101 - L'Anticonformiste
« Tu sais, j’étais heureux, ce jour-là…
Dans le champ de fleurs souterrain.
J’ai rencontré l’ange de la mort.
J’ai failli mourir comme maman, comme un chien.
Mais j’ai survécu. »
(Tokyo Ghoul, chapitre 53)
« Aux nuits consumées, aux solitaires et Autres de l’Oubli,
D’une vie à l’autre, pas un hiver qui ne saigne »
(Mylène Farmer, Love Song)
« Andréa est une fille de confiance, elle n’a pas dit un seul mensonge depuis l’école préparatoire ! »
(Santana à Wallace dans le chapitre 92 « Spassiba, Do Svidaniya »)
- M’en veux pas de demander, hein…
Wallace apporta les sablés et les verres de lait sur un plateau. Tristan était comme qui dirait prostré sur son lit.
- … mais bon, t’as rien dit, même au repas, donc…
Wallace plaça le verre devant Tristan tout en le couvant du regard.
- Et, juré, je demande pas pour ma mère parce qu’elle était inquiète, hein, mais… qu’est-ce que t’as ?
Tristan inspira.
- J’ai dormi. Ces trucs sont entrés et je me suis endormi.
- Au moins t’as pas été blessé.
- Je n’ai servi à rien ! Tino, Orson, Benjamin et la prof ont défendu la salle. Robbie a été blessé…
- Il a juste une bosse !
- Oui mais voilà ! Toi et Santana vous vous êtes battus pour arracher des informations à l’ennemi, Perrine a juste nettoyé l’étage supérieur, tout le monde a fait sa part de travail et moi… je dormais !
- J’ai cru comprendre que Steven et Francis avaient été très, très lâches !
Tristan regarda Wallace qui sourit, embarrassé.
- Tu sais que je suis nul pour rassurer qui que ce soit !
- Mouais. Toujours est-il que j’ai l’impression d’avoir abandonné tout le monde et ça me frustre.
Wallace hocha la tête.
- Perrine va essayer de convaincre son grand-père de nous entrainer.
- Hm. Tu t’en fous de ce que je dis ?
- Disons que je sais pas trop quoi dire, tu te plains de pas avoir joué les héros, c’est comme si un type était entré avec un flingue et que tu te plaignais de pas avoir eu un flingue toi aussi ! Tu veux que je te dise quoi ? « La prochaine fois, tu porteras un flingue, youhou » ?!
Tristan soupira.
- Je le répète : Je suis nul pour rassurer qui que ce soit !
- T’as peut-être raison…
Wallace inspira.
- Bon ! J’aurais au moins réussi quelque chose aujourd’hui !
- Tu plaisantes ?!
- Bah, tu sais, Santana m’a pas mal aidé pour le combat en philo, et bon, le reste…
Tristan plissa les yeux.
- Je me plains de ne pas en avoir assez fait et toi, tu minimises ta contribution !
- Qu’est-ce que tu veux, on a le droit d’être cons tous les deux, hein !
***
- Eh bien eh bien, c’est… un endroit spécial… marmonna Etienne.
Perrine avait convié son grand-père, qui était venu avec sa femme. Walter, Robbie et Naomi avaient suivi le mouvement. Les voilà réunis dans un salon de thé, assis sur des poufs autour d’une table basse, écoutant le maître et sa muse sur des trônes en osier.
- C’est quoi cet endroit chelou ? souffla Robbie.
- Wallace me l’a recommandé il y a longtemps, je pensais que c’était cool…
- L’ambiance fait un peu bordel turc… admit Naomi, gênée.
- Moi j’aime bien ! sourit Walter, allongé dans les coussins, son fauteuil posté devant le rideau de la salle privatisée.
Etienne Smirnoff prit un macaron, l’observa, le goûta, grimaça et le remit mâchouillé dans l’assiette.
- C’est aussi répugnant qu’en France.
- Sinon plus… souffla Linda.
- C’est simple, j’ai l’impression de manger un origami !
- C’est une pâtisserie vraiment déplorable…
- De notre temps, on mangeait de vraies pâtisseries fourrées à la pomme ou au chocolat… pourquoi on est obligé de se contenter de ces déjections du politiquement correct ?!
- Parce que les temps ont changé, on n’est plus en 2009, Etienne ! soupira Linda.
Le vieux professeur secoua la tête sous les yeux éberlués des quatre adolescents.
- Pardonnez mes ronchonneries, l’âge avançant, je suis de plus en plus facilement frustré par le laxisme ambiant. Notamment en matière de confiseries.
Naomi sourit.
- Compréhensible.
- On doit être un peu vieux-jeu nous aussi… marmonna Robbie.
- Quoi qu’il en soit, on est venus sur demande de Wallace pour requérir ton aide pour nous entrainer en vue de la bataille qui va nous opposer à Direction Dresseurs.
Etienne et Linda regardèrent Perrine.
- Cette embrouille dont on ne doit surtout pas informer ton père ?
- Oui.
- Et je justifie ça comment auprès de ton père, précisément ?
- Tu donnes des cours dans notre école pour ne pas rouiller et retrouver ta jeunesse enfuie.
Etienne inspira.
- J’y gagne quoi ?
- Etienne…
- Je plaisante. Je suis assez embêté par un aspect de la chose.
Robbie, Walter et Naomi écoutaient.
- …je vais vraiment avoir l’impression de former une milice.
- Oui, voilà, c’est ça !
Etienne regarda Perrine en soupirant.
- Je suis en train de te dire que ça me déplait !
- On a besoin de ton aide. Nos profs sont bons mais ils ne se donneront pas à fond pour nous entrainer dans ce but. Toi, tu es assez bon et tu peux nous entrainer précisément pour affronter Direction Dresseurs qui a prévu de vous attaquer à la remise des diplômes.
Etienne souffla.
- Et vous avez donc l’intention de vous défendre.
- Voilà.
- Yep.
- On y compte bien.
- C’est ça.
Etienne regarda Linda qui haussa les épaules.
- C’est toi l’homme, c’est toi qui décide.
- Je te consulte pour savoir si c’est une bonne idée, femme !
- Oh bah voyons. Tu veux ma signature aussi ?
- Et pourquoi pas.
Linda lança un regard significatif à son mari qui inspira.
- Euh… c’est d’accord… mais… vous êtes tous ok avec ça ?
Les jeunes hochèrent la tête.
- Avec cette bataille, je veux dire, vous et les quinze autres ?
- Vingt-huit, on est vingt-huit élèves dans notre classe.
Etienne acquiesça.
- D’accord. Donc. Moi, Etienne Smirnoff, je me retrouve, âgé de soixante-dix ans, à devoir former une milice d’adolescents.
- Exactement, papi.
Etienne regarda Perrine.
- Je t’ai dit QUOI à propos des « Papi », « Pépé », « Grand-Père » et compagnie ?
- Firmin te le fait tout le temps !
- Il a sept ans à peine ! souffla Etienne.
- Et moi, il m’appelle Momie… souffla Linda.
- Je crains pour l’avenir de cet enfant… vraiment… admit Etienne.
- T’es pas le seul… admit Perrine.
Etienne inspira.
- Vous réalisez que je suis un professeur très sévère, très rude et très exigeant ?
- Tu parles, tu es un vieux marshmallow tout flétri ! soupira Linda.
- Ah bah vas-y, grille ma couverture ! Je t’en prie !
- Tu vas t’occuper de trente gamins, tu vas vraiment jouer les durs avec chacun d’entre eux ?
- Eh bah oui. Inspirer la peur et tout !
Walter plissa les yeux.
- Du coup vous acceptez ?
- Oui. Mais comment on organise ça ?
- Faut voir avec le proviseur, mais si vous faites usage de votre envergure de Monsieur Etienne Smirnoff… marmonna Robbie.
- Oh bah bien sûr. Tu t’imagines qu’à la banque, j’arrive devant le distributeur et je dis juste mon nom et vlan, les billets giclent ?
- Ce serait génial… admit Linda.
- Pas très pratique cependant… souffla Naomi.
Etienne inspira.
- Je vais m’arranger. En même temps, j’ai servi sous Lindbergh Winchester, je pourrais résister à… comment il s’appelle votre dirlo ?
- Aloysius Grant.
Etienne tira la langue.
- On dirait un nom de maladie vénérienne !
- Ca situe bien le personnage… admit Walter.
Naomi eut un SMS.
- Francis confirme que le plan envisagé avec Tino est envisageable !
Robbie sourit.
- Cool, dans ce cas, ça va être facile !
***
Alors qu’elle était au guichet du poste de police…
- Puisque je vous dis que je me porte garante pour ma prof ! grommela Andréa.
- Puisque je vous dis que la liberté conditionnelle, ça ne marche pas comme ça… soupira le policier, pas dupe.
- En même temps ça aurait pas été étonnant vu le système judiciaire débile de ce pays… marmonna Clive.
- Ca fait bien une heure qu’on négocie, je suis fatiguée, cette journée de merde n’en finit pas… soupira la blonde en ajustant ses cheveux détachés.
- Tu parles à un mec qui a passé la matinée accroché à son Desséliande… soupira Clive.
Jason Mars entra dans le commissariat. Andréa et Clive se retournèrent. Il était suivi de l’inspecteur Reiner.
- Arrêtez tout. Libérez Helen Clover et James Pitterson ! Sacha Nolan a trompé tout le monde et abusé de son pouvoir de commissaire de police ! cria Mars.
- J’ai besoin d’une brigade pour aller l’arrêter !! hurla Reiner de plus belle.
Clive regarda Andréa, stupéfaite.
- Prends ça, nœud gordien !
- La ferme… soupira la blonde.
***
Les membres de l’association Pokémon avaient déserté les lieux au lendemain de l’attaque. Sans raison apparente. Les élèves n’avaient pas été pris en charge psychologiquement et l’établissement était encore bien délabré quand les cours reprirent.
Andréa arriva devant l’établissement, un peu paumée, mais au moins pour une fois, elle était raccord avec le reste des élèves. Tout le monde avait l’air d’être passé à la lessiveuse. Elle inspira et se dirigea vers la salle de combat direct.
Les autres étaient là, quelque peu déboussolés de revenir aussi vite après les attaques à l’école. Andréa se plaça, par réflexe, aux côtés de Clive.
- Hey.
- Hey.
- J’te demande pas si ça va.
- Tu connais la réponse.
Lucy et Quinn se tournèrent vers Andréa et la saluèrent. Elle leva la main en souriant et décida de faire la conversation, ce qui était inhabituel de sa part. Mais la situation l’était également.
- J’étais la seule à pas avoir envie de venir ? marmonna la blonde à queue de cheval.
- J’avoue ! souffla Quinn.
- Pis personne s’est préoccupé de savoir si on avait été blessé ou quoi… marmonna Lucy.
- Heureusement que Blizzaroi et Grelaçon se sont occupés de vous quand ce Feunard chelou vous a attaqués ! sourit Quinn.
Andréa inspira et regarda Clive.
- Tu t’es remis de l’humiliation d’avoir été mis à mal par des oiseaux colorés ?
- Les oiseaux colorés en question, je jure de tous les supprimer… souffla Clive.
- Tu avais dit la même chose pour les fées, et ça pullule !
- Hey, ça demande du temps et de l’organisation, un génocide.
Andréa inspira. « Habituellement son humour me remet d’aplomb, mais là… »
Wallace regarda Tristan, toujours un peu éteint.
- Ça va aller ?
- Faudra bien…
Wallace haussa un sourcil, intrigué. Perrine souffla.
- Si il me fait combattre, je hurle.
- Tu t’es donnée à fond hier, il paraît ! sourit Robbie.
Perrine regarda Robbie et son bandeau autour de la tête.
- T’es sûr que ça va ?
- Mais oui, j’ai juste une grosse bosse ! Ma mère a un peu paniqué quand je suis rentré... plus tard que la normale, avec une bosse… Elle a cru que je m’étais fait agresser, je lui ai juste dit que je m’étais cogné mais j’ai bien vu qu’elle ne me croyait pas...
Perrine souffla.
- Dire que j’ai atomisé tous ces pauvres oiseaux…
- Vous avez dit quoi à David au fait, toi et ton père ?
Perrine secoua la tête.
- Bah rien. En rentrant du bar, je suis allée m’occuper de Firmin qui a bien vu que ça n’allait pas et Denis a passé la soirée à boire et à tripoter un bouquin de collection. Et le soir venu quand David est rentré de l’hôpital, je crois que même Firmin a entendu que Denis essayait très fort d’oublier ce qui s’était passé.
Robbie agita la tête.
- J’aimerais bien que ma mère fasse des rencontres !
- J’aimerais bien savoir quel genre d’homme supporterait ta mère.
- Bah, moi, je la supporte…
Perrine, médusée, regarda Robbie qui haussa les épaules.
Naomi et Walter restaient calmes, pondérant les évènements de la veille.
Le proviseur arriva avec un vieil homme que tout le monde reconnut.
- Les enfants… Madame Barnes a exercé son droit de retrait suite aux… évènements d’hier.
Les élèves se regardèrent. Perrine, Naomi, Robbie et Walter sourirent.
- C’est une blague ? souffla Wallace.
- On n’a même pas un embryon de suivi post-traumatique et madame exerce son droit de retrait ?! pesta Rebecca.
- Quelle école d’enculés…
Tout le monde regarda Steven. Le proviseur, notamment, mais le blond haussa les épaules.
- Ouais. J’en ai plus rien à foutre.
- … certes… En attendant, monsieur Etienne Smirnoff était venu me demander de faire des heures avec vous sur les plages libres de votre emploi du temps…
Perrine le regarda. Etienne hocha la tête.
- … ce que j’ai accepté sans discuter…
Etienne sourit. Il se souvint effectivement qu’il n’avait pas eu à insister bien longtemps, juste à menacer le bedonnant administrateur d’un procès retentissant pour mauvais traitement sur sa petite-fille.
- … et donc je lui ai proposé de faire le remplacement de madame Barnes ce matin.
- Cool ! sourit Wallace.
- Merci ! sourit Violette.
- C’est cool, merci ! sourit Francis.
Etienne hocha la tête et inspira lourdement.
- Vous allez souffrir. Aux terrains d’entrainement avec moi !
- Yeah ! cria Tino.
Benjamin et Orson le regardèrent. Il secoua la tête.
- Je ne CACHERAI PAS ma joie ! Donc : Yeah !
La troupe se dirigea vers les terrains d’entrainement. Etienne se fit porter par un Aligatueur, à la surprise des élèves.
- Je vous présente Sherman. Si vous êtes insolents, Sherman ne vous fera pas de cadeau.
- Il va bouffer du Steven ! admit Santana.
- Tellement ! ricana Gina.
- Beuh, même pas vrai, eh… grommela Steven.
La classe marcha jusqu’aux terrains. Linda et Estelle étaient déjà là, avec Helen.
- Salut les enfants !
- Qu’est-ce que vous faites là ? s’étonna Ana.
- Je me suis dit que j’allais m’entrainer moi aussi ! sourit Helen. En sachant que c’était monsieur Smirnoff qui vous entrainais, je me suis dit : Allez, Helen, toi aussi !
- Vous étiez où, hier ?
Tout le monde regarda Walter, puis Helen, gênée.
- Vous savez, pendant qu’on se faisait attaquer…
- … euuuuuuuuh…
- Hey c’est vrai, ça… marmonna Lilian.
- Je suppose que vous aviez une bonne excuse… marmonna Wallace.
- Euuuuh… j’étais avec Holland !
- Ouuuuuuh ! poussa la classe.
- Ce n’est pas ce que vous croyez ! grommela la prof.
- Mais bien sûr…
Helen regarda Wallace qui haussa les épaules.
- J’étais avec lui à un meeting ! Il prépare son avenir politique !
- Et… c’est censé nous intéresser ? souffla Rebecca.
- Oui ! Oui, les enfants, la politique, c’est censé vous intéresser ! grommela Helen.
- C’est vrai, ça, monsieur Smirnoooff ? demanda Walter, innocemment.
Etienne souffla.
- Non. La politique c’est tout pourri et ça n’apporte que des problèmes. Ne votez jamais, les enfants.
Gina et Holly semblèrent fondre.
- Il est tellement politiquement incorrect ! s’enjoua Gina.
- Grave ! Je crois que je vais devenir gérontophile ! gloussa Holly.
Lucy, seule à avoir entendu, se retourna vers les filles, l’air complètement outrée.
- Bon. On va commencer…
- C’est bien ici le terrain d’entrainement numéro 8 ?
Tout le monde se tourna vers un livreur. Etienne ne savait même pas à quel terrain ils étaient.
- … ouuuaip c’est… bien celui-là… je suppose… marmonna Etienne.
- J’ai une cargaison de Pokémon de prêt pour… madame Barnes.
- C’est… moi !
Le livreur regarda Etienne qui inspira, tout fier.
- Eh bah ouais. Et même que j’ai vingt-trois ans et que je danse les claquettes comme une pro.
- … moi en même temps, j’m’en fous, hein…
Etienne sourit, acquiesça et signa le reçu. Le livreur alla installer la cargaison dans le distributeur des terrains.
- … eh bah on va s’amuser un peu ! Linda, chérie, tu notes les petits.
- Oui !
- Estelle, sœurette, tu complètes mon tableau.
- Yup.
Santana s’étonna.
- Votre femme et votre sœur…
- Oui.
- Elles… peuvent nous évaluer ?!
- Eh bien, ce ne sont que des femmes, mais oui, elles peuvent !
- Ce n’est pas ce que je voulais dire, en termes de compétences…
- Eh bien, ce ne sont que des femmes, mais oui, elles sont compétentes !
- … vous vous moquez de moi, ou…
- Vous vous moquez de mon épouse et de ma sœur ou…
Santana inspira, vexée et se tourna vers Wallace.
- Ok, alors je tiens à me désolidariser de ce prof !
- Moi je trouve qu’il t’a mouchée avec élégance ! admit Walter.
- Personne ne t’a demandé ton avis ! grommela Santana.
- J’suis d’accord avec Walter, tu l’as mérité, c’est bien fait pour toi ! sourit Wallace.
- C’est pas ce que j’ai dit… grommela Walter.
- Voilà le manuel d’instruction à destination du professeur, pour savoir contrôler les Pokémon de prêt !
Etienne prit le bouquin des mains du livreur, à l’étonnement des élèves.
- Ca, les enfants, vous n’aviez pas à le savoir. Mais sachez que vos profs ont toutes les réponses à l’avance et qu’ils ne savent rien par eux-mêmes.
- Sauf moi ! grommela Helen.
Etienne regarda sa consœur.
- … je parlais des profs de combat direct…
- Oh. Oh bah oui. Oui oui oui. De grosses blagues ! Hihihi !
Etienne inspira.
- Roland m’avait bien dit que vous étiez spéciale…
Les élèves plissèrent les yeux. Francis grimaça.
- Attendez, Roland vous a parlé de nous ?
- Tout à fait, Francis Zuckerman, né un 14 mai, fils de Philippe et Rita, frère d’une petite Jodie, il me semble… Situation familiale ô combien compliquée, je pourrais entrer dans les détails mais je suppose que ce serait terrrriblement gênant, notamment concernant l’état mental de…
- STOP ! J’ai pigé !
Francis souffla, mortifié, soutenu par Quinn. Etienne hocha la tête.
- Vous n’êtes pas épiés sur les terrains, ni dans les jardins. Mais c’est le cas dans les locaux de l’école, et concernant vos dossiers scolaires, il a accès à tout.
Fey manqua de s’évanouir, retenue seulement par James. Tristan inspira lourdement. Holly secoua la tête, désabusée.
- Vous êtes des soldats pour lui, ses soldats. Du moins, c’est ce qu’il imagine. De quel côté je suis ? D’aucun. Roland Smirnoff est mon fils. Mes actes…
Linda se mordilla les lèvres.
- … ont conditionné l’homme qu’il est devenu. Le brillant professeur, l’homme d’affaires, l’incroyable dresseur, le fanfaron grossier, sexiste et vulgaire qui a réussi à se faire élire Président sans aucun bagage politique préalable…
- C’est un peu le cursus classique…
Tout le monde regarda Orson en hochant la tête, ne pouvant qu’admettre ce triste constat.
Etienne hocha la tête.
- … A présent, vous êtes menacés par Direction Dresseurs. Et vous êtes seuls pour vous défendre… oui ?
Tino baissa la main.
- Si vous êtes de notre côté et que vous êtes son père, alors Roland Smirnoff est de notre côté aussi, non ? Il va nous aider ?
- Non.
Wallace baissa la tête. Il connaissait la réponse. Helen hocha la tête et poursuivit :
- Il va attendre la fin et récupérer les morceaux…
- Exact. Pire, il va observer, se délecter du résultat et ricaner sur les ruines, compléta Etienne.
Rebecca inspira.
- Alors pourquoi nous épier ?!
- Pour le jeu.
Consternation générale.
- Oui ?
Gina inspira.
- Il… observe dans les vestiaires ?!
Mike plissa les yeux. Amélia se recroquevilla, apeurée. Lilian et Léon se regardèrent. Etienne plissa les yeux.
- Je… n’en ai aucune idée…
- Roland ne ferait pas ça ! affirma haut et fort Linda.
- T’as l’air très convaincue… admit Estelle.
Etienne inspira.
- Vaut mieux ne pas y penser. Bon. J’ai à ma disposition… 70 nouveaux Pokémon de prêt venus d’une nouvelle région nommée… Alola… mon dieu que c’est débile… Bref, je ne vais pas m’en servir, ça me paraît totalement inutile et même totalement chiant. Oui ?
- Vous n’avez pas envie de découvrir de nouvelles espèces de Pokémon ? demanda Tino.
Etienne plissa les yeux.
- Ton nom.
- Tino Ketts !
- Jeune homme, quel est le meilleur moyen d’en apprendre plus sur un Pokémon ?
- … le capturer ?
- Hm-mmm…
- … l’observer à l’état sauvage ?
- Hm-mmm…
- … lire beaucoup de livres sur lui ?!
Etienne hocha la tête. Tino semblait perturbé.
- J’ai bon ou j’ai pas bon ?
- Oui.
Tino grimaça, ressemblant à un robot en pleine gestion d’un paradoxe.
- Sa tête va exploser… geignit Orson.
- Si c’était les chevilles, faudrait s’abriter derrière une plaque de fonte… marmonna Santana.
Christina tapota l’épaule de Tino.
- On en a déjà discuté…
- Je suis indigne d’être son élève… Monsieur Etienne Smirnoff ne me reconnaîtra jamais à ma juste valeur…
- Hanase, imouto-chan… soupira Etienne, exaspéré. Bon. Pour commencer, vous allez tous choisir un de vos Pokémon. De préférence un Pokémon que vous aimez bien.
Les élèves se regardèrent et cherchèrent à leur ceinture. Helen s’exécuta aussi.
- Voilà… maintenant vous allez le sortir et faire cinq fois le tour des terrains en courant avec lui.
Walter plissa les yeux.
- Un de tes Pokémon ne peut pas te porter ?
- Si, mais…
- Eh bah fais donc ça.
- … ok…
Les élèves acquiescèrent. Wallace sortit Pingoléon. Naomi envoya Cadoizo. Perrine sortit Cacturne. Walter envoya Elektek qui le prit dans ses bras.
- Ca va être folklorique… marmonna le jeune homme.
Helen envoya Miradar qui se réjouit de faire un peu de sport.
- On a l’habitude, hein, Preston !
Le Pokémon plissa les yeux. Helen serra les dents.
- Ok, je cours un peu moins régulièrement qu’avant… mais quand même !
Miradar secoua la tête. Helen baissa la tête.
- T’as raison, j’suis nulle !
Tristan envoya Skitty, Robbie sortit Pashmilla. Clive envoya Mangriff. Andréa sortit Galvaran.
- J’ai pas envie de courir… souffla Clive.
- Et moi donc, mais bon, c’est les ordres…
- Comment tu peux prendre ça à la rigolade ? Perso ça me botte absolument pas d’être dans une espèce d’armée, ça me dégoûte, même !
- Je comprends bien, mais il faut aussi qu’on soit préparés pour ce qui peut arriver.
Clive plissa les yeux.
- Je rêve ou t’as peur ?
- Bah évidemment que j’ai peur !
Clive haussa le sourcils.
Fey approcha d’Etienne qui remarqua qu’elle était enceinte.
- Vous voulez être dispensée de l’exercice ?
- Eh bah c’est que… je peux pas vraiment participer en fait !
- Bon… eh bah vous allez avoir besoin d’une monture si jamais vous participez à cette bataille quand même. C’est pour quand ?
- Trois mois, normalement…
- Bien, bien, bien.
- Merci de ne pas me juger…
- Une jeune fille enceinte qui veut affronter une armée sanguinaire, ça force mon respect.
Tino plissa les yeux, vert de jalousie. « Si seulement j’étais enceint… »
Il regarda Christina et son Bouldeneu qui se demanda pourquoi il la regardait comme si il allait la manger. « Serait-il enfin attiré par moi ?! »
- Est-ce que j’ai un Pokémon qui peut servir de monture… non, mais ma femme peut-être bien… Chérie, tu as Laodicée sur toi ?
- Oui bien sûr.
- Tu peux le prêter à la demoiselle qui va probablement accoucher sur le terrain ?
- HEY !
- J’espère au moins que si tu dois l’aider, tu n’auras pas la main trop lourde avec l’anesthésie… marmonna Linda casuellement.
- Haha-haha. Tu ne lâcheras jamais l’affaire, hein ?
- Jamais-jamais-jamais. Tiens, ma grande, et n’écoute pas mon mari, il a à peine élevé ses propres enfants correctement, il est très mal placé pour donner des conseils !
- Hey, j’ai essayé pour un, on a vu ce que ça a donné ! souffla Etienne.
Fey plissa les yeux alors que James arriva pour l’aider à monter sur le Pokémon.
- Qu’est-ce qu’ils t’ont dit ? s’étonna James.
- D’un côté ils sont bizarres et glauques, d’un autre côté j’espère qu’on sera comme eux plus tard !
James regarda Etienne et Linda qui discutaient, intrigué. « … des vieux zombies ?! »
Méganium regarda les élèves, impressionnés.
- Il dégage un sacré truc, ce Pokémon… s’étonna Santana, accompagnée par sa Mistigrix.
- Elle doit avoir ce Pokémon depuis un sacré bout de temps, ça doit se ressentir… marmonna Violette avec Karaclée.
Rebecca caressa la tête de Grahyena. Amélia avait sorti Vostourno. Ana était accompagnée par Cabriolaine.
Mike, James et Steven avaient sorti leurs Pokémon Combat respectifs : Colossinge, Hariyama et Baggaïd.
Francis avait pris Némélios à ses côtés. Quinn s’entoura de Laporeille. Lucy envoya Girafarig.
Tino sortit M. Mime alors qu’il cherchait des moyens d’avoir un bébé. Benjamin sortit Limonde. Orson envoya Opermine.
- … Benjamin, Orson, c’est une course ! s’étonna Tino.
- Tu as sorti un Mr. Mime ! souffla Benjamin.
- Opermine sautille à la vitesse où je cours, on s’est déjà entrainés !
- Menteur… soupira Benjamin.
- Comment ça, menteur ?!
- Tu ne cours pas ! grommela Benjamin.
- Si je cours !
- Ca se verrait !
- Eh bah si, je cours !
- Non mais Orson, sérieusement…
Benjamin partit en secouant la tête. Orson regarda Opermine.
- On va lui montrer alors !
Opermine acquiesça des deux griffes.
Gina envoya Brutalibré qui se faisait un plaisir par avance. Holly envoya Mélodelfe, se disant ensuite que ce n’était pas vraiment un Pokémon de course.
- Tu t’en fous, c’est qu’un exercice ! rappela Gina.
- Oui bah oui… souffla Holly.
Lilian envoya son Batracné qui se réjouissait d’avance. Léon sortit Darumacho qui se frappa la poitrine d’enthousiasme.
Les élèves se mirent sur une ligne de départ improvisée. Etienne resta au milieu des terrains.
- A trois, un, deux, trois.
Les élèves se mirent à trotter avec leurs Pokémon, se suivant plus ou moins, partant l’un après l’autre. Violette, Lucy et Léon, plus expérimentés, semblaient à l’aise. Steven, James, Francis et Mike également semblaient parfaitement exercés.
Clive galérait et ne s’en cachait pas. Tino peinait aussi mais faisait excessivement bonne figure tant pour monsieur Smirnoff que pour rester au top niveau devant les autres. Andréa semblait étrangement à l’aise. « J’aurais dû prendre course en option je pense… m’enfin, il est un peu tard pour ça… »
Le premier tour de terrain se déroula sans souci. Wallace et Tristan se rejoignirent peu avant la fin du premier tour.
- Ca rappelle des souvenirs, hein ? sourit Wallace.
- Tu parles…
- De bons souvenirs. Rétrospectivement !
- Parle pas en courant, c’est pas bon pour toi !
Etienne ne pouvait que constater qu’Orson Bertelin était à la traine, son Opermine sautillant comme il pouvait, mais Orson étant également d’une lenteur affolante. « Eh bah il va être beau cet exercice… »
Violette repassa la ligne la première et entama le second tour, accompagnée de son Karaclée qui avait complètement synchronisé ses mouvements sur ceux de sa maîtresse.
Etienne, bien qu’admiratif, dût se forcer à perturber une si belle harmonie. Linda et Estelle, assises sur les bancs, ne purent que contempler la teneur de l’exercice.
- Connor…
Lucario regarda son maître. Etienne inspira.
- Aurasphère.
Le Pokémon posa le poing au sol et le fit trembler. L’impulsion se dirigea vers Violette qui chancela.
- Aah !!
Karaclée, dans un réflexe surhumain, l’attrapa et la porta. Le Pokémon regarda Etienne et son Lucario. Violette, dans les bras de son Pokémon à l’arrêt, semblait gênée.
- Mais qu’est-ce que…
- L’exercice continue. Courrez, mademoiselle.
Violette se remit debout et continua à courir, mais Karaclée se plaça cette fois entre elle et Etienne, bien décidé à ne pas laisser passer une autre attaque.
- En l’air, cette fois.
Un groupe d’élève allait passer la ligne d’arrivée. Lucario leva le poing en l’air et envoya une puissante gerbe d’aura qui retomba sur les côtés du terrain en un parfait pilonnage.
- AH !! cria Rebecca, presque atteinte.
« Evidemment, ça ne pouvait pas rester un exercice calme et tranquille… » songea Perrine.
Fey s’accrocha à Méganium qui continuait son chemin, débonnaire. Etienne ne se retenait pas vraiment, cela dit.
Lucy et Girafarig semblaient plus en difficulté que prévu, et la jeune chinoise sembla ralentie, voire empêchée par les attaques. « Je vois le genre, il veut déterminer notre capacité de réaction face à des attaques imprévues en mouvement… »
Une Aurasphère frappa brutalement Girafarig qui s’effondra dans le sable.
- Non…
- Hors du terrain, mademoiselle, vous avez échoué.
Lucy fut la première à s’éloigner du terrain. « Et force est de constater que je ne peux pas tenir le choc… »
Ce fut le signal pour tous les autres. C’était un test.
Steven grommela et se mit à sprinter. Grosse erreur. Etienne sortit Seviper.
- Estelle…
- Ouiiii ? marmonna sa sœur, amusée.
- Queue Poison !!
L’attaque faucha Baggaïd. Steven regarda le prof.
- Putain !!
- Je suis le méchant, je ne peux pas vous laisser atteindre le méga-objectif si tôt, voyons. Hors de question que vous réunissiez tous les Chinpokomon. Kenny !!
Pachirisu apparut. Les filles semblèrent le trouver adorable.
- Charme !
Pachirisu se mit à se rouler par terre en poussant des cris mignons. Les filles étaient toutes énamourées, sauf Ana, Andréa, Santana, Violette et Amélia.
- Et maintenant COUP DE JUS !
Pachirisu se colla au sol, leva la queue et envoya une nuée de jets précis qui frappèrent les Pokémon des filles, exception faite du Méganium de Fey. Le Mistigrix de Santana contra l’attaque avec Mur Lumière, le Galvaran d’Andréa encaissa sans discuter. Amélia doubla Lilian au même moment, et c’est donc son Batracné qui prit l’attaque – sans effet – pour elle. La blonde veillait à ne pas dépasser ses camarades pour n’éveiller aucun soupçon, mais elle était rompue à ce genre d’exercice depuis son entraînement avec Direction Dresseurs.
Ana couvrit carrément Cabriolaine. Etienne s’étonna, et l’attaque de Pachirisu s’arrêta cependant. « Une telle prise de risques… »
- Mademoiselle, vous êtes folle, j’aurais pu vous blesser !
- Non, je savais que vous arrêteriez l’attaque !
- L’ennemi ne l’arrêtera pas, lui. « Russe… pour elle, je suis trop lénifiant. Haha. J’adore les jeux de mots que je fais dans ma tête… »
- Je sais bien.
Rebecca sortit des rangs, épuisée.
- Me faire attaquer et courir en même temps, je peux pas !
Francis la suivit, ainsi que Walter.
- Je suis pas à l’aise en courant avec lui !
- En même temps, tu veux faire comment ? marmonna Francis.
- Je sais pas, je dois trouver un moyen…
Mike passa premier pour se faire aussi avoir par Seviper. Un système de Tower Defense se mit en place. Lucario et Pachirisu frappaient à distance, Scarhino, Seviper et Capidextre frappaient au contact. Fey s’éloigna, à l’étonnement de Rebecca.
- Il ne t’attaquait pas !
- Ca me fait trop peur ! Je ne m’attendais pas à ça !
Wallace courrait avec Santana et observait Tristan qui se démenait pour échapper aux pièges, se débrouillant même mieux que Tino.
- Han non, il me fait le coup de « J’ai quelque chose à prouver »…
- Tu es vraiment à plaindre d’avoir une relation aussi clichée et prévisible… ironisa Santana.
A mesure que les gens s’éloignaient, Etienne voyait se dessiner les forces en présence. Niveau filles, Santana Lan, Amélia Levy, Violette Benson, Naomi Kingsley, Ana Sevreska et Andréa Hunter se détachaient du lot. Niveau garçons, James Pitterson, Tino Ketts, Tristan Edison, Wallace Gribble, Lilian Grimes et…
- C’est une PLAISANTERIE ???
Orson trottinait avec son Opermine sautillant à ses côtés. Il était tellement lent qu’il avait à peine fait une moitié de tour depuis le début de l’exercice et les Pokémon d’Etienne l’avaient juste complètement ignoré. Les élèves sortis du terrain le regardèrent, quelque peu étonnés par sa « performance ».
Etienne Smirnoff secoua la tête.
- Si nous étions en situation de combat réel, l’ennemi n’aurait fait qu’une bouchée de vous !
Orson continuait à courir en ignorant les remontrances du vieux professeur qui agita la main, laissant tomber.
- Quelque chose me dit que j’en ai pour mille ans de thérapie…
Il observa Tristan et son Skitty qui s’attardaient sur Seviper, mêlant esquives et coups de semonce.
- … pour chacun d’entre eux… Fin de l’exercice. Y’a du boulot. Je commence par ceux qui ont échoué.
Rebecca, Francis, Walter et les autres inspirèrent. Etienne se tourna vers Tristan, Wallace, Tino et ceux qui étaient restés sur le terrain.
- Voici la dizaine d’idiots qui, lorsqu’ils sont attaqués sur un chemin de course, restent sur le chemin de course.
Wallace et Santana se regardèrent. Tristan grimaça. Orson haussa les épaules.
- Mais c’était la consigne !
- Je peux t’appeler Bullwinkle ?
- … quoi ?!
- Je vais t’appeler Bullwinkle. Donc Bullwinkle et ses amis, les petits Rocky…
Tino inspira joyeusement.
- J’ai compris !
Etienne fouilla sa poche, sortit une croquette pour Pokémon et la balança sur Tino, étonné.
- … quoi ? C’est parce que vous avez compris ! Apprenez à accepter les récompenses, c’est important !
Linda et Estelle sourirent alors qu’Helen était pour le moins interloquée par ces méthodes.
- Bref Bullwinkle et les petits Rocky sont sous le feu de Boris et Natasha, et ils continuent à courir comme des zinzins alors que la réponse logique consiste à s’enfuir.
- Mais la consigne… marmonna Orson.
- La consigne, dans le cas présent, vous tue.
Andréa semblait mal à l’aise. Santana leva la main pour protester mais Etienne ne lui donna pas la parole.
- Par ailleurs, vous avez tous pris des Pokémon qui marchent. Aucun de vous n’a pris de Pokémon volant.
- C’était un exercice de course… rappela Tristan.
- Et vous étiez obligé de m’obéir aveuglément parce que... ?
- … vous êtes le prof ! signifia Tristan.
- Eh bien non, dans la situation présente, je suis un élément étranger qui vient vous emmerder. Votre instinct est ce qui prime. Exercice suivant, je vais vous attaquer frontalement avec tout ce que j’ai et votre but est de me résister.
Santana inspira et s’éloigna, ne prenant volontairement pas part à l’exercice. Etienne la regarda. Santana haussa les épaules.
- Quoi, c’est encore une ruse, non ? Il faut encore vous désobéir et choisir la solution logique qui consiste à ne pas contre-attaquer ?
Etienne regarda sa femme.
- Je te la laisse, celle-là.
- D’accord.
- Non parce que je sens que je vais lui arracher la tête.
- J’ai bien compris.
- Pis t’as l’habitude avec ce genre de pisseuse.
- Tout à fait.
- Donc c’est entendu.
Helen grimaça. Santana plissa les yeux.
- Vous ne comptez pas nous entrainer tous ?
- Non, je vais vous diviser en trois groupes, mais que vous soyez entrainés par moi, ma femme ou ma sœur, ce sera pareil.
- Euh… non ! ricana Tino.
Etienne regarda Estelle.
- Et lui, je te le laisse !
- Bien reçu.
- Hey ! Non ! Je veux m’entrainer avec vous !!
- Raison de plus, j’aime pas les lèche-bottes.
- Moi j’adore ! sourit Estelle.
- Allez, la bleusaille, on se prépare à recevoir ce que je vais vous envoyer.
Les élèves se placèrent d’un côté du terrain et Etienne de l’autre. Santana s’était clairement écartée, ne souhaitant pas participer. Wallace la regarda.
- T’es sûre ? Ça va vraiment être marrant !
- Certainement pas. Je sens encore l’entourloupe.
Etienne inspira.
- Vous feriez bien d’écouter votre camarade.
Santana inspira. Etienne se tourna vers elle et envoya un Blizzaroi.
- … pard… ?!
- Jim, attaque Martobois !!!
Blizzaroi, très rapide, leva le bras pour écraser Santana sous sa patte. La jeune fille resta tétanisée.
- Martial ! CLOSE COMBAT !!
Karaclée fonça sur le Blizzaroi et l’éloigna de Santana. Etienne la regarda, un grand sourire aux lèvres.
- Entourloupée !
- … vous…
- Entourloupage ! Erwan !!
Capidextre fonça vers la classe. Mike envoya Drakkarmin. Steven sortit Sablaireau et James envoya Tauros.
- Entourloupette ! Balayage !!
Capidextre s’accroupit au sol et fit vrombir ses queues pour faire chuter les trois Pokémon. Andréa regarda Clive qui plissa les yeux.
Francis envoya Steelix pour stopper la bête, mais Capidextre le largua d’un Mitrapoing. Quand le Gaulet de Quinn tenta de l’endormir, Capidextre utilisa Bluff, ce qui stoppa ses mouvements. Tino tenta une approche avec Farfaduvet, mais le Coup Double de Capidextre était plus véloce que le talent Farceur.
- J… J’y crois pas !
- Vous êtes tous en train de foirer lamentablement l’exercice, y compris l’infante de la rivière Kwaï !
Santana secoua la tête, affligée. Wallace prit le bras de Tristan.
- On y va ensemble !
- … nan !! Katana !!
Ossatueur tenta de frapper l’adversaire avec Masse d’Os, mais Capidextre le repoussa d’un simple coup de queue. Wallace regarda Tristan qui sortit ses autres Pokémon.
- CHARGEZ !
- Hm, vous foirez en beauté, je dirais même.
Krabboss, Skitty, Togetic et Morphéo se mirent en ordre de bataille. Morphéo provoqua la pluie, ce qui embarrassa grandement ses camarades.
Perrine fut tirée vers l’arrière par Clive tandis qu’Andréa prit Lucy à part.
- Cumulo, Fatal-Foudre !
Morphéo performa l’attaque. Togetic porta Skitty qui utilisa Assistance pour utiliser à son tour Fatal-Foudre. Krabboss fonça dans l’explosion pour aller cueillir l’ennemi.
Quand la fumée et la pluie se dissipèrent… il n’y avait qu’un trou.
- … et merde…
- TRISTAN !
Capidextre fusa hors du sol, frappa Morphéo et dans son élan, balança des Météores sur Skitty et Togetic qui chutèrent au sol. Tristan secoua la tête.
- C’est un monstre…
Etienne se tourna vers les jumeaux Lilian et Léon qui étaient passés derrière lui. Foretress était devant Muciole.
- Ah c’est vous les deux Super Saiyens…
Muciole utilisa Tonnerre sur Foretress qui largua sa pluie de dards. Etienne hocha la tête.
- Joli. Erwan, Dernierecours !
Les jumeaux plissèrent les yeux. Capidextre concentra son énergie et fonça à travers la nuée, entouré d’une aura blanche. Il explosa littéralement les dards électriques. Les jumeaux écarquillèrent les yeux.
- Et Mitra-Poing !!
Capidextre retomba sur Foretress qu’il assomma des deux queues. Muciole prit peur et s’éloigna vers son maître.
Golemastoc sortit alors du sol. Etienne s’étonna et se tourna vers Helen Clover qui haussa les épaules.
- Je peux bien tenter moi aussi ! Hydroqueue !
Etienne plissa les yeux, alors que Preston le Miradar fut le premier à porter un coup à Erwan le Capidextre.
- Bien joué ! sourit Etienne. Mais vous êtes prof donc ça compte pas !
- Oh eh dites !! grommela Helen, pourtant fière d’elle.
Etienne se retourna vers le reste des élèves. Andréa Hunter et Clive Barker avaient réuni autour d’eux Gina, Holly, Perrine, Naomi, Walter, Ana, Benjamin, Orson, Christina et Lucy. Fey s’était éloignée avec Santana, trop apeurée.
- Tiens donc. Certains auraient-ils compris la vraie nature de l’exercice…
Andréa haussa les épaules. Etienne rappela Capidextre.
- On va corser le truc, alors. DEBRA !!
Flagadoss apparut. Perrine frissonna et regarda Naomi qui regarda Clive et Andréa.
- On suit le plan, j’ai un plan, ça change rien au plan ! bredouilla Andréa.
- Elle a un plan et si elle dit qu’elle a un plan, c’est qu’elle a un plan ! assura Clive.
- C’est… rassurant ! admit Ana.
- Ou pas… marmonna Christina.
- Moi je vous préviens, si ça tourne au vinaigre, cassos en me trainant dans le sable ! souffla Walter.
- Pareil ! geignit Benjamin.
Etienne fit un sourire qui devint carnassier quand Flagadoss Méga-Evolua.
- J’aurais juré qu’il détesterait cette mode idiote… admit Estelle.
- Moi aussi, mais il a juste été complètement absorbé par les subtilités de la chose et les ouvertures en matière de stratégie. Tu le connais… sourit Linda.
Méga-Flagadoss tourna sur elle-même et étendit les bras… en même temps elle ne pouvait pas faire grand-chose d’autre.
Gina et Holly serrèrent les dents.
- Euh…
- J’ai un peu envie de me barrer, là…
- Pas avant d’avoir fait votre part alors !
Les filles acquiescèrent. Etienne inspira.
- Debra, Cascade !
Le Pokémon tourna sur lui-même et chargea, entouré d’une tornade d’eau.
- Allez !!
Amagara et Maracachi s’interposèrent. Etienne plissa les yeux. Maracachi imposa sa Cotogarde et Amagara s’apprêtait à recevoir l’ennemi avec Cage-Eclair. Etienne plissa les yeux.
- Psyko !
L’attaque repoussa les deux Pokémon. Elektek et Léopardus arrivèrent en renfort mais Méga-Flagadoss redéploya la Cascade. Holly sortit Luminéon qui déclencha le Lavabo.
- … pardon ?!! Psyko, Debra !!
Méga-Flagadoss n’avait qu’à agiter un doigt pour balancer ses adversaires ad patres. Perrine recula, pas très chaude pour affronter son grand-père frontalement. Orson et Benjamin se regardèrent, prêts à fuir. Andréa inspira.
- Le plan ne change pas ! Bon il est un peu modifié vu que l’adversaire change, mais…
- Est-ce qu’elle est en train de se faire bouffer ?! Est-ce qu’on affronte un Pokémon qu’on devrait secourir ?! geignit Clive.
- Toi, arrête de devenir con tout d’un coup ! CHRISTINA, ANA, LUCY !
Les trois filles s’interposèrent. Etienne inspira.
- Je vous félicite, malgré l’innocuité de vos efforts, vous poursuivez, c’est bien !
- Mocha !
- Electrode !
- Girafarig !
Zéblitz, Electrode et Girafarig s’alignèrent devant leurs maîtresses. Clive et Andréa se tenaient en arrière garde avec Benjamin et Orson.
- Je suis VRAIMENT pas rassuré ! souffla Benjamin.
- Moi non plus, mais apparemment tu es incapable de dire non à Andréa ! souffla Orson.
- Quoi ?! Mais n’importe quoi !
Zéblitz s’avança vers Méga-Flagadoss avec Nitrocharge. Girafarig utilisa Hâte. Etienne plissa les yeux.
- Vous avez de jolis arguments, mais vos attaques ne crient pas « braguette », elles crient « Diversion », et moi je crie DISTORSION !
Méga-Flagadoss sembla stopper le temps autour d’elle. Christina regarda Tino qui secoua la tête. Ana regarda Electrode rouler au ralenti. Elle regarda Andréa qui leur fit signe de se replier.
- Debra, Surf !
L’attaque enroba Méga-Flagadoss comme un manteau et s’écoula puissamment sur les adversaires. Andréa, Clive, Benjamin et Orson reculèrent. Christina, Lucy et Ana s’écartèrent, comme convenu.
- Du coup, il marche son plan ou… demanda Lucy.
- J’en ai aucune idée… geignit Ana.
- Je vois rien non plus…
Méga-Flagadoss regarda Benjamin et Orson qui étaient maintenant censés la ralentir.
- Vous allez jouer à ce jeu longtemps ? Je vois bien que les deux gothiques au fond ont un plan, je ne suis pas stupide !
Orson tremblotait comme un damné.
- Quelque chose me dit qu’il me suffirait de crier « Bouh » pour que vous partiez !
- …nan, nan, nan !
- Allez, Orson, comme on a convenu ! Vortente !
- Ok, ok ! Grodrive !
Les deux Pokémon firent face à Méga-Flagadoss. Etienne regarda sa femme.
- Ces deux-là, je te les laisse aussi !
- Ils sont tellement choux, j’accepte ! sourit Linda.
- Et c’est pour m’excuser de te refiler la thaïlandaise !
Santana inspira. Méga-Flagadoss remarqua sans problème le Fouet Lianes de Vortente et la Constriction de Grodrive, qu’elle repoussa d’une Psyko.
- Je suis toujours sous Distorsion, et Méga-Flagadoss est un des Pokémon les plus lents qui soient, donc vos attaques au rabais…
- Hey non mais ça va p…
- THAILANDE CA, VIEUX SCHNOK !
Etienne haussa un sourcil alors qu’un Chartor tomba sur Méga-Flagadoss dans un tumultueux plaquage. Etienne se tourna vers Santana qui avait volé le Pokémon de Wallace qui tentait de le récupérer alors qu’elle le retenait à une main.
- Oh bah voyons, le coup typique de la meuf qui veut pas participer et qui se bouge que quand on l’insulte. Vous allez me soudoyer avec de la sauce aigre-doux ?
- Regardez plutôt votre Pokémon.
- Je sais que vous avez déployé votre Anchwatt, je ne suis pas né de la dernière pluie, on n’engage pas un combat sans avoir tout prévu.
Méga-Flagadoss se releva et renvoya d’une Psyko menée d’une griffe Chartor et Anchwatt vers Santana.
- Allez, retournez bouder et laissez les grands jouer…
Clive faisait face à Etienne avec Méga-Cizayox.
- Ouais, jouons entre grands, voulez-vous.
- Debra, Lance-Flammes !
Méga-Flagadoss cracha un jet de flammes sur Méga-Cizayox qui s’écroula aussi sec. Clive resta bouche bée.
- Quoi, vous vous attendiez à la grande confrontation ?! J’ai un Foretress, jeune homme, je connais les forces et les faiblesses de mon équipe, contrairement à… visiblement 90% d’entre vous, et j’ai parfaitement remarqué que certains d’entre vous ont soigneusement évité la confrontation.
Amélia inspira. « J’aimerais éviter de me faire humilier ici… »
Fey serra les dents. « Je suis enceinte !... hey, je sens que je n’ai pas encore assez abusé de cette excuse. Je devrais en profiter pour aller faire du shopping ! »
Perrine regarda Andréa et hocha la tête. Elle se tenait à côté de son grand-père.
- Dont toi, ma grande, je ne suis pas fier !
Perrine priait surtout pour que grand-mère Linda et grand-tante Estelle ne vendent pas la mèche et ne disent pas à grand-père Etienne qu’elle avait un Galvaran qui se cramponnait dans le dos.
- Tu crois qu’il va exploser comme Chaozu ? chuchota Benjamin à Orson.
- Ah non, Benjamin, j’en pleure encore de cette scène ! geignit Orson.
Etienne regarda Andréa.
- Et nous y voici. La fille avec un plan. Celle qui a embrigadé une bonne partie de la classe dans son plan. Comment avez-vous fait ?
- C’est mon petit secret !
« Elle nous a promis une bonne note ! » songèrent Holly, Gina, Lucy, Ana et Christina.
« Elle m’a dit qu’elle ferait ma part de travail pour le devoir ! » songèrent Benjamin et Orson.
« Elle nous a dit qu’elle avait besoin de nous pour un truc marrant ! » songèrent Naomi et Walter.
« Elle m’a dit qu’elle avait besoin de moi pour sa diversion. Son lézard est vachement léger pour un truc de six kilos ! » sourit Perrine.
« J’suis le seul crétin qui accepte de la suivre sans réfléchir… » soupira Clive.
Etienne inspira.
- Et donc, quoi ?
- Rafflésia !
Le Pokémon resta devant sa maîtresse et déploya ses pétales devant lui.Méga-Flagadoss observait, tout comme Etienne qui tourna rapidement la tête.
- C’est forcément une diversion…
- Hâte !
- … je vous arrête tout de suite, mademoiselle, les Rafflésia n’app…
Galvaran se retrouva derrière la tête de Méga-Flagadoss. Etienne haussa les sourcils.
- … fantastique. Vous avez conscience qu’en une seule Psyko, j’évacue votre petite créature ?
Tout le monde regarda Andréa. « Il n’a pas tort. Tous ces efforts pour quoi au final ? » songea Tino.
Andréa hocha la tête.
- J’aime les challenges, et généralement je suis ce genre de fille un peu fofolle et prête à tout pour avoir le dernier mot.
- Vous portez du cuir, quelque chose me dit que vous n’avez pas le dernier mot sur votre garde-robe…
Andréa s’empara d’un objet qu’elle lança vers Méga-Flagadoss. Le Pokémon, étonné, replia sa tête dans sa coquille. Galvaran se saisit de la Pierre Soleil et évolua. Etienne écarquilla les yeux et regarda Andréa.
- Il y en a UNE qui a compris où je voulais en venir !
Andréa sourit alors qu’Iguolta se trouvait sur Méga-Flagadoss.
- TONNERRE !!!
L’attaque frappa Méga-Flagadoss de plein fouet. Le Pokémon sauta avant de se faire prendre dans la Psyko du Pokémon Symbiose.
Etienne sourit en voyant Iguolta faire face à Méga-Flagadoss.
- On stoppe l’exercice. C’est ce que je veux voir depuis le début.
- Une évolution ? demanda Francis.
- Toi, tu seras entraîné par ma sœur. Nan, que vous soyez prêts à tout. Toutes les bassesses. Aucun d’entre vous ne m’a sauté dessus !
- Vous avez vingt-mille ans, on va vous casser en deux si on fait ça ! souffla Steven.
- Tu seras entraîné par ma femme. Vous vous êtes contentés de confrontations affreusement conventionnelles. Vous ne m’avez pas attaqué à plus de deux ou trois. En vous mettant à vingt-neuf contre moi, vous l’auriez emporté ! Qu’est-ce qu’il y a, la rousse ?
Rebecca inspira.
- C’est pas très pratique de se mettre à vingt-neuf sur quelqu’un !
- Si vous aviez tous discuté d’un ordre de bataille…
- On n’est pas une armée ! lâcha Tristan.
- Et c’est justement pour ça que je vous entraine, mais la seule qui l’a compris, c’est la jeune fille là. Votre nom, mademoiselle.
- Andréa Hunter.
- Elle a fait évoluer un Pokémon rien que pour me vaincre. Evidemment, cette stratégie ne marchera pas deux fois, mais c’est un gros pas à franchir que de faire évoluer un Pokémon en temps normal, alors décider de le faire en plein combat, juste pour avoir le dessus sur quelqu’un… C’est ça que j’attends de vous, que vous soyez prêts à y laisser vos chaussettes. Croyez-en mon expérience, l’ennemi ne se contentera pas de confrontations proprettes, il va chercher à vous duper, à vous saper, à vous démolir à plusieurs niveaux de juridiction ! Vous devez être en position de défense, mais du genre à prendre une balle et à continuer d’avancer pour poignarder l’ennemi !
Les élèves et Helen semblèrent quelque peu abasourdis par cette dernière phrase. Etienne inspira.
- On va faire les équipes avec ma femme et ma sœur pour l’entrainement. Prenez une pause. Oh, et évidemment les équipes tourneront, vous n’allez pas être entrainés par la même personne pendant deux mois, ce serait stupide.
Tino tomba à genoux, en larmes.
- … MERCI ARCEUS !!!
***
- J’aimerais bien qu’on m’explique…
Clive était seul à l’arrière. Andréa et Jason étaient à l’avant. Il conduisait, comme un malade.
- Pas d’explications. On doit arriver à temps. Quelque chose de grave va se passer, il faut qu’on l’empêche.
- Ouais. Euh, écoutez, monsieur le policier gentil qui m’a interrogé pendant que j’étais attaché comme un Malosse enragé, j’ai vu assez de séries pour…
- Pas ce refrain, pitié ! grommela Jason. Et je ne suis pas policier, je suis assistant judiciaire en milieu policier et carcéral.
Clive leva les yeux au ciel.
- Ok, monsieur le Technicien de Restructuration de la Législation en Conformité avec le Quotient Intellectuel des Criminels…
Jason grimaça. Clive inspira.
- Ouais, les titres, ça me saoule. J’ai vu assez de séries pour savoir que vous me cachez un truc.
Jason regarda Andréa qui haussa les épaules. Clive regarda Andréa puis regarda Jason.
- On va au Centre Carcéral de Volucité. Le commissaire a ordonné le transfert de Teresa Torres pour l’île des Diamat.
Clive leva les yeux au ciel.
- Et ?
- Et en réalité, un complice l’attend là-bas pour la faire libérer.
- Sur l’île ou au centre carcéral ?
- Au centre carcéral.
- Soyez clair, en fait, arrêtez de me faire poser les questions ! soupira Clive.
- Bordel !! En sus de la conspiration de monsieur Nolan, on a découvert une autre conspiration en parallèle. Le commissaire a un complice puissant pour l’aider dans son entreprise.
- Complice puissant, ça fait nom d’acteur porno gay.
- Clive !
Clive regarda Andréa qui levait les mains en signe d’apaisement.
- Ca va, ok ? Laisse-le faire et arrête de poser des questions.
Silence dans la voiture. Clive inspire puissamment et lance :
- Depuis combien de temps vous baisez ?
Andréa serra les dents. Jason la regarda.
- Tu lui as DIT ???
- Non, il est malin, il a deviné tout seul.
- En fait j’ai des doutes depuis le moment où vous vous êtes enguirlandés pour savoir qui allait devant entre moi et elle… marmonna Clive.
- Je croyais qu’on s’était mis d’accord et que cette relation devait rester secrète !
- Mais je ne lui ai RIEN dit, tu m’écoutes ou tu es trop occupé à être un crétin ?!
- Y’a aussi eu le moment où elle a pu savoir où était détenue madame Clover rien qu’en envoyant un SMS, à vous, je suppose…
- Plus jamais ça, d’ailleurs, si mes supérieurs étaient passés derrière moi à ce moment-là…
- Oh, avoue que t’as aimé ! soupira Andréa.
- Et surtout, j’ai vraiment eu la puce à l’oreille quand je me suis aperçu qu’Andréa n’était pas en salle d’attente avec nous mais qu’elle était libre de se déplacer dans le commissariat, ce sans avoir été interrogée au préalable, et je pense que je ne suis pas le seul à m’être posé la question…
Jason serra les dents. Andréa inspira.
- Tu as écarté mon dossier, hein ?
- …
- Espèce de gros crétin, je t’ai dit que je n’étais pas amoureuse de toi, tu es juste un plan cul régulier ! T’avais pas besoin de faire ça, c’est ridicule, tu vas juste attirer des soupçons qui n’avaient pas lieu d’être !! Merci beaucoup, crétin !
Jason inspira et se concentra sur sa conduite. Andréa leva les yeux au ciel puis se tourna vers Clive.
- Il a fallu que je tombe sur un Tristan-Bis !
- Qu’est-ce qui te fait croire que j’ai envie de te parler, là ?
- Oh allez, on va vraiment se disputer pour un truc aussi merdique ?
- Bah si.
- Rhan ! Tu vas pas me faire la gueule, Clive, allez !
Clive resta silencieux, regardant ses chaussures. Andréa s’assit au fond de son siège. Elle regarda Jason qui inspira.
- Désolé.
- Nan, c’est rien. J’ai l’habitude de foutre la merde… que je le veuille ou non…
Jason sourit.
- Je suppose que je ne peux pas te proposer d’aller prendre un verre après ça…
- Je suppose que je vais devoir te faire un cours détaillé sur ce qu’est un PLAN CUL !
Jason hocha lourdement la tête.
- J’insiste plus.
- Il serait temps ! C’est qui, ce fameux complice puissant ?
Jason souffla.
***
- Messieurs, bonjour !
Les parents de Benjamin se regardèrent. Benjamin frissonnait. Teresa Torres était entourée de deux policiers alors que Jackson Wound était… seul.
- Cette femme ne devait pas être transférée, il me semble.
- Ordre du commissaire.
- Vous avez regardé les informations, récemment ?
Les deux policiers se regardèrent.
- Ça reste un ordre du commissaire.
Benjamin s’avança.
- Vous ne pouvez pas l’amener ici ! Elle doit passer en jugement, cette femme est dangereuse !
- Mais qui voilà… un des petits rats qui m’a agressée…
- Vous, la ferme ! grogna Benjamin.
Samuel et Maryse se regardèrent et regardèrent leur fils.
- Messieurs, appelez quelqu’un au commissariat, vous devez reconsidérer cet ordre ! signala Jackson.
- Elle n’a rien à faire là, on attend mon pote ! souffla Benjamin.
- Messieurs !
Jackson et Benjamin virent une femme les dépasser.
- Tamara Horton, pour vous servir ! J’aimerais payer la caution de la dame ici présente !
- Madame est bien bonne ! sourit Teresa.
Benjamin secoua la tête, stupéfié. Son téléphone vibra. Jackson inspira.
- Ok, là, je suis dans la merde…
Le scientifique s’éloigna et passa un coup de fil.
- Ouiii… je suis un peu dans la merde, là…
***
- Je ne peux pas répondre, je suis occupée ! Improvisez.
Rachel raccrocha alors qu’elle observait, du sommet d’une colline, le combat entre Roland, son père et sa mère.
- Déjà que j’hésite à intervenir…
***
Linda Trautmann observa les gens qu’elle devait entraîner. Outre Santana, Walter, Perrine, Ana, Lilian et Helen, elle avait récupéré Mike, Steven, James et Fey.
- Je sais bien que papi fait confiance à mamie, mais de là à lui refiler Steven… marmonna Perrine.
- Il avait l’air de dire qu’elle savait y faire… marmonna Walter.
- Pourquoi je dois me faire entraîner moi aussi… geignit Helen.
- C’est vous qui avez tenu à être là ! souffla Ana.
Linda regarda sa petite troupe.
- Bien. Je ne vais pas vous faire perdre de temps !
- Ouais, on se casse ! sourit Steven.
- On commence l’entrainement contre les systèmes de défense. Je vais vous apprendre à contrecarrer les défenses ennemies. Vous avez tous déjà eu à faire à des attaques telles que Mur Lumière et Protection… Et vous savez que ces attaques peuvent déjà être contrées. Quelqu’un sait comment ?
Mike leva la main.
- Jeune homme…
- Mike. Avec Casse-Briques !
- Voilà. Ça, c’est la manière conventionnelle de gérer un bouclier conventionnel. Mais il existe des protections non conventionnelles. Par exemple…
Santana hocha la tête.
- Lors de l’attaque qui a précédé, l’ennemi a érigé un mur de terre…
- Voilà. C’est ce genre de mur que je veux que vous sachiez briser ou contourner.
Linda sortit Papilusion.
- Je vous présente ma petite Iphigénie. Vue comme ça, elle ne paye pas de mine. C’est un simple Papilusion, comme on peut en voir un peu partout…
- Mamie, on est à Unys, ici on croise surtout des Poichigeon et des Ratentif… marmonna Perrine.
- Je ne vois pas ce que ça a à voir avec votre sujet… indiqua Santana.
Papilusion déploya un écran de poussière dorée. Linda sourit.
- Essayez donc de traverser ce mur, pour voir.
Lilian, Steven et Mike penchèrent la tête.
Estelle avait sorti toute son équipe. Mangriff, Magirêve, Serpang, Arcanin, Pikachu et Eoko semblaient méditer autour d’elle. Assise sur un banc, elle était très sereine.
- Méditer avec ses Pokémon, c’est un excellent moyen d’entrer en cohésion avec eux. Sentez votre connexion avec eux. J’ai appris lors de notre voyage au Danemark à quel point on négligeait notre lien avec les Pokémon. Connectez-vous à eux.
Tino en pleurait presque. « Etienne Smirnoff est à deux cages de moi et je médite avec sa sœur ! Je perds mon temps, c’est horrible ! »
Wallace se pliait à l’exercice sans broncher. « Je sais trop à quel point c’est important depuis la perte de Manternel. Elle a raison, on néglige notre connexion avec nos Pokémon. »
Francis grimaçait dans sa méditation. « J’ai mon Steelix penché juste au-dessus de moi… heh, ça marche ! »
Rebecca semblait également douter de l’utilité de la chose. Violette avait Karaclée à ses côtés et elle semblait apprécier l’exercice. Robbie, Clive, Andréa et Quinn méditaient derrière eux.
Etienne observait Orson qui trainait des poids avec ses Pokémon.
- C’est inhumain !
- Inhumain, peut-être, mais pas impokémon !
- N’inventez pas de mots… grommela Naomi qui tirait également en compagnie de Léopardus et Shaofouine.
- Je vais porter plainte !! cria Gina.
- Moi aussi !! Vous n’avez pas le droit !! grogna Holly.
Etienne inspira.
- Si j’avais reçu un Pokédollar chaque fois que j’ai entendu ça…
- Vous seriez riche, hein ? sourit Benjamin.
- On CONTINUE A TIRER, monsieur Ratsone ! On fait comme monsieur Edison, on se tait et on tire !
Tristan avait sorti son équipe entière et tirait les poids avec abnégation.
- Je vous le répète : Vous êtes les plus faibles de cette classe ! Si on vous intègre à un plan, vous serez des fardeaux !!
Tristan tira de plus belle. Léon Grimes tirait la langue comme un Ponchiot. Lucy serra les dents.
- J’ai l’impression d’être ma grand-mère dans une histoire de sa jeunesse !
- Elle se dirait quoi en te voyant, là ? demanda Christina.
- Rien, elle est morte ! Des séquelles de ce genre de trucs !
- Oh mon Dieuuuuu !!! geignit Christina en tirant son poids.
- C’est le meilleur moyen d’augmenter votre force globale ! Tirez, bande de fainéants !!
Amélia fronça les sourcils, regardant Etienne avec une perceptible envie de meurtre.
***
Cantine.
- J’suis tout courbaturé… geignit Tristan.
- J’te ferais un massage, si y’a que ça… soupira Wallace.
Naomi regarda Walter qui mangeait en silence.
- Ne me regarde pas, j’ai passé la matinée à percer les défenses des Pokémon de ma grand-tante !
- J’ai pas droit à un massage, moi ?
- Tu te rappelles ce qui s’est passé la dernière fois qu’on a essayé de dormir ensemble ?
- Ouais, ouais, ouais…
Tout le monde se tourna vers… Robbie qui pleurait de fatigue, incapable de manger. Perrine mangeait en le regardant.
- Mesdames et messieurs, ma future vie de femme mariée… souffla Perrine.
- Ton grand-père est dégueulaaaaaaaasse !!! sanglota Robbie.
Francis inspira.
- Robbie pleure.
- Y’a de quoi… souffla Lucy en se massant les épaules.
- Vous croyez que ça va vraiment servir à quelque chose, cet entrainement ?! demanda Quinn.
- Bah…
Tino s’enfila son jus d’orange d’une traite.
- Rassemblons nos connaissances en fiction : Dans tous les mangas, les séquences d’entrainement, ça sert à rien. Limite les auteurs les passent, font des montages ou accélèrent.
- Dans Dragon Ball, ils le font pas tout le temps ! rappela Orson.
- Et les trois ans d’entrainement pour faire face aux cyborgs…
- Androïdes… marmonna Benjamin.
- C-18 était encore capable d’avoir des enfants, elle était donc humaine à la base !!!
- Tristan me manque… soupira Christina.
- Dans la version américaine c’est Androids, et dans la version japonaise, c’était Jinzoningen…
- Qui se traduit par « Humain artificiel » !
- Oui donc par androïde !
- Mais NON !
Orson haussa un sourcil et regarda Christina.
- Pour une fois que c’est pas moi qui lance la bagarre…
- Il est frustré parce qu’il n’a pas été dans l’équipe de monsieur Smirnoff !
- Ah… Bah il aurait pas aimé ! J’ai plus d’épaules…
- Et moi je ne vais pas pouvoir me relever, vous allez devoir me porter, les garçons !
- … vraiment ?!
Tino l’emporta on ne sait comment sur Benjamin.
- Toujours est-il que j’ai raison, les séances d’entrainement, ça ne sert jamais à rien et ça n’est jamais intéressant, Toriyama a occulté les trois ans d’entrainement dans le manga entre l’arrivé de futur Trunks et les CYBORGS…
- Ok, on s’en tient à la définition littérale du terme, t’as gagné… grommela Benjamin.
- Hunter X Hunter ! L’arc de Genthru ! signala Orson.
- L’exception qui confirme la règle !
- Toriyama a montré comment Sangoku a appris le Kaioken et le Genkidama !
- Parce que c’étaient des techniques indispensables qui allaient poursuivre Sangoku pendant tout le manga ! Mais là, qu’est-ce que monsieur Smirnoff va nous apprendre à tous qui nous sera si indispensable dans une bataille rangée ?
***
- Je vais apprendre à ces petits troufions à respecter leurs aînés et à obéir aux ordres !
Helen regarda Holland qui faisait un de ses nombreux crochets par la cantine juste pour saluer les vieux nouveaux professeurs.
- Ce que mon illustre mari veut dire, compléta Linda, c’est que, dans l’optique de la bataille future, le seul entrainement valable que peut leur apporter un professeur est de leur apprendre ce qu’on ne leur apprend pas en classe à savoir : travailler en équipe voire en groupe.
Etienne hocha la tête. Holland inspira.
- Si on ne le fait pas, c’est en grande partie parce que sinon, le comparatif déjà embarrassant entre enseignement du dressage et école militaire serait conforté…
- Embarrassant, comme vous y allez. L’école forme des soldats. Ça n’a jamais été plus apparent que dans la dernière guerre, c’est une vérité que nous nous cachons par pudeur, mais nous sommes, ma femme, ma sœur et moi, suffisamment puissants pour nous emparer d’une ville. Nous sommes des bombes nucléaires ambulantes, et seuls nos liens avec l’association Pokémon et notre droiture personnelle nous empêchent de commettre des actes de destruction. Les Pokémon sont une force militaire, DONC l’enseignement du dressage Pokémon est un enseignement militaire, c’est sans ambiguïté la moindre.
Estelle inspira.
- Tu te rappelles l’époque où maman croyait que t’étais autiste ? Si seulement elle était allée au bout de son raisonnement…
- C’était notre stupide beau-père qui avait émis cette hypothèse et je te prierais, chère sœur, de ne pas remettre le sujet sur le tapis.
- Vendu.
Holland inspira.
- Quel est votre sentiment vis-à-vis de mon action ?
Etienne regarda Holland.
- Eh bien… vous profitez des enseignements de mon fils pour faire croire que vous êtes une nouveauté exaltante alors que vous allez juste être un pantin de mon fils pour appliquer son programme. Vous êtes un bon politicien, quant à savoir si vous êtes un bon révolutionnaire et un bon futur président…
- Vous me donnez mal à la tête… souffla Helen.
- Vous avez une historienne de renom avec vous et vous estimez avoir besoin de mes lumières ?
- Elle… est trop admirative de moi pour être objective !
- N’importe quoi ! Mais hein qu’il est beau quand il parle sur scène ?
Etienne leva les yeux au ciel.
- Son mouvement va s’essouffler s’il n’y a pas d’élection dans les mois qui viennent.
Helen plissa les yeux tout comme Holland. Etienne hocha la tête.
- C’est intéressant qu’une guerre entre les pions de Roland et Justin Truce se prépare juste au bon moment.
Holland soupira.
- C’est Roland. Il veut faire vaciller Truce.
- C’était évident… admit Helen.
- Je n’ai plus de contact avec mon fils et encore moins avec son entourage new-yorkais, mais je me doute que c’est là où il veut en venir. Vous amener sur le podium et tirer les ficelles, il ne veut plus être dans la lumière. Une fois dans l’ombre avec Truce en prison… il sera plus libre de ses mouvements, pour essayer de récupérer sa famille en se faisant passer pour un héros.
Helen plissa les yeux.
- Donc votre fils reviendra vers vous, c’est… une bonne nouvelle, non ?
Linda inspira et regarda Etienne qui semblait hésitant. Estelle souffla.
- Disons que la situation… a changé à plus d’un titre…
Helen et Holland se regardèrent, intrigués.
***
- De la MEDITATION ! J’ai passé la matinée à faire de la MEDITATION ! Je me suis ENDORMIE ! Elle nous prend pour qui, des Meditikka ?!
- Moi j’ai trouvé ça sympa… on ne fait pas assez ce genre de choses en classe ! admit Violette.
- J’aurais aimé en faire avec vous, du coup… Je crois que monsieur Smirnoff a raison de faire tourner les entrainements… souffla Santana.
- Il a aussi pris les plus faibles avec lui pour son entrainement de force. Il veut égaliser nos puissances globales… admit Violette.
Rebecca haussa les sourcils.
- Vous ACCEPTEZ ce qui se passe ?!
- Ecoute, j’étais la première à douter mais il faut avouer que leur entrainement est cool ! souffla Santana.
- Tu te plains de la méditation mais attends de trainer des poids ! souffla Gina.
- Grave, on est à deux doigts d’aller se plaindre au principal ! grommela Holly.
Santana plissa les yeux.
- Pourquoi vous le faites pas ?
Gina plissa les yeux.
***
Quelques heures auparavant…
- Je ne veux plus faire ça ! C’est de l’esclavage !! Je suis presque sûre que c’est illégal !!
Etienne haussa les sourcils.
- Tu ne veux plus faire ça ?! D’accord. Tu peux t’arrêter. Mais donne un de tes poids à chacun de tes camarades. C’est la condition.
Gina grimaça et regarda Tristan, Naomi, Holly, Léon, Benjamin, Orson et les autres.
- … tchhhh…
***
- … Monsieur Smirnoff a de trop bons arguments… grommela Gina.
- Ouais, c’est le côté vieux papi, il est persuasif ! soupira Holly.
- Et puis dans ma culture on apprend à respecter les aînés, alors bon…
Rebecca plissa les yeux et soupira, résignée.
- Mouais… bref... Quant à savoir à quoi ça va nous servir…
- Alors là… marmonna Santana.
- Oui, ça…
Plus loin, table de Mike, Steven, Ana, James et Fey.
- Nan mais voilà, il a vu les noirs en tenue de sport, il s’est dit : J’vais les parquer ensemble, ça sera plus facile pour les contrôler !
James, Fey et Mike regardèrent Steven qui venait de prononcer cette phrase. Ana inspira.
- Quelqu’un veut de mon cheesecake ?
- moi-moi-moi-moi-moi ! souffla Fey. A défaut d’alcool, ça m’aidera à encaisser ce que je viens d’entendre !
- Bah quoi !
- Rien, j’entérine pas, on va encore dire que c’est mes hormones !
Elle avait regardé James en disant ça. Le gros bonhomme soupira.
- Même ta mère le disait !
- Ma mère peut, pas toi !
- C’est sympa…
- Faut en conclure que le dîner avec les parents s’est bien passé ? sourit Mike.
- Ca a été, jusqu’à ce que Monsieur me dise de me calmer parce que je m’engueulais avec ma mère !
Steven plissa les yeux.
- Tu sors avec sa mère maintenant ?!
- … dis-moi que tu plaisantes ! s’étouffa presque Mike.
- Il plaisante… souffla Ana.
- Tu vois, y’en a une qui suit ! sourit Steven.
Ana secoua la tête. Fey prit le cheesecake de Steven aussi.
- Hey, je voulais ça !
- Ça t’apprendra à faire des blagues idiotes ! Nourris mon bébé !
Léon était tellement fourbu qu’ils s’était endormi au-dessus de son plateau. Lilian l’observait sans intervenir, intrigué par son apparente immobilité.
Clive n’en pouvait plus d’acclamer Andréa qui levait les yeux au ciel.
- Bravo, bravo, c’est elle la plus forte, c’est elle la meilleure ! Vive Andréa, vive elle, vive sa toute puissance, vive Andréa Hunter !
- N’importe quoi…
- Tu as unifié les nations, rassemblé les dresseurs, c’est toi notre statue de la liberté !
- Je vais t’étriper…
- Plus tard, le boss est dans la place.
Andréa se retourna pour voir qu’Etienne Smirnoff était entré dans la cantine. Il regarda les détecteurs de fumée qui cachaient en fait les caméras de Roland. « Observe bien, c’est pour toi. »
Une bonne partie de la cantine observait Etienne. Wallace, Perrine, Naomi et Walter le regardèrent, surpris. Robbie piqua un fard et regarda carrément ailleurs. Tristan le suivait des yeux alors qu’il allait voir Andréa.
La blonde à la queue de cheval regarda le grand homme âgé.
- Euh… bon… jour ?!
- Si c’est pour la tuer, elle est prête pour ça depuis ses treize ans ! informa Clive.
- Je peux te voir en privé, jeune fille ?
- Euh… pourquoi ?
- Pour te voir en privé, j’ai quelque chose à te demander.
- Vous pouvez tout me demander devant Clive !
Etienne hocha la tête.
- Est-ce qu’il y a, comment dire, certaines tensions dans votre classe ?
- … pas tant que ça. Moins qu’avant.
- D’accord. Mais vous mangez séparément.
- Ah mais ça c’est parce qu’on a besoin de passer du temps un peu à part. Mais ça arrive qu’on fasse des soirées un peu ensemble, hein ! Qui finissent généralement mal, d’ailleurs…
- Bon, mais vous pourriez manger tous ensemble, ça ne poserait pas de problème ?
- Je… ne crois pas…
- Bon, bon.
Clive plissa les yeux, ne comprenant pas grand-chose. Etienne sortit Capidextre et Scarhino.
- Déplacez les tables des élèves de la troisième année une, et mettez-les tous au milieu de la pièce.
Mike, Steven, James et Fey se regardèrent. Francis plissa les yeux. Robbie s’étonna. Etienne sortit Aligatueur qui s’attela également à la tâche. Lucario suivit dans la foulée. Les Pokémon saisissaient les tables, et les élèves avaient juste le temps de saisir leurs plateaux. Helen, Holland, Linda et Estelle étaient venus observer.
- Mais qu’est-ce qu’il fout ?! s’étonna Wallace.
- Je crois qu’il est en train de nous faire adhérer à une religion cheloue… marmonna Clive.
- Mais il est dingue !! C’est à toi qu’on doit ça ?! grommela Rebecca.
Andréa haussa les sourcils.
- Mais pas du tout !!
- Il est venu te voir, on l’a vu… marmonna Lucy.
- Mais enfin, comme si j’avais pris la décision ! Clive !
- Euh, me mets pas là-dedans…
- Andréa, mais qu’est-ce que tu as dit à monsieur Smirnoff ?! souffla Francis.
- Mais RIEN !
- Bah visiblement, si ! Il est venu te parler, qu’est-ce que tu lui as dit ? grommela Holly.
Andréa grimaça et refusa de s’en prendre plein la gueule.
- Que tes cheveux étaient ignobles et que tu ressemblais à Owen Wilson en drag-queen !
- … QUOI ?!
- Je ne lui ai rien dit ! Vous croyez vraiment que j’ai un pouvoir de décision ?! Vous êtes tous stupides ou quoi ?!
Les autres élèves regardèrent Andréa alors que sous les yeux du reste de l’école, Etienne formait une grande table au milieu. Il regarda les élèves de la troisième année une.
- Bon. A présent, vous mangez tous ensemble, tous les midis. Oui, même toi, Hitlérina Braun.
Amélia regardait Etienne de plus en plus méchamment, tenant son plateau avec crispation.
- Au nom de quoi ?! grommela Rebecca.
- C’est votre amie Andréa qui ne s’y est pas opposée.
- C’est pas notre amie, c’est juste une blondasse gothique !
Andréa leva les yeux au ciel.
- Ouch, touchée, tu m’as eue, Rebecca, je meurs, argh.
- Et en plus elle est sarcastique, je déteste ça !
- Normal, ça nécessite de réfléchir avant de parler ! grommela Andréa. Pourquoi vous me faites ça ?!
Etienne haussa les épaules et partit, suivi par Linda, Estelle, Holland et Helen.
- … quel était le but ? s’étonna Helen.
- Leur apprendre à faire bloc.
- Et cette entourloupe avec Andréa ?
Etienne inspira.
- Si je dois expliquer chacun de mes gestes, ça n’a plus rien de drôle !
Les élèves se rassirent à la table. Andréa était furieuse, et la plupart des autres filles la regardaient avec amertume.
- … je vois pas où est le problème, c’est plutôt sympa de manger tous ensemble, nan ? sourit Wallace.
Un silence de mort régnait à la grande table. Les élèves des autres écoles observaient, encore choqués par le chambardement. Amélia termina son repas en quatrième vitesse et partit aussitôt, sous les yeux de chacun de ses camarades. Benjamin haussa un sourcil.
- C’est une solution, oui…
Mais ce furent les seuls mots prononcés pour ce repas. Tout le monde se contenta de manger et de partir, sous les yeux étonnés ou embarrassés des autres.
***
- Empêche-la ! On arrive ! Empêche-la de payer la caution !
Clive observait, complètement dépassé. Jason avançait à toutes berzingues sur l’autoroute.
- Merde, merde, merde !!
- Et sinon, prendre de vrais policiers en renfort, c’était pas possible ou…
- Je ne suis pas POLICIER ! Je vous réquisitionne notamment parce que je ne suis pas policier !
- En attendant si vous continuez comme ça, on va avoir un accident…
***
- Petit, je sais pas ce que tu fais, mais…
- Je ne suis pas PETIT, j’ai dix-huit ans, bientôt dix-neuf ! Ce qui se passe ici n’est pas normal ! Cette femme doit être jugée, pas libérée !
- Elle n’est pas libérée, on va la transférer dans une prison de haute sécurité.
- Sauf que je vais payer la caution pour la libérer, tu vois, c’est simple ! sourit Tamara.
- Si madame paye la caution, effectivement, on doit la libérer.
Le policier regarda son confrère.
- Mais euh… ça revient à ce qu’il a dit…
- Non, nous on va pour la faire transférer, c’est pas de notre faute si madame paye la caution.
- M’enfin c’est orchestré de toutes pièces ! De toute évidence votre commissaire a des intérêts extra-professionnels dans cette affaire !
Jackson revint.
- Bon, apparemment, mon commanditaire ne veut pas me donner d’ordres…
- Vous êtes aussi utile que les couilles du pape ! soupira Benjamin.
- BENJAMIN !!! cria Maryse.
- Non mais Benjamin… s’étonna Samuel.
- Je sais, je sais.
Jackson sortit un pistolet et le pointa vers Teresa et les policiers.
- Donc je vais suivre les ordres de mon autre commanditaire.
- … euuuuh…
- Benjamin !! cria son père.
Maryse gardait la petite Samantha contre elle, terrorisée. Le réceptionniste haussa les sourcils. Tamara blêmit.
- Plus PERSONNE ne bouge. La situation peut rester ainsi un moment. C’est un peu extrême, mais c’est le seul moyen que j’ai de vous empêcher de faire payer la caution.
- Qui nous dit que ce truc est…
Jackson tira au plafond, ce qui fit taire Tamara définitivement, puis braqua de nouveau Teresa et les policiers.
- Je répète, plus personne ne bouge.
***
- Andréa, lis-moi le rapport d’opérations de ma secrétaire.
- Tu as une secrétaire ?
- C’est la secrétaire générale de la direction judiciaire, c’est notre secrétaire à tous.
- Ca me rassure… dans un sens !
Andréa fit défiler le texte sur le téléphone.
- Alors… « avis de panique, le commissaire est recherché… l’inspecteur Reiner et ses hommes sont partis à sa rencontre… un groupe a été envoyé au tribunal pour stopper le procès, mais ils ont été arrêtés par… un couple homosexuel ?! »
Clive haussa un sourcil.
- Wallace et Tristan ?!
- … pro…bablement, mais ils ne sont pas déjà auprès du commissaire ?!
***
- Nous sommes la police !
- Et je suis Charlie Winchester. Lui, c’est Léopold. Vous n’enterez pas dans ce tribunal. Ce procès doit avoir lieu.
Ludicolo persistait à faire pleuvoir dans le hall. Lokhlass toisait les policiers. La réceptionniste au look punk était amusée et observait avec un sourire espiègle.
- N’y voyez rien de personnel. Nous ne faisons que suivre les ordres ! sourit le jeune homme blond aux cheveux grisonnants.
- En tant que champion de l’arène de Jadielle, je vous somme de laisser ce procès se tenir !
- Charlie, Léo !
Les deux hommes virent David, Denis, Perrine, Firmin, Colin, Aude, Duncan, LaBarbara, Shawn et Jordan.
- Ah !
- Qu’est-ce qui se passe ?! s’étonna Denis.
- Eux peuvent entrer, mais tous les débilos de la police qui ne comprennent rien à rien s’écartent immédiatement !
Les policiers grommelèrent. Charlie sortit son Mackogneur qui apparut et frappa dans ses quatre mains avec un fracas terrible.
- Je DETESTE devoir me répéter !!!
- Charlie, il pleut, on t’entend mal… geignit Léopold.
- C’est PAS UNE RAISON !
Sur la rambarde au-dessus du hall, là où étaient placés les bureaux, les secrétaires observaient le manège. Jack et Orianne, les enfants adoptifs de Charlie et Léopold, observaient, entourés par Sorbébé et Mime Junior.
- Papa assure grave ! sourit Jack.
- Moi je trouve que papa assure plus ! sourit Orianne.
La petite troupe entra dans le tribunal. Léopold les salua. David regarda Charlie.
- Rachel ?
- Rachel, bien sûr.
- … on se retrouve après tout ça ?!
- J’espère bien, mon petit !
Charlie tapota l’épaule de David qui sourit, tout confiant, et partit dans la salle où se tenait le procès. Léopold inspira.
- Ils sont mignons, tous les deux !
- T’as vu ? David s’est empaté, mais Denis…
- Denis a de ces épaules !
- On est bien d’accord !
- Et un cul…
- Ah j’ai pas bien vu. Faut vraiment qu’on dîne ensemble après toute cette merde !
- Grave. Au moins pour que tu vérifies le cul de Denis.
- Dit comme ça, ça fait très gay, Léo, arrête.
- D’accord.
Quelqu’un sortit d’un placard non loin : Pablo Montès.
- … Charlie… ?!
- … euh…
- Je suis un prisonnier politique ! Aidez-moi !!
***
- Continue à lire.
- Ok… « Suicide dans un pavillon, les enquêteurs interrogent l’ex-mari… Collaborateurs de Roland Smirnoff aperçus sur le terrain mais pas suspects »
Jason plissa les yeux.
- Je vois pas ce que ça peut être…
***
Francis, Dimitri, Arlène et le petit Raphaël s’étaient arrêtés à un restaurant routier.
- Heureux de te revoir… même si c’est dans ces conditions…
Dimitri serra la main de Yann. Amy tenait la main d’Anatole. Arlène restait aux côtés de la voiture où dormait Francis, complètement épuisé. « Au moins, il ne veut plus tuer Roland… pour le moment… »
Arlène regarda son téléphone.
[Pas possible de compter sur vous ? Situation tendue à maison d’arrêt !!]
Arlène souffla et répondit, Raphaël dans un de ses bras.
[Dimitri renoue avec son ex, j’ai les mains liées…]
***
- Comment vous trouvez le moyen d’envoyer des textos ?! s’étonna Benjamin.
- Je suis trop fort, que veux-tu ! grommela Jackson.
Les parents de Benjamin s’étaient éloignés.
- Benjamin, viens par ici, je t’en supplie !
- Il faut que je seconde monsieur Wound, papa !
Benjamin empêchait en effet Tamara et le réceptionniste d’approcher. Limonde court-circuitait les moyens de communication du réceptionniste par sa seule présence sur son bureau, et Tamara avait trop peur de Vortente.
- Jeune homme, de quoi vous mêlez-vous ?!
- De ce qui me regarde, madame, et si je vous laisse payer cette caution, je trahis tous mes camarades !
Jackson agita son pistolet en hochant la tête.
- C’est l’esprit, mon grand !
***
- « Tribunal : Le procès retentissant a toujours lieu, avec un public qui s’agrandit d’heure en heure. »
- Tu m’étonnes, ça doit être le moulin… marmonna Clive. On devrait totalement être là-bas.
- Les autres m’ont appelé à l’aide, mais je leur ai dit qu’on était au tribunal… souffla Andréa.
Clive agita la tête. Jason regarda Andréa.
- … pardon, je suppose que tu préfèrerais être là-bas…
- En partie, oui, mais bon… c’est très bien de t’aider aussi ici. J’ai une dette envers toi, après tout.
Jason sourit et regarda la route, puis jeta un œil à sa jauge à essence.
- Oh-ho.
- Quoi ?
- Euh… rien, rien, on va… continuer, comme si de rien n’était…
***
Helen devait donner son cours mais elle voyait bien que le cœur n’y était pas. Les élèves paraissaient au choix épuisés, maussades, blasés.
La présence d’Etienne Smirnoff n’arrangeait rien. Il s’était mis à un pupitre comme n’importe quel élève.
- Euh… c’est… un honneur de… vous avoir avec nous ?!
- Faites comme si je n’étais pas là !
- Est-ce qu’il est autorisé à être ici, au moins ?
Helen, Etienne et les élèves regardèrent le surveillant de l’association Pokémon, sur sa chaise.
- Chaque fois que je crois vous oublier, vous réapparaissez comme un mendiant à la sortie d’une autoroute…
Walter regarda sa prof, quelque peu estomaqué. Helen le remarqua.
- Quoi ?! Ils en veulent toujours plus, j’ai pas la bourse à Rotschild ! Bien… monsieur Smirnoff est ici en tant qu’auditeur libre, il a les autorisations.
- Je peux les voir ?
- Non. Vous avez une autre question ?
- Je peux les voir ?
- Non.
Preston le Miradar regarda Etienne qui le regardait méchamment, se souvenant du coup porté à Capidextre. Etienne montra le Pokémon du doigt et se passa l’index sous le menton. Miradar grommela en montrant les dents.
- Où est-ce qu’on en était… pffff… Ah… L’économie maritime !
- Haaaaaanh… grommela Steven.
- On n’avait pas fini ce chapitre ?! s’étonna Francis.
- Heh non, on en était au grand 7 et ça va jusqu’au grand 13.
- Gnaaaaaaaaanh… grommela la classe.
- Même moi je trouve ça passablement ennuyeux… geignit Tino.
- C’est la fin de l’année, j’aborde des thèmes de fin de programme. Vous pourriez être interrogés là-dessus ! souffla Helen Clover.
Wallace soupira et regarda Perrine.
- Il fait quoi ici en vrai ?
- Aucune idée… Tu crois que j’ai les réponses du contrôle, genre comme la fille du prof ?
- Bah… un peu, ouais !
Helen continua donc son chapitre.
- Alors… En ce qui concerne la pêche, nous avons une immense ZEE, qui peut me rappeler ce qu’est une ZEE… ?
Personne ne leva la main. Helen plissa les yeux.
- Il… se passe quoi au juste ?! Walter ?
- Je sais plus, je regarde dans mon cours voir si on en a déjà parlé.
- … okay… Tino ?
- Euh… je… laisse quelqu’un d’autre répondre, je suis trop fatigué !
- Tu as fait de la méditation !! grommela Rebecca.
- Tu as joué les passe-murailles avec madame Trautmann alors poupougne ! grommela Tino.
Helen plissa les yeux.
- Ok, vous vous disputez à savoir qui a le plus souffert pendant l’entrainement de ce matin ou je rêve ?!
Etienne se regarda les ongles avec un petit sourire.
- Les enfants, c’est stupide enfin, arrêtez…
- Vous savez pas la meilleure, monsieur Smirnoff a bougé nos tables ce midi et il nous oblige à manger tous ensemble ! grommela Mike.
Helen cligna des paupières.
- Je… sais, Mike, j’étais là !
- Hah. A ton tour de dire des conneries ! J’fais comme Tino, je prends ma retraite ! sourit Steven.
- En quoi c’est mal de manger tous ensemble ?! Quand vous serez en entreprise, vous le ferez aussi !
- On est en cours, on devrait avoir le droit de manger chacun dans son coin ! souffla Quinn.
- C’était un peu beaucoup gênant, ouais… admit Orson.
- On n’a pas compris, en fait… admit Naomi en regardant Etienne.
Le reste de la classe regarda Etienne Smirnoff qui les regarda. Il se leva en grognant.
- Vous m’avez demandé de vous entrainer pour la guerre qui arrive…
Le surveillant de l’association haussa les sourcils.
- Va y avoir une guerre ?!
- Oui, Alban ! Faut suivre un peu, merde ! soupira Helen.
Perrine pencha la tête.
- Il s’appelle Alban ?!
- Oui bah oui…
- … vous avez des noms ?!
- … nous sommes des gens, bien sûr que nous avons des noms ! C’est quoi cette guerre dont vous parlez ?
- Taisez-vous, Armand, vous pompez l’énergie de toute la pièce. Je disais donc : Vous m’avez sollicité pour vous préparer en vue d’une guerre.
Etienne inspira lourdement.
- Mais j’ai en face de moi une bande de chiffes-molles qui fondent en larmes quand on CHANGE LES TABLES A LA CANTINE !
Les élèves avaient sursauté suite à ce coup de gueule. Andréa regarda Clive, assez surprise.
- J’ai SOIXANTE-DIX ANS. Je suis né le vingt-et-un décembre mille neuf cent soixante-dix-huit. Nous sommes en 2048 et voilà la nouvelle génération !
- Ca… avait besoin d’être précisé ?! demanda Orson.
- OUI !
Nouveau sursaut.
- Arrête de lui poser des questions !! geignit Christina.
- Bah c’est pas comme si l’année en cours c’était un scoop… marmonna Orson.
- Apparemment si… admit Benjamin.
- SILENCE ! Vous voulez devenir des soldats, vous voulez affronter ce qui va vous arriver dessus ?!
- Du… coup tout le monde se fout de la ZEE maintenant… geignit Helen, prostrée sur sa chaise.
- Vous êtes une bande de gosses pourris gâtés. Ah, certes, vous avez dix-huit ans, presque dix-neuf, mais vous réagissez comme des enfants. Vos amis, votre famille, vos proches ont été menacés. L’une d’entre vous va donner la vie sous peu ! Mais tout ce qui vous préoccupe, c’est le changement des tables à la cantine ?!
Gina et Holly se regardèrent. Léon leva la main et parla sans attendre.
- Mais euh, on comprend pas, vous expliquez rien !
Etienne hocha la tête.
- Je sais, je sais. Votre génération est celle à qui on a tout donné, toutes les réponses. Vous avez l’école idéale, celle qui laisse libre cours à vos désirs et à vos intentions, celle qui vous donne tout, vous n’avez jamais eu à batailler, à cracher du sang, à mordre pour avoir ce que vous voulez. J’ai vu des amis mourir sous mes yeux, j’ai tenu la main de ma mère sur son lit de mort, j’ai affronté d’anciens camarades et je les ai vus fondre dans une dimension parallèle ! J’ai vu d’anciens alliés devenir des monstres et se suicider de honte, j’ai vu une de mes élèves se faire dévorer par un Ptera et après ça, je suis mort ! A mon réveil, mon monde entier s’est effondré et mon fils est devenu un monstre que je n’ai pas su dresser, et aujourd’hui c’est à VOUS que revient la charge d’anéantir le dragon, mais vous n’êtes que des mécréants oisifs et geignards !
Les élèves semblaient tous interloqués. Naomi en particulier. Perrine regarda son grand-père.
- En… gros, tu voudrais qu’on soit vieux ?!
- Je voudrais que vous vieillissiez dans vos têtes, que vous soyez plus mûrs, que vous n’oubliez pas quel est l’objectif. Exactement l’attitude que j’ai validé ce matin avec votre camarade Andréa.
- Evitez de parler de moi, s’il vous plait… grommela Andréa.
- Oh, quoi. Le petit bébé a peur d’être mis sur le devant de la scène ? Le petit flocon de neige spécial a besoin d’être traité de manière particulière parce qu’elle paraît bien comme ça, mais elle est fragile à l’intérieur ! Qu’est-ce qu’on a, un genre, une ethnie ou une maladie mentale inventée par Tumblr ?!
Andréa plissa les yeux.
- C’est à moi que vous demandez ça ?
- OUI, c’est à vous.
- Je ne vous ai pas dit de déplacer les tables !
Etienne balança Foretress, fou de rage.
- Mais…
- Grand-père !! cria Perrine.
- Simon, attaque EXPLOSION !
- AAAAAAAAAH !
- A COUVERT !
- NON !
- Gr…
- HIIIIIII !
Tout le monde s’était mis sous les bureaux, sauf Naomi, Walter (qui… ne peut pas trop) et Perrine qui savait pertinemment que le Foretress de son grand-père ne connaissait pas cette attaque.
Mais tous s’étaient réfugiés sous leurs bureaux. Andréa était mortifiée. Clive s’était interposé entre elle et le Pokémon. Etienne observa la classe, complètement apeurée. Helen elle-même s’était mise à couvert. Perrine regarda son grand-père, éberluée.
- Bam. Vous êtes tous morts. Félicitations. Pour votre séance à la médiathèque, j’attendrais ceux qui veulent approfondir leur entrainement sur le terrain du fond de la salle. Mais venez motivés, je n’aurais aucune pitié à partir de maintenant.
Etienne sortit de la salle. Helen sortit de sous son bureau. Le surveillant était complètement abasourdi.
- … voilà pourquoi les rapports au sujets de cette classe font quinze pages !
- On se passera de vos commentaires, Agnan ! Euh… on va essayer de reprendre le cours, euh…
Clive se tourna vers Andréa.
- Ça va ?! Andréa ?!
La blonde secoua la tête, prit son sac et se leva. Clive s’écarta pour la laisser passer. Helen et le reste de la classe la regardèrent partir, complètement anéantie. Dans le couloir, elle laissa les sanglots s’évacuer.
***
- Je comprends pas grand-chose, mais t’as l’air d’avoir passé une sale journée !
Andréa hocha la tête. Elle se demandait un peu ce qu’elle faisait dans un bar avec son dernier plan cul en date.
- Ouais… ouais… M’enfin, j’veux plus y penser. Pourquoi un bar et pas chez toi ?
L’homme inspira.
- Tu avais l’air un peu trop… entreprenante pour une fille que je relance sans succès depuis deux bons mois.
Andréa soupira.
- J’avais besoin de me vider la tête.
- Et du coup tu t’es dit, hey, il me court après depuis des plombes, ça va être facile…
Andréa regarda son plan, dépitée.
- Je passe vraiment pour une personne immonde, hein ?
- Pour quelqu’un d’insaisissable, plutôt. Tu devrais te lancer dans le cambriolage !
Andréa sourit.
- T’es policier pour dire ça ?
Jason Mars sourit en sirotant sa bière.
- Assistant judiciaire !
- Putain j’y étais presque ! sourit Andréa. En même temps, tu bois de la Kriek, j’aurais tout aussi bien pu dire que tu étais gay !
- T’en veux une bonne ? Mes parents auraient préféré !
Andréa éclata de rire. Jason sourit.
- Tu as passé une mauvaise journée ? Bon. Moi je suis sous la supervision d’un connard d’inspecteur, le cliché du gros flic moustachu en chemise-pantalon à bretelles. Je fais tout son boulot pendant qu’il enchaîne les cognacs et va sur les lieux des assassinats faire des constats merdiques genre « ah bah oui, telle pute est morte ». Et qui se tape le boulot administratif ? Bibi !
- Merde, ça donne pas envie de bosser, ça blase vachement !
- Grave. Profite de ta jeunesse !
Andréa sourit.
- Tu sais que je voulais juste qu’on baise, ce soir ?
- Eh bah… t’auras également bu un verre ! Ouuuuh ! Elle a bu un verre !
- Arrête !
- Et tout à l’heure quand on sera dans mon studio, tu te diras : merde, je veux retourner au bar !
Andréa ricana en secouant la tête.
- Tu vas enchaîner les plans culs jusqu’à la fin de tes jours si tu continues comme ça !
- Hey, encore un truc que mes parents n’arrêtent pas de me dire !
Andréa ricana de nouveau en sirotant sa bière.
***
Andréa, Jason et Clive sortirent de la voiture.
- Merci de nous avoir amenés ! souffla Jason. Je devrais vraiment faire plus attention à ma jauge d’essence…
- Ce n’est rien… Merci de nous avoir indiqué où nous rendre !
- De rien. Dépêchez-vous, la police y sera, vous pourrez récupérer vos enfants.
- Oh merci monsieur l’ag… L’assistant judiciaire !
- De rien.
La voiture repartit. Andréa sourit.
- Ils sont sympas, les parents de Lilian et Léon !
- Mouais.
Andréa regarda Clive qui haussa un sourcil.
- Quoi ?
- Tu m’en veux vraiment ?
Clive inspira.
- N’importe quel autre jour, je t’en aurais voulu, là, je t’avoue…
- Oh merci, Clive !
- Mais la journée n’est pas finie, je peux toujours t’en vouloir pour une connerie !
- Hah-hah-hah !
- Vous avez fini ? souffla Jason.
- Dit le mec qui nous a fait venir ici…
- On arrive. Même si concrètement on ne sait pas trop à quoi on va servir…
Jason inspira et se dirigea vers la porte. En entrant, ils constatèrent…
- Andréa ! Clive ! et… je sais pas qui vous êtes ! sourit Benjamin.
Jason grimaça. Deux policiers tenant une vieille dame menacés par un scientifique avec un revolver, et un petit juif qui faisait dos au scientifique et qui empêchait une… dame de signer un chéquier.
- Putain, j’en ai TELLEMENT marre de cette existence ! souffla Clive.
- T’es genre, le seul gothique avec une raison d’être gothique… admit Andréa.
Jason regarda les deux policiers tenant Teresa.
- Je suis l’assistant judiciaire de l’inspecteur Reiner ! Qu’est-ce qui se passe ?
- Ce type nous menace avec un flingue.
- Non, pourquoi êtes-vous ici avec la criminelle de guerre et terroriste Teresa Torres ?
- C’était dur à prononcer, ça, hein ? sourit Jackson.
- Vous, la ferme.
- J’ai un flingue, je vous rappelle !
- Et je pense que vous savez aussi bien vous en servir que moi ! souffla Jason.
Jackson inspira et baissa son révolver. Jason hocha la tête.
- Bon. D’où vient l’ordre ?
- Du commissaire.
- Le même commissaire Nolan qui est parti au milieu du désert avec un criminel incarcéré pour harcèlement sur une héroïne nationale, et les enfants d’un ancien diplomate en otage ?
Les deux policiers s’étonnèrent.
- Et vous, qu’est-ce que vous faites là ?
- Je veux juste régler une caution, mais ce foldingue en blouse blanche a sorti un pistolet !
- Moi je suis Benjamin, bonjour ! sourit le petit juif à lunettes.
Jason regarda le réceptionniste.
- Et vous… l’alarme ?
- Le Limonde du petit m’en empêche…
- Ciel. Et vous déplacer et utiliser votre téléphone ?
- Il a un flingue !
Jason leva les yeux au ciel.
- Bon. Petit, remballe ton Limonde.
- Nan !
Jason inspira et regarda Clive et Andréa.
- Ah, c’est à nous ?!
- Vous voulez qu’on fasse quoi ? s’étonna Andréa.
- Obligez-le à le faire ?
- Ok. BENJAMIN, REMBALLE TON PUTAIN DE LIMONDE SINON J’TE FAIS UN DEUXIEME TROU DU CUL AVEC LE CANIF DE CLIVE !
Benjamin rappela son Pokémon, apeuré. Les parents de Benjamin sortirent des toilettes.
- On a changé les couches de la petite, pourquoi ça crie ?!
- Oh mon Dieu, Maryse, on est sauvés ! Un policier !
Jason s’étonna et regarda Clive et Andréa.
- Vous portez un brassard… fit remarquer Clive.
- … ça ? Mais c’est juste pour montrer que je suis impliqué dans une enquête !!
- C’est l’autorité, quand même… admit Andréa.
Jason leva les yeux au ciel et regarda le réceptionniste.
- Bon, vous. Vous voulez régler la caution de madame Torres ?
- Pour la millième fois, Oui ! grommela Tamara.
- Ok. Vous, le réceptionniste, vous allez sur le dossier de Teresa Torres.
Le réceptionniste s’affaira.
- Ouais, et ?
- Vous regardez à la case « Conditions d’incarcération ».
- Ouais, et ?
- Y’a marqué quoi ?
- « Non Libérable sous Caution ».
Teresa serra les dents. Les deux policiers levèrent les yeux au ciel. Jason les regarda, accusateur.
- Ok, les gars, avant d’exécuter aveuglément les ordres d’un type qui vous dit au téléphone qu’il s’appelle « commissaire », vous pouvez genre VERIFIER le dossier de l’accusé ?
- On n’est pas censés le faire…
- Eh bah c’est dommage. Donc madame Torres part bien en haute sécurité dès maintenant.
- Sur ordre de qui ? demanda le second policier.
- Sur ordre de moi ! En attendant son jugement, elle va aller croupir en isolement.
La vieille dame s’effondra.
- Et moi qui pensait que j’en avais fini…
- Vous plaisantez, ma pauvre vieille. Quant à vous, du balai.
Tamara sembla offusqué.
- Vous savez qui je suis ?
- Une grosse conne aisément manipulable.
Tamara grommela et partit, faisant s’envoler les chances de libération de Teresa Torres. Jackson regarda Jason, impressionné.
- Beau boulot !
- Vous avez un permis pour cette arme ?
- … ouuuuui, pas dans ce pays, mais…
- Eh bah vous êtes en état d’arrestation.
Clive inspira.
- Prends ça, nœud gord…
Andréa donna un coup de poing à Clive qui se saisit le nez.
- Mais ça va pas ?! Maintenant je t’en veux !!
- Eh bah au moins t’as une bonne raison !
- … c’était pas nécessaire… marmonna Jason.
- Si ! grommela Andréa.