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Magical Girl de Flageolaid



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» Auteur : Flageolaid - Voir le profil
» Créé le 02/05/2017 à 19:08
» Dernière mise à jour le 03/05/2017 à 17:52

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Région inventée   Unys

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Ch 17 : Bluff
Il paraît que la masturbation rend sourd. Célibataire depuis plus de huit ans, le caporal Suleyman ne souffrait pourtant d’aucune perte d’audition. Pour son plus grand malheur.
S’ennuyant dans sa geôle, la folledingue que les gars avaient ramené du Béjé s’était mise à chanter des paroles étranges sur des airs inconnus.

« Je ne suis qu’une fille vivant en captivité
Ta règle établie m’inquiète quelque peu
Je ne suis qu’une fille, quel est mon destin ?
Ce à quoi j’ai succombé m’endort
Je ne suis qu’une fille dans le monde…
C’est tout ce que tu me permettras d’être »

Le caporal grimaça, ainsi que tous les prisonniers des cellules avoisinantes. Il a été dit que Lymnesine ne chantait pas spécialement faux. Certes, mais il valait mieux ne pas rester dans les parages lorsqu’elle forçait un peu trop sur sa voix. A ce rythme-là, elle allait bientôt invoquer une averse à rendre Kyogre jaloux.
Par chance, un bruit de cloche résonna dans un bâtiment voisin, masquant un peu les performances vocales de l’adolescente. Il s’agissait du clocher de la Milice sonnant la fin de la pause déjeuner. Il était treize heures.

Cela faisait environ quarante-cinq minutes que la Magical Girl et sa troupe croupissaient en cellule. Il s’agissait d’une cage avec des barreaux en adamantite, mitoyenne de deux autres cellules. Une vingtaine de geôles collées les unes aux autres occupaient tout ce couloir de détention provisoire.
On leur avait servi un petit bol de potage en guise de repas à leur arrivée. Gottfried s’était épargné la peine de goûter à ce qu’il qualifiait de « boue grisâtre macérée dans du compost et coupée à l’eau savonneuse » et s’était fait un ami en offrant son bol au Ronflex enfermé dans la cellule de droite.
Ce dernier ne put s’empêcher de lui poser LA question que tous les Pokémons de Rivustel se posent :

« Dis-moi, pourquoi t’as choisi de t’allier à une magicienne ? Tu renonces quand même à ta liberté pour te laisser enfermer dans une Magicalball !
- On dit Magicball, corrigea le Fouinar avec un léger sourire. Et contrairement à ce que tu peux croire, c’est très confortable à l’intérieur. En plus, tu aménages les lieux à ta convenance, tu peux y ranger toutes tes affaires personnelles. J’ai même un petit jardin à l’intérieur !
- Vraiment ? s’étonna le Ronflex, incrédule.
- L’espace contenu dans une Magicball dépend de la puissance du magicien qui la crée, ajouta Gottfried. Manque de bol, je me traîne la pire Magical Girl de tous les temps, mais il paraît que les Pokémons qui accompagnent les plus grands mages vivent dans de véritables palais.
- C’est quand même triste d’entraver sa liberté juste pour une vie douillette.
- Je ne sais pas si tu es au courant, mais on dresse une sorte de contrat magique au moment de se lier avec un mage. On ne devient pas son esclave. J’ai même l’impression que c’est plutôt l’inverse qui s'est produit… Lymnie me mène où je veux sans que j’aie besoin de marcher. Je puise dans son énergie magique pour me soigner. Sa famille me nourrit. Si je pouvais l’empêcher de chanter, ce serait vraiment moi le boss ! »

Gottfried gloussa bruyamment à cette pensée. Son rire résonna dans la prison devenue soudainement silencieuse. Chrystosmus lui fit remarquer que les autres bagnards s’étaient tus et plaqués au sol, les mains sur la tête. Ils semblaient paralysés par une forme de peur primitive.
A vrai dire, même le caporal Suleyman tremblait. Le Magistrat se trouvait à quelques mètres de lui, le fixant d’un regard plus intimidant que celui de quinze Leviators. Que diable fabriquait-il ici ? D’ordinaire, le Magistrat ne visitait jamais la prison, il envoyait des assistants à sa place.
Il faisait vraiment peur avec son visage sévère et ses cheveux noirs coupés très courts. Sans un mot, le sinistre personnage avança le long des cellules, scrutant à peine les malheureux détenus morts de trouille. On n’entendait que le frottement des plis de sa toge sombre et l’écho de ses pas.
Le Magistrat finit par s’arrêter devant la geôle de Lymnesine. D’un geste du menton, il ordonna au caporal d’ouvrir. Suleyman s’avança, le trousseau à la main, sans parvenir à maîtriser ses tremblements. La Magical Girl intervint :

« Je suis d’accord pour me casser d’ici, mais certainement pas avec lui !
- Silence, vermine ! tonna le Magistrat. Dépêchez-vous de la faire sortir, caporal !
- Non, je ne veux pas aller avec lui ! NON !!! »

La porte métallique s’ouvrit. Le Magistrat pénétra dans la cellule, attrapa l’ado par le col et la tira à l’extérieur. La pauvre Lymnesine se débattit en hurlant, aggravant la terreur des autres prisonniers.
Le jeune magistrat la traîna ainsi jusqu’à la sortie du bâtiment. Les trois Pokémons de la magicienne les suivirent en soupirant, les mains dans les p… où vous voulez, étant donné qu’ils n’avaient pas de poches.
Une fois dehors, le Magistrat mena Lymnie à l’écart.

La terrasse soutenant le Thug avait la forme d’un pentagone irrégulier, avec un côté bien plus long que les autres. Un quart de la surface habitable du quartier était occupé par la prison, le bastion de la Milice et le rempart les entourant.
Le Magistrat conduisit l’adolescente et ses trois compagnons sur le chemin de ronde du mur d’enceinte. Il tirait toujours Lymnesine par le col, cette dernière refusant de lui simplifier la tâche.
Il s’arrêta sur la portion du mur qui donnait sur l’extérieur du quartier et où il venait régulièrement pour réfléchir. Personne ne les dérangerait ici. Le jeune magistrat lâcha la magicienne pour démarrer un interrogatoire sur-le-champ.

« Qu’est-ce que tu fous ici, Lymnie ? Tu as fugué, c’est ça ?
- Pourquoi je ferai un truc pareil ? demanda l’intéressée en époussetant sa veste.
- Très simple. La cérémonie sacrée des Magical Girls en est à sa deuxième journée. Si tu n’y es pas, cela signifie que tu as raté l’examen. Tu as donc pris la fuite pour éviter que papa ne te donne une correction bien méritée !
- En parlant de papa, tu lui ressembles de plus en plus, Irmès ! Sérieux, tu as vu dans quel état de peur panique tu as plongé les prisonniers et le maton ? »

Gottfried observa ces retrouvailles frère-sœur avec inquiétude. En contentieux depuis quinze ans, Irmès et Lymnesine redoublaient d’effort et d’ingéniosité pour se nuire mutuellement. En usant de son influence et de son intelligence retorse, Irmès pouvait les empêcher de rencontrer le Roy.

« Mon cher Irmès, laissez-moi vous dire que cette coiffure vous va parfaitement bien, glissa timidement le Galeking.
- Merci, Chrys. Quant à toi, Lymnie, réponds à ma question ! Que fais-tu à Kezerkastel ?
- Je viens faire appel de la décision du jury de mon examen de Magical Girl.
- Menteuse ! Je suis dans la Milice depuis suffisamment longtemps pour savoir quand on ne me dit pas la vérité ! aboya le Magistrat.
- N’abuse pas, intervint le Fouinar argenté, tu n’as que vingt-cinq ans. »

Le Magistrat voulu lui balancer une répartie bien cinglante, mais il se ravisa, se souvenant que Gottfried venait de souffler ses mille deux cents vingt-six bougies. En termes d’expérience et de compétences professionnelles, le Fouinar vivait dans le cosmos.
Chrystosmus se sentit obligé de désamorcer la situation :

« Mon cher Irmès, permettez-moi de vous complimenter sur votre choix de flagrance, elle vous sied à merveille !
- Pff… merci. Revenons à nos Wattouats, les miliciens ont découvert un Spinda roué de coups, inconscient, à quelques mètres de l’endroit où ils t’ont arrêté. Tu t’es battu contre lui, Lymnie ?
- Qu’est-ce que ça peut te faire, t’es de la Milice ? s’écria l’adolescente. Oh zut, je viens de réaliser que oui…
- D’après nos fichiers, le type en question travaillerait comme assassin pour le compte de Casus Belli, poursuivit Irmès en l’ignorant. Depuis quand fréquentes-tu ce genre de racaille ?
- C’est lui qui nous a abordés, répondit le Pokémon Allongé. Il a essayé de tuer ta sœur, môssieur le magistrat. »

Irmès étudia brièvement Lymnesine du regard. Pour quelqu’un ayant subi une tentative de meurtre, elle paraissait drôlement sereine. Il n’avait guère de temps à perdre avec les bêtises de sa sœur, le Magistrat repensait déjà à l’enquête qui l’obnubilait depuis des semaines. Il était si près du but.
Le Galeking le sortit de sa réflexion :

« Mon cher Irmès, je suis véritablement ébloui par la qualité de votre manucure.
- Ouais, merci, siffla le concerné entre ses dents. Ecoute, Lymnie, il faut que tu me dises ce que tu trafiques vraiment en ville ! J’ai une affaire de miliciens corrompus sur les bras, je n’ai donc pas que ça à faire !
- Sérieux ? De la corruption dans la Milice ? s’exclama la Magical Girl. Ben, raconte-nous, ça a l’air marrant !
- Ce ne sont pas tes affaires, fillette ! »

Le petit sourire qu’arborait Lymnesine s’effaça. Elle détestait quand son frère l’appelait « fillette », cela lui donnait des envies de violence. Chrystosmus, qui connaissait Lymnesine par cœur, essaya à nouveau de dévier la conversation :

« Mon cher Irmès…
- Quoi encore ? rugit le Magistrat. J’en ai assez de tes compliments stupides !
- A vrai dire, je ne me souvenais pas que vous attachiez de l’importance à votre apparence, mon cher Irmès, commença le Galeking. Au contraire, vous aviez tendance à vous négliger. Ce détail n’aurait guère captivé mon attention s’il n’y avait pas eu cette marque au niveau de votre annulaire gauche. Elle correspond parfaitement à l’anneau que vous dissimulez dans votre poche.
- J’y crois pas, t’as une meuf ?! T’es marié ?!
- Non, fiancé. »

Le jeune magistrat serra les dents. Il avait oublié que les Pokémons de type Acier pouvaient sentir tous les métaux autour d’eux dans un rayon de cinquante mètres. Pour que cette information ne semble pas sortir de nulle part, on ajoutera que ceux du type Feu percevaient les changements de température dans un périmètre équivalent, même chose avec les Pokémons de type Insecte et les entomophobes.
Si la nouvelle laissa Gottfried et Ewart de marbre, Lymnie, par contre, semblait indignée :

« Non, mais c’est quoi ton problème, Irmès ?! Je peux comprendre que tu aies honte de moi, d’Etherion ou même de papa. Mais comment as-tu pu cacher ça à maman ?!?
- Elle vous aurait tout raconté, répondit Irmès, impassible.
- Oh, tu me dégoûtes ! rugit l’adolescente.
- Une minute ! beugla le Fouinar. Profitons de notre ascendant moral pour soutirer quelques faveurs à ton frangin.
- Alors là, vous rêvez !
- On ne dira rien à ton paternel, si tu retires les charges retenues contre nous et que tu nous indiques comment obtenir une audience auprès du Roy.
- Du Roy ? s’étonna le Magistrat. Pourquoi faire ?
- Le sous-directeur Cassoulaid m’a demandé de lui porter une lettre, répondit froidement sa sœur. Voilà, tu sais tout, t’es content ?
- Et il t’a offert quoi pour que tu acceptes ? Un séjour dans le monde d’en bas, je parie ? »

A cette simple évocation, le visage de la Magical Girl redevint radieux. Le rappel de cette promesse balaya toute sa mauvaise humeur en un instant. Elle alla même jusqu’à pardonner son frère pour ses cachotteries.
Ce dernier soupira en voyant l’enthousiasme de Lymnesine. Il fallait bien que quelqu’un lui remette les pieds sur terre.

« Ecoute Lymnie, les puissants de Rivustel se moquent éperdument du monde d’en bas. Le voyage dans le Pokémonde est une arnaque assurant la continuité du modèle social des mages. On y envoie les filles pendant cinq ans et les garçons les moins doués durant quatre, de façon à garder les meilleurs postes pour les Wizards de bonnes familles.
- Sérieux ? Bah, je m’en fous, je préfère le Pokémonde à Rivustel de toute façon. Je m’y installerai définitivement d’ici une dizaine d’années.
- Qu… ?
- Au risque d’insister, comment fait-on pour obtenir audience auprès du Roy ? coupa le Fouinar argenté.
- Il vous faut une autorisation spéciale signée par un noble, un juge ou un notaire. Normalement, il faut rassembler tout un dossier, mais figurez-vous que je connais un notaire pas très malin qui a tendance à laisser traîner ses affaires. Il se nomme Everett Lokoms, il habite au Bobo.
- Eh bien, je ne pensais te dire ça un jour, mais merci Irmès ! s’exclama la jeune mage avec un grand sourire.
- Retenez deux choses toutefois, étant donné que vous allez perpétrer un acte criminel sur les conseils d’un magistrat de la Milice. Primo, ne mentionnez jamais mon nom. Deuzio, si vous vous faites choper, je vous ferai la peau ! Hors de ma vue, à présent ! »

Le Magistrat s’en voulait de laisser partir sa petite sœur, mais il redoutait beaucoup trop la réaction de son père si jamais ce dernier était mis au parfum de ses cachotteries. De toutes les options possibles, il avait opté pour la moins sanglante.
Du moins l’espérait-il en regardant s’éloigner Lymnesine.



La Magical Girl et sa joyeuse troupe mirent quinze minutes pour sortir du Thug, plus encore quarante minutes pour atteindre la terrasse du Bobo. Ensuite, il leur fallu trente minutes supplémentaires pour trouver la demeure du notaire, car Irmès ne leur avait pas donné d’adresse. Ce serait trop facile.
Ce moment de l’histoire atteignant des seuils critiques en matière d’ennui, équivalant au récit d’un long trajet en voiture sur l’autoroute raconté du point de vue de votre chaussette droite, on va plutôt échanger quelques blagues sexistes.

Il paraît que les hommes ont deux cerveaux : un petit et un gland.

Quel est le féminin de « il regarde la télé dans le salon » ?
Elle fait la vaisselle dans la cuisine.



Everett Lokoms désespérait. A peine rentré chez lui, il fut accueilli par son épouse (plus jeune de vingt ans) en larmes. Quelqu’un avait dérobé le vase offert par belle-maman pour leur mariage.
La nouvelle n’émut aucunement le notaire, il détestait le vase en question. Trop moche, selon lui. Plus d’une nuit, il avait imaginé des méthodes aberrantes de complexité pour détruire le récipient ouvragé sans être soupçonné. Cette fois-ci, le voleur lui avait rendu un grand service en le débarrassant d’un objet d’une telle laideur.
Mais sa femme ne tarda pas à l’accabler de reproches, puis ce fut au tour des domestiques de lui adresser quelques répliques cinglantes.

Las de cette situation et de son voyage, il monta quelques instants dans son bureau. Par précaution, il avait fermé la porte à clé avant de quitter la demeure. Il découvrit donc, en entrant, une fine pellicule de poussière sur les meubles, ainsi qu’une odeur de renfermé emplissant la pièce richement décorée.
Le notaire ouvrit la porte-fenêtre qui donnait sur le balcon, afin d’aérer, puis alla s’écraser dans son fauteuil. Après quelques instants, Lokoms se souvint que l’inspecteur Metamorph devait passer chez lui au cours de l’après-midi. Il prit donc quelques documents sur son bureau pour faire semblant de travailler, puis redescendit au petit salon d’où il pourrait guetter à sa guise l’arrivée de son sauveur.

Au moment où il sortit de son bureau, une main juvénile s’agrippa à la rambarde du balcon. Deux yeux verts surmontés d’une chevelure noire scrutèrent rapidement les lieux, puis une Lymnesine un peu nerveuse fit son entrée.
La jeune mage glissa sa tête à l’intérieur de la pièce et, puisqu’elle était vide, invoqua ses trois Pokémons. Tous les quatre entreprirent de fouiller le bureau à la recherche d’une autorisation d’entrée au château et de n’importe quel autre document contenant la signature du notaire.
Sans doute fort inspiré, le Fouinar argenté commença par chercher du côté du minibar. Il examina les bouteilles avec l’œil d’un expert.

« Ohlala, on peut dire qu’il sait se faire plaisir, ce Lokoms ! s’exclama-t-il tandis que les autres s’affairaient plus sérieusement. Douze ans d’âge minimum pour chaque alcool ! J’y tremperai bien les lèvres.
- Gott, concentre-toi un peu !
- Tu as raison, Lymnie, j’ai failli ne pas voir ce coffret magnifiquement ouvragé.
- Que contient-il ? s’enquit Chrystosmus. Sont-ce des dossiers paraphés de la main du notaire ?
- Mieux que ça : des cigares ! Je suis certain qu’ils valent quinze Maxi Pépites chacun. Sentez-moi un peu ces arômes, mes amis !
- Hyaku san-jū nana ! s’exclama Ewart en brandissant les papiers recherchés.
- Parfait ! Maintenant, on se casse ! »

La magicienne rappela ses trois Pokémons dans leurs Magicballs respectives. Le Fouinar millénaire s’empara de deux cigares et d’une bouteille de whisky avant de regagner la sienne. Lymnie ne s’en offusqua pas.
L’adolescente jeta un dernier regard derrière elle et se dirigea le balcon. La porte du bureau s’ouvrit alors sur la silhouette potelée de Lokoms. Les yeux du notaire s’écarquillèrent en remarquant l’insolente adolescente qui souriait bêtement au milieu de son bureau personnel.
Etait-ce elle la voleuse ? Everett Lokoms devait tirer cette affaire au clair.

« Qui êtes-vous ? Et que faites-vous chez moi ?
- Euh… c’est Irmès qui…
- Irmès Hesperides ? Le Magistrat ?
- Ouais…
- Mais alors, vous êtes l’inspecteur Metamorph, n’est-ce pas ? demanda Lokoms, plein d’espoir.
- Ben ouais… carrément !
- Arceus soit loué ! Vous allez enfin résoudre cette fâcheuse histoire de larcins. J’aurais toutefois une petite question, pourquoi êtes-vous entré chez moi par effraction ?
- Ben, je… euh… voulais mettre dans le... euh… même état d’esprit que le voleur… ou un truc dans le genre. »

La réponse sembla convaincre le notaire. Dans leurs Balls, les trois Pokémons de Lymnesine levèrent les yeux au ciel. Dire que la vie du Roy reposait sur sa capacité à mentir !
Lokoms mena la Magical Girl au rez-de-chaussée. Celle-ci sentait au fond d’elle que cette histoire allait mal tourner. Il fallait qu’elle saisisse le premier prétexte venu pour prendre discrètement la tangente.
Sans perdre un seul instant, le notaire sonna les domestiques. Autant les rassembler pour leur montrer qui est le patron ! En attendant que tous répondent à l’appel, il laissa le « détective Metamorph » en compagnie de sa tendre épouse.
Cette dernière regarda Lymnesine d’un œil mauvais, par jalousie plus que par suspicion. Pour sauver les apparences – l’expression est de mise – l’adolescente lui expliqua qu’elle changeait d’aspect à chaque enquête pour déstabiliser les criminels, tout en ponctuant son mensonge de « ben », de « euh » et de « ouais ».

Il s’écoula deux bonnes minutes avant que les douze serviteurs de monsieur et madame Lokoms soient tous réunis dans le hall de la demeure. Lymnesine fixait le sol en marbre sans oser relever la tête. Qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir inventer ? Son cerveau tournait à deux à l’heure…
Le corpulent notaire se tenait à sa droite, hésitant entre satisfaction et inquiétude. L’enquête ne tarderait pas à être résolue, mais le mutisme de l’inspecteur Pokémon avait quelque chose d’angoissant. Brisant un silence pesant, Everett Lokoms demanda :

« Vous n’interrogez pas mon personnel ?
- De quoi ? fit l’ado avec un sourire forcé.
- Pour votre enquête, il faut que vous posiez des questions à mes domestiques, n’est-ce pas ?
- Euh… non… pas besoin !
- Vraiment ?! Vous voulez dire que vous déjà résolu cette affaire de vol ?
- Ouais ! Ouais, carrément… c’était facile ! Le coupable, c’est… euh… lui ! »

Sans regarder, elle pointa du doigt un trio de jeunes valets sans en désigner un en particulier. Le notaire voulut le lui faire remarquer, quand un des trois laquais, blême et en sueur, commença à prendre la fuite.
Enfin de l’action ! Cela réveilla l’esprit engourdi de la Magical Girl. Elle s’empara du bibelot le plus proche et le lança sur le fuyard, ses forces décuplées par la magie. L’objet (un bol, une statuette, un presse-papier, une crotte fossilisée… qu’importe !) décrivit une magnifique trajectoire courbe jusqu’à frapper le valet en pleine tête.
Lymnesine se retourna vers le notaire, satisfaite. Finalement, cette affaire se terminait bien. Stupéfié, Everett Lokoms ne put que balbutier :

« M-mais… mais, mais comment avez-vous compris que c’était lui le coupable ?
- Elémentaire, mon cher Lokoms ! répondit joyeusement la jeune mage.
- Cela va me coûter combien ?
- Rien du tout, je ne prends pas d’argent sur les affaires trop faciles. Bonne journée à vous ! »

La Magical Girl salua le notaire d’un vague geste de la main et quitta sa demeure à grandes enjambées. Une fois sortie, elle traversa en courant la longue avenue de pierres blanches bordée de manoirs, elle tenait à s’éloigner le plus possible de Lokoms. Elle lui avait quand même dérobé des documents, sans compter les cigares et la bouteille de whisky.
Lymnesine termina sa course sur un boulevard adjacent. Tandis qu’elle reprenait son souffle, Gottfried apparut devant elle, un sourire malicieux éclairant son visage.

« Comment t’as su qui était le voleur ?
- J’ai piffé.
- Plait-il ? souffla le Fouinar, persuadé d’avoir mal compris.
- Ben, je devais désigner un coupable et j’en avais plus ou moins rien à foutre de ce qui lui arriverait après. Une chance sur douze, j’ai eu du bol !
- Lymnie ?
- Oui ?
- Je t’adore ! »

Les deux compagnons s’échangèrent un sourire complice, puis partirent à la recherche d’un endroit tranquille où mener à bien leurs petits méfaits. Lymnesine devait encore transposer la signature du notaire sur l’autorisation d’entrée au château. Avec de la magie et beaucoup de patience, c’était faisable.