Aura du temps : Prologue - T1 de lubianse

Dans la chambre de Shyn, tout était calme. Le rideau était à moitié tiré devant la fenêtre et laissait rentrer la douce lumière de la nuit, donnant un peu de lumière à la pièce.

À peine entré, Lucario jeta un regard circulaire autour de lui et vit les deux évolitions endormies sur le lit au pied de Shyn qui était presque complètement recouverte d’un fin drap blanc et d’une couverture légère.

Le Pokémon s’avança alors dans la pièce et se dirigea vers la jeune femme. Ses chaussures lui avaient été retirées et placées au pied de son lit, ainsi que sa veste qui était posée sur la chaise à côté du lit avec son sac à dos. Son bonnet était lui posé sur la table de chevet, à côté d’une Pokémontre assez simple de couleur bleu foncé et de son pendentif en cristal.

Arrivé à côté d’elle, il resta debout à côté du lit et regarda son visage dans la pénombre. Shyn respirait tranquillement et ne semblait apparemment souffrir d’aucun mal. Son visage était légèrement illuminé par les rayons de la lune.

Lucario poussa alors un soupir de soulagement et sourit en regardant la jeune femme endormit.

— Shyn… je suis content que vous alliez bien…, dit-il tout doucement dans un murmure.

Comme si la jeune femme l’entendait, elle émit un petit gémissement dans son sommeil et bougea très légèrement. La couverture descendit alors de quelques centimètres, dévoilant son débardeur blanc et ses bras nus, avant qu’elle n’arrête de bouger en laissant ses bras pendre autour de son corps.

Le Pokémon se figea sur place en se demandant si la jeune femme avait senti sa présence, mais apparemment non. Il voulut alors remonter la couverture sur elle, mais son regard se fixa sur son bras gauche qui était de son côté.

Il était quasiment entièrement recouvert de dessins noirs et bleus qui formaient des fleurs, des losanges, des cristaux, et autres symboles dans un joli assemblage tout le long de son bras : partant de sous son débardeur, remontant sur son épaule, parcourant son bras et s’arrêtant au niveau de son poignet.

Il ouvrit alors des yeux ronds en fixant sa peau en s’approchant légèrement et tendit la main vers son bras d’un air perplexe.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il à haute voix pour lui-même.

— C’est un tatouage, répondit une voix masculine à côté de lui.

Le Lucario sursauta légèrement et retira son bras en recula vivement, avant de jeter un coup d’œil effaré au Pokémon assis sur le lit qui le regardait tranquillement.

— Un tatouage ? répéta le Pokémon en fixant le Noctali d’un air incertain, surpris par sa présence.

— Oui. C’est un dessin que certains humains se font faire sur la peau, expliqua le Pokémon ténèbres tranquillement en fixant le Lucario d’un air égal.

— Et à quoi cela sert-il ? demanda le Pokémon en reprenant contenance, fixant de nouveau le bras de la jeune femme.

— À rien, je crois. Mais je trouve celui de Shyn assez joli, répondit le Noctali en souriant, tout en fixant le Lucario et la jeune femme à tour de rôle.

Le Pokémon bleu lui jeta un regard en biais avant de regarder le bras de Shyn en tournant la tête sur le côté, comme s’il cherchait à mieux voir.

— Tu peux toucher si tu veux. Shyn a le sommeil très lourd, elle ne se réveillera pas juste parce que tu lui touches le bras, rigola Shorty devant l’air gêné du Pokémon.

Lucario fit une grimace puis se rapprocha alors de nouveau et tendit la main vers le bras de la jeune femme.

Mais au dernier moment, il retira vivement sa main, comme s’il avait peur de se brûler.

— Non, je peux pas… je n’en ai pas le droit, bredouilla-t-il en bougeant sa main dans un geste compulsif.

Le Noctali le regarda d’un air désolé.

— Le droit ? C’est juste son bras. Je t’ai pas dit de lui changer ses vêtements, rigola de nouveau le Pokémon.

Le Lucario lui lança un regard outré avant de fixer son attention sur le tatouage de la jeune femme.

Il laissa ensuite ses yeux parcourir la peau marquée de Shyn, détaillant chaque partie. Il y avait beaucoup de fleurs et de dessins sans signification précise, mais tout se liait et se complétait incroyablement bien, donnant au dessin une harmonie douce et mystérieuse.

Mais tout d’un coup, il remarqua un dessin un peu plus gros que les autres sur son épaule qui semblait représenter une sorte de cage à plusieurs motifs, avec en son centre une drôle de fleur qui ressemblait beaucoup à une fleur du temps.

Il fronça alors les sourcils et se rapprocha pour mieux le regarder.

— C’est étrange… on dirait… une fleur du temps…, murmura le Pokémon en fixant le dessin.

Le Noctali le regarda d’un air intrigué sans rien dire alors que le Lucario redétaillait le bras de la jeune femme et s’arrêtait maintenant sur son poignet où un cristal à multiples branches était dessiné.

Le Pokémon garda ensuite son air perplexe en regardant le cristal, avant de regarder de nouveau la fleur du temps.

— Shyn a toujours beaucoup aimé les cristaux. C’est pour ça qu’elle s’en est fait graver sur la peau. Ainsi que les fleurs, et tout ce qui touche à l’énergie. C’est ce que raconte son tatouage. L’énergie de la vie…, expliqua le Noctali d’une voix tranquille, coupant court au silence.

Le Lucario se redressa alors et tourna lentement la tête vers le Pokémon qui le regardait toujours.

— C’est ce qu’elle t’a raconté ? demanda-t-il.

— Oui. Ça nous avait intrigué nous aussi quand on l’a vu la première fois. Alors elle nous a dit ça, répondit le Noctali en haussant les épaules d’un air vague.


— Cela fait longtemps qu’elle est votre maître ? questionna Lucario d’un air intéressé après quelques longues secondes de silence.

— Notre maître ? Hihihi ! Cela n’amuserait pas Shyn que tu utilises ce terme-là devant elle, rigola le Noctali mesquinement.

— Pourquoi cela ? Vous n’êtes pas ses Pokémon ? demanda le Lucario, un peu perplexe.

— Nous le sommes. Tout du moins, nous souhaitons l’être… mais Shyn n’a jamais voulu reconnaître que nous la considérions comme notre maître, répondit le Noctali d’un air un peu triste.

— Pourquoi cela ?

— Nous la suivons de notre plein gré, depuis plusieurs jours. Elle nous a sauvé la vie à ma sœur et moi. Mais elle n’a jamais voulu nous attraper. Donc aux yeux des autres, nous sommes toujours des Pokémon sauvages. Des Pokémon, sans maître…, raconta le Noctali d’une voix lasse.

— Je trouve cela très noble de sa part. Elle vous laisse maître de choisir votre proche voie, répliqua Lucario d’un air digne.

— Noble ?… Peut-être… mais je trouve cela un peu triste…, murmura le Pokémon en regardant de côté.

— Pourquoi donc ?

— Shyn… elle refuse d’avoir des attaches… Elle ne souhaite pas avoir de Pokémon à sa charge…, elle ne veut se lier à personne… Même si elle a fini par accepter notre présence à ses côtés, nous ne pouvons toujours pas être considérés comme ses Pokémon aux yeux des autres humains. Et cela… je trouve ça triste…, expliqua le Noctali de la même voix abattue, avant de regarder sur le côté d’un air mou et de bâiller.

— Je suis fatigué… tu devrais aller dormir toi aussi…, rajouta-t-il en se relevant et en allant rejoindre la Mentali qui dormait en boule derrière lui.

— Noctali…, l’interpella alors le Lucario d’une basse.

Le Pokémon ténèbres se retourna et lança alors un regard un peu agacé au Lucario avant de répliquer d’une voix vive, mais basse :

— Shorty !

— Pardon ? fit le Pokémon bleu d’un air un peu surpris.

— Je m’appelle Shorty. Et elle s’est ma sœur, Milliu. Ce sont les noms que Shyn nous a donnés…, répondit le Noctali dans un murmure en montrant la Mentali du menton, avant de jeter un regard triste vers la jeune femme.

Le Lucario resta quelques secondes avec une expression un peu surprise, puis hocha la tête sobrement.

— Excuse-moi… Shorty…, corrigea-t-il, avant de reprendre sa phrase : Crois-tu vraiment… que Shyn ne veuille jamais se lier à aucun Pokémon ? demanda alors le Pokémon bipède d’une voix légèrement inquiète.

Le Noctali ne répondit pas tout de suite, occupé à se rouler en boule contre sa sœur, puis leva un regard mou vers le Lucario qui le fixait.

— … Je ne sais pas… Mais… Shyn t’a sauvé la vie… plusieurs fois… Si la vraie question que tu te poses est : « Est-ce qu’elle pourrait m’accepter auprès d’elle ? ». La seule façon de le savoir, ce sera de lui demander…, répondit Shorty d’une voix mystérieuse, avant de bâiller de nouveau, et de poser sa tête contre la Mentali en fermant les yeux.


Le Lucario le regarda ensuite quelques secondes avant de reporter son regard vers le visage de la jeune femme. Il la fixa ainsi quelques minutes sans bouger, puis alla finalement s’asseoir sur la chaise à côté du lit et recommença à la regarder.

Les yeux pleins de questions muettes, le Pokémon releva légèrement son museau et sembla alors enfin remarquer les drôles d’ailes qui dépassaient de la tête de Shyn et étaient posées sur son oreiller autour de sa tête.

Lucario fronça les sourcils et se redressa un peu pour prendre appui avec ses mains sur le bord du lit pour aller regarder de plus près ses drôles de choses transparentes.

Il les fixa ensuite quelques secondes sans rien dire, tournant la tête de côté comme s’il réfléchissait.

Mais la jeune femme choisit ce moment-là pour bouger un peu, ce qui fit reculer vivement le Pokémon qui reprit sa place sur sa chaise, tout en continuant de la fixer.

Shyn arrêta ensuite de gigoter et écarta encore un peu plus son bras gauche vers le Lucario qui suivit son mouvement son bouger, de peur de l’avoir réveillé. Mais Shyn restait apparemment endormie, et Lucario tourna son attention vers la main de la jeune femme qui était juste devant lui avant d’afficher une grimace de malaise.

Le Pokémon tendit ensuite sa main très lentement vers celle de Shyn, semblant très hésitant dans son geste.

Il lui fallut au final une bonne minute avant de se décider à déposer très lentement sa paume sur la main de Shyn. La jeune femme ne réagit pas quand il la toucha, le Lucario observant la moindre réaction possible qu’il pourrait avoir.

Mais rien.

Le Pokémon souffla alors silencieusement de soulagement et resserra lentement ses doigts autour de la main de Shyn. Il pouvait sentir sa chaleur à travers sa main et se sentit incroyablement bien au contact de sa peau sur la sienne.

Il fixa ensuite leurs deux mains jointes d’un air tranquille, puis coucha sa tête sur le lit à côté d’elle tout en continuant de tenir sa main.

Assis sur la chaise et à moitié couché sur le lit, le Lucario s’endormit quelques secondes plus tard en contemplant le bras tatoué de la jeune femme, et eu la fugace impression de sentir ses doigts se resserrer autour de sa main, avant que son esprit ne s’envole à son tour…