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Stalhblume de Clafoutis



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» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 04/11/2016 à 20:41
» Dernière mise à jour le 05/11/2016 à 17:38

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

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Partie 12 : Le chemin de l’aller.
Belcol-Exion

 Le rythme effréné de la charrette et les sursauts incessants des roues sur le sable sauvage me rappelaient à chaque instant que ma vie était sur le point de basculer. Cela faisait une semaine que j’étais resté à l’écart des autres, que je n’avais pas eus une seule conversation avec un autre Pokémon. J’avais vécu dans une petite cabane insalubre, avais mangé des baies que je cueillais moi-même, avais bu l’eau sablonneuse de l’oasis, comme un véritable Barbare exclu de la société.

Tout cela afin de duper la Guilde, de leur faire croire que je ne me sentais plus à mon aise chez Stalhblume et donc appuyer mon retournement de veste. Car oui, je vais devoir infiltrer la Guilde, à moi tout seul. Une mission plus qu’impossible. J’étais en ce moment même en route vers mon destin, Sotarc.

Je n’étais pas tout à fait seul en vérité. En me levant ce matin, j’avais trouvé un étrange mécanisme ainsi qu’une note à côté de ma couche. Selon cette dernière, le mécanisme serait un Tanscom, une console avec un écran permettant de communiquer à distance.

Persyval avait précisé sur la note – car il semblerait qu’elle soit de son œuvre – qu’elle avait utilisé énormément de ses pouvoirs pour rendre l’appareil pratiquement indétectable à 70 % et que donc, je serais possiblement en mesure de la garder avec moi à Sotarc sans me faire repérer au bout d’une journée à peine. C’était rassurant.

Malgré tout, le Transcom était essentiel. Seul, je ne pourrai absolument rien faire. Toutefois, si je parvenais à apprendre des informations utiles, sur les faiblesses internes de la Guilde par exemple, je pourrais les communiquer à Stalhblume qui pourront par la suite m’assister dans ma mission. En espérant cependant que je trouvasse ses dites informations rapidement.

Mais avant tout cela…

— On est bientôt arrivé ? grinçai-je.
— Tu vas me le demander toutes les cinq minutes ? cria presque le Carabaffe servant de cocher. On est à deux jours de Sotarc !
— Et moi j’aimerais bien faire une pause…, se plaignit le Zéblitz qui tirait la charrette.
— Toi arrête de te gémir et cours ! s’énerva le Carabaffe.
— Hé oh ! En tant qu’employé, je réclame un meilleur traitement, sinon, j’irais voir le syndicat !

La charrette fila à toute vitesse sur une dune ; je faillis passer par-dessus bord. La tortue d’eau et le zèbre se disputèrent de plus belle. Le voyage allait être long…


***

 Un jour plus tard. Toujours aucun signe d’apaisement entre le Carabaffe et le Zéblitz, leurs chamailleries semblaient sans fin. Je me demandais sérieusement pourquoi est-ce qu’ils travaillaient encore ensemble. Au moins, nous avions quitté le désert pour suivre une route balisée et plus stable que le sable.

Pour passer le temps et ignorer la pénibilité du voyage, je n’avais qu’une seule et unique option : me plonger dans mes pensées.

Infiltrer la Guilde, la plus puissante institution de tout Iræ. Ah. Si ça ce n’était pas de la folie, je ne savais pas ce que c’était ! Et c’était sans compter ce fameux Primonarque capable de voir tout ce qui se passait sur le continent rien qu’avec ses pouvoirs Psy. Ah, et il pouvait visiblement téléporter n’importe quel Pokémon dans son QG sans aucun préavis. Ce truc avait trop de pouvoirs ! S’il y avait un arbitre, je hurlerais au cheat !
Ceci dit, je ne devrais pas forcément l’affronter. Je devais « juste » trouver Morflam et m’enfuir en vitesse avec elle.

Je ne pouvais pas y échapper, c’était mon rôle. J’étais le seul qualifié pour cette mission, ni trop proche de Stalhblume, ni trop rebelle, ni trop faible. De plus, mon historique dans l’armée de Carchacrok me donnait une excuse parfaite.

Et puis…, il y avait ce je-ne-savais-quoi qui me parasitait depuis la disparition de Morflam. Je ne pouvais pas supporter de la savoir en danger, à la merci de Pokémon froids et cruels ! Nous avions combattu ensemble lors de la libération de Wearl, forcément, nous avions fini par devenir camarade. En tant que tel, il était normal de veiller l’un sur l’autre, n’est-ce pas ? C’était du moins comme cela que je voyais les choses.

J’irais infiltrer la Guilde, je trouverais Morflam, et je la sauverais. C’était aussi simple que cela.

— Hé ! cria le Carabaffe. Pourquoi tu t’arrêtes ? Ce n’est pas le moment de faire une pause !
— J’ai les pattes engourdies ! s’insurgea le Zéblitz. Je te rappelle la clause 47-1 de notre contrat : « En cas d’intenses douleurs empêchant la bonne continuité du voyage, le Pokémon chargé de tirer la charrette pourra se reposer le temps qu’il le faudra » !
— En cas de douleurs intenses ! Pas juste un engourdissement fainéant !
— Oh ! Toi tu te tais, ok ?! Tu ne fais que t’asseoir gentiment et attendre que JE nous mène à destination, alors sois reconnaissant !
— Tu parles de reconnaissance ?! Sans moi, tu serais encore à brouter de l’herbe sèche ! JE suis la clef de voûte de notre association. Qui trouve les clients, hein ? Qui te donne un travail, hein ?
— « Qui » tu me demandes ? Je vais te le dire : un sale profiteur qui pisse plus haut que son nez !
— Qu’est-ce que tu viens de dire ?!

… et voilà que ça recommençait. Ces deux-là donnaient sans cesse l’impression qu’ils étaient sur le point de se sauter dessus ! Parfois, je pensais même que notre voyage s’interromprait dans un bain de sang. J’espérais juste qu’ils attendissent de me déposer à Sotarc avant de s’entre-tuer.


***

 Cette nuit fut épuisante, très épuisante. Apparemment, le Carabaffe avait mal jaugé nos prévisions de baies et cela avait bien évidement mené à une énième altercation. Les disputes concernant la nourriture étaient toujours plus violentes que les autres ; le courroux de l’estomac est sans égal.

Mine de rien, l’accident alimentaire m’avait remémoré Morflam. Un gouffre sans fond ; jamais je n’avais vu quelqu’un manger autant et aussi rapidement. Elle disait qu’elle ne mangeait que pour renforcer ces pouvoirs, mais on savait tous que c’était plus par gourmandise qu’autre chose !

Baies, pâtisseries, viandes, poissons et tout ce qui pouvait s’apparenter à de la nourriture ; rien n’échappait à son appétit infernal. Elle pouvait engloutir des tonnes de trucs aussi facilement que de boire un verre d’eau ! On avait beau dire, ce n’était pas normal. Physiquement, tous ces aliments devaient bien partir quelque part, non ? Comment son ventre pouvait supporter cet apport massif de nutriments sans broncher ?! Même un Avaltout avait des limites !

Enfin, ça faisait partie de sa personnalité, et même, si j’osais dire, de son charme…

Quoi qu’il en soit je devais aller me coucher à présent. Demain, Sotarc, la scène où tout va se jouer, sera enfin en vu.


***

— C’est ici que nos chemins se séparent, me signifia le Carabaffe.

Je poussai un soupir de soulagement. Je ne pensais pas pouvoir supporter une heure de plus en leur compagnie. Un mois entier à écouter Géraldeline causer beauté serait moins chiant, de même que d’écouter un cours entier d’Artichtote ! … bon j’exagérais peut-être pour ce dernier point, rien n’était plus chiant qu’un cours d’Artichtote.
Je sortis de la charrette avec entrain, désireux de poursuivre ma mission le plus vite possible.

Cependant, ce que me renvoyait mes yeux me pétrifia. Sotarc. Je comprenais pourquoi officiellement Wearl était un village malgré sa grandeur. Alors, c’était ça une véritable ville ? Avec Carchacrok, nous avions traversé de nombreux lieux, mais jamais l’un d’entre eux ne pourrait assombrir l’éclat de cette mégalopole.

Des immenses immeubles blancs, aux façades vitrées, avait fleuri à travers toute la ville. Moderne, esthétique, majestueuse, et en harmonie avec la nature ; j’avais l’impression de me trouver dans un autre monde. Car oui, je ne plaisantais pas lorsque je parlais d’harmonie avec la nature.

La verdure était omniprésente, en toutes sortes. D’allant à la simple herbe émeraude, aux odorants arbres fruitiers, en passant par d’imposantes entités recouvrant les rues par leur ciel de feuilles. Les jeunes bourgeons émergeaient sans se soucier des constructions artificielles, et s’adaptaient à ces dernières. Il n’était pas rare d’apercevoir un amas de liane danser élégamment sur la vertigineuse façade d’un gratte-ciel.

Et s’il n’y avait que cela. Des espèces de véhicules sphériques – que je n’avais vue auparavant – étoilaient le ciel diurne. C’était comme ça qu’on se déplaçait à Sotarc ? Incroyable ! C’était si différent des autres villes ! Ce système ingénieux laissait la terre ferme uniquement aux Pokémon.

Contrairement à Wearl, aucun risque de se faire écraser par une charrette qui passait dans le coin ; tout l’espace terrestre était réservé aux piétons. Un espace superbement vaste et reposant, j’avais l’impression d’être seul au milieu de cette immensité, mais ce n’était qu’une illusion donnée par l’abondance d’arbres et de liberté. En me concentrant, je pouvais sentir des dizaines de milliers d’autres présences, dispersées au quatre coins de ce paradis.

Et c’était ici, dans ce cadre idyllique, que siégeait la Guilde. Comme quoi, c’était dans les lieux les plus merveilleux que se cachaient les pires démons.

Bon, je n’étais cependant pas ici pour m’émerveiller sur le moindre caillou ! Premièrement, trouver Le QG de la Guilde et si possible un moyen de m’y rendre. Sotarc était gigantesque et bien administrée, de ce fait, il devrait normalement y avoir des moyens efficaces pour se situer, surtout que j’étais à l’entrée de la ville !

Mes espérances ne furent pas déçues. Un peu plus loin, sur une petite colline agréablement fleurie, trônait une drôle de manifestation bleutée. Curieux, je m’en étais rapproché, pour me rendre compte qu’il s’agissait ni plus ni moins que d’une carte holographique de tout Sotarc !

Et ce n’était pas tout, il y avait également une fonction permettant d’indiquer le moyen le plus rapide de se rendre à un point A à un point B ! Toute cette technologie me donnait le vertige. Stalhblume aurait intérêt à se mettre à la page si elle comptait envahir l’endroit. Quelque chose me disait que Sotarc devait posséder moult mécanismes de défense capables de mettre en déroute des armées à eux seuls. Ce qui n’était d’ailleurs pas pour me rassurer…

— Bref, ruminai-je à voix haute, n’y pensons pas.

Grâce à un petit clavier virtuel inscrit sur la carte, je demandais à cette dernière l’itinéraire afin de me rendre au QG de la Guilde. La réponse arriva instantanément, et je n’eus même pas la peine de la lire puisqu’une fluette voix automatique s’en occupa :

« Point de départ : Porte Adonis. Destination : Quartier Général de la Guilde. Itinéraire : Prenez le Chemin des Ancolies, droit devant. Marchez cent mètres jusqu’à la Gare Véronèse et prenez la ligne 01-C, la ligne réservée à la Guilde. Si vous partez au moment même où ce message se terminera, vous arriverez à votre destination dans vingt minutes, trente-six secondes et quatre-vingt-un millièmes, soit à environ 15H07 »

— … c’est très précis, grinçai-je.

« C’est grâce à mon supercalculateur intégré et continuellement mis-à-jour. J’ai également d’autres fonctionnalité, comme calculer π jusqu’à sa toute dernière décimale, prévoir la météo sur un siècle ou encore mesurer votre valeur précise sur le marché du travail.. »

— …

Hé. Ce truc, il venait de me répondre, hein ? Genre, ce n’est pas censé être simplement une machine ? Elle pouvait penser par elle-même ? Je commençais à avoir un peu peur, là. Je me dépêchai vivement de suivre mon itinéraire, en espérait très très fort de ne plus tomber sur de pareilles absurdités !

J’arrivais en peu de temps à la fameuse Gare Véronèse, très reconnaissable à cet étrange vert foncée qui la recouvrait entièrement, jusqu’à la moindre petite brique. Bien évidement, la gare en question était absolument énorme, presque la moitié de Wearl. Il y avait une masse énorme de Pokémon en tout genre, cependant, la gare était si organisée que tout se déroulait dans la plus grande fluidité.

— C’est pas dans un autre monde, expirai-je, c’est carrément un autre univers !
— Excusez-moi monsieur.

Je faillis sursauter. J’étais déjà à bout de nerf, mauvais signe. Je fis de mon mieux pour me calmer, et je tournai enfin mon attention sur le M. Mime m’ayant adressé la parole. Ce dernier était étrangement droit, et tenait dans sa main une espèce de tablette qui devait sans doute contenir des années d’évolution technologique.

— … oui ? fis-je avec toute mon éloquence.
— Notre base de donnée indique que c’est votre première fois dans notre gare, m’expliqua le M. Mime de sa voix monotone. Je suis chargé de vous expliquer le fonctionnement des lieux.
— … ok.

Un peu d’aide ne serait pas de refus, effectivement.

— Mais avant toute chose, reprit l’employé de la gare. Voudriez vous que je prenne un ton enjoué, cynique ou timide ?
— … pardon ?
— Nous sommes entraînés à imiter à la perfection plusieurs émotions afin de satisfaire au maximum les atteintes de nos clients. Vous pouvez aussi me donner un surnom si vous voulez.

Ah non, je n’étais pas tombé dans un autre univers, juste dans une autre dimension. Sérieusement, ils étaient tous aussi flippant ici ?!

— J’m’en fiche un peu à vrai dire, grinçai-je honnêtement. Je veux juste savoir où se trouve la ligne… euh…
— 01-C, n’est-ce pas ? compléta le M. Mime. Notre base de donnés indique que vous êtes l’utilisateur 75698-CA du terminal 03 « Porte Adonis ». Vous aviez recherché l’itinéraire le plus court afin d’aller au QG de la Guilde.
— … c’est cela oui, marmonnai-je en dissimulant tant bien que mal mon malaise. Euh...hem… vous êtes obligé d’avoir une voix aussi robotique ?
— Compris.

Il se passa juste une petite seconde, durant laquelle l’expression du M. Mime changea du tout au tout. Ses yeux se mirent à briller de malice tandis qu’un grand sourire arborait son visage.

— Suivez-moi très cher client ! s’exclama brusquement le Pokémon d’une voix enjouée. Je vais vous dévoiler tous les secrets de notre gare, n’hésitez pas à m’interrompre si je vais trop vite !
— …

Tous les employés de Sotarc étaient-ils comme ça ? Mais qu’est-ce qui clochait dans cette ville ?! Autre lieu, autre mœurs, j’en étais bien conscient. Mais il devait quand même avoir des limites, non ?

Toutefois je n’avais plus la force de protester, je suivis donc docilement le M. Mime. Au moins, il connaissait l’endroit comme sa poche.

— Tout d’abord, sachez que notre système est entièrement gratuit ! Il ne coûte rien ! Nous estimons en effet que le bien-être de nos citoyens compte bien plus que l’argent. Et c’est tout naturel !
— … intéressant…
— Ensuite, concernant votre destination ; les lignes 01 desservent uniquement le QG de la guilde. Donc, quelle que soit la gare où vous vous trouvez, si vous voulez aller à la Guilde, il faudrait vous diriger vers une ligne 01 !
— Mmh…
— Cependant, si vous voulez aller autre part, vous pouvez utiliser un autre terminal, comme celui de la Porte Adonis. On trouve ces terminaux un peu partout, super pratique, hein ?!
— Je vois…
— Si vous aviez des problèmes d’orientation – ça peut arriver ! – il existe une option un peu particulière, voyez plutôt !

Le M. Mime tapota un peu sur son clavier et me fixa avec son inquiétant sourire figé.

— Regardez sous vos pieds !
— … !

Je n’en croyais pas mes yeux. Sous mes jambes, une grosse flèche était apparue, comme si de rien n’était.

— Vous pouvez demander à un terminal d’activer l’aide directionnelle ; cela active une flèche holographique qui vous suis automatiquement et vous indique en temps réel la direction à prendre jusqu’à votre destination !

Diantre, juste quand je pensais avoir tout vu, d’autres trucs fantaisistes me tombaient dessus. Wearl me manquait.

— Eeeet… voici votre ligne ! s’enthousiasma l’employé.

Devant moi se trouvait l’un de ses véhicules sphériques que j’avais précédemment vu dans le ciel. Il y en avait de toutes tailles différentes ; sans doute pour les Pokémon naturellement plus imposants. Chacune de ses grosses capsules semblaient monoplace, et était ancrée sur une espèce de route translucide qui montait au niveau des grattes-ciels.

— … je dois monter là-dedans ? gémis-je.
— Tout à faire ! C’est une Aérosphère. Vous allez voir, c’est tout confort et très agréable !
— Et entièrement automatisé j’imagine…
— Vous vous y faite très vite à ce que je vois ! Et vous avez parfaitement raison, dès que vous serez prêt, l’Aérosphère se mettra en route.
— … attendez, il y a un truc que je ne comprends pas. Quand je suis arrivé dans cette gare, j’ai vu des milliers de Pokémon. Si les Aérosphères sont monoplaces, ça veut dire que rien que dans cette gare, il doit avoir des milliers de transports qui s’envolent actuellement dans le ciel de Sotarc. Pourtant, quand je lève les yeux, je vois certes pas mal de véhicules mais pas autant qu’il le devrait !

Le M. Mime sembla s’illuminer et pencha la tête.

— C’est une très bonne question ! En effet, Sotarc compte environs 8 millions d’habitants ! Si tout le monde devait voyager dans le même ciel, ce serait l’enfer ! Mais c’est là l’astuce, on ne voyage pas dans le même ciel !
— … plaît-il ?
— Ce que vous voyez en levant les yeux est le véritable ciel de Sotarc. Cependant, ce n’est pas le seul. C’est un don du Primonarque en personne ! Il a utilisé ses pouvoirs afin de créer d’autres dimensions au-dessus de la ville. Les Aérosphère permettent justement d’arpenter ces dimensions et ainsi, de ne pas saturer le véritable ciel !
— … j’ai mal à la tête…
— Oh, mais ne vous en faite pas, ce n’est pas nécessaire de tout comprendre ! De toute façon, vous ne verrez même pas que vous avez temporairement changé de dimension une fois dans l’Aérosphère. Inutile de chercher le pourquoi du comment, contentez-vous de profiter des agréments que nous vous proposions avec le sourire ! C’est comme ça que ça fonctionne ici !

Ne pas chercher à comprendre, simplement profiter et ne pas réfléchir. Je ne savais pas pourquoi, mais tout cela sonnait terriblement faux à mes oreilles.

Sans répondre à l’employé, je m’installai à l’intérieur de l’Aérosphère. Ce Pokémon ne m’avait pas menti. Il n’y avait qu’un seul siège à l’intérieur, mais il était absolument divin tout en étant somptueux, sans oublier le léger parfum reposant diffusé en permanence.

À travers la vitre, je vis le visage enthousiasme du M. Mime fondre, jusqu’à redevenir aussi inexpressif qu’au moment où je l’avais rencontré. J’eus un haut le cœur. Ce jeu sur les apparences, cette hypocrisie générale, c’était si… artificiel ! Sotarc avait beau être d’une beauté impériale, il y avait quelque chose de pourri en son cœur.

Une légère sonnerie se fit brièvement entendre et mon véhicule sphérique entama son ascension. Alors, si j’avais bien compris, j’étais en train d’entrer dans une autre dimension ? Je ne remarquais rien de spécial pourtant. Quand je regardais en bas, je voyais toujours le même paysage. Mais peut-être que ce paysage n’était qu’une illusion ? Dans cette ville où tout sonnait faux, la réalité semblait insaisissable.

Heureusement, je n’eus pas à m’interroger plus longtemps ; le voyage fut très court. Mon Aérosphère s’arrêta paisiblement dans une autre gare, entièrement peinte en violet cette fois-ci. Peut-être que chacune des gares avaient leur propre couleur ? Cela pourrait se tenir. Entre les terminaux supra-intelligents et les flèches directionnelles indiquant un chemin à suivre bêtement, tout ici semblait être fait pour faciliter la vie des habitants. Un peu trop à mon goût.

Je remarquai instinctivement une grosse horloge, indiquant très précisément 15h07.

— …

Le terminal de tout à leur avait bien calculé, c’était indéniable. Mais un instant. Je n’avais pas fait que suivre l’itinéraire, j’avais aussi perdu pas mal de temps à discuter avec l’employé de la gare. Ne me dites pas que… cet ordinateur aussi prévu cette discussion et l’avait intégré dans son calcul ? … effrayant...

— Salut ! intervint soudain une voix trop enjouée. Alors, c’est très sympa ces voyages en Aérosphère, hein ? C’est si confortable que le temps passe en un éclair !
— … ! bondis avant de faillir sursauter à nouveau. Vous… vous êtes le M. Mime de tout à l’heure ?!

Non, c’était impossible. J’avais vu la carte de Sotarc un peu plus tôt, la Gare Véronèse et le QG de la Guilde étaient bien trop loin ! Quoique, avec ces histoires de dimensions parallèles…

— Haha, non, bien sûr que non, voyons ! En réalité, nous sommes tous des Métamorph, nous prenons juste l’apparence de M. Mime car c’est plus pratique ainsi pour nos tâches quotidiennes !
— … mouais…
— Mais je peux changer si vous voulez ! Votre profil a été enregistré comme préférant « M. Mime type : enjoué ; sans surnom » en tant qu’hôte. Toutefois, le client est roi ! Vous n’avez qu’à demander et je pourrais changer de forme et/ou de personnalités !
— Non, je ne demande rien du tout, grommelai-je, je vais juste aller à la Guilde…
— Bien sûr, bien sûr ! souriait toujours l’employé. Dans ce cas, permettez-moi de vous indiquer le chemin de…
— Non merci ! m’imposai-je. Je vais trouver seul.
— … comme vous voudrez ! Bonne route !

Tant pis si je devais me perdre, je voulais quitter ce lieu glauque le plus vite possible ! Et puis, la Guilde ne devait pas être si loin que ça.

Pendant que je m’éloignais en vitesse, un élément me revint en tête. Ce M. Mime – ou Métamorph qu’importe – il avait dit que j’étais un client, non ? Pareil pour l’autre. Mais le service n’était-il pas entièrement gratuit ? … je ne pouvais pas m’empêcher de trouver ça bizarre. Bah, ce n’était sûrement pas important.

Ici aussi la nature était absurdement présente et subtilement croisée avec des dalles en marbres. Cependant, il n’y avait pas un seul immeuble aux alentours. Ou presque.

Non loin de là, une tour gargantuesque se dessinait peu à peu. Je ne cessais d’avoir le souffle coupé depuis que j’avais posé la griffe dans cette ville, mais ce coup-ci, c’était totalement légitime. La tour était si épaisse que j’étais incapable d’en voir la circonférence, si haute que j’étais incapable d’en voir le bout.

Et avais-je mentionné qu’elle était construite dans une mystérieuse matière irisée qui brillait d’un ensorcelant éclat multicolore, aussi éblouissant que le soleil ? Avais-je parlé des énormes blocs octaédriques translucides qui gravitaient lentement, sans raison apparente, autour de l’édifice impossible ?

Je déglutis. Il n’y avait aucun doute. C’était bien le QG de la Guilde. Je le savais, je le sentais. Bon, le panneau holographique « Vous êtes au QG de la Guilde » aidait pas mal aussi, niveau repérage.

Alors, je devais vraiment rentrer là-dedans ? Tout seul ? … Eh évidement ! J’avais signé pour ça !

Je fis de mon mieux pour faire avancer mes jambes l’une après l’autre, en tentant de trembler le moins possible, avec cette naissante impression que je faisais une terrible erreur…