corps de Jivalumi, et alors, tout comme la larme durcie d’Erubin vainquit Horrorscor, celles de Divalina débarrassèrent Jivalumi de la corruption qui couvait en elle. Le Doppelganger ne s’était jamais sentie aussi bien, aussi complète, que dans les bras de Divalina à cet instant. C’était ce qu’elle avait toujours voulu ; quelqu’un pour l’écouter, pour la comprendre. Alors, elle aussi pleura, et tout comme leurs larmes se réunirent, le corps des deux âmes sœurs fusionnèrent. Divalina et Jivalumi étaient, après sept ans, redevenus complètes.





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Image de Gluzebub :