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Le Démon Roi - Première partie de Edetalelric



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Informations

» Auteur : Edetalelric - Voir le profil
» Créé le 29/11/2016 à 21:26
» Dernière mise à jour le 29/08/2017 à 13:36

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Présence de transformations ou de change   Science fiction

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1 - Le Prêtre
« Père…. Mon père ! » Un frappement précéda l’ouverture de la loge du prêtre. Lorsque l’individu entra, le représentant le plus fervent de la religion du Démon Roi dormait sur le sol poussiéreux de la bibliothèque. De nombreux volumes gisaient par terre, l’un d’eux siégeant misérablement sur la côte dudit personnage. La robe qui avait été blanche autrefois portait désormais un jaune-gris assorti à la pièce, témoignant de son entretien peu régulier. Quand le dormeur se réveilla, la voix criarde du disciple Laurent harcelait ses tympans.

« Mon père ! Vous devez voir… euh, quelqu’un pour vous ! »

Malgré sa fatigue de plus en plus pesante, le prêtre accepta de recevoir son visiteur. Quel qu’il soit, déranger le prêtre pendant ses recherches nécessitait une excuse qui en valait la peine. Il prit néanmoins le temps de ranger quelques volumes, puis marmonna un « Faites-le entrer », trahissant la sieste qu’il s’était accordée.

L’individu était une connaissance du prêtre : un garçon de 14 ans aux cheveux châtains mi- longs que la saleté avait visiblement envahi, des yeux bleu sombre que portait un visage mince ; affublé d’une tunique blanche aux bords rouges dont l’une des poches était trouée. Dans sa main se trouvait un livre ne portant aucune enluminure ; cependant le prêtre en déduisit qu’il s’agissait du sujet de la visite.

Le jeune homme semblait effrayé, le prêtre prit donc la parole en premier avec un visage souriant :
« Bonjour, Matheus. Comment vas-tu ? Est-ce la première fois que tu viens dans la bibliothèque ? »

Matheus parcouru la grande salle des yeux. Seul le plafond peint (datant vraisemblablement de quelques siècles) qui représentait toutes sortes de personnages aux corps irréalistes fêtant le triomphe d’un individu ailé dans le ciel brisait la monotonie des livres aux couleurs sombres posés sur les étagères. Il hocha la tête timidement, avant de prendre la parole :

« J.. Je venais vous remettre ceci. » Lorsque le prêtre reçu l’ouvrage dans ses mains, il entreprit de l’ouvrir lorsqu’il s’aperçut que le garçon souhaitait ajouter quelque chose. Congédiant son disciple d’un regard, il invita le jeune homme à parler une fois qu’ils se trouvèrent seul à seul.
« Mon père préférait qu’il reste dans la famille.… J’ai pensé qu’il vaudrait mieux que vous l’ayez... enfin, si ça vous va…
-ton père a changé d’avis, Matheus ?
-N-non… Il est mort la semaine dernière. De la grippe brûlante. »

Le prêtre réprima un geste de dégoût. Il n’avait même pas remarqué que le nom de la famille avait été inscrit sur la liste des victimes de la semaine.

« Je suis désolé pour ton père. Acceptes-tu que je le consulte en ta présence ? »
Le garçon fit un geste presque imperceptible de la tête qui signifiait son accord. Après avoir lu la première page qui disait :

« Ceci est le journal d’Eric Montalian. Mes traitements me donnant des migraines, ce journal n’existe que dans un intérêt personnel afin de vivre plus agréablement. Je souhaite pourtant que ce livre soit préservé. Il n’est pas improbable que cela constitue une source de renseignements non négligeable à l’Histoire.»
Le prêtre prit une page au hasard:

3 février 4005 – Marlieux
Un garçon étrange est arrivé chez moi ce matin. Il m’a demandé si je désirais le pouvoir, la richesse, ou la force. Je lui ai répondu que je n’étais pas intéressé et lui ai demandé de partir. Il ne s’est rien passé d’intéressant le reste de la journée.

4 février 4005 – Marlieux
Le garçon d’hier est apparu dans mes rêves. Il me parlait d’un monde peuplé de… démons. Ces démons devaient se combattre en collaborant avec des humains dans notre monde tous les 1000 ans afin d’élire leur nouveau roi : leur partenaire avait pour fonction de lire des formules dans un livre qui permettaient aux démons de lancer une attaque. Je dois être perturbé, j’irai probablement voir le docteur en début de semaine.

5 février 4005 – Marlieux
J’ai de nouveau croisé le garçon. Il m’a dit que je n’avais pas rêvé, et a demandé ma collaboration dans ce combat pour devenir roi. Ce garçon était très insistant, il m’effraye beaucoup, je songe à changer de ville.

Le prêtre feuilleta quelques pages tout en les lisant en diagonale, ne souhaitant pas faire patienter davantage le garçon.

6 mars 4005 – Lyon
Je me suis fait un ami en le personne de Ghekl’is. Ces combats donnent du sens à ma vie. J’ai désormais un but à atteindre : faire de Ghekl’is le prochain roi en brûlant les livres de tous ses adversaires.

29 mars 4005 - Lyon
J’ai échoué. Mon livre a brûlé. L’adversaire maîtrisait le combat en corps à corps ainsi que ses formules à la perfection. Je ne sais quoi faire maintenant. Je vais rester en ville cette année.


2 avril 4005 - Lyon
Je suis désormais l’actualité nationale et mondiale. Des démons se sont unis afin de vaincre un Pokémon qui tentait d’installer les ténèbres sur Terre afin d’en faire sa demeure. Je suis soulagé que de telles personnes y soient parvenu.


23 octobre 4005 – Lyon
Je fais désormais partie d’une organisation. Celle-ci prône le Démon Roi comme un Dieu depuis les évènements concernant le Mauvais Pokémon. Je tente tant bien que mal de leur expliquer ce qu’il en est réellement, mais personne ne me croit.

7 novembre 4005 – Lyon
J’ai accepté de suivre le mouvement en tant que religion. Après tout, ma vie n’a jamais été aussi satisfaisante que maintenant. Je pense ne plus avoir besoin de tenir ce journal. Je vais bien sûr le conserver.
Ainsi se termine le journal d’Eric Montalian. Je ne puis affirmer que tout ce que je crois avoir vécu est véritablement arrivé, mais une chose est sûre : je prends de plus en plus de médicaments. Je tiens malgré tout à rajouter une réflexion personnelle. Dans ce monde dans lequel nous vivons, il n’existe pas de héros.
Achevé le 7 novembre 4005 après J-C
Propriété de la famille Montalian


Après avoir refermé le livre en essayant de dissimuler son excitation, le prêtre griffonna des chiffres suivis d’une signature sur un papier quelconque puis bafouilla au garçon :
« Je ne saurai que trop te remercier de m’avoir amené ce livre. Voici ta récompense ! L’ordre du Démon Roi t’est reconnaissant à jamais ! Hum-hum ! FRERE LAURENT ! »
Après une saccade de pas précipités, la porte s’ouvrit bruyamment :
« Ouiii mon père ?
-Veuillez accompagner Matheus à la trésorerie, je vous prie.
-Bien mon père.
-Je ne sortirai pas jusqu’à l’heure de mon cours. Auriez-vous l’amabilité de venir me chercher à ce moment-là ?
-Bien sûr. Sans problème.
-Bien. Faites circuler l’information suivante : je donnerai un discours ce soir. A 21h. Que tous ceux qui le peuvent y assistent. Vous pouvez vous retirer. Que la Foi soit avec vous.
-Puisse-t-Elle nous guider vers la liberté. »

Le prêtre vit Matheus sortir de la pièce, perplexe, puis se plongea dans l’étude du journal.
Il lui semblait que tout ceci n’était qu’un rêve, que son esprit flottait, accompagnant Eric dans son quotidien.
Il lui sembla qu’il s’était écoulé quelques minutes lorsqu’il fût de nouveau dérangé, pourtant il avait déjà parcouru le livre deux fois.
Il lui semblait qu’il se trouvait toujours dans son rêve lorsqu’il prit la direction de la salle de cours.

Il lui sembla que son rêve se dissipa au moment où il prit la parole devant sa classe. Celle-ci était composée d’exactement quarante-trois élèves, âgés pour la plupart entre 7 et 9 ans. Les cours se déroulaient uniquement l’après-midi, tous les habitants de Fort-Marie travaillant le matin, que ce soit aux champs, aux différentes constructions de bâtiments, à la maintenance du barrage ou aux ouvrages moins communs.

Les enfants qui faisaient face au prêtre dans un silence religieux avaient tous des traits similaires. Il était certains que beaucoup d’entre eux avaient pour parents des cousins plus ou moins éloignés ; caractéristique aggravant les terribles effets de la grippe brûlante. Bien que ce problème fût connu de tous, la seule solution que l’on avait trouvée était de tenir un cahier généalogique par famille limitant les ébats entre cousins proches. Ce cahier avait également pour fonction de réguler le nombre d’habitants afin d’éviter la surpopulation ; cependant la politique du prêtre consistant à limiter le nombre d’enfants à deux par foyer avait permis d’éviter le désagrément de consulter le livre chaque fois qu’un nouveau couple se formait. Malheureusement, la maladie nécessitait que l’on inscrive des noms presque chaque jour à la page des pertes ; il fût alors décidé que les rapports se feraient deux fois par semaine.

Le prêtre fit abstraction de ces sombres pensées, puis débuta son cours d’histoire. En ce vingt-trois janvier 7010, il avait prévu de conter l’apparition des premiers Pokémons sur la terre, lorsqu’un garçon de 6 ans leva le bras en trépignant sur son banc. Le prêtre ne pouvant pas se souvenir de son prénom, il se contenta d’un simple « oui ? » qui ravit le petit.
« Père, pourquoi est-ce qu’on les appelle les Pokémons ?
-Alors, dans la langue d’un pays proche du lieu de leur première apparition, ce mot signifie « monstres de poche ». A l’époque, les créatures ne dépassaient pas les 30 centimètres. Ce terme perdura malgré l’évolution de tous ces êtres. »
Une jeune fille du même âge prit la parole sans en demander la permission. Le professeur fit semblant de ne pas l’avoir entendue, puis lui accorda la parole une fois qu’elle imita son camarade.
« Mon père, ça veut dire que les Pokémons y z’existaient pas avant ?
-Exactement. »
Le prêtre inscrivit au tableau les chronogrammes suivants :
1605 avant Démon Roi / 2400 après Jésus Christ : 1ère mutation
1006 après D.R / 5011 après J.C : 2ème mutation
Puis prit la parole une fois que tous les élèves furent prêts à écrire. Les cours se déroulaient à l’oral même pour les plus jeunes, car il y avait un certain nombre de leçons à donner à énormément d’élèves. Les enfants en gagnaient une maturité qui les aidait dans leur travail quotidien, ainsi que du temps qui leur permettait de finir les cours à 15 ans s’ils le désiraient. Le prêtre avait malgré tout pris l’habitude de parler lentement et d’écrire les mots inconnus des élèves au tableau.

« Avant -1605, les hommes vivaient en maîtres sur la Terre, en compagnie d’animaux domestiques tels que les chiens, les vaches et même certains poissons ; ou d’animaux sauvages comme les crocodiles, la plupart des oiseaux ainsi que les insectes. A cette époque, les humains se combattaient entre eux pour des raisons futiles. » Il patienta un moment afin de laisser le temps aux enfants de comprendre ce qu’ils étaient en train d’écrire. Conformément à sa réaction, certains échangèrent des regards interrogateurs voire ébahis.

« Ils se disputaient de l’énergie, des terres, ils guerroyaient afin de promouvoir leur religion ; le tout en utilisant des armes très puissantes agissant sur les organismes. Cette technologie, dite nucléaire, était également la première source d’énergie mondiale. L’une de ces armes ayant dévié de sa trajectoire, elle atterrit près d’un site d’usines nucléaires. Cet incident fit des millions de morts ; mais surtout, il affecta la faune et la flore locale : c’est-à-dire que tous les animaux et toutes les plantes ont commencé à se modifier très rapidement. Ils avaient muté ». Le prêtre indiqua la légende « 1ère mutation » écrite au tableau.

« Puis ces créatures ont migré. Elles ont voyagés dans tous les pays, dans tous les océans, sur tous les continents. Il n’a suffi que de quelques siècles pour que la Terre soit recouverte de Pokémons. » Le prêtre prit une pause. « A cette époque, les Pokémons vivaient en compagnie des humains. » Cette fois ci, presque tous les enfants arrêtèrent immédiatement d’écrire afin de regarder leur professeur bouche bée comme pour attendre la confirmation de ce qu’ils venaient d’entendre. Alors que des chuchotements naquirent dans la salle de cours, le prêtre imposa le silence d’un regard puis reprit la parole :

« Les Pokémons leur rendaient service, devenaient leurs amis. Ils transportaient les hommes en volant, ce qui permit aux conflits visant à voler les énergies des autres pays de prendre fin. Celles-ci étant au cœur du marché mondial, cela provoqua une sanglante crise économique. Jusqu'à ce qu'un nouveau marché apparaisse: celui des accessoires liés aux Pokémon, que ce soit à leur capture, leur élevage, ou les soins qui leur étaient apportés. Chaque ville ouvrit ses hôpitaux spécialisés, tous accompagnés par une boutique. Les Pokémons étant friands de combats, des duels eurent lieu très tôt entre dresseurs. Les familles les plus démunies avaient désormais une chance de s'en sortir, grâce aux sommes d'argent remportés par les vainqueurs. Chaque cité ouvrit son arène, dirigé par un champion local; et le succès médiatique fut immense.
Les religions se firent oublier. Il y avait bien sûr des hommes cherchant la richesse ou le pouvoir par des moyens malhonnêtes, que ce soit avec des armes ou avec des Pokémons, mais les organismes de protection de la population faisaient également appel aux Pokémons pour se défendre ou faire régner la loi. » Le prêtre laissa le temps aux enfants de digérer les nouvelles.

« Bien sûr, certains meneurs de pays étaient conscients de la menace que représentait les Pokémons. Peu à peu, de nombreux abris anti-Pokémons virent le jour. Nous nous trouvons dans l’un d’eux. Malencontreusement, beaucoup n’étaient pas à l’épreuve des Pokémons les plus puissants. Oui, Djanos ?
-Pourquoi le nôtre a résisté, père ?
-Le Fort-Marie est à l’abri grâce à son champ de protection laser qui empêche les Pokémons vols et eau d’approcher, ainsi qu’à ses profondes douves tenant même les Pokémons de type sol à l’écart. »

« C’est en 1006 qu’apparaissent les mutants. Une deuxième explosion nucléaire a permis aux Pokémons de se développer encore une fois. Mais cette fois-ci, leur mutation n’a pas arrangé les choses. Ils ont doublé voire triplé de taille, et ont commencé à attaquer les humains. Cela fait bientôt 1000 ans que nous sommes prisonniers des mutants. »
Lorsque la main d’un garçon apparemment plus âgé que les autres se leva timidement, le prêtre sût à quoi s’attendre.

« Mon père… Quand arriveront les serviteurs du Roi-Démon ? »

Le prêtre pris un visage sérieux, et annonça avec sa voix de baryton ce qu’il avait pour habitude de répondre lorsque cette question revenait :
-Ne vous inquiétez pas, notre Seigneur le Démon Roi nous sauvera très prochainement de cette infamie. » Sa voix se fit moins convaincante lorsqu’il annonça : « Vous n’avez rien à craindre tant que vous êtes à l’intérieur du Fort-Marie. Bien, prenez vos cahiers de mathématiques. »
Le prêtre s’en voulait. Il se rendait compte qu’il n’avait pas été persuasif. Il réussit néanmoins à oublier cette faute, puis réussit à enseigner jusqu’à l’heure tant attendue de la fin de journée.

C’est avec soulagement que le prêtre rejoignit sa chambre dans laquelle il posa ses affaires ; il se sentit délivré lorsqu’il s’allongea dans son lit. Sa journée était terminée, il ne serait plus dérangé.

Du moins était-ce ce qu’il croyait, jusqu’à ce qu’il entendit un frappement à sa porte.
L’individu était l’un des guerriers de la ville. Les guerriers étaient peu nombreux et avaient pour fonction d’apprendre le maniement des armes au cas où l’enceinte serait détruite. Celui-ci étant visiblement inquiet, il lui proposa de s’asseoir et lui servit une tisane au jus de baie pêcha. Une fois que le guerrier se fût calmé, celui-ci lui demanda l’accès à l’armurerie. Il s’agissait d’une demande extraordinaire, le prêtre se permit donc de demander à quel but. Il n’en crût pas ses oreilles lorsque la réponse lui parvint :

« Je souhaite m’aventurer à l’extérieur du Fort. »