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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 26/03/2017 à 09:37
» Dernière mise à jour le 05/12/2019 à 18:47

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 307 : Le Doppelganger
Bien que conscient des risques, Silvestre avait accepté le marché de Divalina : il allait l’aider dans sa quête de récupérer son Doppelganger, après quoi ils se rendraient tous deux à Hoenn pour rejoindre la Confédération Libre. Silvestre n’aurait certes pas accepté si ça n’avait été qu’un caprice de la part de la comtesse. Il savait que c’était très important pour elle, mais ça l’était aussi pour la lutte anti-corruption. Si Divalina parvenait à reprendre possession de son Doppelganger, ça ferait un Agent de la Corruption en moins, et surtout ça ferait de Divalina un immense atout pour Eryl.

Le problème était que le Doppelganger de Divalina n’allait certainement pas accepter de se refaire accrocher à son corps. Depuis toute petite, Divalina présentait une puissance terrifiante, même pour les membres de la sa lignée. C’était parce que son Doppelganger était bien plus fort que la moyenne. Mais plus un Doppelganger s’avérait puissant, plus sa conscience de soi et son intelligence l’étaient aussi. Conscients de cela, les Agents de la Corruption avaient tenté de rallier Divalina à leur cause, alors qu’elle n’était qu’une adolescente. Comme sa famille avait toujours été liée à Erubin, elle avait bien sûr refusé, mais en réalité, les Agents s’étaient adressés à son Doppelganger, lui promettant la liberté, l’autonomie, et l’accomplissement de son seul désir : la destruction aveugle.

Le Doppelganger de Divalina avait alors choisi les Agents de la Corruption en lieu et place de sa maîtresse. Il s’était détachée du corps de Divalina pour vivre indépendamment d’elle, et avait pris le nom de Jivalumi. En quelque années, elle s’était fait connaître pour avoir perpétré des destructions rarement vues ci et là, au nom de la corruption. Son titre associé d’Agent était d’ailleurs le Carnage. Depuis la mort de Vrakdale, Jivalumi était sans nul doute le plus puissant des Agents actuels. Elle avait même rivalisé avec Solaris qui avait pourtant revêtu sa forme hybride, une horreur autant en terme de physique que de puissance.

Et donc là, Silvestre avait soulevé à Divalina une question quelque peu subsidiaire, quoi que pertinente : comment, à eux deux, simples humains sans pouvoirs et même sans Pokemon, pouvaient-ils venir à bout de ce monstre ? Silvestre avait bien sa canne modifiée technologiquement qui pouvait lever des boucliers d’énergie, mais c’était tout. La réponse de la comtesse ne l’avait pas vraiment rassuré.

- Le but n’est pas de vaincre Jivalumi. C’est impossible. Le but c’est de la ramener à moi.

- Et donc ? Vous comptez la convaincre ? Avait demandé Silvestre. Vous comptez l’émouvoir avec un discours larmoyant pour la persuader de revenir vers vous ?

Divalina s’était contentée de jouer avec une de ses mèches multicolores, les yeux dans le vague. Silvestre avait alors songé qu’il était totalement cinglé de s’associer avec une personne pareille sur une mission aussi périlleuse. Mais Divalina avait alors déclaré :

- Ne t’inquiète pas, Silvestre. Si jamais je vois que c’est perdu d’avance, je me suiciderai. Jivalumi a beau avoir quitté mon corps, elle reste mon Doppelganger, et est donc liée à moi. Si je meurs, elle disparaîtra.

Silvestre avait alors vu toute la détermination de sa consœur, résolue d’accepter la mort s’il n’y avait pas d’autres solutions. C’était ce qui avait finalement convaincu Silvestre d’accepter. Il ne pouvait pas laisser la comtesse faire face seule ; pas s’il y avait la moindre chance de succès. Profitant de l’absence de Vaslot Worm du manoir, il avait préparé leur départ, sans avoir manqué de prévenir l’ancien Premier Apôtre, Oswald Brenwark. Plus grand monde ne lui parlait depuis sa déchéance. Il avait perdu son titre, son travail d’avocat, et même son fils adoptif, Silas, qui était passé à l’ennemi. Il avait eu l’air tellement misérable quand Silvestre l’avait vu qu’il n’avait pu s’empêcher d’avoir pitié de lui, malgré ses cachotteries et ses mensonges. Quand il lui avait annoncé son projet avec Divalina, le vieil homme, autrefois si fort, avait à peine réagi.

- Je vois… avait-il dit d’un air absent. Oui oui… très bien. Divalina doit redevenir complète… oui oui, c’est très bien…

- J’ai informé Dame Cosmunia de notre départ. Je regrette d’avoir à la laisser seule avec Worm et Izizi, mais je pense que c’est pour le mieux.

- Pour le mieux. Oui… pour le mieux…

Silvestre avait soupiré.

- Oswald, ça fait un an maintenant. Vous comptez rester ainsi jusqu’à la fin de vos jours ? Vous qui étiez un modèle de force et de droiture en toutes circonstances ? Vous avez fauté, et ça a eu de graves conséquences. Alors reprenez-vous, et rachetez vos fautes !

Ça avait eu l’avantage de tirer Brenwark de sa morosité, mais ce fut un regard noir qu’il lança à Silvestre.

- Je n’ai rien à racheter. Tout ce que j’ai fait, et tout ce que je n’ai pas fait… Tout ce que j’ai dit, et tout ce que je n’ai pas dit… Tout ça, c’était pour l’Innocence. Pour Erubin ! J’ai passé ma vie à la servir.

- Vous la serviez en cachant le fait que Marine Sybel était la nouvelle hôte d’Horrorscor ? Vous la serviez quand vous avez décidé de la protéger, en sachant très bien qu’elle était enceinte et que cet enfant serait un Enfant de la Corruption ?

- Je n’ai jamais cessé de la servir, à aucun moment. L’innocence, ce n’est pas ce que préconise Vaslot ou Eryl, à savoir se servir que de la force contre nos ennemis. L’innocence, c’est d’abord et avant tout la compassion. Marine Sybel était une victime, non une coupable. Tout comme Funerol. Ils ont été possédés et trompés par le Maître de la Corruption. Notre devoir de serviteurs d’Erubin était de tout tenter pour les sauver…

- Quand cesserez-vous de trouver des excuses aux serviteurs de la Corruption ? S’était exclamé Silvestre. Horrorscor ne peut pas imposer ses idéaux ; il ne peut que les insinuer petit à petit. Ceux qui ont succombé à ses paroles l’ont fait en toute connaissance de cause, comme Lady Venamia actuellement, comme votre fils Silas. La seule compassion dont vous auriez dû faire preuve envers Marine, c’était de mettre fin à ses jours.

Brenwark s’était alors renfermé dans sa dépression.

- Je n’ai pas de conseils à recevoir de quelqu’un qui n’était même pas là à l’époque, et qui a soutenu ce serpent de Worm quand il s’est agit de me déposséder. Vous vous rendez compte maintenant que le chemin qu’il veut nous faire emprunter est celui de la corruption, et vous voulez quitter le navire ? Grand bien vous fasse. Mais sachez qu’Eryl Sybel n’est pas différente de lui. Elle a beau être la Pierre des Larmes, c’est une attitude guerrière qu’elle a, et non une attitude d’innocence. Ce n’est pas la par la force des armes que nous vaincrons Horrorscor, mais par celle des larmes. De la même façon qu’Erubin a pu le vaincre la première fois : par l’amour et la compassion…

Silvestre n’avait pas sorti ces dernières paroles de sa tête alors qu’il quittait le manoir avec Divalina. Seules l’amour et la compassion pouvaient vaincre la corruption, et non la force. Son esprit logique lui disait que Brenwark était seulement naïf, quand la partie idéaliste qui l’avait fait s’engager chez les Gardiens avait envie d’y croire. D’ailleurs, n’était-ce pas ce que Divalina lui avait dit, plus tôt ? Qu’ils ne pourraient pas vaincre Jivalumi par la force, mais seulement en la convainquant de refaire partie d’elle ?

- Alors, où allons-nous ? Demanda Silvestre. À Hoenn ? Plusieurs rapports affirment que Jivalumi se trouveraient là-bas avec Fantastux pour lutter contre la Confédération Libre. Ou alors nous cherchons la base des Agents de la Corruption ? Celle de Dolsurdus a été détruite, donc…

- Nous allons à Sinnoh, l’interrompit la jeune femme. Quand elle a quitté mon corps, Jivalumi a pris possession de mon manoir familial. C’est là-bas qu’elle vit quand elle n’est pas avec les autres Agents ou en mission pour eux.

- Je serai ravi de visiter le Manoir Divalina, mais qu’est-ce qui vous fait croire qu’elle y sera, avec tout ce qui se joue ailleurs dans le monde ?

- C’est un Doppelganger. Même si elle est libre, elle ne peut pas contrevenir à sa propre nature. Pour continuer d’exister sans être rattachée à mon corps, il lui faut certaines choses.

- Comme ?

Divalina réajusta son ruban autour de sa tête avant de répondre :

- Navrée, mais ce sont des secrets sensibles de la famille.

- Vous croyez qu’il est temps d’avoir des secrets ? S’impatienta Silvestre. Nous sommes dans le même bateau, et étant donné notre adversaire, je crois que…

- Que je te le dise ou non ne changera rien, l’interrompit la comtesse. Tu as juste besoin de savoir que Jivalumi est obligée de revenir souvent au manoir, au moins une fois par semaine. Donc si par chance elle n’est pas là quand nous arriverons, nous prendrons position et préparerons sa venue.

- Voilà qui a l’air fort intéressant…

Silvestre se figea. Divalina aussi. Une voix onctueuse venait de se faire entendre dans l’ombre du grand parc du manoir. Une voix familière pour les deux Apôtres. Vaslot Worm, le Premier Apôtre d’Erubin et chef des Gardiens de l’Innocence, sortit de l’ombre d’un des grands arbres, un sourire aimable sur son visage, comme s’il était normal de croiser deux de ses confrères dans le jardin à cette heure ci. Silvestre grimaça. Il avait espéré être parti avant que Worm ne revienne.

- Chef Worm, dit Divalina d’un ton neutre. Vous aussi, vous aimez les petites virées dans le parc le soir pour respirer l’air frais ?

- Et comment, ma chère comtesse ! Acquiesça Worm. Cet endroit m’apaise toujours autant, surtout quand il est calme et vide…

- Dans ce cas, chef Worm, nous ne vous dérangerons pas plus longtemps, tenta Silvestre en reprenant le pas.

Depuis qu’il était entré chez les Gardiens, il n’avait jamais pu blairer ce Vaslot Worm, un espèce d’aristocrate tordu et dégoulinant de venin qui trempait dans toutes les sales combines possibles et imaginables. Il détenait une grande fortune personnelle et une influence telle qu’il était devenu le maître du monde clandestin de Kanto, c’est-à-dire le trafic de drogue, les maisons closes, les chasseurs de primes et autres joyeusetés. Ce qu’il y avait de plus ironique, c’était que Worm se servait de cette corruption généralisée qu’il entretenait au service de l’innocence même. Du moins, c’était ce qu’il affirmait.

Ancien rival du légendaire Premier Apôtre Dan Sybel, il avait été le frère de la femme de ce dernier, et donc l’oncle de Lyre Sybel, et d’Eryl aussi, en un sens. Comme Marine était sa sœur, évidement qu’il avait été dans le secret, comme Sybel et Brenwark. Mais à la demande de ces deux derniers, il n’en avait jamais parlé, jusqu’à tout révéler un an plus tôt pour faire tomber Brenwark et prendre sa place. Silvestre n’arrivait pas à dire si Worm était sincère ou non dans son désir de combattre le Marquis des Ombres - qui pourrait bien toujours être sa propre sœur Marine - ou s’il jouait un jeu complexe en étant au service d’Horrorscor. Il fallait dire qu’il n’attirait nullement la confiance, avec son visage à demi-masqué.

Silvestre ignorait pourquoi Worm se cachait la face gauche du visage, et ce qu’il y avait derrière cette partie de masque blanc. Ce n’était certainement pas pour faire fashion. Outre ce demi-masque, Vaslot Worm avait un visage blafard et toujours emprunt de malveillance. Ses cheveux noirs étaient longs et tombaient bien plus bas que ses épaules. Il portait toujours une cape bleue en soie, et avait toujours à la ceinture son espèce de baguette sertie d’un fragment de Lunacier, un métal très rare qui pouvait stocker et renvoyer toutes formes d’énergie.

- Vous avez donc décidé de nous quitter, tous les deux ? Leur demanda Worm.

Silvestre ne demanda même pas comment il était au courant. Il y avait peu de choses que Vaslot Worm ignorait.

- Nous ne nous en sommes pas cachés, se défendit Silvestre. Je l’ai annoncé à Dame Cosmunia, et même à Oswald, par politesse.

- Délicate attention. Mais Dame Cosmunia et Brenwark ne sont pas Premier Apôtre. Moi si. J’aimerai bien être informé à l’avance de la démission de deux de mes Apôtres, sans avoir à les surprendre en pleine nuit, filant comme des voleurs…

- Nous vous pensions absent. Nous avons laissé le soin à Dame Cosmunia de vous en informer à votre retour. Notre voyage est… pressent.

- Je vois, sourit Worm. Vous devez être en effet très pressés d’aller vous prosterner devant cette soi-disant reine qui détourne nos idéaux pour sa propre image.

- Où nous allons et ce que nous allons faire ne vous regarde en rien, chef Worm, intervint Divalina, sans agacement aucun, juste comme si elle énonçait la météo. Les Gardiens de l’Innocence, même les Apôtres, ont toujours été libres de démissionner s’ils le voulaient.

- C’est le cas, comtesse, mais nous vivons des heures dangereuses. À vous entendre, vous comptez vous mettre en chasse de Jivalumi, ce qui est le meilleur moyen de connaître une mort rapide et douloureuse. Ou pire… les Agents pourraient vous capturer et vous extorquer des informations.

- Et qu’est-ce que nous pourrions leur apprendre qu’ils ignorent déjà au juste ? Demanda Silvestre d’un ton cassant. Ils ont Silas dans leur rang, qui sait tout de nous. Et j’imagine que vous avez dû pas mal les renseigner également, quand vous avez… fait « semblant » d’être des leurs pour les espionner.

- Vous êtes injuste, Silvestre. Je m’inquiète seulement pour vous, et pour la sécurité des Gardiens que je suis censé assurer.

- Et nous vous souhaitons bonne chance dans cette tâche, conclut Silvestre. Au revoir, Vaslot. Nos petites joutes verbales me manqueront, mais vous, certainement pas.

Et il quitta le manoir sans se retourner, Divalina à ses cotés. Dans l’ombre, Vaslot Worm resta un moment immobile, affichant un sourire sinistre en regardant les deux anciens Apôtres partir.


***


Depuis le début de l’invasion de la région, le Mont Chimnée d’Hoenn était devenu le lieu de rendez-vous entre les deux derniers Agents de la Corruption sur place pour aider les forces de Venamia, et Vrakdale qui leur transmettait les ordres du Marquis des Ombres. Fantastux et Jivalumi avaient toujours fait équipe. Lui, le Pokemon Spectre qui amenait tout au néant, et elle, la créature faite d’ombre qui propageait la destruction. Ils fonctionnaient bien tous les deux, malgré le fait qu’ils ne s’entendaient pas vraiment.

Les deux autres paires parmi les Agents avaient été Slender et Mister Smiley, puis Vrakdale et Lilwen. Sauf qu’aujourd’hui, Slender et Smiley étaient morts, et Lilwen les avait quitté pour un autre maître. Quant à Vrakdale, plusieurs rumeurs étranges étaient parvenus aux oreilles de Fantastux et de Jivalumi, depuis un an, comme quoi il aurait trouvé la mort lors de la bataille du Pilier Céleste, qui a débuté la Guerre Mondiale. Pourtant, Vrakdale donnait toujours ses instructions de façon régulières à ses deux sbires. De plus, Jivalumi ne voyait pas comment un homme comme lui pourrait être tué.

Arrivés au point de rendez-vous, à l’intérieur du volcan, non loin d’une piscine de lave, les deux Agents de la Corruption attendirent l’arrivée de Vrakdale. Depuis un an, ils étaient stationnés ici, à Hoenn, avec les Sept Démons Majeurs. Ils avaient d’abord entrepris de conquérir la région, sans que rien n’y personne ne puisse les arrêter. Mais voilà que depuis six mois, Erend Igeus avait rassemblé toute sa Confédération Libre pour reprendre une partie de la région. Depuis, les deux camps se livraient une guerre d’usure, chacun campant sur ses positions.

Jivalumi ne comptait plus le nombre de fois qu’elle a du affronter ces moucherons ennuyeux de la X-Squad, ce Pokemon surpuissant du nom de Mewtwo, ou encore même la garde rapprochée d’Igeus, l’unité DUMBASS. Mais elle n’était pas lassée, bien au contraire. Jivalumi ne vivait que pour le combat. Lutter contre des adversaires puissants lui donnait la certitude qu’elle existait. Et exister lui donnait envie de détruire. Fantastux commençait à en avoir assez des combats, et souhaitait revenir aux cotés de Vrakdale à Johkan, mais ça ne dérangerait pas Jivalumi de rester indéfiniment ici.

Finalement, la silhouette de Vrakdale arriva, quelque minutes plus tard. Toujours habillé de son blouson en cuir à haut col monté, son visage ravagé par les brûlures dissimulé sous un chapeau, et son corps entier toujours fumant. Vrakdale était physiquement là, et aussi vivant que toujours. Jivalumi ne voyait pas d’où pouvaient provenir ces rumeurs absurdes concernant sa mort.

- Bonjour, mes amis, dit Vrakdale de sa voix rauque.

- Seigneur Vrakdale, Fantastux en a marre de cette région, commença à se plaindre le Pokemon. Fantastux en a marre de se prendre des coups de ces fichus Mélénis. Les Démons Majeurs s’en sortent très bien sans nous. Pourquoi ne pas les laisser terminer…

Vrakdale leva la main, le faisant taire.

- J’ai quelque chose d’important à vous dire aujourd’hui. Je crois qu’il est temps que vous sachiez la vérité, vu que vous êtes les deux derniers des Agents originaux…

Il écarta les bras, et son visage fondu s’étira en un affreux sourire.

- Je ne suis pas Vrakdale. Vrakdale est bel et bien mort il y a un an, à Hoenn.

Jivalumi et Fantastux échangèrent un regard perplexe, avant de retourner à leur interlocuteur.

- Qu’est-ce que cela signifie ? S’exclama Jivalumi. Qui êtes vous alors ?!

- Oh, mais vous me connaissez. J’aimais bien vous charrier avant, avec mes blagues enfantines.

La silhouette de Vrakdale se troubla, pour se changer en quelqu’un d’autre. Un individu drapé d’un manteau à capuchon, qui portait un masque jaune et souriant. Jivalumi et Fantastux en tombèrent des nus.

- S-Smiley ? Balbutia Fantastux. Tu… tu étais vivant ?

- On ne peut plus vivant. Pardonnez-moi d’avoir eu recourt à une telle supercherie, mais la situation nécessitait que vous continuiez d’obéir à Vrakdale comme si de rien n’était. Vrakdale a toujours été la voix du Marquis… du moins pour vous. Mais en réalité, les ordres qu’il vous transmettait venaient de moi. Je me suis toujours fait passer pour le Marquis à ses yeux, il n’y a vu que du feu.

Mister Smiley retira son masque, laissant apparaître un jeune et beau visage d’un homme à la peau mâte et aux yeux violets rieurs. Son sourire semblait même être tout droit tiré de celui de son masque.

- Permettez-moi de me présenter dans les formes. Je suis Silas Brenwark, le bras droit du Marquis des Ombres, et son porte-parole. Mais vous pouvez continuer à m’appeler Mister Smiley. C’est l’identité que je me suis forgée, après tout, et elle me caractérise bien, à moi, la Moquerie.

- Brenwark… Comme le chef des Gardiens ?! Cracha Jivalumi.

- Ex-chef, mais oui, c’est mon père. Enfin, mon père officiel seulement. Mon vrai géniteur était Funerol, le 34ème Marquis des Ombres.

- Attendez voir attendez voir… fit Fantastux d’un air excité. Vous voulez dire que le Marquis des Ombres actuel, c’est toujours Funerol ?!

- Non. Funerol est bel et bien mort. Mais vous n’avez pas besoin de connaître l’identité du Marquis. Le Marquis est le Marquis, la voix d’Horrorscor, notre maître à tous. Qu’importe qui il a pu être. Mon amie et moi, nous le représentons, et désormais, nous nous adresserons à vous sans entourloupe.

- Votre amie ? Demanda Jivalumi, suspicieuse.

Silas fit un signe, et une seconde personne apparut. Une femme cette fois, aux cheveux violets et aux yeux bruns. Fantastux poussa un couinement en la voyant, et Jivalumi se dressa, prête à déchiqueter de la chair et des os.

- Eryl Sybel, la Reine de l’Innocence ! S’exclama-t-elle.

- Raté, sourit Silas. Je conçois que la ressemblance soit troublante, mais tâchez de sentir son aura deux minutes. Je vous assure que ce n’est pas l’innocence d’Erubin que vous sentirez, mais bien les effluves d’une corruption plus pure que toutes celles que vous aurez pu sentir !

Toujours prêts à attaquer, les deux Agents de la Corruption firent toutefois comme Silas le leur dit. Quelle ne fut pas leur surprise quand, effectivement, ils sentirent en ce sosie d’Eryl Sybel une corruption si énorme qu’elle semblait venir d’Horrorscor lui-même.

- Fantastux ne comprend pas, avoua le Pokemon Spectre. Qu’est-ce que ça veut dire ? Qui est cette humaine, et pourquoi possède-t-elle une aura aussi corruptrice ?

- Je suis Lyre Sybel, se présenta elle-même la jeune femme. Celle que vous appelez Eryl n’est rien d’autre qu’une incarnation de la Pierre des Larmes, qui a pris forme humaine grâce aux pouvoirs de Silas ici présent. Moi, je suis l’originale, la vraie fille de Dan Sybel, le plus grand des Apôtres d’Erubin. Et tout comme Silas, je suis un bras droit du Marquis. Je vous ai souvent parlé, derrière le masque de Smiley. Silas et moi, on se le partageait en fonction des moments.

- Ça ne répond pas à la seconde question, dit Jivalumi. Qu’êtes-vous, au juste ? Un humain normal ne peut pas dégager autant de corruption.

- Je suis une Enfant de la Corruption.

Jivalumi et Fantastux, éberlués, reculèrent en même temps, comme si Lyre venait d’avouer être un cafard mutant à trois têtes.

- Une… une… Enfant de… balbutia Fantastux. C’est… c’est interdit ! C’est mal ! C’est très très très mal…

Fantastux était un Agent de la Corruption depuis très longtemps, et il en avait donc connu, des Enfants de la Corruption, et pour chacun d’entre eux, il en gardait des souvenirs très peu agréables. Instables, incontrôlables et dotés de pouvoirs tout bonnement effrayants ; voilà ce qu’étaient les humains qui étaient nés d’un parent possédé par Horrorscor. L’enfant recevait alors, dans son ADN, une partie d’Horrorscor, comme si le Maître de la Corruption avait lui-même enfanté l’enfant, et de ceci découlait une mutation unique de ses pouvoirs ou de ses caractéristiques.

- Comment cela a-t-il pu arriver ? Demanda Jivalumi. Les Marquis des Ombres ont interdiction d’enfanter. C’est le Seigneur Horrorscor en personne qui l’a décidé !

En effet, Horrorscor lui-même craignait les Enfants de la Corruption, ce qui n’était pas peu dire. Ils étaient un peu ses créations, mais des créations dotées d’un pouvoir qu’il ne pouvait comprendre.

- Ma mère était enceinte depuis peu quand Horrorscor trouva refuge dans son corps, expliqua Lyre. Au lieu de la tuer comme il l’aurait dû, en bon Premier Apôtre qu’il était, mon faible de père tenta de la sauver en recherchant la Pierre des Larmes. Le Marquis des Ombres m’a enseigné, depuis toute petite, la loyauté envers le Seigneur Horrorscor. J’ai beau être une Enfant de la Corruption, vous n’avez rien à craindre de moi, chers camarades.

Cette assurance ne rassura que moyennement les deux Agents. Ils étaient un peu déboussolés par cette succession de révélations. C’était si simple quand ils ne devaient rendre des comptes qu’à Vrakdale. Mais d’un autre coté, ils étaient ravis de pouvoir servir au plus près le Marquis, avec donc un intermédiaire de moins.

- Pourrons-nous rencontrer le Marquis des Ombres ? Demanda Fantastux avec espoir. Ce serait un immense honneur…

- Ça se fera sûrement, en temps et en heure, répondit Silas. Le Marquis m’a envoyé transmettre un message à Jivalumi ; un message qui risque de lui plaire…

Le Doppelganger lui accorda toute son attention.

- Le Marquis a appris que deux des Apôtres d’Erubin se rendaient à Sinnoh, dans ton manoir, pour tenter de te vaincre, ou plus précisément, de te forcer à revenir auprès de ta maîtresse originelle. Et bien sûr, l’un des deux Apôtres n’est nulle autre qu’elle. Le Marquis n’est pas sans savoir que tu rêves de régler tes comptes avec Divalina. Il t’a accordé quelque jours de repos, pour que tu puisses rentrer à Sinnoh et… l’accueillir avec égard.

Les lèvres de Jivalumi se retroussèrent en un terrible sourire, laissant voir ses dents sauvages et acérés.