Aura du temps : Prologue - T1 de lubianse

Les enfants discutèrent joyeusement pendant la descente, Sacha parlant de combat extrême et Flora de concours, ce qui attira l’attention de Shyn qui reporta ensuite son regard sur le Lucario qui regardait le paysage d’un air un peu tendu. La jeune femme l’observa de côté quelques secondes d’un air paisible et attentif, fixant les traits de son visage.

Mais le Pokémon tourna rapidement la tête vers elle en se sentant observé, et Shyn détourna son regard pour porter son attention sur le paysage d’un air un peu mal à l’aise.

Lucario fronça légèrement les sourcils en fixant le profil de la jeune femme à côté de lui, avant de lui aussi se retourner vers la ville dont il s’approchait de plus en plus, ne remarquant pas que Shyn continuait en vérité de l’observer dans le reflet de la vitre…

Mais quelques secondes après, tout le monde porta son attention sur le paysage au loin du côté droit. Kidd était visible sur une route de montagne et était sortie de son 4x4 jaune pour faire de grands signes à tout le monde, auquel tous les enfants et Shyn répondirent joyeusement.


Une fois tout le monde descendu dans la ville, Sacha et ses amis dirent à leur tour au revoir à Shyn et Lucario, car ils ne partaient pas dans la même direction.

— J’espère qu’on se reverra. C’était vraiment une belle aventure ! fit Sacha d’un air joyeux.

— Oh, quelque chose me dit que oui…, répondit la jeune femme d’un air sournois non dissimulé qui fit sourire Flora.

Le garçon se tourna ensuite vers le Lucario qui semblait très intéressé par les humains autour d’eux qui se baladaient avec divers Pokémon.

— Lucario. J’espère que tu vas t’amuser dans ce monde, et que tu seras heureux !

Le Pokémon se tourna vers lui et lui fit un vrai sourire en hochant la tête.

— Merci, Sacha. J’espère aussi pour toi que tu réussisses dans ta voie, répondit le Lucario sincèrement sous le sourire du garçon.

Peu après, les deux groupes partirent chacun de leur côté, et Shyn sortit un papier de son sac qui n’était autre qu’une carte de la ville. La jeune femme se mit ensuite à marmonner toute seule entre ses dents en marchant, tandis que Lucario reprenait sa contemplation de la ville en la suivant avec les évolitions.


À peine quelques pas plus loin, le Lucario arbora un air assez abasourdi par tout ce qu’il voyait : les maisons étaient presque toutes les mêmes, mais semblaient à moitié reconstruites par endroits, donnant un air mi-ancien, mi-récent assez étrange. Les gens, leurs attitudes, leurs tenues, les Pokémon à leurs côtés n’étaient plus du tout les mêmes que ce qu’il avait connu, ainsi que les commerces qui affichaient maintenant des noms et des logos qu’il ne connaissait pas.
Mais son regard fut particulièrement attiré par un rassemblement de gâteaux derrière une grande vitre transparente dont l’odeur lui rappelait celle du chocolat que Max lui avait donné tandis qu’il passait devant, détournant son attention de la jeune femme qui regardait toujours sa carte.

Tout pris à la contemplation de la vitrine, Lucario ne vit pas que Shyn s’était arrêtée devant lui, et rentra mollement dans son sac à dos, avant de s’excuser platement.

Mais la jeune femme ne sembla même pas le remarquer, et se tourna vers lui tout en continuant de fixer sa carte.

— J’ai envie de boire quelque chose… Si tu veux, on peut aller dans un salon de thé, il y en a un pas très loin dans une rue voisine. Et ils font des desserts pour humains et Pokémon, ça pourrait être intéressant. Ça te dit ? fit Shyn en abaissant enfin son papier pour regarder le Lucario qui la fixait d’un air un peu perdu.

— Mais… v-vous ne vouliez pas racheter ce que Pikachu a détruit ? demanda le Pokémon d’un air hésitant.

La jeune femme se figea quelques secondes, avant de comprendre à quoi il faisait allusion, et prit une bouffée d’air.

— Un vélo ? Non. J’en aurais racheté un si je voyageais seule. Mais dans la mesure où tu vas m’accompagner je ne vais pas t’obliger à courir derrière moi sans arrêt, rigola-t-elle.

— Cela ne me dérange pas si vous préférez voyager ainsi. Je peux vous courir après aussi longtemps que nécessaire, rétorqua le Pokémon d’une voix tranquille.

Shyn le fixa quelques secondes d’un air légèrement suspicieux et perplexe, semblant se poser des questions sur le sens de sa phrase. Les évolitions, elles, n’écoutaient pas, et regardaient les gâteaux derrière la vitre d’un air particulièrement intéressé.

— C’est gentil, mais non, ce ne sera vraiment pas nécessaire. Je marcherais avec toi, répondit-elle finalement en souriant, tout en lui jetant un regard en coin.

La jeune femme regarda ensuite la devanture de la boulangerie devant laquelle ils étaient avant de reporter son attention sur le Lucario.

— Donc, ça te dit d’aller manger quelque chose ? En plus je crois que tu n’as pas déjeuné ce matin, il me semble.

— Je vous suis, répondit le Pokémon d’une voix calme, affichant un air limite égal.

Shyn sourit en faisant un petit « Hé », avant de se retourner pour prendre la route du salon de thé : « Pommette bleue », suivie par les deux évolitions qui avaient entendu la fin de la conversation et semblaient ravies à l’idée de manger des sucreries.


Quelques minutes après, arrivée au salon, Shyn se dirigea vers une petite table en terrasse après avoir jeté un coup d’œil à la devanture d’un air vague. Lucario la suivit d’un pas lent en détaillant du regard tout ce qui se trouvait autour de lui.

Le Pokémon fixa son attention sur un couple à une table qui était très occupé à roucouler en se donnant mutuellement la béquée d’un air amoureux, tandis que Shyn faisait signe à une serveuse pour aller s’asseoir à la table qu’elle visait. Elle était simple et blanche, deux verres et deux serviettes étaient posés dessus face à face.

Le Lucario la rejoignit ensuite et resta debout à côté d’elle en continuant de jeter des regards intrigués au décor du lieu. La jeune femme déposa son sac à ses pieds à côté de ses deux évolitions qui remuaient leur bout de nez en humant l’air sucré d’un air très intéressé, avant de tourner la tête vers le Pokémon qui n’avait pas bougé.

— Tu peux t’asseoir, tu sais, dit-elle en souriant, attirant l’attention du Lucario qui se tourna vers elle.

— Vous allez déjeuner, je ne me permettrais pas, répondit le Pokémon d’une voix respectueuse.

— Je t’en prie…Ne sois pas si conventionnel, rigola la jeune femme en lui montrant la chaise en face d’elle.

Mais le Lucario ne bougea pas, et regarda la chaise et Shyn à tour de rôle, semblant ne pas comprendre.

— Assis !!!! fit alors subitement Shyn d’une voix légèrement autoritaire, mais non agressive.

Le Pokémon prit un air effaré et se téléporta littéralement sur la chaise en gardant son expression en fixant la jeune femme.

Shyn porta ensuite sa main à sa bouche en tentant difficilement de se retenir de rire.

— Excuse-moi. Je ne pensais pas que ça marcherait ! railla-t-elle en rigolant doucement.

Mais elle se ressaisit finalement devant l’air catatonique du Pokémon et mit ses mains sur la table.

— Lucario. Nous ne sommes plus dans un château où les Rois et les Reines dictent les lois de vie et de conduite. Tu n’as pas à agir par convention, même si je me doute que ton éducation a été faite sur cette pensée-là et que ça va être dur pour toi au début de passer outre… Mais je te le rappellerais.

La jeune femme fit une pause et jeta un coup d’œil rapide vers l’intérieur du salon avant de se retourner vers le Pokémon.

Lucario ne répondit rien, se contentant de fixer Shyn d’un air attentif.

— Tu es libre de faire tout ce que tu veux. Tu n’as de compte à rendre qu’à toi-même, reprit la jeune femme en souriant, avant de prendre la serviette devant elle pour la regarder.

— Comme vous voulez, Miss Shyn…

Shyn releva rapidement la tête vers lui et lui lança un regard noir.

— Ne m’appelle pas comme ça… et arrête de me vouvoyer, nous sommes à égalité je te rappelle, déclara la jeune femme d’une voix calme, mais ferme.

Le Pokémon sembla comprendre son erreur et tenta de se reprendre rapidement :

— Excusez-m… excuse-moi…, Shyn.

La jeune femme lui lança un regard mitigé, avant de jeter un coup d’œil vers ses évolitions, qui ne disaient rien, mais suivaient la conversation. Mais la serveuse arriva avec des menus sous le bras, obligeant Shyn à se redresser.