#5 : Un pèlerinage divin !?
L’Ambre Force One atterrit bruyamment sur le toit de la plus grande maison d’édition de tout Sinnoh : la maison Staravia. Ricky, Shin et Lydia retinrent leur respiration. Des étoiles illuminèrent leurs grands yeux embués de larmes. Staravia était bien plus qu’un simple nom, c’était le symbole de la littérature mondiale. Tout ce qui sortait de ces bureaux finissait de facto best-seller. Cela n’était que la conséquence de l’extrême sélection qu’opérait Staravia pour choisir ses auteurs.
Chaque texte était lu, relu, et re-relu par un panel d’une centaine d’individus choisis au hasard, avant d’être mis entre les mains d’une centaine de grandes pompes littéraire. Et les textes ayant réussi le miracle de recevoir la validation de tout ce monde devait finalement obtenir l’aval unanime d’un jury composé de dix Alakazam.
Mais ce n’était pas tout. Un texte n’était rien sans un auteur, et Staravia le savait très bien. C’est pourquoi l’écrivain devait lui aussi subit une batterie de test à en faire pâlir un vétéran de guerre. Par exemple les aspirants auteurs devaient être capable de rester immobiles sur une jambe sur un poteau recouvert de fourmis rouges, dans une salle débordante de Grotadmorv nauséabonds, tout en répondant à de diverses questions de culture générale pendant des heures. Si le candidat répondait faux une fois ou qu’il tombait du poteau, le jury décidait de l’éliminer et la sentence était irrévocable – sauf si un auteur réussissait à trouver un collier d’immunité et dans ce cas, il était intouchable jusqu’au prochain conseil.
Toutefois, il allait sans dire qu’Ambre n’avait passé aucune de ses épreuves. Vive le pouvoir de l’argent et de l’influence.
Quoi qu’il en soit, la maison Staravia était une légende vivante et fouler son marbre n’était réservé qu’à l’élite de l’élite. Ce fut pourquoi les trois fanatiques n’hésitèrent pas une seconde à se mettre à genoux et à embrasser le sol divin, remerciant les dieux de leur avoir accordé la grâce d’être présent dans ce panthéon légendaire.
— Vous n’en faites pas un peu trop ? plissa Ambre des yeux.
— NON ! hurlèrent d’une même voix Ricky, Shin et Lydia dans un accord étonnant.
Et les trois fanatiques se mirent à se rouler sur le sol comme des fous, dans l’espoir de récolter un maximum de saintes poussières. Car pour eux, tout ce qui se trouvait chez Staravia était saint, même les ordures.
Ambre gonfla ses joues, jalouse. Ces trois-là n’avait pas réagi comme cela lorsqu’ils l’avaient rencontrée ! N’était-elle pas la grande Ambre Efflam ? L’auteure de Cœurs Torturés ? Elle méritait bien plus d’adorations que ce vieux bâtiment miteux ! Touchée dans son orgueil, la fillette avant bien envie de faire un énorme scandale.
— Maître Ambre ! Je suis si heureux de vous voir !
Heureusement pour le bien de l’humanité, une intervention miraculeuse empêcha la petite prétentieuse d’exprimer sa rage. Une intervention que l’on devait à un homme mal rasé qui s’approchait maladroitement. Bien qu’il portait un classieux costard bleu-marine, l’attitude générale de l’individu faisait plus penser à un clochard qu’à un employé de bureau.
— Ouais ouais, moi aussi, siffla Ambre devant la tête à claque mal rasé.
La tête à claque mal rasé ne sembla pas se formaliser du ton de son interlocutrice. En revanche, il passa un long moment à dévisager trois idiots qui étaient désormais en train de lécher le sol.
— C’est eux ? demanda-t-il.
— Tout à fait. Le brun un peu simplet c’est Ricky, le blond à la coiffure banane c’est Shin, et celle qui bave un peu trop c’est Lydia. Allez, ne reste pas planté là crétin, on a un manga à finaliser.
— Oui Maître !
***
Le moins que l’on pouvait dire, c’était que l’homme mal rasé était au petit soin pour Ambre. Dès qu’elle fut rentrée dans son bureau, il installa immédiatement la gamine sur un transat et lui fourni une boisson fraîche dans la foulée.
— Bien, commença-t-il en se réinstallant derrière son bureau. Je me présente pour les nouvelles têtes : je me nomme Jason, Jason Efflam. Je suis l’éditeur de Maître Ambre… enfin, plus généralement, je suis son secrétaire personnel. Enchanté.
— Efflam ? répéta Ricky. Vous voulez dire que…
— Ce raté est mon oncle, le coupa Ambre. Le petit frère de mon père.
— Ce raté ? grinça Shin.
— Bah quoi ? s’étonna la fillette. Je ne fais que dire la vérité. Ce type est un imbécile doublé d’un incompétent.
Contrairement à ce que l’on pourrait s’attendre, Jason Efflam, du haut de ses 32 ans, ne s’offusqua pas le moins du monde des remarques cinglantes de sa nièce. Au contraire même, il rougit légèrement.
— Oh Maître, je ne mérite pas tant de compliments !
— Ouais je sais, je suis trop généreuse. Et au fait crétin, ça va faire deux secondes que mon verre est vide. Tu attends quoi pour le remplir ?!
— Pardonnez-moi Maître ! Je corrige tout de suite cette effroyable erreur !
Et l’adulte s’exécuta dans la plus grande ferveur, sous le regard étonné de Shin et Ricky.
— Tu pourrais prendre exemple sur lui, glissa Lydia à Ricky.
— Je vais plutôt le prendre comme contre-exemple…
— C’est quoi ce type ? grogna Shin. Il obéit sans discuter ! Et c’est moi où la fillette est devenue subitement encore plus vulgaire depuis qu’on est ici ?
Jason tiqua violemment suite à cette dernière réplique. Le regard rouge, il se retourna brusquement vers Shin.
— N’insultez pas Maître Ambre ! Vous ne lui arrivez pas à la cheville !
Le délinquant de 1m85 fixa un instant la fillette de 1m45 allongée sur le transat.
— J’ai quelques doutes là-dessus, ricana-t-il.
— Espèce de…
— Laisse Jason, souffla Ambre entre deux gorgées. Ce macaque sans le sou est incapable de comprendre les évidences. Ignore-le.
— Bien Maître, s’inclina respectueusement l’éditeur trop servile.
Irrité, Shin se leva et s’apprêta à retrouver ses bonnes vieilles habitudes de délinquant, c’est-à-dire secouer très fort les gens pas gentils avec lui. C’était sans compter le petit teaser de Jason qui calma instantanément les pulsions du blond.
— J’adore les grésillements de la chair électrocutée…, commenta Lydia en se léchant les babines.
— Je ne tolérerais aucune agression sur mon Maître, menaça l’éditeur. Et ne me sous-estimez pas, je suis surentraîné. Il le faut bien, vous n’imaginez pas le nombre de personnes qui veulent voir Maître Ambre disparaître…
— Étrangement, je me l’imagine très bien ! s’immisça Ricky.
— Pourtant je n’ai jamais rien fait de mal, grommela Ambre. Quelques chantages et coups bas à droite à gauche, rien de bien extraordinaire. Et le pire, c’est que généralement les gens me reprochent d’avoir fermé un orphelinat pour y avoir fait construire ma villa à la place. Le truc le plus insignifiant au monde en somme ! Vraiment, je ne comprends pas les gens.
— Ne vous inquiétez pas Maître, ce ne sont que des simples d’esprits incapables d’appréhender votre génie.
Ricky se dit qu’il y avait vraiment quelque chose qui ne tournait pas rond chez les Efflam. Il espérait naïvement que toutes autres les familles ultra-riches ne soient pas si extravagantes. Le pauvre, s’il savait. Mais ce fanatique était-il bien placé pour critiquer l’extravagance des autres ? La question méritait d’être posée, même si personne n’y répondra jamais car personne ne répond à la narration !
Revenons plutôt à la fiction. Ambre décida enfin d’arrêter de parler trivialités. Après tout, elle était là pour son manga, c’était une maison d’édition que diable.
— Ricky, Shin, Lydia, dehors, lâcha la fillette.
— … plaît-il ? s’interrogea Ricky.
— En vérité, si vous êtes ici, c’est uniquement pour rencontrer mon secrétaire puisque vous serez très souvent en contact. Mais j’ai besoin de m’entretenir avec lui en priver concernant les détails du tome 8 de Cœurs Torturés. J’imagine que vous ne voulez pas vous faire spoiler la suite, n’est-ce pas ?
— … !!
Le spoil, l’ultime saloperie de ce monde, encore plus que le Sida, les Hand Spinner, ou les abruties qui s’acharnaient à dire chocolatine à la place de pain au chocolat en 2017. La menace était réelle et les trois fanatiques le comprirent très bien. Nous l’avions tous vécu un jour. Alors que l’on venait de découvrir une super série ou un super manga, le genre d’œuvre magistral qui prenait aux tripes, ce type était apparu. Un horrible personnage, haït à la fois de Dieu et de Lucifer. Un individu abject qui s’amusait tout bonnement à nous raconter en détail la suite de l’œuvre, gâchant alors impitoyablement tous les moments forts. Ce mélange de rage et de désespoir qui nous envahissait alors, cette amère sensation qui brouillait nos émotions, ce traumatisme capable de transformer l’ange le plus innocent en démon sanguinaire… bref, le spoil.
Ne voulant subir ce fléau, les trois fanatiques ne cherchèrent pas discuter et s’empressèrent de quitter le bureau de Jason Efflam. Ils se retrouvèrent comme trois idiots dans les immenses couloirs de Staravia. Et enfin, ils réalisèrent. Ambre ne leur avait rien dit d’autres, ce qui signifiait… qu’ils avaient entièrement quartier libre ! La très célèbre maison Staravia leur tendait les bras !
***
Pour l’occasion, le trio s’était séparé. Staravia se tenait dans un énorme building – bien que plus petit que l’Amber Tower. Par conséquent, il y avait énormément de choses à voir : des auteurs célèbres se faire engueuler et fouetter par leur éditeur, des foules d’éternels stagiaires BAC+30 en option ramener le café, classement de dossiers & cirage de pompes, des tableaux et buste de marbres à a gloire de l’égo des dirigeants de la boîte… en fait, Staravia mise à part sa taille, Staravia n’était pas si différente des autres entreprises capitalistes.
Mais ce n’était pas ces choses-là que Lydia voulait voir, contrairement à Ricky et Shin. Non, elle, elle avait d’autres projets. La jeune femme aux cheveux noirs était une fanatique ; en conséquence, elle adorait Staravia. Cependant, lorsque Lydia était face à quelque chose qu’elle adorait, elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver des pulsions destructrices. Certaines mauvaises langues diront qu’elle était très légèrement dérangée ; il fallait toujours écouter les mauvaises langues.
Lydia s’engouffra dans la première porte « accès interdit » qu’elle vit. Un employé avait tenté de l’arrêter ; il dormait désormais paisiblement dans un placard à balai. Elle atteint rapidement le cœur de Staravia, là où tout se décidait. Plusieurs cadres la regardèrent bizarrement, mais ils avaient autre chose à faire que d’interpeller une intruse, comme exploiter leurs stagiaires par exemple.
Lydia en profita allègrement. Avec l’aide de son Mimiqui elle court-circuita discrètement quelques imprimantes et ordinateurs, elle déchira ni-vue-ni-connue des dizaines de manuscrits, elle renversa des tasses de café sur le sol… pourquoi ? Parce qu’elle en avait envie, tout simplement. Elle ressentait une jouissance terrible à souiller ce monstre sacré qu’était Staravia. Au fur et à mesure de ses exactions, sa respiration devenait de plus en plus saccadée, ses pas de plus en plus hésitants, son regard de plus en plus fou.
Elle se faisait de moins en moins discrète, mais les cadres avaient autre chose à faire que de l’arrêter, comme éteindre l’incendie déclenché par le court-circuit d’une série d’imprimante par exemple.
Et enfin, elle atteint le sommet. L’antre du PDG, le bien nommé Staravia ; notons au passage l’égocentrisme qu’était de nommer son entreprise par son propre nom. C’était bien un truc de riche ça. Lydia poussa fébrilement la porte, nerveuse. Un univers d’incroyables possibilités s’ouvrait à elle !
Exemple de possibilité : Elle rentrait, elle foutait le feu, des données ultra-importantes disparaîtrait dans la foulée, Staravia perdrait tout, une crise économique sans précédent frapperait le monde de la littérature, pour compenser à la crise des milliers et des milliers d’employés se feraient licencier partout dans la région, le taux de chômage explosera, une délicieuse guerre civile débutera, les peuples s’entre-tueront dans la joie et la bonne humeur, la catastrophe prendra une telle ampleur que seule l’arme atomique pourra la stopper, ce qui mènerait fatalement à la fin du monde.
Après avoir joui une bonne dizaine de fois devant ce charmant scénario, Lydia se décida enfin à rentrer. Mais pas de chance, Staravia l’avait déjà remarquée. Il fallait dire que les « aaah…, aaah… » qu’elle lâchant en permanence la rendait aussi discrète qu’un Donphan dans un magasin de porcelaine.
— Staaaar ! Staaaar ! s’exprima soudain une voix visiblement courroucée.
Lydia resta un moment interdite. Il était vrai que le PDG de Staravia se faisait très mystérieux et qu’il n’était jamais apparu au grand public. Cependant, elle ne s’attendait absolument pas à ce qu’il soit…
— … un Pokémon… ?
Pause ! Effectivement, le PDG est un Pokémon. Et en ma qualité de voix-off je vous propose un jeu, chers lecteurs. De quel Pokémon s’agit-il ? Un Pokémon n’étant capable que de prononcer son nom, cela est assez facile à deviner, n’est-ce pas ? En fait, la réponse est déjà quasiment donnée. Plongez dans votre mémoire, jeune gens ! Comme je suis gentil, je vous donne un indice supplémentaire : une partie de son corps est orange. C’est bon ? Vous l’avez ? C’était facile, hein ? Allez, je donne la réponse, c’était bien évidemment un…
— V-Vous êtes un Étourvol ?! s’écria Lydia.
Pause ! Un Étourvol anglais pour être plus précis ! Hé oui, en anglais, Étourvol se prononce Staravia ! Je vous l’avais dit que la réponse était quasiment donnée ! Comment ça je triche ? Mais non, je ne vous le permets pas ! Allez, revenons à l’histoire, mauvais joueur !
— Staaar !
Pause ! Oh, une dernière chose. Vous ne comprenez pas ce qu’il dit, n’est-ce pas ? Vous pensez que l’auteur a juste la flemme d’écrire des dialogues, n’est-ce pas ? Vous pensez que je dis trop « n’est-ce pas », n’est-ce pas ? Hé bien, sans vouloir vous offensez, vous êtes des rhododendrons. Oui je sais, c’est joli un rhododendron mais le nom est moche. À vous de voir à quelle facette du rhododendron vous voulez vous identifier. Mais je m’égare. En réalité, l’auteur a fait un incroyable effort dans l’écriture des « Staaar ! ». Pour vous, les « Staaar ! » se ressemblent peut-être tous, mais ils sont chacun emprunt d’une subtile variation graphique correspondant à de précises fréquences toniques permettant de les traduire sans effort. En tout cas, les personnages de la fiction sont bien capables de comprendre Staravia – c’est un Pokémon très intelligent capable de moduler sa voix pour se faire comprendre des humains. Mais puisque certain d’entre vous sont peut-être intellectuellement limités – pour ne pas dire débiles –, une traduction gratuite vous sera offerte par l’auteur.
Ah, et vous vous dites certainement : « Wesh, elle parle trop cette voix-off ! Et en plus c’est pas logique, pourquoi elle parle au lecteur alors que les personnages de la fiction peuvent l’entendre, wesh ? » J’ai peut-être oublié de vous le dire, mais quand je dis « Pause ! », j’arrête le temps dans la fiction et de ce fait, les personnages internes ne peuvent plus m’entendre. Ça fait partie de mes super-pouvoirs de voix-off et oui, c’est complètement cheaté. Bref, retour à l’histoire.
—Who are you ?! s’invectiva Staravia.
Lydia se remit de sa surprise. Après tout, de nos jours, de nombreux Pokémon se décidaient de faire carrière. Ils étaient encore rares certes, mais cela ne choquait plus le grand public.
— … je me nomme Lydia…, répondu enfin cette dernière, … je suis venue avec Ambre Efflam.
Staravia blêmit soudainement. Lydia sourit, satisfaite. Se sachant en position de faiblesse, la jeune femme avait consciencieusement décidé d’évoquer le nom « Efflam », cette famille surpuissante que personne n’aimerait avoir comme ennemi.
— Oh my, this detest-… lovely Amber ! sourit maladroitement l’Étourvol. Comment va cette atroci-… wonderful young girl ?
— Très bien, elle va bientôt sortir le tome 8 de Cœurs Torturés.
— Yes, j’en avais entendu parler… but… emh… que me voulez-vous, exactly ?
— … ce que je veux…
C’était une bonne question. Qu’est-ce que Lydia voulait ? Au début, elle prévoyait simplement de tout saccager. Mais que le PDG soit un Pokémon changeait la donne. Et au fur et à mesure, une idée commença à germer dans sa tête de psychopathe. Elle fit signe à son Mimiqui, qui lui répondit par un crissement on ne pouvait plus glauque. Et brusquement, un Tonnerre fulgurant frappa impitoyablement le PDG.
— AAaah ! Nom d’une cup of tea ! You’re crazy ! Pourquoi m’attaquez-vous ?!
— Pourquoi ? Parce que vous êtes un Pokémon… et que je veux vous attraper !
— … !! C-Cweek ?! Qu’est-ce que vous dites ?! It’s illegal ! I’m a Pokémon intégré dans la société, I’m protégé par la loi !
— … on verra ça… hihihi…
— …. !! Security !!
Cependant, Staravia avait beau crier et appuyer sur le bouton rouge sous son bureau, personne ne vint à son secours. En effet, quelques étages plus bas…
***
— Renfort ! Demandez des renforts !
La sécurité était complètement dépassée par les évènements. Deux énergumènes – un brun et un blond – se déchaînaient. Ils étaient arrivés de nulle part, avant de subitement se mettre à lécher les bureaux, renifler les employés ou encore manger le papier-peint. Absolument personne ne pouvait les arrêter. Dans leur état, les deux fanatiques étaient si excités qu’un Mackogneur ne pourrait retenir leur folie.
— Shin ! Regarde ! s’écria soudain l’un des fauteurs de troubles.
— Qu’est-ce qu’il y a Ricky ?
— J’ai trouvé un pot de fleur !
— … et alors ?
Ricky secoua la tête, comme s’il venait d’entendre la plus grosse bêtise de l’histoire.
— Ces fleurs ont poussé ici ! Dans les locaux divins de Staravia ! Tu t’en rends comptes ?! Elles ont poussé sur une terre bénite ! Ce sont les fruits du paradis !!
— … !!
Et brusquement, les deux forcenés plongèrent sur la pauvre plante avant de la dévorer et de sniffer toute la terre du pot.
***
Retour à l’étage du PDG. Staravia n’était pas un Pokémon de combat, loin de là. C’était un bureaucrate pur jus, trouvant bien plus de réconfort entre deux piles de dossiers que dans la nature. De ce fait, il ne faisait absolument pas le poids contre un Mimiqui bien entraîné, qui avait de plus l’avantage du type.
— … tu es as moi maintenant… hihi… hihihi…
Encore fumant, le terrassé Étourvol sua toute sa peur devant la folle aux cheveux noirs. Et lorsque cette dernière lança une Pokéball vide, le Pokémon sut qu’il était perdu. Et ce fut ainsi que Staravia, le PDG de la plus grande maison d’édition du monde, fut bêtement capturée par une dérangée.
Lydia était comblée. Si elle gardait Staravia enfermée dans sa Pokéball pour l’éternité, la maison s’effondrait sur elle-même. Toutefois, Lydia réalisa soudain que si elle faisait cela, la suite de Cœurs Torturés serait retardé. Oui, Lydia peut parfois être un peu lente d’esprit. Affolée, elle décida de libérer l’Étourvol sans plus tarder.
— What have you doooone ?! s’énerva Staravia.
— … désolée, s’excusa Lydia.
— Parce que vous thinking que ça va suffire ?! Vous m’avez capturée ! Give me back my Pokéball que je la destroy !
— …
Lydia réfléchit rapidement. Techniquement, tant qu’elle gardait sa Pokéball, Staravia était son Pokémon. Par conséquent, elle avait littéralement l’une des entités les plus éminentes du monde littéraire dans sa poche.
— … non. Vous êtes à moi.
— C-Cweek ! s’étrangla Staravia. J-Je vais porter plainte !
— Non, vous ne le ferez pas. Je le répète, vous êtes à moi. Si jamais vous tentez quoi que ce soit contre moi, je vous rappelle dans votre Pokéball et…. hihi… hihihi….
— Shit !
— … je vois que vous m’avez compris… parfait… c’est le moment de s’amuser…
***
Quelques heures plus tard, sur le toit des éditions Staravia, Ambres fixa ses subordonnés, désabusés.
— Vous ne pouvez pas vous retenir, hein…, soupira-t-elle. Je vous laisse juste quelques instants et vous mettez le souk partout ! Tout est saccagé ! Il y a même le feu au dernier étage ! Vous êtes des gosses ou quoi ?
Plutôt ironique qu’une gamine traite de jeune adulte de « gosses » ; toutefois, vu le niveau de maturité des dits-adultes…
— Mais euh ! s’avança Ricky. Ce n’est pas de notre faute, tout était si… bôô !
— … ta gueule Ricky, aggrave pas notre cas, grogna Shin qui commençait sérieusement à avoir honte.
— Je n’ai pas mis le feu exprès, se défendit Lydia.
Techniquement, elle disait vrai. Elle avait certes court-circuité les imprimantes volontairement, mais elle n’avait pas prévu qu’un incendie y résulterait. Devant un juge un peu laxiste, ça pouvait se tenir !
Ambre soupira une énième fois.
— Bah, on va dire que c’était une erreur de vous amener ici. Et puis ce n’est pas grave, Staravia est suffisamment riche pour réparer les dégâts. Enfin, j’ai fait ce que j’avais à faire ici, on rentre.
Ricky et Shin, honteux, décidèrent de ne pas en rajouter et suivirent la gamine sans un mot. Seule Lydia semblait très satisfaite. Elle caressa doucement la Pokéball vide dans sa poche. La Pokéball de Staravia. Le moyen de pression ultime grâce au quel elle pourra influer sur le monde de la littérature. Officiellement, l’Étourvol était toujours le PDG de la maison d’édition, mais officieusement, c’était désormais bel et bien Lydia qui tirait les ficelles…
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Quelque part, dans l’ombre…
Le scénario surprise du chapitre précédent ruminait toujours sa rage envers Ambre Efflam. Il ne rêvait que d’occire ce monstre aux traits de fillettes. Toutefois, il n’avait actuellement pas le temps de réaliser ses rêves. Il devait laver les couches de ses petits frères, avant de courir faire les courses à l’épicerie du coin. Hé oui, même les méchants de l’ombre avait une vie.
Mais il se le promit intérieurement. Un jour, lorsqu’il trouvera un créneau entre ses tâches ménagères, lorsqu’il aura suffisamment d’argent pour se payer un ticket de métro vers Féli-Cité, lorsqu’il trouvera une baby-sitter pour s’occuper de ses frères et sœurs, il partira se venger. Et ce jour-là, il ne se retiendra pas !