Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Stalhblume de Clafoutis



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 05/03/2017 à 11:03
» Dernière mise à jour le 05/03/2017 à 11:03

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Partie 10 : Dans le noir.
Cassis

 Où… où étais-je ? Nous étions dans ce Mortem, entourés de fantômes et puis, soudain… cette chose apparue des fonds lugubres des rivières… Bon, apparemment, j’étais encore entière. Mes articulations fonctionnaient encore, ma mâchoire était encore là, parfait. Maintenant, je pouvais m’inquiéter pour les autres.

Une chose était certaine, je n’étais plus au même endroit que tout-à-l’heure. Ici, plus de rivières, plus de fleurs, plus de grotte, et surtout, plus de fantôme. Enfin, je l’espérais. La vision ici était nulle, aucune lumière ne daignait m’aider. Je me repérais grâce à mes sens primaires, le toucher et l’ouïe.

Premièrement, il n’y avait aucun bruit, ça, c’était vite réglé. Cela voulait dire qu’aucun de mes compagnons n’était à mes côtés. J’imaginais mal Patch ou Brazoro rester silencieux dans un tel endroit… ils étaient certainement en train de hurler leurs tripes quelque part !
Deuxièmement, le sol semblait être fait d’une matière ressemblant à du carrelage, froid et lisse, ce qui me confortait dans l’idée que j’avais quitté la grotte du Mortem.

Je me concentrai plus ardemment, comme je l’avais appris à l’école du Roi d’Argent. … non. Je ne ressentais aucune présence. J’étais bien seule.

— Il y a quelqu’un ? tentai-je tout de même hasardeusement.
— Moi je suis là, au cas où t’aurais oublié…, grommela une voix dans ma mâchoire.
— Personne, évidemment…, soupirai-je.
— … et moi, je ne compte pas ?
— Un objet n’est personne, décrétai-je.
— Sympa…

Bref, je me posais beaucoup de questions sur les évènements. Qu’était-ce que ce monstre sorti des eaux ? Où étaient les autres ? Allaient-ils bien ? Je n’avais aucune réponse. Toutefois, je n’étais pas du genre à rester inactif. J’étais dans le brouillard et alors ? Je n’avais qu’à foncer tête baissée, je finirais bien par trouver quelque chose.

Ce fut à ce moment-là que j’appris que courir comme une demeurée dans le noir total n’était pas une si bonne idée. Je n’arrêtais pas de me cogner sur tout et n’importe quoi. Au moins, ça me permit d’apprendre qu’il y avait de sortes d’arbres dans le coin, ainsi que pas mal de gouffres. Heureusement, j’avais ma Danse Magnétique pour retrouver la terre ferme en cas d’urgence. Et ce Dunkel qui ricanait à chacun de mes faux pas…

C’était donc cela que l’on ressentait lorsqu’on explorait un donjon sombre sans Flash. Une expérience assurément très désagréable. Je ne pouvais que tester toutes les directions possibles, en espérant être sur la bonne voie. Si ça se trouvait, je tournais en rond depuis tout-à-l’heure sans le savoir…


____________________

Brazoro

 Parfois, j’avais l’étrange impression qu’on se foutait de ma tronche. Comme si les autres ne me voyaient que comme un objet d’amusement à manipuler comme ils le souhaitaient. J’étais peut-être parano, mais ce sentiment me hantait.

— Tu peux venir éclairer ici ? me demanda Artichtote.
— Non ! s’exclama Patch. Reste là ! J’ai peur du noir !
— Ah non non, réfuta la Canarticho. Tu l’as déjà assez utilisé la lampe, c’est mon tour maintenant !

Voilà ce que j’étais devenu, un bête système d’éclairage, grâce à – ou à cause de – la flamme qui brûlait en permanence sur ma queue. Cela faisait déjà un bon moment que Patch et Artichtote me ‘‘partageaient’’. Pourquoi ? C’était simple, là où le docteur voulait trouver une sortie le plus vite possible, l’érudite voulait étudier l’endroit de fond en comble. Deux objectifs pas très compatibles.

— Ce lieu est décidément très intéressant, s’illumina Artichtote. Je n’ai jamais vu de tel arbre avant, on dirait de grands conifères… mais ce qui me choque le plus, c’est qu’ils semblent pousser sur une roche épaisse et totalement sèche, d’où tirent-ils leur nutriment ? Ceci dit, si des arbres – aussi étrange soient-ils – sont capables de grandir ici, la signifie que la vie est possible. Peut-être qu’un peuple réside ici également ? Bien que je n’aperçois aucune trace de civilisation…
— C’est très intéressant tout ça, frissonna Patch. Mais est-ce que ça nous dit comment ficher le camp ?!
— J’avoue que j’aimerais aussi retrouver le soleil…, grognai-je.
— Ne parle pas Brazoro, rouspéta Artichtote. Ça fait bouger ta flamme et ça me déconcentre !
— C’est vrai, appuya notre docteur. Et puis, une lampe n’est pas censée s’exprimer !
— …

La bande d’ingrats. Et pourquoi j’obéissais moi, au juste ?! Enfin, ça ne servait à rien de s’énerver dans cette situation. Visiblement, nous étions séparés des autres. Cassis, Affienns, Persyval, Géraldeline et les cactus devaient eux aussi faire leur petit bonhomme de chemin dans le coin. Avec un peu de chance, ils finiront par nous retrouver.
C’était ironique. Nous attendions d’être sauvés alors que nous étions justement en mission de sauvetage pour Morflam et Belcol-Exion. Je commençais à vraiment penser que nous n’étions qu’une bande de bras-cassés !

— Hé regardez ! s’écria soudain Artichtote. J’ai trouvé un quelque chose d’intéressant !
— La sortie ? se réjouit Patch.
— Ma fierté ? tentai-je.

Malheureusement, ce n’était ni l’un ni l’autre. Toute excitée, Artichtote pointait du bout de l’aile une sorte de cascade qui s’écoulait tranquillement non loin. Je pris un moment à comprendre l’engouement soudain de notre érudite. À y regarder de plus près, la cascade défiait quelque peu les lois de la gravité : au lieu que le flot ne descende, il montait. D’ailleurs, malgré sa taille respectable, la cascade ne faisait mystérieusement aucun bruit, pas étonnant que nous ne l’avions pas remarquée avant.

— Ok c’est surprenant, soupirai-je, mais en quoi ça nous aide ?
— Bah, c’est intéressant ! s’anima Artichtote.
— … dites, s’avança Patch, vous pensez qu’on peut se servir de la cascade pour remonter ? C’est risqué, mais c’est mieux que de rester dans cet endroit qui me file la chair de poule et qui ne va pas tarder à me rendre fou ou pire encore parce que là je sens que je commence à péter un peu les plombs faut que je sorte d’ici immédiatement compris ?!

Le regard fou et injecté de sang du docteur me terrifia. Je n’étais pas rassuré quant au fait de ‘‘remonter’’ la cascade, mais vu la réaction de Patch, nous n’avions pas trop le choix.

— Euh, on est sûr que c’est de l’eau au moins ? me méfiai-je néanmoins. Genre c’est pas un truc toxique qui tue au moins contact, hein ?
— Il n’y a qu’un moyen de le savoir ! s’écria soudain Patch.

Subitement, notre charmant docteur balança l’une de ses fioles à mes pieds, provoquant une grosse explosion. Une explosion qui me projeta purement et simplement dans la cascade. Le brusque contact aqueux fit ressortir en moins une panique inimaginable.

— AAAAH ! hurlai-je. MAIS T’ES FOU !!
— Il l’est peut-être, signala Artichtote. Mais toi, tu es encore vivant.

Ah, effectivement, après une minutieuse consultation, je notais avec une pointe de soulagement que mon cœur battait encore. Mon corps se faisait même lentement emporter en hauteur, grâce au courant. Constatant que la cascade ne représentait aucun danger, Patch sauta volontiers me rejoindre, suivi d’Artichtote. Évidemment, ce serait trop leur demander de s’excuser…

— À la recherche du respect disparu…, grommelai-je.


_________________



Affienns

 Allons bon, qu’était-ce que ce charabia encore ? Rien n’avait de sens. Après l’apparition de cette mystérieuse créature, je m’étais réveillé en compagnie de Mezcal et ses Mlles Épines. Le bougre n’avait d’ailleurs pas chaumé. Grâce à des petits mécanismes ovales et lumineux qu’il avait installé sur la tête des Cacnea, la zone sombre disposait d’un éclairage satisfaisant. Toutefois, j’aurais peut-être préféré rester dans le noir.

Des cascades allant dans tous les sens, de grosses plaques rocheuse flottantes – parfois en biais ou à l’envers – nous entouraient, des arbres qui poussaient n’importe où sans aucune logique… justement la logique, elle semblait n’avoir aucune emprise sur ce lieu.

— Un paysage inspirant, n’est-il pas ? me lança suavement Mezcal.
— ‘‘Flippant’’ serait plutôt le qualificatif que j’emploierai, répliquai-je.
— Haha, calmez-vous, mon ami. Laissez-vous plutôt imprégner par votre fibre d’explorateur ! Pour ma part, tout ce mystère me fait vibrer !
— Content pour vous…

Je devais admettre que ce Cacturne avait de l’énergie à revendre. Alors que moi je restais dans mon coin, méfiant, à craindre une quelconque attaque surprise, lui, il allait à droite à gauche sans discontinuer. Selon ces propres exclamations, il faisait des tests, afin de comprendre la mécanique de ce lieu. Ce fut en jetant ses propres Cacnea dans le vide qu’il apprit que la gravité ici était détraquée.

Visiblement, tout corps plongé dans le gouffre se faisait ‘‘attirer’’ par une autre plaque rocheuse, par conséquent, une chute mortelle était impossible. Comme rien ne reliait les plaques entre elles, Mezcal conclut que le seul moyen de se déplacer était de sauter courageusement dans les gouffres jusqu’à trouver la sortie ou quelque chose s’apparentant.

Je n’étais pas certain de la marche à suivre, mais le bougre et ses sous-fifres avaient déjà commencé à bondir de plaques en plaques, et pour ma part, l’idée de rester seul ici ne me plaisait guère. Ce fut donc à contrecœur que je me lançai à sa poursuite, en espérant ne pas le regretter dans un futur proche…


____________________

Géraldeline

 Pour la millième fois, j’admirais avec attention mes magnifiques griffes. Ce n’était pas vraiment par narcissisme – ou juste un peu – mais plutôt pour fuir la réalité. Pas de moqueries ! Tout le monde réagirait comme moi dans ma situation ! Je voulais dire, que faire d’autre, lorsqu’un énorme monstre vous fixait, immobile, de ses yeux sanguins ? Inutile de compter sur Persyval pour me tenir compagnie. En dépit de la présence de l’abomination, elle s’était tout simplement endormie, après avoir grogné qu’elle avait déjà assez fait aujourd’hui.
Je me demandais franchement où étaient les autres, j’avais une folle envie de les voir, là, toute de suite. Même l’imbécile de singe puant, c’est dire ! Parce que je sens que je vais devenir folle si je reste seule avec ce truc !

J’avais croisé le regard du monstre une fois, et cela avait suffit pour qu’elle soit ancrée à jamais dans mon esprit. Une gigantesque forme longiforme, flottante dans les ténèbres, portant une sorte de masque dorée effrayant. Six immenses excroissance de ténèbres purs ondulaient vicieusement dans son dos, comme si elles s’apprêtaient à fondre violemment sur moi à tout moment.

J’avais envie de fuir à toutes jambes. Pas de bol, mes jambes ne voulaient pas réagir. La bonne nouvelle était que la créature non plus, ne réagissait pas. Peut-être jaugeait-il si j’étais digne de figurer sur son menu ? Gasp ! Évidemment que oui, ma beauté légendaire me rendait forcément immensément appétissante ! Pour la première fois de ma vie, je commençais à regretter d’avoir été aussi minutieuse sur mon apparence…

L’autre raison pour laquelle je ne pouvais pas fuir, outre le fait que je ne savais strictement pas où j’étais, c’était que ce lieu était plongé dans le noir. Si j’arrivais à voir quelque chose, c’était uniquement ‘‘grâce’’ à l’éclatante aura sanguine qui émanait de l’abomination. C’était certes très pratique d’avoir de la lumière, mais étrangement, cela ne me rassurait pas plus que ça.

Raaah ! J’étais à ma limite ! Ce silence pesant, la présence écrasante de ce monstre, l’aveuglant éclat écarlate … je n’en pouvais plus ! Je pouvais sentir mon estomac tourner et se retourner en permanence, mes oreilles bourdonnaient, et surtout, surtout, une infâme sueur froide souillait mon corps si parfait !

— Hé vous ! hurlai-je brutalement. Qu’est-ce que vous me voulez ?! Répondez-moi, espèce de goujat !!

Je ne savais pas vraiment ce qui m’avait pris, sans doute le trop plein de pression, mais qu’importe. Le mal était fait, si je l’avais courroucé et qu’il décidait soudain de me manger, au moins mon calvaire s’arrêterait.
L’immensité longiforme s’anima gravement. Elle sembla s’approcher lentement, sans arrêter de me fixer. Son crâne gigantesque, qui faisait presque deux fois ma taille, se retrouva bientôt en face de mon sourire crispé. D’un coup d’un seul, tout mon courage s’écoula au rythme de mon abondante transpiration.

— … euh… quand je disais goujat, c’était une façon de parler ! En fait, ça veut plus dire un truc genre ‘‘Hé bonjour, ça va ?’’ ! Ce n’est en aucun cas une insulte !

Je n’étais pas certaine, mais je crus voir la gueule de la créature s’ouvrir finement. La chose allait parler ? Rien qu’à l’idée de sa grosse voix gutturale, je faillis faire une crise cardiaque.

— Giratina est mon nom. Je suis le maître de ce domaine.

Mon imagination était bien loin du compte. Sa voix était encore plus effrayante ! Pendant qu’il soufflait sa réplique, son timbre était si intense qu’il provoqua une onde de choc qui faillit m’envoyer à plusieurs mètres.
Toutefois, mis à part ce détail, il n’avait pas prononcé des trucs trop menaçant. Moi qui m’attendais à un truc genre ‘‘Agrogro moi vouloir manger twaa !’’ tel un rustre primitif.
Ma confiance remonta légèrement – de toute façon elle ne pouvait plus redescendre au point où elle était.

— Euh… bonjour Giratina ? tentai-je de rester polie. Et euh… la beauté que je suis se nomme Géraldeline !

Le dénommé Giratina resta impassible, et ne me répondit pas. Ce malotru ! Personne ne lui avait appris les bases de la discussion ? Et comment osait-il mettre un vent à la magnificence que j’incarnai ?!

— J’attends vos camarades, lança enfin le monstre après des minutes de silence.
— … mes camarades ? Vous voulez dire, Stalhblume, Brazoro, Affienns, et les autres ?
— C’est exact. Je vous ai fait venir ici pour me rencontrer.
— Vous nous avez…

Soudain, ma mémoire me revient. Juste avant de me réveiller dans ce lieu sombre, nous étions dans le Mortem. Puis, brusquement, une énorme créature avait surgie de nulle part et nous avait entraîné avec elle. Cette créature serait donc ce Giratina !

— Pourquoi ?! m’exclamai-je.
— Parce que les âmes vous encerclaient.
— Par les âmes, vous voulez dire les fantômes, c’est ça ? Vous… vous nous avez aidé ?
— C’était l’idée qui me possédait.

Discuter avec ce type était définitivement extrêmement pénible. Si seulement sa voix ne provoquait pas d’onde de choc au moindre mot… mais ma curiosité surpassait la douleur. Je ne savais pas si je devais croire ce monstre, mais il ne semblait pas me vouloir de mal. Après tout, s’il l’avait voulu, je serai déjà morte dix fois !

— Mais pourquoi vouloir nous aider ?
— J’apprécierais d’avoir votre groupe au complet avant de m’expliquer.
— Heiiin ?! protestai-je. Je veux savoir moi, tout de suite !
— … j’apprécie également le silence, or, vous ne semblez pas disposez à me fournir ce privilège.
— Effectivement, je peux être assez chiante quand je veux. Abomination géante ou pas, une fois que ma fibre curieuse a été titillée, rien ne peut m’arrêter !
— Fort bien.

Giratina s’agita légèrement, provoquant un petit Ouragan – que je devinais involontaire – dans son mouvement.

— Je suis le maître de ce domaine, le maître du monde Distorsion. C’est dans ce royaume que transitent les âmes décédées afin de rejoindre le monde des esprits. Toutefois, depuis un an, un individu tente d’influer sur mon royaume solitaire. Le Mortem. Par sa faute, certaines âmes s’égarent, et au lieu de s’endormir pour l’éternité, elles remontent hanter le monde terrestre. Il s’agit des fantômes vous ayant attaqués un peu plus tôt.
— Attendez, blêmis-je. Comment ça c’est un lieu où ‘‘transitent les âmes décédées’’ ?! Rassurez-moi, je… je suis encore vivante, hein ?!
— Votre présence ici n’est pas naturelle. Vous, ainsi que tous vos compagnons, êtes encore bien en chair et sang.

Je soupirai profondément, soulagée. Il ne manquait plus que ça, tient, d’apprendre au détour d’une discussion que je n’étais plus qu’une âme errante !

— Le Mortem souille mon propre royaume, multipliant des failles menant au monde terrestre. Il bouscule l’équilibre de la vie et de la mort.
— … et… ce n’est pas super, c’est ça ?

Giratina acquiesça de son énorme crâne.

— Sans cet équilibre, c’est le monde dans sa globalité qui est menacé. Malheureusement, je suis impuissant. Non seulement sa force est phénoménale, mais il peut également fuir hors de ma dimension s’il est en danger, pour revenir en pleine forme. Je n’ai pas cet avantage.

Le monstre longiforme s’éloigna alors, et s’éleva de toute sa masse. Maintenant qu’il était si proche, je remarquai d’innombrables blessures profondes marquant son corps.

— Mes meurtrissures ne guérissent pas au même rythme que celle de mon ennemi. Au fur et à mesure que nos combats se multiplient, je m’affaiblis. Lui, il semble se renforcer sans cesse. Je suis le dernier rempart protégeant cette dimension, si je venais à disparaître, les concepts fondamentaux du monde s’écrouleront.
— Vous ne pouvez vraiment pas le vaincre ? m’étonnai-je. Pourtant vous avez l’air vachement balèze !
— Je pourrais l’exterminer sans problème s’il se battait à la loyale. Mais je vous l’ai déjà expliqué. Il procède par attaques éclaires. Il vient, m’affaiblit, repart se soigner sur Terre, et revient avant que je n’ai pu récupérer. Cela fait un an que je tiens ainsi, j’arrive à mes limites. C’est l’une des raisons qui m’a motivé à vous invoquer dans mon royaume.

Tout en m’accrochant au maximum au sol, je restai toute ouïe. Il allait enfin aborder le point le plus intéressant.

— Le Monde Distorsion est mon royaume solitaire, j’y suis le maître et unique occupant. Personne ne peut m’aider à affronter le Mortem. Votre groupe est nombreux et d’une puissance convenable, il réunit les éléments qui déchoient ma victoire.
— Vous voulez qu’on affronte le Mortem ?!
— C’est cela.
— Et j’imagine que nous n’avions pas le choix ?
— C’est cela. Les enjeux sont bien trop importants, je ne peux vous laisser partir. Vous ne le pouvez pas de toute façon.
— On ne le peut pas ? l’interrogeai-je.
— Seule les âmes sont normalement habilitées à pénétrer mon domaine. Pour vous, être de chair et de sang, aucune issu n’existe. Vous êtes condamnés à errer ici jusqu’à votre mort, qui ne viendra jamais, puisque vous être dans un lieu où la vie est distordue. À moins que vous êtes suffisamment habile pour créer une faille dimensionnelle, comme le Mortem.

Je grimaçai. Non, créer des failles n’était pas dans mon – large – domaine de compétence. Ce qu’il venait de dire ne me plaisait vraiment pas beaucoup. Si je ne l’aide pas, je resterai ici pour l’éternité sans pouvoir mourir ? Cela signifierait que je vieillirais sans cesse, que je verrais mes écailles subir les assauts du temps, que je devrais vivre des millénaires et des millénaires dans un corps aussi moche que laid !

— Je ne suis cependant pas ingrat. Si vous parvenez à vaincre mon ennemi, vous pourriez regagnez le monde terrestre, tout en ayant la reconnaissance du roi de la Distorsion.
— Et que vaut cette reconnaissance exactement ? Genre si un jour on meurt et qu’on se retrouve ici vous pourriez nous ressusciter ?!
— Je ne suis pas doté de ce genre de pouvoirs, et heureusement. Non, concrètement, ma reconnaissance ne vaut rien, car je suis coincé ici. Je peux bien créer des passages vers l’extérieur, mais je ne peux les utiliser.
— Mmh, votre cadeau est inutile en somme, plissai-je des yeux.
— Nous verrons ce que vos compagnons en pensent, je les sens qui arrivent, chacun à leur manière. C’est un groupe très intéressant que vous formez, chacun est si différent des autres, c’est étonnant que vous parvenez à vous entendre. À moins que je ne sois seul depuis si longtemps que je sous-estime la force des liens sociaux…

Allons bon, voilà qu’il se mettait à marmonner comme un vieux. Ce Giratina était lui aussi très intéressant, pour reprendre ses termes. Étrange, moi qui avais une peur bleue au début, je me sentais de plus en plus à l’aise avec ce mastodonte. Il n’était pas si effrayant au fond. Pourquoi était-il seul ici, d’ailleurs ? Il avait dit qu’il était ‘‘coincé’’, il ne serait pas dans ce monde par sa propre volonté ? J’aimerais énormément en savoir plus !
Mais cela devra attendre. J’entendis des voix de plus en plus proches. Giratina avait raison, les autres arrivaient. J’avais hâte de voir leur réaction devant mon nouveau camarade ! Surtout ce peureux de Patch, avec un peu de chance, j’aurais la chance d’assister à une crise cardiaque en direct…