Aura du temps : Prologue - T1 de lubianse

La jeune femme tourna enfin la tête vers le Pokémon en l’entendant lui parler et lui sourit légèrement.

— Bien sûr…

Le Lucario lui montra alors le balcon du menton pour l’inciter à s’éloigner des autres. Shyn se dirigea donc vers la porte-fenêtre ouverte, suivie par le Pokémon, sous le regard intrigué et amusé de la Reine. Les Pokémon de Shyn, eux, semblaient beaucoup plus intéressés par les restes sur la table que par ce que faisait leur maîtresse.

Une fois dehors, la jeune femme se retourna lentement en humant l’air, arborant une expression apaisée en regardant le ciel.

— Je suppose que tu veux que je réponde aux questions que tu m’avais posées… et je te répondrais dans la mesure du pos…, commença Shyn.

Mais sa phrase fut coupée par l’intervention du Lucario qui venait de l’enlacer brutalement en entourant ses bras autour de son torse en se collant à elle.

— Lucario…, murmura la jeune femme en regardant le Pokémon d’un air incompris et un petit peu triste.

Il tremblait légèrement et la serrait très fort contre lui en faisant attention à la pointe sur sa poitrine pour ne pas blesser Shyn.

— Merci…, murmura-t-il d’une voix rauque pleine d’émotion qu’il n’arrivait apparemment plus à contenir.

Une expression de surprise passa rapidement sur le visage de la jeune femme, suivie par un air mal à l’aise et légèrement inquiet.

— Merci pour tout…, continua le Pokémon sans la lâcher, Grâce à vous… j’ai pu le voir, une dernière fois…, lui parler…, lui dire adieu… Merci.

— Je… je voulais que tu sois libre de choisir ce que tu désirais faire… Tu avais l’air tellement triste quand tu as vu le souvenir de sa mort et l’attention qu’il a eue envers toi… Je ne pouvais pas te laisser partir comme ça…, marmonna Shyn d’une voix tendue et triste en regardant le haut de la tête du Pokémon.

Elle avait laissé pendre ses bras autour d’elle, n’osant pas toucher le Lucario qui lui montrait très nettement toute sa reconnaissance.

Le Lucario sembla alors soudainement se rendre compte du malaise qu’il avait créé en enlaçant Shyn si soudainement, et relâcha la jeune femme avant de reculer lentement d’un pas en la regardant en biais.

— En dehors d’Aaron… vous êtes la seule personne que j’ai connue qui se soit autant intéressée à moi, et à ce que je pouvais ressentir. Et pour cela je vous remercie, une fois de plus…, reprit le Pokémon en fermant les yeux, avant de saluer Shyn de la même manière qu’il avait salué la Reine, avec tout le respect qu’il pouvait.

Libre de ses mouvements, la jeune femme reprit une expression plus normale en le regardant d’un air tranquille.

— … Tous les humains ne sont pas mauvais, Lucario, dit-elle d’une voix douce en jetant un regard vers Sacha de l’autre côté de la vitre qui rigolait en parlant à son Pikachu, Certains sont peut-être un peu maladroits, mais au fond, ils ont un bon cœur. Il faut juste parfois savoir prendre des risques et tenter sa chance.

Le Pokémon ne répondit rien et jeta également un regard rapide vers Sacha avant de reporter son attention sur Shyn qui regardait de nouveau le ciel.

— Tu es libre maintenant. Ce n’est certes plus la même époque, ni les mêmes personnes, mais… tu as une toute nouvelle vie devant toi… Tâche d’en profiter autant que tu pourras…, la vie passe si vite…, murmura la jeune femme en redescendant lentement son regard vers le Pokémon qui la fixait d’un air étrange.

— Shyn… je…

— Hééé Shyn ! Kidd propose de nous ramener en ville, vous voulez venir avec nous ? coupa Flora d’une voix forte derrière eux, s’attirant le regard haineux du Lucario qui fit reculer d’un pas la jeune fille.

— Oui, une seconde j’arrive ! répondit la jeune femme à Flora, qui acquiesça, et retourna dans la pièce parler à Kidd.

Shyn reporta ensuite son attention sur le Pokémon qui avait l’air un peu agacé.

— Bonne chance, Lucario. J’espère de tout cœur que tu seras heureux et que tu trouveras ta voie, dit Shyn en souriant.

— … Oui… Merci… Shyn…, murmura le Pokémon d’un air vague et triste, avant de regarder la jeune femme rentrer à son tour et se diriger vers ses deux évolitions qui avaient réussi à tirer une assiette vers eux et la léchaient tranquillement.

La Reine vit Shyn lui passer devant et tourna un regard intrigué vers le Lucario qui était toujours sur le balcon et arborait maintenant un air profondément triste.

La Dame soupira ensuite tristement en regardant le Pokémon passer lui aussi dans la pièce, avant de sortir par une autre porte d’un pas lent, un air malheureux au visage.


De nouveau seul, et perdu dans ses pensées, Lucario marcha plusieurs minutes dans les couloirs du château avant d’arriver dans la salle de bal où se dressait le grand portrait d’Aaron.

Mais arrivé devant, quelque chose l’intrigua dans la peinture de son ancien maître qui normalement ne montrait que l’homme. Il plissa alors les yeux de perplexités en remarquant que son propre portrait était maintenant présent avec celui de son défunt maître sur le même tableau.

Perplexe et intrigué, il le fixa ensuite plusieurs minutes sans rien dire avant de pousser un long soupir.

— Seigneur Aaron… Vous m’avez dit d’écouter mon cœur… mais je ne sais pas si j’en ai le droit… et si ma demande sera la bienvenue…, murmura le Pokémon en s’adressant au tableau.

Évidemment, personne ne lui répondit, et il resta encore quelques minutes à le regarder, avant de se décider à revenir sur ses pas.


Le Lucario n’avait toujours pas la réponse qu’il se posait, et se sentait redevable au royaume d’Aldoran pour son serment de servitude envers Aaron et la Reine.

Et au vu de l’attitude désinvolte de Shyn à son égard depuis leur retour au palais, et le fait qu’elle avait obstinément refusé de le regarder quand il avait parlé à table, il avait vraiment l’impression qu’elle ne voulait pas de lui à ses côtés.

— Que dois-je faire…, se demanda le Pokémon à voix haute et tendue en déambulant dans un couloir un peu plus sombre et étroit du rez-de-chaussée.

Mais ses réflexions furent soudainement coupées par la voix de Shyn et de Kidd venant d’une pièce entr’ouverte sur sa droite.

Le Pokémon s’avança alors lentement et regarda par la porte entrebâiller de la pièce pour y voir les deux jeunes femmes en train de discuter. Elles étaient dans ce qui ressemblait à un petit musée d’où étaient entreposés plusieurs objets du temps où il vivait au palais, ainsi que des objets plus récents qu’il n’avait jamais vus.

— Étrange…, murmura Shyn à voix basse pour elle-même en fixant une montre avec la photo de la Reine sur le couvercle dans une étagère en verre.

La jeune femme au bonnet tournait le dos à la porte, tandis que Kidd, elle, regardait d’un air très intéressé une étagère où plein de livres étaient mis sous verre pour les protéger des mains baladeuses. Elle s’en détourna ensuite rapidement pour rejoindre Shyn et regarda la jeune femme d’un air intrigué.

— Shyn, j’aurais une dernière question à vous poser, si vous me permettez…, fit Kidd.

Shyn lui jeta un rapide regard par-dessus son épaule, avant de pousser un soupir d’exaspération.

— Ça m’aurait étonné venant de vous…, ricana la jeune femme d’un air amusé.

Les deux évolitions pouffèrent de rire, mais la Mentali remarqua soudainement la présence du Lucario et donna une petite tape à son frère pour attirer son attention silencieuse sur le Pokémon qui espionnait dans le couloir derrière la porte.

— Le soir où nous étions autour du feu de camp… vous avez dit avoir perdu un Pokémon quand vous étiez plus jeune…, fit Kidd d’une voix un peu incertaine, ne sachant pas trop sur quoi elle s’avançait.

— … Et alors ? fit Shyn d’une voix blanche sans la regarder en fixant une vitrine.

— Ce n’est peut-être qu’une vague impression… mais… ce Pokémon… C’était un Lucario, n’est-ce pas ?

Un silence pesant s’abattit alors entre les deux jeunes femmes. Kidd semblait retenir son souffle, le regard de Shyn se retrouvant, lui, plongé dans l’obscurité de la visière de son bonnet.

Le Lucario entr’ouvrit la bouche derrière la porte, sentant le malaise palpable, mais avait lui aussi envie de connaître la réponse.

Mais brutalement, il ouvrit de grands yeux en ressentant une profonde tristesse au fond de lui qui ne lui appartenait pas. Très perplexe, il fixa alors son attention sur la jeune femme en bleue dans la pièce qui lui tournait le dos.

— Cette émotion… ce n’est pas la mienne…, c’est la sienne… Je ressens la tristesse au fond de mon cœur…, se murmura pour lui-même le Pokémon en regardant Shyn d’un air ébahi.


— Un Riolu… C’était un Riolu…, murmura finalement la jeune femme faiblement après quelques secondes de silence…