Partie 13 : Aucune chance.
Cassis
Je pouvais sentir sa présence. De plus en plus imposante, de plus en plus écrasante. Le Monde Distorsion réagissait également, semblant bouillonner. La tension était palpable. Je vis même ce d’ordinaire frivole de Mezcal froncer les yeux. Giratina semblait nerveux. Je m’arrêtais un instant sur les innombrables et énormes entailles sur le corps du spectre. Quel genre de monstre était capable de blesser à ce point un tel mastodonte ? Brusquement, un tonitruant éclat de verre résonna.
— Le voilà, gronda Giratina. Le Mortem.
Une brèche était apparut dans le ciel de la dimension, une sorte d’épais liquide écarlate en coula en abondance, comme si le Monde Distorsion saignait. Du coin de l’œil, je vis Giratina souffrir silencieusement. Puis, une créature émergea enfin de la faille. Je ne parvenais pas à discerner avec exactitude l’intrus dans le noir ambiant. Heureusement, Giratina perçut notre trouble, et après avoir poussé un long grognement, il ordonna à son Monde Distorsion de s’éclairer suffisamment pour nous permettre de voir.
Indéniablement, la créature avait la forme d’un Alakazam. Cependant, au lieu eu jaune habituel, son corps se teintait d’une affreuse couleur violâtre, comme s’il avait pourri. Sa peau semblait également craquelée, et de chaque fissure, il se dégageait une malsaine aura verdâtre fluorescente. Si je me laissais aller à mes préjugés, je conclurais immédiatement que ce gugusse était un méchant. Après, ce type raisonnement fonctionnait aussi pour cet affreux Giratina…
— Bonjour, s’inclina poliment le Mortem. Hé, je vois qu’il y a plus d’invités que d’habitude. Tu me les présentes Gigi ?
— Gigi ? m’étonnai-je.
— Le surnom de Giratina peut-être ? me répondit Artichtote de derrière sa planque.
Je réprimai un rictus moqueur. Pour le coup, le spectre géant paraissait beaucoup moins impressionnant !
— Aujourd’hui signera la fin de vos desseins Mortem. Je ne suis plus en position de faiblesse désormais, j’ai acquis des alliés.
Comment ça nous étions ‘‘acquis’’ ? Il avait l’air d’avoir pris un peu le melon celui-là, il faudrait qu’on lui rappelle qu’on l’aide juste parce que l’on a pas le choix !
— Oh ? Tu veux en finir Gigi ? Cela tombe très bien, car c’est également mon intention. Mais n’aie pas trop d’espoir. En réalité, je sais très bien qui sont tes ‘‘alliés’’. Ce traître d'Éternôme pensait nous avoir en infiltrant Stalhblume ici, mais c’est peine perdue. Elle est bien trop faible pour m’opposer une quelconque résistance. Mais par précaution, le Primonarque m’a permis d’emprunter une plus grande partie de ses pouvoirs, histoire d’éviter les mauvaises surprises.
Et voilà, ça recommençait à parler de choses que je ne pouvais pas comprendre. En tout cas, j’avais très bien saisie qu’il nous sous-estimait. Plus pour longtemps, je pouvais l’assurer ! Mais une chose me turlupinait…
— Un instant, m’avançai-je. C’est le Primonarque qui nous a ramené ici !
— Erreur. C’est ce traître d’Éternôme. Son plan était de vous enfermer dans ce monde, pour que vous aidiez Giratina à me vaincre. Mais je comprends votre désarroi, comme il ressemble au Primonarque comme deux gouttes deux, se faire passer pour lui n’était que formalité.
— Il voulait que nous aidions Giratina… ?
— Fourbe de sa part n’est-ce pas ? L'Éternôme a toujours désapprouvé les décisions du Primonarque, mais de la à aller aussi loin ! Pourquoi ne peut-il pas comprendre que détruire le Monde Distorsion est notre seule solution contre Eurasc ? Sans ce monde, la mort n’existera plus, chaque Pokémon sera immortel. Ainsi, quelle que soit la puissance d’Eurasc, il ne pourra jamais nous vaincre !
Quelles folies il me débitait encore, là ? Détruire le concept de mort ? Est-ce vraiment possible ? À voir la mine grave de Giratina, je commençais à le penser. Ce cas se révélait de plus en plus sérieux. Je ne voulais pas d’un monde où la vie serait éternelle. Cela pouvait sonner doux au premier abord, mais ce ne serait que synonyme de chaos. Je me souvenais de ce que nous avait dit le Primonarque… non, l’Éternôme. Le but de la Guilde était d’annihiler toute volonté chez les Pokémon, les transformer en machine de guerre. Je ne pouvais m’empêcher de penser que ce projet était lié avec le Mortem et le Monde Distorsion.
— J’aimerais discuter plus longtemps avec vous, mais je suis pressé, continua le Mortem. Vous voyez, c’est un sacré bordel là-haut ; le sacrifice de l’Éternôme, le réveil d’une Indicible, et cette Morflam qui se déchaîne… bref, le Primonarque n’est pas content. Mais si je réussis enfin ma mission aujourd’hui…, tous cela n’aura aucune fâcheuses conséquences.
Brusquement, l’air autour du Mortem crépita dangereusement, et d’énormes trombes psychiques se mirent à tourbillonner autour de lui. Sa puissance… elle était d’un tout autre niveau. Même Suicune et Entei ne l’égalaient pas ! Alors c’était vrai, il s’agissait bel et bien d’un ‘‘clone’’ du Primonarque ? Je raffermis ma volonté. Ce n’était pas le moment de flancher.
— En garde ! s’exclama puissamment notre ennemi.
Poussant un horrible Hurlement, Giratina cracha sans attendre un Dracochoc aussi gigantesque que lui. L’onde choc sous fîmes tous vaciller. J’écarquillais des yeux. Un tel concentré de puissance ! Je n’étais pas facilement impressionnable mais là, j’étais subjuguée. De plus, le rayon destructeur semblait sans fin et pouvait changer de direction. Le Mortem avait beau voler à pleine vitesse, le Dracochoc titanesque le suivait à la trace, sans jamais s’épuiser.
Mais c’est alors que l’Alakazam violâtre s’arrêta brusquement, et, en tournant latéralement sur lui-même, créa une immense Coupe-Psycho qui trancha et atomisa l’attaque de Giratina. Le mastodonte spectral disparut alors, avant de réapparaître en moins d’une seconde derrière le Mortem. Giratina tenta d’éjecter sa proie d’une fulgurante Draco-Queue, mais l’Alakazam la bloqua simplement à l’aide de ses petites cuillères, avant de lancer une Rafale Psy dévastatrice de l’autre.
L’attaque surprise perça Giratina de part en part, mais la blessure sanglante se referma presque instantanément, ne laissant qu’une cicatrice. Ne se souciant guère des dégâts qu’il venait de prendre, Giratina dirigea les excroissances spectrales de son dos vers le Mortem, qui fut forcé de reculer, mais ce n’était que pour mieux se faire surprendre par une abominable Griffe Ombre matérialisée juste aux-dessus de lui. Le Mortem réussit néanmoins à se téléporter avant de se faire toucher.
— On avait dit qu’on aiderait mais…
— Moi je ne suis plus trop motivé ! fit savoir Brazoro.
— Si je pouvais faire un truc, je le ferais, lança une Artichtote toujours planquée. Mais je ne suis qu’une érudite, hihi !
— C’est d’un tout autre niveau, analysa Affienns. Nous ne ferrions que gêner Giratina.
— Il se débrouille très bien tout seul, grommela Persyval qui s’était enfin réveillée. Tss, me déranger pour rien, j’aurais pu continuer ma sieste…
Je n’aimais pas me sentir impuissante, mais je ne voyais pas quoi faire. Le principal problème était Giratina. Il était gros ce Pokémon. Du coup, toutes ses attaques prenaient presque toute la zone de combat. Si jamais je m’enfonçai là-dedans, je devrais éviter non seulement le Mortem, mais également les déchaînements de Giratina.
Toutefois, je n’aurais visiblement pas à me triturer l’esprit plus longtemps. D’un coup, un inouï pilier de lumière émergea du ciel, et s’abattit sur Giratina. Je vis avec effroi plus de la moitié du corps de spectre se faire désintégrer, il ne restait de lui que son énorme tête, qui retomba lourdement sur le sol.
— G-Giratina ? grinçai-je.
— Je suis encore vivant, lâcha-t-il comme si de rien n’était. Mais j’ai pris de lourds dommages.
Sans blague, je ne l’avais pas remarqué !
— Hahaha ! s’amusa le Mortem. Je vous l’avais dis, n’est-ce pas ? Le Primonarque est si désespéré d’en finir avec vous qu’il m’a confié ses pouvoirs. Je n’ai absolument rien à voir avec celui que tu combattais auparavant, Gigi ! D’autant plus que tu souffres encore de nos nombreux précédents combats.
— Je suis désolé, souffla Giratina. Je pensais l’entamer suffisamment avant de vous le laisser, mais je l’ai sous-estimé. Le destin du Monde Distorsion repose sur vos épaules désormais. Je vais maintenant plonger dans un profond sommeil, le temps de récupérer. Bonne chance.
— … hein ? lâchai-je bêtement. C’est tout ? Vous nous laissez nous débrouiller comme ça ?!
— …
Aucune réponse. Diantre ! Ce type était plus rapide à s’endormir que Persyval !
— … c’est vraiment trop injuste, lança justement cette dernière. Moi aussi je veux roupiller !
— Je crois que ça va devoir attendre, geignis-je.
En effet, notre bon Mortem n’avait pas l’air de vouloir nous accorder un temps-mort. Il concentrait déjà une quantité inquiétante d’énergie dans ses deux cuillères.
— C’est le moment de montrer ce qu’on sait faire ! encourageai-je ma troupe.
— … ouaaiis…, répondirent cette dernière.
— Et un peu plus de motivation s’il vous plaît ! Vous voulez vous faire atomisez comme Giratina ou quoi ?!
— … !
Je ne sus avec exactitude ce qui décida mes amis à bouger. Était-ce ma menace ou le laser psychique fonçant sur nous ? Je préférais croire que c’était moi. Quoique le deux propositions se rejoignaient, en fin de compte. C’était la première fois que je ressentais une telle appréhension dans un combat. Je ne percevais aucune ouverture dans la garde adverse. Et cette pression énorme qui émanait de lui…
Persyval était directement passée en forme Rising Beauty, preuve qu’elle aussi prenait la menace au sérieux. Elle maniait sa faux géante, le Dream Reaper, avec une dextérité rare. Cette arme avait la particularité d’absorber la puissance de son opposant pour se renforcer ; contre un ennemi contre le Mortem, cela devait être diablement efficace. En théorie. L’Alakazam parvenait tout de même à repousser le Dream Reaper avec une facilité déconcertante.
Heureusement, la Magical Girl n’était seule. Affienns, se débrouillait étonnamment bien. C’était bien ce que je pensais, le bougre avait gardé les pouvoirs de la Confrérie. Une aura ténébreuse émanait de son œil autrefois borgne ; ses mains caudales, recouvertes de glace, avaient doublé de volume et il pouvait également invoquer de solide ronces d’un geste de ses petites mains avant. Là où Persyval était uniquement offensive, Affienns était bien plus polyvalent. Il pouvait voler grâce à son pouvoir ténébreux, frapper extrêmement fort avec ses Poings-Glace ou encore retenir le Mortem avec ses lianes épineuses.
Évidemment, je n’étais pas en reste. Combattre avec Persyval et Affienns était on ne pouvait plus réconfortant. Tout était extrêmement rapide, les combos s’enchaînaient à une vitesse folle. A peine le Mortem devait répliquer au coup de faux de Persyval, qu’Affienns, surgissait derrière lui, les Poings-Glace prêt à fracasser. Et lorsque l’Alakazam osait esquivait, ce n’était que pour mieux se faire cueillir par ma mâchoire, et s’il évitait même cela, Persyval avait déjà préparé des centaines d’aiguilles psychiques qui ne demandaient que d’endormir leur victime. Et si même cela ne le touchait pas, Affienns avait tout le luxe de prendre le Mortem à revers en le ligotant avec ses ronces. Même s’il ne restait pas longtemps immobilisé, cela me donnait tout le temps nécessaire pour déferler une tempête de Vent Féerique inesquivable.
Mais soudain, une solide onde de choc nous repoussa tous les trois. Nous voulûmes ne ressaisir, mais plus aucun de nous n’arrivait à bouger, tous entourés d’une aura violâtre. Inutile de s’interroger plus longtemps sur la cause de cette inertie, le sourire narquois de l’Alakazam en disait long.
— Bande d’insectes, ricana-t-il. Vous pensez réellement avoir une chance ?
— Bien sûr, sonna une voix suave. À vous, mes chères Mlles Épines !
Soudain, un épais nuage de Dards-Nuée fusa impitoyablement vers l’Alakazam. Surpris, ce dernier ne put réagir à temps et se fit cribler de toute part. En bas, Mezcal claqua juste des doigts et tous les dards se mirent à exploser.
— N-Ne m’oubliez pas moi aussi !
Ayant enfin surmonté sa peur, Patch balança une nombre de fioles impressionnant comme un dératé. De véritables catastrophes naturelles en émergeaient ; tempête orageuses, éboulement sensationnel, explosion incendiaires… il y en avait pour tous les goûts.
Je notais également les efforts de Brazoro pour bondir sur l’adversaire, mais ce dernier, trop haut dans le ciel, restait hors d’attente. C’était quand même marrant de voir le Chimpenfeu sauter à tout-va pour rien.
Ceci dit, l’intervention combinée de Patch et de Mezcal eut raison de la concentration du Mortem, qui fut forcé de rompre son emprise psychique pour se défendre. Nous n’attendîmes pas une seconde de plus. Persyval dégaina son Dreamer – une grosse plume permettant de matérialiser ses rêves – et fit pleuvoir une tonne d’enclumes irisées sur notre adversaire. Affienns croisa ses mains caudales et, d’un geste vif, envoya un énorme poing d’énergie se fracasser au milieu des enclumes. Encore une fois, le Mortem tenta de fuir le combo, mais je l’attendais au tournant. Dès qu’il passa près de moi, je lui croquai impitoyablement le torse Son cri de douleur me revigora. J’aurais encore plus renforcé ma Morsure, mais le bougre se téléporta avant le coup fatal.
— Bande d’insectes…, pesta et répéta le Mortem.
— Des insectes qui te font la misère, précisai-je
— C’est ce que vous croyez, inconscients. J’admets avec été surpris, après tous ce temps passé à combattre un seul adversaire, je ne suis plus habitué à combattre un groupe. Mais j’ai compris désormais. J’espère que vous avez bien profité de votre petit moment de gloire !
Un horrible chuintement se fit soudain entendre. L’Alakazam s’éleva encore plus dans les airs, auréolé d’émanation verdâtre. Puis, le dégoût. Des dizaines et des dizaines d’yeux globuleux se mirent à pousser sur sa peau craquelée, recouvrant son torse, son dos, et même ses flancs.
— C’est dégueulasse…, ne put s’empêcher de cracher Affienns.
Et je ne pouvais que lui donner raison.
— Je les reconnais, ça ressemble beaucoup à des yeux miracles ! s’exclama soudain Artichtote de sa cachette. C’est une technique permettant d’absolument tout voir, et donc d’anticiper en conséquence, faites attention !
Merci, personnage de support qui n’en fichait pas une. Je commençais à comprendre la stratégie de l’Alakazam. Prévoir permettait de ne plus se faire avoir, tout simplement. Mais je ne comptais me laisser impressionner pour si peu. En accord avec Affienns et Persyval, je pris l’initiative, la mâchoire en avant.
Le Mortem se téléporta me bloqua de l’une de ses cuillères, comme prévu. Ce qu’il était moins, c’était qu’il avait envoyé au même moment un rayon sur Affienns, qui devait le prendre par surprise, ainsi qu’une Coupe-Psycho sur Persyval qui s’était postée en embuscade. Les Mlles Epines de Mezcal projetèrent une nouvelle fois leur Dards-Nuée mais l’Alakazam s’était déjà téléporté et élimina proprement la majorité de Cacnea d’une Rafale Psy.
— … voilà qui est embêtant, siffla le Cacturne.
— Astérocanooon !! hurla brusquement Brazoro.
Profitant du fait que le Mortem s’était rapproché du sol, notre Chimpenfeu national cria le nom – ridicule au passage – d’une de ses attaques et fusa. Le Mortem le regarda avec dédain et bougea simplement d’un centimètre. Brazoro loupa donc à côté de sa cible d’un centimètre, et s’écrasa bêtement en retombant. Malheureusement, il retomba au mauvais endroit.
— Hiii ! paniqua soudain Artichtote. Braz’, va plus loin ! Il va me prendre pour cible si tu restes près de moiii !
Et la Canarticho envoya bouler le corps meurtri de Brazoro d’un – je devais l’avouer – magnifique coup de patte. Quelle solidarité.
Plus sérieusement, Affienns, Persyval et moi-même continuâmes d’enchaîner les assauts en tout genre, plus rien ne fonctionnait. Aiguille psychiques, Vents Féeriques, coups de poings, de ronces, de mâchoire… ce fichu Alakazam esquivait absolument tout et le pire dans tout cela, c’était qu’il se payait le luxe de contre-attaquer. Je ne comptais plus le nombre de Coupe-Psycho, de Rafale Psy ou de Psyko qu’ils nous lançaient avec une précision diabolique. Sans oublier ben sûr d’autres attaques psychiques comme des lances ou encore ses fameux piliers de lumières qui avait le don de m’énerver.
— Cassis, une idée ? s’approcha Affienns.
— Affienns, une idée ? grinçai-je en réponse.
— … je vois, plissa-t-il des yeux.
Je devais avouer être à court d’options. J’avais l’impression que le Mortem pouvait lire l’avenir, réagissant à nos tentatives avant même qu’elles ne soient lancées. Le plus déconcertant, c’était qu’il nous contrait avec le sourire, avec des gestes aussi simples qu’efficaces. Rien que là, il venait de repousser un assaut combiné de la Faux de Persyval et des Poings-Glace d’Affienns avec une seule petite cuillère !
— Fini de jouer, déclara l’Alakazam. Dématérialisation.
— … pardon ?
D’un coup d’un seul, le Mortem… s’évapora. Littéralement. Son corps avait disparu dans de fines particules verdâtre. Soudain, les particules se réagencèrent en une main énormissime, qui manqua de peu de nous écraser si Persyval ne nous avait pas éloignés de justesse avec ses pouvoirs Psy. Sauf que la main se dématérialisa une fois de plus, pour prendre la forme d’un gigantesque typhon.
Je tentai vaillamment de résister, mais l’aspiration de la tornade était bien trop forte. Je vis mon corps se faire emporter comme une brindille au centre de la catastrophe. Affienns et Persyval également, n’avaient rien pu y faire. Puis le typhon explosa brutalement, nous renvoyant tous les trois au sol, fumants.
— Vous comprenez enfin ? résonna la voix du Mortem à travers tout le Monde Distorsion. Vous n’êtes pas à même d’être des obstacles pour moi. Soyez donc intelligents et laissez-vous tuer.
Au moins il le demandait gentiment. Pas sûr que nous acceptions, cependant. J’analysai rapidement la situation. Visiblement, le Mortem, en se ‘‘dématérialisant’’, pouvait prendre plusieurs formes éthérées, comme la main géante ou ce typhon. Ce qui posait plusieurs problèmes : de un, il pouvait surgir de n’importe où n’importe comment ; et de deux, impossible à voir tant qu’il ne passait pas à l’offensive, ce qui le rendait on ne pouvait plus difficile à toucher. Enfin, ce n’était pas comme si on pouvait le toucher auparavant.
Cette fois-ci, le Mortem décida de prendre la forme d’un arc gigantesque au plus au du ciel, et décocha une myriade de flèches, toutes aussi épaisses qu’une colonne de marbre.
— Vous croyez que c’est une manière de nous dire qu’il a plusieurs cordes à son arc ? demanda Brazoro.
— Brazoro, tais-toi, répliquèrent sèchement Patch et Artichtote.
— J’imagine que ça va être à moi…
Persyval manipula rapidement son Dreamer et invoqua un gigantesque oreiller irisé qui s’interposa courageusement entre les flèches et nous.
— …
Les impacts cacophoniques se multipliaient, sans fin. Le Monde Distorsion tremblait littéralement. Des blocs de roches se détachèrent même, accompagné de litres d’un épais liquide mystérieusement sanguin. J’aperçus Persyval suer à grosses gouttes. Que cette narcoleptique imperturbable peine autant ne me disait rien qui vaille. Par chance, la protection improvisée de la Mistigrix tint bon jusqu’au bout. Par malchance, ce ne fut pas le cas de son invocatrice. Persyval chuta, épuisée.
— Impressionnant, résonna la voix du Mortem. Je pourrais raser des dizaines villes entières avec cette attaque ; je suis ravi de constater que les Magicals Girls sont à la hauteur de leur réputation.
— C’est trop d’honneur…, siffla la concernée. Par contre je suis à bout là, à plus les gens, bonne chance.
Et elle s’endormit, comme Giratina. J’en avais marre que mes alliés se mettent à roupiller comme ça, en plein combat ! Et le respect alors ?! Surtout que Persyval était l’une de nos principales sources de puissance. Déjà que nous étions impuissants avec elle, je n’imaginais pas sans…
Je serrai les poings, à court d’option. J’observai les alentours, désespérée, pour ne voir que plus de désespoir. Affienns, Brazoro, Patch, Géraldeline, Artichtote et même Mezcal. Tous semblaient penser la même chose que moi. Cette pensée unique qui nous hurlait que nous avions aucune chance.