Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Stalhblume de Clafoutis



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 23/11/2016 à 19:02
» Dernière mise à jour le 23/11/2016 à 19:02

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Partie 2 : Le plus faible.

Sean

 Haletant, la tête chaude, je tentais tant bien que mal de trouver le sommeil. Oh, j’en avais terriblement envie ; dès que mon corps s’était écrasé sur ma couche, mes yeux s’étaient instantanément fermés. Cependant, la faim agressive, mes nerfs à vif et ce sentiment d’inconfort constant gardaient impitoyablement closes les portes des rêves.

Aujourd’hui encore, j’avais été ridicule. Je n’arrivais à rien. J’étais faible, le plus faible. Quelle désillusion ! Je me souviens encore des visages de mes vénérables parents, de ma respectable famille, de mon noble clan. Je deviendrais un héros, avais-je dis. Vous serez fiers de moi, avais-je dis. Foutaises, dis-je à présent.

On m’avait pourtant mis en garde. L’entraînement de la Guilde est redoutable, d’autant plus pour les Cabriolaine, des Pokémon n’ayant ni bras ni jambes, des Pokémon de forme inférieurs, comme ils disaient. Nous avions une mobilité assez réduite comparé à ceux qui avaient des membres ; un injuste déterminisme.

— Mais qu’est-ce que je fais là…, soupirai-je.

Parfois, je me demandais si ce n’était pas mieux que je retourne dans mon petit village. Je décevrais certainement, mais ce serait certainement le mieux pour moi. Décevoir mes proches ou penser à moi avant tout ? Le dilemme était là.

Soudain, quelqu’un frappa à la porte de mon cabanon. Qui voudrait voir un Cabriolaine aussi pathétique de moi à cette heure ? Envahi par la curiosité, j’utilisai l’une de mes lianes afin d’ouvrir sans bouger de ma couche.

Lorsque je vis la figure imposante de Cyarès, je bondis d’un coup, je me ruai vers lui et me prosternai presque.

— Commandant Cyarès ! m’exclamai-je. C-C’est un honneur !
— Recrue Sean, posa le Lucario.

Je tressaillis. La raison de sa visite traversa mon esprit. Et si… il voulait simplement me renvoyer ? C’était logique après tout. J’étais le plus nul de la bande ; la Guilde ne gardait que les plus forts.

— Détendez-vous, Sean, je viens simplement m’entretenir avec vous.

S’entretenir avec moi ? Je devenais de plus en plus curieux. Il n’avait pas l’air menaçant, ni grave. Peut-être que je me trompais. Mais cela n’expliquait pas ce qu’un être de son envergure venait faire chez moi !

— Je vous sens confus, sourit Cyarès. Je vous le redis, vous n’avez rien à craindre.
— … d-d’accord…

Le Lucario s’avança dans mon cabanon, et s’appuya calmement sur le mur opposé.

— Il est temps pour moi d’expliquer ma présence ici. J’aimerais tout d’abord revenir sur un point, vous n’avez rien à craindre… pour l’instant. Dans une organisation prônant la force avant tout, nous ne pouvons garder les éléments les plus faibles.
— …

Je baissai la tête, défait. Je savais ma faiblesse, mais l’entendre de la bouche d’un autre me tranchait le cœur.

— Toutefois, reprit Cyarès, il y a plusieurs types de forces. La physique est la plus visible, certes, mais ce n’est pas tout. Vous avez encore une chance, Sean, vous n’êtes pas destiné à être toujours dernier.
— … !
— Pour ne pas être éliminé, il suffit de ne pas être le plus faible. Pour ce faire, vous avez le choix. Soit vous vous dépassez pour dépasser ceux qui sont au-dessus, soit vous détruisez les plus forts.
— J-Je ne comprends pas…

Cyarès se redressa et me fixa fermement.

— C’est simple. Actuellement, vous êtes le dernier de la liste des recrues. Cependant, si vous vous débrouillez pour entraver la progression d’une recrue mieux placé que vous…
— … je ne serais plus dernier…
— Tout à fait, vous comprenez vite.
— Mais… ce n’est pas très… gentil…

Cyarès éclata de rire pendant de longues secondes avant de reprendre son sérieux.

— Gentil ? répéta-t-il. Parce que vous pensez sérieusement ce monde gentil ? Réveillez-vous, Sean ! Ce monde est gouverné pas les plus forts. Ils décident du destin des autres. Si vous ne vous battez pas pour être fort, vous vous faites dévorer, ni plus, ni moins. La gentillesse n’existe pas, seule la méfiance et l’hypocrisie règnent, ce n’est pas un secret. Moi même, je graisse la patte de mes supérieurs en espérant les détrôner un jour, et ils le savent. Les rouages de la mascarade.

Le Lucario fit une petite pause, avant de reprendre d’un ton plus doux.

— Mais revenons à vous. Vous avez de la famille, n’est-ce pas ?
— … !
— Une famille, des proches, qui comptent sur vous. Vous êtes leur espoir, vous n’avez pas oublié ? Votre village est faible et craint en permanence que d’autres peuples ne l’attaquent. Quant à vous, Sean, vous avez fait le serment de devenir plus puissant, de devenir suffisamment fort afin de défendre votre clan. C’est pourquoi vous êtes ici, à la Guilde.
— C’est vrai…, geignis-je. Je veux tous les protéger…
— Un rêve inaccessible si vous vous faites renvoyé, conclut Cyarès avant de s’avancer vers la sortie. Bien, je n’ai que trop tardé, je vous laisse réfléchir sur notre entretien.

Je restai immobile, perdu dans mes pensées. Le Commandant ouvrit la porte, et soudain, il tourna sa tête vers mes yeux humides.

— Oh, j’ai failli oublié. Vous connaissez Belcol-Exion ? C’est le Carmache qui est arrivé récemment. Un bien odieux personnage, je l’ai surpris plusieurs fois en train de vous assaillir d’insultes et moqueries diverses. Bah, comme il n’est lui-même pas si fort que cela, il s’acharne sur les faibles, un lâche en tout point.

Et Cyarès poursuivit sa route et disparut dans les méandres de la nuit. Ses paroles tournaient sans cesse dans mon crâne. Il avait cependant raison. Je ne pouvais pas partir. Je ne pouvais pas décevoir ma famille. J’étais leur espoir, je devais devenir suffisamment fort pour les défendre.

Mais pour ce faire, je devais faire en sorte qu’une autre recrue prenne ma place de dernier. C’était cruel, mais nécessaire. Cyarès me l’avait rappelé, dans ce monde, il fallait se battre envers et contre tout. Tout était ennemi.

Et ces derniers propos, concernant le Carmache. Je n’étais pas dupe, c’était comme si le Commandant voulait que je m’attaque à lui, plus précisément. Toutefois si ce que Cyarès disait était vrai, je n’aurais aucun scrupule à descendre ce Belcol-Exion. Je savais que beaucoup se moquaient de ma faiblesse et quelque part en moi, j’espérais un jour pouvoir leur rendre la monnaie de leurs sarcasmes.
Cyarès me donnait une occasion idéale, surtout que j’avais sa permission.


____________________

Belcol-Exion

 Fichu Jude ! Saleté de Jude ! Je ne pouvais plus supporter cet idiot ! Hier, alors que je pensais enfin pouvoir passer à l’action, ce niais volant m’avait forcé à parcourir tout Sotarc avec lui ! J’avais bien essayé de m’enfuir en route, mais ce crétin réussissait toujours à me retrouver… gnn… !

Résultat, je n’avais pas pu avancer d’un pouce et lorsque j’étais revenu, il était bien trop tard pour tenter d’infiltrer la Guilde. Raah ! J’enrageai ! Si je le pouvais, je lui arracherais bien ses ailes !

Je n’avais plus le choix, cet après-midi, je devrais m’éclipser en vitesse, sans me faire remarquer par ce Togetic. Mais pour l’instant, je devais me concentrer sur l’entraînement du jour ; une formalité. Ce matin c’était un classique exercice d’endurance, le premier qui s’arrête serait privé de petit-déjeuner, comme d’habitude.

Normalement, je n’aurais rien à craindre. Je n’étais peut-être pas le plus endurant du groupe, mais certainement pas le moins. Normalement, tout aurait dû se passer sans incident. Sauf que…

— … !! Hé !

Alors que je courrais attentivement, une vive douleur frappa mon dos. Je vis mon corps se surélever légèrement, avant de s’écraser lamentablement sur le sol.

— Fin de l’exercice ! tonna Cyarès. Belcol-Exion, vous poursuivrez la journée sans petit-déjeuner.
— … qu…

Je restai abasourdi. Devant moi, le coupable, celui qui m’avait fait chuter en heurtant mon dos, me toisait. Le Cabriolaine. Au début je pensais que c’était un accident, cependant, son regard sombre ne laissait aucune part au doute.

— Je ne me suis pas arrêté par épuisement ! tentai-je de protester. C’est ce Cabriolaine qui s’est cogné contre moi !
— Parce que vous contestez mes ordres, recrue ? grinça le Lucario. Très bien, vous resterez toute la journée le ventre vide, cela vous apprendra l’autorité.
— PARDON !?
— Si j’étais vous, j’éviterai d’en rajouter.
— …

Je m’efforçai de contenir ma colère ; mes griffes me démangeaient. Mais je savais que je devais obéir, il serait capable d’aggraver ma punition ! Je ne devais prendre aucun risque.

— … compris, sifflai-je entre mes dents.


***

 … je comprenais à présent, la sensation de faim. Normalement, j’aurais pu tenir une journée sans vivre – sous Carchacrok, les conditions alimentaires étaient rarement idylliques. Mais à la Guilde, avec les entraînements éreintants, mes forces s’évanouissaient comme neige au soleil.

Surtout qu’aujourd’hui, Cyarès avait décidé de mettre les bouchés doubles. Après nous avoir puisé à nous entraîner au combat sur des cibles pendant des heures, le Lucario avait aménagé un jeu de cache-cache. Mouais. Il avait oublié de préciser que l’on jouait avec la mort elle-même. En gros, chaque groupe de recrues devaient se cacher dans la forêt luxuriante, pendant que Cyarès et Sarin nous chassaient, il n’y avait pas d’autres mots.

Et ils ne faisaient pas semblant. Si on avait le malheur d’être « trouvé », on était bon pour passer un quart-d’heure mémorable. Paraît que c’est pour simuler une situation réelle, au cas où l’on devrait fuir contre un ennemi trop puissant ; afin de parfaire la simulation, il était donc essentiel de mettre un certain enjeu à l’exercice. Ou alors c’était une excuse pour nous passer un tabac en toute légalité, au choix.

Parfois, à travers les arbres, j’entendais de lointains mais tonitruants cris de détresse. J’en avais la chair de poule. Sarin le Coatox était dans la partie ; lui qui se défoulait toujours sur nous, maintenant qu’il pouvait le faire avec l’accord de Cyarès… et ce dernier aussi, il était louche. Il m’avait fait bonne impression au début, stricte, sévère, mais juste. Néanmoins, depuis l’incident de ce matin et cet exercice purement sadique, je me demandais si son véritable visage ne commençait pas à paraître…

Brusquement, un nouveau hurlement résonna.

— Il se rapproche, signifia Lawk.
— I-Il faudrait fuir, non ? geignit Jude.
— C’est l’idée oui, grommelai-je.

Le Brutalibré, toujours calme, pointa un chemin sombre bien dissimulé par la verdure. Il nous fit signe de l’emprunté. Heureusement que l’on pouvait compter sur lui, contrairement à ce boulet de Togetic.

— … Belcol, m’interpella Lawk pendant notre course.
— … oui ?
— Tu es fatigué. Tu nous ralentis.
— … excuse-moi de ne pas être au top de ma forme, grognai-je, c’est peut-être parce que j’ai le ventre vide…
— Je le sais bien.

Jugeant que nous nous étions suffisamment éloigné, Lawk s’arrêta. Il fouilla ensuite dans ses plumes et en retira deux juteuses baies Sitrus.

— Mange.

Je restai un moment interdit. Lawk força les fruits entre mes griffes.

— Esprit d’équipe. Nous sommes dans la même galère. Nous devons nous entraider.
— … merci, soufflai-je toujours un peu surpris.

Sous sa carapace glaciale, Lawk était finalement quelqu’un d’altruiste. S’il avait ces baies sur lui, c’était qu’il avait prévu depuis le début de me les donner, en toute discrétion. Un chic type.

— Mais non ! hurla soudain Jude. Tu peux pas manger ça ! Cyarès a été clair, tu dois faire l’exercice le ventre vide, c’est ta punition ! Tu ne peux pas défier l’autorité !

Et à l’opposé, il y avait Jude, le « super copain ».

— Punition injuste, déclara Lawk. C’est le Cabriolaine le fautif, pas Belcol.
— Injuste ou juste, c’est pas grave ! continua de s’égosiller le Togetic. C’est un ordre de Cyarès ! Il faut lui obéir ! C’est la loi du plus fort !
— … silence, grinça le Brutalibré. Tu fais trop de bruit.
— Non je ne me tairais pas ! On est à la Guilde ! Il faut respecter les règles !
— Voilà qui est bien parlé…

Une voix malicieuse ria, et tout d’un coup, une forme toxique chuta en face de nous.

— Sarin ! faillis-je m’étouffer.
— Trouvé, ricana-t-il. Ce n’était pas bien difficile avec vos cris…
— … Juuude…, m’énervai-je.

Lawk et moi nous mîmes sur nos gardes. Inutile de fuir, Sarin était peut-être fou, mais il était compétent. Lui tourner le dos serait du suicide.

— … ohoh, mais que vois-je en vos griffes Belcol ? exagéra le Coatox. Des baies ? N’est-ce pas là un enfreint à l’ordre du Commandant ? Ce n’est pas très bien, ça…

Du poison se mit à suinter de chacun des pores de sa peau, rongeant le sol à ses pieds.

— Quoi qu’il en soit, vous avez échoué à l’exercice, j’espère que vous êtes prêts à subir les conséquences…

Il disparut subitement, et avant même que je ne pus comprendre ce qui se passait, un énorme coup me fracassa le crâne. Je faillis m’évanouir immédiatement, mais un autre assaut direct dans l’estomac eut la délicatesse de me réveiller.

Je ne pouvais rien faire, à peine tentai-je de reprendre mon souffle qu’un déferlement de coups toxiques s’abattait sur moi. Évidemment, je n’étais pas le seul à subir les foudres du Coatox. Lawk encaissait les Directs Toxik sans un bruit, mais son expression trahissait son extrême souffrance. Je ne pouvais m’empêcher d’être impressionné, ce crapaud m’enchaînait tout en tabassant les autres, sans aucune pause ! Il était si rapide qu’aucun de nous ne pouvait bouger le moindre muscle en réaction !

— Huhuhu, ria Sarin. Qu’est-ce que vous êtes faibles… une brindille opposerait plus de résistance ! Voire des merdes aussi pathétiques… ça me donne encore plus envie de me déchaîner !


***

 L’après midi, après l’exercice. Je ne tenais plus debout. Toutes les recrues étaient dans un sale état. Ce n’était pas moins de trois Leuphorie qui étaient mobilisés pour nous remettre sur pied. Juste cela, évidemment. Cyarès avait bien insisté auprès des soigneurs qu’ils ne nous guérissent pas totalement, juste assez pour que nous ne mourions pas. Charmante attention.

Mon ventre grognait toujours. Grâce à la crise de Jude et à l’intervention fatale de Sarin, je n’avais pu déguster les baies de Lawk.

L’entraînement du jour étant fini, nous étions libres de faire ce que bon nous semblait. J’espérai pouvoir enfin partir à la recherche de Morflam ! Jude n’était pas dans les parages, une bonne chose. Si seulement je n’étais pas aussi affaibli…

Mais qu’importe ! Ma mission et Morflam passaient avant tout. Je devais me concentrer sur l’essentiel. Infiltrer la Guilde sans paraître trop suspect, repérer Morflam, et trouver un moyen de la sortir de là.


____________________

Cyarès

 Haha, j’y étais peut-être allé trop fort aujourd’hui ! Au début, j’avais prévu d’aller crescendo, de resserrer de plus en plus l’étau autour de ce Carmache. Il ne serait pas amusant de le détruire d’un seul coup, n’est-ce pas ? Le mieux serait de l’effriter, petit à petit ; à l’image d’un poison vicieux s’insinuant dans le corps de sa victime, contaminant subrepticement les plus petites cellules, une à une, jusqu’à la mort de l’organisme tout entier.

Je devrai peut-être aller m’excuser auprès du Carmache. Il était essentiel qu’il me prenne en sympathie. C’était pour cela que Sarin jouait le « méchant », histoire d’attirer l’antipathie sur lui plutôt que sur moi.

Mais revenons à nos Wattouat, je devais trouver une nouvelle idée. Monter le Cabriolaine contre le Carmache était bien, mais insuffisant ; après le coup d’aujourd’hui, ce Belcol-Exion serait plus prudent. Toujours renouveler les messes basses, c’était là le secret des sadiques !

Ce fut pour cela que je décidais de le suivre discrètement, peut-être que j’apprendrais quelque chose de nouveau. Déjà, je trouvais ça suspect qu’il se permette de vagabonder dans le QG de la Guilde dans son état. Il était blessé, tenant difficilement sur ses jambes, et surtout le ventre vide. Pour ma part, si j’étais à sa place, je resterai cloîtré dans mon cabanon, à récupérer mes forces pour le lendemain. Alors que lui, non.

En plus, ce n’était pas comme s’il partait se ressourcer en ville : il restait au QG. J’avais presque l’impression qu’il… repérait les lieux. Talos avait raison, ce Pokémon était louche. Que cherchait-il exactement ?

Toujours caché, je vis le Carmache bifurquer brusquement vers un couloir à gauche. Si je ne me trompais pas, c’était là que se trouvait les cellules d’isolement ou cachots. Ce n’était pas spécialement interdit d’y aller faire un tour – tant qu’on ne tentait pas de faire évader ceux qui s’y trouvaient –, cependant, une recrue n’y avait strictement rien à y faire… cela cachait Anchwatt sous-roche… peut-être que Talos pourrait m’en apprendre un peu plus…