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Cosmos de Feather17



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Informations

» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 21/06/2017 à 16:57
» Dernière mise à jour le 28/11/2021 à 16:06

» Mots-clés :   Action   Aventure   Fantastique   Hoenn   Médiéval

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1: Aron
Hoenn, vaste région peuplée de pokémons exotiques tous les plus incroyables les uns que les autres, archipel d’îles extraordinaires étendues autour d’un continent isolé du monde connu, dont les routes sont parcourues par des hordes d’adolescents en quête de gloire et d’aventures, collectant des badges d’arène, collectionnant les pokémons, participant à des compétitions à la recherche de gloire. Mais Hoenn n’a pas toujours été une nation libre et développée, à la pointe des prouesses technologiques. Non, comme tout continent, Hoenn a connu de nombreux changements politiques, des avancées technologiques, mais aussi des guerres, des drames et des périodes de grandes misères. Aussi riche que sombre, son histoire est colorée des nombreux affrontements tumultueux qui ont fait vibrer son passé, et qui ont façonné avec le temps tous les peuples de la région, alors connue sous le nom de Cosmos.

Aujourd’hui, seuls quelques étudiants assidus retiennent les noms de Continentin le Conquérant, un des plus grands empereurs de l’archipel, de Tyranonn Unicus, probablement le tyran le plus sanglant, ou même de Cosmopolyte Ier, dit le Roi Unique. Seuls les professeurs les plus passionnés connaissent les chamboulements désastreux qui résultèrent de ce changement politique à l’aube moyenâgeuse du continent. Seuls quelques historiens écroulés par le poids de la vie détiennent les secrets les plus indéchiffrables des raisons qui entraînèrent la rupture de l’île en quatre territoires. En effet, pratiquement personne n’a jamais entendu la véritable histoire tragique de ce qui aurait pu amener la perte de l’île, la dissémination des peuples ancestraux, et le génocide des téras, ancêtres de ce que nous appelons aujourd’hui les Pokémons.

1010. Après de longs siècles de guerres sanglantes, Cosmos vit dans une ère monarchique étrangement paisible. Séparée en quatre régions aux pouvoirs politiques différents, l’ancêtre de Hoenn est sous l’emprise de celui qui se fait appeler Monarque Suprême, un roi unique aux desseins inquiétants. Loin de se douter des tumultes politiques qui se jouent sur le continent exotique, Aron vit paisiblement sur l'Île de Nede, recluse du reste de la région, en compagnie des téras qui l'entourent. Voici l’histoire de cet enfant qui, un jour, sauva tous les êtres vivants de Cosmos.


*
La rivière est calme et suit son cours lentement, tranquillement, en direction de ce vaste océan à perte de vue, lequel elle n’atteindra qu’après des heures de chemin paisible entre les arbres d’une forêt luxuriante qui regorge de plantes exotiques. La brise légère de cette journée estivale fait siffler les feuilles d’arbres dans une mélodie apaisante. Rien ne peut troubler cette énième journée parfaite sur l’Île de Nede, un véritable éden pour humains et téras.

Assis à l’ombre d’un séquoia, un enfant fait face à la rivière. Un drap blanc recouvre ses parties intimes pour simple vêtement, au-dessous de son corps bronzé, son torse musclé et ses pieds plats et durs. Il tient dans ses petites mains rugueuses un long bâton de bois au bout duquel une cordelette glisse jusqu’à reposer à la surface de l’eau quasiment transparente. Une faible secousse fait vibrer sa canne à pêche ; il ouvre un œil marron endormi, repère la tâche rouge sous-marine qui s’en tient à picorer son appât, et dessine un sourire satisfait de ses lèvres pulpeuses.

D’un bond, il se lève sur ses deux jambes écartées et plaque sa main contre son torse, à la recherche de la petite plaque métallique accrochée au collier de paille qui pend le long de son cou. Un rayon de soleil la fait scintiller, ou serait-ce d’elle qu’émane cette faible lueur étrange ? Au même instant, coïncidence ou conséquence, la surface du court d’eau se met à frémir, jusqu’à bientôt s’animer d’une force mystérieuse, entraînant la création d’une épaisse écume, de bulles d’eau qui font s’élever le niveau de la rivière. L’enfant pousse alors un cri de guerre de sa voix aigüe, montant dans les tonalités, chutant dans les graves, se baladant sur l’échelle des octaves dans la création d’une brève mélodie qui fait froid dans le dos. Soudain, un jet d’eau puissant explose à la surface de la rivière, dans une fontaine qui monte vers le ciel à perte de vue. Une branche d’arbre craque derrière lui, une petite masse sombre fuse dans les airs et transperce l’éruption ruisselante dans un flash lumineux.

L’eau retombe enfin, éclabousse les alentours, le poisson chute dans ses bras tendus, inerte et cuit par l’ébullition soudaine de la rivière. Sa canne à pêche plantée à ses pieds, l’enfant s’écrie alors dans une langue teintée du soleil du sud :

— À table !

Aron est un enfant sauvage. Il a grandi dans cette forêt luxuriante de l’Île de Nede. Il y connait par cœur les coins les plus paisibles où se reposer, les endroits où trouver des fruits comestibles et juteux, les lieux les plus propices à la pêche, et surtout les secteurs à éviter s’il ne veut pas tomber sur un téra dangereux qui voudrait faire de lui son repas de midi. Aron maîtrise la forêt comme la rivière qui traverse l’entièreté de la petite île, parcourable latéralement en un jour, mais transversalement en à peine une heure. Élevé parmi les téras de la forêt, Aron a trouvé en eux la famille qu’il n’a jamais eue, jamais connue, ni même jamais imaginée. C’est qu’il n’a plus côtoyé d’êtres humains depuis ses six ans. Livré à lui-même, il a su au fil des années prendre soin de lui et de ses amis les téras en s’imposant une vie simple faite de pêche, de chasse, de sieste et de méditation.

L’odeur du poisson rouge cuit à point le fait saliver abondamment, mais il attend tout de même que ce soit ses amis les téras qui s’approchent de la nourriture en premier. Et c’est son plus fidèle partenaire, Mehdi, qui fait le premier pas. Le téra lève un bras et frappe violemment le poisson à l’aide de sa main tendue, afin de découper la pitance en plusieurs parts équitables. Aron distribue alors le poisson aux ratons, oiseaux et hyènes qui attendent patiemment.

— Bon appétit, les amis ! lance-t-il en humant le met. Ce rougeot a l’air délicieux ! J’espère que vous l’apprécierez !

Enfin, il s’installe sur un petit rocher mousseux et avale d’une traite le plus petit des morceaux avant de roter sans relâche. Un raton touffu prend peur et s’enfuit dans la forêt en préférant abandonner sa part de poisson. Aron éclate d’un rire tonitruant qui fait fuir les derniers oiseaux alentours, ce qui amuse énormément Mehdi qui en profite pour courir après eux par plaisir solitaire.

La journée se termine comme toutes les paisibles et longues journées qui passent sur Nede. Comme à chaque coucher du soleil, Aron s’est retiré en compagnie de Mehdi dans son endroit préféré de l’île : une plage paradisiaque isolée du reste de la côte par les falaises qui entourent sa forme en « U ». Le soleil a déjà amorcé sa lente descente vers l’horizon, baignant les rares vagues de l’océan de ses rayons orangés, et Aron s’est jeté sur le hamac qu’il a lui-même confectionné des années auparavant, tandis que Mehdi s’est, comme à l’accoutumé, assis en tailleur au bord de l’eau, les yeux fermés, paumes contre paumes, à la recherche de la paix intérieure. Tout est parfait.

Son ventre gargouille. À vrai dire, son ventre gargouille quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit. Ce soir-là, comme tous les soirs, son ventre gargouille. Partagé entre son oisiveté et sa gourmandise, Aron se laisse quelques instants avant de descendre lentement de son lit suspendu et de chercher des yeux après quelque arbre qui pourrait le nourrir. Il laisse Mehdi à sa méditation, atteindre la plénitude avant d’aller se coucher est une activité bien trop importante qu’il ne saurait interrompre.

Aron se dirige vers l’orée de la forêt et découvre un arbre qu’il n’a jamais repéré auparavant, comme sorti de nulle part. Il s’agit d’un genre de palmier, pas très haut, le tronc si fin qu’il se balance au grès de la brise, mais au sommet duquel est suspendue une grappe de fruits qu’il ne connait pas. Alléché par la forme incurvée, la couleur dorée et l’odeur qui émane de la grappe de fruits, Aron ne perd pas de temps : il agrippe le long bâton de bois qui lui sert de temps à autres de canne à pêche, court en direction du tronc d’arbre flexible, le plante dans le sol et s’élève dans les airs avec agilité avant d’atterrir et de s’agripper à l’arbre. Une petite secousse vient perturber son équilibre dans son escalade vers les fruits, comme si l’arbre avait bougé depuis ses racines. Aron continue sa montée vers la denrée affriolante. Il se lèche les babines à l’idée d’engloutir en une bouchée ces fruits si appétissants. Il arrive enfin au niveau de la grappe et se frotte les mains en gardant appui avec ses jambes liées autour du tronc qui devient étrangement de plus en plus souple et instable.

Aron attrape la grappe de fruits dorés. Le tronc s’emballe. La cime perd rapidement de l’altitude. Un œil apparaît dans les feuillages, un énorme globe noir. Une bouche aussi, démesurée, révélant une rangée de dents aiguisées.

— B… Bonjour, toi, balbutie Aron.

Le téra pousse un hurlement crissant et Aron manque de glisser. Il se rattrape in extremis au tronc — ou plutôt au très long cou du téra, maintenant qu’il a été identifié — et s’agrippe de toutes ses forces afin de ne pas chuter d’une hauteur de plus de deux mètres. Des ailes se déploient, et Aron crie d’effroi en voyant la forêt rapetisser sous ses pieds.

Le téra a pris son envol et bientôt, Aron sera incapable de repérer, dans le tableau flou des couleurs qui s’étalent sous ses pieds, la plage de laquelle il a décollé. Il pousse un cri d’effroi, tente tant bien que mal de chantonner sa mélodie salvatrice, celle qui fait appel à ses pouvoirs incontrôlables. Mais la peur du vide et l’adrénaline qui lui monte au cerveau l’empêchent de garder son calme. C’est qu’Aron exècre l’altitude autant qu’il maîtrise l’élément aquatique. Et de l’altitude où il se trouve à présent, aucune voix puissante ne pourrait atteindre Mehdi qui n’a pas remarqué son absence. Le téra en a fait sa proie, et Aron lui servira de souper dans cette chaîne alimentaire impitoyable.

L’air siffle à son oreille. Une fois. Deux fois. Aron entrouvre un œil terrorisé, toujours accroché au cou du téra qui semble avoir perdu de l’altitude. Quelque chose siffle à nouveau et perturbe la trajectoire de l’arbre volant. Le monstre géant bat des ailes dans des mouvements de feuilles amples. Aron manque de glisser et s’accroche plus vigoureusement que jamais dans cet ascenseur infernal. Dans cette nouvelle position, la tête à l’envers, Aron distingue enfin ce qui a l’air de déranger son ravisseur : une multitude de flèches fusent en leur direction et manquent de quelques centimètres le téra étourdi par l’assaut.

Une nouvelle flèche fuse, et le téra perd le contrôle de son corps. Ayant perdu énormément d’altitude en quelques secondes, le monstre se fracasse le crâne contre la cime d’un palmier et Aron lâche prise sous le choc.

— Aaaaaargh !

Aron chute, prend de la vitesse dans son combat contre la gravité. Plus par instinct que par expérience, il sait que le choc contre le sol ne sera pas bénéfique pour sa santé. Il arrive néanmoins à pousser son cri de guerre reconnaissable et distingue au loin que son appel a été attendu.

Mehdi court entre les arbres, attrape son bâton sur le sable et le lui lance vigoureusement. Dans un geste souple, Aron tend le bras pour l’attraper au vol mais le manque de peu. Cette fois, ça y est : le sol n’est qu’à quelques mètres de lui et il ne saura éviter le choc.

Aron tombe dans un nuage de feuillages et ressent quelque chose de mou sous son dos. Un faible choc, et il ne tombe plus. Lorsqu’il ouvre les yeux, Aron se trouve sur le dos du téra géant, apprivoisé par une espèce vivante qu’il n’a jamais vue de sa vie et qui s’exclame :

— Eh beh ! Pour une île paumée, c’est une île paumée !