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Cosmos de Feather17



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Informations

» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 21/06/2017 à 16:59
» Dernière mise à jour le 28/11/2021 à 16:10

» Mots-clés :   Action   Aventure   Fantastique   Hoenn   Médiéval

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3: Un caïman aux pouvoirs mystérieux
De la plage à sa hutte, le chemin n’est pas très long. D’ordinaire, Aron et Mehdi franchissent la jungle en très peu de temps ; le soleil ne change quasiment pas de position dans le ciel durant leur trajet. Aujourd’hui, la traversée se fait beaucoup plus lentement, et pour cause : la créature « fille » a ralenti la marche.

Finalement, ils ne sont pas si semblables, Aron et elle. Certes ils partagent des aspects physiques plus ou moins identiques, mais dans les faits, Aron est beaucoup plus brave, beaucoup plus fort et beaucoup plus calme qu’elle. Ce qui a amené Aron à cette conclusion, c’est l’observation de sa façon de se déplacer dans la jungle. Premièrement, une « fille » ne marche pas à pied, elle préfère être à dos de téra. L’idée d’assujettir un téra, quelle qu’en soit la cause, ne plait pas beaucoup à Aron qui privilégie les relations amicales et l’entraide. Mais il a préféré se taire, car une « fille », c’est très nerveux. Aron a ainsi constaté qu’une « fille », ça n’aime pas beaucoup la nature, d’après les nombreuses complaintes de la créature. Elle a même, alors qu’elle s’est prise sur le sommet du crâne une haute branche d’un sorbier, lâché un soupire ou un mot inconnu qui ne lui a pas sonné de manière agréable à l’oreille. Enfin, toujours d’après ce qu’Aron a pu étudier, une « fille », cela parle beaucoup. De tout, et de rien. Parfois même jusqu’à bouleverser le sommeil paisible des téras qui ne demandent rien d’autre que de profiter d’une douce nuit. Alors qu’au fond, il ne lui a rien demandé ! Et à vrai dire, il se fiche un peu de ses histoires ; tant qu’il a de quoi se mettre quelque chose sous la dent, sa vie est comblée.

De son côté, Nora est restée très patiente, malgré le trajet infernal dans des conditions exécrables que le garçon sauvage lui a fait prendre. D’après son observation de la nature, ils auraient pu choisir pour une marche tranquille le long de la plage, mais Aron a préféré, par attirance sentimentale, une traversée de la jungle.

À bien y réfléchir, Aron n’est pas un garçon comme les autres. Certes, il partage des aspects physiques plus ou moins identiques avec les jeunes hommes de son âge, mais dans les faits, Aron est beaucoup plus téméraire, beaucoup plus violent et beaucoup plus irrespectueux que les autres. Ce qui a amené Nora à cette conclusion, c’est l’examen attentif de sa façon de se comporter dans la jungle. Premièrement, il a refusé catégoriquement de monter à dos de son diplodocus et a préféré s’écorcher la plante de ses pieds nus sur chacun des bouts de bois qui jonchent le chemin terreux. Les téras sont pourtant si docile, la pratique de leurs pouvoirs au service des humains si répandue, et elle a eu la chance d’en dompter un qui avance parfaitement bien dans ce milieu naturel. Mais elle a préféré se taire, car Aron peut se révéler très dangereux. Plusieurs fois, il s’est arrêté devant un gigantesque arbre et l’a frappé violemment à l’aide de ses poings, aidé de son téra de compagnie, pour en faire chuter l’entièreté de ses fruits, lesquels il n’a pas mangé car « ce n’étaient pas ses préférés ». Il a ainsi laissé sur son passage une bonne dizaine d’arbres aux troncs éclatés par simple caprice gustatif. Enfin, malgré ses nombreuses tentatives d’engager la conversation et d’en savoir plus sur sa vie d’ermite sur cette île tropicale, Aron ne lui a jamais répondu, préférant garder ses distances avec elle, qu’il continue de surnommer « créature ».

En conclusion, alors qu’ils arrivent à sa hutte primaire, aucun des deux ne semble apprécier grandement l’autre.

Aron s’étire de plaisir en arrivant enfin à sa hutte, bâtie le long du cours d’une petite rivière. Aron dépose son bâton de pêche contre les planches de bois de son habitation et fait signe à la fille de le suivre vers la rivière. La fille soupire de soulagement en glissant du dos du téra qu’elle a dompté et cherche des yeux le Talisman qu’elle convoite.

— Alors ? Il est où ?
— Bah, là !

Aron pointe du doigt le petit caïman qui se repose tranquille le long du cours d’eau.

— Mais il n’est pas le seul, tu sais. Sa famille préfère rester sur la plage…
— C’est un caïman, ça ! s’énerve la fille.
— Bah, c’est pas ce que tu me demandais ?
— Je t’ai parlé d’un Talisman, pas d’un caïman ! Go£verdym, j’abandonne !

La fille retourne auprès du diplodocus en maugréant des paroles incompréhensibles.

— Eh, attends un peu ! Tu m’as promis de me donner à manger si je t’amenais à mon caïman !

Aron rattrape la fille en la tirant par le bras. Mehdi montre des dents pour l’intimider.

— Mais enfin, je ne t’ai jamais parlé de caïman ! se défend la fille.
— N’empêche que tu m’as parlé de nourriture…
— Ben t’as qu’à aller détruire deux douzaines d’arbres en forêt, si tu as faim ! En attendant, j’ai assez perdu de temps avec un enfant qui ne connait même pas la différence entre un être vivant et une plaque en métal…

Et la fille remonte sur son diplodocus, occupé à manger les feuilles des arbres alentours.

Aron, frustré de ne pas avoir eu à manger, se dirige vers la rivière. Il va chercher au fond de son drap blanc qui recouvre ses parties génitales la plaque couleur saphir qu’il ne quitte jamais, et pousse un cri mélodieux dont lui seul a le secret. Au même instant, alors que la petite plaque de métal répond chaleureusement au cri d’Aron, l’eau se trouble dans la rivière. Le garçon sauvage saute sans hésiter au-dessus du cours d’eau, et une vague s’élève à plus de deux mètres d’altitude, l’entraîne et il se met à surfer dessus. Lorsque l’eau retombe, Aron est complètement sec et tient dans ses bras une paire de poissons frétillants.

Nora tombe des nues. Elle se précipite vers Aron et n’a de cesse de l’observer d’un air béat.

— C… Comment tu as fait ça ? s’extasie-t-elle.
— T’auras pas de rougeot, tu n’as pas été gentille avec moi !

Et Aron rentre dans sa hutte en compagnie de Mehdi. Nora le suit à la trace. En s’asseyant sur son lit de paille, Aron enfile son collier et le plaque de métal tombe sur son torse musclé.

— Un… un Talisman !! s’écria Nora, folle de joie.

Aron jette un œil à sa plaque de saphir.

— Tu parles de mon grand-père ? s’étonne-t-il.
— Ton grand-père ?
— Oui, ça appartenait à mon grand-père, explique Aron, et avant de mourir, il me l’a confié en me disant qu’il serait toujours avec moi à travers mon collier. Il est mort, et maintenant, il est dans mon collier. N’est-ce pas, grand-père ?

Nora lui saisit l’objet et l’observe attentivement.

— Ce n’est pas ton grand-père, idiot, c’est un Talisman ! révèle Nora.
— Même pas vrai ! se braque Aron. C’est mon grand-père qui m’aide à pécher pour que je puisse manger !
— Tu ne te rends même pas compte d’à quel point cet objet est précieux et rare. Ce que tu fais avec, c’est très spécial !
— Tu veux dire que… les filles ne peuvent pas pécher comme ça ?
— Pas que les filles, imbécile ! N’importe qui !
— Même les êtres humains ?
— MAIS JE SUIS UN ÊTRE HUMAIN !!

Aron s’est levé sur son lit et a repris sa plaque de métal contre lui, mettant le plus de distance entre lui et Nora. Mehdi s’est intercalé pour protéger son ami, prêt à attaquer la fille si elle hausse à nouveau le ton.

— Écoute, ton Talisman est très spécial et j’étais justement à sa recherche, explique Nora en gardant son calme. Qu’est-ce que tu dirais si tu me le prêtais contre… une tonne de nourriture !
— J’aime pas le thon, je préfère les rougeots. Et puis, c’est mon grand-père, pas le tien !

Nora grince des dents, mais reste calme.

— Je suis sûre que ton grand-père et moi serions les meilleurs amis du monde si on pouvait passer un peu de temps ensemble, continue-t-elle.
— Tu veux parler à mon grand-père ?
— En quelque sorte… On voyagerait, lui et moi, on verrait du monde, on…
— Pas question ! Il m’a toujours dit que les êtres humains étaient dangereux !
— D’accord, d’accord ! Le truc, c’est que j’ai vraiment besoin de ton Ta… enfin, de l’aide de ton grand-père. Ses pouvoirs sont très importants pour moi.
— Pourquoi ?
— Disons que… tu n’es pas le seul à penser que les êtres humains sont dangereux. Mais tu es aussi un être humain. Ce qui signifie que certains êtres humains sont dangereux, et d’autres ne le sont pas. Et toi et moi… et ton grand-père… nous sommes des gentils êtres humains. Mais d’autres gentils êtres humains sont menacés par des méchants êtres humains. Et je suis venu à la recherche de… ton grand-père… pour aider les gentils êtres humains à combattre les méchants êtres humains. Tu ne penses pas que ton grand-père aurait voulu aider une jeune fille comme moi dans cette noble tâche ?

Aron l’observe en plissant des yeux. Il hésite. Et comme toujours lorsqu’il hésite, il se tourne vers Mehdi pour avoir son avis. Le téra hausse des épaules, incapable de se positionner dans le débat. Il lui pose cependant une main contre le torse, lui assurant que quoi qu’il choisisse de faire, il sera à ses côtés pour le protéger.

— Et pourquoi il faut aider les gentils êtres humains ? questionne Aron.

Nora est bouleversée par cette question, mais elle retombe vite sur ses pattes et répond :

— Parce qu’ils ont beaucoup de nourriture que tu n’as jamais goûtée et dont le goût t’est complètement inconnu !

L’argument final convainc enfin Aron.

— D’accord !
Oosym!

Nora tend la main pour lui prendre son Talisman mais Aron l’en empêche.

— Mais grand-père reste avec moi !

Nora grommèle, puis finit par accepter.

— Allez, allons-y !
— Où ça ?

Aron s’est étendu sur le tas de paille qui lui sert de couche alors que Nora s’est apprêtée à partir.

— Ben… qu’est-ce que je viens de te raconter ?! Les gentils êtres humains, la nourriture, tout ça, tout ça !
— Ah non ! Je ne peux pas partir maintenant, je dois manger et dormir, fait remarquer Aron. Et puis, il faut que je trouve de la nourriture pour que mes amis puissent manger le temps qu’on est parti.
— Ce sont des téras sauvages ! Ils peuvent très bien s’occuper d’eux par eux-mêmes !

Mais Aron s’est retourné dans son lit et a clôturé la conversation.

Nora soupire. Si elle veut mettre la main sur le Talisman qu’elle vient enfin de trouver après tant de semaines de voyage, elle devra se contenter de cette alliance. Et elle l’a très bien compris : ce sera Aron qui dictera le rythme de leur voyage. Mais c’est l’effort à accomplir si elle veut utiliser ce Talisman. Car Nora a une autre idée en tête. Elle connait la légende du Monarque Suprême, et elle sait qu’Aron, bien que plongé dans son ignorance, remplit parfaitement la description qui lui a été faite au cours de son voyage.

En retournant auprès de son diplodocus pour passer la nuit, le regard de Nora est attiré par une masse informe qui vient de disparaître dans la jungle. C’était comme un pelage blanc. Probablement un téra sauvage qui retourne à son terrier. Ou alors… se peut-il qu’elle vienne d’entrapercevoir l’ombre de celui qu’on appelle l’Avertisseur ? Si c’est bien ce mythique téra qu’elle vient de voir, il fallait redoubler de prudence.

Nora finit enfin par fermer les yeux auprès de son diplodocus, et s’endort inquiète.