4: Dieu
CHAPITRE IV : Dieu
Le docteur voyait en temps réel les réactions des trois membres de la Résistance, qui avaient réussis à monter à bord de leur Tour, grâce à un second écran qui retransmettait ce que la caméra, placée devant eux, voyait. Il semblait se réjouir de voir Lucy bouche bée, l'ancien de la PAE contenir sa colère et Louis frapper dans les fenêtres.
-Je suis venu vous dire que…
Louis intervint :
-Moi j'vais venir te dire un truc. Tu vas fermer ta grande gueule, j'vais monter tout ces putains d'étages de votre tour à la con, venir te coller une balle dans ton crâne de vieux Ramoloss, et ensuite tu pourras nous dire c'que t'avais à nous dire, OK ?!
Louis mâchait ses mots tellement il était hors de lui. Il voulut secouer Jack pour le faire sortir de ses gonds. Merde quoi ! C'était soit-disant un type sûr, le meilleur dans son domaine. Son domaine, c'était bien la manipulation et la traîtrise.
-Je suis donc venu vous dire qu'Asgård attends Louis en haut de la Tour, pour onze heures, demain. Ce sera l'heure à laquelle le Dieu se réveillera. Jack, je tenais à m'excuser pour tout le mal que je t'ai fait -à l'écran, le Docteur Milano releva une manche de sa blouse, montrant un tatouage représentant le logo de la fondation Æther-. Louis, je m'excuse également pour ton père. Avec le recul, c'était un chic type. Et toi Lucy… Tu étais atteinte du virus DHK-18-Primo. Et j'ai fait croire que tu étais guérie… Tu es encore vivante, c'est un record. Mais pour vous deux, Jack, Louis… Je suis désolé mais il y a quatre-vingt-dix-huit virgule trois pourcent de chance que vous ayez contracté vous aussi ce virus.
Jack s'empressa d'aller voir Lucy et d'examiner ses poignets. Les trois points, signe qu'elle était bien infectée. Jack regarda à son tour ses poignets en ordonnant à Louis de faire de même, ce qu'il fit. Jack se mit à trembler, puis ses jambes le lâchèrent et il tomba à genoux, contemplant ses poignets ouverts vers le ciel, comme s'il faisait une prière catholique. Louis pensait, et à juste titre, que l'ex-militaire était infecté lui aussi. Louis n'osait pas regarder les siens. Mais il fut forcé par Jack qui les lui fit retourner de force. Rashford vit le « Sergent Froid », qui tenait son surnom parce qu'il ne montrait jamais ses émotions, aux bords des larmes, tout tremblant. Lois regarda enfin ses poignets. Les trois points… Ils étaient là.
-Le seul vrai remède, continua le Docteur Milano, c'est une balle dans la tête. Cette fois-ci, Morgan, ton Guérilande ne te sera d'aucune utilité. Je sais qu'il t'a sauvé la mise et t'a guéri plus d'une fois, mais cette fois-là, tu devras faire sans lui je le craint.
-Et toi. -Jack tremblait tellement, que ce soit de peur ou de colère, que sa voix en était transformée- Et toi fils de pute… Je parie que tu n'est pas infecté, hein ? HEIN !?
Le docteur montra ses deux poignets sur lesquels ne figuraient pas les trois points.
-Ouais, c'est bien ce qu'il me semblait… Le Docteur Armando Milano, meilleur chirurgien du monde et que je « vénérais » tant depuis trois ans qu'on a fondé ensemble la Résistance, j'apprends en à peine une heure que c'est un énorme enfoiré, un menteur, manipulateur, et par-dessus tout, la baie Ceriz sur le Poffin, comme on dit à Sinnoh, c'est que ce type est à l'origine un ennemi qui m'a forcé à buter mon supérieur et qui est, maintenant encore, dans le camp adverse.
-Ça te fait si mal que ça ? Demanda Armando Milano.
-Ouais… Bien-sûr que ça me fait mal. -Puis, il hurla- Ça me fait mal de devoir appuyer sur la détente pour te tuer une fois que je serais en face de toi !
Un autre voix, pas celle d'Asgård ou du docteur, ni celle des résistants, retentit à travers la salle et que Asgård et Milano semblaient entendre, au vue de leurs faciès désappointés.
-Crois-moi, Jack Morgan, tu n'auras pas besoin de tuer ce mec. Pourquoi ? Eh bien parce que je vais le buter.
Une détonation qui parut à la fois lointaine et pourtant si proche se fit entendre et l'on vit une effusion de sang pendant que la tête du Docteur Milano s'écrasa sur l'ordinateur. La communication avec Asgård s'interrompit à peine une demie seconde après, l'écran rentrant dans le mur où il était entré. Jack s'effondra. À Lucy de dire :
-Qu'est-ce qu'il t'arrive Jack ?
Le concerné répondit :
-Allez-y, allez vaincre Asgård.
-Ouais, et toi, demanda Louis, tu fais quoi ?
-Je couvre vos arrières.
-Arrête, répondit Louis avec gravité, je sais très bien qu'une fois qu'on t'auras quitté, on entendra un coup de feu et quand on descendra, on te verras complètement raide.
-Oui Jack, ne fais pas ça.
La voix de Lucy se voulait apaisante, mais l'ex-militaire ne se voilait pas la face : un à un, ils allaient mourir.
-Écoute, toi, Lucy tu étais dans les vapes mais, Louis pourra te le confirmer s'il a encore une once d'humanité envers toi et de bon sens envers vous, envers nous tous. Le docteur nous a dit que « Tout les porteurs connus du virus avaient une marque : trois points bleus disposés en triangle à l'intérieur du poignet. » Ça, on les possède, et ensuite il nous a dit qu'on se suicidait à la fin et que c'était : « le suicide par pendaison, si vous en êtes bien occupé pendant cette douleur, ou par scarification, si vous avait tout fait pour garder votre être cher à vos côtés. » Il parlait de toi, et c'était il y a deux semaines.
-Et normalement, c'est combien de temps, demanda-t-elle, mort de peur au fond d'elle-même.
-Une semaine maximum.
-Et moi, rappela Louis, je te l'avais dit, c'était un putain d'imposteur !!!
Lucy interrompit les deux hommes qui se crêpaient le chignons comme des filles en CM1.
-Est-ce que vous pensez que ça peut être un tatouage ? Je n'ai aucun des symptômes en deux semaines et vous non plus.
La question posée par Lucy était bonne. C'était notamment pour ça que Louis aimait cette fille ; belle, intelligente et drôle, cela lui suffisait amplement. Jack regardait son poignet gauche -celui où la marque figurait- et était perplexe maintenant que Lucy avait émis cette probabilité dans la variable. Il essaya d'imbriquer aussi tout cela en termes de temps. Il nota tout ça sur un papier qu'il avait trouvé à terre et son stylo fétiche, avec une tête de Majaspic au bout, qu'il ne quitte jamais.
-25 mars 2058 : Sauvetage L&L + Arrivés QG Résistance.
-28 mars 2058 : Annonce Lucy virus DHK-18-Primo.
-8 avril 2058 : Départ vers Féli-Cité.
-10 avril 2058 : Entrée Tour.
-11 avril 2058 : Annonce on a tous le virus.
En examinant les dates, Jack remarqua qu'il y avait un laps de temps de trois jours où le Docteur Milano s'occupait exclusivement de Lucy et où il aurait pu lui faire le tatouage aisément, vu comment elle comatait. De plus, il n'aurait pas été difficile pour lui de rajouter une ou deux doses de morphine de manière à la faire plonger dans un coma un peu plus profond, au cas où. Mais il restait une fenêtre de doute : même s'ils dormaient, un tatouage faisait mal au moment de le réaliser. Comment le docteur avait-il donc fait pour ne pas que Louis et lui ne se réveillent ? Ou alors, était-ce vraiment la marque ? Peu importait à présent. Il fallait qu'ils montent au dernier étage, là où se trouvait Asgård, aperçu en chair et en os pour la dernière fois lorsque la Tour prit son envol avec, à son bord, ses sbires, l'Agent 0-13, Kämnir, son frère géant et la machine emprisonnant les trois chiens légendaires, les soumettant à la seule volonté du chef de l'Organisation. Louis attrapa Lucy par la main qui se leva brusquement. Elle paraissait changée, bien plus déterminée et avec une plus grande confiance en elle qu'avant. Jack rangea sa feuille dans une des pochettes interne du sac à dos militaire qu'il avait emmené et se leva avant de se mettre devant les deux amoureux, M4 à la main.
-
Asgård était en mauvais position, ce qui n'était pas dans ses habitudes. En tant que grand stratège grâce notamment à ses facultés au jeu d'échecs, il réussissait toujours à prévoir ses adversaires, à les contrer. Mais l'homme qui se tenait devant lui, un jeune homme blond de l'âge de Louis, voire peut-être un peu plus jeune, arme au poing, habillé de noir avec son pokémon que ne ressemblait à rien de connu, menaçait grandement ses plans. De plus, pour s'entretenir plus facilement avec le Docteur Milano et avoir une visioconférence correcte, sans parasites, il avait ordonné à ses sbires de n'entrer sous aucun prétextes. L'homme mystérieux commença, agitant son revolver en harmonie avec ses paroles :
-Écoute-moi bien, enflure. Je sais qui tu es mais tu ne sais pas qui je suis. J'ai déjà une longueur d'avance sur toi. T'as un flingue dans ta direction et si tu fais un mouvement douteux, j'te colle une balle. Silvallié et moi sommes bien au-dessus de toi à présent.
-Sais-tu qui suis-je réellement, demanda Asgård avec un ton de prétention dans sa voix qui énervait l'homme avec lui dans la salle du Chef.
-Asgård, tu es immortel. Du moins, en théorie. En effet, tu peux techniquement mourir de rien : vieillesse, maladie, assassinat… Mais tu as un point faible. Ce point faible, c'est ce « Dieu » que tu veux réveiller. Tu dois le réveiller tout les deux-cents ans sous peine de te voir retirer le don qui t'a été donné, à toi et ton frère. Enfin ton frère… Mais ce n'est pas le sujet. -L'homme se déplaçait dans la salle tout en gardant pointée l'arme vers Asgård- Tu as fait un pacte avec ce « Dieu », un pacte du sang, et sanglant dans sa globalité. Tu avais le choix. Ta famille mourrait mais ton village était sauvé d'une pandémie ravageuse. Ou alors toi et ta famille survivaient et ton village se prenait la pandémie en pleine face. Tu avais trente ans, pas huit. Mais, pour toi, le sort de six personnes valait mieux que celui de milliers d'autres. Alors tu as fait le second choix. Toi et ta famille déménagèrent bla bla bla. Mais ce « Dieu » a été farceur, puisque tes parents et ton vrai frère ainsi que tes deux sœurs son mortes dans un incendie pendant que tu allais chasser le Vivaldaim. -Il balança un dossier nommé « Asgård 808-Encore Vivant »- Tout ce que je sais est là-dedans. -Il invita le chef de l'Organisation à feuilleter le dossier- J'ai passer de longues heures à m'ennuyer en heures de retenue. Mauvais élève, garnement. Là dessus, on est similaire toi et moi. Quand j'ai vu ton histoire dans un de mes manuels, je me suis amusé de ton malheur. Mais j'ai moins rit lorsque j'ai entendu ton nom à la radio de Doublonville lorsqu'il parlait de cette « dangereuse » Organisation. Brrr, j'en ai froid dans le dos. Je suis monté si facilement jusqu'ici… Bon, les trois autres ont fait diversion on va dire.
-Tu es ami avec ses demeurés de la Résistance, enchaîna Asgård tout en lisant les trouvailles du jeune homme.
-Bien sûr que non. -Il pouffa- Le mec qui aide les deux jeunes personnes, le black, il a tué ma mère. Pour ça, je le remercie. Cette femme était bizarre avec sa fondation Æther. Mais annihiler la Team Skull et exécuter notre chef, Guzma, sur la place publique, c'était pas obligé.
-J'en déduit donc que tu fais parti de la Team Skull.
-Faisait.
Le jeune homme et son pokémon dévisageaient Asgård lorsqu'une fusillade se fit entendre derrière la double-porte, la seule entrée, de la salle du Chef de cette Tour. L'homme blond tourna la tête, tout comme son pokémon. Ils semblaient tout deux connectés par un lien très fort. Mal leur en prirent, car Asgård en profita pour attraper le bras de l'homme mystérieux et de le plaquer sur le bureau en hêtre, lui faisant lâcher son arme. Asgård la prit et lui braqua sur la tempe tout en le tenant en « position otage », son bras entourant la poitrine de l'homme et lui chuchota :
-Range ton gentil pokémon ou tu prends une balle, OK ?
L'homme blond s’exécuta. Dehors, la fusillade s'était arrêtée et on entendait des voix. Des voix connus de l'oreille du chef de l'Organisation. La double-porte grinça. Elle s'entrouvrit. Puis les deux battants se firent enfoncer par un coup de pied monumental de Jack qui braqua immédiatement son fusil sur Asgård avant de remarquer qu'il avait un otage et que cet otage, il le connaissait.
-Gladio ! Lâcha-t-il.
Louis et Lucy arrivèrent après. Lucy tenait une pokéball dans sa main et le Bourrinos de Louis les suivait. Asgård jeta un coup d’œil sur l'horloge blanche, qui contrastait avec le reste de cette salle où le marron dominait, qui se trouvait au-dessus de son bureau. Elle indiquait très clairement huit heures dix du matin.
-Il vous reste trois heures, mes chers amis.
On voyait encore le cadavre du docteur, le crâne, explosé par la balle qu'il avait sûrement reçu à bout portant, sur le clavier d'un des trois ordinateurs. Lucy ne pouvait s'empêcher de le regarder tout en pensant à ce qu'il leur avait dit : ils étaient tous « Infectés ». Mais l'étaient-ils réellement ?
Louis avança de trois pas, se mettant ainsi devant Jack Morgan, qui menaçait pourtant Asgård avec une arme. Il lui lança :
-Un match, cinq contre cinq. J'imagine que la machine détenant Raikou et les autres n'est pas là.
Il avait dit cela avec un ton si neutre qu'il s'identifiait maintenant au « Sergent Froid » qui l'accompagnait. Asgård poussa Gladio vers le trio des résistants avant de répondre à Louis Rashford.
-En effet, tu imagines bien. Ils sont plus haut dans la Tour.
-Alors ce qu'on va faire, enfoiré. Ton Dieu, là, je t'assure que tu vas pas le réveiller. On fait un combat. Tu laisses mes potes passer et c'est tranquille.
-Dans tes potes, on y inclut Glayo ?
-Gladio, reprit le concerné.
Louis se retourna, scruta l'homme de bas en haut. Au vu de son style vestimentaire, il en jugeait qu'il était des ces gens qui avait fuit la Team Skull et qui tentait de la reformer. Cela le dégoûtait.
-Oui. On y inclut Gladio.
Il répondait froidement. Louis n'en faisait même pas exprès. Il ressemblait de plus en plus à Jack. À moins que ce soit le virus DHK-18-Primo. Asgård laissa passer les trois autres, sans pour autant leur dire ou passer. Ils se retrouvaient désormais dans une salle fermée, condamnée, alors que Louis se faisait emmener sur un terrain de combat.
-Écoute Gladio… commença Jack.
-Je m'en fiche, l'interrompit le jeune homme blond, ce qui est fait est fait, et on ne peut revenir sur ses décisions passées. Mais on a une chance, tout les quatre, de changer le futur du monde pokémon. Il faut que vous me fassiez confiance. Je sais que cela va être compliqué mais… -Son regard ne quittait pas celui de Lucy-, il… il va falloir. Je sais des choses que vous ne savez pas.
-Eh bien, dis-les nous, suggéra Lucy avant de replacer ses cheveux.
-Je… Je ne peut pas, balbutia Gladio. -Puis, il reprit son calme- Tout ce que vous pensiez vrai jusqu'à maintenant est, pour la plupart des choses, de la pure connerie.
Soudain, une voix féminine bien connue résonna :
-Salut, mon militaire. Alors, on me fausse compagnie ?
Jack se retourna et vit avec stupéfaction un visage bien connu. Celui de celle qu'il avait combattu. Celle qui avait révélé de fausses informations sur la mort du père de Louis et lui. Celle qui l'avait battu. Celle qu'il avait abattu lâchement alors que c'est lui qui aurais du se faire tuer à ce moment-là. C'était elle. Revenue des morts. Ou immortelle, comme Asgård ?
-Non… N… Non, ce n'est pas possible.
Et pourtant, elle se tenait devant eux. C'était bien elle, bien vivante… Sofia. L'Agent 0-13.