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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 12/02/2017 à 08:59
» Dernière mise à jour le 26/11/2019 à 16:33

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 301 : Avenir en marche - [Arc IX : Guerre Mondiale]

La guerre, c’était toujours tragique. Mais ça l’était encore plus quand elle était nécessaire, et qu’on devait tout faire pour qu’elle se poursuive comme il fallait. C’était là la mission de Lord Judicar, en ce monde et en cette époque. Il devait observer les actions de chacun et le déroulement des choses, et n’intervenir seulement que si des éléments extérieurs et étrangers s’avisaient de modifier le cours de l’Histoire. Car l’Histoire devait se poursuivre comme elle avait été écrite, même si elle était sillonnée de sang et de larmes. Quelque soit l’époque, Judicar veillait à ce que la ligne temporelle édictée par ses maîtres soit respectée.

Lord Judicar était un individu de haute taille, portant une armure luisante, une cape sombre et un masque futuriste qui ressemblait vaguement à une tête de mort. C’était là le nom et l’allure qui faisaient son identité quand il servait ses maîtres Façonneurs. Lord Judicar, le Septième Cavalier de l’Apocalypse, aux pouvoirs qui défiaient l’entendement. Mais bien sûr, ce n’était pas son vrai nom. Sous l’armure et le masque, il y avait un visage humain, et une identité plus commune. Son vrai nom, bien qu’il ne l’utilise que rarement, était Ardulio Crust. Qui l’appelait encore Ardulio, aujourd’hui ? Peu de monde.

Au service des Façonneurs, Judicar était censé surveiller l’évolution de ce monde dans ses diverses époques sensibles. Il avait traversé bien des âges, rencontré bien des gens, et toujours, dans l’ombre, et il avait observé, guidé, conseillé, pour que l’Histoire se passe selon les besoins de ses maîtres. Parfois, quand il y avait nécessité, Judicar intervenait pour empêcher quelque chose ou quelqu’un de faire dévier la ligne temporelle choisie vers tout autre chose. Pour l’instant, dans cette époque, Judicar n’avait eu qu’à le faire trois fois. Les autres fois où il s’était battu, c’était juste pour se défouler un peu.

Pour accomplir au mieux la mission de ses maîtres, Judicar était rentré dans la Team Rocket, en tant qu’Agent 001. Cette place avait deux avantages. Déjà, celui de pouvoir bénéficier des exceptionnels réseaux Rockets d’espionnage et d’avoir donc un œil partout. Et ensuite, ça lui permettait aussi d’observer au plus près certaines personnes importantes pour la ligne temporelle qui elles aussi étaient dans la Team Rocket. Au fil des années dans cette époque, Judicar avait fini par apprécier son statut d’Agent, et le confort qui allait avec. Il s’était créée cette charmante petite villa au sommet de l’île Marinea, au sud de Kanto. Il y vivait seul, ave son seul ami - si on pouvait appeler ça un ami - à savoir son majordome personnel, Monsieur C, un être mécanique humanoïde qui aurait pu ressembler à un Cliticlic ayant soudainement prit forme humaine. D’ailleurs, c’était un peu ça.

Aujourd’hui, Judicar n’était plus l’Agent 001 de la Team Rocket, pour la simple bonne raison que les Agents n’existaient plus, au même titre que la Team Rocket d’ailleurs. Lady Venamia avait pris le pouvoir à Johkan. Sa Team Rocket était devenue une police militaire et la seule force armée autorisée dans le pays, qui s’appelait désormais le Grand Empire de Johkan. Venamia ne s’était pas elle-même nommée impératrice, mais avait un titre tout aussi pompeux, celui de Dirigeante Suprême. Quant à son ambition, c’était de faire de son nouvel empire un empire mondial. Bref, Lady Venamia voulait diriger le monde.

Judicar, s’il l’avait voulu, aurait pu mettre un terme à ses ambitions et à sa cruauté en quelque secondes. Sauf que son boulot, justement, ça avait été que Venamia arrive à ses fins en prenant le contrôle de la Team Rocket puis de Johkan. C’était ainsi que l’Histoire était censée être. Et à présent, elle suivait le cours qu’elle devait. Erend Igeus, le grand ennemi de Venamia, avait fondé la Confédération Libre et avait, il y a six mois, déclaré la guerre à Johkan. Par le jeu des alliances entre les deux camps, on pouvait dire désormais qu’il n’y avait pas un seul pays qui n’avait pas pris parti. Autrement dit, une guerre mondiale venait d’éclater.

Judicar en avait connu, des guerres mondiales. Elles étaient souvent horribles, mais toujours nécessaire à la mise en place d’une ligne temporelle spécifique. Celle-ci ne ferait pas exception. C’était même la plus importante de toutes jusqu’à présent. Bien sûr, Judicar connaissait le passé, le présent et aussi le futur. Il savait déjà comment elle allait se terminer. Mais ça, ce n’était pas son problème. Il devait juste faire en sorte qu’elle se termine comme elle est censée le faire. Et vu comment les choses évoluaient à présent, il y avait peu de risque maintenant que la ligne temporelle diverge. Judicar pouvait se contenter de regarder sans rien faire.

Il y a six mois, un Primordial déchu du nom de Memnark et ses armées d’Akyr robotiques avaient attaqué la Terre. C’était juste après cet épisode que la guerre mondiale avait débuté, quand Igeus et sa Confédération avaient enfin quitté leur fief de Bakan pour se rendre à Hoenn afin de l’aider à combattre Johkan. C’était pour l’instant là-bas que se déroulaient le gros des combats, mais aussi le gros de l’horreur. Car si cette guerre était bien principalement un conflit entre Venamia et Igeus et leurs armées respectives, il y avait un autre camp dans le jeu : celui de la Corruption.

Horrorscor et son pantin, le Marquis des Ombres, s’étaient alliés à Venamia, se servant de ses exactions pour répandre la corruption partout. Et ce partout avait commencé à Hoenn. Comme les Sept Piliers de l’Innocence étaient tombés, les Sept Démons Majeurs d’Horrorscor étaient libres et pleinement en possession de leurs pouvoirs. Il s’agissait de sept Pokemon Légendaires, chacun représentant un péché capital. Leur existence même augmentait la corruption partout dans le monde, et comme ils étaient actuellement à Hoenn en train d’aider les armées de Venamia, la région était devenue la plus engluée dans le péché du monde entier, et ce en à peine une année.

Les sept péchés capitaux avaient fondu sur Hoenn en même temps que les Sept Démons Majeurs qui les représentaient. Wrathan, le chef des démons, Pokemon de la Colère, se servait des affres de la guerre pour accroître la haine et le ressentiment partout où il passait. Enviathan, le Pokemon de l’Envie, l’aidait dans cette tâche en insufflant la jalousie dans le cœur des hommes. Ainsi, les habitants d’Hoenn, quand ils ne se faisaient pas massacrer par les armées de Venamia, se massacraient entre eux. Le nombre de meurtres et d’agressions en tout genre avait explosé, même dans les zones encore épargnées par le conflit sanglant.

Belfegoth, Pokemon de la Paresse, avait rendu les gens d’Hoenn passifs devant leur sort, dénués de toute envie de se révolter et d’agir. Mavarice, Pokemon de l’Avarice, avait fait croire aux hommes la possibilité de s’enrichir grâce à la guerre ; ainsi, des trafics en tout genre avaient vu le jour, corrompant encore plus chaque ville et village. Grâce à Lusmodia, Pokemon de la Luxure, des bordels improvisés avaient ouverts un peu partout, les gens fuyant la guerre en se réfugiant dans le sexe et la débauche, ceci aidé par Gluzebub, Pokemon de la Gourmandise, qui favorisait les consommations d’alcools et de nourriture plus que de raison. Et enfin, les gens étaient devenus arrogants, mauvais, chacun ne songeant qu’à lui et se moquant des malheurs des autres. Et ceci, on le devait à Lucifide, Pokemon de l’Orgueil.

Pour l’instant, Hoenn était la seule région impactée, mais peu à peu, les péchés allaient inévitablement se répandre, et avec eux, la corruption généralisée. Le cœur des humains allait se noircir, les conflits s’aggraver, et tout cela allait permettre à Horrorscor de recouvrer peu à peu son énergie néfaste d’autrefois, et à terme de ressusciter. Tel était le plan du Maître de la Corruption. Judicar ne l’aimait pas. Il serait bien donc intervenu pour l’empêcher d’agir et l’éliminer pour de bon, mais il se retenait, car Horrorscor était un élément majeur de la ligne temporelle que les Façonneurs désiraient.

Depuis si longtemps qu’il voyageait d’époques en époques pour influencer le cour de l’Histoire, Judicar avait perdu toute espèce de sentiments pour les hommes et les Pokemon. Ils n’étaient rien, seulement des pions sur l’échiquier universel de ses maîtres. La mission de Judicar était de les faire bouger au bon moment et de la bonne façon. Certains devaient être sacrifiés, d’autres préservés. Des millions d’êtres pouvaient mourir que Judicar n’aurait même pas haussé un sourcil. S’embarrasser d’émotions aurait été contre-productif.

Ce n’était pas pour autant que Judicar était sans cœur. Il y avait des gens auxquels il tenait. Certains d’entre eux évoluaient même à cette époque précise, qui précédait la venue au monde de Judicar. Bien évidement, ils ne connaissaient pas encore l’homme sous l’armure, mais lui les connaissait. Certains n’étaient pas encore nés, mais ça n’allait pas tarder. Judicar était curieux de voir comment toutes ces choses si importantes pour la suite s’étaient passées. Voilà pourquoi il éprouvait un peu plus d’intérêt pour cette époque-ci que pour les autres. Mais au final, ça restait quand même son boulot.

Judicar écoutait les actualités de la guerre sur son poste de télévision géant, quand Monsieur C, son majordome personnel, vint à sa rencontre. Monsieur C ressemblait à un robot-chevalier, ou à un chevalier robotisé. On pouvait voir ses jonctions mécaniques et ses boulons partout sur son corps. Seul signe distinctif de sa fonction de majordome : il portait un nœud papillon blanc et des manchettes. Judicar le connaissait depuis sa plus tendre enfance, et plus que son serviteur, c’était un de ses rares amis.

- Annonce servile : Maître, vous avez un visiteur, clic.

Judicar haussa les sourcils derrière son masque. Les visites étaient une chose qu’il n’avait pas souvent.

- Il s’est annoncé ?

- Réponse : Bien sûr maître. Il s’agit de Dame Eonie, clac. Dois-je la faire venir ?

Judicar retira son masque. Il n’en avait pas besoin, face à Eonie, pour la simple et bonne raison qu’elle était sa sœur, et qu’elle était l’une des rares personnes à le connaître sous son masque.

- Amène-là, et propose-lui des rafraîchissements, commanda Judicar.

Monsieur C s’inclina et repartit. C’était rare que Judicar se montre si accueillant, mais Eonie venait rarement prendre de ses nouvelles. Il ne la voyait que quand elle venait pour le conduire dans une autre époque, selon les souhaits de leurs maîtres. Car si Judicar avait bien des pouvoirs, il n’avait pas celui de voyager dans le temps. Celui-là, c’était Eonie qui le possédait. Tout comme lui, elle était l’une des Sept Cavaliers de l’Apocalypse, au service d’un des Façonneurs, la race la plus puissante du Multivers.

Eonie entra dans le salon de Judicar deux minutes plus tard. Elle avait l’air d’une femme d’âge mûr aux cheveux clairs et aux yeux gris et froid. Mais ce n’était qu’une apparence. Eonie pouvait prendre l’âge qu’elle voulait. Contrairement à Judicar, elle ne contrôlait pas le Flux, et donc, elle n’avait pas la très longue vie des Mélénis. Cependant, Eonie avait le don de manipuler le temps à sa guise. Elle pouvait le manipuler pour elle-même, et donc se rajeunir ou se faire vieillir à volonté. De fait, il semblait exclu qu’elle puisse un jour mourir de vieillesse, sauf à le vouloir.

Eonie prenait parfois l’apparence d’une magnifique jeune femme d’une vingtaine d’année, notamment quand elle devait se battre lors de ses missions. Mais la plupart du temps, elle gardait cette apparence là, qui semblait la plus proche de son âge réel. Eonie avait très exactement vingt ans de plus que Judicar. Plus qu’une grande sœur, c’était elle qui l’avait quasiment élevé, suite à la disparition de leur mère.

- Ardulio, le salua Eonie.

- Grande sœur. Il est rare de te voir à cette époque-ci. Surtout à ce moment là. Selon mes prévisions, tu devrais très bientôt être engendrée.

Eonie haussa les épaules d’un air indifférent.

- C’est pour ça que tu es venue ? Insista Judicar.

- Quoi, pour voir mes géniteurs copuler ? Je sais très bien comment fonctionne la reproduction humaine. Elle n’a pas été différente pour moi.

Eonie parlait toujours de « géniteurs » quand elle devait évoquer ses vrais parents. En effet, Eonie avait été adoptée par la mère de Judicar. Elle et lui n’étaient donc pas de vrais frères et sœurs. En réalité, ils étaient cousins. Mais Eonie n’avait jamais considéré ses géniteurs comme ses parents, et pour elle, la mère de Judicar était tout aussi la sienne.

- Et puis, je t’ai expliqué comment ça s’est passé entre eux, poursuivit Eonie. Ce n’était pas différent d’un viol. Alors non merci, je me passerai de ce spectacle. Je suis juste venue pour te ramener.

Judicar fronça les sourcils.

- Me ramener ? Comment ça ? La Guerre Mondiale vient juste de débuter. C’est là que ça devient critique pour les plans de notre maître. Je dois rester pour bien observer tout ça afin que ça se passe comme ça doit se passer.

- Ça se passera ainsi, et tu n’auras pas à intervenir, répondit Eonie en s’installant confortablement sur le grand canapé. L’Histoire ne peut plus être modifiée à ce stade, par rien ni personne. Le seul risque extérieur de chamboulement était ce Memnark qui a choisi juste ce moment là pour revenir sur Terre, mais apparemment, ça s’est bien terminé, et sans que tu ais eu à t’en mêler ?

- J’ai parié sur les détenteurs des Dieux Guerriers, dit Judicar. Tout comme je l’ai fait à l’époque des Guerres de l’Acier.

- Tu étais surtout trop occupé ailleurs pour te soucier de Memnark, ricana Eonie. Je sais que tu t’es rendu à Naya en douce. Approcher maman comme tu l’as fait, et surtout sous ta véritable identité, était une belle idiotie. Je ne te pensais pas si sentimental.

Judicar balaya la remarque de la main d’un air agacé.

- Je ne suis en rien sentimental. Je suis allé là-bas car j’y étais obligé. La situation avait évolué en une ligne temporelle où mère mourrait. Avoue que ça aurait été embêtant, pour nous deux. J’ai donc été obligé d’intervenir pour modifier un peu ça.

La surprise se peignit sur le visage d’Eonie.

- Maman a été tuée ? Comment cela est-il possible ?! Nous avons bien vérifié et revérifié les lignes temporelles de tous nos parents en venant dans cette époque.

- Venant d’une personne qui maîtrise le flux du temps, c’est une remarque bien naïve, commenta Judicar. Tu devrais savoir, chère sœur, que le destin est très capricieux, et peut être modifié avec la moindre petite interférence. On ne peut pas tout contrôler. C’est pour cela qu’on fait ce boulot non ? On observe, on vérifie, et si besoin est, on intervient.

- Mais attend voir… comment as-tu pu modifier le présent où maman mourrait ? S’inquiéta soudainement Eonie. Y’a que moi pour te faire remonter le temps. Tu n’es pas allé embêter Celebi ou Dialga au moins ? Le maître a dit que…

- Je ne suis pas idiot, je sais ce que le maître a dit, l’interrompit Judicar. Je ne l’ai pas modifié moi-même. Je me suis servi de Geran Glasbael, mon ancêtre Gardien de l’Harmonie, qui était justement de passage à cette époque. Il lui restait une Bénédiction de Dialga.

- Utiliser les Bénédictions de Dialga pour modifier le passé est interdit. Il devait savoir cela non ?

- Pour sûr. Et je n’ai pas eu à le pousser, seulement à le conseiller. Geran a agis de son propre chef, par amour pour mère. Il a sans doute été banni de la trame temporelle par Dialga en punition, mais son lui de la nouvelle ligne temporelle modifiée est bien retourné à son époque, et engendrera donc la lignée des Dialine.

Judicar le regrettait presque, en réalité. Pour avoir rencontré la plupart de ses ancêtres Dialine dans des époques du passé, il pouvait affirmer sans mal que, pour la grande majorité d’entre eux, c’étaient des connards monumentaux. Le problème, c’était que les Dialine était la lignée de la propre mère de Judicar, et sans eux, pas de Judicar donc. Quant à Eonie, elle n’aurait jamais été adoptée par la mère de Judicar, et Arceus seul savait où elle serait aujourd’hui, et ce qu’elle ferait. Rien de bon, sans nul doute, étant donné ce qu’elle était en réalité...

- J’examinerai tout ça en détail quand j’aurai le temps, dit Eonie.

Pour Eonie, examiner voulait dire qu’elle allait remonter le temps pour se rendre au plus près des événements décrits par Judicar pour vérifier ses dires. Eonie ne se débarrasserait jamais de ses mauvaises habitudes de grande sœur, de toujours contrôler ce que faisait Judicar. Et cette habitude donnait parfois naissance à des situations hallucinantes. Par exemple, si Eonie entrait en contact avec le Judicar du passé pendant qu’il était à Naya, ce dernier allait sans doute se demander ce qu’elle fichait là, en la prenant pour l’Eonie de sa ligne temporelle présente. Ça lui était déjà arrivé. Quand on jouait avec le temps, il fallait avoir l’esprit bien accroché, car on nageait souvent dans la confusion et le bizarre.

- Quoi qu’il en soit, toi, tu dois partir, poursuivit Eonie. Je te rappellerai si jamais y’a du grabuge ici, mais la situation dans le futur a un peu dégénéré.

- Quand ça, dans le futur ?

- Trois cent ans plus tard. Quelque chose a foiré dans la ligne temporelle classique, et au lieu que Xanthos n’élimine Zordiarche, c’est Zordiarche qui a vaincu Xanthos, qui le maintien captif et qui est parvenu à s’approprier son Éternité.

Judicar soupira par avance. Il n’aimait guère la période de l’Empire Pokemonis, et aimait encore moins avoir à faire à Xanthos durant ses missions là-bas. Il ne pouvait vraiment pas le sentir, ce gars. Le hic, c’était que Xanthos était un individu clé de la ligne temporelle que souhaitait le maître de Judicar.

- Je dois donc encore aller sauver les miches de Xanthos ? Quel blaireau, celui-là… À quoi bon être immortel et régner sur un empire mondial de Pokemon si on ne peut pas se démerder tout seul, hein ? Et c’est quoi cette histoire sur Zordiarche ? Comment cet abruti a pu réussir à vaincre Xanthos ?

- Un coup de Sulin, j’imagine.

Judicar se rembrunit. Leur damné cousin adorait mettre le foutoir partout où il passait, et bien sûr, c’était ensuite à Judicar de réparer ses idioties.

- Que j’adorerais le tuer, lui aussi. Au moins une fois, pour le plaisir…

Eonie sourit ironiquement.

- Vraiment ? Tu en serais capable au moins ?

Judicar ne releva pas la provocation, mais effectivement, la question pouvait se poser. Tout aussi puissant que fut Judicar, il ignorait si ses pouvoirs seraient suffisants face à Sulin, qui, en exagérant un peu, était pour ainsi dire le mal incarné, et sans nul doute le Mélénis Noir le plus puissant de tous les temps. Judicar préféra ramener la discussion sur sa mission.

- Qu’est-ce que je dois faire alors ? Botter moi-même le cul de Zordiarche ?

- En dernier recours uniquement, l’avertit Eonie. C’est Xanthos qui était censé détruire Zordiarche dans la ligne temporelle de base, et j’ignore encore les répercussions que ça pourrait avoir par la suite si c’est toi qui t’en chargeais. Je vais t’amener deux mois avant l’événement. Vois comment les choses se présentent et comment elles vont évoluer. Si tu peux intervenir le moins possible, ce serait l’idéal.

- Compris, grommela Judicar.

Ça lui coûtait de quitter cette époque. Elle était intéressante et confortable, tandis que l’ère Pokemonis était d’une aberration affligeante, avec tous ces Pokemon qui parlaient et les humains réduits à l’état d’esclaves.

- Je reviendrai te chercher dès l’instant où Xanthos est censé éliminer Zordiarche dans l’ancienne temporalité. Après ça, tu devras te rendre en 1704. Nos rapports indiquent que le retour de Bahageddon pourrait ne pas se passer comme prévu.

- Bahageddon ? S’étonna Judicar. Le premier Grand Fléau de l’Humanité ? Tu t’interroges sur ma capacité à vaincre Sulin, et tu veux ensuite me charger de lui ? Même moi je ne tiendrai pas deux minutes face à cette bestiole…

- Ça tombe bien, car ce n’est pas ton boulot. Tu devras juste un peu guider ceux seront chargés de le stopper. Mais une chose à la fois. Xanthos et Zordiarche passent en premier. Tu es prêt à partir ?

- Laisse-moi une minute, tu veux ? Ça fait des années que je vis ici, je ne peux pas tout plaquer à la seconde près…

Le sourire d’Eonie s’élargit.

- C’est bien ce que je disais. Tu es un impayable sentimental, petit-frère.

Judicar envoya mentalement sa sœur au diable, avant d’appeler son fidèle majordome. Monsieur C se présenta devant lui en s’inclinant, comme à son habitude.

- Ton servile : Maître ?

- Je dois quitter cette époque. Je te laisse le manoir, et si jamais quelqu’un cherche à me joindre, que ce soit du coté de Venamia ou d’Igeus, dis que je suis parti très loin et que tu ignores quand je reviendrai.

- Acquiescement : C’est enregistré, maître, clic.

- Maintiens la maison en état. Je l’aime bien, et j’y reviendrai sans doute. Aussi, tu sais ce que tu devras faire dans une vingtaine d’années, n’est-ce pas ?

- Déclaration exagérée : J’ai parfaitement tout retenu, maître, clac. J’agirai selon vos volontés, clic.

Judicar acquiesça, puis posa sa main sur l’épaule de l’humanoïde en acier et en boulons. Un geste d’amitié assez rare venant de lui, mais Monsieur C était un de ses plus vieux compagnons, et sans doute le dernier qui lui restait de son ancienne vie, sans compter Eonie.

- Alors, à plus, mon vieux, conclut Judicar. On se reverra à l’époque prévue… où à celle qui arrive, quand je serai bébé. Mais ce sera alors ton toi du passé.

- Remarque pensive : Je ne garde guère de souvenirs de l’époque où j’étais un Pokemon, clic. Mais j’ai encore quelque images fugaces de ma dresseuse, madame votre mère, et de dame Eonie lorsqu’elle était enfant, clac.

- Tu as de la chance. Moi pas.

Judicar n’avait jamais vraiment connu sa mère. Il ne gardait aucun souvenir d’elle, à part ceux bien sûr où il était allé la rencontrer de lui-même à cette époque. Comme il savait qu’elle allait très bientôt venir à Johkan et participer au plus près à la Guerre Mondiale en cours, il aurait bien aimé rester, pour justement la revoir. Mais ça n’aurait guère été judicieux, vu que c’était à ce moment qu’elle était censée rencontrer le futur père de Judicar. Un père qui lui ressemblait beaucoup, et donc sa mère, qui était loin d’être idiote, se serait posé des questions embarrassantes.

Ardulio Crust remit son masque, et redevint Lord Judicar. Il revint dans le salon, et prit sans un mot la main qu’Eonie lui tendit. Alors qu’elle utilisait ses pouvoirs pour ouvrir un tunnel dans le grand réseau temporel universel, Judicar songea au temps qu’il avait passé dans cette époque, à tout ce qu’il avait vu, et à ce qui allait se dérouler sans qu’il ne le voit. Toute une série de catastrophes et de drames qui vont marquer cette Guerre Mondiale ; une horreur comme le monde en a rarement vue.

La plupart des gens pensaient qu’il s’agissait d’un conflit d’ambition entre deux meneurs mondiaux : d’un côté Lady Venamia, et de l’autre Erend Igeus. Mais ce n’était que la partie visible de l’iceberg. Dans l’ombre de Venamia se cachaient Horrorscor et ses Démons Majeurs, prêts à ramener le monde dans la corruption la plus généralisée. Les Gardiens de l’Innocence, qui depuis toujours les combattaient, étaient désormais moribonds, car divisés, et dirigés par un homme, Vaslot Worm, dont les intentions n’étaient clairement pas innocentes, loin de là.

Mais ce n’était pas tout. La menace des Pokemon Méchas était toujours là, attendant son heure. Et une autre menace était en train de sortir des plus noirs cauchemars : celui qui se faisait appeler Nightmare, et qui commençait à polluer les rêves de plus en plus d’humains, pour se nourrir de leur force vitale et emmagasiner une puissance qui ne lui servira qu’à mettre en œuvre la plus noire des vengeances. Et que dire des projets des deux bras droits du Marquis des Ombres ? Silas Brenwark, avec son pouvoir de création qui défiait l’imagination et son esprit tordu ? Et Lyre Sybel, une Enfant de la Corruption instable qui contrôlait vie et mort de ses deux mains ?

Le monde en était là. Il allait faire face à sa plus grande crise depuis des siècles. Et ce n’était pas une crise qui risquait de le détruire, lui ou l’humanité en général, comme une bonne partie des précédentes. Non. C’était une crise qui allait transformer la plupart des humains en bêtes sauvages, chacun redoublant d’efforts pour dépasser l’autre dans l’échelle de l’horreur et du mal. Ils allaient se tuer entre eux, se faire souffrir, et ils allaient aimer cela. Oui, telle serait la Grande Guerre Mondiale de l’ère moderne.