5: D'escale en esclave
Aron se réveille avec douleur dans une position si inconfortable sur le dos du diplodocus qu’il subit le besoin urgent de s’étirer longuement. Mais il y a peu de place sur le téra volant et le moindre mouvement le menace d’une chute impressionnante dans l’océan qui semble infini. Le ciel est à présent teinté d’une douce couleur orangée et l’astre solaire se cache, timide, derrière l’horizon. Son ventre se tord de douleur et derrière lui, d’après l’inconfort qu’il constate chez son ami, Mehdi ressent la même douleur physique.
— J’ai faim ! se plaint Aron.
La jeune fille qui dirige le monstre aérien fait mine de ne pas entendre.
— Tu avais dit que le voyage ne durerait qu’un ou deux ans, et on n’a toujours rien fait d’autre que voler sur ce téra ! continue Aron.
Nora sort enfin de son silence :
— Écoute Aron, je crois que tu n’as pas bien saisi la notion d’année, avoue-t-elle maintenant qu’ils sont assez loin pour ne pas faire demi-tour. Un an, ce n’est pas un jour, c’est beaucoup, beaucoup plus que cela.
— Mais… ça veut dire que mes amis n’ont pas assez à manger alors ?
— Ne t’en fais pas pour eux, ils pourront s’en sortir par eux-mêmes !
— En attendant, j’ai toujours faim ! rappelle Aron, dont les cris de son estomac lui semblent plus important pour l’instant que le souci de savoir ses amis sans nourriture.
— Tracasse, on va bientôt atterrir, annonce Nora.
— On est arrivé à Portoasis ? s’intéresse Aron, excité.
— Pas vraiment, hésite Nora. Disons… qu’on doit faire escale un moment, avant.
— Ça se mange, un escale ?
— Je ne te parle pas d’un « en-cas », je te parle d’une « escale » ! Ça veut dire qu’on doit s’arrêter en chemin.
Nora pointe de son doigt quelque chose sous leurs pieds. Avec beaucoup de difficulté à cause des bourrasques de vent qui l’empêchent de garder ses paupières ouvertes trop longtemps, Aron plisse les yeux et distingue une petite île, probablement de la même taille que son île natale. Il n’a pas le temps de poser les questions qui lui viennent en tête que Nora tire sur la corde qui dirige le diplodocus apprivoisé et le monstre bifurque brusquement sur la droite, expulsant Mehdi qui ne s’y attendait pas. Mais avec agilité, Aron lui attrape le bras et le maintient sur le dos du téra. Perdant de l’altitude à toute vitesse, le diplodocus s’écrase avec force au sol et cette fois, Aron n’est pas assez robuste et il se fait éjecter sur le sol de la plaine sur laquelle ils viennent de toucher terre.
— Tu as beaucoup d’endurance, mais en ce qui concerne les atterrissages, tu as encore du travail devant toi, marmonne Nora qui s’est retrouvée tête la première dans une flaque de boue, tandis que son diplodocus la regarde sans émotion.
Aron se relève dans la douleur et tire Mehdi hors du champ de blé où il a chuté. Le ventre d’Aron gargouille de plus belle.
— J’espère qu’il y a de la nourriture dans ton escale, se plaint-il.
Nora ne répond pas, et le garçon sauvage a remarqué qu’elle détourne expressément le regard.
— On s’est bien arrêté pour manger, n’est-ce pas ? demande le garçon, suspicieux.
Nora marmonne qu’elle doit vérifier que son téra n’est pas blessé à cause de l’atterrissage violent, et lui tourne le dos.
— Eh, attends un peu ! Tu me caches quelque chose !
— Moi ? Pas du tout ! Pourquoi tu penses ça ? balbutie Nora en continuant à le fuir du regard.
— Je ne connais peut-être pas beaucoup de chose sur le monde, mais je sais reconnaitre quand quelqu’un me cache quelque chose !
— Tiens, c’est intéressant ça, répond Nora en se tournant vers lui, réellement intriguée. Comment tu peux déduire que je te cache quelque chose alors que tu n’as jamais vécu avec un être humain ?
— Je te rappelle qu’il y a plein d’humains qui sont venus sur mon île et que j’ai chassés par la force.
— Tu dois être très…
— Ne change pas de conversation !
— Bon, très bien, abandonne Nora. Viens avec moi, je vais t’expliquer.
Nora tire son diplodocus vers la forêt avoisinante et accroche la liane qui entoure son cou au tronc du premier arbre qu’elle trouve. Elle se tourne enfin vers Aron et prend un air sérieux.
— Je vais te dire pourquoi on a fait une escale sur cette île, mais il va falloir être les plus silencieux possible.
Mehdi et Aron échangent un regard inquiet alors que Nora pénètre dans la forêt. Les deux amis accourent pour la suivre à la trace et la jeune fille avance d’un pas assuré vers une destination qu’elle seule connait et qu’elle n’a pas besoin de chercher pour retrouver. Aron n’ose pas lui demander où ils vont, car le conseil de rester silencieux est en accord avec l’étrange sentiment de danger qu’il ressent sur cette île inconnue.
Enfin, ils arrivent de l’autre côté du bois, au sommet d’une colline, et ce qu’il voit à cet instant lui coupe le souffle.
Le village qui s’étend dans la vallée resplendit d’une beauté architecturale invraisemblable. Pour un enfant sauvage tel qu’Aron, la vision de tous ces bâtiments organisés autour d’un manoir qui surplombe toute la vallée est la chose la plus curieuse qu’il ait jamais vue. La lumière chaleureuse du coucher du soleil scintille dans le fleuve qui entoure le village, lequel fait briller de mille feux les petites maisons en pierre près des champs labourés. Il règne dans le village une aura énergique, provenant probablement de son histoire qu’Aron est curieux d’apprendre. Face à cette première expérience de civilisation, Aron ne peut s’empêcher de laisser une larme couler sur sa joue. Si seulement il avait eu la chance de vivre dans un village tel que celui-là, qui semble peuplé d’autres humains d’après les petits points gris qui circulent de maisons en maisons.
Aron reste bouche bée face à la superbe vue qu’il a du village, depuis le sommet de la montagne. Nora, elle, a l’air de ne pas partager son émoi.
— Ce sont… des humains ? s’émerveille Aron en observant les points gris au loin.
— Bah oui, que veux-tu que ce soit d’autre ? Y a surement aussi des téras bovins qui partagent leur quotidien…
— Et… ils vivent tous ensemble ? s’étonne Aron.
Nora acquiesce.
— Sans s’entretuer ? continue Aron.
— J’imagine qu’ils doivent bien se prendre la tête de temps en temps, avoue Nora, mais dans l’ensemble, on n’est pas des sauvages, tu sais.
— Mais alors, pourquoi est-ce que grand-père m’a toujours dit de me méfier des humains s’ils peuvent vivre ensemble ? se demande Aron en touchant par réflexe son Talisman d’Eau.
— C’est une excellente question, admet Nora qui fronce des sourcils.
— Je pensais que les êtres humains vivaient seuls, comme moi… marmonne Aron, perturbé par cette révélation.
— Allez, viens.
Nora amorce sa descente dans la colline aux hautes herbes et Aron et Mehdi la suivent au pas de course.
— Tu ne m’as toujours pas dit pourquoi on est là ! se souvient Aron.
— Tu vas vite le savoir. Cependant, je te conseille de ne plus parler. Les personnes que nous allons rencontrer sont plutôt hostiles avec les étrangers. D’ailleurs, c’est étonnant qu’on n’ait toujours pas été…
Mais Nora s’interrompt et se paralyse sur place. Aron entre en collision avec ses longues jambes blanches et Mehdi, de son côté, a entendu du bruit que seules ses oreilles de téra sont en mesure de percevoir.
Tout à coup, des humains apparaissent de nulle part et les entourent. Ils les menacent avec des simples gourdins en bois. Aron les observe : ils sont grands, musclés, bronzés, un peu comme lui finalement, sauf que leurs corps et leurs visages sont parsemés de poils. Il se souvient que son grand-père aussi avait des poils ; ces humains devaient être des hommes !
Le plus robuste d’entre eux — ils doivent être une dizaine car Aron peut tous les compter sur les doigts de sa main — sort du cercle et crie quelque chose à l’encontre de Nora dans une langue inconnue. Face à l’agressivité de l’homme, Mehdi se met en position d’attaque, mais Nora répond dans la même langue et Mehdi hésite. Il vérifie auprès d’Aron si la situation est normale, mais Aron lui-même est perdu. Il passe son regard de Nora à l’inconnu qui échangent des paroles incompréhensibles sur un ton de plus en plus dangereux.
L’homme se tourne vers ses camarades et l’un d’entre eux lui parle, avant que Nora les interrompe avec l’air de quelqu’un qui cherche à se justifier, et apparemment, ce qu’elle leur dit ne leur plait pas, car tous les hommes ont brandi leurs gourdins et les menacent de plus belle.
— Nora ? bégaye Aron alors que sa nouvelle amie lève les mains en l’air.
— Tout va bien, ne t’en fais pas, tente-elle de le rassurer alors que le cercle se referme sur eux.
— Est-ce que ce sont des humains gentils ou des humains méchants ?
— Disons que… à la base, ils étaient gentils, mais il se peut que je les aie énervés. Et parfois, quand on est de mauvais poil, les gentils peuvent devenir méchants… Même très méchants !
— Alors, on va les calmer ! Mehdi, à toi de jouer ! ordonne Aron.
— NON ! s’écrie Nora.
Mais c’est trop tard. Mehdi a bondi dans les airs et a frappé de son pied le chef de la bande. En prenant son élan, il saute sur les autres ennemis et les écrase à l’aide de ses pieds, les uns après les autres. Les hommes lèvent à peine leurs gourdins au-dessus de la tête mais sans avoir le temps de se défendre, et tous s’effondrent.
— Et maintenant ? demande Aron en se tournant vers une Nora effarée.
— Maintenant qu’ils sont bien certains que nous sommes leurs ennemis, on court !
Et Nora lui attrape le bras avant de partir dans une course folle à travers les champs qui longent le fleuve entourant le village. Mehdi les suit à toute vitesse, bondissant d’arbres en arbres.
— On ne ferait pas mieux de partir loin du village, s’ils nous veulent du mal ? questionne Aron, paniqué.
— Le soucis, c’est que je dois justement me rendre dans le village ! explique Nora.
— Mais pourquoi ?
— Trop long à expliquer !
Des cris explosent derrière eux : les hommes se sont relevés et les poursuivent en menaçant des gourdins qu’ils ont brandis.
— Là !
Nora les entraîne à toute vitesse vers le pont-levis qui permet l’entrée au village, mais voilà que les gardes crient l’ordre de faire lever le pont et de les empêcher de passer. Nora, Aron et Mehdi arrivent à bout de souffle face à un mur de pierre qui leur bloque le passage.
— Il faut absolument qu’on entre dans ce village, sinon, je ne donne pas cher de nos peaux ! s’affole Nora alors que les hommes à leur poursuite s’approchent dangereusement.
— Pas de soucis !
Aron agrippe le Talisman d’Eau qui pendouille au bout de la corde autour de son cou, et une étrange lumière émane de la plaque en métal. Il chantonne sa mélodie terrifiante et l’eau du fleuve se trouble mystérieusement.
— J’espère que tu sais nager ! lui lance Aron, avant de courir à toute vitesse vers le fleuve.
Aron saute dans le vide alors que se forme sous ses pieds une vague aquatique qui se solidifie et lui permet de courir littéralement sur l’eau.
— C’est… impressionnant ! s’effare Nora qui n’en revient pas ses yeux.
— Qu’est-ce que tu attends ? s’exclame Aron de l’autre côté du fleuve, tandis que les gardes qui protègent le village courent vers lui.
Nora hésite, mais Mehdi la pousse violemment vers le fleuve. À son grand étonnement, elle ne traverse pas la vague aquatique mais elle repose dessus comme s’il s’agit d’un sol fait de pierres, ou plutôt comme si elle flotte sur l’eau. Une fois de l’autre côté du fleuve, Aron reprend sa mélodie et dirige son Talisman vers la vague qui s’écrase avec force sur les gardes qui viennent à leur rencontre.
Profitant du tumulte, les trois aventuriers s’enfuient sur les chemins de terre qui traversent le village, laissant derrière eux des gardes déboussolés et trempés jusqu’aux os.
Le soleil s’est couché à présent. Nora, Aron et Mehdi avancent discrètement dans un village presque désert et paisible, se cachent derrière les tonneaux qui peuplent les ruelles sombres et sales, évitent les fenêtres des masures en bois, se pétrifient à chaque bruit suspect qu’ils entendent. Enfin, ils arrivent sur une place centrale, de l’autre côté de laquelle surplombe majestueusement un manoir imposant, fait de pierres et de bois.
— Est-ce que tu vas me dire pourquoi on est dans ce village, maintenant ? chuchote Aron alors que Nora inspecte les lieux.
La place est déserte, mais avancer davantage signifierait être vus de n’importe quelle ruelle qui accède à la place.
— Tu vois le manoir de l’autre côté ? Là-bas réside le Seigneur à qui appartient l’île.
— C’est quoi, un Seigneur ? questionne Aron qui fait à nouveau preuve d’ignorance.
— En gros, c’est quelqu’un qui possède des terres et les gens qui y travaillent sont ses serfs, répond Nora sans se soucier d’expliquer le nouveau vocabulaire. C’est une notion plutôt dépassée, si tu veux mon avis. Mais les îles de Sunn sont toujours assujetties au régime de la vassalité. Pas très moderne…
Aron et Mehdi acquiescent, sans comprendre la moindre de ses paroles.
— Enfin bref, l’homme en question, le Seigneur Bartolomé, détient quelque chose qui est à moi et nous devons le récupérer si on veut pouvoir trouver les Talismans de Cosmos.
— C’est quoi, qu’il a ?
— Oh, un objet plutôt compliqué à décrire… répond mystérieusement Nora qui poursuit son examen des lieux.
— Et pourquoi c’est lui qui l’a, et pas toi ? Il te l’a volé ?
— Ça, c’est une longue histoire… L’important n’est pas de savoir comment il l’a eu, mais comment nous allons le récupérer.
— La belle affaire ! Comment je peux t’aider à récupérer un objet que je ne sais même pas à quoi il ressemble ?
— Ne t’en fais pas pour ça, j’ai un plan. Et il consiste à surtout ne pas…
Mehdi pousse un cri de stupeur.
Nora et Aron se retournent brusquement. Une douzaine de soldats les a retrouvés, et l’un d’entre eux menace de trancher de sa lance la gorge de Mehdi, pris en otage.
— …se faire repérer, termine Nora dont la voix défaillit.
— Cribis poter pentrar edin meno zitat nocon nul esgrupul, draidora ?
Un homme sort des rangs, et rien qu’à la vue de son accoutrement, Aron a compris qu’il s’agit du chef de la bande. Il a parlé avec un accent très similaire au sien. Aron a reconnu chacun des sons qui sont sortis de sa bouche, mais aucun des mots qu’il a employés. C’est comme s’il a parlé sa langue, mais avec des mots qu’il n’a jamais entendu du sa vie.
— Aron, je te présente le Seigneur Bartolomé, annonce Nora d’une voix glaciale.
L’homme est vêtu d’un long drap brun qui descend sur sa carrure massive, jusqu’à toucher le sol et traîner derrière lui. Il est armé d’une lance, lui aussi, mais son torse bombé, sa peau mate, ses yeux d’un bleu vif, et ses cheveux marron hérissés imposent une force symbolique insurmontable.
— Je savais que les traitres reviennent toujours voir ceux qu’ils ont trahis, reprend le Seigneur Bartolomé qui s’adapte au langage qu’a utilisé Nora, mais je ne te pensais pas aussi stupide.
— C’est vous le traitre ! se défend Aron, de bonne foi.
— Eh bien, je vois que tu n’as pas perdu de temps, femme ! s’exclame le Seigneur Bartolomé. D’abord mon esquif, ensuite un de mes esclaves, et te voilà partie pour me voler mon fief !
— Je n’ai pas volé ton esquif ! s’offusque Nora. Nous avions un accord…
— Cesse avec tes mensonges !
— … et ce garçon n’est pas un de tes esclaves ! Il s’agit…
— …d’un enfant sauvage qui vit seul sur l’Île de Nede, interrompt le Seigneur Bartolomé. C’est bien là que tu te rendais, non ?
Nora reste bouche bée. Aron, qui a compris qu’on parle de lui, reste attentif. Comment cet homme connait-il l’endroit où il résidait alors qu’il a toujours fait en sorte d’éviter la civilisation ?
— Et comme tu le sais probablement, le Vice-Roi a donné son accord pour que flotte mon drapeau sur la terre de toutes les îles au sud de celle-ci, dont l’Île de Nede. Par conséquent, tous les habitants de mes îles sont mes esclaves.
— Attendez une seconde, je pensais qu’on était les seuls à faire une esclave ! intervient Aron, qui pense s’être emmêlé les pinceaux avec tous les nouveaux termes qu’il a appris aujourd’hui.
Nora lui lance un regard d’incompréhension et fronce les sourcils.
— Écoute, Aron, et si tu laissais les grands parler entre eux ? On a un contrat à régler…
— Pas tant qu’ils ne nous rendent pas Mehdi !
— Notre contrat ne tient plus, traitre ! annonce le Seigneur Bartolomé.
— Je suis certaine qu’on peut trouver un arrangement… Après tout, nous avons tous les deux un objet qui appartient à l’autre et que nous voulons récupérer.
L’argument de Nora, bien qu’incompréhensible pour Aron, a fait mouche : le Seigneur Bartolomé a tiqué de l’œil et réfléchit à toute vitesse. Il échange quelques paroles dans sa langue avec ses gardes. Aron a vu sur le visage de Nora qu’elle a compris ce que le Seigneur Bartolomé a dit à ses hommes, mais lui n’a rien remarqué. L’enfant commence à s’agacer : il est bien le seul à ne pas arriver à suivre les discussions et à s’inquiéter de la suite des évènements. Il se sent impuissant. D’autant plus que Mehdi est toujours à la merci de la pointe de la lance du Seigneur Bartolomé.
— Tu marques un point, femme, reprend celui-ci après que ses hommes se mettent au garde-à-vous.
Trois d’entre eux s’approchent d’Aron, lui arrachent son bâton de pêche des mains, et le prennent par le bras.
— Eh ! Qu’est-ce que vous faites ? Lâchez-moi !
— Ne t’en fais pas, Aron, tout est sous contrôle, rassure Nora. Ils vont vous amener quelque part, toi et Mehdi, pendant que nous discutons pour régler notre… différend. Fais-moi confiance.
Les gardes qui tiennent Mehdi en sursis et ceux qui viennent d’attraper Aron quittent les lieux et, avec un dernier regard inquiet envers Nora qui lui offre son plus beau sourire réconfortant, le garçon sauvage capitule.