Chapitre 21 : Le refus d'aimer
Chapitre 21 : Le refus d'aimer
« Waram, tu n'as rien voulu acheter, tu n'avais pas faim ? Ou alors, tu espères que quelqu'un va t'en donner gratuitement ? »
Il regarda Sanphinoa, sans vraiment trop s'exprimer. Hum … Non, il ne voulait pas de bonbons ou chocolats. Même s'il était vrai que tout cela semblait plus que délicieux, il préférait faire abstraction de tout ça … Hum … Non. Il n'était vraiment pas motivé.
« Waram ? Je te poses une question. Si tu peux être gentil et me répondre, s'il te plaît. »
« Non, désolé, Sanphinoa. Pas de bonbons ou chocolats pour ma part. Vous avez donc bien dépensé la majorité de votre argent dans tout ça ? »
« Mais non, Waram. N'exagère pas, on en a encore beaucoup ! C'est juste que … parfois, on veut s'offrir une petite douceur. Il n'y a rien d'anormal à ça, tu sais hein ? »
« Non non. Ce n'était pas une critique, Sanphinoa. Je suis mal placé pour vous en faire. »
« Tu es sûr que tout va bien ? Il y a eut un truc pendant que tu nous attendais dehors ? »
Merde ! Elle était vraiment trop douée comme fille. Comment ne pas paraître trop suspicieux maintenant ? Hum … C'était compliqué quand elle était dans les parages. Pour autant, il devait bien lui répondre non ? Sinon, ça allait être encore plus étrange. RAH ! Dans quel foutoir il s'était mis ? Bon, répondre et honnêtement !
« J'ai connu mieux. Le froid est un peu problématique. C'est de ma faute si je suis resté trop longtemps dehors à vous attendre. Je peux en vouloir qu'à moi-même. »
« Bah … Ca pouvait être pire. Comme si tu étais kidnappé ou autre, nous aurions été obligés de venir te sauver, Waram ! »
Ha … ha … ha. Humour à la Sanphinoa. Pourtant, cela faisait rire Raon et Xalex. Qalanos, comme à son habitude, était un mur imperméable à tout humour. C'était peut-être dans ces rares moment qu'il appréciait l'autre adolescent. Il finit par répondre :
« Je ne crois pas avoir besoin de ça non plus. Il ne faudrait peut-être pas exagérer, Sanphinoa. Je suis sûrement plus que capable de me débrouiller. »
« Hmm … On ne sait jamais ! On est dans un endroit hostile et glacial. Je suis sûre que tes défenses sont très faibles et qu'une mauvaise surprise pourrait te tomber dessus mais tu n'as pas à t'en faire ! Je supporte très bien le froid, l'eau et la neige. »
« Oui, avec une héroïne comme toi, je n'ai pas à m'inquiéter pour ma survie, c'est ça ? »
« Pourquoi est-ce que ce ton est moqueur ? J'ai rien fait pour mériter un tel traitement, Waram ! C'est quand même un peu méchant de ta part hein ? »
« Je ne sais pas. Je ne te vois pas avec une cape qui vole au vent, en disant aux criminels d'arrêter de commettre des méfaits. »
« Hey ! Qui sait ? J'ai peut-être l'allure d'une super-héroïne ? »
« Non, pas du tout. D'une femme-chevalier, ça ne fait aucun doute mais pour l'heure, ce n'est pas vraiment la question. Donnes-moi un chocolat. »
Comme ça, ils pouvaient encore une fois changer de conversation. N'était-il pas très doué à ça ? Avec un léger sourire mesquin aux lèvres, voilà qu'il récupéra l'objet qu'ilk désirait, évitant de trop montrer qu'il était content de sa ruse.
« Ne crois pas t'en tirer à si bon compte, Waram. Ce soir, tu verras ! »
« Oui, oui, plutôt toi, tu verras ce soir, oui. » dit-il alors qu'elle s'immobilisait. Elle ne s'attendait pas vraiment à une réplique de la part de Waram, du moins de ce genre. Elle pencha la tête sur le côté, murmurant :
« Pourquoi est-ce que tu me dis ça, Waram ? Qu'est-ce que tu comptes me préparer ? »
« Rien du tout, rien de rien. C'est juste que comme d'habitude, on va dormir ensemble, non ? Ce n'est pas comme si c'était si étrange que ça, non ? »
« Que tu le dises à voix haute et surtout devant les autres, ça l'est … mais çe me fait plaisir ! »
Petit éclat de rire de la part de Sanphinoa. Dire qu'elle adorait cette réponse de Waram, c'était un euphémisme. Elle était presque hystérique tandis que Waram soupirait doucement. Bon … ce n'était pas tout ça. Il était tout simplement heureux, n'est-ce pas ? Une main dans la poche, il serrait le petit écrin qu'il avait à l'intérieur.
« Waram ! Au lieu d'avoir froid tout seul, prends donc ma main. »
AH ! Il lâcha l'objet très rapidement, un peu surpris et décontenancé, la main de Sanphinoa venant dans la sienne. Ah oui … Il était content. Il était heureux … vraiment. Il avait la main de Sanphinoa, douce et chaude. Pourtant, ils pouvaient porter des gants mais ça ne serait pas du tout la même sensation, n'est-ce pas ?
« Ne t'enfuit pas, Sanphinoa, n'est-ce pas ? Tu es d'accord ? »
« Oh ? Si je tente de m'enfuir, est-ce que tu viendras me chercher ? »
« Si c'est le cas et que c'est de moi, je ne vais pas chercher à te retenir, tu sais ? » dit-il avec une certaine nonchalance, regrettant déjà ses propos.
« Ce n'est pas comme ça que tu m'attraperas dans tes filets, Waram. Il faut plus de mots doux, comme « Tu n'en auras pas l'occasion. Je serais le prédateur et tu seras ma proie. » et toutes ces choses, qu'est-ce que tu en dis ? »
« J'en dit que tu as une imagination un peu trop fertile à mon goût. Je ne sais pas où tu peux réussir à avoir tout ça dans ta tête, loin de là. »
« Pour toi, il y a toute la place disponible mais pas uniquement dans ma tête. »
Hum … Est-ce qu'elle comprenait que le sujet de conversation déviait un peu ? De toute façon, les regards amusés des autres montraient clairement qu'il appréciait que la plaisanterie soit là pour les divertir un peu. Ca ne pouvait faire que du bien alors qu'ils étaient en Russie et qu'ils allaient devoir se battre bientôt.
« On retourne en direction des bus, vous en pensez quoi ? »
« Que c'est une bonne idée, Waram. Les visites, c'est bien … mais si on finit par se perdre, ça nous créera plus de problèmes qu'autre chose. »
« De toute façon, je n'aime pas vraiment le froid. » marmonna Qalanos, Waram répondant aussitôt sur le même ton que le chevalier-pokémon du Yanma :
« Pour une fois que je suis d'accord avec toi. Je sais pas ce qu'ont les gens à apprécier cette saison qu'est l'hiver ou cette neige. On se les pèle, il fait froid, on se les gèles. Bon, dépêchons nous de retrouver le plus vite possible les bus. Quelqu'un sait où on doit se rendre ? »
« Oui, bien entendu. Suivez-moi, vous autres. Je vais vous servir de guide dans la neige. »
Bien entendu. Pourquoi est-ce qu'il avait posé la question ? Sanphinoa à la rescousse. C'était toujours ainsi, n'est-ce pas ? Il eut un petit sourire aux lèvres. Peut-être qu'il avait finit par avoir l'habitude qu'elle soit toujours là. Vraiment … C'était difficile de ne pas reconnaître qu'il … aimait la fille qui se trouvait à ses côtés.
Oui, l'aimer … mais était-ce le même genre d'amour qu'elle ? Il n'en était pas vraiment convaincu. Est-ce qu'elle allait bien ? Est-ce qu'elle … enfin … Est-ce que … Non, du côté de Sanphinoa, les questions ne se posèrent guère. Il n'y avait aucun doute à se faire sur ses sentiments à son encontre. C'était de son côté qu'il devait régler le problème.
Il devait … trouver un moyen, n'est-ce pas ? De lui dire ce qu'il avait sur le coeur. Hmm … Il devait faire le vide dans son esprit et aussi faire un peu de rangement. Pour comprendre si tout … était comme il le désirait ou non. RAH ! Il était tout simplement perdu ! Quel idiot !
« Et nous y voilà, j'espère que le chemin n'était pas trop déplaisant et que vous étiez satisfaits de la guide. » s'exclama Sanphinoa alors qu'ils se retrouvaient devant les bus.
Déjà ? Ce fut plutôt … rapide, n'est-ce pas ? Peut-être beaucoup trop à ses yeux. Il n'avait pas envie de relâcher la main de Sanphinoa … et celle-ci ne faisait rien pour retirer la sienne. Tant mieux, il préférait … ça comme ça, oui.
« Vous êtes déjà de retour ? Je pensais que vous alliez vous perdre dans les rues. »
« Même si je sais parler un petit peu le russe, il vaut mieux que nous nous dispersions pas trop. C'est pourquoi nous sommes déjà de retour, c'est tout ! » répondit doucement Sanphinoa aux propos de l'homme qui venait de les interroger.
« C'est pas faux. Vous pouvez retourner dans les bus. Certains d'entre nous sont partis faire quelques courses et acheter quelques plats chauds. Ca peut nous faire que du bien. J'espère que nous ne tomberons pas sur un ours … enfin un autre à part le vôtre hein ? »
« Ouais, Timber est timbré mais c'est pas faute de le répéter. Il est dans le bus ? »
« Ouaip, il était en train de ronfler et dormir, pour ne pas changer. Faites gaffe à ce qu'il n'hiberne pas. Je crois que ces animaux sont ronchons. »
« Oh, il n'y a pas que Timber qui ronchonne si on le réveille, Waram aussi. » corrigea Sanphinoa, provoquant l'hilarité autour d'elle tandis que Waram soupirait, fronçant les sourcils pour voir si elle avait vraiment osé faire cette blague.
« Tu n'as pas honte de ta personne, Sanphinoa ? »
« Pour mes propos ? Pas le moins du monde ! Tu sais aussi bien que moi que je ne me mens pas à ce sujet, non ? Alors, est-ce que tu m'en veux de ne pas maquiller la vérité ? »
« Énormément ou presque. Dites, avant qu'il y ait une vague de suicides devant l'humour dévastateur de Sanphinoa, est-ce que l'on a déjà des nouvelles de notre raison de venir ici ? »
« Hum … Tu veux savoir si on va bientôt repartir pour se rapprocher de la base de l'Antre de la Terre ? Pas encore mais presque. Ce soir, nous allons dormir dans les bus mais dès demain, il va falloir se déplacer à pied pendant quelques jours. Utiliser nos véhicules risquent de nous attirer des regards dont on ne devrait pas. »
« … … … On va devoir dormir dans des tentes ? Sous ce temps pourri ? Est-ce que vous êtes en train de me faire une mauvaise blague ? Genre bien pourrie ? Car j'aime vraiment pas un tel humour aussi pourri, hein ? Vous êtes prévenus. »
« Pourtant, il va falloir vous y habituer. Mais voilà, nous avons aussi prévu de quoi faire flamber quelques bûches et autres. Nous établirons un périmètre et si nous avons des manipulateurs de la glace, ce n'est pas pour rien. »
« Ouais, il ne neigera pas mais ça ne veut pas dire que l'on va pas crever de froid. » marmonna le jeune homme aux cheveux noirs, désabusé et déjà fatigué rien qu'en y pensant.
« Et oui, on ne peut pas tout avoir, malheureusement. Pour autant, il va falloir s'y habituer car c'est ainsi et pas autrement que ça va se produire. »
« Grumpf … Bon, je vais dans le bus, ça sera mieux. Je vais voir si je peux me camoufler dans la fourrure de Timber et ne plus en sortir. »
Joignant les gestes aux paroles, il retourna tout simplement dans le bus, observant l'imposante masse brune et épaisse au bout du bus. Bien entendu, le gros ours était là … et il ronflait … et il dormait, comme convenu.
« Ah … Vraiment, qu'est-ce que l'on va faire de toi hein ? »
C'était une question un peu ironique alors qu'il réfléchissait vraiment à la situation. Bah … Il avait envie de dire à Sanphinoa quelques petits mots mais … il n'était pas vraiment convaincu que … enfin bon … Et s'il se trompait depuis le début ? Que ce n'était pas ça qu'il devait faire ? Comment est-ce qu'il allait agir ? Comment est-ce qu'il allait faire ?
Ah … Ah … Ah … Il … était anxieux ? Peut-être que oui. C'était peut-être ça. Il n'arrivait pas vraiment à le croire mais il était anxieux. Il avait envie de parler à coeur ouvert à Sanphinoa, de lui déclarer ses sentiments mais … et sa réponse ? Qu'est-ce qu'elle allait penser comme réponse ? Il n'en savait trop rien. Il n'avait aucune stricte idée par rapport à ça. Il ne devait pas avoir peur, n'est-ce pas ?
« Pourquoi s'inquiéter à ce sujet ? Personne ne peut t'aimer. »
Hum ? Hein ? Il n'était pas sûr d'avoir très bien entendu ce qui venait de se dire. Il regarda à gauche et à droite, dans le bus, entendant juste le ronflement de la part de Timber. Euh … Non, ce n'était pas lui qui venait de prendre la parole.
« Ce genre de sentiments est inutile. Pourquoi t'intéresser à cela alors que seule la force suffit à vivre dans ce monde ? »
Ok … Il était sûr et certaine d'avoir entendu une voix une nouvelle fois. D'où est-ce qu'elle provenait ? Elle était un peu angoissante quand même mais … en même temps, féminine. Sauf qu'il devait répondre ou pas ? Car il n'en savait trop rien.
« Ne m'emmerdez pas, je sais pas qui vous êtes mais je n'ai pas besoin d'entendre votre voix. Je n'ai besoin de personne pour la puissance. »
« Tu en as besoin, tu le ressens au plus profond de ton être. »
« Je sais encore ce que je désire et actuellement, ce n'est pas la puissance mais elle. »
« Elle ? Ce déchet féminin ? Il semblerait que la dernière fois n'avait pas été suffisante. Il semblerait qu'une nouvelle leçon soit donnée. »
« La dernière fois ? De quoi est-ce que … vous parlez ? »
C'était étrange … et désagréable. Il avait l'impression de recevoir un poignard en plein coeur. Il avait une sensation déplaisante. Cette phrase n'était pas anodine, non ? Pourquoi est-ce qu'elle avait été prononcée ?
« Qu'est-ce que vous savez réellement à ce sujet ? Parlez ! »
« Je te punirais … encore et encore … que tu comprennes la peine et la douleur, que tu sois envahi par les ressentiments de ceux qui sont morts. Vous avez osé vous opposer à nous. Vous en payez le prix. »
« Je ne sais pas quoi vous parlez et je crois que je préfère ne pas savoir. Si vous me cherchez, vous avez qu'à vous présenter à moi et ... »
« Waram ? A qui est-ce que tu parles ? Tu crois vraiment que Timber va communiquer avec toi ? Surtout pendant qu'il est en train de dormir » ? murmura la voix de Sanphinoa alors qu'il la voyait grimper dans le bus à son tour. Elle arrivait vers lui.
« Pas vraiment, Sanphinoa. On va juste dire qu'il y a une ... »
« Imbécile. Elle est là elle aussi. L'heure de la punition est arrivée. »
La bouche de Waram resta grande ouverte, aucun son n'en sortant. Un peu de bave s'écoula de ses lèvres, sa main se plaçant au niveau de son coeur sans qu'il ne puisse parler. Ma… Mal … Il avait mal … Il avait mal ! IL AVAIT MAL ! IL AVAIT MAL ! CA LUI FAISAIT SUPER MAL ! IL AVAIT UN MAL DE CHIEN ! MAL !
« Waram ? Qu'est-ce qu'il y a ? Ca ne va pas ? Waram ? Waram ? WARAM ! »
Le corps de l'adolescent tomba au sol, inerte. Au même instant, Timber s'était redressé, réveillé par les cris de Sanphinoa. Celle-ci était déjà au niveau de Waram, le soulevant en l'implorant de lui parler mais aucune réponse ne se fit entendre.
« Waram, Waram, s'il te plaôit ! Dis-moi quelque chose ! N'importe quoi ! Ce n'est pas drôle ! Tu sais bien que je n'aime pas cette blague ! Waram ! Wa … Waram ? »
Elle avait finalement posé son oreille contre son coeur. Il ne battait plus. Il était … mort ? Mort ? Mais … mais … mais … il y avait encore cinq minutes, il était en train de lui parler normalement et … et … Qu'est-ce que ça voulait dire ? Pour … pourquoi ?
« Waram ! WARAM ! WARAM ! Tu peux pas me faire ça ! »
Il ne retenait pas sa respiration. Elle le remarquerait … le coeur … le coeur. Elle devait le remettre en route et … AH ! Waram toussota violemment, prenant de profondes respirations sans même réellement comprendre, balbutiant :
« Qu'est-ce que … se passe quoi ? »
« WARAAAAAAAAAAAM ! Tu es vivant ! Tu es vivant, tu es vivant ! »
Il n'avait même pas eut la possibilité de se lever du sol du bus. Une lourde masse s'était jetée sur lui en même temps qu'une langue épaisse venait lui lécher le visage. HEY HEY HEY ! Ce n'était pas Sanphinoa mais Timber. Timber venait de le lécher mais pour quelle raison ? Et le renifler ? Et Sanphinoa qui sanglotait dans ses bras ?
« On m'explique un peu, de quoi ? »
« Ton coeur … Ton coeur … Tu étais mort, Waram ! Mort ! Tu … Tu étais mort ! »
« Ouais non, si j'étais mort, je le saurais et … je … Enfin, cette voix et ... » commença t-il à dire, un peu perturbé. Euh … Oui mais non ?
« Je te dis que tu étais mort, c'est que tu l'étais, Waram. Snif … Je veux pas que tu m'abandonnes, Waram. Je ne veux pas. Ne me laisse pas seule, s'il te plaît. »
« Je compte pas te laisser seule. Ni toi, Timber, ni toi … mais fais gaffe avec ta bave. » dit-il doucement, un peu épuisé et fatigué. Cette voix … puis cet arrêt cardiaque. Sanphinoa ne mentirait pas … et Timber ne réagirait pas ainsi. Personne n'avait entendu cette voix hein ? Et les autres n'avaient pas … entendu les cris de Sanphinoa ? Comme … par hasard.