Chapitre 35 : Celle qui fut et qui reste d'or
Je commence à perdre la tête. J’en suis conscient. L’Eternité que j’ai prise dans le Puits des Abysses me souffle mille horreurs, et parfois, ses paroles s’imposent à moi comme une évidence. J’ai lutté toutes ces années, mais au final, moi aussi je ne suis qu’un humain. Pourtant, la mort n’est pas une option. Si je meurs, l’Eternité en moi sera libérée, et alors… il reviendra. Celui qui veut réellement du mal à mon monde.
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Bertsbrand criait comme une femmelette à la vue des cerveaux en bocaux et des Akyr en production partout dans la salle. Galatea et Eryl, elles, ne quittaient pas des yeux l’Akyr Cerebro, attendant qu’il débute le combat. Mais le scientifique Akyr ne semblait pas pressé de se battre. Il continua son exposé comme si Bertsbrand n’était pas là.
- Il y a bien longtemps que nous n’avons plus créé d’Akyr. Les humains ont largement évolué depuis tout ce temps. Leur volonté et leur intellect se sont développées. On peut donc légitimement penser que les Akyr qui en découleront seront à l’image de l’Akyr Doré. J’ai hâte que le Seigneur Memnark asservisse ce monde une fois de plus, pour que je puisse me remettre au travail.
L’Akyr regarda Eryl avec un intérêt évident.
- Vous par exemple, vous n’êtes pas vraiment une humaine. Je peux percevoir de là le champ énergétique qui vous entoure. On dirait celui d’un Pokemon, mais il a aussi quelques similitudes avec ceux des utilisateurs du Flux. Imaginez un peu l’Akyr qu’on pourrait créer à partir de vous !
L’Akyr Cerebro avança d’un pas, et Eryl recula instinctivement.
- De grâce, donnez-moi votre corps ! Supplia presque l’Akyr. Je veux percer tous ses secrets ! Je veux le remodeler et vous en créer un qui fera passer les Akyr de Première Classe pour des modèles obsolètes !
Galatea se plaça entre Eryl et le scientifique Akyr en faisant crépiter son Flux.
- Recule, docteur maboul. On en veut pas, de tes corps métalliques tout pourris. Comment qu’on fait pour se masturber ou faire crac-crac avec un garçon après, hein ?
Malgré la situation, Eryl ne renonça pas à sermonner son amie.
- Galatea, la luxure est un péché capital, qui conduit à la corruption.
- Oui oui, mille excuses, Votre Sérénissime Altesse de l’Innocence.
- Vous ne savez pas à quoi vous renoncez, insista l’Akyr Cerebro. Vous n’auriez plus faim, ni soif. Vous ne connaîtriez plus la maladie, ni les limitations que vous imposent vos corps fragiles. L’éternité serait à vous, ainsi qu’une puissance inégalée !
- Il y a juste une chose qui nous manquera, rétorqua Eryl. La vie. Sache que j’ai pitié de toi, à qui on a forcé à renoncer à son humanité et à son avenir pour servir ce monstre qu’est Memnark.
C’était bien d’Eryl ça, songea Galatea. Sa pureté lui permettait de compatir à n’importe quel de ses ennemis. Même si elle avait eu Memnark en face d’elle, elle aurait trouvé moyen d’en faire un pauvre type avec qui la vie avait été cruelle. Un vacarme derrière elles firent se rappeler à Eryl et Galatea l’existence de Bertsbrand. Ce dernier venait de trébucher sur un appareil qui contenait plusieurs bocaux de cerveaux humains. L’un d’entre eux explosa, et le cerveau atterrit sur la tête de la star. Quand il s’en rendit compte, il hurla un de ses « OOOOH MYYYYY GOOOOOD » et battit des bras autours de lui comme pour repousser des adversaires invisibles.
- C’en est assez ! S’écria-t-il en pleurnichant. Assez de ces robots aliens et de leurs expériences dégoutantes ! Assez de cette cinglée et bolos de Lady Venamia ! Assez de ces guerres et de ces tueries ! Je veux juste retrouver mes fans, mes dédicaces et la quiétude paisible de l’écriture de mes romans ! Ô swag Tout Puissant, divinité originelle qui unit le monde, viens en aide à Ton Serviteur !
- Que voilà un spécimen bien bruyant, commenta l’Akyr Cerebro. Quel genre d’Akyr pourrait-il donner lui, je me demande…
- Moi pas, fit Eryl. J’ai assez vu et imaginé d’horreurs pour aujourd’hui.
- Vous ne semblez pas comprendre tout le bonheur qu’offrent ces corps éternels et tout puissant. C’est fort triste. Peut-être que parler avec quelqu’un qui a vécu cette expérience et qui ne la regrette en rien vous éclairera l’esprit ?
L’Akyr Cerebro s’approcha de la table d’opération sur laquelle se trouvait l’Akyr Doré, encore désactivé. Sentant le danger, Galatea s’avança et invoqua son Flux, mais d’un geste de l’Akyr Cerebro, des espèces de câbles sortis des murs lui ligotèrent les mains et s’enroulèrent tout autour d’elle. Ce furent ensuite les machines automatisées qui plaçaient les cerveaux dans l’incubateur à Akyr qui cessèrent leurs tâches répétitives pour venir s’en prendre à Eryl et la plaquer par terre. Tout le labo semblait avoir pris vie et obéissait aux gestes de l’Akyr Cerebro. En voyant ce nouveau phénomène, Bertsbrand poussa un gémissement strident et se planqua en dessous d’une console.
- Qu’est-ce que… balbutia Galatea en essayant de se libérer.
- Veuillez ne pas faire d’histoires, je vous prie, fit l’Akyr Cerebro. Il s’agit juste de parler un peu. Moi-même, je ne me bats pas. C’est terriblement primitif ; je laisse cela aux Akyr moins intelligents que moi.
Tout en parlant, il manipula une console intégrée à la table rectangulaire où était couché l’Akyr Doré. Une lumière blanche passa du bas au haut de la table, comme un scanner. Puis l’Akyr Doré, celui qui fut autrefois un être de chair et de sang connu sous le nom de Nirina Haldar, se réveilla. Comme avec tous les autres Akyr, Galatea ne sentit pas grand-chose dans le Flux. Mais son instinct lui souffla que ce robot-là, il n’avait rien à voir avec les autres. Celui-là, elle ne pourrait certainement pas lui exploser la tête avec le Quatrième Niveau. L’Akyr Doré engloba la pièce et ses occupants de son regard mécanique, cherchant sans doute à comprendre ce qui se passait ici.
- Re-bienvenu parmi nous, Akyr Doré, lui dit l’Akyr Cerebro. J’ai modulé la fréquence de tes ondes cérébrales humaines pour qu’elles n’interfèrent plus avec ton primo-servomoteur. Tu risques de te sentir désorienté un moment, mais il convenait de restructurer tes paramètres qui montraient beaucoup d’incohérences. La volonté de l’humaine dont tu es issu a rendu la chose un peu délicate, mais je pense que ça ira maintenant.
L’Akyr Doré le regarda sans dire mot, puis sa tête pivota pour se tourner vers le corps sans vie qui flottait dans le tube. Son ancien corps.
- Justement, nous accueillions quelques humains qui ne semblent pas convaincus du bienfondé de l’abandon de la chair pour le métal, poursuivit l’Akyr Cerebro. Veux-tu bien leur parler de ton expérience ? Leur dire que tu as voulu cela de ton plein gré, que tu ne regrettes en rien ton corps humain, et leur énumérer tous les avantages de ta nouvelle condition ?
En guise de réponse, l’Akyr Doré fit un balayage de son bras, si rapide que même la vision améliorée par le Flux de Galatea ne put le voir. L’Akyr Doré venait de frapper l’Akyr Cerebro, et la tête de ce dernier se trouvait désormais à l’autre bout du laboratoire, encastrée dans la cloison. Le corps de l’Akyr sans tête s’écroula, tandis que la tête marmonna des dernières paroles avant de se taire à jamais.
- Fichtre… Aurai-je fais… des erreurs de calcul ?
L’Akyr Doré se leva, et, ignorant royalement les trois humains, se mit à détruire consciencieusement tous le matériel et les machines du laboratoire.
- Que… qu’est-ce qu’il fout ? Balbutia Galatea en se dégageant des câbles qui la retenaient.
- On s’en cogne, s’exclama Bertsbrand. Profitons-en pour filer en quatrième swag !
Galatea était pour le coup assez d’accord avec la star. Mais hélas, Eryl s’était déjà rapprochée du robot qui semblait être pris d’une crise de folie méthodique et totalement silencieuse.
- Eryyyyyl, fit Galatea, les dents serrées. C’est une mauvaise idée.
- On peut peut-être l’avoir comme allié, fit la reine. Le plus puissant des Akyr avec nous, Galatea. Avec lui, on aurait peut-être une chance contre Memnark !
- Cette femelle est givrée, décréta Bertsbrand. Laissons-la donc, douce demoiselle Galatea. Faites-moi sortir de ce vaisseau de l’enfer, et ensemble, nous explorerons les joies du swag, vous et moi, juste tous les deux…
Bertsbrand avait repris son ton séduisant de dandy, et Galatea devait avouer qu’il lui était dur de résister. Mais, si jamais elle abandonnait Eryl ici pour s’enfuir avec Bertsbrand, elle pouvait être sûre qu’à la fois Mercutio et Erend allaient lui faire la peau. Eryl tendit prudemment la main vers l’Akyr Doré.
- Nirina ? Tenta Eryl. Madame Nirina Haldar ?
L’Akyr cessa son œuvre de destruction et se tourna vivement vers Eryl, qui pour le coup sursauta et recula de deux pas. Galatea se demanda si l’Akyr avait réagi à sa voix ou au nom qu’elle avait dit. Elle savait que si l’Akyr décidait de trucider Eryl d’un coup, elle ne pourrait pas faire grand-chose pour l’éviter.
- C’était votre nom n’est-ce pas ? Continua Eryl. Vous étiez la reine Nirina Haldar, de Cinhol. Vous vous en souvenez ?
Imperturbable, l’Akyr Doré la regarda toujours sans rien dire, et sans ciller. Galatea se demandait comment Eryl pouvait rester immobile, le bras tendu ainsi. Elle, si l’Akyr l’avait regardé comme ça, elle aurait filé vite fait.
- Je suis Eryl, une amie d’Erend. Vous vous rappelez de lui ? Erend Igeus ?
- Eryl, tu perds ton temps, renchérit Galatea. Tu as entendu l’Akyr docteur maboul ? Même s’il lui restait des brides de mémoire de sa vie d’humaine, il a tout supprimé pour qu’il devienne un gentil Akyr obéissant.
- Alors pourquoi il l’a tué ?
- Parce que cet Akyr est cinglé, tout simplement ! La vraie Nirina Haldar, elle est derrière toi, dans ce tube, et ce n’est plus qu’un corps sans conscience ! On ne peut plus rien pour elle. Viens.
Galatea prit Eryl par le bras et la força à avancer. Eryl, tout en ralentissant sa course, lança à l’Akyr Doré :
- J’ai rencontré votre fils, Alroy !
L’Akyr bougea sa tête de droite à gauche, comme s’il s’efforçait de se souvenir de ce nom.
- Al…roy ? Dit-il de sa voix mécanique.
- Oui. Le roi de Cinhol, insista Eryl. C’est un si beau et si gentil garçon. Il vous croit morte, comme tout le monde. Ne devriez-vous pas retourner auprès de lui ?
- Euh, pas sûr que ce soit une bonne idée, commenta doucement Galatea. Le gosse risque de flipper un peu si tu lui amènes cette chose en lui disant que c’est sa mère.
Eryl l’ignora et se tint bien droite quand l’Akyr Doré s’approcha d’elle. Galatea se tint juste derrière Eryl, tous ses sens en éveil, prêt à réagir au moindre geste suspect.
- Vous êtes qui ? Demanda finalement l’Akyr.
- Eryl Sybel. Je suis euh… la reine de la Confédération Libre.
- Jamais entendu parler.
- Euh oui, c’est normal, elle n’existait pas encore à votre époque… Mais, juste pour être sûre, je parle bien à Nirina Haldar alors ? Vous avez encore vos souvenirs ?
L’Akyr Doré ignora la question pour passer à Galatea.
- Vous êtes qui ? Demanda-t-elle à nouveau.
- Galatea Crust, membre de la X-Squad. Et vous en avez jamais entendu parler également. Répondez à la question d’Eryl. Vous êtes Nirina Haldar, ou un des Akyr sans âme de Memnark ?
- Quelle importance pour vous ?
- Oh, ben ça en a assez. En fonction de votre réponse, vous pouvez être soit un ennemi, soit un allié potentiel.
- Un allié ? Ricana l’Akyr Doré. Contre qui ?
- Contre Memnark bien sûr, répondit Eryl.
- Pourquoi voudrai-je le combattre ? Il m’a conçu.
- Il a volé votre vie !
- J’étais morte. Il m’en a donné une nouvelle. L’Akyr Cerebro disait vrai. Je ne regrette pas ce changement. Je préfère la vie à la mort.
- Ah ? S’étonna Galatea. Parce que vous pensez que vous vivez, dans ce corps de métal ? Vous pensez que vous vivez, en étant attaché à ce taré qui va dicter éternellement votre existence entière ?
L’Akyr recula et alla devant le grand bocal dans lequel flottait le corps de Nirina Haldar.
- Je vis, décréta l’Akyr Doré. Elle plus.
Et alors, il brisa la verrière du tube, laissant le liquide qui maintenant le corps en vie s’écouler. Eryl regarda, horrifiée.
- Pourquoi avoir fait ça ? Nous aurions pu… peut-être… vous ramener dans votre vrai corps.
- Je n’en veux plus, fit l’Akyr Doré. J’en ai un nouveau, plus robuste et plus fort. J’en ai besoin. Je n’ai pas renoncé à ce que je veux.
Galatea haussa les sourcils.
- Et que voulez-vous ?
L’Akyr lança un rayon doré contre la cloison ; un rayon qui les traversa toute jusqu’à carrément percer la coque du vaisseau, laissant l’air s’engouffrer d’un coup et provoquer une dépressurisation violente. Galatea se servit du Flux pour se maintenir debout et attrapa Eryl et Bertsbrand pour les empêcher de se faire aspirer.
- Vous le saurez bientôt, dit finalement l’Akyr.
Puis il s’en fut, passant entre les trous qu’il avait provoqués, jusqu’à sauter du vaisseau. Galatea ne comprit pas son comportement, mais elle avait des choses plus urgentes à penser.
- On ferait mieux de le suivre. Je peux voler et vous prendre avec moi. L’Akyr a dû percer le bouclier pour s’enfuir.
- On s’en va sans avoir saboter le vaisseau ? S’exclama Eryl.
- C’est déjà un miracle de vous avoir retrouvé et libéré sains et saufs. N’en demandons pas trop. Tous les Akyr du coin vont rappliquer.
Sans attendre son approbation, Galatea lui tint fermement le bras, celui de Bertsbrand, et, tout en contrôlant sa direction et sa vitesse avec le Flux, elle se laissa aspirer par le trou que l’Akyr Doré avait causé. À peine fut-elle dehors, à tenter de stabiliser son vol avec deux personnes en plus, qu’elle se rendit compte que c’était l’apocalypse. Il y avait bien plus de vaisseaux que quand Galatea était entré, et tous concentraient leurs tirs sur celui de Memnark. Ils s’arrêtaient au bouclier, bien sûr, qui tenait toujours le coup, et ça donnait un spectacle grandiose de lumières et d’explosions à ceux qui se trouvaient derrière. Mais Galatea se doutait qu’elle le trouverait moins beau dès qu’ils seront sortis. Ça allait être coton pour voler à travers tout ce merdier, et ce en portant Eryl et Bertsbrand à la fois.
- Regardez ! S’exclama Eryl en montrant un des nouveaux vaisseaux.
Ce dernier, sans atteindre la taille de la forteresse spatiale de Memnark, était tout bonnement gigantesque. On aurait dit un oiseau géant métallisé, avec en dessous de lui un immense cercle transparent rempli d’écritures bizarres. Quelqu’un avec aussi peu de compréhension du phénomène comme Galatea aurait dit qu’il s’agissait d’un cercle magique qui faisait voler le vaisseau, même si ça devait être un peu plus complexe que ça.
- C’est l’Albatros non ? Fit Galatea. Le vaisseau amiral du boss de Stormy ?
- Oui, confirma Eryl. Et là-bas, ce sont des Basilisk, les appareils de la Garde Noire.
- Ça en fait, du beau monde. Espérons qu’ils n’aient pas nos morts sur la conscience quand on va sortir.
Galatea repéra le trou qu’avait fait l’Akyr Doré dans le bouclier d’énergie. Il ne s’était pas encore refermé, et chose étrange, il paraissait même s’agrandir. Une rapide observation dans le Flux le confirma à Galatea : le bouclier du vaisseau perdait peu à peu de sa consistance.
- Apparemment, notre ami doré a fait capoter le bouclier, qui à cause de ce trou, n’arrive plus à supporter tous les tirs, fit Galatea. Il va céder d’un instant à l’autre.
- Tant mieux, dit Eryl.
- Je dirai pareil quand on sera à l’abri. Accrochez-vous les gens.
Galatea déploya tout son potentiel dans le Cinquième Niveau, le Flux de lévitation avancé, pour traverser le bouclier agonisant et bouger à toute vitesse au travers de ce champs de tirs. Si elle s’en était remise au hasard, Galatea et ceux qu’elle portait auraient été depuis longtemps atomisés. À la place, Galatea s’en remettait au Flux. Venamia, grâce à Horrorscor dans sa tête, était capable de voir constamment le futur immédiat autour d’elle, ce qui la rendait donc très difficile à surprendre. Le Flux ne permettait pas cela, mais il pouvait considérablement augmenter les sensations de celui qui l’utilisait. Si Galatea ne voyait donc pas à l’avance la trajectoire des tirs, elle pouvait instinctivement deviner où et quand elle devait aller pour les éviter. Cela nécessita parfois des acrobaties aériennes hallucinantes, et Bertsbrand ne cessait d’appeler son dieu en anglais à chaque fois.
Au moment où ils s’éloignèrent assez du champ de tir des vaisseaux alliés contre celui de Memnark, ce dernier commença à encaisser les premiers d’entre eux. Plus bas, il y avait Atlantis, qui faisait du surplace, ses moteurs détruits. Et les ondes dans le Flux indiquaient à Galatea qu’il se passait du vilain à l’intérieur. Ça se battait sec. Apparement, Memnark avait déjà envoyé ses Akyr sur place. Galatea sentait la présence de son frère Mercutio. Pas dans la cité volante, mais en route, comme elle. Mais une autre présence, toute aussi familière, manqua de faire perdre à Galatea sa concentration et de les faire chuter dans les airs. Eryl dut voir son trouble, car elle demanda :
- Qui y’a-t-il ? Il est arrivé quelque chose à quelqu’un ?
- Quelque chose, je ne sais pas, répondit Galatea. Mais quelqu’un est bien arrivé, en tout cas. Venamia est sur Atlantis.
- Tu es sûre ?
Galatea aurait aimé ne pas l’être, mais elle ne pouvait pas se tromper. Siena avait beau être devenue une étrangère et une ennemi, sa présence dans le Flux restait la même, quoi qu’en un peu plus sombre à cause d’Horrorscor. Galatea avait vécu la majorité de sa vie avec sa sœur à ses côtés. Même si elles ne partageaient pas ce même lien gémellaire couplé au Flux que Galatea avait avec Mercutio, les deux jeunes femmes se connaissaient par cœur.
Galatea hésitait désormais à revenir sur Atlantis. Elle redoutait un face à face avec Venamia, car malgré le fait que Galatea était la première pour l’insulter et vouloir lui faire sa fête, elle savait bien que si elle l’avait devant elle, elle en serait incapable. Mercutio l’avait fait, lui. Il avait combattu leur sœur sur le Mégador, lors de la bataille du Pilier Céleste à Hoenn. Mais Galatea doutait de le pouvoir. Elle aimait toujours sa sœur, malgré tout ce qu’elle avait fait.
C’était quand d’ailleurs, la dernière fois qu’elles avaient parlé face à face ensemble ? Probablement lors de la conquête de Céladopole, durant la guerre de Kanto. Suite à un désaccord, Galatea lui avait mis son poing dans la figure. Venamia l’avait alors fait passer en cour martiale et bannie de l’armée Rocket. Mais ça, ce n’était rien pour Galatea. Elle s’en fichait. Elles s’étaient souvent battues quand elles étaient gosses, et elles s’étaient toujours réconciliés ensuite. Le problème, c’était que depuis cet évènement malheureux, Venamia avait enchaîné les horreurs et les méfaits les plus abjects. Une réconciliation était difficilement envisageable, d’autant que Venamia avait tenté par deux fois de les faire tuer, Mercutio et elle.
- On peut se poser ailleurs, proposa Eryl qui avait sans doute senti le trouble de Galatea. Syal nous accueillerait sans problème sur son vaisseau.
- Nan, c’est bon, fit Galatea. Si Venamia est là, Igeus est en danger. Et autant je l’aime pas trop, autant je suis d’accord que y’a que lui pour rassembler le peuple contre elle.
- Je refuse d’y aller ! Protesta Bertsbrand. Venamia est une inculte incurable qui n’a lu aucun de mes romans. Mon swag souffrira de sa présence ! Et en plus, c’est une femelle !
Sans se soucier de la star, Galatea fonça en direction d’Atlantis. Pendant ce temps, plus haut, le vaisseau de Memnark, privé de son bouclier, commençait à subir de lourds dégâts. Memnark lui-même avait cessé de tirer ses rayons destructeurs, car le pont du vaisseau était la cible prioritaire de l’alliance. Plusieurs navettes se détachaient du vaisseau-mère pour tenter d’accoster Atlantis, mais la plupart furent détruites par la flotte. Il y en eu en revanche bientôt une qui était escorté par pas moins d’une dizaine de chasseur, qui, pour la protéger, n’hésitait pas à se prendre les tirs ennemis.
La navette de Memnark débarqua au sommet de la pyramide d’Atlantis, avec une escorte de plusieurs Akyr. Le Grand Forgeron était furieux. Jamais les humains n’auraient dû avoir une puissance de feu suffisante pour percer ses boucliers. Quelque chose avait mal tourné. Un disfonctionnement quelconque, qui n’était peut-être pas étranger au fait que l’Akyr Cerebro se répondait plus. Et aucun signe de l’Akyr Doré non plus.
Peu importe, songea Memnark. Avec les cinq Solerios dans sa main, il était invincible et tout puissant. Il s’emparerait d’Atlantis lui-même. D’ailleurs, il sentait de là où il était l’odeur très reconnaissable de ses propres créations. Les Trois Dieux Guerriers étaient tous là. Ça arrangeait Memnark de ne pas avoir à les chercher un par un, mais il redoutait aussi que cet Excalord, cette invention de Nuelfa, ne s’éveille grâce à leur présence. Il ne pensait pas que ce Pokemon, fut-il sous forme Revêtarme, soit de nature à le vaincre, mais comme il ignorait tout de cet Excalord, il n’était sûr de rien. Et Memnark était et demeurait un scientifique ; il lui fallait des certitudes, pas des hypothèses. Et surtout, il avait clairement senti la disparition de son fidèle Akyr Alpha.
Il préféra donc assurer ses arrières en convoquant mentalement tous ses autres Akyr dispersés dans le monde, qu’il avait envoyé pour conquérir les principales villes de cette planète. Memnark pouvait ordonnait partout dans la galaxie, ses Akyr l’entendraient. L’Akyr Irradié et l’Akyr Galvaniseur mèneraient le reste de ses troupes pour exterminer cette futile résistance humaine une bonne fois pour toute. Quant à Memnark, il se chargerait lui-même de cette traitresse de Nuelfa, et il s’amuserait alors à une expérience qu’il n’avait encore jamais tenté : pouvait-on créer un Akyr à partir d’un Primordial ?