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Le destin des Primordiaux de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 22/01/2017 à 10:07
» Dernière mise à jour le 12/11/2019 à 17:08

» Mots-clés :   Action   Aventure   Cross over   Présence de Pokémon inventés   Science fiction

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Chapitre 39 : Oméga
Je lègue mes espoirs et mes doutes à l’humanité. Je l’ai quasiment éteinte dans le seul but de pouvoir la préserver. Comme tous mes prédécesseurs Sauveur du Millénaire avant moi, l’Histoire me jugera. Mais jugera-t-elle Joryan Mandersbrand, ou celui qu’il est devenu en portant ce masque noir ? Sont-ils encore une seule et même personne ? Au final, la seule question que je me serai posé toute ma vie, c’est qui suis-je, en réalité ?



*****



Son exosquelette toujours lié à l’épée d’Excalord, le corps toujours engourdi par l’attaque de Memnark, Nuelfa pouvait tout de même voir le combat féroce qui se jouait devant elle. Le Grand Forgeron faisait face aux trois détenteurs de Dieux Guerriers sous leur forme Revêtarme. C’était bien sûr un déferlement d’attaques spéciales, lancées à toute vitesse, formant des arcs d’énergies pures. Mais au-delà de ce spectacle, la Primordiale put discerner quelque chose au-delà de la simple vue.

C’était l’harmonie. Une pure et parfaite harmonie entre les trois humains, qui pourtant n’étaient clairement pas des amis. Ils se battaient comme s’ils partageaient le même cerveau. Memnark avait beau avoir ses cinq Solerios pour attaquer en cinq endroits à la fois en même temps, toutes ses attaques étaient contrées. Quand il utilisait le Solerios de feu sur Venamia, c’était un rayon d’eau venu d’Erend qui bloquait l’attaque. Quand il utilisait le Solerios d’eau sur Castel, c’était un éclair qui venait à sa rencontre. Et quand il utilisait le Solerios des plantes sur Erend, c’était une flamme de Castel qui l’interceptait.

Castel, qui avait la plus lourde armure et qui était donc le plus lent, se chargeait de bloquer les mouvements de Memnark et de protéger les deux autres le plus souvent. Erend était celui qui pouvait attaquer le plus largement possible grâce à ses torrents d’eau autoguidés, et Venamia, qui était la seule à pouvoir voler, se chargeait d’attraper les deux autres et de les jeter en l’air quand le besoin s’en faisait ressentir.

Nuelfa ne pouvait pas détourner le regard de ce spectacle. Elle avait longtemps manipulé le Vifacier sous les ordres de Memnark, mais jamais encore elle n’avait ressenti une si grande synchronisation de ce métal. Avec la présence des Trois Dieux Guerriers, le Vifacier dont-ils étaient constitués, et qui dirigeait aussi les pensées et les gestes de leurs maîtres, avait atteint un niveau qui dépassait même les prévisions du Grand Forgeron. Lui qui avait créé ce métal, lui qui l’avait transformé à sa guise, qui en connaissait la composition et les capacités mieux que quiconque, était pour la première fois dépassé. Son contrôle sur le Vifacier se heurtait au lien qui unissait les Trois Dieux Guerriers entre eux, et qui les unissait à leurs maîtres.

- VERMINES ! Hurla-t-il de rage.

Il augmenta d’un cran l’énergie qu’il recevait des Solerios via le Proto-Solerios, malgré la dangerosité de la chose. Il fusionna plusieurs attaques entre elles. Il calcula à une vitesse folle grâce son cyber-cerveau optimisé les temps de lancement, d’impact et de recul, ainsi que les distances et la vitesse de ses ennemis. Son intelligence et ses implants mécaniques prévoyaient et analysaient le combat plus vite que celui-ci ne se déroulait. Mais pourtant, malgré tout ça, il n’y arrivait pas. Il perdait du terrain. Les attaques des trois humains, d’une parfaite synchronisation, menaçaient de le déborder de tous les côtés. Comment était-ce possible ? Comment l’arrivée de Venamia a-t-elle pu changer les choses à ce point ? Pourquoi n’arrivait-il pas à discerner ce fameux lien entre les Dieux Guerriers qui faisait que leur puissance réunie dépassait tous ses calculs ?

Nuelfa pouvait sentir les questions et les doutes de son ancien professeur. Au final, elle avait été aussi aveugle que lui. Elle avait été persuadée que seul Excalord aurait une chance de venir à bout de Memnark. Elle avait parié sur une seule puissance écrasante, alors qu’au final, la combinaison des Trois Dieux Guerriers, unis dans un seul but, semblait faire bien mieux que ce qu’un Revêtarme d’Excalord aurait pu faire. Elle s’était fourvoyée de la même façon que Memnark. Elle avait sous-estimé le potentiel des humains, et le lien qui les unissait aux Pokemon.

En dernier recours, Memnark fit tournoyer les Solerios autour du Proto-Solerios plus vite que jamais, ce qui eut pour effet de provoquer une grosse explosion qui endommagea une bonne partie de la grande salle. Les trois humains furent repoussés loin derrière, mais leurs armures en Vifacier les protégèrent du plus gros des dommages. Le Grand Forgeron, lui, avait subi le contrecoup de sa propre attaque non maîtrisée. Son tronc, la seule partie réellement organique qui lui restait, était sévèrement brûlé. Memnark pouvait bien sûr combiner la puissance des Solerios de Plante et de Lumière pour se guérir, mais ses ennemis ne lui en laissèrent pas le temps.

Les trois humains se lancèrent au pas de course dans une attaque synchronisée. Venamia, la plus rapide, se plaça en altitude et grâce à son œil Futuriste, elle lâcha ses rayons de foudres sur toutes les attaques de Memnark pour les contrer avant même qu’elles ne partent, ce qui couvrait la course de d’Erend et de Castel. Ce dernier puisa dans son énergie de feu, et tout son corps s’enflamma. Une attaque Boutefeu, qui avec le poids et la puissance physique de son armure Hafodes, fit céder deux des pattes mécaniques de Memnark, l’immobilisant pour quelque secondes.

Erend tendit alors son épée Espérance. Castel lui envoya le reste de ses flammes, et Venamia tira dessus une attaque foudre. L’épée blanche aspira l’énergie des éléments, et prit une teinte orangée. Erend se propulsa alors avec de l’eau sous ses pieds, comme l’attaque Aqua-Jet, pour se donner de la vitesse. Avant que Memnark n’ait pu se relever, le détenteur de Triseïdon lui trancha proprement deux de ses pattes, avant de planter son épée sous l’exosquelette arachnéen du Grand Forgeron. Cela eut pour effet de faire sortir des étincelles sur tous les bouts de la machine, et de faire tressauter ses pattes restantes. Memnark semblait avoir perdu le contrôle de son exosquelette. Il ne parvenait plus à se mouvoir et à conserver l’équilibre.

À bout de souffle à cause de l’intensité du combat, la respiration sifflante, ce qui restait du petit homme gris accroché à son immense armure mécanique ne parvenait même plus à maintenir la cohésion des Solerios entre eux, qui commençaient à bouger n’importe comment et à produire des étincelles inquiétantes. Son contrôle sur ses métaux s’était aussi dissipé, car Nuelfa parvint à se dégager des entraves de Sombracier qui la tenaient bloquée contre le mur.

- C’est terminé Memnark, déclara Erend. Rendez-vous, et vous aurez droit à un procès équitable sur Terre… avant qu’on ne vous renvoi à vos amis Primordiaux qui seront, je pense, ravis de vous revoir.

Malgré sa situation, le Grand Forgeron trouva encore la force de rire.

- Jamais je ne ramperai devant ces faibles de l’Empire Infini. Si je ne peux pas posséder la Terre, personne ne la possédera…

D’un coup, les Solerios se mirent à tournoyer comme jamais, produisant une onde de puissance pure qui repoussa les trois humains et Nuelfa en arrière. Le Proto-Solerios, qui servait de valve de sécurité aux Solerios, venait d’exploser. Quand elle s’en rendit compte, Nuelfa s’écria d’horreur :

- Il a détruit le Proto-Solerios ! Les Solerios vont devenir incontrôlables, et ce sera tout le système solaire qui implosera !

- Bonne réponse, mon ancienne assistante, acquiesça Memnark. Je vous amène tous avec moi. Ce sera ma dernière œuvre de génie : la plus puissante explosion que l’univers n’ai jamais connu !

Erend devait s’accrocher au sol pour éviter de s’envoler sous l’effet de la puissance relâchée par les Solerios. Il aurait bien aimé s’avancer pour tenter de stopper le projet fou de Memnark, mais il en était incapable. Il régnait une pression incroyable qui allait en s’aggravant de secondes en secondes. Toute la salle de commandement commençait à s’effondrer sur elle-même, et le haut de la pyramide fut éventré. Le ciel était comme possédé, et les cinq soleils de couleurs différentes plus brillants que jamais. La Terre allait bientôt se changer en supernova, et Erend était impuissant. Pas seulement lui d’ailleurs. Il eut une bonne vue sur le visage de Venamia non loin de lui. Elle avait une étonnante expression de désespoir sur ses traits. Sans doute avait-elle vu l’avenir immédiat avec Futuriste, et savait qu’il n’y avait aucun espoir. La voir si désemparée était pas mal, comme dernière vision…

- Ah ah ah ah ah ! Gloussa Memnark. Tout va disparaître ! Cette planète qui a osé me défier ! Tout va revenir au néant, au… qu-quoi ?

Le désordre cosmique crée par les Solerios sembla se calmer. La pression baissa, et la pyramide cessa de s’effondrer. Les Solerios avaient ralenti, puis s’étaient stoppés dans leurs cercles destructeurs. Erend leva la tête, stupéfait. Memnark l’était tout autant. Mais plus à cause du bras métallique doré qui dépassait de son torse que de l’arrêt de son apocalypse.

- Je ne peux pas vous laisser détruire la Terre, Grand Forgeron, fit une voix mécanique d’apparence féminine. La Terre doit survivre pour que je la dirige.

- T-toi… mais c-comment…

Un Akyr se tenait sur l’exosquelette de Memnark, et avait transpercé le tronc organique du Grand Forgeron. Un Akyr entièrement fait d’or. Nirina Haldar, ou comme on l’appelait aujourd’hui, l’Akyr Doré, la dernière et la plus puissante création de Memnark. L’Akyr, de sa main libre, s’empara des cinq Solerios qui désormais tournoyèrent autour.

- Je vous prends ceci. Vous n’en auriez jamais eu le véritable contrôle, de toute façon.

- I-idiot… Balbutia le Grand Forgeron en crachant du sang. Si je meurs, tous mes Akyr disparaîtront avec moi ! Vous n’aurez plus de volonté. Vous serez… que des carcasses inertes !

- C’est vrai pour tous les autres. Mais pas moi. Je me suis déjoué de votre contrôle mental. Je suis libre. Votre volonté n’est plus la mienne. Mais je vous remercie, vous et les vôtres, pour m’avoir ramené dans ce corps si pratique. Adieu, Grand Forgeron Memnark.

D’un geste aussi précis que rapide, l’Akyr Doré découpa le torse du chétif Primordial en deux. La moitié inférieure resta accroché à son exosquelette qui pour le coup s’immobilisa, et la moitié supérieure tomba au sol, et roula sous l’effet de son immense crâne. À ce moment même, tous les Akyr présents dans la cité qui se battaient avec les compagnons d’Erend s’immobilisèrent et, comme des marionnettes dont on aurait coupé les fils, s’écroulèrent au sol. Il en fut de même pour tous les Akyr qui étaient sur Myrodir, la planète artificielle de Memnark, et même pour ceux qui se battaient actuellement ci et là dans la galaxie contre l’Empire Infini des Primordiaux. Il ne restait plus aucun Akyr en état de marche dans tout l’univers ; aucun, sauf celui qui se dressait, victorieux, sur l’armure arachnoïde du Grand Forgeron, les cinq Solerios tournoyant autour de sa main.

- Nirina… commença Erend en hésitant.

Il n’était pas sûr, malgré ce que lui avaient dit Leaf et Galatea, qu’il avait bien en face de lui son ancienne camarade de classe de la Haute Académie, celle qui lui avait appris tant de choses. Comme Castel n’était bien sûr pas au courant, il cilla en entendant Erend prononcer ce nom à l’adresse de l’Akyr Doré. Ce dernier baissa ses yeux bleus saphir sur Erend.

- Salut Erend. Ça faisait bien longtemps, même si j’ai l’impression que c’était hier. Tu as bien poussé.

- Alors… c’est bien toi, pour de vrai ? Tu es vraiment Nirina Haldar ?

- Je ne sais pas trop. Est-on toujours la même personne si on change de corps ? J’ai remplacé la chair, le sang et les os par du métal et des circuits, mais j’ai bel et bien tous les souvenirs et les pensées de Nirina Haldar. Après, est-ce que je suis elle, ou bien une réplique de son esprit dans un corps de métal ? J’en sais trop rien. Mais qu’elle importance, au final ? Je suis juste moi.

- Comment… comment as-tu fait pour échapper au contrôle mental de Memnark ? Voulu savoir Erend. Pourquoi il n’a pas pu te contrôler comme ses autres Akyr ?

- Intéressante question. Mon programme originel voulait que je sois bien plus autonome que les autres Akyr. Que je conserve plus de ma nature humaine, pour être supérieur aux autres Akyr, plus dociles et manipulables, mais bas de gamme niveau puissance. C’est ça qui a fait que je sois encore moi. J’ai lutté contre la volonté artificielle que voulait m’imposer Memnark, et je suis resté Nirina. Et tu sais ce qui m’a donné la force ? La chose qui m’a permis de vaincre l’endoctrinement informatique de Memnark ? Qui m’a toujours guidé, qui est la base de mon identité ?

Au ton de la voix de l’Akyr, Erend sut que la réponse ne lui plairait pas, et il ne fut pas déçu.

- La volonté de conquérir. De dominer.

- Nirina… commença Castel, mais l’Akyr l’interrompit.

- C’est drôle de te revoir ici et maintenant, mon ancêtre. Toujours en vie alors ? Pourquoi ai-je sacrifié mon corps organique pour récupérer ce trident au Grand Glacier, hein ? Ce soi-disant Sauveur du Millénaire de Zayne a échoué ?

- Zayne est mort, répondit douloureusement Erend. J’ai hérité de Triseïdon, et du titre.

- Je vois. Et maintenant tu fais ami-ami avec ce cher vieux Castel.

- Ce n’est pas mon ami ! Protesta Erend. C’était pour stopper Memnark et…

- Ah, mais je ne t’en veux pas, Erend. Je suis au-delà de ça maintenant. Je vous suis même reconnaissant. C’est parce que vous avez poussé Memnark jusqu’à ses limites que j’ai pu l’attaquer par surprise et lui dérober les Solerios. Ne vous inquiétez pas. Je n’ai pas l’intention de transformer tous les humains en Akyr. Au contraire, je serai le seul Akyr existant, celui qui transformera et dominera ce monde.

Depuis l’apparition de l’Akyr Doré, Venamia était un peu larguée par les événements. Mais elle ne pouvait pas rester sans réagir quand un robot faisait part de son intention de dominer le monde qu’elle compter conquérir.

- Je ne sais pas trop qui t’es et d’où tu sors, fit-elle, mais ce monde est à moi. Je ne le laisserai à personne, et surtout pas à un Akyr.

L’Akyr Doré tourna son regard bleu vers la Dirigeante Suprême.

- Toi, je ne te connais pas. Tu es donc la détentrice d’Ecleus ?

- Je suis Lady Venamia, Dirigeante Suprême du Grand Empire de Johkan.

- Dirigeante Suprême ? Répéta l’Akyr Doré, intrigué. En voilà du titre. J’aurai dû prendre ça. Ça le fait bien plus que « reine ». Et Johkan serait donc devenu un « Grand Empire » pendant que je n’étais pas là ? Va falloir que je me mette au jus. Mais je le déclare ici et maintenant : il n’y a plus de « Grand Empire ». Il n’y a plus aucun pays, aucune région, aucun Etat, aucune frontière. Il y aura que ce monde, et un seul dirigeant : moi.

Ce ne fut visiblement pas du goût de Venamia, qui tira un large éclair fulgurant sur l’Akyr Doré. Les Solerios le dévièrent sans mal. Ils tournoyaient désormais en long et en large du corps entier de l’Akyr.

- Nirina, ça suffit, c’est terminé, lui dit Erend avec l’accent du désespoir. Memnark est mort, ses Akyr sont finis… On peut tenter de te faire redevenir comme avant !

- Le souci, c’est que je n’en ai aucune envie, répliqua l’Akyr. Et pour que ce soit irrémédiable, j’ai détruit le caisson qui conservait mon corps humains. Comme le vaisseau s’est crashé, il n’existe plus. C’est mon apparence définitive maintenant. Enfin… pas tout à fait encore…

Les Solerios tournèrent de plus en plus vite, créant divers éclairs de couleurs tout autour de l’Akyr Doré.

- Vous savez pourquoi Memnark s’est créé ce Proto-Solerios ? C’était pour pouvoir contrôler les Solerios. Memnark avait beau posséder un corps maintes fois modifié, il demeurait un organique. Il n’aurait jamais pu utiliser pleinement les Solerios sans s’autodétruire lui-même. Mais moi, je n’ai pas ce problème. Je suis le plus résistant des Akyr. Je peux contrôler les Solerios sans artifice de sécurité. Je peux les posséder !

D’un coup, les cinq sphères de pouvoirs cessèrent de bouger, et entrèrent en contact avec les bras de l’Akyr Doré. Ce fut encore un déluge d’énergie élémentaire qui naquit de cette union, et Erend dut placer Espérance devant lui pour se protéger de ce vent surnaturel. Les cinq soleils qui entouraient la Terre semblèrent s’approcher à toute vitesse. Ils n’étaient plus de petites sphères dans le ciel, mais prenaient désormais une grande partie de l’horizon, comme des planètes en orbites toutes proches. L’Akyr Doré avait changé, lui aussi. Sa couleur dorée avait disparu, prenant une teinte plus cuivré, mais des gravures parcouraient désormais l’ensemble de son corps. Ses avants bras avaient doublé de volumes, et pour cause : les Solerios étaient désormais encastrés dedans. Le rouge, le blanc et le noir sur son bras gauche, le bleu et le vert sur le droit. La lueur des Solerios, couplée à celle des cinq soleils au-dessus de l’Akyr, semblait faire de cet être mécanique un être divin.

- Voyez, souffla-t-il. Les Solerios m’ont accepté. Leur toute puissance est mienne. Une puissance dépassant les fondements de l’univers, qui nourrit désormais mon corps. Je surpasse tout ce qui est, Arceus compris. On peut dire que je suis l’Akyr Oméga.

L’Akyr en question se mit à léviter de lui-même, à quelques mètres au-dessus du sommet brisé de la pyramide, les cinq soleils tout autour de lui. À cet instant, l’Akyr Oméga semblait être au sommet du monde.

- NIRINA ! L’interpella Erend. Je t’en prie, arrête ça ! Tout ce qu’on a fait pour combattre le régime tyrannique de Castel il y a sept ans… tu l’as oublié ?! Tu as donné ta vie pour cette cause ! Pour le monde réel, et pour ton fils Alroy !

- Mon pauvre Erend… soupira l’Akyr divin. Tu ne m’as jamais vraiment comprise. Je n’ai toujours agi que pour mes intérêts propres. J’ai combattu Castel parce qu’il avait envahi le monde que je comptais envahir. Je n’ai jamais eu d’autre objectif que la domination de ce monde. Ryates, Uriel, Castel… ils ont beau tous avoir tenté de me manipuler et de me corrompre, mais cet objectif était toujours le mien. Je vais transformer ce monde et en prendre la direction, pour l’éternité, car je vivrai éternellement. Mon fils vivra sa vie humaine qui lui est impartie, et il sera heureux de la vivre dans un monde que j’aurai modelé selon mes désirs.

- Foutaises ! Cria Erend. Alroy n’a que onze ans, mais il saisit déjà la différence entre la justice et la tyrannie aveugle ! Il ne voudra jamais de ton monde, ni même de la chose que tu es devenues comme mère !

- Je ne lui demanderai pas son avis, répliqua l’Akyr Oméga. Comme tous les humains de ce monde, il me devra obéissance. Vous trois aussi, les Détenteurs de Dieux Guerriers. J’accepte de vous laisser vivre pour que vous deveniez mes fidèles lieutenants.

Les trois détenteurs en question furent au moins d’accord sur un point : hors de question de se soumettre à un Akyr et de le laisser régenter le monde. Et ils le lui firent savoir à leur façon.

- Ta réalité est faite de rêves, Akyr, grinça Venamia. Je ne me suis pas soumise à Memnark, et je ne me soumettrais encore moins à une de ces vulgaires créations. Ce monde sera à moi. Je vais le conquérir à force de patience, d’intelligence et d’efforts, et pas grâce à une surpuissance soudaine tombée du ciel.

- C’est ma faute et celle d’Enysia si nos descendants ne jurent que par la domination, et je le regrette, soupira Castel. Tu avais raison de te dresser face à celui que j’étais il y a cinq ans, Nirina. Je t’empêcherai de devenir comme moi. C’est le moins que je puisse faire…

- Tu m’a pris sous ton aile à l’Académie, tu m’as appris tellement de choses, dit Erend avec nostalgie. Je t’admirai. Même en apprenant par la suite que tu étais une reine cruelle et tyrannique à Cinhol, je continuais de t’admirer. Tu as toujours suivi tes convictions, sans en dévier d’un iota, malgré l’adversité, et quand tout le monde s’est retourné contre toi. Tu m’as appris à faire pareil, à rester fidèle à moi-même. Je ne vais pas changer maintenant. Nirina Haldar… ou Akyr Oméga, comme tu veux… au nom de la Confédération Libre que je représente, et pour la liberté de ce monde, je vais t’arrêter !

Encore une fois, les trois Détenteurs de Dieux Guerriers, toujours sous leur forme Revêtarme, firent face à leur ennemi, cette fois le dernier. Nuelfa les avait aussi rejoints derrière, tenant l’épée d’Excalord. Tous les quatre savaient très bien que cet Akyr Oméga, nourrit par le pouvoir même des Akyr, serait d’un tout autre niveau que le Grand Forgeron. Un niveau divin, capable sans l’ombre d’un doute d’annihiler Atlantis sur le champ si l’envie lui prenait. Mais ils ne reculèrent pas. Car eux seuls se dressaient entre l’Akyr Oméga et le monde. Et aussi parce qu’ils savaient très bien ce qui leur restait à faire. En haut, l’Akyr Oméga haussa les épaules.

- C’est dommage. Vous auriez pourtant fini par comprendre que c’est pour le mieux. Avec moi, il n’y aurait plus eu de pays et de frontière, et donc plus de guerre. Le monde serait uni sous une seule bannière, et grâce à ma toute puissance, nous aurions pu nous défendre contre les menaces extérieures, voir même partir nous même à la conquête du reste de la galaxie ! Vous n’imaginez pas de quoi je suis capable. Je pourrai carrément déplacer ce monde dans l’espace, ou même ouvrir des portes à travers tout le Multivers ! Nous aurions été partout ! Nous aurions dominé tout ce qui existe !

Erend savait que Nirina croyait réellement à ce qu’elle disait. Ce n’était pas pour elle des phrases clichées de méchants, comme Memnark. Elle pensait sincèrement que c’était le mieux pour la planète et ses habitants. Elle ne se voyait pas en méchante, mais bien en sauveuse. Les Haldar avaient toujours eu une logique très simple : ils se pensaient supérieurs aux autres, donc ils se devaient de les dominer, pour leur propre bien. Un raisonnement proche de celui de Venamia, si ce n’était qu’elle, elle avait vendu son âme à la corruption et au mal. Erend contestait cela. Il était convaincu que les gens devaient être dirigés, mais les priver totalement de leur liberté serait nier leur humanité et les possibilités qu’ils avaient d’évoluer, de se surpasser.

- Les humains ne gouverneront rien du tout s’ils vivent en esclavage, dit-il avec force à l’Akyr Oméga. Si je suis devenu ce que je suis, c’est parce que tu m’as encouragé, tu as su exploiter mon potentiel, le libérer. Mais jamais tu ne m’as essayé de me contrôler, de me lier à toi. Un laquai est incapable de se surpasser. C’est en vivant pour lui et pour ses proches qu’un individu peut accomplir des merveilles.

- Les humains n’auront plus besoin de se surpasser ou de faire le moindre effort, répliqua l’Akyr Oméga. Je ferai tout pour eux. Ne comprends-tu pas ? Rien ne m’est impossible à présent !

- Il n’en résultera alors que la déchéance de l’humanité, et la décrépitude. Nous finirons comme les Akyr de Memnark ; des êtres sans volonté, ne vivant que pour une puissance supérieure qui décide de tout. Non, Nirina. Je conteste ton monde.

Erend échangea un regard avec Nuelfa, qui hocha doucement la tête, puis avec Venamia et Castel, qui eux aussi avaient visiblement compris ce qu’il avait derrière la tête.

- Tant pis alors, soupira l’Akyr Oméga. Je me passerai de vous.

L’Akyr créa du bout de ses doigts une sphère qui ressemblait à une reproduction miniature de la galaxie. Erend ne savait pas trop ce qui se passerait si jamais cette chose le touchait, et ne tenait pas à l’expérimenter. Quand l’Akyr Oméga le lança sur eux, Erend cria :

- MAINTENANT !

Avec une synchronisation parfaite, les trois Détenteurs de Dieux Guerriers abandonnèrent leur Revêtarme pour faire apparaître les Pokemon sous leur forme Arme. Au même moment, Nuelfa brandit l’épée d’Excalord, qu’elle leva au-dessus de sa tête. Le trident de Triseïdon, l’éclair d’Ecleus et la fourche d’Hafodes la touchèrent en même temps. La lourde épée brilla, et un clic se fit entendre, comme une serrure qu’on débloque. Quelque chose d’énorme se dressa entre l’attaque de l’Akyr et le groupe d’Erend. Il en résultat une explosion presque de nature cosmique, qui aurait pu à elle seule détruite toute la pyramide d’Atlantis, mais qui fut étrangement contenue.

Quand la lumière de l’explosion eut cessé, Erend d’un côté et l’Akyr Oméga de l’autre purent voir le nouvel arrivant, qui avait fait barrage à l’attaque avec son corps entièrement métallique, d’un alliage des trois aciers légendaires de Memnark, autrement plus résistant que celui des Dieux Guerriers classiques. Quatre mètres de haut, le corps bleu foncé, un long coup noir et une tête terrifiante, la créature de métal ressemblait vaguement à un hybride entre un dragon et un avion à réaction dernier modèle, avec des ailes à énergie d’un bleu électrique, et une queue qui aurait pu à elle seule raser des montagnes.

Excalord, le quatrième Dieu Guerrier et empereur des trois premiers, venait de se réveiller.





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Images de l'Akyr Oméga et d'Excalord :