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Le Jour et la Nuit de Alienai



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» Auteur : Alienai - Voir le profil
» Créé le 31/10/2016 à 19:47
» Dernière mise à jour le 31/10/2016 à 19:47

» Mots-clés :   Aventure   Slice of life   Suspense

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Chapitre 6 : la flamme
Son réveil n'avait pas encore sonné, mais le soleil était déjà levé. Julie considéra qu'elle n'arriverait pas à se rendormir et sortit du lit. Aujourd'hui se tenait sa dernière visite guidée prévue avec Mathéo. Une excursion dans la nature d'Alola, où elle pouvait trouver toutes les espèces de Pokémon qui lui plaisait. Pour mener à bien cette recherche sur le terrain, elle se prépara comme il fallait, avec une tenue sportive et des chaussures de randonnée. En début de journée, elle retrouva donc Mathéo, prêt à l'accompagner dans cette aventure.

« On n'a encore croisé aucun Pokémon... »

Cette plainte lancée par Julie arriva environ une heure après leur départ. Cela faisait un bon moment qu'il avait commencé à s'enfoncer dans la végétation, guidés par de petits sentiers et l'expérience de Mathéo. Aucun Pokémon sauvage ne s'était encore manifesté devant eux, seulement quelques bruits dans les buissons et arbres çà et là. On entendait notamment des troncs d'arbres se faire picorer, par des Picassaut selon l'instituteur d'Alola. Ce dernier précisa qu'ils avaient à peine fait un bout du chemin au bout duquel on trouvait des Pokémon en abondance. Si certains d'entre eux vivaient près des zones urbaines, les autres restaient à l'écart des villes. Il fallait alors explorer les hautes herbes en profondeur pour déceler les espèces les moins courantes. Cependant, la chercheuse en Pokémon n'était pas habituée à ce genre d'exercice, et s'attendait surtout à trouver de quoi observer bien plus tôt. Elle s'arrêta soudainement et s'assit au pied d'un arbre.

« Je fais une petite pause, dit-elle un peu essoufflée. »

Mathéo n'insista pas et stoppa également la marche. Il se tourna vers Julie et leva les yeux avant de sourire.

« Vous êtes venue voir des Pokémon typiques d'Alola, c'est ça ?
– Oui, pourquoi ?
– Vous êtes appuyée contre l'un d'entre eux. »

Elle se retourna pour mieux regarder l'arbre derrière elle. Une branche très basse se mis à remuer et dévoila une sorte de fruit en forme de visage. Julie sursauta avant de s'écarter de l'étrange végétal. Celui-ci avait des jambes pour se déplacer, ainsi qu'un long tronc au bout duquel trois têtes rondes affichait diverses grimaces sous leurs feuilles en forme de palme.

« C'est un... Noadkoko ? »

Le Pokémon de type plante dépassait les dix mètres de hauteur. Malgré la différence de taille avec l'espèce originaire du Kanto, Julie l'avait parfaitement reconnu. Le Pokémon se déplaçait d'une manière lente et pataude, laissant tout le temps qu'il fallait à la chercheuse pour l'observer. Elle avait lu un article du professeur Euphorbe qui avait établi un lien entre la taille particulière des Noadkoko d'Alola et sa végétation. Il semblait que cette espèce avait développé un tronc beaucoup plus grand pour que son mécanisme de photosynthèse ne soit pas perturbé par la taille des autres arbres de la région. Pour Julie, cela tenait davantage de sa théorie sur l'imitation, car la végétation d'Alola ne semblait pas dense au point de priver les Pokémon plantes de la lumière du soleil.

Une fois les notes prises et l'observation terminée, ils reprirent leur chemin. Les sons environnants résonnaient de plus en plus fréquemment, indiquant la présence d'autres Pokémon. Julie regardait sans cesse autour d'elle pour repérer la moindre créature à signaler. Elle fut soudainement surprise par un fruit qui tomba d'un arbre juste à côté d'elle. Cependant, au lieu de s'écraser au sol en éclatant, le fruit rebondit et se redressa sur ses deux petites pattes. L'assistante se figea sur place en reconnaissant un Croquine et fit discrètement signe à Mathéo de s'arrêter. Elle savait que ces petits Pokémon étaient assez craintifs et qu'un geste brusque risquait de leur faire peur. Elle s'accroupit pour l'observer de plus près, et celui-ci se tourna vers elle avant de s'enfuir en faisant de petits bonds. Par réflexe elle se mit à le poursuivre ; le Pokémon fruit accéléra alors pour se réfugier dans un buisson. Julie perdit sa trace, tandis que son guide la suivait juste derrière. Elle prit une mine déçue car c'était le genre de Pokémon qui pouvait considérablement l'aider dans ses recherches.

« Ne vous éloignez pas trop du sentier, signala Mathéo. Encore un peu de marche et on prendra de la hauteur. Les Pokémon sauvages seront plus fréquents, vous ne pourrez pas les manquer. »

Ils continuèrent leur route, en croisant peu de choses intéressantes pendant un moment. Julie s'arrêta juste une fois pour récolter des mues de Chrysapile. Lorsqu'ils arrivèrent dans un endroit plus montagneux, ils firent une pause déjeuner. La température avait légèrement baissé avec l'altitude. À la fin du repas, Mathéo proposa des malasadas comme desserts.

« Vous connaissez ? C'est une spécialité locale.
– Des malasadas ? J'en ai déjà mangées, oui.
– Ah, c'est vrai ?
– Oui, une... amie m'en a offertes. »

Elle se souvint de la soirée passée avec Forsythia. Apparemment, il était coutume de servir ce genre de pâtisserie les jours de fête, et elle avait eu la chance d'en manger deux jours d'affilée. Elle avait également constaté que ce met pouvait intéresser les Pokémon les plus gourmands. En parlant du Lucario, il semblait qu'un petit visiteur ait été attiré par l'odeur des malasadas. Mathéo pointa du doigt le nouvel arrivant.

« Regardez, un Goupix ! C'est rare d'en voir à cette altitude. »

Julie regarda le Pokémon renard. Contrairement à ce qu'elle connaissait des Goupix communs, celui-ci présentait une fourrure blanche avec des reflets bleutés. Il était assis à quelques mètres de distance et les observait en dirigeant son museau vers les malasadas. Une fine couche de givre se formait sur la végétation qui frôlait son pelage. Le Goupix d'Alola se leva sur ses pattes et s'approcha prudemment, en laissant de petites traces blanches à chacun de ses pas. Il s'arrêta à environ un mètre d'eux et poussa de petits glapissements.

« Il est... magnifique, s'exclama Julie. »

Elle comprit ce qui intéressait ce Pokémon et lui tendit une malasada. Voyant qu'il hésitait à s'approcher davantage, elle déposa la pâtisserie et s'éloigna légèrement. Le Goupix commença à la lécher tandis que la chercheuse fouillait dans son sac pour sortir son carnet de note et son appareil photo. Soudainement, alors que son matériel était prêt, le Pokémon s'empara de la malasada entre ses dents et s'enfuit.

« Ah, mais non ! Reviens ! »

Elle se leva et se lança vivement à la poursuite du Goupix. Cette fois, elle ne voulait pas rater cette occasion. Mathéo, pris par surprise, la suivit.

« Julie ! Attendez ! »

La course dura quelques minutes. À certains moments, le Pokémon s'arrêtait pour déguster son butin, avant de repartir dès qu'il sentait la présence de la chercheuse. Celle-ci fut forcée d'emprunter des passages peu praticables, mais ne regretta pas sa décision lorsqu'elle vit l'endroit où le Pokémon avait définitivement stoppé sa fuite. Assez éloignée pour ne pas les perturber, elle put observer tout un groupe de Goupix blancs, sous la garde d'un Feunard d'Alola. Celui qui avait emporté la malasada la partageait avec ses semblables qui se chamaillaient pour avoir la plus grosse part. Mathéo arriva peu après et commença :

« Qu'est-ce qui vous prend ? Je vous avais dit de ne pas vous éloign... »

Il fut coupé par Julie qui lui fit signe de rester silencieux. Il se tut en voyant la scène touchante qui se déroulait devant leurs yeux. Après un bref moment d'observation, il se mit à reculer doucement en regardant le sol et prévint la jeune femme :

« Il ne faut pas qu'on reste ici. Venez.
– Encore un peu. Je ne pense pas avoir une telle occasion une autre fois.
– Venez je vous dis ! C'est dangereux ! »

Il la prit par la main pour commencer à l'emmener. En faisant un pas vers lui, elle sentit un objet plat et solide sous son pied. En baissant les yeux, elle vit ce que lui avait remarqué à l'instant : un panneau légèrement rouillé, tombé au sol, indiquant que l'endroit était fréquenté par des Pokémon dangereux. Julie regarda une dernière fois le groupe de Goupix et du Feunard. Ces derniers avaient l'air d'avoir senti une présence, sauf que leur museau n'était pas tourné vers eux. Elle emboîta alors le pas de son guide, tandis que les Pokémon renards s'enfuyaient dans les hautes herbes.

« Il faut que je vous dise, commença Mathéo.
– Oui ?
– La raison pour laquelle j'ai arrêté mon voyage initiatique... »

Soudain, leur course fut interrompue par un rugissement suivi d'un grand bruit de craquement de bois. Un arbre s'abattit devant eux, puis ils aperçurent l'imposante silhouette qui semblait avoir provoqué cela. Un Pokémon ursidé de plus de deux mètres de haut se dressa devant leur yeux. Il ressemblait à une sorte de peluche géante avec sa fourrure rose et noire et ses oreilles blanches. Il s'avançait lentement en levant les bras. L'instinct de Julie lui dicta de fuir, mais elle écarta cette option lorsqu'elle se rendit compte que Mathéo était tétanisé par la peur. La main avec laquelle il tenait la sienne se resserra, elle sentait qu'il commençait à trembler. Il balbutia :

« J'ai laissé tomber mon rêve de dresseur... lorsque j'ai été attaqué par un Chelours... Flamiaou était gravement blessé... »

La chercheuse comprit la situation et se trouva heureuse d'avoir pris des précautions. Après tout, l'une des premières choses que l'on apprenait à l'école, c'est qu'il ne fallait jamais s'aventurer dans les hautes herbes sans être accompagné d'un Pokémon.

« À toi ! Lazuli ! »

Dans un éclair blanc apparut le Nostenfer de Julie qui se dressa contre le Pokémon sauvage. Le Chelours se mit à grogner et se dirigea instinctivement vers son nouvel adversaire. Il fallait maintenant établir une stratégie pour battre ce Pokémon qu'elle rencontrait pour la première fois. Elle ne pouvait pas vraiment compter sur Mathéo qui était toujours paralysé par son traumatisme, et devait se concentrer sur les quelques informations qu'elle avait lu sur les Chelours. Elle se souvint qu'ils étaient de type normal et combat, ce qui donnait un avantage considérable à son Pokémon volant.

« Lazuli ! Attaque Cru-Aile ! »

Le Pokémon chauve-souris se lança à l'assaut et percuta le Chelours en plein vol. Celui-ci tituba mais reprit rapidement son équilibre. Il brandit son poing, mais rata de peu le Nostenfer qui se montra plus rapide. Son attaque frappa lourdement le sol en provoquant une secousse qui permettait d'imaginer toute la puissance physique de ce Pokémon.

« Recommence ! Cru-Aile ! »

Le Nostenfer réitéra son attaque, mais cela ne semblait pas avoir plus d'effet que la fois d'avant. Le Chelours encaissait ses assauts sans broncher, tandis que les siens redoublaient de force. Il donnait de violents coups de patte en essayant d'attraper Lazuli dès qu'il s'approchait. Julie ne comprenait pas pourquoi elle n'arrivait pas à prendre l'ascendant sur le Pokémon sauvage, elle était pourtant sûre de son type. Tandis qu'elle réfléchissait, le Chelours parvint soudainement à s'emparer de son Pokémon. Il l'empêchait de prendre à nouveau son envol en l'étreignant férocement. Le Nostenfer se mit à pousser des cris stridents devant sa dresseuse impuissante. Celle-ci fouilla au plus profond de sa mémoire, à la recherche de la moindre information qui pourrait l'aider dans ce combat. Une bribe de souvenir flou lui revint d'un seul coup, et elle prit la décision de le suivre malgré son doute :

« Lazuli ! Attaque Canicule ! »

Une intense chaleur s'échappa alors du corps du Nostenfer. Il se mit à battre frénétiquement des ailes pour la concentrer sur son adversaire qui le maintenait toujours. Les herbes environnantes commencèrent à roussir tandis que la chaleur déformait l'image des deux Pokémon aux yeux de Julie. Soudain, la fourrure du Chelours prit feu, et ce dernier lâcha prise en grognant. Il se débattit vainement contre la morsure des flammes avant de s'enfuir à travers la végétation. Lazuli poussa un cri de victoire et retourna auprès de sa dresseuse qui lui caressa la tête. Mathéo remit ses idées en place maintenant que le danger était écarté et s'excusa auprès d'elle :

« Je suis vraiment désolé, je n'ai vraiment pas su quoi faire. C'est la première fois que je me suis retrouvé nez à nez avec un Chelours sauvage depuis la fois avec mon Flamiaou...
– Ce n'est pas grave, je comprends. Heureusement que je me suis souvenu à la dernière minute que certains de ces Pokémon avaient une fourrure plus épaisse mais étaient sensibles au feu.
– Je trouve ça incroyable que vous ayez pu garder votre sang froid dans cette situation. Vous êtes une excellente dresseuse en plus d'être une chercheuse passionnée.
– C'est gentil, mais... »

Julie baissa les yeux par embarras. Ils se rendirent compte que Mathéo tenait encore sa main dans la sienne ; il la lâcha immédiatement en s'excusant à nouveau. Cette dernière réaction la fit sourire et détendit l'atmosphère. Il reprirent leur route, mais ne purent pas aller aussi loin que prévu à cause de ce contretemps. Ils tombèrent seulement sur quelques petits Pokémon comme des essaims de Bombydou en train de récolter du pollen ou des Togedemaru se roulant en boule pour se protéger. Même si les Pokémon dressés gardaient leur instinct, il était toujours plus intéressant d'observer des Pokémon sauvages dans leur milieu naturel. Si la capture de Pokémon était globalement libre, certaines zones et espèces étaient toutefois contrôlées pour les préserver. Les Pokémon les plus rares vivaient dans des réserves naturels protégées, et une petite partie de leur population était régulièrement amenée dans les Parcs Safari pour pouvoir y être capturée.

Après cette aventure, le duo retrouva la ville en fin d'après-midi. Sur le chemin du retour, ils discutèrent de la suite du voyage de Julie.

« Demain je vais visiter les locaux de la fondation Æther, notamment leurs laboratoires. Je devrais aussi y retrouver le professeur Euphorbe.
– Vous avez de la chance, c'est un véritable honneur de le rencontrer. C'est quelqu'un de très respectable et respecté, même s'il est un peu excentrique pour un homme de science.
– Ne vous inquiétez pas, j'ai l'habitude, répondit-elle en pensant au professeur Keteleeria.
– Il a beaucoup apporté à la recherche Pokémon... peut-être pas autant que le professeur Chen cela dit. »

Le professeur Chen était un éminent scientifique qui avait forgé sa réputation en inventant notamment la première version du Pokédex. Cependant, l'assistante avait des sentiments partagés à son égard. En effet, depuis ses premières découvertes, il semblait surtout se reposer sur ses lauriers en terme d'avancée scientifique. Il s'était même retrouvé embourbé dans une affaire de corruption lorsque son petit-fils est devenu Maître de la Ligue Pokémon de Kanto dès son voyage initiatique. Heureusement pour lui, ces accusations avaient été rapidement écartées lorsqu'un autre jeune dresseur lui avait pris sa place peu de temps après.

« Et sinon, reprit Mathéo, vous avez prévu de regarder l'éclipse demain ?
– L'éclipse ?
– Bah oui, il va y en avoir une demain après-midi. Vous n'étiez pas au courant ? »

Julie se rendit compte que sa vision était tellement accaparée par son travail qu'elle n'avait prêté aucune attention aux nouvelles locales. Une invasion extra-terrestre aurait pu avoir lieu qu'elle ne s'en serait même pas aperçu. Il fallait dire que cette éclipse n'avait rien à voir avec la raison de sa venue dans l'archipel d'Alola, il s'agissait d'un simple hasard.

« Non, je ne savais pas. Mais je crois que, de toute façon, je n'aurais pas le temps d'y assister. À cause de...
– Votre travail, n'est-ce pas ?
– Oui, c'est ça.
– Je savais que vous alliez dire ça, affirma-t-il en souriant. »

Il regarda l'horizon devenu orangé à cause du soleil qui s'en rapprochait, en pensant sans doute que sa journée n'était pas si mauvaise malgré leur mésaventure. Ce paysage l'amena à poser la question suivante :

« Vous voulez que je vous raccompagne jusqu'à chez vous ? Il va bientôt faire nuit. »

Julie remercia sa gentillesse mais déclina son offre, sans vraiment donner de raison. Elle se sentait juste fatiguée et voulait profiter d'un peu de solitude après toute une journée passée en sa compagnie. Elle n'avait plus qu'une seule chose en tête : rentrer pour prendre une douche et manger. Avant d'arriver jusque dans son quartier, elle devait passer par une petite rue marchande. Peu de gens y circulaient car la plupart des commerces étaient fermés ce dimanche-là. Elle ne croisa guère qu'une petite bande de trois personnes. Ce qui attira son attention était le fait qu'ils portaient tous une tenue similaire, avec notamment un débardeur noir marqué d'une croix blanche, ainsi qu'un foulard et un bonnet. Elle préféra les ignorer et continuer vers sa destination, lorsqu'un des membres du groupe lui adressa la parole :

« Hé, toi ! »

Julie s'arrêta et se tourna lentement. Elle ne voulait pas faire de conclusion hâtive, mais était persuadée qu'ils n'allaient pas lui demander l'heure. Elle se dit qu'elle aurait peu-être du accepter l'offre de Mathéo finalement. L'un d'eux avait sorti une Pokéball et lui dit :

« T'as une tête de dresseuse, ça veut dire que t'as des Pokémon. Vas-y, ça te dit de nous les montrer ? On peut se faire un match là. »

Elle se doutait qu'ils avaient d'autres idées qu'une simple joute amicale et ne voulait pas rentrer dans leur jeu.

« Désolée, j'ai bien des Pokémon, mais je suis pressée. Une autre fois peut-être. »

Alors qu'elle commençait à reprendre sa route, l'un de ces personnages la stoppa en posant fermement une main sur son épaule.

« J'crois que t'as pas compris qui on était. Et c'est pas poli de refuser un combat. »

Elle sentit le stress monter en elle. Elle avait bien Lazuli pour se défendre, mais il avait été affaibli par son combat contre le Chelours et ne tiendrait sûrement pas contre trois dresseurs. Elle hésitait encore sur la façon de gérer cette situation, lorsqu'une voix retentit :

« Tritox ! Attaque Brouillard ! »

Soudain, une épaisse fumée noire se répandit dans la rue en obscurcissant les alentours. Étrangement, son odeur n'était pas désagréable. Julie sentit une main attraper son poignet et la tirer hors du nuage, tandis que les loubards se débattaient à l'aveugle en poussant des jurons. Elle fut entraînée dans une petite ruelle qui s'avérait être l'arrière d'un restaurant. Pendant cette course elle avait reconnu Forsythia. Une fois cachées, cette dernière lui demanda, à moitié essoufflée :

« Est-ce que ça va ? Faut faire gaffe à ces gars-là, c'est eux la Team Skull dont j't'avais parlée.
– Oui, ça va, répondit Julie après avoir repris son souffle. Mais comment tu as su que j'étais ici ?
– J'savais pas. J'étais en train de sortir les poubelles, quand j't'ai vu te faire aborder. »

La chercheuse regarda autour d'elle, tandis que le Tritox était rappelé dans sa Pokéball Il ne s'agissait pas d'un quartier d'habitation ; elle comprit ensuite qu'elle parlait des poubelles du restaurant près duquel elles se trouvaient. Elle remarqua également la tenue de Forsythia qui était assez différente de ce qu'elle avait l'habitude de voir. Celle-ci portait une jupe rouge ainsi qu'un haut très coloré avec des motifs de fleurs typiques d'Alola. Légèrement embarrassée par le regard de Julie, elle reprit :

« J'travaille ici comme serveuse à mi-temps. Viens, on rentre à l'intérieur. On sait jamais, s'ils passent dans le coin... »

Elles se retrouvèrent donc dans le petit restaurant familial, tenu par un patron occupé en cuisine. Les seuls clients ce soir là étaient un couple installé dans un coin de l'établissement. Forsythia invita son amie à s'asseoir et lui amena un verre d'eau avant de la rejoindre.

« T'as eu de la chance que j'passe à ce moment là. »

Cette remarque laissa Julie pensive. Elle ne s'était en effet pas attendue à ce genre de péripétie, surtout après avoir croisé la route d'un Chelours sauvage auparavant. Forsythia l'observait, les bras croisés sur la table. Une fois remise de ses émotions, la chercheuse lui raconta brièvement son aventure de la journée avant de conclure :

« Je ne sais pas comment te le dire autrement, alors... merci.
– C'est normal, répondit Forsythia en souriant. »

Un moment de silence intervint, pendant lequel la serveuse sortit son téléphone portable pour continuer de jouer avec son animal préhistorique. La fatigue se ressentait du côté des deux jeunes femmes, chacune ayant eu une journée chargée. En la regardant tapoter son écran, Julie eut un déclic. Une idée farfelue s'empara de son esprit. En temps normal, ses convictions l'auraient empêché d'imaginer cela, mais en même temps cela apportait tellement de sens à de nombreuses choses qui n'en avaient pas dans ce monde qu'elle ne pouvait pas y renoncer. Elle se leva d'un coup et dit :

« Il faut que je rentre, tout de suite.
– Hein ? Et si tu tombes encore sur des mecs de la Team Skull ? »

Forsythia marquait un point. Il ne s'était pas encore écoulé assez de temps pour estimer que la voie était libre. Finalement, elle patienta toute la soirée en dînant ici. Une fois le repas finie, elle s'apprêta à partir, lorsque la serveuse lui proposa de l'accompagner sur le chemin. Elle se sentait mal d'accepter après avoir refuser la même chose à Mathéo juste avant et assura qu'elle pouvait rentrer seule.

« Comme tu veux. »

Julie commença à marcher, avant de se rendre compte que quelqu'un emboîtait ses pas. Elle se retourna et dit :

« Ce n'est pas la peine je t'ai dit.
– Désolée, mais j'vais dans la même direction, se défendit Forsythia. »

Après un regard étonné, elle échangèrent un rire et continuèrent leur route. Leur chemin se sépara finalement quelques rues plus loin. Forsythia en profita pour lui demander son numéro de téléphone, pour pouvoir organiser les prochaines fois qu'elle se verraient au lieu de passer à l'improviste. Julie n'eut aucun souci par la suite pour rentrer. Enfin chez elle, et malgré l'heure tardive, elle put se remettre au boulot pour commencer à mettre en page les nouvelles idées qui lui étaient apparues.