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Pokemonis T.2 : L'embrasement de l'Aura de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 22/03/2017 à 08:30
» Dernière mise à jour le 28/02/2018 à 00:19

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Science fiction

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Chapitre 4 : G-Man illégal
Kashmel



Depuis que Furaïjin et moi étions arrivés à Axendria, nous logions chez Stuon, sans trop sortir. Nous avions certes pu tromper la vigilance des gardes de la cité, mais il y avait ici, à la Citadelle, de hautes personnalités de l’Empire qui auraient pu sans mal nous reconnaître. Pas spécialement les militaires, non. Le plus gros de l’Armée Impériale était positionné à Koruuki, la forteresse du Général Légionair, le commandant en chef de l’armée. Ils étaient trop occupés à chercher la base Paxen à travers tout l’Empire, et la protection de la capitale dépendait essentiellement des Nettoyeurs, la milice punitive de Scalpuraï.

Je l’avais déjà croisé lors d’un combat, ce sacré Pokemon. Je lui devais une ou deux de mes cicatrices sur le visage. Bien qu’il aime traquer les opposants à l’Empire et autres personnes recherchées partout où il pouvait, Axendria restait son terrain de chasse favori. Selon les renseignements de Stuon, Scalpuraï et le gros de ses Nettoyeurs étaient revenus à la capitale il y a une semaine. Je ne tenais pas spécialement à le rencontrer au détour d’une ruelle, bien qu’un membre de la Trigarde comme lui devait passer le plus clair de son temps au Palais, à protéger la salle du trône avec ses deux autres compères.

Mais il n’y avait pas que Scalpuraï qui aurait pu nous reconnaître, Furaïjin et moi. Pas mal de G-Man savaient qui j’étais. C’était un juste retour des choses, vu que moi-même, j’en savais sur eux plus que je ne l’aurai voulu. À cause de mon histoire personnelle avec eux, mais aussi du fait de mes recherches. Avant de commencer à lancer mon plan, je voulais tout savoir de l’Ordre G-Man actuel dans la capitale, et même dans les autres cités impériales. La connaissance était la base de tout, et je ne voulais rien laisser au hasard. Avec l’aide de Stuon donc, mon partenaire Pokemon et moi étudions toutes les familles G-Man et leurs membres actuels, ainsi que leurs opinions politiques. C’était de la plus haute importance. Il fallait savoir lesquels il faudrait rallier, lesquels il faudrait acheter, et lesquels il faudrait tuer.

- Argoin, Fushard, Nedros, Olviterus, Psuhyox, Raktalin, marmonnai-je tout en barrant les noms de mon stylo. Toute la garde rapprochée du Grand Maître Irlesquo. Tous des futurs cadavres, eux et leurs familles…

- Reste cool, tu veux ? Me dit mon ami Stuon tandis qu’il peignait un tableau censé représenter un lac. La fille Nedros, Lady Liluette, est une gentille jeune fille qui n’a pas encore été contaminée par la pourriture qui émane de son père. Puis c’est une G-Man de Ténéfix !

- Et ça change quoi ?

- Ça change qu’elle peut dénicher des pierres précieuses comme toi tu déniches les cicatrices et les fractures. Il suffit que je l’épouse, et je serai un homme riche !

- Tu l’es déjà non ? Remarqua Furaïjin. Et puis, si je compte bien, c’est la quatrième G-Man que tu affirmes vouloir épouser.

- Et alors, où est le mal ? Aucune loi impériale n’interdit la polygamie des G-Man, si on y réfléchis bien. On est seulement tenu à ne faire qu’un ou deux gosses.

Je ne répondis pas à ça. Je savais très bien que Stuon était un coureur de jupon expérimenté, mais qui la plupart du temps entretenait cette manie du fait de son job de réunir des renseignements sur tel ou tel G-Man. Les femmes G-Man, frivoles et narcissiques, avaient tendance à être très bavardes quand un bel homme distingué et célibataire comme Stuon leur montrait des attentions.

- Ces familles là sont celles qui ont toujours gravité autour de Xanthos comme des mouches avides, lui dis-je. C’est la base même de la gangrène de l’Ordre G-Man. Il faut que leurs noms soient effacés de l’Histoire, à tout jamais, si on veut refonder un ordre sain.

- Bah, si Lady Liluette m’épouse, elle prendra mon nom, donc ça ira.

- Sois un minimum sérieux, veux-tu ?

- Je le suis, répliqua Stuon en posant son pinceau. Tu ne peux pas éliminer tous les jeunes G-Man à cause de leurs parents et de leurs noms. De plus en plus, les lignes bougent dans la mentalité de l’Ordre, et c’est du fait de la jeune garde. Un G-Man n’est pas pourri de naissance ; il le devient seulement peu à peu. Et tu auras encore besoin de certains grands noms pour rebâtir l’Ordre ensuite.

Stuon faisait souvent office de voix de la raison quand j’avais tendance à un peu trop m’emporter contre les G-Man. Il fallait préciser que je les méprisais cordialement, et que si j’avais le pouvoir de tous les éliminer d’un coup, je le ferai, même si je n’avais pas fait le tri avant entre les bons et les mauvais.

- Un G-Man est un G-Man, qu’importe son nom, répliquai-je. Si on doit établir une hiérarchie entre eux, elle ne devrait se faire que sur la puissance et l’ADN du Pokemon qu’un G-Man possède, pas à cause de vieux noms. Qui est, selon toi, le G-Man le plus puissant actuellement ?

- Euh… j’en sais foutre rien, mon vieux ! Nous faisons des fêtes et des réceptions entre nous, pas des tournois !

- Bon, alors lequel est G-Man du Pokemon le plus rare et puissant ?

Stuon réfléchit un moment, se grattant le menton avec le bout de son pinceau.

- Je dirai Lord Gilthis, le frère cadet de Lord Manguet. Il est G-Man de Togekiss.

- Et quelle est la place de Lord Gilthis dans l’Ordre ?

- Inexistante. Il n’est que le cadet d’une maison moyenne.

- Et le Grand Maître Irlesquo ? Il est le G-Man de quoi ?

Je le savais très bien, évidement, mais j’avais besoin que Stuon le dise pour ma démonstration.

- D’Insolourdo, oui, acquiesça Stuon. Sans doute le Pokemon le plus inutile de toute la création. Mais si un seul G-Man s’avise de se moquer du Grand Maître à cause de ça, je peux t’assurer qu’il ne fera pas de vieux os.

- Je n’en doute pas…

Et pour cause ; je connaissais assez bien Bradavan Irlesquo. Nous partagions une histoire commune assez désagréable, qui était d’ailleurs la première cause de ma haine contre l’Ordre G-Man.

- Il faudrait que vous trouviez le G-Man d’un Pokemon Légendaire, intervint mon partenaire Furaïjin. Il ferait immédiatement office de leader pour l’Ordre.

- Y’a plus eu de G-Man de légendaires depuis le grand Sacha Ketchum lui-même, si ce n'est un certain rondouillard vieillissant qui se reconnaîtra, fit Stuon. Et plus ça va, plus les G-Man ont des ADN de Pokemon du commun. À croire que se reproduire exclusivement entre nous, ça n’a pas que du bon, finalement. Y’avait bien plus de G-Man puissants et rares à l’époque où nous nous marions avec de simples humains. Irlesquo se veut être le descendant de Ketchum, mais si notre sacré G-Man de Ho-oh voyait sa descendance actuelle, il aurait peut-être mis fin à ses jours avant d’enfanter.

- Et les enfants d’Irlesquo ? Demandai-je en fouillant dans la masse de papiers. Que sont-ils devenus ?

La dernière fois que j’étais venu fouiller dans la capitale, il y a dix ans, le Grand Maître avait deux gosses ; une fille adolescente visiblement très prometteuse, et un tout jeune gamin qui à l’époque n’avait pas encore montré de pouvoirs. Car oui, même en se mariant qu’entre G-Man, ce n’était pas dit que leurs enfants en soient à leur tour. Les couples G-Man qui avaient la malchance d’engendrer un enfant non G-Man étaient obligés de l'exécuter. Car même s’il naissait sans pouvoir, un enfant de G-Man pourrait transmettre ce don à sa propre progéniture. En contrepartie, le couple G-Man malheureux était autorisé à faire un autre enfant.

- Eh bien, Lady Meika est devenue ce qu’elle était destinée à devenir, répondit Stuon. Une grande et puissante G-Man, influente et respectée. Ce sera elle qui prendra la place de son père, car son jeune frère, on ne le voit que très peu, et il ne semble pas porter sa famille dans son cœur. Il se veut être le chef d'une espèce de petit groupe de jeunes G-Man érudits qui entendent modifier en profondeur la politique de l'Ordre. Si tu cherches de possibles membres de Lance, je te conseille d’aller fouiller de son coté.

- Lance ? S’étonna Furaïjin. Comme le Maître G-Man qui a précédé Sacha Ketchum ?

Stuon hocha la tête. J’écoutai avec la plus grande attention.

- C’est une organisation secrète, nous expliqua le G-Man, qui a le même nom que le Maître Peter Lance, qui fut un opposant à Xanthos avant que Ketchum ne le destitue. Ce groupe rassemblerait quelques G-Man de la capitale et d’ailleurs qui seraient partisans d’une petite révolution au sein de l’Ordre. Des jeunes idéalistes qui voudraient se couper de l’Empereur et être égaux avec les humains normaux. Bon, pour l’instant, ils ne font que discuter entre eux, lors de réunions clandestines. Ils ne sont pas encore passés à l’action, et peut-être même qu’ils ne le feront jamais, mais si tu comptes provoquer un shiisme dans l’Ordre, cette info pourrait peut-être t’intéresser, mon vieux Kashmel.

- C’est le cas, acquiesçai-je. Tu sais qui en sont membres ?

- J’ai deux trois noms, mais seulement des soupçons, rien d’officiel. C’est pas d’un truc dont nous parlons à haute voix, si tu vois ce que je veux dire. Si l’Empereur apprenait que certains G-Man complotent contre lui, même les plus belles courbettes d’Irlesquo ne sauveront plus l’Ordre de sa colère. J’ai essayé d’y entrer, de me créer des contacts, en laissant entendre aux bonnes oreilles que moi aussi, je suis pour l’égalité et la liberté des humains. Mais je n’ai encore eu aucune réponse. Étrangement, mes frères et sœurs G-Man semblent se méfier de moi.

- Ou peut-être qu’ils te jugent trop inutile pour faire partie de quoi que ce soit, dis-je.

- Que tu es blessant ! Tu dis ça à cause du Pokemon dont je partage l’ADN ? Tu n’es qu’un pauvre ignorant qui ne sait rien de la toute puissance du Queulorior ! C’est le seul Pokemon au monde capable de lancer toutes les attaques existantes ! Même Mew ne pourrait pas copier l’attaque Jugement d’Arceus le Père, alors que Queulorior si ! Et de plus, ce Pokemon à l’âme d’un artiste ! C’est l’arme la plus puissante de toute !

- Mouais mouais, si tu le dis…

Je m’étais souvent moqué de Stuon à cause de sa branche d’ADN venant de Queulorior, un Pokemon qui pourrait rivaliser d’inutilité avec l’Insolourdo du Grand Maître Irlesquo. Mais il était vrai que ce sacré Stuon avait réussit l’exploit de pouvoir tirer quelque chose de ses pouvoirs. Sa seule capacité était de copier les attaques adverses grâce à sa seule et unique attaque, Gribouille. Une fois l’attaque « gribouillée », Stuon pouvait la réutiliser à volonté, quelque soit son type et sa puissance.

Et ce faux-jeton de Stuon Jarminal trouvait toujours moyen de dérober à ses connaissances G-Man des attaques particulièrement redoutables. Il devait en avoir un bon paquet maintenant, car contrairement à Queulorior qui ne pouvait apprendre qu’un nombre limité de Gribouille, Stuon n’avait pas cette limitation. En fait donc, ce G-Man dandy et plaisantin devant l’éternel était très dangereux. Mais bien évidement, pour pouvoir passer inaperçu et inoffensif auprès des siens, afin de les espionner, il ne montrait jamais ses réelles capacités.

- Il serait intéressant de pouvoir infiltrer cette organisation Lance, me dit Furaïjin. Ils pourraient nous être utiles, et il ne faudrait pas non plus qu’ils agissent en même temps que nous et nous dérangent.

Je hochai la tête. Avant de lancer mon plan, il me fallait tout savoir du paysage actuel de l’Ordre, même sa face dissimulée.

- Moi, ça me sera difficile, comme j’ai dit, reprit Stuon. On me prend pour un original indolent, et personne n’aurait l’idée de me convier dans un groupe de révolutionnaires, qui doit être composé que de jeunes. Mais c’est là que la personne dont je vous ai parlé peut entrer en jeu. Tu veux une taupe pour infiltrer l’Ordre au plus prêt et te lier aux G-Man rebelles ? Ce gamin est l’outil parfait.

Stuon nous avait effectivement parlé d’un possible G-Man bâtard qui trainerait dans la ville basse, aux ordres d’un Pokemon truand de haut niveau. Ça m’avait surpris. Pas qu’il exista un bâtard G-Man en liberté ; ça arrivait parfois. Mais c’est surtout son âge qui était étonnant. Selon Stuon, cet enfant devait bien avoir quatorze ans. C’était un adolescent. Qu’un G-Man illégal ait pu survivre si longtemps à la capitale était impressionnant, quand on savait le zèle que mettaient les Nettoyeurs à éradiquer le moindre G-Man qui sortait du lot. Mais Stuon n’avait pas pu se tromper. Un G-Man pouvait facilement repérer un autre G-Man, grâce à l’Aura. C’est ainsi que Stuon aurait remarqué ce jeune garçon, alors qu’il était descendu dans la ville basse pour ses petits marchandages.

- Aucune idée de quel G-Man ce bâtard est le fils ? Demandai-je.

- C’est pas vraiment un truc dont on se vante en public si on tient à la vie, sourit Stuon. Surtout que c’est mal vu à présent pour un honorable seigneur G-Man de coucher avec une esclave, donc si on apprend qu’il a laissé la mère ou l’enfant s’échapper, c’est un homme mort. Mais tu peux barrer un nom de ta liste de possibilités : le mien. Je ne couche pas avec les humaines. Jamais.

De ça, j’en étais sûr, même en connaissant l’appétit de mon ami pour les femmes. Coucher avec une esclave impliquait forcément de la tuer après, et ça, Stuon en aurait été incapable.

- J’avais envisagé l’idée de le recruter et de le former pour les Paxen, dis-je, mais s’amuser à l’infiltrer dans l’Ordre ? C’est un peu risqué, s’il n’y a jamais mis les pieds. Et imagine que son père, quel qu’il soit, le reconnaisse ?

- Je doute que cela arrive. Ce garçon est albinos. Cheveux blancs, peau très claire, yeux rouges. Je ne pense pas qu’un de nos G-Man puisse le reconnaître comme fils. Et même si ça arrivait, il ferait bien évidement en sorte de ne pas la connaître, question de survie. Quant à l’infiltrer dans l’Ordre… ça, je peux m’en charger. Il suffit de lui inculquer tout ce qu’il y a à savoir, en prétendant qu’il vient d’une autre cité impériale. Enfin, tout ceci est hypothétique pour le moment. On ne sait rien de ce gosse, quel est son ADN Pokemon, et même s’il a conscience de ses pouvoirs.

- Je vais aller à sa rencontre prochainement, annonçai-je. Un G-Man pur, qui n’a pas encore été souillé par l’Ordre actuel, est une bénédiction.

Il était vrai qu’avoir un G-Man dans les rangs Paxen aurait été appréciable. Mais j’avais aussi une autre raison, plus personnelle. Ce garçon albinos était un bâtard, un G-Man illégal. Il avait été engendré par un père indifférent et une mère esclave promise à la mort, et toute sa vie n’avait sûrement été que fuite et cachette. Son sort me touchait, car je savais très bien que ce que les gamins comme lui avaient dû endurer. Que trop bien même…


***


Immotist




L’enquêteur que l’Empire avait envoyé dans mon antre pour vérifier que je n’avais rien à voir avec le vol des pierres précieuses était un sinistre idiot. Mais bon, il est vrai que je disais cela de la plupart de mes congénères Pokemon. C’était sans doute parce j’étais moi bien plus intelligent que la moyenne, et donc je devais trouver tout le monde stupide en comparaison. Mais il n’en restait pas moins que ce Coudlangue était un exemple de bêtise. J’étais habitué à manœuvrer avec les représentants de l’Empire, à les acheter, à les menacer, et parfois même à les hypnotiser avec mes pouvoirs. Mais avec lui, rien de tout ça s’était révélé nécessaire. J’avais pu lui faire gober tout ce que je voulais !

- Ah, je savais que c’était une perte de temps de venir ici, soupira l’inspecteur Coudlangue. Il est évident que vous n’avez rien à vous reprocher, messire Immotist. Votre association caritative pour les humains sans maître et les Pokemon sans emploi fait tant de bien à Axendria, que je regrette d’avoir dû vous interroger.

Je souriais largement devant la crédulité de cet imbécile, mais heureusement, ça ne se voyait pas, car mon visage, derrière mon masque pharaonique avait toujours la même expression. C’était bien la première fois qu’on qualifiait ma vaste mafia souterraine d’association caritative. Mais après tout, c’était une couverture comme une autre, et puis somme toutes, ce n’était pas totalement un mensonge non plus. J’aidais bel et bien les humains et Pokemon à la rue ; je leur offrais un travail : voler et corrompre pour moi.

- Mais je vous en prie, inspecteur, c’est tout à fait naturel, répondis-je d’un ton amical. Vous devez chercher partout pour retrouver les coupables de cette immonde forfaiture. Voler ainsi les pierres précieuses destinées à la statue du Seigneur Protecteur Xanthos, loué soit son nom et sa mémoire… Les criminels n’ont plus aucune morale !

- Hélas, c’est bien vrai, acquiesça le Coudlangue. S’en prendre à une si haute image de l’Empire est un crime très grave, plus que le simple vol. Des têtes sont déjà tombées, et vont continuer de tomber si on ne trouve pas rapidement les coupables. La dame Morphesia prend cette affaire très à cœur. C’est l’honneur même de l’Empire qui a été bafoué !

- Assurément, assurément ! M’écriai-je de façon théâtrale. Je prie pour que vous retrouviez ces infâmes bandits. Comme mon… association opère principalement dans la ville basse, elle a de nombreux contacts et apprend beaucoup de choses. Soyez certain que si j’ai le plus petit indice concernant cette affaire, vous en serez le premier informé, inspecteur.

- Je vous remercie pour votre coopération. C’est si rare de nos jours, un Pokemon désintéressé comme vous qui a à cœur l’Empire et l’intérêt général…

- Je ne fais que mon devoir de citoyen impérial, à la hauteur de mes modestes moyens, lui assurai-je de façon humble.

Quand Coudlangue eut quitté ma planque, je ne pus m’empêcher de ricaner. Soit la police impériale m’avait envoyé son inspecteur le plus naïf pour ne pas tâcher de m’offenser dans son enquête, soit l’Empire était réellement en manque sérieux de moyens et d’effectifs. J’avais éloigné Six pour plus de sécurité, sachant très bien que l’Empire allait débouler un jour ou l’autre, mais il aurait très bien pu rester sans n’avoir rien à craindre de cet imbécile heureux de Coudlangue. Ça veut dire que l’Empire ne soupçonne aucunement que je possède un bâtard G-Man. Dans le cas contraire, s’il avait eu le moindre soupçon, ça aurait été les Nettoyeurs qui se seraient pointés devant ma porte à la place de ce Coudlangue.

- Père, le flic de l’Empire est parti ?

Mon fils, Phamôme, m’avait rejoint dans mes appartements en traversant la porte. Une habitude qui ne cessait de m’agacer.

- Et s’il n’était pas parti, sombre idiot ? Répliquai-je avec agacement.

- Eh bien dans ce cas, il serait toujours là non ?

Je secouai la tête. J’avais beau être extrêmement riche et posséder une influence telle que quasiment toute la ville basse me mangeait dans la mains, j’avais un défaut : mon fils était un idiot. Je l’appelais fils, et lui père, mais techniquement, ce n’était pas vraiment le cas. Un Pokemon Spectre comme moi ne pouvait pas me reproduire biologiquement. C’était une question d’âme, d’esprit et d’incarnation. Pour créer Phamôme, j’ai scellé une âme errante dans une coiffe mortuaire antique, imprégnée de pouvoirs spectraux. C’est ainsi que j’étais né moi aussi, il y a très exactement quatre cent vingt-six ans. J’étais moi aussi un Phamôme avant que je n’évolue en Immotist. J’avais hâte que mon fils puisse évoluer à son tour ; ça le débarrasserait peut-être d’une partie de sa crétinerie chronique.

- Aucun souci à propos des joyaux ? Me demanda-t-il. L’Empire ne vous soupçonne pas ?

- Ce Coudlangue, certainement pas. Il ne pourrait même pas soupçonner un Paxen de préparer un attentat contre des impériaux. Mais peut-être que dans les hautes sphères, il y a quelque Pokemon avec deux trois neurones qui se doutent que c’est moi qui ait fait le coup. Mais alors, il y a deux options : soit je les ai déjà arrosés de jails, et ils ne vont rien tenter contre moi, soit ils ont trop peur de mon influence, et ils ne vont rien tenter non plus. Cet Empire est pourri de l’intérieur, Phamôme. La preuve : un simple criminel comme moi a pu en corrompre une grande partie et infiltrer nombre de ses infrastructures.

Ah ça oui, l’Empire Pokemonis était un modèle de corruption, surtout depuis la disparition du Seigneur Protecteur Xanthos. Sa Majesté l’Empereur ne sortait jamais de son palais et ne se préoccupait de rien, laissant à ses serviteurs le soin de diriger à sa place. Et ce sont ces mêmes serviteurs qui s’arrondissaient leurs fins de mois derrière son dos grâce à des Pokemon comme moi. Combien de temps ça allait durer avant que tout ne s’effondre ? Je n’en savais rien, mais chaque soir, je marmonnais une petite prière à l’attention de Lyrrorscor, Déesse de la Corruption, pour que ça puisse durer le plus longtemps possible.

- Au fait père, je n’ai plus vu Six depuis deux jours. Il ne s’est pas fait tuer, dîtes ?

Il y avait une réelle inquiétude derrière la question de Phamôme, mais certainement pas parce que mon fils tenait à Six. Non, c’était plutôt parce que le garçon était son souffre douleur préféré.

- Non, je l’ai envoyé à l’Atlas de la Connaissance. Un ancien contact m’a demandé de lui louer un humain pour étude.

- Je vois. Rien à voir avec le vol des joyaux alors ?

Sa question me perturba. Phamôme ne savait rien de la réelle nature de Six. C’était tellement risqué d’avoir avec soi un G-Man illégal que je ne faisais même pas confiance à mon fils pour garder ce secret. Et donc évidement, je n’avais dit à personne que c’était Six qui avait volé les joyaux. Si je voulais continuer à profiter de ses pouvoirs, il fallait que personne ne suspecte qu’il puisse avoir des capacités spéciales.

- Qu’est-ce que les joyaux ont à voir avec Six ? Demandai-je d’un air méprisant. C’est moi qui les ai volés, en passant outre le système de sécurité de Cryptero.

- Bien sûr père. Je me demandais juste… parce que Six, il a d’étonnantes capacités pour le vol et pour s’échapper des situations périlleuses.

- C’est un humain utile. C’est ce pourquoi je le garde malgré son âge, et malgré sa mère qui m’a trahi et volé. Maintenant, si tu as fini de me parler de ces humains puants, retourne donc à tes tâches. Je veux que le comptable de Maraïsto et associés soit acheté avant demain. Leur société prépare le rachat de Grulstang S.A. Avec leur comptable dans notre poche, les bénéfices iront faire un petit détour chez nous.

- Oui père. Ce sera fait.

Phamôme se retira docilement. Même si j’étais un Spectre et qu’il était mon fils, je ne pus deviner le sourire sinistre qu’il cachait derrière ses bandelettes, ni entendre ses pensées acerbes :

- C’est ça, fous-toi de moi, le vieux. Je sais très bien ce qu’est Six. Et je vais me servir de cette info pour te faire tomber et prendre ta place !