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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 28/05/2017 à 07:30
» Dernière mise à jour le 31/12/2019 à 12:30

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 315 : Tournée gastronomique
Les ombres sont patientes. Elles attendent toujours, bien à l’abri de la lumière, et se montrent peu à peu. On ne les remarque alors que quand elles ont totalement éclipsé la lumière. Les ombres sont généreuses. Elles vous cachent, elles vous accueillent alors que le monde entier vous rejette. Au cœur des ombres, il n’y a plus de honte, plus de douleur. Vous ne faites qu’un avec elles. Les ombres gagnent toujours. Car quelque soit le niveau de lumière, l’ombre qui en découlera sera toujours plus noire et plus forte. Et l’ombre n’a pas besoin de la lumière pour survivre, alors qu’il n’y a jamais de lumière sans ombre.

Au cœur de ces ombres se tenait une silhouette, drapée d’un riche manteau au col haut, d’un chapeau tricorne à cordelettes, et d’un masque blanc en ivoire qui dissimulait son visage. L’individu faisait corps avec les ombres. Il pouvait se fondre en elles, tout comme ils pouvaient les projeter tout autour de lui. Les ombres étaient ses amies ; ses seules amies depuis tant d’années. Elles l’avaient forgé, remodelé, si bien qu’à présent, il n’était plus la personne sous ce masque, mais seulement le Marquis des Ombres.

Assis sur un fauteuil richement décoré, le Marquis étudiait, sur l’écran géant en face de lui, les nouvelles de la guerre. Ou plus précisément, il étudiait les actions de Lady Venamia. La jeune femme était comme lui un réceptacle de l’âme du Seigneur Horrorscor, mais les deux n’avaient absolument pas les mêmes objectifs à long terme. Si le Marquis voulait un monde de corruption conforme aux souhaits du Seigneur Horrorscor, Venamia ne voulait qu’un monde qui lui obéirait aveuglement. Il arrivera forcément un jour où les deux s’affronteront, et où le vainqueur prendrait le fragment de l’âme d’Horrorscor du vaincu pour qu’enfin le maître de la corruption soit de nouveau entier et prêt à revenir dans ce monde.

Mais pour le moment, le Marquis et Venamia s’étaient alliés pour combattre leurs ennemis communs, à savoir le camps de l’innocence, représenté par Eryl Sybel et Erend Igeus. Le Marquis avait prêté à la Dirigeante Suprême ses Sept Démons Majeurs, ainsi que l’assistance de quelques-uns de ses Agents. Mais en réalité, le Marquis se fichait bien que Venamia gagne ou perde. Le but était seulement qu’elle occupe suffisamment longtemps les ennemis du Seigneur Horrorscor pour que le Marquis puisse de son côté mettre en place le vraie plan.

- Votre thé, Monseigneur.

Le Marquis se tourna vers son fidèle serviteur qui lui tendait une tasse de thé fumant. Maxwell Briantown, un vieil homme d’allure distingué, était l’assistant et un peu le majordome du Marquis, et ce depuis des années. De fait, c’était aussi un Agent de la Corruption, mais il ne se mêlait jamais aux autres. Il restait toujours aux côtés du Marquis, et était le seul avec Silas et Lyre à connaître sa véritable identité. Le Marquis enleva son masque, prit la tasse et trempa délicatement ses lèvres dans le liquide, avec moult précautions. À cause de la… particularité de son visage, ingérer quelque chose était toujours assez délicat.

- Ton thé est toujours aussi délicieux, Maxwell.

- Monseigneur est trop aimable.

- La base est bien calme aujourd’hui je trouve. Tous les Démons sont au front ?

- Oui, Monseigneur. Je vous ai compilé les données de leurs localisations actuelles. À part Gluzebub qui se trouve à Sinnoh avec Jivalumi selon vos ordres, tous œuvrent à la conquête d’Hoenn.

Le Marquis vivait avec les Sept Démons Majeurs sous leurs formes d’enfants humains depuis si longtemps qu’il les considérait un peu comme ses propres fils et filles. Il avait appris à dompter leurs péchés respectifs, même l’incontrôlable Wrathan. Les mythes et légendes en avaient fait des Pokemon maléfiques monstrueux, mais ils n’étaient rien de tels. Seulement des Pokemon qui se laissaient porter par leur nature. Ils étaient nés pour incarner et propager les péchés capitaux. Était-ce plus répréhensible que de faire entrer un volcan en éruption à chacun de ses rugissements, comme Enteï ?

Bon, il était vrai qu’ils n’étaient pas tous des anges. Enviathan et Lucifide aimaient bien tout détruire ; l’un parce qu’il était jaloux de tout, et l’autre parce qu’il considérait que tout n’était qu’insulte comparé à son illustre personne. Quant à Wrathan, il était l’incarnation du mal absolu, donc ça ne comptait pas. Mais en dehors de ces trois là, les quatre autres étaient plus ou moins gérables et pas naturellement attirés par le mal. Ils ne savaient même pas ce que c’était, le mal. Ils se contentaient de faire ce que leur nature leur disait, à savoir : dormir pour Belfegoth, manger pour Gluzebub, accumuler des richesses pour Mavarice, et rechercher le plaisir sexuel pour Lusmodia.

Comme chaque Péché Capital menait, à sa façon, à la corruption, les Démons Majeurs étaient inféodés à Horrorscor, avec qui Wrathan avait passé alliance il y a des siècles de cela. Après que le pouvoir des Démons Majeurs eut été scellé dans les Piliers Célestes, et que les sept Pokemon se retrouvèrent bloqués dans des corps de jeunes humains, ils demeurèrent toujours avec le Marquis des Ombres en titre. Le Marquis actuel était celui qui les avait tous libéré, en mettant en bas les sept Piliers Célestes, et donc celui pour lequel les Démons Majeurs avaient le plus de respect.

- J’ai fait mander Silas hier, dit le Marquis à son serviteur et ami. A-t-il été prévenu ?

- Sans nul doute, Monseigneur, répondit Maxwell. Il ne devrait pas ta…

Il n’eut même pas terminé sa phrase que Silas Brenwark - à moins que ce ne soit un clone d’ombre ? - émergea du néant à travers une porte circulaire et immatérielle, comme à son habitude. Le jeune homme avait le pouvoir de matérialiser à peu près tout ce qu’il voulait, et ça impliquait donc des doubles de lui-même qu’il pouvait envoyer partout à tout moment. Silas Brenwark, alias Mister Smiley, était ni plus ni moins que l’Agent de la Corruption le plus puissant, ou du moins celui avec le plus de potentiel. Même plus que Lyre, qui était pourtant une Enfant de la Corruption.

- Maître, salua Silas très sérieusement.

Chez Silas, tout n’était qu’amusement et moquerie. Il ne prenait jamais rien au sérieux… à part une chose. Une seule chose : sa loyauté envers le Marquis. Ce dernier le connaissait depuis très longtemps. Silas était le fils biologique de Funerol et celui adoptif d’Oswald ; deux vieilles connaissances du Marquis.

- Il est temps de commencer la levée de l’Armée des Ombres, fit le Marquis en continuant de boire son thé. Venamia est-elle bien occupée ? Il ne faut pas qu’elle se doute de quoi que ce soit…

- Peu de risque, maître. Elle est en train de préparer son dernier projet pour surprendre Igeus. Un plan que je lui ai soufflé à l’oreille d’ailleurs, justement pour l’occasion. Elle ne nous embêtera pas.

- Bien, alors tu vas rappeler Fantastux du front d’Hoenn. Il sera notre émissaire auprès de Giratina. Dis-lui que… Non, finalement, envoies-le moi directement. Je lui expliquerai tout moi-même. Il sera content de me rencontrer, et n’en sera que plus enthousiaste pour cette mission capitale.

- C’est entendu, mon maître. Je reviens avec lui sous peu.

Silas disparut comme il était arrivé. Le Marquis termina son thé et replaça son masque sur son visage, dissimulant son sourire.

- C’est pour bientôt, Maxwell. Les portes du Monde des Morts nous serons ouvertes. Ce sera la dernière étape visant à apporter la corruption éternelle sur ce monde.

À l’intérieur du Marquis, Horrorscor ricana, s’en réjouissant d’avance.


***


Gluzebub était embêté. Et quand il était embêté, il avait faim. Et comme il avait déjà toujours faim en temps normal, là, il avait encore plus faim que d’habitude, au point d’engloutir tout ce qui se trouvait sur son passage. C’est-à-dire les poubelles publiques et leurs contenus, les buissons, les poteaux électriques, et autres. Heureusement, il n’y avait aucun humain pour le voir faire ça, car il était à proximité du Manoir Divalina, autour duquel personne de l’Aire de Détente n’osait s’approcher trop près.

Ayant dévoré tout ce qu’il pouvait dans le manoir de Jivalumi, Gluzebub avait vite senti la faim le tenailler. Jivalumi avait certes promis de ravitailler son garde-manger au plus vite, ça se faisait un peu trop attendre pour Gluzebub. N’en pouvant plus, et malgré l’interdiction de sortir du manoir, le Démon Majeur, sous sa forme humaine, était allé dans le grand jardin pour y dénicher des trucs comestibles… ou non, mais peu importe pour lui. Mais il s’était perdu, et avant qu’il ne s’en rende compte, il avait quitté les limites du manoir. Il ignorait maintenant où se rendre pour rentrer.

Gluzebub était donc inquiet. Jivalumi n’allait pas être contente, elle qui lui avait dit de rester au manoir et de ne pas se faire remarquer jusqu’à ce que les deux Apôtres arrivent. Or, Gluzebub savait que Jivalumi était une copine du Seigneur Marquis. Si elle répétait au Seigneur Marquis que Gluzebub avait été vilain, ça allait mal se passer pour lui, surtout si le Seigneur Marquis en avisait ensuite Wrathan. C’est grand-frère Wrathan qui avait ordonné à Gluzebub d’obéir au Marquis en tout point. Et grand-frère Wrathan était vraiment terrifiant quand il était en colère ; c’est-à-dire quasiment tout le temps. Gluzebub ne tenait vraiment pas à se faire gronder par son frère, aussi cherchait-il désespérément à rentrer au manoir.

Mais comme il n’avait aucune notion d’orientation, ni même de pure et simple logique, il ne fit que s’éloigner davantage du manoir, jusqu’à arriver au village lui-même. L’Aire de Détente était une série de pavillons et de villas strictement ordonnés. Il y avait peu de gens dans les rues, mais pour Gluzebub, c’était déjà trop. Voir ces dizaines d’humains qui marchaient devant lui, c’était une torture. Car Gluzebub adorait le goût qu’avaient les humains. Il en avait dévorés pas mal lors des batailles à Hoenn auxquelles le Seigneur Marquis l’obligeait à prendre part. Gluzebub n’aimait pas la guerre, mais elle avait l’avantage de lui fournir une source appréciable de nourriture.

Sauf que ces humains là, il ne devait pas les manger, Gluzebub le savait. Jivalumi ne voulait pas qu’il se fasse remarquer, et ce serait difficile si jamais il prenait sa véritable apparence de Démon Majeur en se mettant à dévorer tous les humains qu’il croisait. Il se retint donc, mais c’était difficile, tant leur odeur parvenait à son nez expérimenté. Ils passaient devant lui sans accorder un regard au jeune garçon enrobé dont il avait l’apparence. Gluzebub voulu repartir par où il était venu, mais il ne savait déjà plus quelle était la direction. C’est alors que, parmi les humains qui déambulaient dans la rue, il entendit la voix de Jivalumi.

- Le Manoir Divalina se trouve en retrait plus loin. Ma famille n’a jamais trop fréquenté les autres millionnaires de l’Aire, et a fini par souffrir d’une réputation… bizarre.

La voix était plus gentille et plus douce que d’habitude, mais c’était bien celle de Jivalumi. Soulagé, Gluzebub la chercha du regard parmi les humains, mais ne la vit pas. Pourtant, elle ne passait pas inaperçue. Quand la voix retenti à nouveau, Gluzebub remarqua qu’elle ne venait pas de Jivalumi, mais d’une humaine aux cheveux blancs avec un nœud papillon dedans, une robe rose, et des mèches multicolores. Elle parlait à un autre humain, celui-ci un mâle, aux cheveux bruns ondulés et au costume doré.

- Mon Doppelganger doit encore engager des gardes, mais je connais des passages pour nous faufiler dans le jardin sans se faire remarquer.

Gluzebub ne comprenait pas. Cette humaine n’était clairement pas Jivalumi, et pourtant, elle avait la même voix, et surtout, la même odeur. Gluzebub avait beau ne pas être une lumière, on ne pouvait pas le tromper sur l’odeur. En plus, les mèches arc-en-ciel de cette humaine lui faisait pas mal penser aux fibres multicolores qui composaient le corps de Jivalumi. Il prit donc le risque d’aller à la rencontre de cette humaine. Quand il se présenta devant les deux humains, il devait avoir l’air fichtrement misérable et troublé, car l’homme au costume doré lui demanda gentiment :

- Tu t’es perdu mon petit ?

Gluzebub avait envie de dire oui, mais d’abord, il voulait comprendre une chose. Il demanda donc à l’humaine aux cheveux blancs :

- Tu n’es pas Jivalumi non ? Pourtant, tu as la même odeur, et la même voix en plus gentil. Tu es qui dis, hein, tu es qui ?

Les deux humains échangèrent un regard. Le nom de Jivalumi les avait sérieusement fait tiquer. Puis, pétri d’horreur, l’homme au costume doré fit :

- C-comment peut-il connaître Jivalumi ?! Est-ce que… ce serait… c’est… c’est un Démon Majeur ?

- Je le pense oui, confirma l’humaine aux cheveux blancs, parfaitement calme. On nous les a bien décris comme des enfants sous leur forme humaine.

- Je suis Gluzebub, confirma le Pokemon. J’étais dans la grande maison de Jivalumi pour attendre les Apôtres d’Erubin, mais… j’avais faim, donc je suis sorti, mais je retrouve plus mon chemin ! Je suis embêté… et affamé aussi.

L’homme semblait sur le point de s’enfuir en courant ou de se servir de sa canne à pommeau comme d’une arme. Mais la jeune femme, imperturbable, mis une main sur le bras de son collègue pour le calmer.

- Jivalumi est bien donc dans le manoir ? Demanda-t-elle.

- Oui oui. Elle attend deux Apôtres d’Erubin qui doivent venir la voir. Le Seigneur Marquis m’a dit d’y aller aussi pour pouvoir les goûter. Je n’ai jamais goûté d’Apôtre d’Erubin, et Jivalumi m’a dit que c’était très bon ! Alors il faut que je rentre immédiatement, vous comprenez ? J’ai peur qu’ils arrivent durant mon absence, et que Jivalumi ne me laisse rien. Alors, tu connais toi aussi Jivalumi mademoiselle ? Qui tu…

En dévisageant dans leur ensemble les deux humains, l’esprit un peu lent de Gluzebub parvint à faire les connections pourtant évidentes.

- Oh ? Un monsieur en doré ? Oh ? Une humaine aux cheveux blancs ? Oh. Oh. Mais alors… mais alors… c’est vous les deux Apôtres ?!

Wasdens secoua vivement la tête pour démentir, mais Divalina acquiesça calmement.

- C’est cela. Nous sommes Silvestre Wasdens et Divalina, et nous nous rendons au manoir.

Gluzebub ne savait plus du tout quoi faire maintenant. Il n’était pas censé sortir et encore moins se battre dehors, mais ses proies se trouvaient en face de lui. Il se prit la tête pour tenter de réfléchir un peu ; une activité peu courante pour lui. Réfléchir c’était difficile. Manger c’était plus simple.

- Que dois-je faire ? Oh, que dois-je faire ? Je ne peux pas prendre ma vraie forme ici, Jivalumi ne sera pas contente ! Oh la la. Je ne sais plus.

Puis une idée lui vint. Ce serait beaucoup demander à ces humains, mais cette fille à l’odeur de Jivalumi semblait gentille, donc il essaya :

- Dites, vous ne voudriez pas me suivre dans un endroit où nous serons tous seuls, pour que je puisse vous tuer et vous manger en toute discrétion ? Ce serait vraiment gentil de votre part.

- J’ai une meilleure idée, fit Divalina. Au lieu de nous manger, viens avec nous, et nous te paierons un restaurant. Tout ce que tu voudras. Tu en auras bien plus que deux seuls humains comme nous.

- Qu’est-ce qui vous prends ? Siffla Wasdens à coté d’elle. Vous êtes cinglée ?!

- Mais c’est vous que je dois manger, répondit Gluzebub. Vous êtes les Apôtres. Un plat que je n’ai jamais goûté !

- Hélas, nous ne le sommes plus. Nous avons démissionné en venant ici. Nous ne sommes plus Apôtres d’Erubin, mais des humains ordinaires comme tu en as déjà tant mangé.

- Ohhhhh ben zut alors… gémit Gluzebub.

- Nous manger ne t’apportera rien de nouveau, poursuivit Divalina. En revanche, nous pourrons te faire goûter à plein d’autres choses si tu viens avec nous. Je me rappelle qu’il y a un paquet de restaurants gastronomique dans l’Aire de Détente. Et ça tombe bien, mon ami Silvestre a beaucoup d’argent.

Gluzebub tâcha de réfléchir. Si ces deux là n’étaient effectivement plus des Apôtres d’Erubin, ça ne servait à rien de les manger : ils auraient le même goût qu’un humain normal. Le Seigneur Marquis et Jivalumi lui avaient menti, ou alors ils n’étaient pas au courant. Quitte à ne pas se faire repérer par les humains de cette ville, quel mal y’avait-il à laisser ces deux humains lui payer des restaurants ?

- D’accord, dit-il finalement. On va faire tous les restaurants de la ville, et ensuite vous me ramenez à la grande maison de Jivalumi hein ?

- C’est notre destination, sourit Divalina. On te déposera au passage.

Décidément, elle était bien plus agréable que Jivalumi, cette humaine. Elles étaient peut-être jumelles, une de lumière et une de ténèbres ? Parce que Jivalumi était toute noire. Gluzebub n’avait rien contre les ténèbres, surtout qu’il partageait ce type avec son type Poison, mais il n’appréciait pas les tyrans qui faisaient peur comme Jivalumi ou grand-frère Wrathan. Ce fut donc avec confiance et impatience qu’il suivit les deux anciens Apôtres d’Erubin, comme un enfant humain normal qui suivait ses parents jusqu’à un parc d’attraction.

Devant, Silvestre ne pouvait s’empêcher de jeter des coups d’œil constant à l’enfant qui les suivait, comme s’il craignait qu’il ne reprenne sa forme véritable et se jette sur eux pour les dévorer. Avoir un Démon Majeur qui marchait derrière soi n’avait effectivement rien de rassurant, surtout si ce dernier avait clairement énoncé son intention de les dévorer il y a quelque secondes. Parlant à voix basse pour que Gluzebub ne l’entende pas, il s’approcha de Divalina pour lui murmurer :

- On peut savoir ce que vous faites au juste ? Vous comptez vraiment inviter cette… créature à faire le tour des restos de la ville ?!

- C’est ça ou se faire manger, répondit Divalina. Je n’avais pas prévu que Jivalumi se paie les services d’un Démon Majeur pour s’occuper de nous.

- Quel intérêt aurait-elle à vous faire dévorer ? Vous aviez dit que si vous mourrez, elle disparaissait avec vous.

- C’est le cas. Jivalumi a dû sûrement dire à Gluzebub de ne pas me toucher, mais sans lui révéler pourquoi. Il n’a pas l’air très vif d’esprit. On devrait pouvoir se l’acheter avec quelque plats et deux trois histoires.

- Vous l’acheter ? Répéta Silvestre, ébahi. Vous pensez qu’il va trahir le Marquis des Ombres juste pour quelque plats ?!

- Les Démons Majeurs n’agissent pas selon une quelconque loyauté, Silvestre, mais en fonction de leur instinct, qui est dicté par le péché capital qu’ils représentent. La Gourmandise est le moins grave des péchés capitaux. Elle ne condamne pas au mal quiconque s’y adonne. Je vois ce Gluzebub comme un enfant à qui on a jamais fait différencier le bien du mal, et qui ne cherche qu’à se goinfrer quelque soient les causes et les conséquences. Ce qu’il nous faut faire, c’est tenter de l’éduquer, et on ne pourra le faire qu’avec une carotte, en l’occurrence, l’appât de la nourriture.

Silvestre ne discuta pas davantage. De toute façon, à quoi il s’attendait venant de quelqu’un qui avait décidé d’aller affronter son double maléfique et surpuissant avec pour seule arme ses bonnes intentions ? Puis au final, valait mieux tenter le plan de Divalina plutôt que de provoquer le combat contre un Démon Majeur. Ce qu’il fallait pour affronter ces Pokemon là, c’était une armée, avec de préférence quelques surhumains, style Mélénis, G-Man, Modeleurs, voir les trois à la fois. Et Silvestre n’avait rien de tel avec lui.

Il fit donc ce que Divalina attendait de lui : il sortit sa carte de crédit et réserva pour une heure le premier restaurant qu’ils trouvèrent. Comme ils étaient à l’Aire de Détente, tout n’était que produits de luxes ici, et les restaurants ne faisaient pas exception. Donc, quand Silvestre fit mander le directeur pour lui demander d’évacuer tous les clients présents, il dépensa pour cela une somme lui donna le vertige, même pour l’ancien Dignitaire qu’il était. Divalina installa Gluzebub sur la plus grande des tables, tandis que Silvestre commanda à peu près tous les menus disponibles.

Là encore, ça lui revint très cher. De plus, en voyant les mets de luxe qui arrivaient les uns après les autres, il se demanda à quoi bien ça pouvait servir pour quelqu’un comme Gluzebub, qui devait favoriser bien plus la quantité que la qualité. Fallait-il ajouter qu’il ne savait pas se servir de couverts et que Divalina dut le lui apprendre pendant bien dix minutes. Silvestre cru mourir de honte d’être vu en pareille compagnie. Mais finalement, le Pokemon sous forme humaine le surprit quand il s’extasia à grands cris sur le homard et spaghetti au fumet de truffe.

- Ohhhhhhhhh ! Ça alors ! Que c’est bon ! Je n’ai jamais rien mangé de pareil ! Encore, encore !

Arriva ensuite le dindonneau braisé au champagne et le caviar sur brioches à la crème fraîche. Là encore, Gluzebub poussa des cris d’orfraie en essayant de tout manger à la fois. Il semblait en extase totale. Mais même après avoir dévoré de quasiment tous les plats, il exigea d’aller autre part. Ils firent quatre autre restaurants à la suite, plus une pizzeria. Gluzebub était aux anges, comme s’il vivait un rêve, à tel point qu’il tenait maintenant Divalina par la main et ne lésinait pas sur les qualificatifs de sa gentillesse. Si Silvestre était ravi que le Démon Majeur n’ait pas provoqué de scandales en dévorant les assiettes ou les tables, il s’inquiétait pour son compte en banque. Il espérait que l’estomac à la contenance visiblement infinie de Gluzebub soit calé, mais ce dernier s’arrêta devant un dernier bâtiment dédié à la nourriture : un McDonald’s.

- Ohhhhhhhhh ! J’ai entendu parler de cet endroit ! S’exclama Gluzebub. C’est le Sainte Place des gourmets qui ressortent toujours le ventre plein ! Le plus haut lieu de la nourriture en ce monde !

- Euh… ouais, si on veut, acquiesça Divalina. C’est un endroit spécialement fait pour toi, ça c’est sûr. Tu veux essayer ?

- Oh je peux ?! Oh oui oui oui ! Tu es vraiment très gentille, Divalina ! Ça me donnerait presque envie de te manger pour savoir quel goût une telle gentillesse peut avoir !

Ici au moins, Silvestre n’eut pas à dépenser des mille et des cent, ni à faire évacuer les lieux. Gluzebub s’intéressait bien plus aux différents hamburgers qu’aux clients alentours. Divalina les lui fit tous essayer, puis elle en recommanda un de chaque et proposa à Gluzebub le défi d’en faire un hamburger géant à vingt étages. Et le pire, c’est qu’il arriva à les manger, les faisant rentrer dans sa bouche comme un tuyau, sous le regard médusé et les applaudissements des badauds. Après cela, Gluzebub dit enfin :

- C’était génial, oh que oui ! J’aimerai refaire ça encore un moment, mais là j’ai plus faim.

Silvestre remercia silencieusement Arceus pour cela. Divalina passa à Gluzebub les sauces sous sachet comme amuse gueule final, avant de lui dire :

- Tu sais Gluzebub, si le Marquis continu ce qu’il veut faire, il n’y aura plus un seul McDonald’s dans le monde.

Gluzebub écarquilla les yeux.

- C-c’est vrai ? Plus… un seul ?

- Vois ce qui se passe à Hoenn. Toi et tes frères, vous détruisez tous sur votre passage. Combien de McDonald’s avez-vous détruit jusqu’à maintenant ?

- Moi… j’aurai… détruit des McDonald’s ? Je… je ne savais pas… Oh là là, qu’est-ce que j’ai fait ?!

Il semblait vraiment anéanti. Divalina lui mit une main amicale sur l’épaule.

- Le Marquis et tes frères et sœurs sont les ennemis de la nourriture, Gluzebub. Ils ne t’ont jamais vraiment nourri comme il faut. Ils te donnent des humains à manger alors que la nourriture que produit les humains est bien plus succulentes qu’eux. De plus, si tu…

- OHHHHHHHHHHH !

Gluzebub hurla tellement fort que Silvestre sursauta, ainsi que tous les gens autour. Même Divalina fut quelque peu surprise.

- Qu’est-ce que tu as ? Demanda-t-elle.

- Ce… ce… cette chose ! C’est… c’est absolument divin ! Qu’est-ce que c’est ?!

Il montra à Divalina l’emballage de la sauce mayonnaise accompagnant les frites qu’elle lui avait donné.

- Ça ? C’est de la mayonnaise. C’est fait pour accompagner certains plats, comme les frittes ou les œufs durs…

- Ma-yon-nai-se tu dis ? C’est la chose la plus délicieuse que j’ai jamais mangé, même durant des millénaires d’existence ! Il m’en faut d’autre ! Plus ! Plus de mayonnaise !

Divalina le prit au mot. Au lieu même de prendre les petits sachets qu’ils donnaient gratuitement au comptoir, elle alla carrément acheter le gros tube dont il se servait dans les cuisines. Elle le posa devant Gluzebub qui en bavait presque d’impatience.

- Voilà de la mayonnaise. Bien plus que dans ce petit sachet. Si tu aimes vraiment ça, je pourrai tenter de t’en fournir continuellement. Mais c’est un ingrédient très rare et très cher, et moi seule ait le pouvoir d’en trouver. Tu sais ce que ça veut dire, Gluzebub ?

Le Démon Majeur hocha la tête à toute vitesse.

- Oh oui ! Je resterai toujours avec toi, Divalina ! Je quitte le Seigneur Marquis et mes frères et sœurs ! Je te protégerai toujours, pour l’amour de la mayonnaise !

Satisfaite, elle lui donna le gros tube, qu’il déboucha à toute vitesse et qu’il se mit dans la bouche, le suçant à grands bruits répugnants. Silvestre était abasourdi par la tournure des événements.

- Et voilà, fit Divalina. Quand on parlera désormais de la mayonnaise, il faudra bien préciser comment elle a contribué à sauver le monde.