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Pokemonis T.2 : L'embrasement de l'Aura de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 08/03/2017 à 09:21
» Dernière mise à jour le 28/02/2018 à 00:07

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Science fiction

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Chapitre 3 : Sujet d'étude
Six



La réussite du vol des pierres précieuses du Cryptero du ministère de l’urbanisme me valut trois merveilleux jours durant lesquels maître Immotist me laissa tranquille, ne me demandant aucune somme de jails journalière. Mais bien sûr, ça ne dura que trois jours. Au quatrième, il redevint le tyran désagréable et cruel qu’il avait toujours été envers moi. À ceci près que désormais, il m’avait interdit de m’aventurer trop loin ou de me faire remarquer. Il me demandait toujours ça après que j’ai mené une de ses opérations.

Évidement, le vol chez ce haut représentant du ministère n’était pas passé inaperçu, d’autant que les rubis et saphirs en question étaient destinés à orner une statue du Seigneur Xanthos. Un bien odieux crime, disait la presse. Les autorités impériales de la capitale mettaient tout en œuvre pour trouver l’identité de ces vils voleurs. Dans le même temps, le Cryptero dévalisé avait reçu un blâme de la part de ses supérieurs pour la perte de ce trésor. Et par blâme, ça devait dire bien sûr qu’il avait été proprement exécuté. Son Excellence Morphesia, l’Etoile Impériale en charge de la vie locale, ne tolérait nul échec.

Bien sûr, les autorités devaient penser que c’était un Pokemon qui avait fait le coup. Elles n’auraient jamais soupçonné un humain, vu l’état dans lequel se trouvait le coffre-fort. Il y avait également très peu de chance qu’elles soupçonnent les G-Man. Et comme me concernant, tout le monde dans la cité à part Immotist ignorait ma véritable nature de G-Man, j’étais normalement à l’abri. Mais Immotist n’avait pas bâti sa fortune et son réseau sans couvrir ses arrières et être prudent. C’était pour cela qu’il tenait à ce que je me fasse discret le temps que cette affaire se tasse, et donc, il ne me demanderait pas d’utiliser mes pouvoirs pendant un certain temps.

Oui, c’était ma particularité, outre mon albinisme : j’étais un G-Man, ces humains aux pouvoirs de Pokemon qui avaient servi le Seigneur Xanthos et qui habitaient la Citadelle, avec tout le luxe que cela impliquait. Bien évidement, je n’étais pas un G-Man légitime. La reproduction des G-Man était strictement encadrée. L’Empire autorisait les familles G-Man à n’avoir qu’un ou deux enfants, selon leur importance. Les G-Man se reproduisaient donc toujours entre eux, pour être sûrs que leur descendance hérite de leur ADN si spécial qui les rendait capables d’utiliser les pouvoirs d’un Pokemon en particulier.

En théorie donc, les G-Man ne devraient faire l’amour qu’une ou deux fois, uniquement pour engendrer de nouveaux G-Man. Mais naturellement, ça ne se passait pas comme ça. Les G-Man possédaient eux-mêmes des esclaves humains, qu’ils utilisaient à l’occasion comme esclaves sexuels. Le Seigneur Xanthos avait toléré cela, à une seule condition : que les G-Man mâles, une fois qu’ils ont terminé leur… cession, tuent l’esclave avec qui ils ont copulé. Pourquoi une telle cruauté et gâchis d’esclave ? Justement pour éviter la naissance d’un bâtard qui aurait pu hériter de l’ADN G-Man. Les G-Man illégitimes étaient interdits. Si l’Empire en trouvait un, il le tuait, ainsi que le G-Man qui l’avait engendré, pour le punir de son manque de précaution.

Ainsi donc, pour une esclave, se faire choisir par un G-Man pour ses appétits sexuels équivalait à une condamnation à mort. Ma mère, Mizulia, avait été une de ceux là. Esclave domestique dans la demeure d’un G-Man très haut placé, elle avait fini dans son lit. Mais elle avait survécu, en charmant le G-Man en question. Mais quand elle eu compris qu’elle était enceinte, elle s’enfuit de la maisonnée, et se cacha dans la ville basse. Elle est passée de maître en maître en cachant son identité et la mienne, jusqu’à ce qu’on finisse dans les bras d’Immotist. Il fut le seul maître auquel ma mère révéla ma nature. Elle le lui avait dit dans l’espoir que sa cupidité naturelle le pousse à m’utiliser pour son profit et donc à me protéger, à me fournir une demeure stable.

Et c’est ce qui se passa. Depuis que je sais utiliser mes pouvoirs G-Man, je les aies toujours mis au service d’Immotist. Entre temps, ma mère m’avait abandonné en filant avec une somme conséquente de notre maître, et il ne manque jamais de me le faire payer. Voilà pourquoi j’en veux tant à ma mère. Elle savait que je risquerais de naître avec l’ADN de mon G-Man de père, mais elle me mit quand même au monde. Elle savait que toute ma vie, je serais poursuivi par les autorités impériales et l’Ordre G-Man à cause de ce que j’étais. Et au final, elle m’a abandonné, sans doute pour sauver sa peau, car rester avec moi était bien trop dangereux.

J’ai toujours vécu dans la crainte que les Nettoyeurs, l’unité qui s’occupait justement de traquer les G-Man illégitimes, me tombent dessus. Ils devaient être au courant de mon existence, c’était certain. Les G-Man aussi devaient se douter qu’ils avaient un bâtard dans la nature, et pour eux, c’était tout aussi important de me retrouver avant l’Empire, pour ainsi éviter que le G-Man qui m’avait engendré par mégarde ne soit exécuté avec moi. J’étais un indésirable. Je n’avais ma place nulle part, même pas avec ma propre mère. Tout cela au final parce que j’étais né du mauvais côté du lit. Si ma mère avait été une vraie G-Man et non pas une esclave humaine, j’aurai pu vivre dans la Citadelle, aux cotés des autres G-Man, avec tous les droits, le pouvoirs et l’oisiveté que cela impliquait. La vie était injuste, non ?

C’était avec cette idée en tête que je me rendis dans les appartements privés de maître Immotist, après qu’il m’eut convoqué. D’ordinaire, il discutait avec ses sbires et serviteurs dans sa pseudo salle du trône en bas, pour que tout le monde en profite. S’il voulait me voir dans son bureau personnel, c’était qu’il voulait rester discret sur notre conversation, et donc que ça impliquait forcément ma nature de G-Man. Je me demandais s’il allait me confier une autre mission risquée si peu de temps après la dernière. Ce n’était pas son genre. Immotist était un Pokemon avide, mais jamais encore son avidité avait dépassé sa paranoïa.

Je frappai à la porte - une porte en or massif avec des espèces de hiéroglyphes en guise d’ornement - et comptai cinq secondes avant d’entrer. Je n’appréciais pas de me rendre dans l’antre d’Immotist. Pas seulement parce que ça signifiait généralement de mauvaises nouvelles pour moi, mais parce que la pièce était vraiment terrifiante et morbide, avec des squelettes exposés, des masques terrifiants et des reliques maudites. Il y faisait froid, sombre et j’avais l’impression que des ombres me tournaient constamment autour. Bref, l’antre d’un Pokemon Spectre.

Normalement, ça n’aurait pas trop dû m’affecter, vu que mon ADN G-Man était celui de Félinferno, un Pokemon Feu/Ténèbres, qui donc ne craignait en rien le type Spectre. En fait, c’était Immotist lui-même qui devait me craindre, moi et mes pouvoirs. Bien évidement, il n’en était rien. Immotist était très vieux, et très expérimenté. Moi, je contrôlais à peine mes pouvoirs, n’étant capable que d’allonger mes ongles en griffe, me déplacer furtivement et rapidement, et faire chauffer mes mains. J’ignorai tout de comment lancer la moindre attaque Ténèbres.

- Maître, vous m’avez fait mander, commençai-je avec servitude.

- Pourquoi tu dis cela ? Tu crois que je ne le sais pas, jeune crétin !

Je ne dis rien. Quoi que j’aurait dit de toute façon, Immotist aurait trouvé le moyen de m’engueuler ou de me faire passer pour un demeuré. J’avais l’habitude. Immotist soupira comme s’il était accablé par la bêtise de son esclave humain.

- On m’a informé que l’enquête sur le vols des pierres précieuses chez Cryptero avait attiré des flics impériaux jusqu’à la ville basse. Ils ont fini par conclure que le coffre avait été ouvert grâce à une attaque feu, et ils commencent à interroger tous les Pokemon Feu ou pouvant utiliser une attaque feu qu’ils croisent. Ils n’ont pas encore osé enquêter sur ma bande, mais ça ne saurait peut-être trop tarder…

Il me regarda comme si c’était ma faute. Comme si, dans un soudain accès de témérité incontrôlé, j’avais décidé de me rendre tout seul dans la ville haute pour cambrioler ce haut fonctionnaire impérial.

- Evidemment, j’ai déjà refourgué les pierres précieuses, continua Immotist. Ils peuvent aussi interroger l’ensemble des Pokemon Feu qui bossent pour moi, il ne vont rien trouver. Mais je crois qu’il serait sage que tu fiches le camps un moment de la planque, au cas où. À priori, ce ne sont que des flics, mais si des Nettoyeurs se pointent… Ils ont leurs propres moyens de détecter les… humains comme toi.

De ça, je n’en doutais pas. Pour autant que je sache, il n’y avait aucun bâtard G-Man qui ait jamais réussi à échapper aux Nettoyeurs… à part moi. Peut-être que je n’y arriverait pas indéfiniment, mais tant que je pouvais les éviter, j’étais preneur. Ma vie était peut-être pas terrible, mais mourir ne me disait trop rien, d’autant qu’il ne fallait pas compter sur une mort rapide et sans douleur si jamais je tombais entre les mains de Scalpuraï. Ce terrible Pokemon, redouté dans tout l’Empire et au-delà, était à la fois le chef des Nettoyeurs, mais aussi un membre de la Trigarde Impériale, les gardes du corps personnels de l’Empereur Daecheron, réputés pour être les Pokemon les plus puissants de tout Pokemonis juste derrière l’Empereur lui-même.

- Où dois-je aller, maître ? Demandai-je néanmoins.

Il m’était arrivé de ne pas rentrer à la planque quelque jours durant, mais les rues de la capitale n’étaient pas sûres pour un jeune esclave comme moi. Ceux de mon âge ne faisaient pas de vieux os lorsqu’ils étaient confrontés à la cruauté de la rue. La seule raison de ma survie étaient mes gènes G-Man. Du fait sans doute des sens animal de Félinferno, j’étais capable de ressentir le danger avant qu’il n’arrive. Mes capacités physiques m’ont aussi permis, une fois, de me défendre contre trois agresseurs. Mais comme j’avais fait étalage de mes pouvoirs devant eux, j’avais dû les tuer pour m’acheter leur silence.

Car oui, à quatorze ans seulement, j’ai déjà tué. Ces trois là n’étaient pas mes premiers. Tuer était indispensable si vous voulez survivre dans la ville basse d’Axendria. Je n’en tirait aucun plaisir, mais c’était comme ça. La vie était dure ici. Les faibles ou les personnes trop gentilles ne faisaient pas long feu. C’était ma mère qui m’avait enseigné cela. Ne fais confiance en personne. Ne te fais aucun ami. Trahi les autres avant qu’ils ne te trahissent... Un très bon professeur ma mère, qui pour illustrer ses leçons n’avait pas hésité à me trahir à son tour en m’abandonnant après avoir volé Immotist.

- Dans la ville haute, répondit mon maître. Dans l’Atlas de la Connaissance.

Je voyais ce que c’était bien sûr : le long bâtiment en forme de spirale, dans lequel était stocké des volumes impressionnants d’ouvrages scientifiques, et qui était le siège des érudits en tout genre. Bien sûr, je n’y étais jamais entré, et je ne voyais pas bien ce que j’irai faire là-bas, avant qu’Immotist ne me renseigne.

- J’ai un contact là-bas, parmi les professeurs. Un vieux Gouroutan à moitié sénile, avec qui j’ai fait affaire par le passé et à qui je dois deux trois trucs. Il m’a fait savoir qu’il avait besoin d’un esclave humain pour étude. Ça ne pouvait pas mieux tomber ; tu te planques un moment là-bas tout en réglant pour moi une vieille dette.

Je fronçai les sourcils, me demandant si Immotist n’avait pas perdu la boule. Il comptait m’envoyer dans un repère de scientifiques, et faire de moi un sujet d’étude attaché sur une table d’opération qu’ils examineront sous toutes les coutures ?! Je cherchai un moment mes mots pour lui faire comprendre de façon polie.

- Mais, maître… si je peux me permettre… est-ce vraiment judicieux de laisser des savants m’étudier moi ? Ils pourraient percer à jour ma nature de G-Man.

Immotist balaya l’objection de la main.

- Il ne s’agit pas d’une étude biologique. Les intellos de l’Atlas savent déjà tout ce qu’il y a à savoir sur le corps humain. C’est plutôt une étude psychologique, si j’ai bien compris. Le vieux Gouroutan a un élève qui veut rédiger une thèse sur les humains. Il va donc seulement te poser des questions, et t’observer vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour voir de près comment les humains vivent au quotidien. Une tâche hautement ennuyeuse, que j’en dis, et inutile. Mais c’est pas notre problème. Tu vas donc te rendre à l’Atlas auprès de ce jeune érudit Pokemon et faire tout ce qu’il te dit pendant une semaine. Vois ça comme un prêt d’esclave.

Ça ne me plaisait pas du tout, cette histoire. Moi, j’étais quelqu’un de solitaire, qui fuyait toute compagnie et encore plus celle des Pokemon. Que l’un d’entre eux épie mes moindres faits et gestes pendant une semaine non-stop allait s’en doute me rendre dingue, surtout si je devais en plus livrer mes pensées et répondre aux plus personnelles des questions. Et surtout, j’avais aussi mes raisons de ne pas vouloir qu’on m’étudie de trop près. Je gardais un secret que même mon maître Immotist ignorait… Mais bon, avais-je le choix ?

- C’est entendu maître, dis-je à contrecœur en m’inclinant. Quand dois-je partir ?

- Immédiatement.

Et ainsi donc, une heure plus tard, après avoir réuni mes maigres possessions, je fus devant l’Atlas de la Connaissance dans la ville haute. Un endroit vraiment impressionnant. Vieux, très vieux, et très noble aussi. Devant ces grandes portes ouvragées de symboles anciens, je devais faire vraiment tâche, avec mon allure misérable et mes vêtement sales et dépareillés. J’ignorai si je devais entrer, frapper ou m’annoncer. Les humains étaient-ils seulement autorisés à l’intérieur ? Sans doute que non, sinon ce professeur Pokemon n’aurait pas été demander à quelqu’un comme Immotist de lui prêter un esclave.

Comme il n’y avait aucun Pokemon à qui demander, je pris sur moi d’ouvrir les portes ; chose que j’aurai eu du mal à faire sans ma force tirée de Félinferno, étant donné la hauteur et l’épaisseur de ces dernières. L’entrée donnait sur un hall immense, hautement décoré et marbré, avec de magnifiques piliers qui soutenaient un plafond représentant la carte du monde. J’aurai pu entrer dans le palais de l’Empereur que je ne m’y serait senti pas moins à l’aise. Non, décidément, je n’avais rien à faire là. J’avisai justement un Pokemon qui passait par là en descendant l’un des escaliers circulaires. C’était un Girafarig. Je m’avançai timidement vers lui.

- E-excusez moi…

Quand le Pokemon me remarqua, il cria et s’enfuit dans la direction opposée en s’exclamant :

- Hiiiiiiiii ! Un humain ! Un humain souille l’Atlas de la Connaissance !

J’avais moi aussi envie de m’enfuir. Les humains n’étaient clairement pas les bienvenus ici.

Est-ce qu’on allait m’arrêter sans me laisser l’occasion d’expliquer ce que je fichais ici ?

- Excuse la jeune Girafarig, me dit une voix pénétrante. Elle est là depuis peu, et n’a encore guère côtoyé d’humain.

Un Roigada, un Pokemon rose qui marchait sur deux pattes avec un coquillage à l’allure royale sur la tête, me dévisagea avec curiosité et bienveillance. Il avait parfaitement l’allure de ce qu’on aurait pu attendre d’un Pokemon qui vivait et étudiait ici.

- P-pardonnez-moi, messire Pokemon. Je… commençai-je.

- Pas de messire, me coupa Roigada. Je suis un Roigada, et je suis professeur. Tu peux m’appeler l’un ou l’autre.

- Euh… oui professeur. Je… je suis venu à la demande d’un certain professeur Gouroutan. Il cherchait un humain pour que son disciple puisse rédiger une thèse…

- Ah, oui, j’en ai entendu parler, rigola le Roigada. Sacré Gouroutan ! Y’a que lui pour oser de pareilles choses. Et le jeune Diplôtom semble suivre un chemin similaire. Bah, il n’y a pas de mal à étudier, quelque soit le sujet. Il est vrai que nous ne sommes guère experts, dans l’Atlas, sur ceux de votre race. Certains ici voient la curiosité de Diplôtom à ce sujet malvenue, mais qui sait, ça pourrait être instructif, même pour nous professeurs.

J’écoutais en silence, et ce que j’entendais ne me plaisait pas. Cet étudiant Diplôtom - un Pokemon que je ne connaissais pas - avait visiblement choisi un sujet tabou, et ma présence ici serait indésirable. Pourquoi ce professeur Gouroutan n’avait pas été cherché son humain d’étude ailleurs ? Je n’avais pas vraiment besoin de ça…

- Suis-moi, jeune humain, fit le Roigada. Je vais te mener au jeune Diplôtom. Sache juste qu’ici, nous n’employons pas d’esclaves. Tu seras donc le seul humain. Les autres accepteront ta présence tant que tu ne te fais pas trop remarquer. Reste toujours aux cotés de Diplôtom, et ne te balade pas n’importe où tout seul. Tu peux en revanche bien sûr prendre un livre ou deux. Nous encourageons toujours l’apprentissage en ce saint lieu, même si c’est pour un humain.

Je hochai la tête sans lui révéler que je ne savais pas lire. Pour les Pokemon érudits du coin, ça équivaudrait probablement à un sacrilège, mais en réalité, il n’y avait que très peu d’humains qui savaient lire. Seuls les esclaves qui assistaient les Pokemon les plus importants avaient cette connaissance, et étaient donc hors de prix. Qu’est-ce qu’un voleur et un vagabond des rues auraient fait de la lecture, de toute façon ? Roigada m’amena donc jusqu’à mon observateur d’une semaine, logé dans l’une des centaines de chambres que contenaient les grands couloirs superposés à étages de l’Atlas.

- Etudiant Diplôtom, fit le professeur Roigada après être entré. Voici le jeune humain que tu as demandé pour ta thèse.

Génial, songeai-je. Encore un Pokemon Spectre. Mais celui-là n’aurait pas pu être plus différent d’Immotist. Petit et violet, il flottait doucement dans les airs. Ses caractéristiques qu’on remarquait immédiatement étaient sa tête qui avait la forme d’une coiffe de lauréat, sa coiffe blanche au cou et le livre qui brillait étrangement qu’il tenait. Il n’avait pas l’air effrayant du tout, surtout avec son air intimidé quand il s’adressa à Roigada.

- M-monsieur le directeur… Il… Il ne fallait pas vous déplacer pour cela ! Je suis confus…

Ah, ce Roigada était donc le directeur de l’Atlas. Si j’avais su cela quand je l’ai rencontré, je me serai sans doute prosterné devant lui.

- Notre ami humain venait d’entrer et était un peu perdu, répondit le directeur d’un ton paternel. Je me suis juste permis de l’amener à toi. Je te souhaite bonne chance dans ton étude et dans ta rédaction. Apprends donc beaucoup de chose de ce jeune humain, mais surtout ne le maltraite pas.

- Non bien sûr, monsieur le directeur ! S’empressa de répondre Diplôtom. Je ne suis pas comme ça, monsieur le directeur !

Je me retins de lever les yeux au ciel. Ils disaient souvent ça, les Pokemon, pour se donner une bonne image. Car oui, maltraiter les esclaves étaient plutôt mal vu. Ou du moins, c’était représentatif de Pokemon conservateurs qui avaient encore la même mentalité du siècle dernier. Mais bien sûr, quand le Pokemon était seul avec son esclave, là, y’avait personne pour vérifier comment ça se passait. J’en avais rencontré beaucoup, de Pokemon, et il y en avait vraiment très peu qui traitent les humains correctement. Mais ce Diplôtom me surprit. Dès que Roigada eut quitté sa chambre, il se mit à hauteur de mes genoux et baissa la tête, comme pour s’incliner.

- Excuse-moi ! J’ignorai que tu devais venir si tôt, sinon je t’aurai bien sûr attendu à l’entrée. Quelle honte, quelle honte… j’ai fait se déplacer le directeur pour moi, et je t’ai ignoré alors que tu venais spécialement pour m’aider ! Quelle honte, quelle honte…

J’étais bien embêté là. Je ne savais pas trop comment réagir. Je n’avais encore jamais vu un Pokemon qui s’excusait devant un esclave.

- Euh… Ce… ce n’est rien, messire Diplôtom.

- Comment m’as-tu appelé ? S’étonna le petit Pokemon, soudain curieux.

- Euh… ben messire.

- Messire ? Pourquoi cela ?

Diplôtom ne semblait ni fâché ni offensé. Il voulait juste comprendre.

- C’est ainsi que les humains s’adressent aux Pokemon, messire, expliquai-je.

- Vraiment ? Faut que je note ça immédiatement.

Il ouvrit son volume qui brillait et fit apparaître une plume du néant.

- Lien de soumission évident dès le premier contact, marmonna-t-il tout en écrivant. Utilisation d’une terminologie précise visant à hiérarchiser notre relation…

C’était mal poli de fixer un Pokemon quand vous étiez un simple esclave, mais ce Diplôtom m’intriguait. Il n’allait tout de même pas marquer dans son bouquin tous mes faits et paroles, si ?

- Bien, fit-il quand il eut fini d’écrire. Commençons par le commencement. Je me nomme Diplôtom, et je suis donc un érudit étudiant de l’Atlas de la Connaissance. Dans trois mois, je devrais présenter au collège des Sages ma thèse qui décidera ou non si je suis digne d’être un chercheur attitré de l’Atlas. Ma thèse portera sur les humains, et plus particulièrement sur leur façon de penser. Mais je suis tristement ignorant sur le sujet, et nous n’avons aucun esclave ici. C’est pour cela que le professeur Gouroutan a fait jouer ses relations pour me permettre d’observer un humain pendant une semaine et de discuter avec lui. C’est très important pour moi, une opportunité sans pareille. Je te suis donc très reconnaissant d’avoir bien voulu être mon sujet d’étude !

Il s’inclina à nouveau. Me voilà à nouveau gêné. Ce n’était pas naturel qu’un Pokemon s’incline devant un humain. Puis en plus, Diplôtom pensait réellement que j’étais là parce que je le voulais bien ?!

- C’est un honneur de vous servir, messire, répondis-je néanmoins comme il se devait. Je me nomme Six, et je suis votre humble serviteur.

- Mon serviteur ? Non non ! Je veux que tu sois mon sujet d’étude, rien de plus !

- Je serai ce que vous voulez que je sois, messire. Mon maître Immotist m’a placé à votre service pour une semaine. Cela implique que j’obéisse à chacun de vos ordres.

C’était tout de même hallucinant de devoir expliquer à un Pokemon à quoi servait un esclave, pensai-je avec ironie. Ce Diplôtom semblait tout ignorer de comment fonctionnait le lien humain-Pokemon.

- Tu… tu dois donc faire tout ce que je dis, Six ? Demanda l’étudiant.

- Tout, tant que cela ne nuit pas aux intérêts de mon maître. Cela prend donc en compte ma propre vie. Comme j’appartiens à maître Immotist, je dois lui revenir entier, aussi je refuserai d’obéir à un ordre qui mettrait ma vie en danger.

Même si ce Pokemon ne semblait pas être un mauvais bougre, je tenais à lui expliquer cela dès le début. Immotist avait le droit de m’ordonner n’importe quoi même si je risquais d’en mourir. Il ne s’en était jamais privé d’ailleurs. Mais uniquement lui. Et ça m’arrangeait bien.

- Je vois je vois, murmura Diplôtom en prenant à nouveau des notes dans son livre. La vie d’un esclave est la propriété de son maître. Le sujet a conscience de sa valeur marchande et l’accepte. Tout cela est réellement fascinant ! Je vais apprendre et comprendre beaucoup de choses grâce à toi, Six ! Mets-toi à l’aise, car je vais te poser des questions. Beaucoup, beaucoup de questions, et je compte sur toi pour y répondre le plus sincèrement possible et de façon la plus complète qui soit !

- Bien messire.

Bah, s’il ne s’agissait que de causer, ça ne serait pas si terrible que ça, après tout.

- Alors commençons, fit Diplôtom avec un enthousiasme débordant. Tout d’abord, j’aurai besoin de tes caractéristiques précises. Il en va de la fiabilité de ma thèse de tout connaître sur mon sujet. J’aimerai donc avoir tes noms et prénoms complets, ton âge, ton sexe, ta taille, ton poids, ton groupe sanguin, la couleur de tes yeux, de tes cheveux, ta date et ton lieu de naissance, ton poids à la naissance, ton ascendance complète, si tu as des maladies ou allergies particulières, ton rythme cardiaque, ta pression artérielle, ton acuité visuelle, auditive et olfactive, ton régime alimentaire, la teneur de tes excréments, ton pourcentage de sodium dans les os, ta…

Cinq minutes plus tard, Diplôtom n’avait toujours pas terminé d’énumérer tout ce qu’il voulait savoir de mes caractéristiques. Quant à moi, j’en avait déjà oublié les trois quarts. Finalement, ça risquait d’être bien lourdingue, ce séminaire d’étude…