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Magical Girl de Flageolaid



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» Auteur : Flageolaid - Voir le profil
» Créé le 26/01/2017 à 16:13
» Dernière mise à jour le 26/01/2017 à 18:11

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Région inventée   Unys

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Ch 2 : Frustration
Lymnesine tombait des nues. Elle, recalée ?! Bon d’accord, elle avait un peu paniqué à la première épreuve, la cautérisation lui avait semblé être une bonne idée sur le moment. Elle n’avait fait qu’appliquer la devise de son père : « l’improvisation vaut mieux que l’inaction ». D’ordinaire, cela lui réussissait plutôt bien.
Certes, elle ne possédait pas le talent de Nimue Meredith – maudite génétique ! – mais elle valait largement cette nunuche d’Alison ! Aussi elle ne se priva pas de demander des comptes aux examinateurs :

« Et je peux savoir ce qui vous fait dire que je suis la pire Magical Girl du collège ?
- Vous vous imaginez sans doute que vous avez le droit de connaître le détail de votre note ? répliqua le sous-directeur Cassoulaid, sec et méprisant.
- Article D446-03bis du règlement magique : toute élève non reçu à l’examen final pourra demander une explication de sa note, à condition de le faire dans l’heure qui suit ledit examen en présence de l’intégralité du jury. Si un des examinateurs meurt durant l’épreuve, son corps doit rester dans la pièce jusqu’à la fin de l’entretien. »

Tous les regards se tournèrent vers le Pokémon mascotte de Lymnesine. Ce Fouinar argenté, nommé Gottfried, venait de fêter ses mille deux cents vingt-six ans. Il prétendait avoir été avocat dans sa jeunesse pendant environ trois siècles, avant d’être rayé du barreau pour une histoire de détournement de fonds.
Nul ne pouvait trancher quant à la véridicité de ses dires, en tout cas, il avait pris l’habitude de lire et mémoriser tous les documents juridiques qu’il voyait.
Alors que la directrice s’apprêtait à ouvrir la bouche, Gottfried la coupa pour rajouter :

« Et l’article K117-08 de la convention du collège Helen Magus : toute élève non reçue à un examen et dont les droits relatifs à l’article D446-03bis du règlement magique auraient été bafoués, peut faire appel auprès de Sa Majesté le Roy de Rivustel de la décision du jury dans les douze mois suivant ledit examen.
- Il est trop fort mon Gottfried, hein ? nargua Lymnesine.
- N’imaginez pas que cela puisse changer quoi que ce soit à notre décision ! s’emporta la directrice qui en oubliait de faire bonne figure. »

Cet emportement soudain choqua tout le monde, exceptée Alison Heartlove qui n’en revenait toujours pas d’être acceptée comme Magical Girl.
Afin de ne pas passer pour la mégère de service, Marilyn Magus laissa la parole au sous-directeur Cassoulaid. Celui-ci ne se priverait pas de détruire psychologiquement cette adolescente indigne de l’illustre collège Magus. Rira bien qui rira la dernière !

« Très bien, reprenons le déroulement de l’examen depuis le début, fit Cassoulaid de sa voix de fonctionnaire intransigeant. La première épreuve nous a fourni l’ultime preuve de ce que nous savions déjà : vous êtes incapable de soigner qui que ce soit !
- C’était le stress, se défendit Lymnesine.
- Depuis votre entrée au collège, il y a sept ans, vous n’avez pas une seule fois réussi à guérir la moindre blessure. En revanche, quand il s’agit de détruire, briser, pulvériser, réduire en miettes, anéantir, vaporiser, vous vous débrouillez avec maestria !
- En même temps, la prof de soin aussi aime tout casser !
- Pas du tout ! se défendit la Gardevoir aux pupilles dilatées en se léchant la lèvre inférieure avec délice. J’ai horreur du sang…
- On va vous croire, soupira Gottfried.
- Ensuite, deuxième épreuve, poursuivit Cassoulaid, depuis quand les Magical Girls se battent-elles avec les poings ?
- Je suis une avant-gardiste, je crois ! rigola la recalée.
- Et votre mascotte sait se battre ? Parce que juste un salto arrière, c’est un peu maigre ! »

Gottfried serra les poings et les dents. Il voulait laisser sous-entendre qu’en raison de son âge avancé, il avait probablement défloré les ancêtres de toutes les personnes présentes dans la salle et qu’il préférait qu’on s’adresse à lui en l’appelant « Papa » et avec humilité !
A la place, il garda le silence et fit même un effort considérable pour ne pas lancer un regard assassin au sous-directeur. S’il restait la moindre chance pour que Lymnesine devienne Magical Girl, il valait mieux la jouer fine.

« Enfin la troisième épreuve, que direz-vous de nous relire la description de votre rêve prémonitoire, mademoiselle Hesperides ?
- Sans problème. Alors… Il est midi et je me rends à nouveau à mon fastefoude favori. Je sais que Brènedane m’a dit de surveiller à mon alimentation, mais les mauvaises habitudes restent les plus tenaces. En plus, j’ai une furieuse envie de milquetchèique depuis ce matin. J’entre dans le resto en me demandant si je vais prendre un tchizbeurgueur ou des neugaitses. J’ai déjà mangé des neugaitses trois fois cette semaine, mais j’ai peur de passer pour quelqu’un de méinestrime en choisissant le beurgueur. J’hésite vraiment entre les deux, alors je cherche une application sur mon smartefaune pour me décider. Finalement, quand vient mon tour, je commande bêtement un beurgueur en précisant, comme d'habitude, pas de laitue haïcebargue. Avec ceci, je prends un milquetchèique et, pour changer, un Spraïte, sans doute parce que j’ai regardé Peulpfiquecheune hier soir. Voilà !
- Il n’y a donc rien qui vous choque dans votre récit ? Par rapport à vos deux camarades ? interrogea Cassoulaid d’une voix mielleuse laissant présager du pire.
- Trop de mots exotiques ? proposa Lymnesine en souriant.
- Il ne s’y passe rien d’héroïque ! rugit le sous-directeur. Rien ! Pas de prince, ni de Pokémon Dragon, ni de mage noir ou de faits d’armes ! C’est nul !
- J’écris quand même mieux que miss concordance-des-temps et miss j’ai-pas-de-style-pourtant-pas-hostile ! »

Loulou McNerd ricana avant de tirer une nouvelle taffe sur sa cigarette. Elle seule demeurait sensible à la qualité littéraire des récits de rêves. Depuis le début de la matinée, elle avait envisagé le suicide six fois à l’écoute des “chefs d’œuvre” de ces futures Magical Girls. Celui d’Alison Heartlove n’était même pas le pire.
Quelle arnaque, cet examen ! Lymnesine prit pleinement conscience de ce fait. Elle allait crier à l’injustice, mais Gottfried la prit de vitesse :

« Jusqu’à maintenant, monsieur le sous-directeur, vous nous avez présenté quelques faiblesses de Lymnesine, mais rien qui ne justifie un échec à l’examen, surtout quand vous acceptez Alison Heartlove, une élève cumulant tant de lacunes.
- C’est méchant, pleurnicha la concernée.
- Il n’y a que la vérité qui blesse, souffla la mage de quinze ans. Gottfried a raison, pourquoi elle et pas moi ?
- Parce que vous ne correspondez pas aux critères d’une Magical girl, répondit la directrice, lasse.
- Mais encore ?
- Vous êtes insolente, vulgaire, brutale, vous cherchez constamment la bagarre ! explicita Cassoulaid. Et puis vous êtes laide avec vos grains de beauté sur le visage et vos grosses cuisses !
- Grosses cuisses ? s’indigna Lymnesine. J’ai pris option athlétisme, c’est normal que mes jambes soient plus musclées que celles de ces gamines faméliques !
- Une Magical girl qui fait du sport ? Quelle blague ! Et regardez vos Pokémon, ils font pitié à voir ! Un Kicklee, un Galeking et ce vieux Fouinar décrépi, d’une banalité affligeante, incapable de lancer la moindre attaque ! Aucune école de magie ne vous aurez accepté à l’examen, soyez réaliste, Hesperides ! »

La directrice jubilait. Son sous-directeur s’en donnait à cœur joie dans le rôle du connard abject. Et l’effet tant attendu se produisit. Cette grande idiote discourtoise de Lymnesine Hesperides quitta la salle en pleurant.
Son Fouinar resta encore quelques secondes pour signaler à Cassoulaid qu’il lui ferait payer très cher ses insultes, puis il déguerpit à son tour à toutes jambes.



Sifflotant gaiement, Mayene quitta la boulangerie où elle travaillait, plus tôt que d’ordinaire. D’un pas guilleret, elle parcourait les rues de Chorus en direction de son domicile, songeant à la bonne nouvelle qu’on lui annoncerait en rentrant.
Mayenne était une magnifique métisse enjouée qui continuait de faire tourner les têtes à presque cinquante ans. Sa robe blanche flottait au vent en ce jour faste. Comme elle avait hâte de voir sa fille !
Elle passa le portail du jardin presque en dansant, pénétra dans la confortable demeure avec cette même démarche allègre et faillit perdre sa bonne humeur devant le triste spectacle qui se présenta à elle dans la cuisine.
Sa petite dernière, affalée sur la table, les yeux rougis, dévorait les pots de confiture à la petite cuillère, tandis que son Pokémon mascotte, enfoncé dans un fauteuil, sirotait un whisky, l’air dubitatif.
Lymnesine leva deux yeux implorants vers sa mère, mais ne dit rien.

« Que se passe-t-il ma chérie ? s’enquit Mayene de sa voix tendre.
- Chuis la pire Magical Girl de l’univeeeeeeers…
- Pas du tout, ma chérie. Tu es très talentueuse !
- Ben pas assez pour ces salauds ! intervint Gottfried, amer et un peu ivre. Ils nous ont refusé et même humilié ! »

Mayene prit le visage de sa fille entre ses bras, caressant sa longue chevelure noire. Cela faisait des années qu’elle n’avait pas vu sa petite chérie pleurer, elle ne pouvait que compatir à sa peine.
Brûlant de visiter le Pokémonde depuis sa plus tendre enfance, Lymnesine s’était sentie trahie par la décision du jury. Grâce à ses dons de voyance, la jeune mage rêvait toutes les nuits de ce monde étrange, loin en-dessous de Rivustel, avec ses habitants bizarroïdes aux costumes exotiques, ses tours de verre, ses boîtes magiques qui savent tout, ses chansons étranges !
Parlons-en de ces chansons ! Il ne se passait pas un jour sans que Lymnesine ne fredonne un air venu d’ailleurs, dont les paroles coïncidaient rarement avec la mélodie.

« S’il te plait, m’man, ne dis rien à papa !
- Mais pourquoi, il a bien le droit de savoir ? s’étonna la mère avec tendresse.
- Il va se moquer de moi ! Il a la compassion d’une pierre tombale !
- Au moins tu sais de qui tu tiens.
- Merci, c’est trop réconfortant ! Tu veux peut-être qu’on parle de ton demi-siècle qui approche ? répliqua Lymnesine. »

Desserrant son étreinte, Mayene contempla sa fille avec un bienveillant sourire. Elle la préférait ainsi. Elle accepta de ne rien dire, pour le moment, à son mari alors en voyage d’affaires dans la région printanière de Rivustel.
La mère songeait à entrer en contact avec plusieurs relations pour arranger un court voyage à sa fille dans le Pokémonde. Tant pis pour la légalité, Mayene tenait à rendre le sourire à sa petite dernière.
Gottfried se leva du fauteuil en titubant légèrement et posa son verre sur la table.

« Alors on fait quoi, maintenant ? brailla-t-il.
- Qu’est-ce que tu veux dire par là, Gott ? demanda Lymnesine.
- Il faut se venger de l’affront qui nous a été fait. Se venger de ce gros bâtard de Cassoulaid !
- Je crois qu’un d’entre nous est un peu pompette, fit remarquer Mayene.
- Cassoulaid va être pris pendant trois jours à cause de la cérémonie sacrée des Magical Girl. Nous avons largement le temps de pénétrer chez lui et de…
- Non ! coupa l’adolescente. Je ne veux plus jamais entendre parler du collège Magus. Oublie cette histoire, Gott ! Pour le moment, je ne désire qu’une seule chose : une nouvelle coiffure.
- Je vais chercher les ciseaux, dit Mayene en se levant. »

Elle n’avait cessé de se plaindre à ce sujet les deux dernières années, Lymnesine ne supportait plus de devoir garder les cheveux longs. S’il fallait une compensation à son ratage total à l’examen, il semblait tout trouvé. La perte de quarante centimètres sur sa chevelure fut accueillie avec soulagement par l’adolescente.
Quand sa mère eut fini de couper, Lymnesine s’observa longuement dans le miroir.
Ses cheveux noirs retombaient au niveau des épaules de part et d’autre de son visage ovale. Elle avait le front haut, des yeux en amande d’un vert-gris envoutant et des sourcils fins, comme son père.
De sa mère, elle avait hérité d’un teint halé, d’un nez droit et de lèvres pleines. On pouvait saluer le bon travail de la génétique. Ou pas. Lymnesine aurait pu être magnifique sans les trente-huit grains de beauté répartis aléatoirement sur la moitié droite de son visage.
Malgré cette invasion de naevi mélanocytaires, on ne pouvait décemment pas blâmer l’adolescente pour sa laideur. A moins d’être une crevure de première comme le sous-directeur.

La mère et la fille passèrent le reste de la journée à la maison. En un sens, Mayene éprouvait un certain soulagement à ce que sa petite chérie ne la quitte pas pour un lieu inconnu pendant cinq ans.

Après le diner et un bon bain chaud, Lymnesine gagna sa chambre pour y lire calmement avant de se coucher. Elle s’allongea sur son lit, vêtue de l’équivalent heroic-fantasy du vieux jogging un peu large que l’on porte généralement le dimanche quand on traîne à la maison.
Gottfried était assis au pied du lit, consultant un épais ouvrage sur la stratégie militaire. Il n’avait pas encore abandonné l’idée de se venger du sous-directeur. Les deux autres Pokémon de la mage se trouvaient également dans la pièce.
Chrystosmus, le Galeking, relisait quelques classiques de la tragédie classique, non sans verser quelques larmes de temps à autre, ou commenter le texte par des « Diantre, que c’est beau ! ». Et au milieu de la chambre, Ewart, le Kicklee, s’entraînait sans relâche. En fait, Ewart s’entraînait tout le temps et ne dormait quasiment jamais.

« Chérie, tu as de la visite ! »

A cette heure ? faillit s’exclamer Lymnesine. Elle se leva d’un bond et se rendit seule au salon. Une grimace désobligeante s’imprima sur son visage quand elle découvrit Urvan, le surveillant qui se prenait pour un Roigada, debout au centre de la pièce, discutant avec sa mère.
Tous deux affichaient un air grave. Apparemment, la situation était critique.

« La situation est critique ! s’exclama Urvan. »

Sans rire ? Merci pour la répétition.

« Tu dois me suivre au collège au plus vite ! Le sous-directeur doit te parler de toute urgence !
- Et pour quelle raison je répondrais à l’appel de ce vieux schnock aussi tard dans la soirée ? rétorqua Lymnesine.
- Rivustel court un grave danger, tu es notre seul espoir !
- Désolée, je crains qu’il ne soit l’heure pour moi d’aller au lit.
- Lymnie ! s’écria la mère. »

L’adolescente soupira. En dépit de son caractère enjoué, Mayene savait se montrer très sérieuse quand les évènements l’exigeaient. Si un danger menaçait le pays, pas question de plaisanter.
Lymnesine appela ses compagnons, prit son gros manteau et accompagna le Groret jusqu’au collège Helen Magus, en traînant des pieds.
Comment pouvait-elle être le seul espoir de Rivustel ?