Épilogue - À suivre... ?
La nuit était tombée depuis longtemps sur Illumis. Malgré tout, les lumières de la cité persistaient à vouloir chasser ces ténèbres obscures, masquant la pâle lueur des étoiles pour devenir les astres éclairant les rues pavées.
Néanmoins, les ombres ocre et orangées jetées sur le visage de l'homme ne parvinrent pas à masquer la pâleur de ses traits lorsqu'il apprit la terrible vérité.
– G…Gauthier… ?
Malva hocha lentement la tête.
– Je vous ai dit tout ce que je savais. Et tout ce que vous aviez besoin de savoir.
L’homme en face d’elle, âgée d’une quarantaine d’années, passa une main tremblante sur son front devenu humide. Ses pupilles étrécies témoignaient de l’ampleur du choc que la nouvelle apportée par Malva lui avait suscité. Fébrile, il fixait sans les voir les deux bouts de papier que lui avait confié la dresseuse d’élite.
Une copie d’un certificat de décès. Accompagnée d’un billet d’avion pour rejoindre la région de Kanto.
La main du quadragénaire descendit sur ses yeux, d’où s’échappèrent quelques larmes silencieuses.
– Merci... de m’avoir prévenu, réussit-il à articuler.
– C’est tout naturel.
– Bon sang…, souffla l’homme, de nouveau perdu dans ses pensées, où se mêlaient à présent de vieux souvenirs. Je n’aurais jamais cru qu’il puisse finir ainsi. Quelle tragédie…
Un sursaut le secoua soudain, comme s’il venait de se souvenir de quelque chose d’important.
– Alain ! Alain est-il au courant que… ?
Malva acquiesça une fois de plus.
– Il est au courant. Je l’ai contacté peu avant d’arriver en ville.
– Comment… comment a-t-il réagi ?
Le silence que garda la jeune femme fut une vraie torture pour le quadragénaire. Néanmoins, il prit son mal en patience, et serra les poings.
– … Il n’a rien dit de spécial, finit-elle par répondre. Il m’a juste remercié de l’avoir prévenu, ainsi que vous venez de le faire. C’est assez difficile de juger cela par Holokit, mais il m’a semblé attristé par la nouvelle.
– Les funérailles de Gauthier… Y assistera-t-il ? demanda l’autre. Il a dû y être invité, non ?
– Hélas non. Son travail pour monsieur Lysandre lui demande beaucoup trop de temps pour cela. Il lui est impossible de se libérer pour aller à Kanto. Croyiez bien qu’il en est profondément désolé.
En voyant la mine attristée de son vis-à-vis, Malva se demanda s’il se doutait qu’elle lui avait menti. Car en réalité, Alain avait refusé lui-même l’invitation. Catégoriquement. De même, si elle n’avait pas modifié ses paroles, elle n’avait pas été honnête quant à la réaction du jeune homme à l’annonce de la mort de Gauthier. Une réponse expéditive lancée sur un ton glacial. Malva ne mentait pas lorsqu’elle disait que les émotions vocales passaient mal à l’Holokit ; mais à ce moment-là, Alain aurait tout aussi bien pu être directement face à elle, les mots n’auraient pas été moins secs. Elle frissonnait encore en y repensant.
L’homme fit glisser sa main dans ses cheveux désordonnés, avant de ranger les documents dans la poche de sa blouse blanche.
– Je comprends. Si vous le revoyez, envoyez-lui mes condoléances, je vous prie.
– Je n’y manquerai pas, professeur Platane.
Le susnommé la salua, et repartit d’un pas traînant dans son laboratoire. Son assistante vint le soutenir sitôt qu’il franchit le pas de la porte. Une fois les deux scientifiques hors de son champ de vision, Malva se détourna, et s’en fut en direction de l’Hôtel Le Crésus.
Lorsqu’elle retrouva sa chambre réservée, la jeune femme s’écroula dans son fauteuil en cuir rouge. Elle croisa les jambes, jeta un œil fatigué en direction des livres qui ornaient sa bibliothèque personnelle, avant de pousser un soupir de renoncement. Non, elle était bien trop épuisée pour pouvoir laisser son esprit s’évader à la lecture. Ce n’était pas de la fatigue physique – bien que les voyages en train ou en avion aient eu le don de la vider de ses forces. Non, elle était surtout épuisée mentalement.
D’aussi loin qu’elle se souvienne, Malva avait toujours été curieuse. C’est d’ailleurs cette curiosité insatiable qui l’avait poussée à devenir journaliste, afin d’être au cœur des plus grandes affaires qui secouaient le monde.
Seulement, à toujours s’intéresser à tout, Malva avait fini par en apprendre beaucoup sur un homme pour qui elle ne pensait n’avoir jamais éprouvé quoi que ce soit, sinon de l’intérêt lié à sa soif de connaissance. Elle s’était tellement renseigné sur sa vie qu’elle devait le connaître mieux que personne ne l’avait jamais connu, pas même ceux qui furent un temps les amis ou les compagnons de ce fameux Gauthier Ketchum.
Malva soupira derechef. De toutes les personnes mêlées à cette affaire, elle devrait être la dernière à se sentir aussi touchée par la mort de cet homme. Et pourtant, hormis sa femme restée à Kanto, personne de sa famille n’irait à son enterrement. Et cela, Malva ne put s’empêcher de trouver cela particulièrement injuste.
~*~
Dans les confins du grand désert de roche qui constituait les steppes arides d’Illumis, on pouvait apercevoir de nombreuses structures métalliques percer l’immuable horizon. Séparés les unes des autres à intervalles réguliers, ces cubes de fer paraissaient avoir été déposés là par hasard, quoique selon une mécanique stricte. Leur surface gris métal reflétait les rayons torrides du soleil, lequel écrasait cette terre désolée d’une chaleur insoutenable.
Qu’étaient ces étranges bâtiments ? Qui pouvait les avoir construits ? Depuis combien de temps ? Et par-dessus tout, à quoi servaient-ils ? Personne n’avait de réponse à ces questions. Tout comme personne n’avait jamais réellement cherché à percer ce mystère. Après tout, qui irait se soucier de trois bouts de tôle abandonnés au fin fond d’un désert qu’aucun voyageur, même le plus téméraire, n’allait explorer jusqu’au bout, tant l’environnement y était hostile ?
C’était précisément la raison pour laquelle il avait choisi de s’établir ici, il y a quelque temps de cela. Dans ces lieux énigmatiques où personne, hormis les Pokémon sauvages, ne viendrait le déranger.
Xanthin s’était toujours senti au-dessus des autres. Son intelligence et son grand sens de l’intuition lui avaient conféré, dès le plus jeune âge, une forte estime de soi. Durant toute sa scolarité, il n’avait eu que des fréquentations passagères ; les autres l’écartaient bien vite dès lors qu’ils en avaient assez de l’entendre flatter son ego à longueur de journée. Cela ne l’avait jamais dérangé, loin de là. Ces imbéciles ignorants ne méritaient pas qu’il partage son immense talent avec eux. Au contraire, ils ne faisaient que ralentir le développement de son génie.
L’extravagant jeune homme, qu’on ne voyait jamais sortir sans sa blouse de laboratoire qu’il portait telle une seconde peau, finit rapidement major de sa promotion, avec plus de deux ans d’avance. Une véritable prouesse. Personne dans la communauté scientifique ne remettait en cause ses incroyables capacités, ni son immense potentiel. Un potentiel qui aurait pu le mener très loin… si seulement il n’avait pas dérivé.
Les problèmes commencèrent lorsque Xanthin fut surpris à maintes reprises d’utiliser des Pokémon sauvages plutôt que des Rattata pour mener ses expériences sur la génétique des Pokémon, domaine dans lequel il s’était spécialisé. Plusieurs fois il fut sanctionné. Mais malgré tout, il recommençait. Tant de Pokémon peuplait cette planète, comment pouvait-il mener ses expériences en ne prenant qu’une seule espèce pour référence ? D’autant plus que les Rattata étaient loin de lui fournir les données les plus intéressantes. Alors il continuait ses recherches en cachette, défiant l’autorité et reniant toute conscience morale.
La découverte par un assistant de laboratoire de la salle où Xanthin conservait ses précieux cobayes fut la goutte de trop. Les Pokémon étaient séquestrés dans des cages insalubres, et tous ou presque souffraient soit de malnutrition, soit de séquelles physiques graves dues aux expériences du scientifique. Ce dernier, en plus d’être écarté à jamais de la communauté scientifique, fut condamné pour maltraitance et cruauté envers les Pokémon.
Mais son séjour en prison fut de courte durée. Le grand génie qui ne voyait pas du tout quel était le mal lorsqu’il s’agissait de servir la science n’allait pas se laisser enfermer aussi facilement. Grâce à un habile tour de passe-passe, et à l’un des gadgets qu’il avait l’habitude de fabriquer à partir de rien, il parvint à s’évader, et disparut dans la nature.
Depuis cette diffamation, Xanthin se mit à détester l’humanité. Dire qu’il faisait tout pour faire avancer la science, et voilà comment on le remerciait ! Humilié, la justice aux trousses, il avait fini par se réfugier ici, aux confins de ce désert où personne ne songerait jamais à le trouver. Arrivé sur place, il se dit qu’il était sans doute le premier à visiter ces lieux depuis très longtemps. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il découvrit que tous les bâtiments étaient reliés entre eux par de longs tunnels souterrains ! Des couloirs sombres, des dizaines et des dizaines de pièces suffisamment grandes pour y accueillir une population entière, voilà tout ce qu’il trouva. Les locaux étaient vides, comme laissés à l’abandon sitôt construits. Aucun signe d’une quelconque occupation.
Cette isolation parfaite du monde extérieur convainquit Xanthin de faire de ces lieux délaissés son propre laboratoire. Ici, personne ne pourrait lui reprocher d’exploiter les Pokémon sauvages. Et chance supplémentaire : il y avait des Pokémon à foison, dans les environs. Des Pokémon habitués aux conditions inhospitalières ; autrement dit, de parfaits sujets à étudier.
Xanthin passa cinq ans dans les bâtiments abandonnés des Steppes d’Illumis. Grâce à son habileté et son ingéniosité, il parvint à mener une vie de routine entre ses déplacements en ville – il lui fallait bien se procurer des vivres et du matériel – et ses expériences en catimini. Personne ne le jugeait, et lui préparait son retour à l’abri des regards. La situation ne pouvait être plus parfaite.
Pour le scientifique, les Locaux Souterrains – ainsi qu’il avait renommé ces lieux – étaient chargés de souvenirs. Ils étaient sa seule et véritable maison. Bien qu’il logeât désormais dans les Laboratoires Lysandre, jamais il ne pourrait oublier ces lieux qui avaient été les témoins de ses premières réussites en matière de manipulation génétique des Pokémon.
Aussi fut-ce tout naturel que Xanthin revienne sur place lorsque son cœur fut brisé par la terrible nouvelle. Les Sépiatroces – ses Sépiatroces – étaient morts.
– C’est ici que nous nous sommes rencontrés pour la première fois, Xera…
Les yeux dissimulés derrière ses petites lunettes rondes, le scientifique caressait mélancoliquement une table d’opération, rendue poussiéreuse par le temps.
– Je me doutais que je te trouverai ici.
Xanthin sursauta violemment. Lui qui se pensait seul, n’avait pas entendu Lysandre approcher. Le géant, son éternelle tignasse rousse assombrie par la pénombre, observait le scientifique, une expression indéchiffrable peinte sur le visage.
– Je suis venu faire mon deuil, se défendit Xanthin. Xera était la première à avoir passé tous les tests avec succès. C’était ma plus belle réussite. Je… je la considérais presque comme ma fille…
Lysandre hocha la tête, gardant un silence compatissant. Il savait combien ce Sépiatroce comptait aux yeux de son associé. Et en un sens, il comprenait sa douleur. Perdre un Pokémon que l’on connaissait depuis longtemps était toujours une terrible tragédie.
Mais n’était-ce pas tout aussi douloureux de perdre une personne à qui l’on tenait ? Un ami, un proche ? Si, bien entendu. Seulement, Lysandre était bien trop misanthrope pour le penser réellement. Les Pokémon étaient désormais les seuls qui, lorsqu’ils mourraient, méritaient sa compassion.
Et encore.
– Je suis sincèrement navré, mon ami, dit le roux de sa voix forte, mais étonnamment douce en cet instant. Mais sois certain que ceux qui ont conduit Xera et tes Sépiatrroces à leur perte le regretteront. Ces merveilleux Pokémon, bien plus évolués que tous ceux qui peuplent cette planète, avaient tout pour pouvoir vivre dans le monde nouveau que je souhaite bâtir. Les éliminer, c’est une manière de s’opposer à ce changement ; et cela m’est insupportable.
Xanthin renifla. Depuis le temps qu’il travaillait pour lui, il connaissait les ambitions et le discours de son supérieur par cœur. Et bien qu’il adhérât à ces idées de renouveau, il était en ce moment bien trop écrasé par le chagrin pour manifester son agrément.
Puis contre toute attente, la main ferme, mais rassurante du chef de la Team Flare vint se poser sur l’épaule du scientifique.
– Ta peine est toute naturelle. Mais dis-toi que si tu ne l’utilises pas pour vaincre ceux qui t’ont pris tout ce qui t’était cher, alors ce sera comme si le sacrifice de Xera eût été vain. Prends ta peine et ta colère, et matérialise-les en une volonté capable de changer le monde. Je sais que je peux compter sur toi. Tu es l’un de mes plus fervents subordonnés – non, je dirais même plus ! L’un de mes plus fidèles amis, Xanthin.
Le concerné sentit es larmes couler sur ses joues. Personne dans sa vie ne l’avait considéré comme un « ami ». Et il n’aurait jamais imaginé combien cela faisait du bien, en réalité, de se sentir important aux yeux de quelqu’un.
Xanthin ravala ses larmes, et remercia son supérieur d’un léger signe de tête. Les doigts toujours crispés sur le cuir souple du billard, il demanda d’une voix tremblante :
– Je serai toujours honoré de pouvoir vous servir, monsieur Lysandre. Vous savez que suis à votre entière disposition.
Lysandre sourit. À la faible lueur du néon de fortune qui grésillait au-dessus de leur têtes, ses yeux noirs parurent étinceler tels des couperets.
– Parfait. Cela tombe bien, car j’ai besoin de ton aide, plus que jamais. comme je te l’ai dit, tes Sépiatroces annonçaient l’aube d’une nouvelle génération de Pokémon. Une génération apte à vivre dans le monde nouveau que j’entrevois. (Il s’approcha plus près, et saisit Xanthin par les épaules.) J’aimerais, Xanthin, que tu participes à l’élaboration de ce nouveau monde. Je te confie la direction du Projet Z.
Xanthin tressaillit. Le Projet Z. Il avait déjà entendu son supérieur en discuter avec d’autres collègues de la Team Flare. L’heure de supprimer les cœurs impurs qui polluaient l’humanité, pour reprendre les mots du géant, approchait donc à grands pas. Le pouvoir de Zygarde, et des Méga-Évolutions… Ces pouvoirs allaient bientôt appartenir à la Team Flare seule. Et ses membres – ses élus ! – seraient les nouveaux maîtres du nouveau monde. Plus de haine, plus de peurs, plus d’injustices. N’étaient-ce pas là les promesses de Lysandre ?
Xanthin releva la tête, laissant ainsi les verres rouge sang de ses lunettes refléter l’image du rouquin qui lui faisait face.
– J’accepte avec joie, monsieur.
~*~
La pluie tombait dru au-dehors. Assis en tailleur entre l’entrée de la grotte et le feu de camp afin d’empêcher les courants d’air d’éteindre ce dernier, je faisais tourner machinalement mon Holokit entre mes doigts gelés, ruminant le dernier appel de Malva.
« Gauthier Ketchum est mort. » C’était tout ce que j’avais retenu.
Étrangement, apprendre la mort de mon père ne m’avait pas affecté plus que ça. Même si je le détestais, je m’attendais à ressentir au moins une pointe de tristesse, ou de regret.
Mais rien du tout. Mon cœur était resté aussi froid que la pierre sur laquelle j’étais assis en ce moment-même. J’avais beau faire, je n’arrivais pas à le pleurer. Chaque fois que je pensais à lui, l’image de ma mère malade sur son lit d’hôpital me revenait en mémoire, et chassait toute graine de compassion qui aurait pu germer dans mon cœur.
« Tu ne viendras pas à son enterrement ?
– Et pourquoi le ferais-je ? Il n’est pas venu à celui de ma mère, que je sache.
– Tout de même, Alain ! Il s’agit de ton…
– Il n’est pas mon père !! »
Je me moquais bien de ce que Malva, ou n’importe qui d’autre, pouvait penser de ma réaction. Il l’avait abandonnée. Il m’avait abandonné. Ce type était dangereux, et il avait causé la mort de ma mère. Et cela, je ne pourrai jamais le lui pardonner.
« Comment peux-tu dire une chose pareille ?
– Écoutez-moi bien : mon nom est Alain Kanian. Pour moi, Gauthier Ketchum n’est qu’un étranger. Je n’ai aucun lien avec lui, et je n’en veux aucun ! »
Lorsque je rouvris les yeux, l’intérieur de la grotte me parut tout d’un coup plus éclairé. Et pour cause : la pluie avait enfin cessé, pour laisser la place à un chaleureux soleil. Parfait. J’avais assez perdu de temps comme ça.
Tout en rangeant mon Holokit dans ma poche, j’étouffai les dernières braises du feu de camp, et m’engageai de nouveau sur le chemin de pierre, à présent détrempé. Le vent chargé d’humidité fit monter le sang à mes tempes, et balaya de son souffle glacé le souvenir de mon échange avec Malva.
Je n’avais pas le temps de m’apitoyer sur le sort d’un homme qui n’avait pas rechigné à abandonner sa famille. J’avais plus important à accomplir.
Le vent agita les feuilles des arbres forestiers qui longeaient la montagne. Leurs couleurs, ocre pour les feuillus et vert sombre pour les conifères, me rappelèrent instantanément celles qu’avait l’habitude de porter Martine. Mon cœur se serra au souvenir de son visage si innocent, éclairé de ce sourire qu’ont tous les jeunes enfants impatients de découvrir le monde. Or, ce sourire lui avait été volé.
Par ma faute.
Pour la énième fois depuis que j’avais quitté les bureaux de l’entreprise des Labos Lysandre, je jetai un œil à la jauge d’Énergie Infinie. Le taux déjà récolté dépassait à peine les cinquante pourcents. C’était encore trop peu. Il me fallait arriver aux cent pourcents le plus rapidement possible, si je voulais que Lysandre tienne sa promesse, et guérisse le Marisson de Martine au plus vite. Et pour cela, je devais affronter toujours plus de dresseurs capables de maîtriser la Méga-Évolution. Encore et toujours plus…
Le brouhaha tout proche d’une conversation interrompit mes pensées. Se dirigeant dans le sens opposé au mien, un groupe de dresseurs bavardaient joyeusement, échangeant quelques rires à l’occasion. L’espace d’une seconde, je les enviai un peu. J’aurais tant donné pour pouvoir être aussi insouciant qu’eux… Mais mes responsabilités en tant qu’agent spécial de Lysandre avaient dressé une barrière entre la légèreté de ma vie d’avant et celle que je vivais à présent. Et cette barrière ne pouvait être franchie dans l’autre sens.
Lorsque le groupe parvint à ma hauteur, je m’attardai un instant sur garçon qui le menait. Un Pikachu perché sur l’épaule, il marchait à un rythme rapide, et parlait à ses amis avec une énergie palpable. Nous nous dépassâmes l’un l’autre, et poursuivîmes notre route sans nous accorder un regard.
Mon esprit se ferma de nouveau. L’image du groupe et le souvenir de Gauthier Ketchum s’évaporèrent, me laissant seul avec les ordres de Lysandre pour toute pensée.