Ch 15 : Retour à la case départ
Le front appuyé sur la vitre en plexiglas, Arsen songeait aux évènements récents, laissant son regard d’émeraude balayer le paysage froid sans y prêter attention. D’un geste machinal de l’index, il frottait le col roulé de son pull noir, ce qui agaçait son voisin, occupé à lire le journal.
L’aventurier avait pris le bus à destination d’Unionpolis une heure auparavant et regrettait à moitié de ne pas avoir fait le chemin à pied. En un sens, il avait troqué la tranquillité pour le confort.
Car malgré son apparente sérénité, Arsen ne supportait plus le bordel de ces hum de gosses en colo, bon sang, que viennent-ils foutre à Sinnoh où on se les pèle ? Et surtout, pourquoi n’ont-ils pas un bus juste pour eux ?
Mouais, j’aurais tenu deux paragraphes et demi en style roman.
Depuis mon échec avec Celebi, j’éprouve un certain malaise avec le passé. Jusque dans la conjugaison.
J’ai développé une allergie au plus-que-parfait et au passé antérieur, le passé simple me fait vomir et l’imparfait me file quelques boutons. Je ne tolère que l’usage du passé composé. C’est pourquoi je préfère une formulation au présent.
Quant à l’emploi de la troisième personne, cela ne pouvait pas durer. Avouons-le, je suis beaucoup trop égocentrique pour ne pas étouffer mon récit de « je » et de « moi » !
Si j’ai tenté une narration plus littéraire, c’est parce qu’une des monitrices de la colonie de vacances s’appelle Anis, qu’elle appartient à la Ligue d’Unys (ça rime) et qu’il est de notoriété publique qu’elle voudrait devenir romancière. Du moins, dans ma timeline.
Voilà, tout ça pour dire que je vais bientôt péter les plombs à force d’entendre ces marmots chanter leurs comptines de centre aéré :
« Barbicha, Barbicha, Barbicha cha cha
Charpenti, Charpenti, charpenti ti ti
Tiboudet, Tiboudet, Tiboudet dé dé
Demanta, Demanta, Demanta ta ta
Tarenbulle, Tarenbulle, Tarenbulle bul bul
Bulbizarre, Bulbizarre, Bulbizarre zar zar
Z’Armaldo, z’Armaldo, z’Armaldo do do
Doduo, Doduo, Doduo oh oh… »
Une fois sorti du bus, la chansonnette me reste dans la tête. Elle ne me quitte pas tandis que je traverse les rues d’Unionpolis et que je prends une chambre à l’hôtel. Je sais par avance qu’elle me pourrira les trois prochaines nuits voire peut-être le reste de mon existence.
Cela fait deux jours que j’ai quitté Johto. Je suis parvenu à esquiver des adieux poignants avec James, ainsi que le courroux de Peter au sujet du bazar provoqué à Kanto et de l’absence de Luth.
Et là, pour le moment, je suis perdu. Dans mes pensées, dans mes sentiments, dans mes actes, dans mes plans. Même mes repères géographiques me semblent faussés.
J’ai parcouru un lieu inconnu qui porte le même nom que la région où j’ai passé toute ma jeunesse, mais qui ne lui ressemble qu’en surface. Les routes et les gens diffèrent.
Personne ne se souvient de moi, à l’exception des deux sbires de la Team Glamour que j’ai explosé avant d’entrer dans l’hôtel et qui se sont avérés être les mêmes qu’à Kalos. Ils se sont égarés ou quoi ?
Je me sens envahi par une forme de doute. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai besoin de parler à quelqu’un, un visage sympathique, amical.
Faute de mieux, j’appelle la Fondation Aether. Après dix minutes d’attente, Mohn apparaît sur l’écran, les traits fatigués :
« Quand on m’a dit que vous désiriez me parler, j’ai cru avoir mal compris. Bonjour Lividex, comment vous portez-vous ?
- Pas trop mal.
- Et la propagation de votre… marque ?
- Regardez par vous-même, lui dis-je en baissant un peu la manche gauche de mon pull.
- Oh ! Donc le col roulé sert aussi à la masquer ?
- Vous avez tout compris ! Elle recouvre environ la moitié de mon corps. Quoi de neuf de votre côté ?
- Une Ultra-Chimère a fait son apparition à Poni, nous avons réussi à établir un contact avec elle et à obtenir quelques données. Cela fait trois jours que je les étudie, je suis plutôt débordé. En plus, la doyenne d’Akala doit passer au Paradis Aether avec un type qui prétend être un Pokémon.
- La doyenne d’Akala ? Quelle chance !
- Bien au contraire, cette vieille bique de Pierrina est la personne la plus insupportable que je connaisse ! s’exclame Mohn, avant de s’assurer que personne ne l’écoutait. Au fait, GDE vous cherche partout. Je lui ai dit que vous vous trouviez probablement à Sinnoh.
- Qu’est ce qui vous fait croire une chose pareille ?
- Je me suis renseigné depuis notre conversation à mon bureau. Les mythes de Sinnoh parlent d’un Pokémon du nom de Dialga, capable de contrôler le temps. Il demeure une alternative viable à Celebi, qu’en pensez-vous ?
- Vous avez bien fait vos devoirs, Mohn. Je compte le capturer dès que possible, pour cela j’ai mis la main sur une quarantaine de Masterballs.
- Quarante ?! Où en avez-vous trouvé autant ?
- Dans un sac, du côté de Safrania.
- Safrania !!! répète le savant en clignant des yeux. Lividex, ne me dites pas que vous êtes lié à tous les évènements qui bouleversent Kanto depuis trois jours ?!
- Quels évènements ? »
Mohn s’apprête à dire quelque chose, puis se ravise. A la place, il se masse longuement les tempes en souriant.
« Vous me faites penser à un Sinistrail, Lividex. C’est un Pokémon Plante/Spectre, pourtant on le trouve dans l’eau et il a une affinité particulière avec le type Acier.
- Je ne suis pas certain de saisir l’analogie.
- Tant pis. Il y a une question qui me taraude depuis que j’ai appris l’existence de Dialga. Pourquoi avoir traqué Celebi ? Dialga possède pourtant des pouvoirs temporels bien plus grands.
- Il y a trois raisons à cela, réponds-je, dont une évidente. La taille. Celebi est à peine plus grand qu’un nouveau-né quand Dialga mesure cinq mètres pour une demi-tonne. Ajoutez à cela le double type Dragon/Acier, vous comprendrez que je puisse préférer poursuivre Celebi.
- Vous avez l’air d’être bien renseigné sur les proportions de Dialga.
- J’ai lu les rapports de la Team Galaxie de ma réalité. La deuxième raison, vous l’avez donné, Dialga possède des pouvoirs gigantesques. Je ne veux pas créer de boucles temporelles ou altérer d’une façon incompréhensible le cours du temps en donnant de mauvaises instructions à Dialga. Le temps est un peu en dehors de notre entendement.
- Cela me semble prudent. Et la troisième raison ?
- Celebi vient du futur, cela signifie qu’il n’est pas encore né. Qui sait dans combien de siècles ou de millénaires ce Pokémon fera son apparition ? Il doit donc veiller à ne pas empêcher sa conception lorsqu’il se balade dans le temps. Il comprend parfaitement cet aspect du voyage temporel. Avec Dialga, je prends le risque d’effacer mon existence à chaque excursion dans le passé puisqu’il est super vieux et qu’il s’en bat la rate !
- Ironiquement, vous êtes victime de ce que vous cherchiez à éviter, conclut Mohn.
- Ouais. Quand il m’est venu l’idée d’aller capturer Celebi dans le passé, je pensais que je ne courrais aucun risque, que Celebi ne permettrait pas des changements trop importants de la timeline. Je me trompais.
- Gardez espoir, Lividex, vous possédez toutes les ressources nécessaires pour vous sortir de cette situation !
- Je vous remercie Mohn. »
Merci de m’avoir rappelé que même un scientifique comme vous est incapable de sonder les mystères de mes plans géniaux, tellement mon intelligence vous domine !
Merci de m’avoir rappelé que je suis le seul être capable de faire paniquer un Pokémon légendaire, au point qu’il fasse fi de tous ses principes juste pour me fuir !
Vous avez entièrement raison, je suis un Sinistrail, ma personnalité est trop complexe pour être appréhendée par un humain normal ! En revanche, évitez les tournures du type « Gardez espoir ! », parce que ça craint.
Gonflé à bloc, je peux repartir vers d’autres aventures délirantes en vue de me garder en vie.
Mais je préfère commencer modeste, en allant interroger un ancien sbire de la Team Galaxie. Lorsque les FPI m’ont laissé consulter leurs bases de données, à Unys, j’ai pris les noms et adresses connues de plusieurs laquais d’Hélio.
Le sbire vit dans un immeuble du centre-ville d’Unionpolis. Cela fait bizarre de voir des buildings partout, Unionpolis n’est pas une si grande cité dans ma réalité. Par contre, ne cherchez pas le Square Paisible, il n’existe pas.
Qui dit grande ville dit trafic important. Est-ce que l’augmentation du nombre de véhicules dans un lieu influe sur le nombre d’accidents ? Cela me parait un peu simpliste. Et oui, c’est ici que maman est morte, à l’âge de quatre ans.
Cela fait bizarre de dire un truc pareil, d’autant que dans ma réalité, elle vient de souffler ses soixante bougies.
Donc je finis par arriver chez le sbire, un appartement minuscule qui sent le renfermé. Le type en question s’avère être un loser doublé d’un beauf. Je n’ai qu’à sortir Trollface pour qu’il accepte de répondre à toutes mes questions.
Il m’apprend que Saturne a dissout la Team Galaxie quelques mois après la disparition d’Hélio. L’ex-admin a vendu les locaux de la Team, ainsi que les deux orbes récupérés après le passage de Dialga et Palkia, à une société de télécommunication.
Il a ensuite redistribué l’argent amassé pour permettre à tous les sbires de refaire leurs vies. Personne ne sait ce qu’il est advenu de Saturne. Dommage, je comptais un peu sur lui pour m’indiquer comment invoquer Dialga. Ce n’est explicitement écrit nulle part dans les dossiers que j’ai pu lire.
N’apprenant rien de plus, je rentre à l’hôtel, profiter de ma confortable suite. Vous vous demandez probablement où j’ai bien pu me procurer la petite fortune nécessaire à son paiement. Figurez-vous que dans la boîte à gants du 4x4 que nous avons emprunté à Kanto se trouvaient six cent mille Pokédollars !
[RAPPEL : le Pokédollar est basé sur le yen dont la valeur de conversion est d’environ 1 euro = 120 yen. Il sera laissé aux lecteurs le soin de calculer la valeur en euro du pécule dérobé par Lividex. En outre, cet aparté superflu constitue une attaque mesquine et lamentable à l’encontre d’un des plus assidus lecteurs, dont on taira le nom, auteur notamment d’un One-shot portant sur le remboursement d’une dette, à lire absolument.]
La première chose que je fais en entrant dans ma chambre est de compter les Masterballs. Quatre sur moi, sept sous le lit, treize dans un sac et seize dans ma valise. Le compte est bon.
Je décide de me détendre en prenant une bonne douche bien chaude. Ne m’imaginez pas à poil, c’est gênant !
Tandis que le ruissellement des gouttelettes sur ma peau me réconforte, je songe à la capture de Dialga. La Team Galaxie a détourné de grande quantité d’énergie des Eoliennes pour mettre son plan à exécution. Où pourrais-je trouver autant d’énergie ?
Est-ce que quatre cinquièmes de la force vitale d’Yveltal seraient suffisants ? Il faut dire que cet important amas d’énergie est probablement entre les mains de deux maniaques rêvant d’un monde plus beau.
Deux fous qui n’ont plus besoin de ces deux Masterballs posées sur un plateau gravé de figures mythologiques de Sinnoh et qui possèdent une entreprise de télécommunication, car Lysandre demeure toujours l’inventeur de l’holokit dans cette réalité.
Et que font les sbires de la Team Glamour si loin de Kalos ?
Je ne vous remercierai jamais assez professeur Mohn de m’avoir rappelé à quel point je suis brillant !
Sans perdre un instant, je recherche le numéro du bureau de Lysandre à Kalos. Je lance ensuite un appel en audio (je ne vais pas mettre la visio, je suis en serviette de bain) et, malgré l’heure tardive, je parviens à joindre une jeune secrétaire.
Je me fais passer par Eloi T. D’Apheucq, directeur d’une entreprise de hautes technologies particulièrement mécontent – j’hurle carrément sur la pauvre dame – et souhaitant rencontrer Lysandre de toute urgence. La secrétaire, qui garde un sang-froid exemplaire, s’excuse car M. Lysandre est actuellement en voyage à Sinnoh.
Je lui raccroche au nez. Bingo !
Je finis de m’habiller et descends à l’accueil questionner sur les prochains évènements mondains susceptibles d’attirer du beau monde. On m’apprend que ce soir même le gratin sera réuni à l’opéra d’Unionpolis pour y suivre L’Anneau des Nihilengen.
Je me rends donc à ce rassemblement de snobinards. J’ai laissé le costume trois pièces dans la valise, je ne porterai plus que des pulls à col roulé à présent. La marque noire ayant atteint la base de mon cou, je préfère éviter que cela se voie. De même, les manches longues seront de rigueur.
L’air serein, je regarde passer les notables qui pénètrent, dans l’opéra, l’air digne. Les mains enfoncées dans les poches de mon gros blouson, je supporte le froid de début de soirée en sifflotant.
Lorsque le couple d’enfer fait son entrée, je ne réagis pas. Je me contente de rester là, debout, sans bouger, et de fixer du regard les deux kalotiens. Ils sont accompagnés de Lucian.
Lysandre se rapproche de moi, tandis que son épouse et son fils poursuivent leur chemin. Le rouquin se veut menaçant, il me toise du haut de son mètre quatre-vingt-douze, les sourcils froncés. Pourtant, je devine une certaine satisfaction chez lui à l’idée de me revoir.
Il s’apprête à ouvrir la bouche, ce qui me fait penser, est-ce que j’ai deviné juste ou pas lors de mon dernier pronostic QDJ ?
« M. Trisk, on m’a dit que vous étiez en ville.
- Vous me surveillez ? C’est flatteur.
- Mes hommes vous filent depuis que vous avez quitté ma demeure. Vous avez réussi à les semer quelques jours à Johto, mais ils ont fini par retrouver votre trace.
- Je vous effraie, Lysandre ?
- Votre capacité – que dis-je ? – votre pouvoir de deviner correctement les secrets de chacun pourrait mettre en péril l’aboutissement imminent de certains de mes desseins.
- Mon pouvoir ? De quoi parlez-vous ?
- Ne faites pas l’innocent ! Vous saviez pour la créature de la météorite, pour Yveltal, pour la Team Glamour ! Vous parvenez à discerner la vérité à partir de quelques détails ! Qui êtes-vous donc M. Trisk ?
- Puisque vous jouez carte sur table, je peux faire de même. Je suis un agent d’Arceus ! mens-je. De la même façon qu’il a envoyé cette gamine pour mettre fin aux plans d’Hélio, il m’utilise pour vous empêcher d’usurper le pouvoir de Dialga et Palkia !
- Diantre ! Cela ne se peut ! s’exclame Lysandre sur un ton tellement dramatique que je manque de pouffer de rire.
- Vous vous renseigné sur moi, n’est-ce pas ? Mon nom n’apparait nulle part. Je suis comme un fantôme, je n’existe pas. D’ailleurs, vous ne trouvez pas que le timing de mes apparition-disparition à Johto colle étrangement bien avec les évènements de Kanto ?
- Arceus vous prête sa force ! Quand bien même, vous ne pourrez m’arrêter ! »
Sur ces mots, une escouade de sbires de la Team Glamour fait irruption depuis une ruelle proche et me ligote. Les laquais m’embarquent sous le regard satisfait de leur maître, qui repart ensuite rejoindre sa famille à l’opéra.
Les sbires vont certainement me jeter dans une prison secrète de la Team Glamour.
Je profite donc du trajet pour vous poser une question existentielle : à votre avis, quel est le meilleur superpouvoir à utiliser dans la vie quotidienne ?
Les cyniques répondront l’argent. C’est vrai que le pognon est un superpouvoir très intéressant, que j’apprécie énormément, mais il a tendance à s’accompagner de petits inconvénients peu commodes.
Les kikoos diront alors le pouvoir de voler. Non, c’est trop contraignant pour un usage ménager. Même la super-vitesse s’avère inutile car, quand on est payé pour bosser pendant six heures, terminer son travail en quinze minutes ne signifie pas que la journée est finie. A la limite, la téléportation montre plus d’avantages.
Tant qu’on est dans les superpouvoirs physiques, oubliez de suite les sens hyper développés, ça craint. Quant au facteur auto-guérissant et à l’invulnérabilité, ils ne seront utiles que si vous avez l’habitude de manipuler des ogives nucléaires. Et si vous aimez bousiller votre mobilier, il y a la super force.
Les voyeurs parleront ensuite de l’invisibilité. Pourquoi pas en deuxième position ?
On passe donc aux superpouvoirs plus intellectuels, ceux qui ont pendant longtemps été l’apanage de la belle blonde – ou rousse – pulpeuse et plantureuse, vêtue d’une tenue exagérément trop moulante. Notons au passage que ces personnages féminins ont souvent un doctorat en sciences dures et un niveau olympique en athlétisme.
Bref, télépathie, télékinésie, on se rapproche un peu, mais il ne s’agit pas de cela.
Le meilleur superpouvoir pour un usage dans la vie normale serait plutôt une capacité de super-vilains. Il s’agit de la faculté de manipuler les cons !
Ne nous voilons pas la face, l’humanité est majoritairement composée de cons, vous et moi ne faisant pas exception. Pouvoir plier à sa guise le moindre con aux alentours assure une vie faste, dépourvue de problèmes.
Avec mon mensonge énorme sur Arceus, c’est un con énorme, en la personne de Lysandre, que j’ai manipulé. Ses sbires me mènent en cellule, dans leur QG secret !
Inutile de vous creuser la tête, mes débiles se chargent de vous mener à ma base, M. Trisk ! Fort bien, je vous remercie Lysandre ! N’oubliez pas embrasser Elsa-Mina de ma part ! Ce sera fait !
La Team Glamour me dépose en prison avec plus de délicatesse que nécessaire. Un des sbires se sent obligé de préciser que je serai bien traité. Vraiment ? Il y aura des frites à la cantine ?
Dans la cellule de droite, Beladonis se redresse et m’examine attentivement d’un regard myope. Il met cinq bonnes minutes à me reconnaître. Pour changer, il ne sent pas le café froid et l’après-rasage bon marché. A la place, il pue la sueur. Beurk !
« Lividex, il me semble ?
- Il était temps ! soupiré-je. Que faites-vous ici, Beladonis ?
- L’agent Vifulysse m’a transmis des informations très précieuses concernant l’implication de Lysandre et Elsa-Mina dans les activités de la Team Glamour.
- Sans rire ?
- Je vous l’assure ! déclare fermement l’inspecteur, accroché à son premier degré. Je les ai donc suivi jusqu’à Sinnoh, mais je suis tombé dans un de leurs pièges il y a deux jours et me voici ici ! Et vous ?
- Je refaisais mon lacet dans la rue et ils m’ont capturé. Dingue, non ?
- Nous devons absolument sortir d’ici et stopper la Team Glamour, quels que soient leurs plans ! poursuit Beladonis. »
J’hésite à lui demander s’il a un plan. Pour ma part, j’en ai un. Je possède toujours sur moi le flingue dérobé à la Team Rocket, chargé de trois munitions. J’ai paumé une balle en nettoyant le barillet dans les toilettes d’une station-service.
Je prévois donc de menacer le prochain sbire qui entrera dans la pièce pour qu’il nous fasse évader. Il est important que le sbire soit seul pour diminuer les aléas.
La porte de la prison ne tarde pas à s’ouvrir, mes doigts se portent à la crosse de l’arme. Je suis préparé à faire feu si besoin. Une silhouette féminine se dessine dans l’encadrement de la porte, je pointe le canon du pistolet sur elle.
Et je me fige.
C’est Marie-Alice.
Bon sang, que fiche-t-elle ici ?!