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Magical Girl de Flageolaid



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» Auteur : Flageolaid - Voir le profil
» Créé le 31/03/2017 à 15:25
» Dernière mise à jour le 25/11/2018 à 12:53

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Région inventée   Unys

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Ch 12 : Par ici
Lymnesine avait décidé de ne pas attirer l’attention jusqu’à ce qu’elle ait remis la lettre de Cassoulaid au Roy. Ce choix avait été accueilli par des rires étouffés de la part de ses trois compagnons. Il était plus probable de réussir un coup critique en utilisant Draco-rage que de voir la Magical Girl se fondre dans la masse !
D’après les dires du sous-directeur, un traître aidait secrètement Casus Belli dans ses plans de conquête. Il valait mieux faire profil bas. Dans cette optique, Lymnesine choisit de se faire passer pour une jeune fille ordinaire, sans pouvoirs. Etant donné qu’elle ressemblait à tout sauf à une Magical Girl, cela ne devait pas être trop compliqué.
En revanche, son plan impliquait que ses Pokémons cheminent avec elle au lieu de buller dans leurs Magicballs. Gottfried aurait pourtant bien terminé sa nuit au calme dans son loft, enfoui sous trois ou quatre couvertures.

L’adolescente parut surprise du vent frisquet soufflant sur Kezerkastel. Elle pensait qu’en s’éloignant de chez elle, le climat automnal laisserait sa place à une météo plus agréable. Il faisait pourtant bon pour un 19 Octobre.

Après une demi-heure de marche, les quatre compagnons atteignirent la terrasse du Wesh, un des quartiers populaires de la capitale, qui ressemblait beaucoup au centre historique de certaines métropoles. Vous voyez sûrement de quoi il est question.
On y retrouvait à la fois de grandes artères encombrées de type Haussmann et le dédale médiéval, fléau des chauffeurs de transports en commun, figé dans de la zone trente à sens unique. Que les lecteurs se rassurent toutefois, en termes de surreprésentation de sens interdit, le Wesh n’égalait pas encore l’agglomération nancéenne.
L’architecture mêlait donc les styles et les époques dans un patchwork accepté uniquement par habitude. D’ailleurs, aucun bâtiment ne se distinguait vraiment des autres, le quartier ressemblait matériellement à n’importe quelle autre zone de la capitale. Que les lecteurs se rassurent toutefois, en termes d’insipidité visuelle, le Wesh n’égalait pas encore l’agglomération châlonnaise.
Les rues du Wesh grouillaient de passants et de véhicules, plus que de vie. Le mouvement général ne se produisait pas sans heurt – des agressions sonores principalement – et obéissait à des lois complexes, implicites.
Par exemple, parmi les piétons, seuls les arriérés venus du fin fond de la cambrousse attendaient tranquillement que le feu passe au vert, ou qu’importe l’équivalent médiéval fantastique des feux de signalisation ayant cours à Kezerkastel. Pour les autres, et même les vélos, le vert égalait le rouge en toutes circonstances. Que les lecteurs se rassurent toutefois, en termes de souveraineté des cyclistes, le Wesh n’égalait pas encore l’agglomération strasbourgeoise.
Et malgré l’apparente sophistication des lieux, il demeurait quand même une odeur persistante de caniveau, ainsi que la présence de mendiants, ingrats à tous les niveaux.
(Si la description ci-dessus ne vous évoque rien, merci de laisser le nom de votre patelin moisi en commentaire, histoire d’y construire prestement une autoroute vers le monde civilisé.)

C’est dans ce décor étrange et familier que Lymnesine et sa troupe cheminaient, se retournant de temps à autre pour épier les autres passants. Fidèle à elle-même, la Magical Girl se mit à fredonner une de ses chansons bizarres :

« Rassemblons tous nos rêves,
Et allons chercher nos désirs !
Une pièce ! »

Cela réveilla d’un coup un Gottfried somnolant et le débarrassa de sa gueule de bois. Gagné par une vitalité nouvelle, il tira l’adolescente vers une impasse peu fréquentée débouchant sur un puits. S’efforçant de rester calme, il demanda d’une voix tremblante :

« Comment ça “une pièce” ? Ne me dis pas qu’il ne nous reste plus qu’une pièce de l’argent donné par ta mère ?!
- Meuh non ! fit Lymnie avec un grand sourire, tout en sortant sa bourse.
- Parce que, je me disais, toute la bibine qu’on a descendu hier n’était pas gratuite, hein ?
- Rassure-toi, il nous reste trois pièces ! »

Le Fouinar argenté arracha la bourse des mains de Lymnesine et contempla la menue monnaie avec une expression furieuse gravée sur son visage crispé. Il saisit fébrilement les trois pièces cuivrées qui représentaient moins de vingt centimes et les exposa à la vue de tous. L’impasse accueillait surtout des clodos qui dormaient à moitié, adossés contre un mur.
Ce serait un pléonasme que de dire que Gottfried aimait l’argent. Mi-vénal, mi-radin, le Pokémon Allongé avait passé la majorité de sa très longue vie à rechercher la fortune. En plus d’exercer des professions assez lucratives (avocat, agent immobilier, PDG d’une firme de pompes funèbres, golfeur professionnel, dentiste, animal de compagnie d’un parrain de la mafia…), Gottfried avait pris la mauvaise habitude de tremper dans les affaires de détournement d’argent et de parachutes dorés.
Son obsession pour le fric prit des proportions démesurées le jour où son comptable lui déroba la somme de trois cents cinquante millions de Pokédollars (divisez par cent vingt pour obtenir le montant en euros) pour aller se dorer la pilule dans un paradis fiscal.
Aussi, avant de gagner Rivustel, Gottfried avait enterré un butin de trois mille Maxi Pépites dans le Grotte Coda, avec l’espoir qu’une crise économique sans précédent ravagerait bientôt le Pokémonde.

En attendant que son rêve devienne réalité, il se tenait dans cette impasse pourrie du Wesh avec trois malheureuses pièces à verrue dans la main et une Lymnesine tout sourire devant lui.
Excédé, Gottfried lança la monnaie dans le puits au fond de l’impasse et regagna l’avenue en maugréant. L’adolescente haussa les épaules et le suivit, sans un regard pour la meute de mendiants qui se jeta dans le puits afin de récupérer les piécettes. Six d’entre eux périrent dans la manœuvre, noyés ou piétinés. On saluera au passage l’initiative citoyenne du Fouinar pour réduire la pauvreté dans la ville.



La Kezerkastel Bank possédait une agence dans chaque quartier de la capitale. Celle du Wesh était installée dans un antique palais en pierre grise qui donnait sur la place Reshiram. L’endroit était stratégique, il rappelait à la clientèle que la politique de l’établissement bancaire était ancrée dans le Réel et non l’Idéal.
Chargée de l’accueil physique des clients, Marielle Lambda faisait semblant de travailler, comme tous les jours. Elle avait en horreur les gens qui glandaient au boulot, aussi multipliait-elle les efforts pour avoir l’air affairée en permanence. Le directeur appréciait ce genre de comportement qui ne nuisait pas à l’image de la banque et elle le savait.

Ce matin-là, un peu avant neuf heures, alors qu’elle donnait l’impression d’être concentrée sur la conception d’un document particulièrement compliqué – sa liste de course – Marielle Lambda vit une jeune campagnarde pénétrer dans les locaux de la banque.
Les capacités analytiques gonflées de préjugés de l’employée ne tardèrent pas à classer l’adolescente dans la catégorie « pauvres n’ayant rien à faire ici ». Il faut dire que la demoiselle portait une veste rapiécée et voyageait avec une bande de Pokémons patibulaires.
Guère impressionnée par le silence majestueux du hall de la Kezerkastel Bank, la miséreuse gagna d’un pas allègre le guichet. Marielle voulut la recevoir avec une réplique sèche et cinglante, histoire de remettre l’adolescente à sa place, mais cette dernière s’exclama joyeusement :

« Salut, je suis la fille de Peswar Hesperides !
- Euh… bonjour…
- Est-ce que je peux déposer mon sac dans le bureau de mon père ? »

D’un geste du pouce, elle indiqua le Kicklee derrière elle, encombré d’un lourd sac de voyage. Prise au dépourvu, Marielle Lambda, la bouche à demi ouverte, se contenta de fixer la jeune fille, sans savoir que faire.
Fort heureusement, la voix de Lymnie avait porté suffisamment loin pour que trois responsables sortent en urgence de leurs bureaux. Les trois hommes portaient une toge pourpre en phase avec le code vestimentaire professionnel de Rivustel. Usant de moult formules pompeuses, ils invitèrent la Magical Girl et ses Pokémons à les suivre vers le bureau de Peswar Hesperides.

Gottfried ne put s’empêcher de remarquer les sourires forcés et inquiets des trois hommes, ainsi la foule d’employés curieux quittant leur poste pour les épier.
A l’instar des enfants Hesperides, toutes les personnes travaillant dans l’agence craignaient Peswar, ce qui incluait le directeur et ses plus proches collaborateurs. Le père de Lymnie dégageait une telle aura de férocité que, du premier coup d’œil et en dépit de son mètre cinquante-sept, n’importe qui se mettait instinctivement sur la défensive en sa présence.
Ses supérieurs apeurés rêvaient secrètement de l’éliminer pour retrouver une vie professionnelle sereine, mais ils ne pouvaient s'y résoudre. D’une part parce qu’ils n’avaient assez de couilles pour le faire, d’autre part parce que Peswar générait à lui seul quarante pourcents des revenus de l’agence. Lorsque la situation devenait tendue, les plus gros clients de la banque ne demandaient pas à s’entretenir avec le directeur, mais allaient directement voir Peswar.

Les trois responsables s’arrêtèrent devant le bureau de M. Hesperides, sans qu’aucun ne songeât à tourner la poignée. Le père de Lymnesine avait beau se trouver en voyage d’affaires dans la région printanière de Rivustel, personne ne voulait courir le risque d’entrer dans son office sans son autorisation.
Ce fut donc Lymnesine qui commit l’irréparable en osant ouvrir ladite porte. Aucun piège, aucune malédiction ne se déclencha. L’adolescente prit le sac que tenait Ewart et pénétra dans la pièce sous les regards craintifs de l’assistance. Tandis qu’elle y déposait ses affaires, Gottfried insinua vaguement qu’un don substantiel en espèces sonnantes et trébuchantes assurerait que l’affaire ne parvienne jamais aux oreilles de Peswar.
Le Fouinar ressortit de la banque avec un immense sourire et une bourse menaçant d’exploser.

Après ce passage à la Kezerkastel Bank, les quatre compagnons s’arrêtèrent un moment au milieu de la place Reshiram pour discuter de la suite des évènements.

« Nous devrions solliciter une entrevue auprès du Roy à présent, conseilla Chrys. J’ai ouïe dire que l’entreprise demandait profusément de temps et de patience. Or la survie de notre bon monarque demeure incertaine.
- Chrystosmus a raison, renchérit Gottfried. Il faudrait se magner de terminer la mission confiée par ce <CENSURÉ> de Cassoulaid !
- Attendez, j’aimerais faire un dernier détour avant d’aller voir le Roy, intervint la magicienne.
- Encore ?!
- Souvenez-vous, hier matin, les sbires de Casus Belli ont essayé de détruire un cercle de téléportation, expliqua Lymnie. Si ça se trouve, ils ont fait pareil avec celui de la capitale et personne ne le sait ! La tour abritant le cercle téléporteur se trouve entre les quartiers du Wesh et du Béjé, on pourrait y jeter un œil, juste pour être sûrs.
- Cette proposition me paraît sensée, fit le Galeking.
- Ouais, c’est envisageable. Tu en penses quoi, Ewart ?
- Oppai. »

D’un unanime accord, la troupe se mit en marche vers la sortie ouest du quartier. Techniquement, rien ne prouvait l’acquiescement du Kicklee, mais ce fut interprété comme tel par ses compagnons.
La magicienne et ses Pokémons mirent une vingtaine de minutes à quitter le Wesh à cause de la forte circulation en ce début de matinée. Des charrettes et des carrosses par centaines s’engouffraient dans l’enchevêtrement de rues, stoppés de temps à autre par des piétons ou cyclistes irrespectueux. Le groupe manqua même de se perdre à cause des indications peu précises d’une petite vieille complètement sourde.

Lorsqu’ils franchirent la muraille entourant le quartier, la cacophonie urbaine laissa la place au souffle du vent contre les parois de la montagne.
Un chemin balisé reliait la terrasse du Wesh à celle, plus haute, du Béjé, le quartier branché où vivait la jeunesse fortunée de Kezerkastel. A l’écart du chemin se dressait une tour blanche circulaire, identique à celle où Lymnesine s’était battue la veille. La capitale possédait un seul cercle de téléportation menant au Pokémonde. Il n’y avait en théorie aucune raison de s’inquiéter pour la sécurité des lieux. En théorie.
Vous vous doutez bien que les troupes de Casus Belli y avaient déjà mis le bazar, mais chut ! Lymnesine ne le sait pas encore.

S’approchant à grands pas des immenses portes argentées du bâtiment, la jeune mage s’aperçut avec soulagement que les lieux étaient gardés par deux Elus de la Lumière. Ces magiciens protecteurs ne vivaient que pour défendre les lieux magiques les plus sacrés. Une vie de merde, en somme, ce qui expliquait sans doute pourquoi leurs visages austères cachés sous une capuche grise tiraient continuellement la gueule.
Les deux gardiens ici présents différaient de la plupart des Elus de la Lumière rencontrés par Lymnesine. Au lieu d’être secs et élancés, ils collectionnaient les kilogrammes de muscles jusqu’à être incapables d’entrer dans une chemise sans la déchiqueter.
En outre, leur rictus sadique et leurs tatouages agressifs ne collaient pas trop avec leur fonction. Pas plus que leurs martinets-haches. Mais cela n’impressionnait pas la magicienne pour autant.

« Salut les gars ! Dites-voir, je peux entrer deux secondes pour voir comment c’est foutu à l’intérieur ?
- NON !!! tonnèrent les deux hommes.
- Ben pourquoi ? s’indigna la jeune fille.
- Seuls les mages sont acceptés en ces lieux et tu n’as pas l’air d’être une Magical Girl !
- Vous non plus ! répliqua Lymnesine en plantant deux phalanges de son index dans le pectoral surdéveloppé d’un des deux Elus. A moins que vous ne sachiez envoyer des flammes avec vos abdos ! »

En un éclair, l’homme dégaina son martinet-haches et attaqua la jeune fille. Lymnie l’esquiva d’un salto arrière, tandis que Chrystosmus envoyait sa redoutable Queue de Fer briser l’arme de cet opposant. Puis la jeune fille revint à la charge, dans un bruit de guitare électrique, ses poings changés en métal. Elle assomma le faux Elu d’un coup porté à la mâchoire.
Le second imposteur n’eut pas le temps d’intervenir, Ewart le mit hors d’état de nuire grâce à Triple Pied. Gottfried conclut la baston par une punchline dispensable qui ne sera pas répétée afin de préserver la réputation du vénérable Pokémon.
Puis le groupe pénétra sans attendre à l’intérieur de la tour.

A une vingtaine de mètres plus haut, deux Piafabecs tournaient dans les cieux gris avec nonchalance. Suivant les ordres de l’ultimage de l’hiver, ils épiaient le groupe de Lymnie depuis son arrivée dans la capitale. Heureusement pour eux, il n’existait sur Rivustel qu’un seul Fouinar argenté et il voyageait avec la Magical Girl, cela leur facilitait grandement la tâche.
En voulant passer pour une fille normale, Lymnesine avait donné l’opportunité à ses ennemis de la repérer plus facilement. Et dire que Gottfried se moquait de sa discrétion.

« Papa Bravo, Papa Bravo, ici Charlie Tango, fit l’un des Piafabecs. Papa Bravo me recevez-vous ?
- Affirmatif, Charlie Tango, répondit le second Pokémon. Quelle est votre position, Charlie Tango ?
- Euh… à deux mètres sur votre droite, Papa Bravo.
- En effet, je vous vois sur mon radar, Charlie Tango. Que puis-je pour vous ?
- Papa Bravo, nous avons repéré la cible. Menace sur nos opérations, Papa Bravo, demandons autorisation de regagner tour de contrôle pour rapport complet.
- Hum… nécessité de recourir à la force de frappe du Quatuor. Autorisation accordée Charlie Tango. Bonne chance !
- Merci Papa Bravo. Terminé. »

Et l’un des Piafabecs fondit en direction du Wesh pour tout rapporter à un autre sbire complètement fêlé de Casus Belli, qui le répèterait à un autre encore plus bizarre, qui le dirait ensuite à un troisième, qui le…