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Stalhblume de Clafoutis



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Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 30/01/2017 à 15:36
» Dernière mise à jour le 30/01/2017 à 18:25

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

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Partie 8 : Les Mlles Épines.

Persyval

 Geh, je m’étais déjà réveillée dans des endroits chelous, mais celui-là il battait des records. Non seulement c’était infesté de fantômes, mais il y avait également cette tension dans l’air, une pression énorme qui me perturbait.

D’ailleurs, en parlant de fantômes, ces machins étaient tenaces. J’avais beau les massacrer, chaque ectoplasme se faisait remplacer par dix autres. Franchement, je comprenais pas. Vous étiez morts les gens ! Vous aviez le repos éternel, le bonheur absolu ! Alors pourquoi venir faire chier les vivants au lieu de dormir pour l’éternité ? Moi si j’étais morte, vous pourriez être sûr que je resterais bien tranquille…

Heureusement, ma forme de Sleeping Beauty était naturellement doté d’un bouclier transparent quasi-imprenable, le Glass Coffin. Heureusement car paraîtrait que si l’un de ces spectres nous touchait, on finirait totalement paralysé. En soi, ça ne me dérangeait pas tellement. Toutefois, ce lieu était beaucoup trop malsain pour que je reste ici toute ma vie. Quitte à être paralysée, autant l’être dans une jolie et silencieuse prairie légèrement bercée par une douce brise !

— Boule de poils, j’en ai marre…, grommelai-je.
— C’est la dixième fois que tu te plains !
— Parce que c’est la dixième fois que j’en ai marre… j’ai horreur des efforts inutiles et ces fantômes n’arrêtent pas de revenir, j’ai l’impression de taper dans le vide…
— Tiens bon, au moins le temps que je trouve comment soigner les autres !

Je n’aimais pas ça. Il me demandait de faire des efforts pour une durée indéterminée ? Il se rendait compte de la répugnance de la chose ?
J’enchaînais Presciences sur Presciences. J’aimais bien cette attaque, elle n’était pas difficile à mettre en place, ne demandait aucun mouvement brusque, et était très efficace. Bon, c’était un peu lent, mais je n’y pouvais rien. En tout cas, c’était suffisant pour tenir les fantômes éloignés. Je pourrais certainement tous les massacrer en passant en Rising Beauty mais flemme. Hé puis, rien ne me garantissait que d’autres n’allaient pas surgir de nulle part après.

Les fantômes fusaient toujours sans réfléchir, ce qui était vachement sympa de leur part, je n’avais pas besoin de trop anticiper. Même si je commençai à trouver le temps long. Je me serais bien plains encore une fois à la boule de poils, mais j’avais déjà prononcé quinze phrases aujourd’hui, soit déjà bien trop.

Le petit docteur se démenait de son côté, en jetant des étranges fioles provoquant des explosions élémentaires tout en auscultant les corps des autres. Ça devait être dur de faire deux choses à la fois. Rien que d’y penser me donnait mal à la tête.
Pff, quelle galère ! Je donnerais n’importe quoi pour revenir à la surface…


____________________

Affienns

 Elle était sympathique Cassis, assurément très sympathique. Elle n’était absolument pas du genre à donner des ordres irréalisables de dernières minutes !

Comme elle n’avait pas totalement confiance en ce Primonarque, Cassis m’avait confié une tâche bien précise, ainsi qu’une Télégem. Son plan était que j’utilise cette dernière, accompagné de plusieurs alliés, pour apporter une assistance surprise aux forces de Cassis à la Guilde.

C’était en soi une idée pas si mauvaise sauf qu’elle avait oublié trois points plus où moins gênant. Premièrement, nous n’avions pas tant d’alliée que ça. Personne à Wearl ne voulait se battre à nouveau, après les horreurs qu’ils avaient vécues à cause d’Eurasc. Deuxièmement, une simple Télégem serait incapable de transporter trop de Pokémon à la fois. Il fallait que je trouve un moyen de l’amplifier comme Meloet l’avait fait pour transporter Cassis et les autres à la base de la Confrérie. Et troisièmement, les grandes villes comme Sotarc possédaient des protections empêchant les téléportations ennemies inopinées. Je devais donc également chercher un moyen de contourner ces mesures anti-invasion. Et bien sûr, je devais résoudre tous ces problèmes dans la journée même.

— Ne t’inquiète pas Affienns, on trouvera une solution !
— Ton optimiste me réchauffe le cœur Artichtote… mais je doute qu’une attitude positive soit suffisante.
— Que nenni ! L’histoire a prouvé à mainte et mainte reprises que la confiance en soi permet de surmonter les épreuves les plus terribles. Dois-je te rappeler ce cas étonnant datant de 956 où…
— Non tu ne dois pas ! m’écriai-je avant de subir une interminable leçon historique.

Je ne savais pas par quoi commencer, tous les objectifs de ma mission semblaient irréalisables. Je ne pouvais même pas demander à Roberto-Michel de nous aider, il était chargé de diriger les défenses de Wearl avec le peu de ‘‘soldats’’ volontaires que nous avions – uniquement volontaire pour protéger la ville ceci dit. Ce serait beau tiens, qu’on parte tous à Sotarc que qu’à notre retour, on retrouve la ville entièrement pillée !

Bref, j’étais perdu. Et qu’est-ce qu’on faisait quand on était perdu ? On allait à la taverne du coin, bien évidemment. C’était donc pour cela que j’étais à ‘‘l’Absinthe de Désert’’, avec Artichtote, à enfiler des bières dans l’espoir d’y trouver la réponse miracle.

— Il est sympa ce coin, commenta la Canarticho, je le connaissais pas !
— Ça ne m’étonne pas, souris-je. Je ne t’imagine pas réellement traîner dans ce coin.
— Hé bien détrompe-toi camarade, j’ai une très bonne descente ! Tu veux que je te le prouve ?
— J’avoue que ça m’intéresse mais être totalement saoul alors que nous avions encore tant de choses à faire ne me semble pas raisonnable…
— Mmh, si tu veux mon avis, c’est le fait de se trouver dans une taverne alors que justement, nous avions tant de choses à faire, qui n’est pas raisonnable !
— Touché, pouffai-je.

Il était vrai que mon attitude n’était pas ce que l’on pouvait appeler responsable. Mais qu’y pouvais-je ? Cassis me demandait de lui ramener la lune et le soleil dans un sac de billes !

— Vous aviez un problème ? intervint une voix suave.

Je levai la tête, me retrouvant face à un Cacturne, et pas n’importe quel Cacturne, il s’agissait ni plus ni moins que le gérant de l’établissement.

— Un peu oui, répondis-je par lassitude.
— Ah, ça fait plaisir à entendre ! s’enthousiasma le Cacturne.
— Pardon ?

Je plissai les yeux, pas certain de comprendre. Il se réjouissait de nos malheurs ? Je ne pensais pas qu’il était ce genre de Pokémon.

— Oh, excusez-moi, se calma le grand cactus. Permettez-moi moi de préciser mes intentions. Je me nomme Mezcal. Je suis ce que l’on peut appeler un homme à tout faire. À dire vrai, cela fait longtemps que je vous espionne et que je tente de me rapprocher de vous. En embauchant Meloet ou en conseillant Brazoro et Géraldeline par exemple, ou même en manipulant du vaudou pour que vous ailliez dans mon bar et pas dans un autre !
— … tiens donc, plissai-je des yeux. Et pourquoi cela ?
— Parce que j’aimerais vous proposez mes services. Voyez-vous, je suis dans une phase difficile. Auparavant, j’avais énormément de clients qui m’apportaient richesses et prestiges. Sauf que j’ai été obligé de stopper mes activités pendant l’épisode d’Eurasc, et mes anciens collaborateurs sont tous allés chez la concurrence. Le business souterrain est bien cruel vous savez.

Si je comprenais bien, ce Pokémon que je prenais pour un simple tenancier disait être une sorte de mafieux ? Il avait l’air sérieux, mais je ne savais pas si je devais le croire. Je voulais demander son avis à Artichtote, mais elle semblait un peu occupée à ingurgiter une chope de bière bien trop grande pour elle.

— Et quel genre de services vous proposez ? voulus-je savoir.
— C’est à la demande du client, répondit calmement Mezcal. Cela peut aller de la recherche d’objet perdu à l’assassinat, par exemple.
— … l’assassinat ? grinçai-je.
— Je suis un homme à tout faire, un vrai, répliqua le Cacturne. Évidemment, tout à un prix. Toutefois, vous faites partie de l’État-major de Stalhblume, n’est-ce point ? Vous avez un accès plus ou moins direct au compte de Wearl, l’argent ne devrait pas être un problème.
— En gros, vous me voyez comme une mine d’or.
— Haha, ce serait grossier de ma part. Disons que vous êtes un client avec lequel la collaboration serait réciproquement fructueuse. Réfléchissez, je connais votre situation. Vous manquez de main d’œuvre et je peux vous en fournir. De plus, il est normal pour un gouvernement de recourir à des services underground.

Il abordait un point intéressant, nous manquions réellement de main d’œuvre. C’était justement là l’un de mes problèmes. Je commençais sérieusement à me demander si je ne devais pas tout raconter à ce Mezcal. Normalement, je prendrais le temps de réfléchir sereinement, mais grâce à Stalhblume, j’étais dans l’urgence.

— Très bien, cédai-je. Peut-on en parler autre part ?
— Bien sûr, le client est roi, sourit Mezcal.
— Ah, vous avez fini de discuter ? intervint Artichtote. Tout est réglé alors, avec l’aide de Mezcal, nulle doute que nous pourrions aider Cassis !

Elle nous écoutait ? Tiens donc j’étais persuadé qu’elle serait totalement saoule avec la quantité d’alcool qu’elle avait absorbé.

— Héhé, ne sous-estime pas la puissance des historiens ! ricana la Canarticho comme si elle lisait dans mes pensées. L’alcool n’a absolument aucun effet sur les mordus de l’Histoire, c’est bien connu. Mais trêve de plaisanteries, je pense qu’on peut faire confiance à Mezcal. Je savais qu’il y avait une société underground qui sévissait dans le coin. Une société avec une très bonne réputation d’après mes sources, enfin, tant qu’on a de quoi la payer.
— Et mes prix sont très raisonnables, s’inclina le mafieux.
— Mouais, on verra ça…, me méfiai-je.


____________________

Patch

 Honnêtement, je me retenais. Si ça ne tenait qu’à moi, je hurlerais toute mon âme dans un cri de terreur qui rendrait sourd tout Iræ ! Je n’aimais pas les fantômes, oh que non, je ne les aimais pas. J’avais beau faire un super discours sur mon passé, mon titre d’Alchimiste et maître du Don Féerique, en vérité, je restais un trouillard.

Cependant, je ne pouvais pas me permettre de fuir à toute jambe. Cassis, Brazoro et Géraldeline avaient besoin de moi ! Ils étaient complètement paralysés, ne pouvant plus bouger le moindre muscle. Ceci dit, je ne savais pas s’ils pouvaient encore ressentir des choses. C’était assez grisant en y réfléchissant. Je pourrais par exemple les frapper aux points sensibles sans qu’ils ne puissent réagir… héhé… Non Patch ! Ce n’est pas le moment de rentrer en mode sadique !

— Tu penses pouvoir les soigner ? Ça me gênerait beaucoup de rester enterré ici, surtout que je viens de sortir de mon trou…

Je n’étais pas seul dans mon périple. Persyval combattait le gros des fantômes évidemment, mais il y avait une autre personne – si s’en était une – qui n’était pas immobilisée : Dunkel.

— Ouais, ça n’a pas l’air trop grave en fait, marmonnai-je. Il m’avait fait peur ce Primonarque avec son histoire d’existence figée…
— Je pense qu’il a dit ça dans le vide pour faire peur à Meloet, ricana Dunkel.
— Possible, oui… ce salaud quand même, il nous a bien eus !
— C’est vous qui êtes trop naïfs.

Je sortis de ma fourrure quelques baies et commençait à préparer ma mixture régénératrice. Mes doigts se mirent à luire légèrement, signe que j’utilisais mon Don Féerique. Un talent unique qui permettait d’exalter les propriétés des baies à un point inimaginable. Toutefois, je devais également être attentif aux fantômes et ne pas hésiter à lancer mes fioles élémentaires sur les plus téméraires.

— Comment voulez-vous travailler dans ses conditions ? grognai-je.
— Hé Patch, lança Dunkel. Je me demandais, tu les sors d’où ses baies et ses fioles ? Tu caches une banque dans ta fourrure ou quoi ?!
— Oh ça ? Ce n’est rien de spécial, c’est un truc qu’on utilise chez les alchimistes. J’ai un coffre dimensionnel à Wearl qui compresse mes ressources dans une poche spatiale déphasée du monde réel. Et dans ma fourrure, j’ai une petite sacoche synchronisée à cette poche qui décompresse les ressources dont j’ai besoin. C’est pour ça que je peux sortir mes baies et mes fioles quand et où je veux ! Ceci dit, ce genre de mécanisme demande des dons assez spécifiques, alors ce n’est pas tout le monde qui peut l’utiliser.
— J’ai absolument rien compris.
— … voilà pourquoi je n’aime pas les simples d’esprits…, grommelai-je.

Ce coffre dimensionnel était tout même très pratique. J’étais assez content d’avoir pu en faire l’acquisition dans une boutique spécialisée à Wearl. Sans ça, je serais vraiment dans la mouise.
Bon, j’avais presque fini ma préparation. Vu que mes patients ne pouvaient plus bouger, j’avais opté pour un cataplasme – une pâte à appliquer directement sur la peau.

— Ça pue ton truc ! pesta Dunkel.
— Héhé, c’est normal. J’ai mélangé exprès des effluves de baies pestilentielles. N’est-ce pas extrêmement amusant de recouvrir le corps d’une personne immobilisée avec une substance immonde ?!
— … rassure-moi, c’est vraiment un médoc’ ce machin, hein ?
— Bien sûr ! protestai-je. Pour qui me prends-tu ? Je suis peut-être tordu, mais je suis un docteur avant tout !
— Au moins tu as toi-même conscience que tu es tordu…

Il allait voir ce Précieux de mes deux ! Il avait attaqué ma fierté de docteur, ça me motivait encore plus à me dépasser ! J’étais si remonté que j’arrivais à repousser les fantômes tout en mixant mes baies, imperturbable.

— Et voilà ! J’ai fini ! exultai-je.

Je plaquai illico le cataplasme sur Cassis. J’avais hâte de voir sa réaction lorsqu’elle reprendrait conscience, recouverte d’un truc aussi ignoble qu’un Grotadmorv centenaire… oh. Géraldeline était avec nous, aussi, je l’avais presque oubliée. Cette maniaque de la beauté et de la propreté… avec ma mixture… kyaaa ! Ça allait être tellement drôle ! Allez, une double dose pour elle !

— Tes ricanements sont encore plus effroyables que les fantômes…, grinça Dunkel.

Il pouvait dire ce qu’il voulait, ça fonctionnait. Le corps de Cassis commençait à trembler légèrement. De même pour Brazoro et Géraldeline. Bientôt, les anciens paralysés purent faire quelque pas.

J’enregistrais bien profondément dans ma mémoire le cri de terreur de Géraldeline. Aaah, ce hurlement… ce mélange d’effroi, de dégoût, de tristesse et de rage ! Une vocifération si stupéfiante que même les spectres reculèrent et s’agglutinèrent dans un coin du Mortem. C’était si beau ! Je me maudis pour ne pas avoir un dictaphone avec moi en ce moment-là. C’était tout moi ça, jamais assez préparé…

— … merci Patch, siffla Cassis. Mais tu sais, on était peut-être paralysé mais encore conscient. J’ai entendu toute ta petite discussion avec Dunkel.
— Oh.
— Normalement, je te donnerais un petit coup de mâchoire, mais comme tu nous as effectivement sauvés, je passerais l’éponge pour cette fois. En revanche, je ne suis pas certaine que Géraldeline te le pardonnera un jour.

Effectivement, je pouvais voir la Carmache me fixer avec un regard peu engageant au loin. Pour ma sécurité, j’allais garder une considérable distance de sécurité entre elle et moi à partir de maintenant. Jusqu’à ma mort.

— Moi aussi je suis assez énervé, avança Brazoro, mais il faudrait peut-être déguerpir, non ?
— Oui ! sautai-je sur l’occasion. La lumière bleue ! Le Primonarque est passé par là pour sortir !
— … euh…, grinça Cassis. Elle était où encore cette lumière ?
— Qu’est-ce que tu racontes ? m’étonnai-je. Elle est juste dev… ant…

Je reculai d’un pas, estomaqué. Il n’y avait plus rien. J’en étais pourtant certain, la sortie était juste à une dizaine de mètres ! Elle n’avait pas pu disparaître… hein ?!

— … vous pensez que le Primonarque a bloqué la sortie ? geignit Brazoro.
— Je n’ai plus trop envie de penser, avouai-je.
— L’espèce de… ! se retint Cassis.

Tout simplement magnifique. Donc, si on résumait, nous étions piégés dans un endroit avec tout plein de fantômes paralysants sans savoir comment sortir.

— Cassis, pointa soudain Brazoro. C’est quoi ce truc qui s’illumine dans ta mâchoire tout d’un coup ?
— … ?

La Mysdibule pencha la tête, interloquée, avant de sursauter.

— Oh ! La Télégem ! Affienns a réussi à l’activer !
— Tu as une Télégem ? exultai-je. Mais c’est génial ! Qu’est-ce qu’on attend pour l’utiliser ?!

Toutefois, la Télégem commença à luire de façon exagérée, je commençai à avoir un mauvais pressentiment. De la fumée commença à en émerger. Cassis la saisit douloureusement et la jeta dans les airs, et ce fut alors qu’un large cercle remplit de runes étranges se matérialisa. La suite fut encore plus surprenante.

Affienns bondit du cercle, suivit d’Artichtote, d’un Cacturne, et d’une foule interminable de Cacnea. Et quand je disais interminable, je ne plaisantais pas. Il y en avait énormément, presque autant que les spectres. Toutefois, certains cactus atterrirent sur les fameuses fleurs azurs qu’il ne fallait surtout pas toucher selon le Primonarque. L’effet fut instantané, les malchanceux perdirent immédiatement connaissance. Pff, encore du boulot pour moi j’imagine.

— Diantre ! s’exclama le Cacturne. Qu’est-ce que cet endroit ?
— Le fameux Mortem j’imagine, souffla Affienns.

Les fantômes n’avaient pas l’air d’apprécier les nouveaux venus. Remis du délicieux cri de Géraldeline, ils reprirent leur mauvaise habitude de nous foncer dessus. Et si le Cacturne semblait encore perdu, il comprit vite la nature du danger.

— Déjà des ennemis, n’est-ce point ? lâcha-t-il en prenant une pose inutilement exagérée. Eh bien soit ! Faites votre office, mes Mlles Épines ! Il est temps de mériter nos deniers !

À son commandement, la foule de Cacnea bondirent et aspergèrent proprement les spectres d’une pluie de Dards-Venin et Dards-Nuée – je reconnus même quelques Dards Mortels. Si séparément ses attaques étaient plutôt faibles, la masse de Cacnea agissant en parfaite harmonie faisait la différence. Les fantômes ne pouvaient plus avancer, ils se faisaient absolument tous repousser, sans pour autant disparaître toutefois.

— Je ne sais pas qui c’est, lança Cassis, mais on lui doit une fière chandelle !
— Hé, mais je le reconnais ! s’exclama Brazoro. C’est le tenancier de l’Absinthe du Désert !
— Exact, et il se nomme Mezcal, s’approcha Affienns. Figurez-vous qu’il est également un mafieux à ses heures perdues. Quoi qu’il en soit, il a accepté de nous aider, c’est grâce à lui que j’ai pu activer la Télégem. C’était sacrément difficile d’ailleurs, c’était comme si ce lieu refusait toute intrusion.
— C’est bien beau tout ça, soufflai-je. Mais notre plan était plutôt de fuir que de combattre ! Il faut utiliser la Télégem pour retourner à Wearl !
— J’ai bien peur que ce ne soit pas possible.

Le Cacturne s’avança lentement en prenant bien soin d’éviter les fleurs au sol.

— Enchanté, s’inclina-t-il poliment. Je me nomme Mezcal, mais j’imagine que votre bon ami vous l’avait déjà signalé.
— Qu’est-ce que vous entendez par ‘‘pas possible’’ ?! paniquai-je en ignorant ses manières.
— Ce ‘‘Mortem’’ comme vous l’appelez ne semble guère apprécier les intrus, déclara-t-il sereinement. Pour tout vous avouer, il m’a fallu user de tous mes systèmes d’amplification et de piratages pour activer la Télégem. Malheureusement, je n’ai pas accès à mes appareils ici. J’ai déjà vérifié, la Télégem ne répond plus.
— … donc notre situation n’a pas du tout changé ! hurlai-je. On est toujours coincé ici !

La belle affaire ! Même si l’arrivée inopinée de ce Cacturne nous offrait une défense appréciable contre les spectres, tant que nous ne trouvions pas de sortie, nous étions condamnés !

— Oh ? fit Mezcal. Vous connaissez quelques problèmes d’ordre directionnel ?
— Pas vraiment, grinça Cassis. Disons que la seule sortie du coin a été fermée par un salaud !
— Voilà qui est embêtant, admit le Cacturne. Mais à chaque problème sa solution, j’ai connu bien pire, vous savez.

Ça, j’en doutais fortement. Et comme si ça ne suffisait pas, le Mortem s’agita à nouveau. Aaah ! J’en avais marre ! On ne pouvait pas nous laisser tranquille ?!

De violents tourbillons se mirent à défigurer les rivières, tandis que le sol montait et descendait aléatoirement. Je me cramponnais comme je le pouvais, la peur au ventre. Soudain, quelque chose immergea de l’eau. Quelque chose de gros, très gros, et dégoulinant d’obscurité, comme si elle était entièrement recouverte d’un terrible liquide ténébreux. Au milieu de ce noir intense, deux yeux écarlates. Des yeux effroyables, pétrifiants. Une incarnation du cauchemar.

Les fantômes reculèrent tous comme un seul homme. Et la créature nous fixa longuement. Je crus sentir mon corps fondre sur place. Les Mlles Épines continuèrent de l’asperger de dards, mais elle semblait ne rien ressentir. Avant même que mon effroi ne se matérialise en cri infernal, le monstre de ténèbres plongea férocement sur nous.