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Cosmos de Feather17



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Informations

» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 21/06/2017 à 16:58
» Dernière mise à jour le 28/11/2021 à 16:08

» Mots-clés :   Action   Aventure   Fantastique   Hoenn   Médiéval

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2: La dompteuse aérienne
— Eh beh ! Pour une île paumée, c’est une île paumée ! s’exclame l’être vivant.

Son accent, sec et rugueux, lui est inconnu.

La chose se laisse glisser le long du dos du monstre volant et atterrit mollement sur la plage baignée de la lumière du soleil couchant. Aron n’ose pas bouger. Il fait le mort et s’apprête à attaquer au moindre mouvement agressif de son prédateur. Celui-ci est trop occupé, pour l’instant, à délier la gueule du téra des cordages qui lui ont servis à le dompter. Quiconque arrive à apprivoiser ce monstre doit être plus dangereux, pense Aron. Mais la chose — qui lui ressemble étrangement maintenant qu’il l’observe plus en détails — caresse le crâne du téra et lui tend une branche d’arbre pour le nourrir.

Comme Aron, la créature se tient sur ses deux pattes-arrières. Comme Aron, son visage est rond et possède deux yeux, un nez et une bouche. Mises à part ces quelques brèves ressemblances, la créature ne représente rien de tout ce qu’il a pu avoir vu dans sa courte vie. Ses oreilles sont cachées par une longue chevelure bleu ciel, sa peau pâle reflète la lumière du soleil et sa poitrine est bombée, mais ce n’est pas dû à des muscles. D’ailleurs, il lui est incapable de voir son corps qui est dissimulé dans un genre de tissu souple qui virevolte dans le vent. La créature a accroché à son dos un instrument bien étrange façonné dans un bois incurvé dont les deux extrémités sont reliées par une corde tendue.

— Tu as eu de la chance que je sois arrivée aujourd’hui sur cette île, dit la créature.

Aron se crispe. Elle a à nouveau parlé, même si ça ne ressemble pas vraiment au langage qu’il connait !

— Non pas qu’il t’aurait mangé, continue-t-elle, les diplodocus sont herbivores. Mais tu aurais pu faire une belle chute qui aurait pu t’être fatale.

Aron serre les poings, prêt à attaquer. La créature le regarde, perplexe.

— Tu n’as pas à avoir peur, tu sais. Où peut-être que tu ne comprends pas ma langue ? Quelle plaie ! Moi qui ai mis plus d’un an à apprendre la langue du coin, je tombe sur le seul enfant sauvage illettré de la région. Preps… ðu ju spiik Ennish? Non, ça n’aurait pas de sens que tu parles la Langue d’Enn.

La créature fait un pas vers lui et Aron passe à l’action. Il saute d’un bond vers son prédateur, prêt à lui enfoncer ses doigts dans les yeux. La créature pousse un cri de surprise et se plie en deux en arrière afin de l’éviter. Aron tombe la tête la première dans le sable. Le temps qu’il se retourne, la créature a réussi à brandir son arme et le vise avec une flèche. Mehdi arrive enfin à toute vitesse dans un flash de lumière et s’interpose entre son partenaire et l’arme qui le pointe.

— Mehdi, non ! s’écrie Aron qui ne veut pas que son ami se sacrifie pour lui.

La créature écarquille les yeux, sourit, et baisse son arme.

— Alors comme ça, tu sais parler, coquin ! lui dit-elle. Comment tu t’appelles ?

Aron hésite. Mehdi échange un regard avec lui, et il sent qu’il n’a pas le choix que de répondre.

— Aron.
— Joli prénom, complimente la créature.

Elle range son arme dans son dos.

— Mais tu n’es pas très poli, sais-tu ? On n’agresse pas les demoiselles qui vous sauvent la vie !
— Les… quoi ?
— Les demoiselles, répète la créature.
— C’est quoi « les demoiselles » ? demande Aron, perplexe.

La créature le regarde, étonnée.

— Tu ne sais pas ce qu’est une demoiselle ?

Aron hoche de la tête négativement.

— Ce sont des jeunes filles qui ne sont pas mariées, répond la créature.
— Filles ? C’est quoi des « filles » ?
— C’est une blague ?! Tu ne sais pas ce qu’est une fille ?!

Aron hoche à nouveau.

— Ben c’est comme un garçon, mais en mieux !
— Tu veux dire que… tu es comme moi ?
— À peu près. Sauf que moi, je suis une fille. Je n’ai pas de… Enfin, bref, tu comprends, pas vrai ?

Aron ne répond pas, et Mehdi n’a pas l’air de comprendre lui aussi. L’enfant se lève enfin et tourne autour de la jeune fille à quatre pattes tout en la reniflant de toute part, à la recherche d’une odeur particulière à analyser. Mehdi l’imite.

— Mais enfin ! Tu n’as jamais vu d’êtres humains de ta vie, ou quoi ? s’insurge la jeune fille qui essaie de se protéger.
— Non. Mon grand-père m’a toujours dit que les êtres humains sont dangereux, répond Aron. Mais toi, tu es une fille, et les jeunes filles sauvent les garçons. Donc je peux te faire confiance !

Aron se relève et clape dans la main de Mehdi qui est plus détendu. La jeune fille reste pantoise, mais essaie de se contrôler.

— Il y a donc d’autres êtres humains que toi sur cette île, demande-t-elle.
— Non, les rares êtres humains qui ont essayé de venir, je les ai attaqués et je les ai fait fuir. Sauf un. Il est tombé de la falaise et il est mort. Depuis, ils ont compris qu’il ne fallait pas venir. Maintenant, je vis avec mes amis les téras.
— Mais, tu viens de me parler de ton grand-père, non ?
— Mon grand-père est mort quand j’étais un bébé, répond Aron, un peu triste.
— Oh ! Je suis désolée, je ne voulais pas te faire de la peine ! s’excuse rapidement la jeune fille.

Mehdi attire l’attention d’Aron avec un peu de sable, pour lui donner envie de jouer et ainsi le réconforter. Mais Aron n’en a pas envie ; il est très curieux par la rencontre qu’il vient de faire.

— Est-ce que les filles, ça mange ? demande Aron, intrigué.
— Bien sûr que oui ! s’exclame celle-ci, vexée. Mais enfin, je suis une personne normale, tu sais !
— Ah…

C’est au tour de la demoiselle de l’inspecter de haut en large. Elle tourne autour de lui et analyse chaque détail de son corps musclé. Puis, elle s’absente dans ses pensées un long moment, comme quand Aron se demande s’il va manger du rougeot ou du sanglier. Elle marmonne alors quelque chose pour elle-même sans le quitter des yeux. Elle a utilisé sa langue inconnue d’Aron mais qui sonne mélodieux à ses oreilles :

Pajt hii bii Prins Unheð?

C’est comme si elle a peur d’une découverte qu’elle vient de faire. Comme si elle sait qu’elle a trouvé ce qu’elle cherchait, mais qu’elle a du mal à y croire.

Enfin, elle sort de ses rêveries et s’adresse à Aron dans sa langue :

— Écoute, petit, je suis à la recherche d’un objet très précieux qui se trouverait sur cette île d’après certaines légendes.
— Ah ?
— Est-ce que tu as déjà entendu parler, vu, ou trouvé un Talisman ? interroge-t-elle en croisant les doigts pour se porter bonheur.
— Ben oui, ils sont plutôt courants par ici, affirme Aron, amusé.
— C’est pas vrai ?! s’exclame la jeune fille, ravie. Et tu sais où il se trouve ?!
— Bien sûr ! Je joue quasiment tous les jours avec. Tu veux que je te le présente ?
— Oui !
— Il est par là…

Aron montre du doigt l’orée de la forêt.

— Tu peux m’y emmener ? demande la jeune fille surexcitée en bondissant sur le dos du diplodocus qu’elle vient de dompter. Tout de suite ?
— Si tu veux… Tu me donnes quoi en échange ?

La jeune fille soupire.

— Qu’est-ce que tu aimerais ?

Aron réfléchit. Son regard croise les yeux du téra géant, puis descend vers la grappe de fruits attachée à son cou.

— Manger ! crie-t-il tout à coup, l’eau à la bouche.

La jeune fille lève les yeux au ciel et accepte. Mais Aron refuse de grimper sur le dos du téra qui a voulu avoir sa peau. Si elle veut qu’il le guide dans la forêt, elle devra marcher avec lui.

— Et ça a aussi un prénom, une fille ? demande Aron en se mettant en chemin.
— Mais oui, enfin ! Tout le monde a un prénom ! Le mien, c’est Hajnes Nora ov’Enn. Mais tu peux m’appeler Nora.
— C’est bizarre…
— C’est toi qui es bizarre… marmonne la jeune fille.

Et Aron ouvre la marche, suivi de près par la fille mystérieuse.