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GREAT WARS T.1 : All men dream, but not equally de Eliii



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Informations

» Auteur : Eliii - Voir le profil
» Créé le 14/06/2017 à 22:57
» Dernière mise à jour le 22/07/2017 à 20:21

» Mots-clés :   Action   Alola   Guerre   Mythologie   Présence d'armes

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1- Comme un lundi
« La jeunesse serait idéale si elle venait un peu plus tard dans la vie. »
— Herbert Henry Asquith (1852 - 1928) —


* * *


PARTIE I
GUERILLA DANS LE DESERT



* * *


Alola, qu'est-ce que c'est sinon les plages blanches aux rochers frappés par les vagues, les promenades sous couvert de grands arbres dans les jardins fleuris, ou les villes de bord de mer attirant les touristes comme la lumière attire les papinox ?

Alola, c'est à la fois ce royaume de merveilles exotiques mais aussi un véritable enfer ; tout dépend du point de vue sous lequel on se place. Il y a d'une part les peuples colonisateurs, les fiers Unysiens dans leurs habits riches et leurs beaux paquebots desquels débarque un flot ahurissant de visages ; et de l'autre côté de la ligne, les natifs à peau basanée et cheveux soyeux tressés, dont on vole les terres sans se soucier d'autre chose que du mot « bénéfice » qui fond dans la bouche comme un bon chocolat.

Tout ça c'est institué depuis longtemps, comme les combats de pokémons ou bien les politesses forcées du monde aristocratique. On ne peut pas aller contre, et si l'idée de le faire vient, ce n'est que chez une minorité ne disposant pas de la force de frappe nécessaire pour gagner ; jusqu'à maintenant, cela a été le cas pour les Alolais nourrissant quelques idéaux révolutionnaires de ci de là, en somme chez un parmi cent habitants.

Mais comme il faut bien que le feu prenne une fois la braise allumée, on y a rajouté de l'huile au mois d'avril 1921. Un natif sorti — c'est ce que l'on tendrait à penser — de nulle part, a soudainement proclamé l'indépendance alolaise, dans un ersatz de discours au sommet de la colline Dicarat sur l'île de Mele-Mele ; lieu de prédilection des réunions pour les quelques indépendantistes convaincus.

Ne disposant pas d'un nom connu de l'état-major unysien, l'on a nommé ce curieux chef de guerre « Alaka'i », d'après les rumeurs propagées à son sujet par certains natifs. Les recherches des colonisateurs ont simplement mené à un sens global ; le terme serait un synonyme de « chef » ou de « meneur » en langue alolaise.

Au départ on a cru à une sorte de plaisanterie, car comment prendre au sérieux un peuple colonisé sans armement moderne, quand on dispose de la puissance d'Unys ? Cependant, et c'est souvent le propre des conflits, des alliances inattendues tendent à se créer, suivant les avantages que l'on peut en tirer...


* * *

« Kanto ? » tonne la voix dure et sèche, faisant frémir plus d'une personne parmi tous les occupants de la pièce.

Les petits yeux plissés, presque porcins, font un rapide tour de table, scrutent sommairement chaque visage en quête de n'importe quel signe de trahison ; rien ne vient, l'homme sévère lâche un soupir, se calme, reprend sa contenance et se redresse sur sa chaise. Pas un mot n'est échangé dans l'assistance mais les regards en disent bien assez.

« Si ces... sauvages ont réussi à avoir le soutien de Kanto, ça change la donne, grogne le général de division Jackson en lissant sa moustache, pensif.
— Si je puis me permettre mon général, intervient un autre homme dans l'assemblée, vers l'autre bout de la table, c'est idiot de les traiter de sauvages. Ils n'ont pas d'armes modernes mais compensent largement par leur intelligence et leur connaissance du terrain. Sans compter leur affinité avec les pokémons dans la natu—
— Le prochain qui m'interrompt quand je parle est de corvée de chiottes, colonel ou pas. »

Quelques ricanements s'élèvent dans la grande pièce, autour de la large table ovale, mais se taisent rapidement lorsque l'homme qui préside la séance joue de nouveau de son regard sévère. On s'attend avec inquiétude à ce qu'il va dire, à la réaction qu'il va avoir quant à l'alliance inespérée entre Kanto et les indépendantistes.

Va-t-il encore éclater de colère, comme ça a souvent été le cas ces derniers mois ? Va-t-il au contraire laisser couler, hypothèse beaucoup moins plausible compte tenu des dernières nouvelles ? Comme rien ne vient, on s'échange des coups d'œil d'un bout à l'autre de la grande table en bois poli à outrance, on observe un point invisible sur le mur d'en face, tout sauf la pupille tranchante du général Jackson.

Sa réputation d' « homme fort », dûment acquise lors de petites rébellions occasionnelles dans sa région natale, a rapidement fait de lui le candidat idéal pour le poste de chef de l'Etat-major alolais. Imposant de silhouette comme de caractère, il a naturellement semblé tout indiqué pour intimider les natifs et régner d'une main de fer sur le protectorat de l'archipel.

Cependant, sa fâcheuse tendance à agir de même envers ses alliés n'a hélas pas fait de lui le bonhomme populaire qu'il pensait être ; on n'est après tout jamais autant aveuglé que par soi-même.

« Je crois... reprend-il finalement sur un ton plus posé, mais pas plus à même d'être contesté, je crois que le moment est venu de lever cette séance stérile, et de se pencher plus sérieusement sur la question kantonaise. (Puis, se tournant vers un aide de camp, debout bien droit à quelques mètres de sa grande chaise.) Waller, mettez-moi en relation avec le ministre des Affaires étrangères.
— Tout de suite, mon général », répond le jeunot avec un garde à vous à peine trop enthousiaste.

Le « bureaucrate en uniforme », comme les militaires aiment à appeler ces gens-là, sort de la pièce, bottes claquant contre le sol de marbre, et ferme la porte derrière lui. Les messieurs se lèvent tous en même temps, suivant le signe de main de monsieur le général de division Jackson, et le saluent avec une déférence presque ironique avant de quitter la salle au pas de course.

Ruminant dans sa moustache épaisse, front brillant d'une sueur qu'il ne peut plus contenir, l' « homme fort » passe un mouchoir usé sur son visage rond, et dans un murmure, laisse échapper ses sombres prédictions :

« Si ce mois de mai est une véritable attaque dans le dos, que nous réservent les prochains... »

Restant seul parmi les beaux tableaux et le mobilier coûteux de la salle de réunion, seul avec ses pensées et ses sombres perspectives d'avenir, il ne peut que se résoudre à entrevoir une rude bataille contre les indépendantistes. Si seulement il y avait un moyen efficace de les contrer !


* * *

Les militaires de haut rang ont toujours aimé le confort des beaux hôtels, les alcools forts et les cigares fournis par le personnel ; a fortiori ceux d'Unys, depuis longtemps habitués à un luxe qu'Alola ne peut offrir que plus sommairement.

Pour cette raison simple et — prétextent-ils — excellente, le plus grand hôtel de luxe établi sur l'archipel, le Hano-Hano, sert désormais de quartier général à cette armée d'officiers gras et portés sur la bouteille. Quand on les voit à table se disputer les réserves de whisky mises à disposition, on a tendance à se demander si ce ne sont pas les membres d'une meute de pokémons sauvages.

Bon nombre de chambres des étages supérieurs restent à disposition des touristes ; cela dit, étant donné le contexte de conflit entre les militaires occupants et les indépendantistes, la vague a depuis longtemps diminué. Les bateaux ne déversent plus grand monde sur le sable blanc, et l'économie unysienne en pâtit évidemment, au grand dam des messieurs en beaux costumes restés au pays dans leurs tours de verre.

L'hôtel réquisitionné manque d'ailleurs de personnel en raison des tensions grandissantes, beaucoup des employés ayant opté pour une fuite pure et simple, un retour à Unys ou un exil ailleurs. A tel point qu'à présent, la plage attenante au complexe de séjour est infestée par des créatures verdâtres ayant une fâcheuse tendance à expulser leurs organes internes lorsqu'on les brusque.

La solution la plus radicale est de les renvoyer à l'eau d'un lancer, mais peu de soldats sont enclins à le faire gratuitement ; les comptes de l'armée n'étant clairement pas baignés d'un rayon de soleil rassurant, c'est un problème contre lequel il devient difficile de lutter. Et ce malgré les vociférations tonitruantes du général de division Jackson à ce sujet — il commence à perdre son autorité, depuis l'arrivée d'un subalterne bien plus mesuré quelques semaines plus tôt.

« Ces... ces machins, là, qui traînent sur le sable... souffle ledit général, bras croisés sur sa poitrine, en bout de table — place du chef. Comment on les appelle, déjà, Waller ? »

Le jeune aide de camp ainsi interpellé semble se réveiller de sa torpeur à l'entente de son patronyme ; cligne des yeux plusieurs fois et se racle la gorge pour produire un son convenable malgré sa bouche toute sèche.

« Les concombaffes, mon général.
— Oui, c'est ça, les concombaffes. Eh bien, on n'a toujours aucune solution pour s'en débarrasser ? Je dois dire, ils commencent à devenir tout à fait encombrants, et s'ils s'accumulent on ne verra bientôt même plus la plage... Et je suis sûr que personne parmi vous n'a envie de s'essayer à marcher dessus, vu ce qu'on sait d'eux. »

Une vague de hochements de tête convaincus lui répond ; il esquisse un sourire satisfait derrière sa brosse de poils bruns, et se renverse un peu plus dans son fauteuil. Louche un peu sur le verre rempli d'une liqueur ambrée, mais se retient, désireux d'en finir avec cette histoire d'envahisseurs des plages.

« Et alors, personne n'a une idée de génie pour s'occuper de ça plus efficacement ? C'est pas que ça m'embête de payer les soldats pour le faire, mais on en a besoin de cet argent, pour des problèmes plus importants que celui-là.
— Faisons simple et allons-y aux grenades à fragmentation, s'ils vous font si peur que ça, ces machins de mer », intervient une voix dans la salle, calme et posée.

Chacun se tourne dans la direction de celui qui a parlé, assis à l'autre bout de la table, juste en face du général de division ; c'est le second plus-haut gradé de la pièce, et il semble user de son titre pour faire le pitre.

Cheveux bruns plaqués en arrière et yeux bleus pétillants de malice, le quadragénaire est rarement vu sans une cigarette à la bouche. Son visage légèrement rond et son sourire ironique contribuent à son image d'officier affable et compréhensif, qu'il s'empresse de briser avec des plaisanteries de mauvais goût.

Mais en dépit de cela, il est hors de question de lui manquer de respect ; partout à Alola, on en connaît les conséquences humiliantes.

« Merci pour ce jugement tout à fait éclairé, général Macarthur, on en aura bien besoin... Maintenant, si l'un de vous a une meilleure idée, qu'il s'exprime. »

Jackson scrute un instant sa montre de gousset — on tend à le qualifier de vieux jeu, en partie à cause de cette possession datant du siècle dernier —, plisse le nez dans une moue dédaigneuse. Son front moite se strie de sillons préoccupés ; l'heure tourne et le problème majeur n'a toujours pas été abordé.

« D'accord, vous savez quoi, laissons cette histoire de concombaffes de côté. Après tout ce ne sont que de pauvres légumes de mer, et puis je suis le chef de l'état-major ici... Tant pis pour les soldats récalcitrants, je les mettrai de corvée de chiottes s'ils s'avisent de négocier. »

Autour de la table on échange des sourires entendus, on lève les yeux au ciel ; la sanction universelle du général de division lorsqu'on lui désobéit est « la corvée de chiottes », c'est devenu de notoriété publique depuis son arrivée sur l'archipel quelques mois plus tôt.

Encore plus depuis qu'il est parvenu à faire faire cette corvée à un colonel à la langue un peu trop bien pendue au début du mois de juin ; depuis le pauvre sire est catalogué comme une attraction notoire, en somme un genre de clown dont on se moque gentiment au détour d'un couloir. Jackson est d'ailleurs le premier à en rire.

« Bien, passons au second point de la réunion avant de... »

Voyant son vis à vis assis en face de lui lever la main comme un écolier demandant la parole, le président de l'assemblée s'interrompt, agacé. Voilà seulement trois semaines que ce Macarthur est là, et déjà il est devenu une vraie célébrité pour ses tendances à amuser la galerie. S'il n'était pas un excellent homme de terrain, nul doute que son supérieur l'aurait envoyé bien loin du protectorat alolais.

« Qu'est-ce qu'il y a encore, général ? On n'a pas de temps à perdre avec vos histoires de grenades à fragmentation ; d'ailleurs on ne peut pas se permettre d'en gaspiller pour si peu.
— Là vous ne m'apprenez rien, réplique calmement l'autre en tirant une bouffée de sa cigarette. Comprenez, c'était une plaisanterie. Mais j'ai bien une solution sérieuse qui vous éviterait d'avoir à donner votre fameuse corvée de chiottes à qui que ce soit. »

Ricanements dans l'assemblée, et grand sourire de la part du locuteur, qui n'attend que l'assentiment de son supérieur pour pouvoir étayer sa thèse.

« Soit, mais faites vite... Waller, servez-moi un café. »

Tandis que le jeune aide de camp s'exécute sans broncher, Macarthur juge bon d'exposer rapidement son idée avant que le général Jackson ne change d'avis ; on l'a toujours trouvé trop lunatique, et jusque là les faits ont conforté tous les officiers présents dans cette impression.

« Pourquoi ne pas utiliser les pokémons des soldats ? On aurait dû y penser avant, mais c'est l'évidence même. Tenez, mon cizayox connaît l'attaque « coupe-vent », on peut s'en servir pour déblayer la plage. De concert avec d'autres pokémons, ça ne prendrait pas une heure par jour de le faire, la baie doit s'étendre sur quelques trois cents mètres... Tout à fait faisable en somme. »

Le supérieur ne dit rien, plonge le nez dans sa tasse odorante et en avale goulûment tout le contenu comme si sa vie en dépendait. L'autre écrase sa cigarette et, d'un regard, fait le tour de la table.

« S'il y en a parmi vous qui ont un avis sur la question...
— L'idée est tout à fait judicieuse, intervient l'unique femme dans la salle, dégageant une mèche blonde très claire en arrière. Mon minotaupe pourra assister sans problème. »

Dans un fracas assourdissant, pour attirer l'attention, Jackson pose sa tasse vide sur le bois poli de la grande table, et acquiesce lourdement.

« Ainsi l'affaire est entendue, merci à vous. Passons maintenant au sujet qui fâche, parce que la pause déjeuner arrive et je n'ai pas l'intention de la rater... Waller. »

Encore une fois le jeunot, sans rien dire, tend une serviette remplie de papiers en tout genre au général, qui s'empresse de les poser devant lui sans pour autant leur accorder le moindre coup d'œil ; apparences professionnelles, mais apparences seulement.

« Bien. Comme vous le savez, il y a presque deux mois la mauvaise nouvelle d'une alliance entre Kanto et les indépendantistes alolais nous est parvenue par télégramme. On a déjà eu l'occasion de s'appesantir sur les conséquences de cette alliance il y a quelques temps, mais ce n'est certainement pas le sujet. »

Il s'interrompt, cherche parmi les feuillets et en tire une photographie en noir et blanc, assez nette ; dessus figure le dernier modèle des navires de guerre adverses, pourvus de plusieurs tourelles mitrailleuses.

« On pensait que la flotte kantonaise allait nous attaquer d'une manière ou d'une autre pour nous reprendre les îles une à une, mais pour le moment leurs cuirassés ne font rien. Le lieutenant-colonel Darin, du renseignement, a mené sa petite enquête sur ces navires. Voyez les tourelles, ici et là ? »

De son doigt épais, il désigne les emplacements sur l'image. Autour de la table, l'ambiance bon enfant a disparu, tout le monde écoute attentivement, comme des élèves lors d'un cours captivant.

« Ce sont des postes où se posent des pokémons oiseaux, apparemment des roucarnages, pour envoyer des jets de sable sur les navires adverses. Cette technique déloyale fait régner la confusion, et j'ai bien peur que nos batailles navales soient toutes perdues d'avance si on ne fait pas la même chose.
— Mais nous, on a l'avantage d'un meilleur armement — lance-grenades, mitrailleuses plus performantes... Et puis nos blindages sont plus résistants, les concepteurs nous l'ont assuré, objecte un commandant de marine entre deux âges.
— C'est là qu'un autre problème se pose, souligne Jackson, ton plus rude et regard voilé par un semblant de défaitisme. Ils disposent d'une flotte aérienne particulière ; des dresseurs montés sur des ptéras, qui envoient des lames de roc sur les cuirassés ennemis, vous voyez le genre ? »

Les visages se crispent, conscients de ce que tout cela signifie ; la guerre contre Kanto ne démarre pas bien du tout, et les indépendantistes pourraient très bien obtenir gain de cause si la situation ne se renverse pas. A l'inverse, Macarthur conserve sa bonhomie habituelle, une nouvelle cigarette au coin de la bouche.

« Eh bien quoi ? Tout ne se joue pas en mer. Ils seront clairement surpassés par nous une fois arrivés sur les îles, on n'aura qu'à les cueillir et puis c'est tout. On a déjà plusieurs camps de prisonniers remplis d'alolais récalcitrants, il n'y a qu'à voir Kokohio, c'en est plein à craquer. »

Le propos du général fait son chemin dans les esprits, et tout le monde semble plutôt d'accord. La face basanée de Jackson reste cependant sombre, comme si un autre problème d'importance le préoccupait.

Un drôle de climat règne dans la pièce rafraîchie par le vent du bord de mer. Chacun des militaires de l'assistance garde son calme, mais intérieurement les âmes bouillonnent. Certains brûlent de combattre, d'autres craignent la défaite et ont à la bouche le goût amer du conflit à venir.

« J'en viens au problème majeur qui nous préoccupe, soupire, las, le chef de l'état-major. L'Alaka'i, qui dirige ces rebelles, espère se servir des légendes locales pour gagner cette guerre, en réveillant une créature ancestrale ou Arceus sait quoi. C'est préoccupant, dans la mesure où cette entité existe très probablement, d'après les recherches faites au siècle dernier. C'est là que vous entrez en jeu, Macarthur. Vous et le colonel Snow, vous irez dans le désert Haina sur Ula-Ula, pour mettre la main sur l'un des éléments nécessaires au réveil de la créature, et vous empêcherez du même coup les indépendantistes de faire main basse dessus. D'autres unités seront déployées dans le même but, mais je n'ai pas leurs futurs commandants sous la main. »

L'homme brun et sa comparse, la femme aux cheveux d'un blond blanchâtre, se considèrent un instant du regard, comme pour se jauger mutuellement. Les compétences de l'un comme de l'autre n'étant plus à prouver, aucun d'entre eux n'y voit d'inconvénient.

« Oh, et vous irez trouver le lieutenant Weigall, du renseignement. Un jeune homme très éclairé quant aux diverses légendes, il vous expliquera tout à propos de la créature que cherchent à réveiller les indépendantistes pour s'en servir contre nous. Et il sera votre guide dans le désert, il le connaît bien. Ce sera tout, madame, messieurs. Rompez. »

D'un même mouvement tous se lèvent, faisant bruyamment racler les chaises contre le sol de marbre, et chacun disparaît de son côté dans les vastes couloirs de l'hôtel. Le colonel Snow prend son nouveau supérieur direct à part, visiblement inquiète quant à un aspect de cette nouvelle affectation.

« J'ignore ce qui lui passe par la tête, au général Jackson, soupire-t-elle à voix basse comme par crainte d'être entendue. Mais Weigall ? Il doit se moquer de nous, je ne vois rien d'autre. »

Macarthur passe une main dans ses cheveux et ajuste sa casquette couleur sable, tout en la gratifiant d'un haussement d'épaules beaucoup trop désinvolte.

« Hé, il ne peut pas être si terrible. Je sais qu'on en dit de belles à son propos, mais croyez bien qu'avec moi, il va filer droit. Je le recevrai dans mon bureau dans l'après-midi, vous n'avez qu'à y assister, comme ça il nous racontera une petite histoire issue des légendes alolaises. Allez, détendez-vous, ça va bien se passer. Du moment que vous savez vous battre, vous pouvez rester calme, colonel. »

Devant l'air confiant du général, la quadragénaire n'a d'autre choix que de le lui accorder. Après tout il a raison, ce ne sont que des habitants sans armes ni pokéballs, qui ne peuvent s'en remettre qu'aux pokémons sauvages.

En somme, s'il n'y avait pas Kanto dans l'équation, la guerre serait bien vite gagnée.