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Le Démon Roi - Première partie de Edetalelric



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Informations

» Auteur : Edetalelric - Voir le profil
» Créé le 01/03/2017 à 18:17
» Dernière mise à jour le 29/08/2017 à 00:58

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Présence de transformations ou de change   Science fiction

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5 - L’Ingénieur
« Clic » « Ok… Journal de Spanner, 10 mars 6005 après Jésus-Christ. Cela fait plus de deux mois que l’expérience a débuté. Comme toutes les semaines, j’suis allé voir mon petit protégé. Quand j’ai pris l’œuf entre mes mains, j’ai cru sentir un mouvement à l’intérieur. J’ai encore monté la température de 5 degrés Celsius… Même s’il ne s’agit pas d’un Pokémon de type feu, cela ne lui fera aucun mal. Je ne peux toujours pas dire quand aura lieu l’éclosion. Ce sera tout pour aujourd’hui. » « Clic » L’ingénieur en profita pour tirer une longue taffe à sa cigarette électronique qu’il portait toujours avec lui. Il s’agissait d’un modèle de son invention : l’homme pouvait s’en servir même après l’avoir mise de côté durant plusieurs heures.
« Allez… Au boulot ! » En enfilant sa veste, il sortit du laboratoire secret afin de se diriger vers la salle de contrôle du dôme protecteur. Après avoir rabattu la porte derrière lui, il se permit une seconde de fierté en observant la discrétion de son lieu de travail : fermé, il ne semblait être qu’un mur de briques longeant une ruelle sombre. L’interrupteur se révélait uniquement lorsqu’un endroit particulier du mur était manipulé habilement, et une caméra cachée derrière un buisson observait le passage en permanence. Pour plus de sûreté, les images étaient transmises à la montre de Spanner lorsqu’un détecteur de mouvements captait quoi que ce soit dans la rue. Il fit un clin d’œil à la caméra puis s’en alla.

Seul un journal malmené par le vent avait activé le capteur lorsqu’il retourna au labo ce soir-là. Peu de temps après s’être posé dans son siège, l’ingénieur put observer sur l’écran de sa montre un homme particulièrement grand tenter de trouver l’interrupteur. Des râles précédèrent un « toc toc toc » adressé à Spanner. Un sourire se dessina sur le visage de celui-ci lorsqu’il demanda :
« Mot de passe ?
-Arrête, tu sais que c’est moi.
-Mot de passe ?!
-Je ne dirai pas ton foutu mot de passe !
-Mot de passe !! » Le sourire moqueur de l’ingénieur se dessina en un instant, sans disparaître durant les savoureuses secondes qui précédèrent la réponse de l’interlocuteur. Cette dernière fût prononcée les dents serrées, avec un rythme saccadé: « J’aime. Les. Gros. Nichons. » Lorsque son ami entra, Spanner s’était écroulé sur sa chaise, hilare. Admirer l’œuf de Pokémon fut néanmoins la priorité du visiteur, et l’ingénieur ramassa sa cigarette afin de le rejoindre. Après avoir profité de cette dernière, il s’empressa de lancer à l’observateur « J’ai monté la température. Cinq degrés.
-Encore ? Ça va aller ?
-Je l’ai senti bouger. Si ça l’aide pas à se développer, je vois pas ce qui pourrait. Les éleveurs confiaient souvent leurs œufs à des Magmars, alors pas de souci.
-Et par rapport à l’énergie ?
-On devrait être bon. Je peux tenir encore… Hmmm… Un mois. Et quelques. Mon projet d’éoliennes commence à pointer le bout de son nez, donc si il manque, on mettra les bouchées doubles pour la construction.
-Putain ! Depuis un an que tu pompes l’énergie du barrage, et personne s’en rend compte ?!
-C’est moi qui suis responsable. Le dôme tient, non ? Je leur ai dit qu’il pompait toute l’énergie, alors ils m’emmerdent pas. Les éoliennes me serviront de prétexte pour refourguer l’énergie qui me servira plus après l’éclosion de ton bestiau. Comme ça, tout le monde est content. »
Il inspira un bon coup, sa cigarette électronique entre les lèvres. Les deux compagnons restèrent figés, captivés par l’œuf. Mesurant moins de trente centimètres de haut, ses tâches vert foncé cassaient la platitude du fond grisâtre. Après tout, tous les œufs de Pokémons se ressemblent. Spanner se surprit à penser aux recherches qu’il avait effectuées avant que son comparse ramène l’œuf. Un dossier de la bibliothèque sur la nature, l’aspect, l’élevage ou encore les temps d’éclosion selon les Pokémons lui avait fourni la plupart des informations permettant l’élaboration de la couveuse. Son matériel n’étant malheureusement pas opérationnel, la durée prévue était passée depuis un nombre de jours inquiétant. Mais le Pokémon avait bougé. Il en était presque sûr. Son camarade le sortit de ses réflexions en râlant :
« Je veux pas avoir fait ça pour des prunes, hein…
-Je sais… »
Un long silence s’ensuivit, jusqu’à ce que l’ingénieur, amusé, sorte après une brève expiration :
« N’empêche… J’ai toujours du mal à y croire. Un Pokémon volant aurait choppé l’Excelangue entre ses serres pendant son saut? Pfff ! Putain de chanceux ! » Le guerrier ne répondit pas. Son regard dans le vide témoignait encore de son incrédulité ainsi que la peur qu’il avait ressentie ce jour-là. Spanner se souvenait nettement du moment où l’explorateur rentrait au fort : sa marche machinale, le regard perdu vers d’autres horizons, ou encore ses tremblements qui ne cessèrent qu’une semaine après son retour.

Une routine s’était progressivement installée depuis l’arrivée de l’œuf. Quand le dôme électrifié n’avait pas besoin de maintenance, Spanner aidait dans les serres, la construction, ou rendait service aux habitants qui le requéraient ; mais la plupart du temps, il enseignait dans l’une des écoles de la ville. Assurer les cours de mathématiques ou de physiques ne lui demandait plus aucune préparation après 10 ans d’enseignement.
Dans sa tendre jeunesse, Spanner avait pour ambition de devenir soldat. Bien que ses capacités physiques ne se révélassent pas trop mauvaises ; il dût abandonner l’idée lorsqu’un groupe d’imbéciles lui brisèrent la jambe sans raison apparente. Le jeune blessé, âgé de quinze ans à l’époque, se découvrit un véritable talent pour les sciences à travers les livres qu’on lui apportait lors de son hospitalisation ; mais surtout, il révéla une fascination pour les casse-tête, les défis, ou les mystères scientifiques. A 19 ans, il résolut en une centaine de pages le dernier théorème de Fermat, (l’un des plus grand problèmes des mathématiques, qui consiste à prouver qu’il n'existe pas de nombres entiers non nuls x, y et z tels que : xn + yn = zn, dès que n est un entier strictement supérieur à 2) sans jamais étudier un seul travail portant sur ce sujet.
Lorsque son niveau d’études en physique fut aussi avancé, il fût nommé Ingénieur en chef du Fort-Marie. Tragiquement, le dôme pompait quasiment tout l’énergie produite par le barrage. Enfin... officiellement. Spanner avait pu optimiser le rendement du barrage et réduire la demande du dôme afin de s’approprier le reste. Pour un Pokémon qui ne sortait toujours pas de son œuf ; mais qui représentait peut-être la porte de sortie.

L’idée de sortir du Fort et d’explorer le monde avait été lancée par le guerrier lorsqu’il était encore haut comme trois pommes. La vie au Fort-Marie était répétitive : les cours se succédaient aux cours, les agriculteurs s’occupaient de leur serre, les ouvriers bâtissaient ou restauraient. Et la religion prêchait l’arrivée d’êtres venant d’un autre monde. Loin de remettre l’Histoire en doute, Spanner avait tout de même un problème avec la religion du Démon-Roi. Pourquoi attendre l’arrivée incertaine de sauveurs éventuels ? Avec du matériel et un peu d’énergie, il était certain de pouvoir sortir de là en sécurité. Son projet
personnel était même déjà en préparation.
« Un jour, je compte m’évader du Fort-Marie. »
Le guerrier avait toujours été un garçon robuste guidé par cette seule motivation. Le garçonnet de l’époque semblait naïf, certes. Les professeurs l’avaient punis, les camarades l’avaient embêté, ou même tabassé, l’ingénieur le savait. Alors, il n’en parlait plus qu’à son ami Spanner ; qui, lui, l’écoutait imaginer le monde extérieur pendant des heures. Mais c’est seulement deux ans après être entré dans la division blanche de l’armée qu’un nouveau projet commença à guider toutes ses actions : le jeune homme avait l’ambition d’élever un Pokémon et de s’en servir pour s’échapper du Fort-Marie. Aussi insensé que l’idée ait pu paraître, il faut croire que la motivation était contagieuse. L’ingénieur avait alors tout mis en œuvre afin de prévoir parfaitement le projet. Et maintenant, ils avaient l’œuf, mais celui-ci…
Trois jours plus tard, l’homme en eût assez. Se rendre à la bibliothèque ne lui prit qu’une demi-heure. L’accès étant réglementé aux connaissances du prêtre du Fort, il passa dire bonjour à ce dernier durant son cours et lui promit de lui ramener la clé, cette fois, avant de s’éloigner en sifflotant. Il passa une demi-journée dans les bouquins. Une dizaine de livres étaient répandus par terre lorsqu’il trouva ce qu’il cherchait. Il ferma brusquement le document, lâcha un « ok ! » et fonça à la salle d’entraînement de la division blanche en laissant la bibliothèque ouverte, dans cet état.
Il reviendrait ranger, plus tard.

Quand Spanner avait une idée en tête, il fallait qu’il la mette en application. Plus rien ne comptait. Il aperçut le guerrier s’entraîner au combat d’épées contre un grand chauve assurément plus féroce que son adversaire. Un coup d’œil suffit à l’ingénieur pour remarquer que tous les autres soldats avaient arrêté leur duel afin d’observer l’affrontement, et un sourire naquit sur son visage lorsqu’il entendit les murmures parier sur la victoire du chauve. Mais l’autre contrait, contrait, contrait de nouveau. Gauche, haut, haut, bas, droite. Puis un pas en arrière. Son ennemi en profita pour se jeter sur lui ; cependant l’autre l’avait prévu, et, en un geste imperceptible, dévia la trajectoire de la lame. Le chauve perdit l’équilibre, puis eut le temps de sentir la caresse du bois contre sa nuque avant de tomber à plat ventre sur le sol. Les spectateurs applaudirent puis retournèrent à leurs exercices. Après avoir aidé son camarade à se relever, le vainqueur vit l’ingénieur et s’en approcha en s’essuyant le visage.
« Félicitations, 3ème Fou Blanc.
-Ça fait un an que je suis Cavalier. 2ième Cavalier. Je te le répète à chaque fois.
-Bah… Tu resteras toujours mon 3ème Fou ! »
Une tape sur l’épaule accompagnait un sourire amical.

Les membres des bataillons (Blanc, Noir, Rouge et Bleu) étaient nommés selon les pièces de l’échiquier, avec dans l’ordre de grades : Pions, Tours, Fous, et en haut, Cavaliers. Les couleurs des sections déterminaient leur position lors d’un conflit : la Blanche au front et la Noire en retrait (attaquant souvent à distance), espacées par la Bleue puis la Rouge. L’ami de l’ingénieur avait directement été admis en tant que 3ème Fou du bataillon Blanc. Comme le voulait la tradition, c’est ce jour-là qu’il abandonna définitivement son nom. L’ingénieur mena le propriétaire de l’œuf jusqu’à son laboratoire, non sans subir une multitude de questions auxquelles son unique réponse fut :
« Ça fait longtemps que tu la portes ta veste ? Bien. », Suscitant ainsi d’autres demandes. Quand ils furent près de la couveuse, Spanner demanda au guerrier de retirer son habit et de le placer sous l’œuf. Des explications lui furent demandées, mais la seule réplique fut : « Fais-le ! ». Une fois que l’œuf fut placé sur le par-dessus, l’ingénieur expliqua :
« Les éleveurs confiaient les œufs à des Pokémons de type feu. Je pensais que c’était juste pour la chaleur, mais apparemment… Le Pokémon ne sortira pas tant qu’il n’y a pas une
odeur animale à proximité pendant quelques jours. Il ne se trompait pas. Seulement trois jours plus tard, la montre de Spanner émit un bip. Il y avait du mouvement dans la couveuse.

Le Salamèche n’arrêtait pas de crier. Le guerrier le berçait pourtant depuis plus d’une heure, mais le petit Pokémon ne voulait pas se taire ni manger. Une corbeille remplie de baies avait pourtant été rapportée par Spanner, mais le lézard ne voulait pas y toucher. Epuisé, l’ingénieur fourra sa cigarette dans la bouche de la bestiole en espérant la faire taire, mais celle-ci n’émit qu’une quinte de toux avant de brailler de plus belle. Puis Spanner réalisa :
« De la viande ! Il faut lui faire bouffer de la viande brûlée !
-… Et tu pouvais pas y penser avant ?!
-Il mettait tellement de temps à sortir, ça m’est sorti de la tête…
-Eh bah, t’attends quoi pour aller en chercher ?
-Pourquoi moi ?
-Il me prend pour sa mère, je peux pas l’abandonner !
-Roh bordel… »
Effectivement, une saucisse totalement cramée suffit à faire taire le criard. Puis, son organisme s’adapta au bout de quelques jours afin de résister à la chaleur, le petit être se mit à gober des petites baies ; au grand soulagement des deux hommes qui ne pouvaient pas se permettre d’acheter de la viande fraîche éternellement. Le caractère du petit Pokémon était jovial et curieux. Débordant d’énergie, il sautait sur tous les appareils électroniques en y laissant parfois des petites marques de brûlures.
Dresser le Salamèche ne fût pas une tâche aisée. Son éducation s’accéléra d’un coup lorsque le guerrier tenta de le faire combattre. Spanner avait construit un petit robot d’une vingtaine de centimètres en prévision de l’éclosion de l’œuf. Se rechargeant à l’énergie solaire, une télécommande pouvait ordonner au robot de rouler dans toutes les directions, lancer des petits jets d’eau ou lancer des pièces de métal sur une cible. Durant les premiers jours, le Pokémon s’enfuyait en couinant lorsqu’il recevait une attaque. Un mois plus tard, Salamèche les esquivait, puis se jetait contre le robot pour le faire tomber sur le flanc.
Il était temps de passer à un autre robot.
Mini-Mosca ne mesurait pas plus de cent cinquante centimètres. Trois canons lui servaient de bouche : celui de droite, quand on regardait le robot, possédait l’ouverture la plus large, tandis que le plus long était le tuyau central. Son corps rond était aussi large que haut, et sa tête arrondie possédait une paire d’yeux dont la forme était semblable aux lunettes de natation. Contrairement à son prédécesseur, il était équipé de jambes serties de roulettes qui s’actionnaient prestement. Enfin, dans chacun de ses doigts se trouvait un canon miniature dont la puissance était contrôlée par la télécommande.
Salamèche comprit rapidement qu’obéir aux ordres du guerrier le rapprocherait de la victoire. Aussi le Pokémon apprit vite de nouvelles attaques, qu’il utilisait d’abord sans le désirer; mais son maître lui fit comprendre leur nom et le lézard cessa de lancer des capacités sans y être invité. Naturellement, l’ingénieur ne faisait que le tester.
Durant les premiers jours, la salamandre devait éviter les attaques prévisibles du robot, puis se jeter contre lui quand l’occasion se présentait. Quatre semaines suffirent à Salamèche pour lancer un jet de flammes sur son ennemi après avoir évité tous les missiles ou anéanti les projectiles en les flambant. Les deux amis se débrouillaient tant bien que mal pour alterner leur travail avec l’entraînement du jeune Pokémon. De plus, la construction d’éoliennes demandée par
Spanner avait enfin débuté.
L’idée de se relayer les demi-journées s’était présentée comme la plus simple. Finalement, le lézard s’était habitué à l’absence de sa mère durant les matinées, et restait couché dans son lit (constitué d’un panier à fruits sur lequel était enroulée la veste du soldat) jusqu’à l’arrivée du Guerrier, avec une corbeille de baies à proximité, voire parfois d’une assiette de poissons ou de viande qu’il pouvait désormais cuire seul.
Observer le petit être progresser chaque jour était devenu l’activité qui donnait envie de se lever le matin. Il était devenu plus vif, plus preste, plus fort. Et ses flammes commençaient à impressionner. Puis, certaines parties du robot présentaient des dégâts, alors Spanner dut les changer. Une fois de temps en temps. Puis une fois par semaine. A partir d’une fois par jour, l’ingénieur demandait au Pokémon de refondre certaines pièces pour les modeler et les installer à nouveau. Sa maîtrise des commandes du mini-Mosca se perfectionna, ainsi le Pokémon ne gagnait pas trop facilement. Mais il gagnait.
Fatalement, il vint un jour où combattre le robot chaque après-midi ne lui était plus d’une grande utilité ; cela arriva environ deux mois et demi après l’éclosion du Pokémon. Quand le guerrier demanda ce qu’il devait faire à partir de là, une réponse terrifiante vint immédiatement à Spanner en tête. Il tira une longue taffe.
« Salamèche doit affronter d’autres Pokémons. »